VOILE MAGAZINE n°318 - Page 6 - 318 VOILE MAGAZINE • JUIN 2022 3 MMW33 dans le mistral par Thibault Desplats L’EDITO LeShtandart pavillonhaut htandart, l’étendard en russe : un nom prédestiné pour cette réplique de la première frégate russe, construite à l’époque de Pierre Le Grand. Car le vieux gréement de Vladimir Martus est bel et bien devenu,presque contre songré,l’étendard de la paix et de la dissidence russes. Etendard menacé, empêché, rapiécé, mais toujours porté haut et clair par ce capitaine à la détermination farouche.Songezqu’en1994,c’estquasiment seul qu’il s’est lancé dans la construction de cette coque de 32 mètres, qu’il a vaincu tous les obstacles, et finalement quitté Saint-Petersbourg en 1999, parce que l’étendard que représentait déjà le Shtandart nepouvaitpasêtreceluidurégimepoutinien. Ni le bateau ni son capitaine ne sont retournés en Russie depuis. Car Vladimir Martus n’est pas du genre à virer de bord, y compris dans les immenses difficultés qu’il traverse aujourd’hui. Victime collatérale des sanctions prises à l’encontre de tout navire battant pavillon russe, le Shtandart s’est vu interdire les fêtes maritimes d’Escale à Sète par la préfecture de l’Hérault et a erré en Méditerranée, rejeté de partout, la cambuse à peu près aussi vide que la caisse de bord. Qu’importe si l’équipage russo-ukrainien est peut-être le dernier emblème de la fraternité entre les deux pays, si le capitaine, lui-même de mère ukrainienne, est en rupture totale avec le régime : pour l’administration, le bateau est russe, donc proscrit. Faut-il donc désespérer des autorités françaises ? Peut-être pas, car un juste s’est levé : Laurent Belsola, le maire de Port-de-Bouc. Un personnage lui aussi, connu pour son engagement en faveur des migrants, qui a accueilli le Shtandart au port tandis que les habitants se mobilisaient pour nourrir l’équipage. Autre bonne nouvelle : l’Espagne a donné son accord pour recevoir le Shtandart au festival maritime de Pasaia, et l’équipage espère enchaîner sur le Festival du nautisme de La Rochelle, son port d’attache depuis plusieurs années. Mais pour cela, il faut que l’administration française assouplisse sa position. Ludovic Pacciarella, officier de liaison du navire depuis des années, se démène pour que le bon sens l’emporte. L’autre solution serait que le Shtandart passe sous pavillon français, mais là on se heurte à un autre obstacle : l’intransigeance de son capitaine. Russe il est, russe il restera, Vladimir Martus. Peut-être justement parce qu’il est urgent de porter le pavillon d’une autre Russie. Parce que le jour venu, cette Russie-là aura besoin de ses dissidents pour reconstruire le pays… Alors oui, accueillons le Shtandart, et comme lui portons haut le pavillon ukrainien à l’escale en signe de fraternité ! François-Xavier de Crécy S VOILE MAGAZINE 9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX voilemag@editions-lariviere.fr Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire Stéphanie Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant REDACTION Rédacteur en chef François-Xavier de Crécy 41 00 Rédacteur en chef adjoint Damien Bidaine 3292 Rédacteur Paul Gury 33 46 Secrétariat de rédaction Laurence Corroler 33 47 Maquette Stéphane Machelart 33 43, Marion Jobert Illustrations Laurent Hindryckx 56 60 Ont collaboré à ce numéro Stéphanie de Loustal, Thibault Desplats, Ludovic Fruchaud, Camille Moirenc, Olivier Le Carrer, Jean-Marie Liot, François Paris, Pierre-Yves Poulain, Sidonie Sigrist, François Van Malleghem PUBLICITE Directeur de publicité Laurent Lallier 33 42 Directeur de clientèle Manche Atlantique Paul-Emmanuel Poupon 33 20 Chef de publicité Méditerranée Clara Bonnecaze 34 31 Secrétariat : Elodie Ribeiro 33 40 e-mail : pubvoile@editions-lariviere.fr SERVICE DES VENTES (réservé aux diffuseurs et dépositaires) Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 PROMOTION DES ABONNEMENTS Carole Ridereau : 33 48 Abonnements et Vente Par Correspondance Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Service abonnements, Voile Magazine, 45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex TARIFS ABONNEMENTS France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement versions papier + numérique : 140,26 E Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79 ou abo.lariviere@ediis.fr Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression : Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne Diffusion MLP « Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier : Italie. Taux de fibres recyclées : 0%. Certification : PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,018 kg/tonne » Printed in France - Imprimé en France Voile Magazine est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 E. Dépôt légal, 2e trimestre 2022 Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884. CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. Siège social : 12, rue Mozart, 92587 Clichy cedex, France. Tél. : 01 41 40 32 32. INCORPORANT Vladimir Martus. O.SCHINDLER 52. Palmarès des ports : les escales préférées 84.Sécurité : à l’école de la SNSM chez Tribord 94.Escale à Sète, un voyage dans le temps 74.Refit : 2 jours pour sauver le mât du Super Arlequin ! THIBAUTDESPLATS SIDONIESIGRIST FRANCOISVANMALLEGHEM VOILE MAGAZINE • JUIN 2022 5 SOMMAIREN° 318-JUIN2022 ACTUS Les potins des pontons........................................................................10 Où mouiller ?.................................................................................................16 Défricheurs d’océans.............................................................................18 Salon de La Grande Motte................................................................20 Course et régate.........................................................................................30 Le journal du littoral...............................................................................38 ZOOM Semaine olympique d’Hyères.......................................................28 MAG Visite de chantier Maître Coq..........................................................34 Escale à Sète Une fête magique......................................................94 COURRIER Les lecteurs ont la parole...................................................................42 MATOS Tests équipement Navicom RT411+ Icom IC M510E...............................................................................................46 ESSAIS Quelques bords à bord Kaori 550............................................................................................................48 DOSSIER Le palmarès des ports Vos 110 ports préférés.................52 REFIT Super Arlequin Des bricoleurs dans le dur !.........................68 Episode 3 : 48 H chrono pour sauver le mât.........................74 MASTERCLASS Sécurité avec Tribord.............................................................................84 OCCASION Une occasion mise à nu Dufour 365......................................102 CULTURE Interview Damien, l’empreinte du vent...............................112 des utilisateurs de Navily 102.Occasion grand format : un Dufour 365 Grand Large entretenu avec amour Le prochain numéro de Voile Magazine sortira en kiosque le 16 juin 2022 Abonnez-vous, page 101 ou sur le site www.editions-lariviere.fr Retrouvez-nous sur ALEXANDRELAMOUREUXFRANCOISVANMALLEGHEM 10 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE Un départ depuis la plage des Grands Sables de Groix pour rejoindre son embarcation comme on peut (à la nage, en annexe, en SUP…), des phares à virer et des défis à relever... Et pas moins de trois Pen Duick à la fête ! Elle s’annonce énorme, cette Rubi’s Cup à Groix les 25 et 26 juin. Plus qu’une régate, nous avons voulu une grande fête de la plaisance. Car Bernard Rubinstein, l’ami Rubi dont on a plaisir à fêter la mémoire avec tous ceux qui l’ont apprécié et aimé, adorait ces festivités nautiques et populaires. Mais s’il exigeait d’une carène qu’elle marche bien, il réclamait aussi qu’un carré soit convivial. C’est dans cet esprit qu’avant et après la régate, nous nous retrouverons à l’apéritif le vendredi soir, puis pour un dîner des équipages le samedi dans plusieurs restaurants de Port-Tudy et enfin autour d’un vin d’honneur après la remise des prix du dimanche. Des équipages qui pourront se défier sur le Mi-Mille SNSM (une course de vitesse sur 0,5 mille) ou lors de la Godille Cup (course à la godille dans l’enceinte de Port-Tudy) sous les encouragements des Groisillons et Groisillonnes ! Un programme de folie, mais des places limitées à 40 voiliers. Inscrivez-vous rapidement en flashant le QR code ci-dessous. Le tarif est de 50 € par voilier et 35 € personne, hors licences. Mais attention, ce prix inclut : une nuitée à Port-Tudy, la participation à la régate Groix - Belle-Ile - Groix, au Mi-Mille SNSM, à la Godille Cup, à l’apéritif du vendredi, au dîner des équipages du samedi et au vin d’honneur du dimanche. A ceux qui n’auraient pas de certificat de jauge pour leur voilier, pas de panique, c’est optionnel. Dans ce cas, vous serez inscrit en « classe libre » (en temps réel). La licence FFV en revanche est obligatoire pour tous, mais une licence journalière (12 €) peut être délivrée au moment de l’inscription par notre gentil organisateur, le Club nautique de Groix. La direction de course sera assurée par le Club nautique de Lorient. On vous attend nombreux ! EVENEMENT LesPenDuick àlaRubi’sCup La Quatix 7 de Garmin est pensée pour la navigation et la vie à terre au quotidien. Elle intègre en effet à la fois des fonctions de suivi de santé et de navigation avec notamment le contrôle des écrans multifonctions, du pilote ou des alarmes de mouillage et des marées intégrées dans les appareils Garmin installés à bord de votre voilier. La montre propose également une multitude de profils d’activités tels que la pêche, la navigation, la régate, le kayak, le paddle, etc. Déclinée en trois modèles, la Quatix est compatible avec la cartographie détaillée BlueChart g3. Le modèle Solar capte l’énergie solaire pour prolonger l’autonomie de la batterie, jusqu’à 37 jours en mode montre connectée et jusqu’à 90 jours en mode économie d’énergie. Evidemment, elle donne aussi l’heure ! Prix : de 699 à 1 199 € selon modèle. Succès confirmé pour le retour des Nautiques de Port-Camargue durant le week-end de Pâques avec un public nombreux sous une météo de rêve ! Dans les plus petits prix, les valeurs sûres du chantier Jeanneau des grandes années du développement de la plaisance ont vite trouvé acquéreurs : Aquila de 1980 à 10 000 €, Sangria de 1976 à 7 500 €, Poker de 1976 à 6 500 €, First 30E de 1982 à 20 000 €, Neptune 99 de 1978 à 25 000 €. Du côté des plus grands croiseurs aussi les occasions furent belles : comme ce Dufour 325 de 2008 cédé à 69 500 €, ou cet Oceanis 40 de 2010 qui a trouvé un acheteur pour 125 000 €. MONTRE CONNECTÉE Entretélécommande etrépétiteur SALON L’occasion a le vent en poupe ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Accédez directement à l’inscription en ligne en scannant ce QR code. BERNARDRUBINSTEIN DR VOILE MAGAZINE • JUIN 2022 11 Projet exemplaire que celui porté par l’association Yachts du Patrimoine maritime en partenariat avec Passe-Coque. Il s’agit de la restauration du Mousquetaire n°40, construit au chantier Stéphan en 1964. La cure de jouvence du plan Herbulot a été confiée à trois jeunes désireux de se former aussi bien au refit qu’à la navigation. Zoé, David et Samuel ont sué tout l’été 2021 avant de pouvoir mettre à l’eau Avel Mad en septembre du côté du Bono. Puis le bateau est revenu au chantier de Saint-Philibert pour un gros travail sur le lest… Cet été, il sera aussi utilisé par les adhérents de l’YPAM, que nous côtoyons d’ailleurs nous-mêmes quand nous travaillons sur notre Super Arlequin. L’YPAM partage en effet avec Passe-Coque son chantier de Saint-Philibert et les deux conteneurs utilisés pour stocker les voiles et le matériel. RESTAURATION LestroisMousquetaired’AvelMad enbref… BENETEAU Le Groupe Bénéteau a annoncé le départ à la retraite de Jérôme de Metz et la nomination d’une nouvelle équipe de direction désormais scindée entre la direction du groupe opérée par Bruno Thivoyon et la direction générale de la division Bateau assurée par Gianguido Girotti. VOILERIE Le groupe Incidence a racheté la voilerie trinitaire Technique Voile, renforçant ainsi sa place dominante sur le marché. On évoque un chiffre d’affaires consolidé de 21 millions d’euros. COLLOC La colloc basée à Lorient s’installe à La Trinité-sur-Mer pour gérer le Lab’Océan sur une initiative de la Compagnie des Ports du Morbihan. Un espace de travail partagé et collaboratif qui sera réservé aux professions liées à la mer et au nautisme. DISPARITION Le cinéaste et naturaliste Jacques Perrin s’est éteint le 21 avril à Paris. Côté mer, il a joué le jeune matelot des Parapluies de Cherbourg, puis dans Le Crabe Tambour et Les Quarantièmes Rugissants dont il a coécrit le scénario inspiré de l’histoire du Golden Globe, réalisé les extraordinaires documentaires Océans (2009) et Le Peuple des océans (2011). Des films exigeant une connaissance intime de la mer et de ses habitants. SNSM Nouveau logo et nouvelle collection dans la boutique en ligne de la SNSM. Au catalogue : coupe-vent, T-shirts, sacs étanches, compas... FETE MARITIME Fécamp Grande Escale se tiendra du 29 juin au 3 juillet dans les bassins de l’ancien grand port morutier. Zoé est l’une des trois jeunes au chevet du Mousquetaire de l’YPAM. Pen Duick, ainsi que les Pen Duick II et V seront de la course autour de Groix. DR 12 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE ACTUS LESPOTINS DES PONTONS CLASSIC CHANNEL REGATTA Latransmanchedesclassiques Elle revient elle aussi après quelques années de disette événementielle… Qui ? La Classic Channel Regatta, bien sûr ! Cette transmanche rassemble traditionnellement la fine fleur des yachts classiques des deux côtés de la Manche. Cette année, elle jettera l’ancre quelques jours à Paimpol, ce qui justifie sa nouvelle appellation de Paimpol Classic Channel Regatta. Les bateaux pavoisés seront visibles dans le port entre le 13 et le 17 juillet, sauf le jeudi 15 juillet qui sera consacré à des régates autour de Bréhat… Attention les yeux ! Cette édition adopte en outre un format XXL puisque les concurrents pourront enchaîner le parcours habituel entre Dartmouth et la Bretagne Nord, puis la Coupe Armorique entre Paimpol et Camaret, et la course des Deux Phares entre Camaret et La Rochelle ! Autant dire que les équipages ne vont pas chômer… Départ le 12 juillet de Dartmouth, traversée de nuit. PORTS Duchangement àPénerf LIVRE DE CUISINE Pêcheurs et gastronomes A mi-chemin entre le port du Crouesty et les ports de la Vilaine maritime, le port de Pénerf-Damgan se fait facilement oublier sur la rivière de Pénerf, et c’est dommage car il ne manque pas de charme ! La bonne nouvelle, c’est que la commune de Damgan a confié la gestion du port à la Compagnie des Ports du Morbihan, qui a pris les choses en main le 1er janvier dernier. Le port est désormais équipé de pontons reliés à la terre, installés durant toute la saison jusqu’à fin septembre. Ils permettent d’accueillir une cinquantaine de bateaux, avec des tirants d’eau variés. Il y a aussi de nouvelles places sur corps-mort ou sur le ponton « offshore » qui peut accueillir dix bateaux. Les sanitaires du port ont été totalement refaits et les plages horaires d’accueil étendues (7 jours sur 7 et jusqu’à 21 heures en juillet et août). Soyons honnêtes, cette compilation d’excellentes recettes iodées est réalisée par nos voisins de bureau : la rédaction de Pêche en Mer. Mais si nous vous recommandons l’ouvrage, c’est que le fumet de ces préparations vaut de s’y attarder. Qui sait : une de ces recettes pourrait vous faire gagner la Cooking Cup (voir par ailleurs la Rubi’s Cup) ! Attention, si les recettes de Bernard Noël sont simples à réaliser, elles demandent parfois un peu de matériel et de préparation… Toutes ne sont pas réalisables avec la simple pêche du bord. A vos casseroles. Casa Editions, 200 p. 21,95 €. enbref… PODCAST Canal 16. La saison 2 des podcasts de la SNSM est en ligne sur toutes les plateformes d’écoute en ligne. Six épisodes de 20 minutes qui diffusent aux bénévoles et aux requérants des récits de sauvetages poignants et spectaculaires. BOME ENROULEUR Les bômes enrouleurs Mainfurl en fibre de verre ou de carbone sont désormais distribuées en France par Nautex International. Rappelons que ces bômes s’adaptent à tous les mâts des voiliers neufs ou d’occasion de 35 à 90 pieds. PEN DUICK TOUR 2022 La Banque Populaire Grand Ouest organise chaque année le Pen Duick Tour, la tournée des voiliers d’Eric Tabarly. Pour cette 10e édition, ils feront escale à Roscoff du 10 au 13 mai, à Saint-QuayPortrieux du 17 au 20 mai puis aux Sables d’Olonne du 7 au 10 juin avant de revenir à leur port d’attache à Lorient le 28 juin. BANDE DESSINEE Tout juste paru chez Delcourt : Vent Debout, un récit de voyage à tiroirs qui retrace les tribulations de deux équipages. L’un de ces deux récits est inspiré de faits réels, en particulier du destin tragique de Jurgen Kantner et Sabine Merz, couple de marins voyageurs assassiné par l’Etat islamique aux Philippines. VENISE Les grands paquebots de croisière ne pouvant plus accoster à Venise, l’agent maritime vénitien Stefano Tositti a soumis aux autorités municipales l’idée de convertir l’actuel terminal maritime passagers (douze postes d’amarrages et 3 400 m de quai) en centre d’accueil pour méga yachts… Consternant. A la Classic Channel, même les bateaux comités sont de vénérables bateaux en bois… Oh my God ! Les pontons se sont multipliés depuis cette photo prise l’an dernier. PHILIPPEPAYEN DR DR 14 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE Si ce nouveau First présenté par Bénéteau fin avril vient compléter la gamme entre les First 36 et 53, son pedigree le rapproche davantage du First Yacht 53. D’abord parce qu’il a été dessiné par le tandem Roberto Biscontini et Laurenzo Argentini. La parenté saute aux yeux, notamment si on considère le plan de pont. Il s’apparente, comme on dit, à un « petit First 53 », même s’il est né sous la houlette d’une équipe de conception élargie incluant notamment le bureau Mer Forte, comme pour le Figaro 3. Ensuite parce qu’il sera construit en Vendée, dans un atelier dédié et non en Slovénie comme le First 36. Parce que sa philosophie enfin est moins inspirée des quillards de sport planants façon Seascape que des course-croisières italiens ou scandinaves aux lignes flatteuses. C’est le cas en particulier de la version standard, qui sera de loin la plus diffusée. Elle sera dotée d’un mât en aluminium et optionnellement de 2 x 300 l de ballast, en petit ou grand tirant d’eau (2,15 ou 2,60 m). La version Performance portera plus de toile sur un mât carbone plus long de 1,50 m et une delphinière – également en carbone – de 1,50 m, elle sera équipée de batteries lithium et gagnera 500 kg de déplacement malgré deux winches supplémentaires. Dans les deux cas, le First 44 sera construit entièrement en infusion, résine polyester et fibre de verre pour les peaux, âme PET pour le pont et balsa pour la coque. Un bateau à découvrir au prochain salon de Cannes, mais qu’on devrait pouvoir vous présenter à l’essai dès cet été. On a hâte ! FIRST 44 Bénéteauveutséduire N’allez pas imaginer que ce numéro de Neptune Nautisme nous a tapé dans l’œil uniquement à cause de sa couverture de charme. Il est riche, et ses sujets les plus techniques sont remarquablement vulgarisés. On sent une rédaction en pleine ébullition sous la houlette de Daniel Gilles et un Bernard Rubinstein au sommet de son art. Des réglages de voiles bien expliqués, un dossier sécurité parfaitement orchestré par le même Rubi, un guide de la bonne humeur à bord, un comparatif de hors-bord à arbre long – pour voiliers… C’est clair, c’est très complet, et l’axiome « 100 % pratique » qui fera, douze ans plus tard, le succès de Voile Magazine n’est pas loin. De fait, l’esprit de Neptune et un certain nombre de rubriques migreront vers Voile Magazine via Rubi quand Neptune changera d’éditeur et deviendra Neptune Moteur. Encore aujourd’hui, ces numéros de la plus belle époque de Neptune peuvent nous inspirer. A condition de choisir les sujets… Par exemple, nous laisserons à Olivier de Kersauson cette phrase lunaire, citée par Neptune : « Vouloir sauvegarder les baleines, c’est refuser l’évolution du monde. Vous imaginez, vous, un ptérodactyle qui vous fonce dessus ? » Comme de nombreuses associations de propriétaires de voilier, l’AsPro Djinn (180 adhérents) va de nouveau pouvoir se rassembler. Dès le 4 juin, les propriétaires de Blue Djinn et Djinn 7 sont attendus dans le port de Loctudy pour leur 23e rassemblement. Plusieurs d’entre eux rejoindront ce rendez-vous à la voile et en flottille depuis Sauzon, Lorient, Doëlan et Concarneau, ce qui n’est pas courant pour ces petites unités transportables. Dès le lendemain, l’armada mettra le cap sur Lesconil pour un pique-nique et une découverte de ce port typique de Sud Bretagne avant de rejoindre Loctudy, puis Bénodet et Mousterlin avant de revenir à Loctudy pour le repas de clôture. Plus d’infos sur aspro-djinn.fr. Neptune, août 1983 : des idées en pagaille ! RASSEMBLEMENT LaPentecôteenDjinn Après Arcachon, cap sur Loctudy pour les Djinn. ACTUSLESPOTINSDESPONTONS Long. hors tout : 14,15 m. Long. coque : 13,15 m. Largeur : 4,25 m. Dépl. : 10 300 kg. Tirant d’eau : 2,15 m. Lest : 3 300 kg. SV au près : 106 m2 . GV : 53 m2 . Génois : 53 m2 . Architecte : R. Biscontini. Design : L. Argento. Matériau : sand. verre/balsa/pol. Constructeur : Bénéteau. Prix : nc. DR 16 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE OUMOUILLER?ENATLANTIQUE Le mouillage est sûr et les fonds de sable blanc siéront autant à votre équipage qu’au diamant de votre ancre qui y plongera avec aisance. En venant de Camaret, prenez garde aux rochers de la Chèvre, du Chevreau et du Bouc et pensez à bien déborder le cap qui se prolonge sur un demi-mille par une chaussée mal pavée. Le cap de la Chèvre marque l’entrée de la baie de Douarnenez. Pour rejoindre votre mouillage, reprenez cap nord-est et longez sur 3 milles les falaises de la face sud de la presqu’île en passant devant les premières grottes de la baie (grotte de l’Eglise). Vous tomberez alors sur l’anse de Saint-Norgard, fermée au nord par la petite pointe de Saint-Hernot. On y mouille dans 2 à 6 m d’eau. Attention, il s’agit d’un mouillage de beau temps et non d’un refuge lorsque le vent souffle sur la pointe bretonne. En revanche, c’est une zone d’attente parfaite avant d’appareiller pour le raz de Sein avec la marée. Si le temps n’est pas suffisamment clément pour ce mouillage paradisiaque, poussez jusqu’à Morgat, son anse, son mouillage, son port et ses grottes. A terre, les bons marcheurs emprunteront une partie du GR34 qui fait le tour du cap. Une grande boucle démarre au niveau de la maison des Minéraux de Saint-Hernot vers le panorama du cap (3 heures) à moins d’opter pour un café de Morgat. A faire tôt le matin pour profiter du lever du soleil. Attention, le sentier est caillouteux et peut être raide, mais l’effort en vaut la peine avec une merveilleuse vue sur la baie de Douarnenez. AnsedeSaint-Hernot ✓ Abrité du nord-nord-ouest ✓ Fond de sable ✓ Cadre idyllique ✓ Peu de place près de la plage ✓ Le sentier côtier ✓ Les rochers découvrant de la pointe ON AIME ON AIME MOINS LES AVIS DE C’est une des plus belles plages de la plus belle des presqu’îles de Bretagne. Un diamant dans un incroyable écrin qui, pris isolément, est bien difficile à placer sur la carte tant le décor mêle le meilleur de l’Atlantique aux couleurs chaleureuses du Midi de la France. 48° 11’ 85’’ N - 4° 30’ 93’’ W Pins et eaux turquoise… Sommes-nous en Bretagne ? 18 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE Il y a plus d’un siècle, ce navigateur passionné, infatigable promoteur d’une plaisance accessible à tous, créait la toute première compétition en haute mer ouverte à des voiliers modernes – la Course des Bermudes – et prêchait par l’exemple en bouclant d’audacieuses traversées sur de petites unités. croiseur – le Sea Bird – que l’on trouve dans The Rudder. Thomas Fleming Day en a tracé les lignes générales avant de demander à l’architecte Charles D. Mower d’en dresser les plans détaillés en collaboration avec le constructeur Larry D. Huntington pour être sûr que ce bateau de 7,81 m soit à la fois le plus économique à réaliser et le plus marin possible. Avec quelques décennies d’avance, il y a du Herbulot ou du Harlé dans la démarche de Fleming Day : il se moque des traditions guindées et de l’esthétique classique, seuls comptent les aspects fonctionnels. Sur cette lancée il étudie et publie une extrapolation du Sea Bird, le Seagoer, qui permettra à d’autres amateurs de prendre le large, dont Harry Pidgeon, auteur de deux tours du monde à bord de son fameux Islander. Convaincu que les petits bateaux peuvent naviguer au large, il fait un pied de nez aux prestigieux clubs américains – dont les grandes unités ne servent guère que pour des régates en baie – en organisant entre New-York et Hamilton la Course des Bermudes, réservée aux voiliers de moins de 12 m sur un parcours de plus de 600 milles. On crie au fou, il n’y a que trois concurrents au départ de la première édition en 1906 – dont Thomas Fleming Day, bien sûr – mais l’épreuve va changer la physionomie de la course au large et s’installer durablement dans le calendrier. Tout cela près de vingt ans avant la création de la Fastnet Race ! En 1911, désireux à la fois de s’offrir une belle navigation et de faire du prosélytisme en Europe, il s’embarque avec deux amis à bord de son bon vieux Sea Bird, le prototype qu’il avait financé au moment du lancement de la série du même nom. En à peine plus d’un mois – y compris quatre jours d’escale aux Açores – l’équipage est à Gibraltar, puis pousse jusqu’à Naples à l’invitation de clubs italiens. Cette traversée océanique, sans doute la première d’un petit voilier « ordinaire », connaît un énorme retentissement aux Etats-Unis et reste un modèle du genre. Bateau bien préparé, bonnes moyennes (avec même une journée à 183 milles ! ), navigation parfaitement maîtrisée : Thomas ne pouvait rêver d’une meilleure démonstration pour défendre la cause des petits croiseurs. Navigateur éclectique, toujours à l’affût de nouvelles expériences, il réussira l’année suivante une Le récit de la traversée de Sea Bird n’a été publié en France - par l’éditeur rochelais La Découvrance, grâce au travail de traduction d’Olivier Merbau - qu’un siècle après l’événement. Il s’agit en fait de la compilation d’articles parus alors dans The Rudder. Mêlant réflexions techniques, considérations générales sur la pratique de la voile et temps forts de la traversée, il donne à la fois une bonne idée de l’environnement plaisance de l’époque et de la vie quotidienne à bord. « Mon labeur, je crois, porte ses fruits et fait évoluer la mentalité des hommes sur la stupide peur de la mer. On commence à se convaincre que la petite taille d’un bateau ne le rend pas inapte à naviguer. » THOMASFLEMINGDAY L’inventeur de la course au large Gréé en yawl, Sea Bird avait commencé à naviguer dans une version dériveur lesté avant de recevoir une quille longue, le puits de dérive étant jugé trop encombrant pour la petite cabine. Il se caractérise par sa coque à bouchains, configuration dont Fleming Day a toujours vanté les mérites. CULTURE des toutes premières traversées de l’Atlantique au moteur, à bord d’une coque de 10,60 m propulsée par une machine à essence de 16 ch. Thomas Fleming Day est mort à Harlem en 1927 sans jamais avoir cessé de naviguer sur toutes sortes de bateaux. The Rudder lui a survécu jusqu’en 1977 et l’héritage des Sea Bird continue à faire le bonheur de nombreux passionnés. Olivier Le Carrer Si le nom est tombé dans l’oubli, l’œuvre de cet Anglais d’origine (né dans le Somerset au printemps 1861, émigré à New-York avec ses parents quelques années plus tard) a laissé de nombreuses traces qui ne sont pas près de s’effacer. Sa première apparition publique dans le monde du nautisme remonte à la fin des années 1880, sur les bords de l’Hudson, tout près de Wall Street, à une époque où l’on s’occupait davantage ici d’activités navales que de finance. Employé par une société vendant des bateaux et de l’accastillage, le jeune Thomas suggère à son patron qu’il serait intéressant d’ajouter des articles rédactionnels – et par la même occasion de la pub payante… – aux catalogues de la maison. Cette publication hybride devient en 1891 un magazine à part entière, The Rudder, pionnier de la presse nautique anglo-saxonne et désormais occupation à plein temps de Thomas qui va l’utiliser comme support dans son objectif de promotion d’une voile populaire. En 1898, il insère dans ses pages les plans d’un petit voilier à construire soi-même, le Lark, qui deviendra l’un des premiers monotypes à succès de l’histoire. En 1901, toujours pour la construction amateur, ce sont les plans d’un petit 20 JUIN 2022 • VOILE MAGAZINE SALON Commeon seretrouve!Après deux éditions sacrifiées pour cause de crise sanitaire, les organisateurs du Multihull Show ont enfin pu honorer le grand rendez-vous des multicoques à La Grande Motte. Un vrai soulagement pour les professionnels et pour tous les passionnés. Textes : FX de Crécy, Damien Bidaine et Pierre-Yves Poulain. Photos : Ludovic Fruchaud. LAGRANDEMOTTE EVIDEMMENT, la pluie persistante entrecoupée d’averses de grêle venteuses évoquait davantage un salon breton à la Toussaint qu’un printemps méditerranéen. Pourtant, que ce soit sur les pontons secoués par le petit clapot du port ou à l’abri de la tente des équipementiers, les sourires sont là ! D’abord parce que les occasions de se retrouver se sont faites rares ces dernières années. Ensuite parce que l’étrange euphorie commerciale née au début de la période Covid ne se dément pas… Chez Aventura Catamaran par exemple, les commandes de l’Aventura 37 présenté au dernier salon de Cannes continuent d’affluer au point que ce ne sont plus seulement des bateaux qu’il faut construire, là-bas en Tunisie… mais une usine. Une cinquantaine d’Aventura 37 à produire ! Idem pour tous les grands acteurs du multicoque, mais aussi pour les jeunes pousses à l’image d’un tout nouveau chantier comme Windelo qui a désormais deux ans de commandes devant lui. Mais cette appétence pour les bateaux en général, et les multicoques en particulier, a aussi son côté sombre : la production. Elle était déjà tendue par le dimensionnement prudent de l’outillage industriel, par les difficultés de recrutement de la main-d’œuvre et par les difficultés logistiques liées à la crise sanitaire. La guerre ukrainienne a encore noirci le tableau, un certain nombre de sous-traitants – en particulier dans la métallurgie – étant frappés de plein fouet par la guerre. Dans ce contexte, les délais s’allongent et certaines nouveautés se font attendre. Restons décents : attendre son bateau un an de plus, c’est bien la plus anecdotique des conséquences de la tragédie ukrainienne. CARTONPLEIN POURLESNOUVEAUTES Côté nouveautés, c’est quand même carton plein pour ce Multihull Show après deux ans d’absence avec pas moins de sept « premières mondiales ». A part le CK 70 de Squalt Marine, trahi par l’un de ses arbres d’hélice alors qu’il tentait de venir de Tunisie, toutes ont répondu à l’appel… Le Lagoon 51 est bien là avec son fly couvert de cellules photovoltaïques, tout comme le nouveau Catana dit « Ocean Class ». Une nouveauté marquante car autant le chantier de Canet a multiplié les lancements côté Bali, autant la marque historique Essai tonique et toutes voiles hautes du Balance 482 en face de La Grande Motte. REMERCIEMENTS Un grand merci au Yacht-club de La Grande Motte et à Didier Hilaire qui ont permis à notre photographe de réaliser ces images. Grand animateur de la vie nautique en baie d’AiguesMortes, l’YCGM enchaîne les beaux événements. Prochainement la Foil Cup Occitanie Gliss Tour (20 au 22 mai). Rens. : www.ycgm.fr.
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