VOILE MAGAZINE n°357 - Page 6 - 357 VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2025 3 Le Bente 28 dans le Golfe vu par Paul Gury. L ’EDITO Unétéàrêver e Dictionnaire de Marine de Soe, Dupont et Roussin n’est pas seulement l’ami du rédacteur en chef en mal d’inspiration à l’heure de l’édito, c’est aussi la Bible de tout marin amoureux des belles lettres, ou – pour paraphraser Rostand – au moins des trois qui forment le mot : mer. Sorti en 1906 dans ce qu’il faut bien qualifier d’indifférence générale – on était en pleine affaire Dreyfus –, il a été régulièrement réédité depuis et garde dans ma bibliothèque une place centrale avec ses termes si désuets qu’ils en deviennent poétiques et ses illustrations gravées à l’eau-forte. Cela étant dit, ce monument du vocabulaire maritime voit aujourd’hui son hégémonie menacée par un « petit » nouveau de 1 023 pages : le Dictionnaire culturel de la mer et de la marine de Pascal-Raphaël Ambrogi, publié l’an dernier par les éditions Honoré Champion. Qui connaît Pascal-Raphaël Ambrogi ? Qui tressera les lauriers dus à ce paladin du mot juste, à ce Sisyphe de la terminologie nautique ? Et qu’attend-on pour lui décerner le Mérite maritime et la Légion d’Honneur ? Son œuvre est massive, précise, bien organisée. Le mot cordage, par exemple, comprend pasmoinsde192sous-définitions, de amarrer à verloquet (filin utilisé pour guider une charge suspendue) en passant par braguette (pas ce que vous croyez) et cincenelle (cordage utilisé pour haler un bateau en rivière), etc. Les 11 700 entrées sont à l’avenant. Or tenez-vous bien, on apprend en deuxième de couverture que c’est là son cinquième dictionnaire… Une vie de labeur dédiée à la joie des mots. Et de fait, le simple fait de savoir qu’un tel ouvrage existe est une formidable raison d’être heureux. Alors le feuilleter… Mais réjouissez-vous, en particulier si l’érudition maritime vous laisse tiède, il y en a plein d’autres ! A commencer par le bateau qui vous attend au port, à moins que vous ne lisiez ces lignes déjà confortablement calé dans son cockpit. Que ce voilier soit le vôtre ou – mieux – celui d’un ami, qu’il soit loué ou élégamment prêté, il devient vôtre dès lors que vous mettez votre sac à bord, et votre compagnon d’aventures estivales. Celles des vacances de la rédaction sont déjà toutes tracées : l’un rentre de la Fastnet Race et rejoint son cher plan Vaton en Sardaigne, l’autre va prendre la barre d’un confortable cata aux Seychelles, tandis que le troisième s’en va écumer les côtes britanniques en RM 1180. Pas sûr que ça nous inspire des ouvrages aussi épais que le dictionnaire de Monsieur Ambroggi. Mais comptez sur nous pour partager dans les prochains numéros ces mille et une façons de vivre notre passion. François-Xavier de Crécy L VOILE MAGAZINE 9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX voilemag@editions-lariviere.fr Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire S. Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant REDACTION Rédacteur en chef François-Xavier de Crécy 41 00 Rédacteur en chef adjoint Damien Bidaine 3292 Rédacteur Paul Gury 33 46 Secrétariat de rédaction Laurence Corroler Maquette Stéphane Machelart 33 43 Illustrations Laurent Hindryckx 56 60 Ont collaboré à ce numéro Famille Baranger, Fabien Clauw, Adrien Dartig, Thibault Desplats, Julien Gazeau, Inaniel, Jean-Marie Liot, François Van Malleghem WWW.VOILEETMOTEUR.COM André-Bernard Vidie 56 36 Sherine Lefébure PUBLICITE Directeur de publicité Laurent Lallier 33 42 Chef de publicité Manon Pirotte 34 31 Assistante : Chloé Boudet 35 25 chloe.boudet@editions-lariviere.com e-mail : pubvoile@editions-lariviere.com SERVICE DES VENTES (réservé aux diffuseurs et dépositaires) Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 PROMOTION DES ABONNEMENTS Kahina Houist : 54 43 Abonnements et Vente Par Correspondance Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Service abonnements, Voile Magazine, 45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex TARIFS ABONNEMENTS France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement versions papier + numérique : 146,34 € Tarifs 2025, prélèvements mensuels : 6,95 € Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79 ou abo.lariviere@ediis.fr Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression : Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne Diffusion MLP « Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 63 %. Certification : PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,003 kg/tonne » Printed in France - Imprimé en France Voile Magazine est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 €. Dépôt légal, 3e trimestre 2025 Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884. CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. Siège social : 12, rue Mozart, 92587 Clichy cedex, France. Tél. : 01 41 40 32 32. INCORPORANT MAGAZINE F.-X. DE CRECY 64. Le Tricat 8.50, un surdoué de la croisière 42.Fastnet Race : on y était ! Retour sur 695 milles au taquet 86.Boréal 56 : un géant taillé pour l’aventure 96.Exploit autour du monde : Alfonso Pascual raconte THIBAULT DESPLATS PAUL GURY JEAN-MARIE LIOT DR VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2025 7 SOMMAIRE N°357-SEPTEMBRE2025 ACTUS Les potins des pontons.......................................................................14 Dessine-moi un bateau......................................................................20 Salons les nouveautés de Cannes et La Rochelle................................24 Course et régate Les actus................................................................38 La Fastnet Race..............................................................................................42 Le journal du littoral..............................................................................46 Les lecteurs ont la parole..................................................................50 MATOS Test équipement Morphée, l’orin connecté autonome..........................................54 Comparatif 10 balises à la loupe...............................................116 entre océan et Golfe 24.Salons de rentrée : les chantiers déroulent le tapis rouge et dévoilent leurs nouveautés ! Le prochain numéro de Voile Magazine sortira en kiosque le 13 septembre 2025 Abonnez-vous, page 126 ou sur le site www.editions-lariviere.fr Retrouvez-nous sur ESSAIS Quelques bords à bord Bente 28.............................................................................................................58 Lagoon 38.........................................................................................................74 Fountaine Pajot New 41........................................................................80 Grand format Tricat 8.50..........................................................................................................64 Boréal 56............................................................................................................86 MAG La Longue Route Par les trois caps sur un 9 m !...........................................................96 PRATIQUE Duo Catamania Des régatiers malins...................................102 PARTIR RM 1080 Balade en mer Celtique...............................................110 CYRIL CHARPIN 14 SEPTEMBRE 2025 • VOILE MAGAZINE ACTUS LESPOTINSDESPONTONS Le Musée de la photographie Charles Nègre de Nice consacre une exposition baptisée « Mers et mystères » au photographe sous-marin Laurent Ballesta. Il y a réuni ses clichés les plus emblématiques dont cette incroyable vision de la partie immergée d’un iceberg. Un cliché réalisé en 2017 au cours d’une expédition dans les eaux glacées de l’Antarctique, depuis la base française de Terre Adélie et récompensé du prix Wildlife of the Year « Earth Environment Category ». L’exposition se tient à Nice jusqu’au 28 septembre. EXPO C’est un nouveau service, disponible gratuitement en ligne (www.windloireatlantique.com), qui vous permet de consulter au choix la situation météorologique réelle observée sur zone (bouées, capteurs) ou les prévisions de Météo France à quatre jours. Ne vous fiez pas au nom du site : la zone couverte est plus large que la Loire-Atlantique et concerne le plan d’eau de Noirmoutier à la pointe du raz, avec, il est vrai, un maillage plus dense dans le Morbihan. Aucune surprise, puisque ce site est une extension du service en ligne Windmorbihan mis en place en 2014 et devenu une référence pour les plaisanciers du département. Un service coordonné par l’Ecole nationale de voile et des sports nautiques basée à Quiberon avec de nombreux partenaires (le ministère de la Mer, la Direction interrégionale de la Mer, les ports de Loire-Atlantique, la Compagnie des ports du Morbihan, etc.). Nouveauté du site, l’affichage d’informations sur la faune et la flore locales grâce au partage des données de l’Office français de la Biodiversité. Une vraie bonne idée, 100 % pratique ! Ce sont des bottes et des bottillons imaginés pour la course au large par la marque française Rouchette fondée en 1990 dans le Maine-et-Loire. Une paire de bottes très techniques – portées par Romain Attanasio sur la New-York Vendée et le Vendée Globe 2024 – mais plus abordable que la Skipper Pro. Elle se caractérise par sa légèreté (483 g en 42), et l’isolation apportée par sa semelle épaisse. Le bottillon, avec sa tige en néoprène, est idéal pour un parcours côtier humide. Bottes : 189,90 €, bottillons : 119,90 €. BRETAGNE SUD Météoréelleetprévisionnelleenligne EQUIPEMENT Unepairedebottes penséepourlelarge Cherchez leglaçon LAURENT BALLESTA VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2025 15 enbref… THE FAMOUS PROJECT Le projet de tour du monde en équipage 100 % féminin suit son cours avec une sortie d’entraînement de 24 heures effectuée au large de Brest à bord du maxi-trimaran IDEC Sport. Une première et un changement d’échelle pour l’équipage qui s’est jusqu’alors entraîné en Méditerranée sur un Mod 70. RECHERCHE La Comédie Française a été accompagnée en 2025 par Kaïros (Roland Jourdain) dans la recherche de matériaux alternatifs à faible impact pour la peinture, la sculpture et la structure des décors : feuille de lin, peinture et vernis à base d’algue, peinture à la caséine, colle sans solvant à base de latex sont aujourd’hui intégrés dans les pratiques des ateliers. IFREMER L’Institut polaire français Paul-EmileVictor, en crise depuis cinq ans, rejoint l’Ifremer. Prochain défi : la reconstruction de la base Dumont-d’Urville, vieille de 70 ans. Un chantier hors normes, dont le financement n’est pas prévu… CATALOGUE PLASTIMO Plus de 13 000 références pour la bible de l’équipementier français. Des références, et des explications sur la conception des produits phares de la marque : compas, radeaux et gilets de sauvetage. FESTIVAL La Loire sera en fête du 24 au 28 septembre prochain. Entre parade fluviale et festivités, quatre jours au rythme du fleuve dans la joie et la bonne humeur. TRANSPORT DECARBONE Bpifrance a dévoilé les cinq lauréats qui se partageront une enveloppe de 7,5 millions d’euros issus du fonds de décarbonation Pulse. Parmi eux, le projet de trimaran Vela soutenu par François Gabart et Merconcept. VOILERIE Incidence Sails propose en ligne une sélection exclusive de voiles et d’accessoires neufs ou d’occasion garantis immédiatement disponibles. CYCLONE L’arrêt du partage des données des satellites américains pour la surveillance des cyclones dans l’Atlantique a pris effet le 31 juillet... FEUX DE DETRESSE Une enquête nationale destinée à dresser un état des lieux précis autour de la fin de vie des engins de signalisation de détresse est en cours sur le site de l’éco-organisme PYRéO. SNSM Appel aux dons exceptionnel pour remettre à flot la SNS 144 de La Rochelle. La station doit trouver 50 000 € pour remotoriser ce canot tout temps particulièrement sollicité (282 sorties en 2024). LE DESSIN DU MOIS PAR DARTIG 16 SEPTEMBRE 2025 • VOILE MAGAZINE LIQUIDATION ChantierMéta: stopouencore? SALON DU MULTICOQUE 100 % occasion, 100 % refit Le tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône n’ayant pas accepté l’unique offre de reprise du chantier Meta, sa liquidation judiciaire a été prononcée le 8 juillet. Un point final aux 60 ans d’histoire du constructeur de Tarare ? Oui, et peut-être non. Tout dépendra des intentions de l’investisseur qui remportera les enchères sur le fonds de commerce. Ce fonds, dont l’inventaire est rédigé par le tribunal à l’heure où nous écrivons ces lignes, regroupera la totalité des actifs du chantier. Si l’acquéreur a l’intention de relancer l’activité, et il pourrait le faire au vu du carnet de commandes, et il n’est pas exclu qu’il le fasse en s’appuyant sur le dirigeant actuel, Philippe Brabetz. Le chantier renaîtrait alors de ses cendres. Mais si l’acquéreur se contente de récupérer l’outillage pour lancer une autre activité… Alors il faudra faire son deuil de cette grande maison de la plaisance. Verdict début septembre. La grande messe du multicoque d’occasion se tiendra comme chaque année à Caneten-Roussillon, du 16 au 19 octobre. Près de 30 unités à vendre – catamarans ou trimarans – seront exposées à flot tandis que sur les quais sera installé un village entièrement consacré aux équipements et aux services. Propriétaire ou futurs propriétaires pourront ainsi se renseigner et/ou acheter de quoi restaurer, mettre à niveau et perfectionner leur voilier tous domaines confondus : électronique, accastillage, voiles, mais aussi assurances et expertises maritimes, tout en glanant de nombreux conseils aussi utiles pour le grand voyage que les croisières estivales. Les plaisanciers privilégiant « le bateau des autres » trouveront également de nombreuses offres de location en Europe et sous les tropiques. Le trio formant le nouvel équipage de Damien a tiré ses premiers bords sur le mythique voilier rochelais. Les marins ont pris leurs repères dans cet espace spartiate mais chargé d’histoire, mis leur tête dans la bulle de veille… Ils ont même partagé un moment à bord avec Gérard Janichon et Jerôme Poncet, un privilège, car ce dernier est rarement dans les parages. Les anciens compagnons de Damien ont pu adouber les nouveaux ! Reste à préparer cette grande boucle atlantique dans le sillage du premier voyage de Damien. Capucine, Sacha et Mehdi ont un peu de temps pour cela : départ à l’été 2026. AVENTURE Troismarinsdansleurbulle ACTUS Depuis juin, une station permet aux plaisanciers de rincer leur bateau avec de l’eau de mer dessalée. Une solution écologique, testée pour la première fois au Cap d’Agde. Son principe est simple : une carte prépayée et une pression sur un bouton donne le droit, pour 10 €, à 10 minutes d’eau douce non potable. Cette innovation permet de ne plus jeter à la mer de l’eau potable. Près de 100 litres avec un système classique ! A l’échelle d’un port, c’est énorme. Les utilisateurs semblent conquis. « C’est très puissant, ça nettoie bien, et c’est plus propre qu’un tuyau d’arrosage », estime Henry Eeckhoute, président d’une association de plaisanciers. EAU DOUCE Unestationcontrelasécheresse Canet expose 30 multicoques d’occasion. Un ponton dédié au rinçage des bateaux avec de l’eau dessalée sur place. Le célèbre chantier photographié en 2004. KEVIN AVEDISSIAN DR DR BERNARD RUBINSTEIN VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2025 17 PUBLI-REPORTAGE Naviguerensécurité,ça commenceaumagasin! AVANT CHAQUEDÉPART,UNPASSAGECLÉPOURVOTRE TRANQUILLITÉ ET CELLEDEVOTREÉQUIPAGE.. spécialisés, où ils sont traités en toute conformité. Aucun tri approximatif, aucun stockage sauvage. Avec plus de 300 tonnes d’engins pyrotechniques collectées et traitées depuis 2016, PYRéO garantit une prise en charge responsable, en évitant les pollutions potentielles et les accidents domestiques. L’opération est entièrement gratuite pour le plaisancier : le coût est déjà couvert par l’éco-contribution versée lors de l’achat d’un engin pyro neuf. Chaque dépôt en magasin devient ainsi un acte citoyen, utile et rassurant. Sécurité, environnement et simplicité Les retours des magasins sont unanimes : une prise de conscience est en marche. « On sent que les plaisanciers veulent bien faire, mais ils manquent souvent d’info concrète », confie un vendeur du magasin AD Nautic de Hyères. Avec ses visuels pédagogiques, sa signalétique claire et des contenus transparents disponibles en ligne, PYRéO accompagne cette transition en douceur. Cet été, avant d’embarquer, prenez un moment pour vérifier votre armement de sécurité. Vos feux sont-ils encore valides ? Si la réponse est non, passez chez votre shipchandler préféré. Grâce à PYRéO, votre ancien fumigène trouvera une seconde vie… et vous, la tranquillité d’esprit indispensable pour larguer les amarres. Un samedi matin de juillet. Il y a de l’effervescence au magasin « Comptoir de la Mer » de Port-en-Bessin-Huppain, les clients s’activent. Parmi eux, Paul, 58 ans, s’apprête à préparer sa grande croisière vers les îles anglo-normandes. Liste en main, il pense à tout : avitaillement, balise, gilet, lampe frontale… Quand le vendeur le voit inspecter le rayon sécurité, il s’approche : « Et vos feux de détresse, ils sont à jour ? » Paul marque un temps d’arrêt. Il réalise qu’il n’a pas vérifié depuis des années les dates de péremption de ses engins pyrotechniques de signalisation de détresse. Cette scène, classique, se répète chaque été dans les magasins d’accastillage partenaires de PYRéO, l’éco-organisme en charge de la collecte et du traitement des engins pyrotechniques de signalisation de détresse (fusées parachute, fumigènes, feux à main). Ces équipements indispensables, que la plupart des plaisanciers oublient dans un coffre ou sous une banquette, ont pourtant une durée de vie limitée. Une fois périmés, ils deviennent non seulement inutiles en cas d’urgence, mais aussi dangereux à stocker ou à utiliser. Déposez-les directement en magasin Pour éviter les mauvaises surprises et garantir une navigation sereine, PYRéO déploie depuis 2016 un dispositif simple et pratique : 708 magasins d’accastillage points de collecte répartis partout en France métropolitaine. Ces magasins jouent un rôle clé : informer, sensibiliser et orienter les plaisanciers dans la reprise de leur « pyro ». Au magasin Uship « La Baule Nautique » de Pornichet, l’équipe a mis en place tous les outils de communication fournis par PYRéO. Sur une étagère claire, un visuel rappelle la durée de vie moyenne des feux (3 ans) et explique la marche à suivre. Les plaisanciers peuvent ainsi déposer gratuitement, à tous moments, même sans réaliser d’achat leurs engins périmés ou usagés, sans contrainte ni formalité compliquée. Un geste simple qui fait la différence. Une filière exemplaire Une fois collectés, les engins pyrotechniques suivent un circuit sécurisé vers des sites À RETENIR • 708 points de collecte en métropole. • 3 ans : durée de vie moyenne des engins pyro. • 43 tonnes collectées et traitées en 2024. • Dépôt gratuit et sans obligation d’achat dans les magasins d’accastillage. • Trouvez le point de collecte le plus proche sur www.pyreo.fr • Rejoignez-nous sur : ©Agencez Kern ©Agencez Kern ©Jennifer Cornet ©Agencez Kern 18 SEPTEMBRE 2025 • VOILE MAGAZINE POLEMIQUE Le chantier naval de Fréjus mis à la porte LOCATION Kiriacoulisgardelecap ROMAN Lecapitaineégaré C’était une entreprise qui fonctionnait bien : 25 salariés, près de 150 bateaux neufs en provenance des plus grands chantiers préparés chaque année et 4,5 millions de chiffre d’affaires annuel. En plus de cette activité de préparation et livraison d’unités neuves, le chantier naval de PortFréjus (CNPF), dirigé par René-Pierre Magne, effectuait des travaux d’entretien, d’hivernage, de SAV, de réparation et tenait un shipchandler. Mais tout cela est à mettre au passé. CNPF est en effet victime du non-renouvellement de la Délégation de service public (DSP), un contrat de 15 ans passé entre le chantier et la SPL Ports Fréjus, dirigée par le maire de la ville David Rachline (RN). Sa nomination à la tête de cette société d’économie mixte fait d’ailleurs l’objet d’une convocation (30/09/25) devant le tribunal correctionnel de Draguignan en raison de soupçons de prise illégale d’intérêts (source AFP). Quel que soit le résultat de cette procédure, une entreprise est fermée administrativement, laissant la quasi-totalité des salariés à quai. L’activité sera partiellement reprise par la municipalité, réembauchant quatre salariés (sur 25) afin d’assurer un service de manutention et de carénage grâce au matériel – travelift, grue et matériel de calage – gracieusement conservé au titre de bien de retour. Bilan de l’opération : 21 salariés et leur patron remerciés. Ce dernier perd au passage quinze ans d’investissement personnel dans ces outils de manutention qu’il est contraint de laisser sans compensation et ne conserve que la représentation des hélices Kiwiprop. Une maigre consolation, et la fin d’un réel service aux plaisanciers. Présent depuis plus de 20 ans à la Bourse d’Athènes, Kiriacoulis augmente son capital avec l’arrivée d’un nouvel associé pour renforcer sa structure commerciale et proposer de nouvelles offres de gestion et pérenniser son modèle économique. Fondé en 1980, Kiriacoulis est un acteur incontournable de la gestion-location de voiliers, proposant des gammes variées au départ de 28 bases méditerranéennes. Pour les propriétaires souhaitant posséder une grande unité sans en supporter les contraintes, il propose des solutions clefs en main sur les unités de plus de 18 m. Parallèlement, le groupe souhaite créer un département restauration qui remettra à neuf d’anciennes unités qui seront proposées via une offre de location « refit »… Malin ! Nous avions signalé la sortie de ce nouveau roman historique inspiré du parcours erratique de Pierre Landais, officier passé de la Marine royale à la jeune Navy américaine au début de la guerre d’indépendance. Après lecture de cet ouvrage très documenté et bien écrit, on ne peut que saluer le travail accompli par Vincent Guéquière. Officier de marine lui-même, on le sent aussi navré par la personnalité paranoïaque de son héros qu’admiratif de ses compétences de marin. En tant que lecteur, on passe par les mêmes affres en découvrant ce héros antipathique mais on en apprend beaucoup sur les premiers pas des Etats-Unis en tant que nation – un sujet d’actualité. On comprend aussi la difficulté pour un officier comme Pierre Landais à s’adapter à cette marine-là, car on ne commande pas des marins-citoyens de la jeune US Navy comme on commande les marins-sujets de la Royale… Chez Paulsen, 376 pages, 21 €. Un projet de fusion des parcs nationaux au sein de l’Office français de la biodiversité vise à supprimer 30 % des opérateurs publics afin de trouver des économies dans la loi de Finances 2026. Ce projet inquiète les agents et les acteurs locaux de ces structures. Un tel regroupement minerait, selon eux, les actions menées spécifiques à chaque territoire et menacerait les emplois liés aux parcs. Ce projet de restructuration viserait notamment les parcs des Calanques et de Port-Cros mais l’ensemble des onze parcs nationaux sont dans le viseur de cette mesure d’économie largement contestée. Le conseil d’administration du Parc national des calanques s’en est officiellement ému fin juin en adoptant à l’unanimité une motion alertant le gouvernement de leur opposition à toute modification de statut qui les couperait de leur ancrage territorial et conduirait à une recentralisation des décisions préjudiciables aux intérêts premiers des parcs. Ils rappellent aussi que la mission de l’inspection générale de l’écologie et du développement durable est arrivée à des conclusions similaires. ENVIRONNEMENT Lesparcsnationauxalertentl’Etat ACTUS Mouillage autorisé à Sormiou, dans le Parc national des calanques. THIBAULT DESPLATS F.-X. DE CRECY DESSINE-MOIUNBATEAU 20 SEPTEMBRE 2025 • VOILE MAGAZINE Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de faire la révolution… David Raison n’a pas seulement réinterprété la carène de scow pour le plus grand bien de la course au large, il a initié une tendance qui s’est étendue depuis à tout ce qui flotte. Tout simplement. Texte et illustrations : Inaniel. DAVIDRAISON «Coupertout cequidépasse!» LA D170 est bordée de grands pins qui laissent passer de jolies taches de soleil sur la route déserte. « Continuer tout droit sur boulevard de l’océan », m’ordonne la voix du GPS. Je suis en avance pour mon rendez-vous avec l’architecte naval David Raison et décide de pousser jusqu’à Gâvres, petite commune perdue sur la presqu’île à l’est de la rade de Lorient. Pas de vent, grand soleil, j’ai la plage pour moi et l’horizon dégagé incite à aller voir ce qu’il se passe derrière. Aller voir derrière l’horizon, c’est ce que fait la famille Raison sur son ketch de 39 pieds alors que David a sept ans. Pendant les traversées, il dessine des bateaux et fabrique des maquettes avec du polystyrène flotté récupéré au vent des îles. Il s’en souvient d’une particulièrement réussie, un joli sloop à étrave rasante inspiré par les voiliers de la Coupe de l’America. Le reste du temps il navigue, d’abord en Optimist puis en planche à voile. De retour en France, son père et son oncle achètent un trimaran de course, Three Legs of Man, magnifique voilier dessiné par le Britannique Derek Kelsal, architecte et ingénieur qui fut le premier à adapter le concept du trimaran pour la course au large dans les années 60. Quelques décennies plus tard, un certain David Raison, après avoir validé ses études d’ingénieur, sera pionnier à son tour avec ses carènes de scow. Mais ne brûlons pas les étapes. Après son bac, David rentre à l’école de Centrale Nantes et fait partie du club nautique de l’APCC avec qui il navigue en habitable. Comme job d’été il fait du charter, notamment avec le catamaran Charente Maritime 2, premières sensations de grandes vitesses sur ce voilier qui dépasse régulièrement les 20 nœuds. C’est à cette époque que lui vient l’idée de construire son propre bateau et de courir la Mini-Transat. Il les a vu arriver ces aventuriers des mers, « des gars un peu bizarres aux visages burinés », alors qu’il était aux Antilles avec ses parents. Son premier mini, il le dessine avec François Lucas et deux idées en tête. La première est de dessiner la carène la plus puissante et la plus large possible pour, dans un second temps, couper tout ce qui dépasse afin de rentrer dans la jauge. C’est cette coupe qui crée un joli bouchain évolutif à l’arrière de son premier plan. La seconde idée est une invention d’ingénieur : une quille pendulaire 2D dont on peut régler l’angle d’incidence, ce qui permet de compenser le décalage de carène important du à l’arrière très large sur un bateau aussi court et pointu. François Lucas poussera l’idée encore plus loin en proposant une quille 3D qui peut aussi s’incliner vers l’avant ou vers l’arrière et modifier ainsi l’assiette du bateau. C’est avec le numéro 232 qu’il s’aligne sur sa première Mini-Transat en 1999. Une édition marquée par un départ sous avis de grand frais dans le golfe de Gascogne. Il y aura sept hélitreuillages et presque vingt abandons. David, lui, perd sa quille et se voit contraint de rentrer sous gréement de fortune vers Aviles. Il remettra ça en 2001 quand il arrivera 7e dans la catégorie Prototypes derrière un autre architecte coureur : Sam Manuard (cf VM 356). En 2003, il s’aligne au départ avec un Pogo 2 de série et décroche la 2e place. De 2005 à 2006 David Raison court sur le circuit Figaro. C’est à cette époque que lui revient en mémoire un article écrit par Finot dans les années 90 sur les scows – très certainement des Class A Scow –, des voiliers de sport très bas sur l’eau, à coque planante et étrave presque carré. La paternité du premier Class A revient à J.O. Johnson, qui construit le premier modèle au tout début du XXe siècle aux Etats-Unis, pour régater sur les lacs du Minnesota. Le concept et la construction seront repris par le chantier Melges. Le dessin de ces voiliers marque l’architecte. Dans un premier temps, cette forme de carène, très large à l’avant, semble résoudre le problème de décalage causé par ces arrières très larges, qui l’avait poussé à mettre au point ce système de quille 2D sur son premier mini. Et cette forme d’étrave lui permet une fois de plus de concevoir une carène plus grande et de couper « là où ça dépasse » pour rentrer dans la jauge, non plus dans la largeur mais dans la longueur. Une fois le dessin fait, David Raison, en partenariat avec le CRAIN de La Rochelle, le rentre dans un logiciel de CFD (Computational Fluid Dynamic), qui lui confirme qu’il a là, sur le papier, un modèle très performant. Reste à le construire et à aller le tester sur l’eau. La construction débute en 2008, le voilier est mis à l’eau en 2010 et est baptisé Magnum (n°747). En 2011 David remporte la Mini-Transat et Les Mojito : pour réussir le passage de la course à la croisière, le scow devait rester léger. VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2025 21
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