VOILE MAGAZINE n°348 - Page 1 - 348 MAGAZINE VOILE MAGAZINE • DECEMBRE 2024 3 Le RM 1080 vu par François Van Malleghem L ’EDITO Chacunsontour dumonde ls naviguent sur les mêmes océans, bouclent la même boucle, mais ne semblent pas être tout à fait sur la même planète bleue. Les premiers, qui ont quitté les Sables d’Olonne le 10 novembre dernier à 13h02 précises, font rugir les foils de leurs IMOCA dans le bruit et la fureur. Les seconds partent quand ils sont prêts et naviguent à leur rythme, mais sur un parcours similaire qui leur fait virer les trois caps dans le sillage d’un certain Bernard Moitessier. Ce sont les marins de la Longue Route, cette course qui n’en est pas vraiment une mais qui rend hommage au grand Bernard et entend surtout créer une communauté de circumnavigateurs à l’ancienne. Des purs et durs ? Non, juste des marins attirés par le Grand Sud qui vivent bien leur solitude en mer, et tant mieux car le voyage est long et leurs outils de communication se limitent au strict nécessaire. Ici, pas de vidéos quotidiennes, pas de plats lyophilisés au soleil couchant ni de vacation tremblée avec casque et micro dans un boucan de fin du monde. Les messages des marins de la Longue Route sont irréguliers, insolites, drôles ou factuels, poétiques ou lapidaires, c’est selon. « Des senteurs sucrées dans le vent de NE ce matin, agréable », nous dit Frédéric Switala sur son plan German Frers de 44 pieds : débrouillez-vous avec ça. « Courte halte à Mindelo, je suis reparti hier soir après avoir fait le plein d’eau… A force de me rationner j’ai failli arriver lyophilisé », écrit Alfonso Pascual à la table à cartes de son Contessa 32 : on est heureux d’apprendre qu’il a réussi à réparer son dessalinisateur. Alfonso Pascual qui, soit dit en passant, est un récidiviste. En 2007, nous étions allés l’accueillir à l’arrivée d’un premier tour du monde, réalisé en zone tropicale celui-là, mais sur un Jeanneau Fantasia (7,70 m de long, voir Voile Mag n°144). Entre ces deux odyssées autour du monde, il a juste fait son métier : guide de haute montagne. Alfonso fait partie de ces gens qui n’ont rien à vendre, ne cherchent pas la lumière mais vivent la nature sur un mode extrême comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Quant à nous, engoncés dans un quotidien, il faut bien le dire, un peu plus banal, évidemment on va suivre les skippers du Vendée Globe… Mais on va aussi garder un œil ému et attentif* sur Alfonso, Frédéric, Pierre-André, Susanne et leurs potes de la Longue Route. Parce que leurs mots valent de l’or, et parce que même leurs silences nous racontent de belles histoires. François-Xavier de Crécy I VOILE MAGAZINE 9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX voilemag@editions-lariviere.fr Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire S. Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant REDACTION Rédacteur en chef François-Xavier de Crécy 41 00 Rédacteur en chef adjoint Damien Bidaine 3292 Rédacteur Paul Gury 33 46 Secrétariat de rédaction Laurence Corroler Maquette Stéphane Machelart 33 43 Illustrations Laurent Hindryckx 56 60 Ont collaboré à ce numéro Olivier Blanchet, Adrien Dartig, Jean-Marie Liot, Olivier Péretié, Jean-Yves Poirier, Sidonie Sigrist, François Trégouët, François Van Malleghem WWW.VOILEETMOTEUR.COM André-Bernard Vidie 56 36 Sherine Lefébure PUBLICITE Directeur de publicité Laurent Lallier 33 42 Chef de publicité Méditerranée Manon Pirotte 34 31 Assistante : Chloé Boudet 35 25 chloe.boudet@editions-lariviere.com e-mail : pubvoile@editions-lariviere.com SERVICE DES VENTES (réservé aux diffuseurs et dépositaires) Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 PROMOTION DES ABONNEMENTS Carole Ridereau : 33 48 Abonnements et Vente Par Correspondance Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Service abonnements, Voile Magazine, 45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex TARIFS ABONNEMENTS France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement versions papier + numérique : 146,34 € Tarifs 2024, prélèvements mensuels : 6,95 € Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79 ou abo.lariviere@ediis.fr Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression : Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne Diffusion MLP « Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 63 %. Certification : PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,003 kg/tonne » Printed in France - Imprimé en France Voile Magazine est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 €. Dépôt légal, 3e trimestre 2024 Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884. CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. Siège social : 12, rue Mozart, 92587 Clichy cedex, France. Tél. : 01 41 40 32 32. INCORPORANT *https://longue-route-2024.fr Alfonso Pascual s’est lancé sur la Longue Route sur un Contessa 32. BRUNO TRECA Les chantiers 4 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE Amel.................................. 52 Aira Boats.......................... 53 Arwen Marine ................... 53 Allures Yachting................ 54 Alubat................................ 56 Afep Marine....................... 58 AP Yachting ....................... 58 Arcona Yachts AB.............. 58 Astusboats ........................ 60 Atelier Interface................ 61 Ateliers de la Gazelle........ 61 Aventura Catamarans....... 62 B2 Marine.......................... 63 Balance Catamarans......... 63 Bateaux Phœnix................ 63 Bavaria.............................. 64 Bénéteau........................... 66 Bente................................. 68 BO Yachting....................... 68 Bord à Bord ....................... 68 Black Pepper..................... 69 Brava................................. 69 Boréal................................ 70 Bosco................................. 71 Carboboa........................... 71 Catana ............................... 72 Chantier du Guip ............... 73 Cap Performance .............. 73 Championship Yachts........ 73 C-Catamarans................... 74 Chantier des Ileaux........... 74 Contest Yachts................... 74 CNB ................................... 75 Corsair Marine .................. 75 Dehler ............................... 76 Del Pardo .......................... 78 Dream Racer Boat............. 79 Dufour Yachts.................... 80 Elan................................... 82 Excess ............................... 84 Fareast Yachts................... 85 Faurby Yachts.................... 85 Fountaine Pajot................. 86 Garcia................................ 88 Grand Largue.................... 89 Gunboat............................. 89 Hallberg-Rassy................. 90 Hanse ................................ 92 HH Catamarans................. 94 Ice Yachts .......................... 94 Island Packet .................... 95 Ita Catamarans.................. 95 IDB Marine ........................ 96 Italia Yachts....................... 97 JLL Catas........................... 97 J Composites..................... 98 Jeanneau......................... 100 JPK Composites.............. 102 Jezequel.......................... 103 JFA Yachts....................... 103 JPS Production................ 103 Kaori Concept.................. 104 KM Yachts........................ 104 Lagoon ............................ 106 Leonardo Yachts.............. 108 Leopard Catamarans ...... 108 Libertist Yacht France..... 109 Maine Cat......................... 109 Marine Composite........... 110 Marée Haute.................... 112 MER................................. 113 Meta Yachts..................... 113 Melges Europe................ 114 Moody.............................. 114 Multicat Algarve.............. 114 Multimarine .................... 114 Multiplast........................ 115 Nautor Swan ................... 115 Nautitech Catamarans.... 116 N’Fun Yachts ................... 117 Neel Trimarans............... 118 Nordship ......................... 119 Ocean Development........ 119 Northman........................ 119 Outremer ........................ 120 Pabouk Compagnie......... 122 ORC.................................. 122 Plasmor .......................... 122 Prodesign 3D................... 123 Pogo Structures.............. 124 Privilège.......................... 126 Quorning Boats ............... 128 Rapido Trimarans ........... 130 Rosewest......................... 130 Rustler ............................ 131 RM Yachts........................ 132 FRANCOIS VAN MALLEGHEM SOMMAIRE VOILE MAGAZINE • DECEMBRE 2024 5 N°348-DECEMBRE2024 Le prochain numéro de Voile Magazinesortira en kiosque le 13 décembre 2025 Abonnez-vous, pages 8 & 147 ou sur le site www.editions-lariviere.fr TOUSLES BATEAUX DUMONDE de A à Z Les chantiers de A à Z...........................................................................50 ACTUS Les potins des pontons.......................................................................10 La Gazelle en bulles................................................................................16 Le Vendée Globe Veillée d’armes aux Sables d’Olonne..........................................18 Actus course..................................................................................................22 Les lecteurs ont la parole..................................................................24 RENCONTRE Franck Cammas : Mon objectif : le Vendée Globe 2028............................................ ...20 PARTIR RM 1080 : Le grand départ !...............................................................26 MAG Jack Setton et Jaro : En quête d’absolu...................................30 Hoalen Brest Dournenez Classic De chanvre et de bois..............................................................................40 Saare Yachts.................... 134 Saffier Yachts.................. 134 Sailart ............................. 134 Salona Yachts.................. 135 Sarch Composite............. 136 Sardine Boats.................. 136 Seawind Catamarans...... 136 Shogun............................ 137 Sirius Werft..................... 137 Solaris............................. 138 Southern Wind................ 140 Squalt Marine.................. 140 Sunreef Yachts................ 140 Sunbeam......................... 142 Swiss Catamarans .......... 142 Swallow Yachts ............... 143 Tartan Yachts .................. 143 Tricat............................... 144 Technologie Marine ........ 146 Tes Yachts........................ 146 Tofinou ............................ 146 Vaan Yachts.....................148 Viko Yachts....................148 Wally............................149 Wauquiez...................150 Windelo...................152 Windpearl.............153 Wrighton.............153 X-Yachts............154 Retrouvez-nous sur Jaro JEAN-MARIE LIOT 10 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE ACTUS LESPOTINSDESPONTONS L’idée lui tenait à cœur depuis longtemps : Annette Roux, présidente de la Bénéteau Foundation, a lancé le 7 novembre, au village du Vendée Globe, le musée de la Plaisance. Musée virtuel, s’entend : il s’agit d’une plateforme internet qui raconte par le texte, l’image, les vidéos et bientôt d’autres objets médiatiques, le grand souffle de la plaisance française, depuis son émergence au début des années cinquante jusqu’à son épanouissement au XXIe siècle. Actrice majeure de ce phénomène, à la barre de Bénéteau, numéro un mondial des voiliers de croisière durant des décennies, Annette Roux entendait réunir en ligne et en accès libre toutes les facettes d’un phénomène majeur de l’histoire de France contemporaine. Il s’agissait de « préserver et de partager l’héritage riche et varié de la plaisance en France, en mettant en lumière les moments clés, les avancées technologiques, économiques, sociales et culturelles qui ont façonné la plaisance telle que nous la connaissons aujourd’hui. » Culturelle, économique, technologique et sociologique, cette étonnante épopée a autant transformé la société que le littoral français. Pour la parcourir, le musée propose une visite organisée par décennie et distribuée en trois thèmes : Culture, Innovation, Economie. Olivier Le Carrer, Olivier Péretié, Gérald Guétat, Jean-Louis Guéry, Daniel Gilles, Didier Ravon et d’autres ont collaboré à cet ouvrage en ligne qui donne à voir comment la France de l’après-guerre s’est tournée vers la mer. Comment les générations nouvelles ont appris le vent, les vagues, les côtes, les îles, la glisse, le large. Comment conception et construction des bateaux ont progressé à pas de géant. De l’histoire des Glénans aux victoires de Tabarly, de la révolution du moteur hors bord à la vogue des canots en caoutchouc, des dériveurs aux unités de grand voyage, de l’apparition des nouveaux matériaux à la production en grande série, des pionniers des tours du monde aux grandes épreuves médiatisées… Ce sont des centaines de portraits, de récits, d’anecdotes, de grandes et petites aventures entre lesquelles le visiteur virtuel déambule et découvre ou redécouvre une véritable mutation sociétale : comment la passion de la mer a bouleversé la France. A découvrir sur : www.museedelaplaisance.com. MUSEE VIRTUEL C’est une célébrité : Petit Dauphin est le prototype du Serpentaire, mis à l’eau en 1976 et vainqueur de la première Mini-Transat (1977) aux mains de Daniel Gilard. Ce dernier rallia Antigua depuis Ténérife en 22 jours et 18 heures. Il fit de cet exploit un livre au titre magnifique : Petit Dauphin sur la peau du diable… Ce plan historique de Bernard Veys est aujourd’hui confié aux mains expertes de Pierre Cizeau et de son chantier bois (Brava voir p. 69) pour une restauration complète dans les règles de l’art. Classé bateau d’intérêt patrimonial, Petit Dauphin va retrouver tout son éclat. Ont déjà été reprises les assises de cockpit et des coffres, les cloisons de descente, l’intégralité du pont, avec le remplacement préalable de certains barrots, de deux serre-bauquières, de la structure de la descente… Un travail à l’ancienne réalisé par des charpentiers de marine patentés pour un voilier légendaire... Un sujet à retrouver bientôt dans Voile Magazine. Le mouton, ne vous en déplaise, est un vrai couteau de marin, 100 % français. Il faut être de Concarneau, comme son créateur Emmanuel Labory pour comprendre la référence au phare et à l’île qui fait le trait d’union entre la pointe de BegMeil et l’archipel de Glénan. L’île, Iniz en breton… le nom de la coutellerie ne doit rien au hasard. Mais parlons de cette lame en pied de mouton, seule forme autrefois autorisée à bord des navires à voiles au design unique original et épuré, où l’arrondi de la lame et celui du manche se répondent pour créer des lignes harmonieuses et minimalistes. On aime son système de verrouillage d’une simplicité inégalée, son manche en bois de récupération et cette lame en inox trempée à l’azote naturellement fabriquée à Thiers. On aime aussi l’édition spéciale gravée Hénaff, l’autre entreprise 100 % bretonne ! PATRIMOINE Petitdauphinrenaît COUTEAU 100 % marin et breton L’épopée delaplaisance Le valeureux Serpentaire dans l’atelier Brava. Flashez sur le musée. Annette Roux CECILE HOYNANT VOILE MAGAZINE • DECEMBRE 2024 11 Le célèbre trimaran de Florence Arthaud, vainqueur de la route du Rhum 1990, guest-star de l’édition 2022 grâce à Philippe Poupon qui l’a sorti d’une retraite tropicale pour s’offrir une nouvelle transatlantique en course, est désormais accessible à tous ! L’ex-Pierre 1er (également star de cinéma dans le film Flo de Géraldine Danon), qui n’a rien perdu de sa vigueur, de ses qualités nautiques, est désormais exploité pour des sorties « sensations » par Nautic Sport en baie de Quiberon. La société d’Emmanuel Le Roch (également skipper du Class40 Edenred) propose depuis 1995 à Carnac des expériences fortes à la voile tels que des raids aventure en catamaran de sport ou en semi-rigide, parmi d’autres choses (formations, location, séminaire…). Sur une demi-journée ou une journée, offrez-vous des sensations fortes en prenant la barre de ce trimaran de 60 pieds historique qui a fait la légende de Florence Arthaud et de la Route du Rhum. Sortie à partir de 350 € (2 heures), privatisation du trimaran possible. Flo est un trimaran de la classe ORMA dessiné par le cabinet VPLP et construit par Jeanneau Techniques Avancées (JTA) en Kevlar/carbone. Longueur : 18,28 m. Largeur : 15 m. Tirant d’air : 27,50 m. SV : 230 m2 . Palmarès : Route du Rhum 90 et record de la Méditerranée en 22h10 mn (Pierre 1er , Florence Arthaud) ; Transpac 95 (Lakota, Steve Fosset). FLO Naviguersurunelégende! enbref… FESTIVAL DE LOIRE Les inscriptions sont ouvertes pour les 200 unités traditionnelles se rassemblant en pays de Loire. Un festival au fil du fleuve réunissant tous les deux ans plus de 700 mariniers. Rendez-vous du 24 au 28 septembre 2025. CAP-HORNIER C’est devenu une tradition aux Sables d’Olonne avant le départ du Vendée Globe : le Cap Horn Hall of Fame s’enrichit de noms prestigieux. Cette année, six entrants dans ce Who’s Who des cap-horniers : les Français Jean Le Cam (7 passages), Loïck Peyron et Francis Joyon (4 passages chacun), l’Australien Andrew Cape (10 passages), le Suédois Roger Nilson (7 passages) et le Britannique Mike Golding (6 passages). Le détenteur du nombre de passages reste Jean-Luc Van den Heede avec 12 franchissements du cap. VDH est aussi détenteur du record du tour du monde en solitaire à la voile d’est en ouest en 122 j 14 h 3 mn 49 s (Adrien, 2004). NAVETTE A VOILE Iliens, qui assure des traversées à la voile entre Quiberon et Belle-Ileen-Mer, a assuré cette année près de 700 traversées dont 450 à 100% à la force du vent. LA GRANDE EXPOSITION La Fondation Tara Océan expose un ensemble d’œuvres – peintures, sculptures, photographies, installations sonores, etc. – résultant des résidences artistiques embarquées sur la célèbre goélette durant ses expéditions maritimes. Une invitation au voyage à la prise de conscience des enjeux liés à l’océan, cœur de bataille de la fondation. Jusqu’au 2 mars au 104, Paris. ECONOMIE CIRCULAIRE La ministre déléguée chargée de l’Economie du Tourisme a mis à l’honneur lors d’un déplacement à La BauleEscoublac l’économie circulaire du nautisme à travers la Société Yuniboat qui s’attache a donner une seconde vie à des unités déclassées en commercialisant des bateaux reconditionnés. AUX HEROS DE LA MER Le musée de la Marine reçoit à Paris, dans le cadre de son exposition « En solitaire autour du monde », trois marins d’exception. Le premier d’entre eux, Franck Cammas a tenu le 14 novembre une conférence dans l’auditorium du musée. Il sera imité par deux marins célèbres dont les noms seront dévoilés sur le site du musée. FORMATION OCEAN Le diplôme Mer et Médias s’adresse aux journalistes et aux communicants pour renforcer leurs connaissances scientifiques sur les enjeux du monde maritime. Un diplôme universitaire issu du partenariat entre l’Institut universitaire européen de la Mer, l’Ecole supérieure de journalisme de Lille et le club de la presse de Bretagne. Le Salon nautique de Paris à l’heure du CNIT à la Défense. L’ex-Pierre 1er a retrouvé ses couleurs et les eaux de la baie de Quiberon. 12 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE PATRIMOINE Naufrage àLaRochelle OCCASIONS Les40ansdumillesabords Le Manuel Joël, chalutier en bois à pêche latérale de 19,20 m construit en 1954 par l’Union sablaise et classé monument historique, a sombré pour la seconde fois en sept ans dans le bassin des Chalutiers de La Rochelle ! Le mardi 15 octobre dernier, c’est par un trou de 1,50 mètre dans sa coque en chêne que l’eau s’est engouffrée, entraînant le navire au fond du port en seulement 15 à 20 minutes. Point de pirate ni de boulet de canon dans le port de La Rochelle, mais les débris projetés lors de l’éclatement du pneu de l’élévateur de la zone technique mis sous pression à quelques mètres du bordé en bois… Aujourd’hui, le Manuel Joël repose sous 5 mètres d’eau devant le Musée maritime de La Rochelle en attendant un renflouement imminent. Rappelons qu’en 2017, le bateau avait déjà sombré dans le port… Décidément le sort s’acharne ! Pour cet anniversaire, le plus grand salon français de l’occasion avait vu les choses en grand tandis que la météo, plutôt clémente, a évité aux 70 000 visiteurs de sortir le parapluie… Une édition qui, d’après son président Emmanuel Jacobée et Sylvie Desmots, sa directrice, « fut excellente, qualitative et quantitative, aussi bien appréciée des visiteurs que des vendeurs ». Pour les 350 exposants professionnels et particuliers présents cette année, répartis entre les darses du Crouesty et les quais, la moisson devrait être prolifique. En effet, les statistiques établies depuis la première édition sont formelles : 50 % des bateaux exposés trouvent acquéreur pendant ou dans le mois suivant le salon, ce qui fait du Crouesty son succès dans le cœur des professionnels et des particuliers ! Nouveauté 2024 : pour la première fois, ce salon de l’occasion accueillait un petit nombre d’unités neuves. C’est une pièce de théâtre fidèle à la lettre et à l’esprit de Bernard Moitessier. C’est surtout le rêve d’un gosse qui a préféré les planches d’un théâtre aux flots de l’océan. Si Thierry Labat, issu d’une famille de marins, navigue et régate sur un Half Tonner des années 80 ainsi que sur un Tina (plan Carter de 1968). Il n’avait, depuis de longues années, qu’une idée en tête : mettre en scène et interpréter au théâtre le célèbre récit du Golden Globe écrit par Bernard Moitessier en 1969. Pari gagné avec La Longue Route qu’il interprète jusqu’au 28 janvier à Paris. Dans ce seul en scène, il nous embarque pour une circumnavigation enivrante. Le texte est celui de Moitessier – « Je n’ai rajouté qu’une date pour contextualiser l’aventure et j’ai complété sa phrase lorsqu’il déclare “j’abandonne…”, précisant qu’il s’agit de la course. Tout le reste est fidèle au livre ». Une mise en scène originale, bien sentie, accompagnée d’une bande-son qui nous immerge dans les tempêtes australes et les calmes alizéens. Pour un peu, on sentirait les embruns dans ce théâtre du nord de la capitale (Le Funambule). En tout cas, on frémit lorsque s’approche la muraille noire de ce cargo sud-africain ; on s’interroge sur le sens de la course. Mais de quelle course s’agit-il ? Celle du marin pressé de rentrer au port ? Celle du monde pressé de tout ? Thierry Labat interprète avec intelligence ce double récit : celui d’un marin face aux éléments, celui d’un penseur face au monde. A l’heure où se multiplient les hommages aux circumnavigateurs du Vendée Globe en librairie, au musée, au cinéma, courez voir cette pièce ! Selon nous, le meilleur moyen pour passer une heure au cœur des océans, pour goûter la solitude du navigateur, pour ressentir l’appel du large et s’interroger sur la course de notre propre monde. THEATRE Moitessiersurlesplanches C’est un écran de 10,1 pouces, rapide à connecter à un PC grâce à son faisceau de câbles étanches de 2 m (USB et HDMI). L’idée de Sailproof : répondre aux plaisanciers souhaitant utiliser en extérieur des logiciels abordables fonctionnant avec une interface PC, Android, Linux et OS. Résolution 1920x1200 pixels, luminosité 1500 NITS, angle de visualisation 170°, écran compatible avec des lunettes polarisantes. Prix : 599 €. EQUIPEMENT Ecran tactile, étanche et plein soleil ACTUS LESPOTINS DES PONTONS OCEANE MAZY JEROME 14 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE NOUVELLE PRATIQUE Partager pour naviguer plus FORMATION L’INBsigneaveclesAteliersdel’Enfer Ethics Yachting, c’est un nouveau boat Club basé à Canet-enRoussillon et Port-Vendres, proposant des catamarans de 13 mètres, une taille idéale pour naviguer vers l’archipel des Baléares. L’adhésion au club intègre une formation du nouveau membre. Un apprentissage personnalisé qui permet soit de valider les acquis de l’adhérent, soit d’orienter le plaisancier vers un centre de formation. Abonnement selon la taille du voilier. Pour un Léopard 40 : 7 jours en haute saison + 5 jours en mi-saison (pas forcément consécutifs) et autant de jours que l’on veut en hiver, pour un abonnement de 588 €/mois. L’Institut nautique de Bretagne a récemment absorbé le centre de formation des Ateliers de l’Enfer de Douarnenez. En intégrant ce prestigieux établissement (créé en 1984/85), l’INB devient le plus grand centre de formation aux métiers du nautisme de France. Déjà reconnu pour assurer la formation d’un certain nombre de métiers en tension – mécanicien de marine, technicien de maintenance, technico-commercial – l’Institut assure désormais la formation des futurs charpentiers de marine, selliers et voiliers. La voilerie, un métier qui connaît une très forte demande de personnel. C’est donc dans cette voie que les Ateliers de l’Enfer vont renforcer leur offre en proposant dès la rentrée 2025 une formation en alternance pour une douzaine d’élèves. Pour préparer cette nouvelle formation qui enrichit le cursus existant de formation continue, les Ateliers de l’Enfer ont réinvesti dans leur site grâce à l’aide de la Région Bretagne. Concrètement, la future organisation s’appuiera sur les deux marques : à l’INB les formations aux métiers tertiaires, techniques et d’encadrement ; aux Ateliers de l’Enfer les formations aux métiers de construction, charpente de marine, voilerie et sellerie nautique. L’armateur Grain de Sail avance avec prudence, mais très sûrement. En 2020, sa goélette de 24 m servait de démonstrateur technique et financier prouvant que le transport à la voile sur un parcours transatlantique était possible et rentable (50 tonnes d’emport). En 2024, une goélette de 52 m spécifiquement conçue pour décarboner le transport maritime appareillait avec succès, emportant dans ses cales 350 tonnes de marchandises à chaque rotation. Aujourd’hui, l’entreprise bretonne créée par les frères Olivier et Jacques Barreau passe un nouveau cap avec l’annonce de la construction d’un voilier cargo de 110 m, doté d’une capacité d’emport de 3 000 tonnes, soit 200 conteneurs de 20 pieds. Plus question de gréement goélette manœuvré par un accastillage classique : le Grain de Sail III est un trois-mâts à balestron portant 4 000 m2 de voiles sur le modèle développé par Solid Sails dont nous avions essayé le prototype sur un J/80 (VM n°321). Une technologie par assemblage de panneaux rigides pour la grand-voile (voile d’étai sur enrouleur) qui permet de prendre des ris comme sur un voilier classique, mais en automatisant la manœuvre, limitant l’équipage à 10 marins pour une traversée de l’Atlantique estimée entre 12 et 13 jours. Un équipage sur qui repose le succès de cette entreprise concernée par l’environnement, laquelle s’est également engagée depuis sa création à enregistrer tous ses navires sous pavillon français, garantissant ainsi à ses marins des conditions de travail décentes. TRANSPORT A LA VOILE Etmaintenantuncargode110m! ACTUS LESPOTINS DES PONTONS EN CHIFFRES Long. : 110 m. SV : 4 000 m2 . Tirant d’eau : 2 dérives rétractables. Tirant d’air : 62,50 m. Arch. : L2Onaval. Chargement : 2 800 tonnes. L20 NAVAL Avec les Ateliers de l’Enfer, l’INB élargit le spectre de ses formations. CECILE HOYNANT 16 NOVEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE LAGAZELLE ENBULLES PARADRIENDARTIG 16 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2024 17 Constructeur de la Gazelle VOILE MAGAZINE • DECEMBRE 2024 17 18 DECEMBRE 2024 • VOILE MAGAZINE ACTUS VENDEEGLOBE Veilléed’armes auxSablesd’Olonne « COMME UN VOL de gerfauts hors du charnier natal... », à l’heure où vous lisez ces lignes, les 40 concurrents du Vendée Globe 2024 ont passé la ligne et mis le cap sur l’autre côté du monde, à l’image des Conquérants de José-Maria de Hérédia. Les marins chers au poète, « ivres d’un rêve héroïque et brutal », étaient ceux des Grandes découvertes. Les nôtres, Dieu merci, ne prétendent qu’à une gloire sportive et pacifique. S’ils vont au combat l’écoute entre les dents, c’est pour faire honneur à leurs partenaires et souvent aux bonnes causes qu’ils soutiennent. Tous ont rallié Les Sables sans encombre, y compris ceux qui, comme Arnaud Boissières, ont connu quelques déboires de dernière minute – en l’occurrence une affreuse collision avec un bateau de pêche dans les chenaux de Lorient. Le village a ouvert ses portes et accueilli un public nombreux et ravi d’apercevoir ses héros dans une liesse qui contraste avec les pontons confinés de l’édition 2020. Peut-on déjà parler d’un succès médiatique ? Selon un sondage Odoxa commandité par RTL et Winamax, le Vendée Globe aurait moins la cote que lors de l’édition 2020. Un désamour que nie farouchement l’organisation, chiffres à l’appui : 20 % de visiteurs de plus qu’en 2016 en première semaine (l’édition 2020 étant mise de côté), 24 % d’internautes supplémentaires sur le site officiel, beaucoup plus de diffuseurs pour le direct du départ… Sur place, c’est bien ce sentiment de succès populaire qui prédomine. De fait, l’avant-départ du Vendée Globe est devenu un événement en soi dont les équipes et les professionnels vendéens profitent pour communiquer. Privilège Marine fait sa conférence de presse, la Fondation Bénéteau dévoile son vaste projet de musée de la Plaisance (voir par ailleurs)… En l’absence de salon nautique parisien, le Vendée Globe est clairement le temps fort de cette fin d’année. LAVOILEETLESMARINS AL’HONNEUR Toutes les occasions sont bonnes pour mettre à l’honneur les marins du Vendée, et au-delà, toute la France maritime. L’ampleur de l’événement fait d’ailleurs grincer quelques dents, dans la mesure où elle ne peut qu’alourdir l’impact environnemental de la course. L’organisation encourage les visiteurs à venir en train pour réduire leur empreinte carbone, mais comme le souligne le collectif La Vague, elle ne sélectionne pas ses exposants, dont certains mettent en avant sur le village d’imposants SUV… Eternelles contradictions du sport et de l’écologie ! Et la course dans tout ça ? Elle promet d’être serrée et plus compétitive que jamais avec au moins cinq favoris qui jouent la victoire et une bonne douzaine de prétendants au podium. Le durcissement des règles de qualification a écarté la plupart des aventuriers, ceux qui ne sont là « que » pour vivre un Vendée Globe et l’ajouter à leur CV. On peut d’ailleurs regretter certains d’entre eux. Mais la flotte y a gagné en expérience et en homogénéité, et il va y avoir du match à tous les étages. A l’heure où nous écrivons ces lignes, on table sur des conditions météo plutôt clémentes au départ. Tant mieux pour les coureurs, pour le public, les images et pour le calendrier médiatique. Et ensuite ? Il faudra savoir lire les fichiers (voir encadré), tirer les bons bords et doser les efforts dans la durée, pour le bateau comme pour les marins. Bon vent à tous et toutes, et que les meilleur(e)s gagnent ! Oublié le départ confiné de 2020, le village du Vendée Globe renoue avec son public. Trois semaines de ferveur ! Texte : F.-X. de Crécy et Paul Gury. Une fois le golfe de Gascogne dans le sillage, un premier choix se pose aux coureurs à la hauteur du cap Finisterre en fonction du positionnement de l’anticyclone des Açores : la route du large ou celle qui longe la côte africaine ? Une première option déjà déterminante en vue du pot au noir, qui se prépare dès la latitude des îles du CapVert. L’idéal étant de se garder la possibilité de choisir au dernier moment un trou de souris pour franchir cette Zone Intertropicale redoutée. Avec les hautes pressions de Sainte Hélène dans le sud-est, un nouveau choix se profile. Les coureurs peuvent opter pour le grand tour par le Brésil, cap au sud (le plus fréquent), se faufiler sous l’anticyclone pour couper le fromage en direction de l’Afrique du Sud ou bien attraper une heureuse perturbation. Peu importe la situation météo rencontrée, la transition se veut toujours très rapide par 40° S. Dans l’Indien, le leitmotiv sera d’aller vite sans casser dans une mer souvent difficile à négocier avant une arrivée vers l’Australie souvent compliquée : le flux d’ouest Parmi les nombreuses animations du village, une régate d’adorables Hansa 303. FRED OLIVIER/NEFSEA METEO : UN TOUR
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