VOILE MAGAZINE n°350 - Page 1 - 350 VOILE MAGAZINE • FEVRIER 2025 3 Le château aragonais de l’île d’Ischia, F.-X. de Crécy L ’EDITO Grandeur ethumilité es hommes de pouvoir assènent, décrètent, passent en force. Bombent le torse, font rugir leur ego jusqu’a rompre avec cette réalité qui les rattrapera tôt ou tard. C’est d’actualité, hélas. Les hommes et femmes de mer incarnent tout l’inverse. Au cœur d’un océan qui dicte ses règles, ils n’ont que leurs compétences, leur expérience et leur humilité pour espérer arriver à leurs fins. Alors ils jaugent, évaluent, négocient et temporisent quand c’est nécessaire, à l’image d’Arnaud Boissières ou Violette Dorange, ces jours-ci sur le Vendée Globe. Voire renoncent quand la sagesse l’exige, comme Louis Burton, Yannick Bestaven et d’autres, ou comme l’équipage du RM 1080 de notre concours « Gagnez un bateau pour partir un an ». Confrontés à un pépin de santé imprévisible, Morgane et Thibaud ont dû remettre à plus tard leur rêve transatlantique et laisser leur cher Rocket aux Canaries, où un autre équipage va prendre la relève (voir p. 6). Une nouvelle aventure commence donc, et on souhaite à nos amis un prompt rétablissement en vue de nouvelles aventures:ilssontjeunes,lavieestlongue… Et ils n’ont pas à rougir de cette décision prise en couple et en bons marins. Al’heureoùnousécrivonsceslignes,d’autres bons marins nous reviennent du bout du monde. C’est l’heure du retour sur terre pour les héros du Vendée Globe, au propre comme au figuré d’ailleurs, dans la mesure où leur apparition à l’horizon va crever la bulle de communication digitale dans laquelle ils sont confinés depuis le 10 novembre. Ils vont surgir de l’écran, quitter cet espace en deux dimensions où nous avons pris l’habitude de les voir partager sans filtre leurs humeurs et leurs émotions… Ce n’est pas encore le « Loft » mais c’est clair, la course au large emprunte de plus en plus les codes de la téléréalité ! La preuve : quand mon coiffeur ou ma boulangère lâche : « Ah, il est bon, Le Cam ! », ce n’est pas vraiment de son immense talent de marin dont il est question mais bien de ses performances à l’écran… Et si on lui demandait de voter pour décider qui doit quitter le jeu et qui doit rester, il ou elle le ferait volontiers ! C’est ainsi. Ça ne change rien à ce qui se passe sur l’eau, et – faut-il le préciser ? – ça n’enlève pas une once de mérite à ces marins qui, à l’inverse des grands de ce monde, tirent leur grandeur de leur humilité. François-Xavier de Crécy L VOILE MAGAZINE 9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX voilemag@editions-lariviere.fr Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire S. Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant REDACTION Rédacteur en chef François-Xavier de Crécy 41 00 Rédacteur en chef adjoint Damien Bidaine 3292 Rédacteur Paul Gury 33 46 Secrétariat de rédaction Laurence Corroler Maquette Stéphane Machelart 33 43 Illustrations Laurent Hindryckx 56 60 Ont collaboré à ce numéro Bruno Berbessou, Adrien Dartig, Thibault Desplats, Antoine Dujoncquoy, Jean-Philippe Le Coq de Kerland, Arnaud Paillard, Virginie Pelagalli, François Van Malleghem WWW.VOILEETMOTEUR.COM André-Bernard Vidie 56 36 Sherine Lefébure PUBLICITE Directeur de publicité Laurent Lallier 33 42 Chef de publicité Méditerranée Manon Pirotte 34 31 Assistante : Chloé Boudet 35 25 chloe.boudet@editions-lariviere.com e-mail : pubvoile@editions-lariviere.com SERVICE DES VENTES (réservé aux diffuseurs et dépositaires) Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 PROMOTION DES ABONNEMENTS Carole Ridereau : 33 48 Abonnements et Vente Par Correspondance Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Service abonnements, Voile Magazine, 45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex TARIFS ABONNEMENTS France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement versions papier + numérique : 146,34 € Tarifs 2024, prélèvements mensuels : 6,95 € Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79 ou abo.lariviere@ediis.fr Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression : Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne Diffusion MLP « Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 63 %. Certification : PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,003 kg/tonne » Printed in France - Imprimé en France Voile Magazine est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 €. Dépôt légal, 1er trimestre 2025 Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884. CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. Siège social : 12, rue Mozart, 92587 Clichy cedex, France. Tél. : 01 41 40 32 32. INCORPORANT Arnaud Boissières a expliqué en vidéo sa décision de temporiser pour passer le cap Horn en sécurité. MAGAZINE ARNAUD BOISSIERES 56. Location : quelles bases et quels loueurs 96.Mieux utiliser et mieux choisir sa VHF, fort et clair ! 90.Aventure islandaise en solo en JPK 39 46.Iles Eoliennes : une semaine au pays des volcans THIBAULT DESPLATS J.-P. LE COQ DE KERLAND F. VAN MALLEGHEM F.-X. DE CRECY VOILE MAGAZINE • FEVRIER 2025 5 SOMMAIRE N°350-FEVRIER2025 ACTUS Les potins des pontons...........................................................................6 La Gazelle en bulles................................................................................11 Course et régate........................................................................................18 Le journal du littoral..............................................................................22 RENCONTRE Fabien Clauw Belmonte est un témoin...................................12 ZOOM Rolex Sydney-Hobart La plus dure des classiques.......16 COURRIER Les lecteurs ont la parole..................................................................26 PRATIQUE Réimperméabilisez vos cirés.........................................................28 ESSAIS Quelques bords à bord TM 650................................................................................................................32 Salona 46...........................................................................................................38 CROISIERE Iles Eoliennes Le grand frisson sismique................................46 Islande 5 000 milles en solitaire vers l’Islande !..................90 LOCATION Destinations A chacun son île.........................................................56 Pratique 12 questions pour mieux louer................................74 Permis hauturier Faut-il le passer ?...........................................78 MAG Un homme, un bateau Eric Levet et Kerl..........................................................................................82 MATOS Equipement La VHF fort et clair !...................................................96 COTATIONARGUS Les voiliers de moins de 10 ans..............................................104 … pour quelles îles ? 82.Kerl, le fabuleux protoype d’Eric Levet, du cabinet Lombard : 30 ans et toujours fringant Le prochain numéro de Voile Magazine sortira en kiosque le 14 février 2024 Abonnez-vous, page 77 ou sur le site www.editions-lariviere.fr Retrouvez-nous sur F.-X. DE CRECY 6 FEVRIER 2025 • VOILE MAGAZINE ACTUS LESPOTINSDESPONTONS On ne va pas se mentir : ce n’était pas prévu. En théorie, les gagnants du concours « Gagnez un RM 1080 pour partir un an » devaient, effectivement, partir un an. Mais dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme dans les livres (voir Edito p. 2). Cette situation inédite a mis à l’épreuve notre agilité, celle de nos amis du chantier RM et celle des finalistes du concours. Car c’est eux que nous avons décidé d’appeler au cœur de la crise. Avec deux enfants scolarisés et une exploitation agricole sur les bras, il était peu probable qu’ils puissent se libérer du jour au lendemain pour partir naviguer aux Canaries et plus si affinités… Mais après tout, c’est à eux qu’il fallait poser la question. Le 23 décembre donc, nous appelons Arnaud et Martine Baranger. « Joyeux Noël ! C’est Voile Mag, le concours, vous vous rappelez ? Vous êtes prêts à sauter dans le cockpit du RM ? » Improbable, avouons-le. Mais le lendemain, 24 décembre, c’est notre téléphone qui sonne. « Ici Arnaud, on n’a pas dormi de la nuit… Mais OK, on embarque ! » Nous n’en revenons pas. En 24 heures, ils ont acté la déscolarisation (temporaire) de leurs deux collégiens, trouvé un remplaçant pour tenir la ferme jusqu’au retour, regardé les billets d’avion, et relevé le gant ! Sacrée aventure que celle du RM 1080 et cette suite s’annonce trépidante. Martine, Arnaud, Clarisse et Victor vivent à Campbon (44) où ils élèvent 40 vaches laitières en bio, ainsi que 15 génisses, trois oies, un chat et un chien. Ils sont propriétaires d’un vaillant Bi-Loup 77 avec lequel ils ont contourné l'été dernier la Bretagne via l’île de Sein, gagnant la Cornouaille anglaise après une escale à l’Aber Wrac’h. L’aventure ne leur est pas totalement étrangère, Arnaud et Martine ont même fait le tour du monde à vélo dans leur jeune temps… La suite le mois prochain à bord du RM 1080 – Voile Magazine ! CONCOURS RM/VOILE MAGAZINE L’association des Amis de Bernard Rubinstein a atteint tous les objectifs qu’elle s’était fixés en décembre 2020, notamment en ce qui concerne la collection de Rubi qui a été sécurisée, à l’exception de pièces récupérées par le musée de la Marine et par la famille. Les fameux phares de notre ancien rédacteur en chef ont fait l’objet d’une belle expositionhommage au musée maritime de La Rochelle, qui s’est proposé d’en faire une exposition permanente augmentée des pièces du musée de la Marine, avec qui un accord a été passé dans ce sens. L’ensemble de la collection pourrait être prêté pour des expositions temporaires à Ouessant ou au Havre : on a donc l’assurance que le souvenir de Rubi va vivre et voyager. L’association ayant justifié les raisons de sa création et atteint tous ses objectifs, elle a voté en assemblée générale sa dissolution ! Sa trésorerie, qui n’était pas négligeable, a été distribuée aux stations SNSM de La Rochelle et de l’île de Ré, à la Ligue nationale contre le cancer et à L’Association Eric Tabarly. En revanche, la Rubi’s Cup continue, toujours fin juin… On vous en reparle bientôt. C’est un roman qui sent la mer, le renfermé et le mazout. Pas de rêverie ici, l’horizon semble bouché, mais l’immersion est instantanée dans cet univers poisseux et rugueux : celui de la pêche en mer de Béring. Pour le lecteur, la transition est violente. Imaginez alors pour le jeune Adam, étudiant désargenté qui s’est engagé dans cette aventure d’homme sans fauxsemblant. Pour son premier roman, l’auteur s’est très certainement inspiré de sa propre expérience de jeunesse passée en Alaska : il y a ici une ambiance qui ne s’invente pas. En refermant l’ouvrage, on respire de nouveau, soulagé d’être au chaud et au propre dans la sécurité d'un salon de lecture. Un roman sale, sombre, immersif. De la belle ouvrage ! Matt Riordan, éditions Paulsen, 336 p., 22 €. LES AMIS DE BERNARD RUBINSTEIN AurevoirlesAmis! LIVRE Seull’Horizon RM1080:l’heure delarelève Ce veau étiqueté RM 1080 l'an passé était prémonitoire ! Rubi collectionnait des centaines de phares, désormais exposés au musée de La Rochelle. F.-X. DE CRECY DR LOIC MADELINE VOILE MAGAZINE • FEVRIER 2025 7 Le grand salon allemand rouvre ses portes du 18 au 26 janvier prochain en dépit d’une conjoncture peu favorable aux salons « in door », comme en témoigne d’ailleurs l’absence de deux poids lourds locaux, Bavaria et Hanse. Pourtant, ce salon ne devrait pas manquer d’intérêt, du fait de sa taille qui reste imposante avec 16 halls, dont deux dédiés à la voile. Des halls certes moins denses que par le passé, mais on pourra quand même y découvrir pas mal de nouveautés : le nouveau First 30, très attendu, un Dragonfly 36 qui s’annonce excitant, le XR-41 de X-Yachts, le Saffier SL 46, le Club Swann 28… On ne va pas s’ennuyer sur les rives du Rhin ! Rappelons que Düsseldorf est accessible en avion (aéroport à côté du Parc des expositions), mais aussi en train (Eurostar) en moins de quatre heures au départ de Paris Nord. SALONS Bientôt le Boot Düsseldorf enbref… TOUS LES BATEAUX DU MONDE Deux coquilles se sont glissées dans notre numéro spécial « Tous les bateaux du monde ». La première concerne le chantier Boréal, qui est dirigé par Eric Vautrin et situé bien évidemment à Tréguier, Côtes d’Armor. La seconde a affecté le chantier X-Yachts, dont l’importateur pour la France (X-Yachts France) est désormais dirigé par Olivier Michaud (olivier.m@x-yachts.fr). NAUTIC DE SAINT-MALO Le futur salon malouin, qui se tiendra du 24 au 27 avril prochain, ouvre ses pontons aux bateaux d’occasion de particuliers. Sur demande par mail à apconseil29@gmail.com. MINI CROISEUR DIFFUSION Gaël Giraud passe la barre de Mini Croiseur Diffusion à Christophe Priat, gréeur et de maître voilier. Il assurera la continuité de l’activité avec à la fois la commercialisation des voiliers transportables SailArt et la diffusion sur internet de conseils et d’astuces pour tous les propriétaires d’unités transportables. Rens. : www.minicroiseur.fr. DOCUMENTAIRE La route des Terre-Neuvas, une aventure humaine du XVe au XXe siècle et une aventure sportive du XXIe siècle en Ocean Fifty. Ce documentaire de 52 mn mêle passé et présent, retraçant l’histoire de ces marins de l’extrême en course pour la gloire ou la fortune, toutes deux très relatives ! A voir le 27 janvier sur France 3 et sur FranceTV. SOLIDARITE Succès retentissant pour la vente aux enchères « Un trésor à la carte ». L’association SEAtizens.org a collecté 129 000 € qui permettront de soutenir significativement SOS Méditerranée, Navire Avenir ainsi que la SNSM. La vente concernait des cartes marines réinventées par de très nombreux artistes, dont Gildas Flahault ou encore Titouan Lamazou. PLASTIMO Yann Cornec quitte son poste de directeur opérationnel de Plastimo, il est remplacé par Christophe de Robien. Ce dernier était déjà en charge des projets stratégiques de l’équipementier lorientais depuis 2022. PRIVILEGE Changement de directeur général à la tête du chantier sablais repris l’an passé par le fonds de pension tchèque PPF Group. Pascal Heems, rompu à la direction d’entreprises et à leur redressement, remplace en ce début d’année Gildas Le Masson. La famille Baranger avait fait un bref passage dans le cockpit du RM 1080. Ils vont y retourner sous le soleil. C. TILLMANN 8 FEVRIER 2025 • VOILE MAGAZINE PASSE-COQUE LaRêveuse, nouvellesduLarge EXPLOIT Dakar-Kourouenplancheàvoile! C’est une navigation solidaire, cap sur l’Afrique avec un objectif : récupérer et redistribuer aux personnes amputées les plus démunies du matériel prothétique qui n’est plus utilisé en Europe. Nav Solidaire a pris place à bord de la Rêveuse, patiemment restaurée par l’association Passe-Coque à Saint-Philibert pour acheminer les prothèses par la mer au Sénégal. Partie le 12 octobre de La Rochelle après le Grand Pavois, la Rêveuse a mis le cap sur au sud. Après une escale technique à Vigo, le voilier a rejoint Madère sous un régime de vents portants soutenus puis les Canaries et enfin la Gambie pour débarquer une première livraison de prothèses. La Rêveuse a ensuite repris son songe vers le Sénégal où elle a débarqué une cargaison de vêtements fournis par Mousqueton pour le compte de l’association O Fogole aux pêcheurs et habitants de Mar Lodj, dans le Sine Saloum. La Rêveuse reviendra en France en mars. Il aura fallu 27 jours à Olivier Defranc pour traverser l’Atlantique en planche à voile. Un rêve de gosse qu’il a longuement mûri après avoir assisté, en 1982, à 13 ans, à l’arrivée de Christian Marty* après 37 jours de navigation sur le même parcours. Olivier a réussi son pari. Le Réunionnais avait longuement œuvré pour cette aventure qu’il avait déjà tentée en 1992, mais à laquelle il avait dû renoncer faute de budget. Cette fois-ci il a eu le budget et la force ! Parti le 10 décembre de Dakar avec son voilier accompagnateur, il a posé le pied sur la place de la Cocoteraie à Kourou le 5 janvier au matin, imitant, surpassant son idole. « La nuit, ça a été ingérable. C’est là que Christian Marty était très très fort parce qu’il a tenu. Moi, je me suis retourné… En trois jours j’ai dû dormir une heure et le médecin présent sur le bateau [qui le suivait], m’a dit que ce n’était plus possible. » A son arrivée le véliplanchiste, sourire aux lèvres, s’est aussi souvenu du club où il a fait ses premières armes, juste là sur la plage avec ces mots : « J’ai commencé la planche à voile ici, je finis ici. La planche à voile pour moi, c’est fini. » *décédé en 2000 aux commandes du Concorde accidenté. Projet humain, projet sportif et bel engagement citoyen pour Thomas Lurton à la barre de son Class40 n°100, un Pogo 40 S2 de 2010. Son but ? Performer en solo, par exemple sur la Route du Rhum qu’il a déjà courue sur Moxie, mais aussi en double, notamment en formant des équipiers atteints de neurofibromatoses. Ces maladies génétiques rares, qui touchent en France environ 20 000 personnes, n’ont à ce jour aucun traitement curatif. Pour booster la recherche, il faut communiquer davantage sur ces maladies. Et pour aider les malades, il faut les emmener sur l’eau : deux bonnes raisons de faire vivre ce projet, Ose ta victoire, pour lequel Thomas est actuellement en quête de nouveaux partenaires. PROJET CLASS40 Courirpourlesguérir Dans la nouvelle collection Osea de Typhoon, nous avons repéré ce sac de voyage. Avec sa fermeture étanche par enroulement dans la longueur, il s’ouvre comme un sac traditionnel, ce qui est pratique pour faire et défaire son sac. On aime la possibilité de faire le vide, ce qui permet de le compacter pour réduire son encombrement (ou à l’inverse, de le rendre flottant). On aime aussi le sandow extérieur pour y coincer un gilet ou une paire de bottes ainsi que ses bretelles ergonomiques et un dos rembourré. Prix : 90 ou 100 €. SAC Fourre-tout étanche Olivier Defranc a traversé l'Atlantique en planche à voile en 27 jours ! Déchargement des vêtements au Sénégal. ACTUS YANN LEGRAND DR DR 10 FEVRIER 2025 • VOILE MAGAZINE ECHO MER Dessacsmalins etcitoyens INNOVATION Pour un nautisme plus durable L’association rochelaise Echo Mer diversifie et développe ses activités en faveur du tri des déchets, du recyclage, et de la préservation de l’environnement marin en général. Nous avons notamment eu l’occasion de découvrir son sac de tri réalisé à partir de voiles usagées, pensé pour être utilisé à bord. Elle va proposer aussi des sacs fourre-tout grand format, des pochettes à PC, des porte-cartes… Des articles tous réalisés dans des ateliers pénitentiaires ou des ESAT (Etablissements ou Services d’Aide par le Travail). Echo Mer organise aussi la collecte des bouchons de liège dans les restaurants, bouchons utilisés pour faire du broyat de liège à des fins d’isolation, celle des poches à huîtres pour des corbeilles à papier ou des grilles de protection des arbres… De la créativité, du bon sens, et l’écologie avance ! Maxime Kosnansky et JeanFrançois Allais se sont vite retrouvés autour d’un cap commun pour entrevoir un nautisme plus durable. L’association de leur idée et de leurs compétences allait donc de soi au sein d’une même structure : Flow, atelier maritime coopératif. Maxime, avec sa marque Studio Endémique (déjà présentée dans Voile Magazine), accompagne les écoles de voile dans leur transition écologique avec la conception d’un Optimist fabriqué avec des matériaux biosourcés, le Scowpti. Avec l’UCPA, il a aussi conçu et développé toute une gamme d’appendices, la Swell Collection, afin de remplacer les consommables en plastique des clubs de voile par des équivalents en contreplaqué (dérives, safrans, ailerons, pagaies). Il travaille également au développement d’un bateau collectif qui réutiliserait des gréements existants. Jean-François a de son côté imaginé l’offre Hublow d’habitats légers fabriqués à partir de bateaux en fin de vie de l’association Passe-Coque, les Tiny Boats. Objectif, pallier le manque de logements abordables pour les saisonniers travaillant sur le littoral. Deux entrepreneurs qui s’unissent en créant un atelier coopératif, avec comme objectifs : mutualiser leur savoir-faire, partager un local, convaincre ensemble de nouveaux investisseurs et de nouveaux partenaires ! Depuis 28 ans, l’association reconnue d’intérêt général Cap au Large redonne le sourire aux personnes à mobilité réduite ou aux porteurs d’un handicap en leur donnant accès à la mer, à la voile. Cette école de voile solidaire ouverte à tous, avec ou sans handicap, dispense son enseignement à bord de Laisse Dire, un sloop bien nommé de course-croisière en aluminium de 17 m basé à Sète. Mais les temps sont durs et Cap au Large a besoin d’un soutien financier pour maintenir son activité et une politique tarifaire qui rend la mer accessible au plus grand nombre. C’est tout l’objet de l’appel aux dons (défiscalisables) lancé en ce début d’année sur le site Helloasso. ECOLE POUR TOUS Capaularge abesoindevous! ACTUS LESPOTINS DES PONTONS Laisse Dire, basé à Sète, est le sloop en aluminium de l'association. Le prototype du Tiny Boat. Les bénévoles de l'association Echo Mer ne manquent pas d'idées pour faciliter le recyclage nautique. DR F.-X. DE CRECY CAP AU LARGE VOILE MAGAZINE • FEVRIER 2025 11 LAGAZELLE ENBULLES PARADRIENDARTIG Constructeur de la Gazelle 12 FEVRIER 2025 • VOILE MAGAZINE RENCONTRE Le Festival du Film et du Livre d’Aventure de La Rochelle (FIFAV) nous a donné l’occasion d’animer une rencontre entre Fabien Clauw, l’auteur de la saga historique « Pour les trois couleurs », et les lecteurs venus l’écouter. Il s’y est livré avec la franchise et la fougue qui le caractérisent. Propos recueillis par F.-X. de Crécy. FABIENCLAUW «Belmonte estuntémoin» VM : De la course au large à l’école de croisière en passant par les radeaux de survie et le grand voyage, tu as connu plusieurs vies maritimes avant de prendre la plume pour donner vie à Gilles Belmonte, officier de la Marine du Consulat et de l’Empire. Cette saga historique comporte désormais pas moins de sept opus et a touché un large public. Sous les traits du capitaine Belmonte et de son vaillant équipage, on redécouvre ces marins de l’Empire que l’histoire a trop souvent laissés dans l’ombre. Mais Belmonte est-il aussi ton double rêvé ? C’est certain, Belmonte est celui que j’aurais aimé être par bien des aspects, ou plutôt c’est un modèle. Il incarne aussi une génération d’officiers de cette époque qui ont trop rarement accédé à la conduite des opérations, à l’état-major, ce qui explique bien des déconvenues stratégiques. La Royal Navy était plus méritocratique, on pouvait entrer par le rang et finir amiral d’escadre, comme on le voit chez le « Hornblower » de Cecil Forrester ou chez Patrick O’Brian. Côté français, la Révolution a certes permis de voir émerger des officiers issus de l’entrepont, à l’image de Gilles Belmonte. Mais ce qui va gêner leur accession aux plus hautes responsabilités, c’est l’hégémonie d’un grand courtisan, l’amiral Decrès. Il resta ministre de la Marine de 1801 à 1814 et accumula les mauvais choix dictés par sa propre ambition. Si un officier comme Latouche-Tréville avait accédé au commandement suprême, la marine tricolore n’aurait probablement pas eu le même destin. VM : Pourquoi est-ce important de faire revivre ces marins français ? Je ne suis pas historien de métier. Mais j’aime l’histoire et je revendique la nécessité, notamment citoyenne, de la pratiquer en amateur et de la vulgariser. Nos amis anglais ne se sont jamais privés de glorifier leurs marins, tandis que notre marine est toujours en mal de reconnaissance. En 2005, ce fut un tollé à la limite de la mutinerie quand le président Chirac ordonna d’envoyer le porte-avions Charlesde-Gaulle aux commémorations du bicentenaire de la bataille de Trafalgar. Lequel Jacques Chirac s’en tira par une pirouette en reformulant son ordre de mission : « Je vous demande simplement d’aller commémorer la mort de Nelson… » C’était une boutade bien entendu, mais l’anecdote me semble révélatrice ! Plus sérieusement, en lisant les Alexander Kent et autres O’Brian, je me suis demandé si la domination de la Navy avait été aussi absolue que le prétendent ces auteurs britanniques. Je me suis donc documenté sur la question. En fait, il apparaît que les marines française et britannique se sont affrontées à 110 reprises entre le Consulat et la fin de l’Empire, en comptant tous les engagements, qu’ils Fabien est avant tout un marin devenu écrivain de marine. Il a beaucoup vécu sur ses bateaux. VOILE MAGAZINE • FEVRIER 2025 13 concernent deux navires ou deux escadres. Sur ces 110 affrontements, 10 peuvent être considérés comme des « matches nuls », 60 comme des victoires françaises, et 40 comme des victoires anglaises. Statistiquement, il n’y a donc pas à rougir. Le problème, c’est que dans les 40 victoires anglaises il y a Aboukir et Trafalgar, avec des conséquences stratégiques désastreuses pour nous. Et pourtant, à Trafalgar la mêlée est restée longtemps indécise, et elle est émaillée de faits d’armes insensés des équipages français. Infernet, Cosmao, Troude, Lucas, qui fut à deux doigts de s’emparer du Victory de Nelson, autant de commandants dont l’histoire n’a pas retenu les noms, mais qui ont brillé par leur bravoure au cœur de la mêlée. VM : Es-tu traduit en anglais ? C’est dans les tuyaux. Mais à destination du marché nord-américain, car les Anglais ont été abreuvés de ce type de littérature – mais plutôt à la gloire de leurs armes. VM : Ton travail historique est très rigoureux, notamment dans les manœuvres et les aptitudes des navires de l’époque. Quelles sont tes sources ? Au tout début j’utilisais beaucoup Wikipedia, et un peu les ressources de la Corderie royale à Rochefort. Ensuite la Marine nationale, dont la plupart des cadres se sont attachés à la figure de Belmonte, m’a ouvert ses archives à Vincennes, ainsi que celles de l’Ecole navale à Brest. J’ai pu accéder à des documents d’époque, des formes de navires, des uniformes. Pour l’Egalité, la frégate chérie de Gilles Belmonte jusqu’au tome 5, je me suis tout simplement inspiré de l’Hermione dont j’ai augmenté toutes les dimensions de 20 %, l’Egalité ayant été conçue une vingtaine d’années après l’Hermione et les navires ayant déjà, à l’époque, tendance à grandir et grossir. Ayant pu accéder au journal de bord de Jacques Cariou, son commandant pour la transat inaugurale, j’ai eu des informations de première main sur les manœuvres et la conduite de l’équipage. D’autant que Jacques Cariou a été profondément impressionné par les qualités nautiques de l’Hermione. Sur ces bases, j’ai pu considérer avec une marge d’erreur réduite que l’Egalité pouvait parfaitement tenir ses 14 nœuds de moyenne en haute mer. VM : Quelles sont tes références littéraires ? Si je devais citer une référence personnelle, ce serait le « Voyage de Damien », de Gérard Janichon, que je mets au-dessus de « La Longue Route » de Moitessier. Moitessier est dans la contemplation, le voyage intérieur, quand Damien est une ode à l’amitié et à la rencontre : je m’y retrouve davantage. Il y a aussi un lien personnel et familial avec Gérard Janichon et Jerôme Poncet, que mon père connaissait de longue date. Si je m’appelle Fabien, c’est parce que ma mère ne voulait pas que j’aie un nom de bateau… à une lettre près ! Mon parcours littéraire est aussi passé par Kent, Forrester et O’Brian, dont on a déjà
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