VOILE MAGAZINE n°295 - Page 5 - 295 VOILE MAGAZINE • JUILLET 2020 3 Le J/99 vu du ciel et par François Van Malleghem. L’EDITO Rubi,passeur depassion e n’aime pas beaucoup les pots de départ, avec cacahuètes grasses et verres en plastique. Toi non plus, Rubi, c’est pas ton truc, et c’est peut-être pour ça qu’on n’en a jamais fait ! N’empêche, on aurait peut-être dû. Tout le monde serait venu, les collègues, mais aussi la standardiste et le manut’ avec qui tu discutais toujours un peu en fumant dans la cour. Et puis après la deuxième tournée, avant que les gens ne commencent à se disperser, j’aurais pris mon courage à deux mains et je serais monté sur la table, un peu gauche avec mon petit papier. Car l’occasion serait trop belle de parler de toi, pour une fois. De raconter un peu le marin toujours caché derrière sa pipe, le journaliste si curieux des autres que même ses Mémoires ne parlent pas de lui... Oui, le journaliste, surtout. Bernard Rubinstein, le taulier toujours enthousiaste, jamais blasé, qui s’empare de tous les sujets, sans snobisme, sans hiérarchie, et les explore avec passion. Parce que l’intérêt d’un sujet, c’est justement cequ’onvagratter, apprendre et transmettre. C’est de le rendre intéressant, de le rendre accessible si la matière est technique. Tu nous a appris ça : se foutre du prestige –iln’yapas demauvaissujet–ets’intéresseraux gens. Bosser dur, et poser sans vergogne les questions les plus innocentes car le béotien, pour peu qu’il soit curieux et méthodique, est toujours le meilleur vulgarisateur. Ecrire sans s’écouter écrire. Savoir mettre en images, mettre en scène marins et bateaux en sentant la situation et en improvisant d’autant mieux qu’on aura tout préparé. Tu nous as transmis, au fond, tout ce qui a fait de Voile Magazine un journal qui te ressemble. Et le jour où tu as cédé la barre, tu es resté hors quart, mais toujours disponible et si précieux quand il y avait du tangage dans l’équipe. D’ailleurs, à bien y réfléchir, à l’heure où tu traverses le plus mauvais des grains, tu a passé ta vie à transmettre ce que tu as toi-même reçu, que ce soit dans tes livres ou au sein de l’association Eric Tabarly. « Dinosaure du nautisme » (sic) toujours épris de nouveauté, tu es ce passeur de témoin, ce passeur de passion. A nous de garder le cap, de ne rien lâcher, de continuer à naviguer sur tous les bateaux et par – presque – tous les temps avec cette exigence : n’écrire que des articles qu’on pourrait te donner à relire sans trembler ! François-Xavier de Crécy J VOILE MAGAZINE 9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX voilemag@editions-lariviere.fr Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire Stéphanie Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant REDACTION Rédacteur en chef François-Xavier de Crécy 41 00 Rédacteur en chef adjoint Damien Bidaine 3292 Rédacteur Paul Gury 33 46 Secrétariat de rédaction Laurence Corroler 33 47 Maquette Stéphane Machelart 33 43 Illustrations Laurent Hindryckx 56 60 Ont collaboré à ce numéro Isabelle et Luc de Cacqueray, Charles Drapeau, Cécile Hoynant, Olivier Le Carrer, Jean-Yves Poirier, François Van Malleghem PUBLICITE Directeur de publicité Laurent Lallier 33 42 Directeur de clientèle Xavier Duvezin 34 31 Chef de publicité Morgan de Riberolles 33 20 Secrétariat : Elodie Ribeiro 33 40 e-mail : pubvoile@editions-lariviere.fr SERVICE DES VENTES (réservé aux diffuseurs et dépositaires) Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 PROMOTION DES ABONNEMENTS Géraldine Savigny : 40 91 Abonnements et Vente Par Correspondance Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Service abonnements, Voile Magazine, 45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex TARIFS ABONNEMENTS France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série : 76,50 E Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79 ou abo.lariviere@ediis.fr Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression : Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne Diffusion MLP « Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier : Italie. Taux de fibres recyclées : 0%. Certification : PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,018 kg/tonne » Printed in France - Imprimé en France Voile Magazine est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 E Dépôt légal, 2e trimestre 2020 Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884. CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. Siège social : 12, rue Mozart, 92587 Clichy cedex, France. Tél. : 01 41 40 32 32. INCORPORANT F.-X.DECRECY 34. 100 milles en J/99 : la croisière sport comme 78.J. Wharram : 60 ans de catas en toute liberté 22.L’IMOCA du cœur : deux projets humanistes 88.Equipement : des progrès sur les enrouleurs de mât FRANCOISVANMALLEGHEM PAULGURY ELOISTICHELBAUT VOILE MAGAZINE • JUILLET 2020 5 SOMMAIREN° 295-JUILLET2020 ACTUS Les potins des pontons............................................................................8 La vie des chantiers.................................................................................14 Défricheurs d’océans.............................................................................16 Course et régate.........................................................................................18 Le journal du littoral...............................................................................26 VENDEEGLOBE2020 IMOCA Les marins du cœur................................................................22 COURRIER Les lecteurs ont la parole...................................................................30 ESSAIS 100 milles à bord J/99............................................................................34 DOSSIER Les croiseurs transportables Essai grand format Sarch S7.................................................................48 Vive les croiseurs nomades !.................................................................58 PRATIQUE Transport La remorque en questions...................................................................64 CROISIERE Madère Cap sur l’île aux fleurs................................................................................70 RENCONTRE James Wharram Le cata en liberté...........................................................................................78 TECHNIQUE Enrouleur Roulez la GV dans le mât.............................................88 Matelotage Le nœud de pêcheur.................................................96 COTATIONARGUS La cote de l’occasion...............................................................................98 Les voiliers de moins de 10 ans...............................................100 on l’aime ! 46.Dossier transportables : tout sur les croiseurs nomades et leurs remorques de route Le prochain numéro de Voile Magazine sortira en kiosque le 10 juillet 2020 Abonnez-vous, page 105 ou sur le site www.editions-lariviere.fr Retrouvez-nous sur notre nouveau site : www.voileetmoteur.com FRANCOISVANMALLEGHEM 8 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE Les étudiants de l’ENSTA Bretagne, réunis au sein de l’association HydroChallenge, planchent depuis plusieurs mois, en partenariat avec la société Segula Technologies, sur ce petit bijou de robotique marine. Un voilier drone qui se doit d’être non seulement intelligent mais aussi robuste et ultra sobre en énergie pour participer au Microtransat Challenge, un concours étudiant aux règles drastiques. Les drones en compétition doivent en effet être parfaitement autonomes, en énergie bien sûr, mais aussi en « data », c’est-à-dire qu’ils ne sont pas pilotés mais doivent se router tout seuls d’un côté de l’Atlantique à l’autre. Les étudiants brestois ont donc conçu un voilier parfaitement étanche de 2,40 m dont la structure est faite pour résister à une houle, à son échelle, démesurée. La coque est en stratifié de verre, la quille en carbone et le bulbe, coulé par les étudiants, en plomb. Le gréement se résume à une aile rigide portée par un mât pivotant en carbone, dont le réglage se fait par l’intermédiaire d’un flap régulateur, ce qui permet de diminuer la puissance et le poids du moteur embarqué pour l’actionner. L’énergie est fournie par des panneaux solaires et stockée dans des batteries. Une fois en mer, les possibilités de communication avec le drone étant très réduites, il recevra par satellite les fichiers météo et déterminera lui-même sa route, n’émettant que sa position GPS. Première tentative au printemps 2021 ! Rens. : www.microtransat.org ou la page Facebook de l’HydroChallenge. MICROTRANSAT Ledéfi dudroneàvoile C’est à Brest qu’est né son projet, en observant des Sandeqs d’Indonésie aux Fêtes maritimes. Mais Julien Gratiot, passé par les Compagnons du devoir et les Ateliers de l’Enfer à Douarnenez, ne voulait pas seulement revenir à une certaine simplicité architecturale, de construction, il souhaitait aussi mettre de l’écologie dans son voilier. Aujourd’hui, avec son Organic Boats, il touche au but. Un voilier à double balancier construit en Bretagne entièrement en matériaux naturels : quille, étrave et flotteurs sculptés à l’herminette en thuya (un bois local très résistant) et des bordés tendus de tissu en lin. Ce tissu technique tissé très serré est celui développé pour concevoir les voiles de l’Hermione. Julien y ajoute sa touche avec un traitement naturel à base d’huile de lin et de cire d’abeille pour l’étanchéifier. Après avoir mis à l’eau un prototype, le Palatto, le voilà en train de parfaire son modèle avec un second exemplaire afin de proposer dès aujourd’hui à la vente une unité fiable, légère, transportable mue à la voile et à la pagaie, simple et écologiquement neutre. Pensez : fidèle à sa démarche, Julien limite même l’utilisation de matériel électroportatif au minimum… Palatto : long. : 5 m, largeur totale : 3 m, SV : 5 à 7 m2 , prix de lancement : 8 500 €. A Ouistreham et au Croisic, les installations se modernisent pour accueillir au mieux les visiteurs. C’est l’objectif que se sont fixé Christophe Hecking, directeur du port du Croisic et son équipe en programmant l’installation de deux nouveaux pontons plaisance qui vont augmenter la capacité d’accueil du petit port de dix-neuf places. Un ancien pont ponton léger a été remplacé par un modèle plus lourd doté de bornes d’eau et d’électricité pour 25 unités à l’entrée du port dans la Chambre des Vases. L’aire de carénage a été entièrement mise aux normes. Bien loin de là, à Ouistreham, ce sont des petits appontements qui vont remplacer les systèmes d’amarrage immergés (pendilles) installés dans les années 1960, à la création du port de plaisance. Thierry et Claude, deux plaisanciers amarrés au ponton B, qui bénéficient de ces nouvelles améliorations, n’hésitent pas : « Pour nous, c’est le jour et la nuit ! » LOWTECH Unvoilierdelinetdethuya MARINA Bientôtdunouveau auCroisicetàOuistreham ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Revenir à l’essence du multicoque et des matériaux pour moins d’impact. Le petit port du Croisic, avec moins de vingt places, est une escale rare et précieuse. Ledronedel’ENSTA doittraverser l’Atlantiquetoutseul,commeungrand ! Les mouillages des Saintes, en Guadeloupe, interdits pendant la crise. DR F.-X.DECRECY DR A.KERNEVEZ VOILE MAGAZINE • JUILLET 2020 9 Pour tous les navigateurs, qu’ils soient en partance ou sur le retour d’un grand voyage, la période n’aura pas été facile… Nombreux sont les voyages qui ont été reportés devant la fermeture des frontières, ou interrompus. Aux Antilles, la fermeture immédiate des îles anglo-saxonnes puis françaises, le retour au port de toutes les unités de location, l’impossibilité pour les propriétaires de quitter l’Europe pour retrouver leur voilier ont vite saturé mouillages et marinas. Ajoutez à cela une saison qui avance et des assureurs peu enclins à couvrir le début de la saison cyclonique, et voilà que les demandes de retour par cargo ont explosé ! Le leader du secteur, Seven Stars, a dû affréter en mai un cargo « spécial Covid » pour rapatrier 47 voiliers de la Martinique à Brest... Différents sons de cloches nous sont revenus des plaisanciers en voyage. Nous continuons de recevoir des messages positifs d’amis en cours de transat vers les Açores ou en escale aux Bermudes, aux Bahamas, aux Marquises, au Bélize, aux Bahamas, au Costa Rica et même au Japon. La pandémie et ses restrictions impactent leurs déplacements, leur vie quotidienne, mais la solidarité entre gens du voyage s’organise, renforçant plus encore les liens entre « bateaux copains ». Ils ne sauraient cependant occulter d’autres témoignages qui évoquent la crainte de l’autre et de la maladie. Forte tension en début du confinement, quand les informations parcellaires rapportaient une planète confinée pendant que le mouillage était survolé et contrôlé quotidiennement par les Douanes... Une tension palpable, qui est néanmoins retombée lorsque les préfectures ont communiqué sur l’absence de risques liés aux plaisanciers. Mais comprenons les îliens face à une armada de plusieurs centaines de voiliers dispatchés dans une poignée de mouillages. Ces craintes et ces malentendus ont fait les gros titres de la presse dans le Pacifique où l’Association des voiliers de Polynésie a dû officiellement dénoncer le mauvais accueil dont seraient victimes les plaisanciers, demandant aux collectivités d’intervenir pour apaiser les esprits. L’association rapporte en effet « les procès d’intention et les menaces dont seraient victimes les navigateurs faisant relâche dans certaines baies de Polynésie depuis le début de la crise du coronavirus. » Rappelons au passage que les plaisanciers seront probablement cette année les seuls touristes. Une manne essentielle à la région et une remarque qui vaut aussi dans l’arc antillais. Mais depuis, avec le temps et le déconfinement progressif, si voyager n’est pas plus simple, une entraide réelle s’est établie entre commerçants, îliens et circumnavigateurs même si certaines îles telles que les Bermudes font encore observer aux plaisanciers en escale une quatorzaine stricte… qu’on arrive de Nassau ou d’une île déserte ! OUVERTURE Saletempspourlesvoyageurs enbref… LIQUIDATION La société d’accastillage nantaise Gréement Import n’a pas résisté à la crise du Covid. Elle distribuait l’accastillage Ronstan, les winches Andersen, les hélices Gori, les anneaux de friction Loop ou les systèmes de barre Jefa… COURSE-CROISIERE La 35e Course-croisière des ports vendéens n’aura malheureusement pas lieu cet été. On retrouvera l’an prochain ce joyeux rassemblement de 95 voiliers au départ de Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour une virée vers l’Herbaudière, Port-Joinville, Port-Olona et Port-Bourgenay. HORS-BORD La marque de moteurs hors bord Evinrude, créée en 1907, c’est fini. En difficulté depuis plusieurs années, fragilisée par son positionnement sur la motorisation deux temps, touchée en ce début de crise, sa production a été stoppée par le groupe canadien Bombardiers Produits Récréatifs (BRP). DISPARITION Nic Johansen, directeur de la filiale française de la voilerie Elvström, est décédé le 22 mai. Fils du cofondateur de la voilerie danoise, il avait été envoyé en France pour créer une société et contourner ainsi l’interdiction d’importation mise en place par le général de Gaulle ! BENETEAU Jean-Paul Chapeleau, l’ancien patron des chantiers Jeanneau et Prestige, s’occupera désormais seul de la direction générale en charge des opérations industrielles et du développement sur tous les territoires d’opérations du groupe (Europe et Amérique du Nord). Christophe Caudrelier, anciennement codirecteur général, quitte le groupe vendéen. SALON DE CANNES C’est promis, sauf interdiction administrative, le Yachting Festival de Cannes aura bien lieu aux dates prévues, du 8 au 13 septembre. On saura vers le 20 juin, à l’issue de la consultation des exposants, s’il se tiendra sur deux sites comme l’an dernier, ou sur le seul Vieux-Port, comme avant. L’organisateur privilégie la première solution et le maintien de Port-Canto pour la voile, mais ce la suppose que les exposants suivent. Verdict fin juin. LES RETOURS EN CARGO EXPLOSENT 10 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Il ne courra pas la Mini-Transat, ne s’élancera pas à travers l’Atlantique à la barre de son mini n°940. Blaise Bernos ne s’est pas relevé d’un malaise cardiaque survenu lors d’un entraînement au large de La Turballe dans le secteur de Lérat, malgré une prise en charge rapide par la SNSM alertée par son entraîneur. Aux alentours de midi, la mer agitée par un vent de secteur ouest-nordouest de force 5 sera donc la dernière image emportée par ce skipper de 40 ans au large sourire, agent portuaire du Pouliguen. Le projet Mini de Blaise Bernos portait sur la différence, celle des personnes telles que lui souffrant de troubles émotionnels. DISPARITION Blaise Bernos prend le largeDream Yacht Charter ouvre une nouvelle base de location à La Spezia, en Italie, dans la marina privée de Porto Lotti. Située entre Gênes et Pise, la base s’ouvre sur un bassin de navigation original entre la Riviera italienne di Levante et le parc national de Cinque Terre. Pour Loïc Bonnet, président fondateur de DYC, « L’ouverture de La Spezia, notre quatrième base italienne après la Sardaigne, la Sicile et Naples, démontre notre engagement dans la région ». Cela montre aussi le déploiement de l’entreprise dans des régions facilement accessibles en voiture par les clientèles française et européenne. « Il a fallu réagir rapidement pour répondre à l’augmentation de la demande de tourisme de proximité, en ajoutant des bateaux à notre flotte méditerranéenne en Italie, mais aussi en France sur nos bases de la Côte d’Azur (St-Mandrier, Marseille). » LOCATION Unétéméditerranéen Porto Venere, à quelques milles de La Spezia. Le GIC-Voile est une association qui nous tient à cœur : d’une part il s’agit de marins qui naviguent vite et bien, d’autre part leurs croisières sont souvent exceptionnelles. C’est le cas de leur projet maintenu malgré la crise internationale : un grand tour de l’Atlantique (GTA) d’octobre 2021 à septembre 2022, sur le Dufour 45 Grand Large. Vingt et une croisières successives réparties sur dix mois, ouvertes à tous constitueront cette belle boucle en Atlantique Nord dont : deux transats, six croisières aux Antilles, quatre aux USA et trois au Canada. Car après une première partie de boucle somme toute classique (Madère, Canaries, Cap-Vert, Antilles), le retour s’extrait du parcours habituel en remontant vers New-York via notamment les Turques-et-Caïques puis Boston, Halifax, le Labrador et Saint-Pierre et Miquelon ! Pour aller moins loin et partir tout de suite, vous pouvez aussi embarquer dès le 8 août pour les Açores (Dufour 450 GL, 1 300 €/pers.) ou bien en septembre pour une croisière aux Canaries sur un Dufour 382 (650 €/pers.). CROISIERE UnGrandTouretencore desplacespourcetété ! La Norvège fut, le temps d’un été, le terrain de jeu du Dufour 45 GL du GIC-Croisière. Un sourire éclatant immortalisé par sa sœur Maud Bernos aux côtés des plus grands marinspour un livre. LOICMADELINE HERVEBELLENGER MAUDBERNOS 12 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Après un trop long printemps confiné, les bases des Glénans vont à nouveau accueillir leurs stagiaires à partir du 20 juin – 22 juin pour les ados. Enfin presque toutes les bases… L’île Verte, à Bréhat, et le Fazzio, en Corse, resteront fermées : il semble trop compliqué de les hisser aux normes sanitaires de rigueur. Pour toutes les autres donc, les activités vont reprendre, qu’il s’agisse de croisières ou de stages sédentaires. Pour permettre aux stagiaires de garder leurs distances – une première aux Glénans ! –, ils auront chacun leur cabine dans les habitables, et deux équipiers dormiront dans le carré. Idem dans les centres d’hébergement, notamment dans l’archipel de Glénan : pas question de tourner à effectif plein. Les réservations ont été fermées pour rester autour de 50 % d’occupation, conformément à l’avis du conseil scientifique de l’école. Les réservations pourraient à nouveau être ouvertes fin juin, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Les réservations faites avant la crise, en revanche, sont bel et bien assurées à partir du 20 juin. AU RAPPEL LesGlénans lancentleursaison Le salon nautique du Grand Pavois se déroulera bien du mardi 29 septembre au dimanche 4 octobre 2020, avec un impératif : porter un masque et acheter ses places sur internet. Alors certes, le salon aura un faux air de bal masqué, mais qu’importe. Le long des quais et des pontons, l’air marin circulera autant que les visiteurs, dans la limite de 5 000 par jour. On est loin des 9 à 12 000 visiteurs/jour habituels, et Alain Pochon, le président du Grand Pavois, anticipe cette baisse de fréquentation. « Si on atteint les 70 000 visiteurs cette année, ce sera bien ». Du côté des professionnels il s’attend également à une baisse de 25 à 35 % du nombre d’exposants ». Voyons le bon côté des choses : il y aura moins de bousculade sur les pontons, moins d’acrobaties nécessaires pour jeter à œil à l’objet désiré ! Pour pallier cette contrainte, les organisateurs prévoient d’augmenter l’amplitude horaire du salon qui ne fermera ses portes qu’à 20 heures chaque soir. Quant à nous, il va de soi que nous serons au rendez-vous, pour observer les nouveautés, humer le marché et élire notre Voilier de l’année ! Reste à finaliser la liste des nominés et à savoir si nous pourrons réunir autant de lecteurs que les années passées. On vous en dit plus dès que… l’on sait ! Mais que ce soit dit : il n’y aura pas d’année blanche dans notre concours. SALON NAUTIQUE Le Grand Pavois de La Rochelle sera fidèle au rendez-vous Dans le nautisme comme ailleurs, les innovations apparaissent rarement par génération spontanée. Tout se réinvente et se transforme. Témoin cet étonnant projet dont il est question dans la revue Bateaux de juillet 1981, sous la plume de notre collaborateur Olivier Le Carrer : l’Ibis de Jean-Pierre Brouns et Pierre Bachelard. Il s’agit d’un grand croiseur (17 m) dériveur intégral… mais à dérives externes pivotantes. L’idée n’étant pas seulement d’imiter les vieux gréements hollandais, mais aussi de réduire le couple de chavirement du bateau. Intuitivement, on comprend bien qu’une dérive placée sous le vent agit avec plus de puissance. Ce qui permet de concevoir un dériveur intégral qui ne sera pas plus lesté qu’un quillard, ou à peine plus. Mais ce n’est pas tout. L’autre intérêt de ce projet, c’est que la stabilité du bateau repose aussi sur le « lift » de ces dérives qui sont aussi des embryons de foils. 1981, c’est aussi l’année du record de l’Atlantique de Tabarly sur Paul Ricard… Comparaison n’est pas raison, mais on retrouve bien une notion de stabilité dynamique – qui rappelle aussi le foil horizontal « DSS » de Hugh Welbourn – ainsi qu’un design évoquant les appendices du trimaran foiler de Tabarly. Jean-Pierre Brouns, contacté, reste absolument convaincu de la nécessité de « latéraliser le centre de dérive » pour réduire le couple de chavirement du bateau, ce qu’il a fait avec de nombreux autres voiliers à dérives décalées – mais pas nécessairement externes –, notamment la goélette Ensis. Un peu à la façon d’un Jean-Louis Noir pour son fameux Micro (5,50 m) Nuits Blanches. Jean-Pierre Brouns nous signale que deux Ibis ont été construits sur le plan évoqué par l’article de 1981, et qu’ils naviguent toujours… Si quelqu’un les croise, on veut bien une photo ! Unfoilerde croisière…en1981 ! A La Rochelle, les pavillons des principaux chantiers français claqueront fièrement au vent du Grand Pavois comme chaque année. Les Glénans vont privilégier les supports solitaires. L’Ibis, dériveur intégral à dérive latérale, n’est pas une vue de l’esprit : il a navigué ! OTAMANDINEPICARD F.-X.DECRECY 14 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE On devine dans le nom commercial du bateau l’arrivée d’une nouvelle génération de Boréal. Qu’est-ce qui change avec ce nouveau modèle ? En tenant compte de notre expérience de onze années de navigations sur notre Boréal 44 Juan Sa Bulan, puis sur le 47 Milonga, j’ai dessiné une toute nouvelle carène. Elle garde une largeur à la flottaison et une surface mouillée limitées aux faibles angles de gîte, gage de performances honorables par tout petit temps. L’étrave est désormais droite, la longueur à la flottaison augmente sensiblement. Le tiers avant est gonflé au-dessus de la flottaison, le maître beau reculé très loin en arrière. Le lest a été légèrement augmenté. Cette carène sera sensiblement plus raide à la toile. Voilà pour les formes générales… Qu’en est-il du plan de pont et des emménagements ? Grâce au maître bau reculé et au tableau arrière plus large, on a pu intégrer sur ce 47 le cockpit et les postes de barre du 55 Open Cockpit. C’est le même cockpit, au millimètre près. Donc, toutes les remarques sur le Boréal 55 concernant l’ergonomie du cockpit (voir VM du mois de mai, n°293) peuvent être reprises TROIS QUESTIONSAJEAN-FRANÇOISDELVOYE… « Vrai Boréal, nouvelle carène ! » ACTUSLAVIEDECHANTIER Jean-FrançoisDelvoyeenmarsdernier,surleBoréal47.2enfin dechaudronnerie.Unpatronetunarchitecteheureux ! LenouveauBoréalgagneunpeuenlargeuretenvolumesurletiersavant. pour le 47.2. La soute arrière perd légèrement en hauteur mais gagne 35 % de volume. Toutes les manœuvres sont ramenées à l’arrière. Le rouf a été relooké et les emménagements, s’ils reprennent globalement la trame du Boréal 47, ont été complètement redessinés. Le franc-bord ayant été relevé de 110 mm, la hauteur sous barrots s’en ressent d’autant dans l’ensemble des volumes. On en profite pour améliorer le confort avec des douches séparées dans la cabine avant, des couchettes avant et arrière plus larges, des sommiers à lattes, des portes plus larges également et plus d’espace sous le dog-house… Dirais-tu que c’est une nouvelle gamme ? Non, car ce 47.2 reste avant tout un vrai Boréal, un bateau de grand voyage en aluminium reprenant tout le cahier des charges originel et la philosophie du chantier en termes de sécurité, d’ergonomie, de confort à la mer, de stabilité et de performances. Il est plus que jamais un bateau au plan de pont simple et facile à gérer en équipage réduit, dériveur, monosafran avec dérives sabres à l’arrière, avec un dog-house accessible via une porte étanche. On retrouve également tout le travail réalisé pour centrer les poids (baille à mouillage en pied de mât…) et pour abaisser le centre de gravité (embryon de quille recevant des volumes de plomb monolithiques, l’isolation poussée, le chauffage central et le reste. En fait, le Boréal 47.2 est né à la suite de la présentation du 55 Open Cockpit à La Rochelle, de nombreux clients nous ayant demandé le même cockpit sur un plus petit bateau… De telle sorte que nous en avons vendu huit avant même d’avoir dévoilé la moindre image ! Bonne nouvelle : le chantier Boréal dévoile le Boréal 47.2, un tout nouveau croiseur dont on devrait voir le premier exemplaire au Grand Pavois. Nous avons demandé à Jean-François Delvoye de nous présenter son nouveau bébé. Le Boréal 47.2 en chiffres Long. hors tout : 14,36 m. Long. flottaison : 12,73 m. Largeur : 4,39 m. Tirants d’eau : 1,02-2,48 m. Déplacement : 13 650 kg. Lest : 4 000 kg. SV au près : 100 m2 . Génois : 55 m2 . GV : 45 m2 . Matériau : aluminium. Architecte : J.-F. Delvoye. Constructeur : Boréal. Prix : 633 024 €. F.-X.DECRECY 16 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Un navire, c’est fait pour bouger aimait dire cette voyageuse insatiable qui appliquera ce principe à la lettre sur toutes les mers, toujours prête à larguer les amarres. Pionnière de la croisière au long cours dès la fin des années 1940, elle a légué aux générations suivantes un véritable trésor avec ses récits drôles et délicieusement dépaysants. Est-ce le fait d’avoir vécu ses vingt ans avec pour seuls horizons les paysages sombres de la Belgique occupée ? Annie Van de Wiele (prononcer « Van de vile »), née Lannoo, à Gand en 1922, a toujours rêvé des îles tropicales et de leurs lumières fabuleuses. Attirée par l’eau dès son plus jeune âge, elle se contente d’abord de canoter et de faire de la « petite voile » – comme on disait alors pour parler de dériveur – sur le canal de Terneuzen, tout près du Westerschelde, l’Escaut occidental. Elle lit beaucoup d’histoires de mer aussi : Slocum, Alain Gerbault, Eric de Bisschop et ses drôles de catas, et se voit déjà au bout du monde malgré les moqueries de ses amis qui lui expliquent aimablement que les filles n’ont rien à faire en mer. En attendant, elle étudie l’histoire de l’art et l’archéologie. Choix d’orientation par défaut qui se révèle finalement assez judicieux : elle y rencontre Louis, assistant en ethnologie mais regrettant d’avoir raté l’entrée à l’Ecole de navigation d’Anvers pour cause de vue déficiente. Ils se marient après la fin de la guerre et tous deux vont dès lors se compléter à merveille : Louis voit le voyage maritime sur un mode assez intellectuel, elle a l’esprit d’aventure chevillé au corps, doublé d’un sens pratique et d’une énergie capables de bousculer n’importe quel obstacle. Ils font construire Omoo (comme le roman d’Herman Melville), un ketch en acier de 13,80 m, imaginé ensemble et dessiné par Louis. En 1949, ils quittent Ostende à destination de la Méditerranée avant d’entamer un tour du monde. Pour cette découverte de la haute mer, le mal de mer est au rendez-vous mais il en faudrait plus pour décourager Annie : « De cette première traversée, je garde surtout le souvenir des quarts de nuit, sur une mer de soie, des heures passées la main sur le gouvernail dans une espèce d’engourdissement écœuré, rêvassant des pensées fantastiques, chantonnant, regardant les étoiles se déplacer dans le ciel. Parfois, je me demandais si au fond c’était bien là ma vocation, si je n’aurais pas été mieux dans une petite villa à la campagne, une villa qui ne roule ni ne tangue. La réponse a toujours été non, même quand le cap Finisterre nous fit cadeau de nos premiers coups de tabac. » A Nice, le programme prend un tour nouveau : un bateau voisin, Fleur d’Océan, appareille pour la Polynésie et embarquerait bien les Van de Wiele pour compléter l’équipage… Va pour une répétition presque générale du parcours à bord de ce thonier de 20 m, Omoo attendra ! Deux ans plus tard, retour sur la Côte d’Azur et départ pour de bon. Ils sont trois à bord, Annie, Louis et Fred, un ami, plus Tallow, le chien. A partir de juillet 1951, ils vont vivre une parenthèse enchantée – mais trop rapide – bouclant à Zeebrugge en août 1953 un tour du monde par Panama, le détroit de Torrès et le cap de Bonne-Espérance. Il ne leur faut pas plus d’un an pour avoir envie de repartir. Cette fois ce sera les côtes africaines de la Méditerranée, puis la mer Rouge, les côtes somaliennes… L’Afrique les aimante au point qu’ils vendent Omoo et s’installent pendant cinq ans dans une petite ferme au milieu du Kenya. Revenus en Belgique, le besoin de mer les tenaille à nouveau : Louis dessine Hierro, sloop en acier de 9 m (que Il faut bien sûr lire le livre du tour du monde (Pénélope était du voyage - Flammarion 1954), mais un autre ouvrage moins connu mérite également le détour : Cabotage, publié tardivement (en 1998 aux Editions Hoëbeke), qui revient sur leur périple africain à bord d’Omoo et donne un éclairage intéressant sur les goûts éclectiques de ces voyageurs pas comme les autres. « Ces jours-là, nous étions sous les trinquettes jumelles et la vie était sans histoire… » Loïc Fougeron achètera ensuite pour faire le Golden Globe) et les voilà repartis pour deux ans aux Antilles et autour de l’Atlantique. Suivront encore d’autres navigations un peu partout sur d’autres bateaux. Et puis à l’approche des années 1980, les défis changent de registre : le couple passe des années à retaper un château-fort en ruine du Lot-et-Garonne puis, sans transition, s’entiche d’un autre coin perdu dans le Gers où l’un et l’autre finiront leurs jours. Comme si la quiétude des terres oubliées de l’intérieur, loin de l’agitation littorale, était seule capable de leur rappeler l’immensité de l’océan. Olivier Le Carrer Pour Omoo, les Van de Wiele avaient imaginé une version perfectionnée des trinquettes jumelles de Marin-Marie. Le résultat leur donna toute satisfaction. ANNIEVANDEWIELE Une vie au grand large ACTUSCOURSEETREGATE 18 JUILLET 2020 • VOILE MAGAZINE Après des années triomphantes, la team Macif Ultim avait dû se remettre en question à la suite d’une Brest Atlantiques largement dominée par la concurrence, en l’occurrence le Maxi Edmond de Rothschild. Dans la foulée, François Gabart avait fait connaître sa volonté de faire une pause, cédant la barre à Pascal Bidégorry pour The Transat – qui n’a finalement pas eu lieu. L’épisode avait surpris. Mais en dépit de ce contexte, qui n’aurait pu être qu’un moment de flottement avant l’arrivée du nouveau bateau, la décision de la Macif d’arrêter les courses en Ultime est un vrai coup de massue pour la classe et pour tout l’écosystème de la course au large. La construction du trimaran se poursuit chez CDK et à Concarneau, dans les locaux neufs de MerConcept, la société de François Gabart. Mais le bateau est à vendre… Tout comme l’actuel trimaran Macif. Quid de la base Macif de Concarneau ? Elle va poursuivre son développement et héberger l’IMOCA Apivia – filiale de la Macif – ainsi que les deux Figaro, MerConcept continuant d’assurer le suivi technique des bateaux. Reste à savoir ce que va devenir la Classe Ultim, sans Gitana (voir par ailleurs) et sans la Macif. Elle ne comporte plus à ce jour que trois concurrents, Sodebo, Banque Populaire et Actual. DERNIERE MINUTE MacifseretiredelaclasseUltim ! Après avoir dominé le circuit IMOCA, puis régné sur les Ultimes, François Gabart se retrouve sans sponsor. Mais sa société MerConcept ne manque pas d’ouvrage. MACIF
VOILE MAGAZINE n°295 - Page 5
VOILE MAGAZINE n°295 - Page 6
viapresse