OPTION FINANCE n°16 - Page 3 - 16 Nous investissons dans une croissance responsable. Et des décisions durables. Chez Swiss Life Asset Managers, nous croyons en une croissance durable, alignée avec les enjeux du monde de demain. Nos stratégies d’investissement combinent éléments quantitatifs et qualitatifs et prennent en compte les critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance. Quelles que soient vos attentes en matière d’investissement responsable, nous sommes pleinement investis à vos côtés. Notre engagement, pour tous nos clients, pour une plus grande liberté de choix. fr.swisslife-am.com www.optionfinance.fr N°1806 Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 3 SOMMAIRE ACTUALITÉ 6FOCUS Bourse : pourquoi les entreprises quittent la cote 10 ANALYSE Le grand bond en arrière Par Jean-Christophe Caffet, chef économiste de Coface 1 1L’ACTUALITÉ DES ENTREPRISES 12 INTERVIEW - Jean-François Robin, global head of research chez Natixis CIB « Les marchés ont raison d’analyser froidement la situation au Moyen-Orient » ENTREPRISE & FINANCE 14ESG : vers un nouveau modèle comptable pour les entreprises ? 18Les outils d’EPM évoluent pour gagner en finesse d’analyse 22Fraude à la fausse facture : les directions financières se protègent avec l’IA CARRIÈRE & MANAGEMENT 26Marque employeur : la finance s’arme pour la guerre des talents Avec ce numéro « La Lettre PwC » EN COUVERTURE p.6 Avec ce numéro « Facturation électronique : à quand la mise en production ? » La lettre Lundi 30 juin 2025 GESTION DES GROUPES INTERNATIONAUX Sommaire TVA – Douanes : panorama des enjeux actuels et futurs ● Réforme de la facturatio n électroni que : état des lieux et perspect ives p.2 ● Pilier 1 de la Directive VIDA : modernis ation de la TVA à l’ère du numériqu e – Déclarati on et facturatio n électroni ques dans l’Union européen ne p.5 ● L’Essor de la due diligence en matière douanièr e : un impératif juridique et stratégiq ue pour les entrepris es p.6 ● Pilier 3 de la Directive VIDA : décrypta ge autour d’une immatric ulation simplifiée – enjeux, impacts et limites p.8 ● L’assujet ti unique – un outil sur mesure pour les opérateu rs financiers qui s’ouvre à tous les opérateu rs économiq ues p.9 ● Régularis ation de la TVA facturée à tort : une évolution favorable de la doctrine administ rative mais encore incomplè te à certains égards p.11 ● La guerre commerc iale – entre souverain eté économiq ue et tensions multilaté rales p.13 ● Enjeu de récupéra tion de la TVA à l’importa tion : la condition de propriété au prisme de la doctrine française p.15 ● Ajusteme nts de prix de transfert : faut-il (toujours ) penser TVA ? p.17 ● TVA : à la recherch e du bénéficiaire effectif ? p.18 Suppléme nt du numéro Option Finance Le mensuel n° 16 du 30 juin 2025 LaTVA,les douanes et la facturation électroniq ue continuen t d’occuper l’actualité fiscale tant au niveau français qu’interna tional. L’actualité dans ces domaines reste très riche et démontre la volonté desEtatsdemeneretd’accélére rlamise en œuvre d’importan tes réformes structuran tes dans ces trois domaines. Les sujets présentés dans le présent cahier s’articulent autour de quatre axes : la digitalisati on et la transmissi on en temps réel des données de facturation et transactio nnelles, le renforcem ent de l’obligation de transparen ce douanière et des évolutions futures enmatière decomplianc eTVA, la mise en œuvre de certaines mesures de simplification ou incitatives TVA pour les entreprise s et l’émergen ce de nouvelles probléma tiques douanière s et TVA à suivre. Il nous a semblé opportun de faire un état des lieux de ces principaux changeme nts actuels et attendus qui doivent être pris en compte par les entreprise s et qui constituer ont des points majeursd’attention pourleursdirections financières, fiscales, informatio ns et logistiques . Digitalisa tion : un point sur la réforme de la facturati on électron ique en France et les évolution s futures liées à la Directive VIDA La date du 1er septembre 2026 pour la mise en œuvre en France de la réforme de la facturation électroni que (e-invoicin g et e-reportin g) pour les Grandes Entreprise s (GE) et les Entreprises de Taille Intermédi aire (ETI) approche à grand pas. Il ne restera bientôt plus qu’un an pour que ces entreprise s achèvent leurs projets d’intégrati on de ces nouvelles règles de facturation. Cette période qui s’ouvre aux entreprise s sera égalemen t riche en apports règlement aires et comment aires pratiques sur de nombreux sujets encore ouverts que ce soit au niveau technique et des systèmes d’informat ion ou au niveau TVA pour les cas d’usages identifiés ou restant encore à identifier. La Directive VIDA adoptée le 11 mars 2025 prévoit dans son « Pilier 1 » des mesures favorisant la généralisa tion et l’harmonis ation de la facturation électroniq ue entre les Etats membres et la création de systèmes de déclaratio n électronique (DRR – « Digital Reporting Requireme nts ») afin de faciliter l’échange d’informat ions fiscales entre ces Etats. Ces mesures se traduiront par une plus grande transpare nce, une meilleure efficacité et une réduction de la fraude TVA. Les opérateur s (et les administra tions) doivent désormai s s’assurer de l’articulat ion (et des potentielle s évolutions ) des solutions mises en œuvre au niveau national avec ces nouvelles obligation s qui entreront en vigueur le 1er janvier 2030. ParJosé-Manu elMoreno, avocatassocié, PwCSociété d’Avocats Editorial TVA – Douanes : panorama des enjeux actuels et futurs Dans ce numéro, retrouvé Operating partners day 2025 p.32 P armi les motivations qui poussent les entreprises ou les fonds à recourir aux services d’un operating partner figure généralemen t celle de maximiser la performanc e. Les spécificités de ce duo formé par le dirigeant et l’OP ont été exposées en détail lors de l’atelier « CEO & operating partner : un duo gagnant pour la performanc e de l’entreprise », dont Olivier Vigna, délégué général adjoint de Paris Europlace, était l’animateur. PourJérômeStioui,lerôled’unOPn’estpas d’intervenir en mode pompier, quand il y a un problème, mais de « se montrer proactif afin de bâtir les bonnes fondations, notamment en priorisant les chantiers clés et en leur donnant les bonnes métriques afin d’économise r temps et argent ». Jocelyne Mwilu est CEO de l’éditeur de logiciels de paiement PPI France. Sa société a été accompagn ée par I&S Adviser, cabinet indépendan t spécialisé en OP. Le temps pressait pour PPI France car elle devait se lancer dans une démarche de conquête commercial e. « Nous sommes aux côtés des dirigeants pour résoudre des pain points mais il reste maître dans sa demeure », déclare Isabelle Saladin, présidente et fondatrice d’I&S Adviser, cabinet indépendant spécialisé en OP. Le travail d’un OP est très concret et peut se voir rapidement. « Isabelle Saladin comprenait l’urgence de notre situation car elle avait déjà entrepris. Les ateliers ont été de vrais ateliers, pas une succession de PowerPoint », explique Jocelyne Mwilu. En l’espace d’une semaine, des transformat ions se sont opérées au sein de l’équipe. « Côté chiffres, j’ai vu les résultats en quelques mois. Forcément, c’est convaincan t », ajoute-t-elle . n Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 32 Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 33 «Auregardducontextemacroécono - miqueetmicroéconom iqueactuel,ilest essentield’êtreenmesured’anticiper les évolutions àvenirpourpouvoirmaintenir lesconditions d’accèsaufinancement desentreprises. Depuisquelquesannées maintenant, nousavonsredécouvert la fragilitédenossystèmesfinancierset leursimplications surl’économie, notre démocratie, nosécosystèmes naturels. Surleplandel’économie, leprincipaldéfi quenousdevonsreleveràcourt-moyen termeestceluid’unpossibledécrochage del’Europe.L’économie européenne accuseeneffetunretardrelatifentermes decroissance, d’innovation etdeproductivité.Cetriptyqueestliéetreposesurdes sous-jacents quisontdusaufinancement decetteéconomieeuropéenne. Acet effet,ilfautapporterdelavisibilitéetdela confianceauxacteurséconomique s.Dans lecadredecettedémarche, laBanquecentraleaunrôlemajeuràjouerpourgarantir lesconditions d’accèsauxfinancements etapporterplusdevisibilitéenanticipant mieuxlesdemandes definancement. Cela passeraparunediversificatio ndessources definancement, unappuiplusimportant surlesmarchésfinanciersetégalement les autresrelais,notamment ledéveloppem ent ducapital-risqu e.Desdémarches dans lesquelleslesoperatingpartnersontaussi unrôleàjouer.» Thomas Allen, responsable de l’Observatoire des entreprises, Banque de France Mesurer l’impact et la création de valeur opérationnelle d’un operating Q u’est-ce qui fait la spécificité du métier d’operating partner ? Telle était la question sur laquelle s’est ouvert l’atelier « Mesurer l’impact et la création de valeur opérationne lle d’un operating partner », modéré par Benjamin Forestier, professeur en private equity, investment banking et corporate finance à l’Ecole polytechniq ue. « L’operating partner a souvent déjà eu un parcours d’entrepren eur. C’est une personne qui s’engage sur les résultats afin de créer de la performanc e opérationne lle en attachant unegrandeimportance àlagouvernance et aux ressources humaines », dit Franck Roger, directeur général chez Operating Partners Academy. Plusieurs compétence s doivent être réunies en une seule et même personne, si l’on en croit Eric Dodin, président et associé de Hekzé, qui se définit comme le partenaire opérationnel des fonds d’investisse ment et de leurs participatio ns. « Plutôt que d’operating partner, j’aurais tendance à parler de logo#2024_OPD_ selected.pdf 1 02/10/2024 09:15 25 3e ÉDITION CEO & operating partner : un duo gagnant pour la performance de l’entreprise Petit chapo DossierréaliséparAnnedelPozoetEmmanuel leSerrano Pourquoi les entreprises quittent la cote GESTION INSTITUTIONNELLE 36 Non-coté : les investisseurs optent pour la sécurité 41Les obligations subordonnées financières, une opportunité de rendement pour les investisseurs 46Gestion assurantielle : cap sur les taux longs DROIT & AFFAIRES 28TELT SAS : la direction juridique d’Alexandre Morey 30Compliance : l’AMLA amènera un degré de granularité additionnel dans les contrôles LCB-FT Le grand débat Climat et biodiversité - La transparence et la pédagogie comme leviers de transformation p.50 Option Finance Le Mensuel n°3 - Avril 2024 50 Option Financ CLIMAT ET BIODIVERSITÉ La transparence et la pédagogie comme leviers de transformation Carlos Araujo Blanco, Allianz France Hervé Guez, Mirova Victoria Richard Weill, Ofi Invest Asset Management Caroline Le Meaux, Amundi LE GRAND DÉBAT Aglaé Touchard Le Drian, RAISE Impact GESTION INSTITUTIONNELLE Photos : ©Christopher Salgadinho Renaud SerreLapergue, SWEN Capital Partners nvestissement esponsable l’ LESDIRECTS DE DU 8 AU 12 DÉCEMBRE 2025 Une semaine de webinaires consacrés aux grands enjeux de l’investissement responsable Chaque jour, en 45 minutes, des experts décryptent les tendances, partagent leurs analyses et débattent des leviers pour conjuguer performance financière et impact durable. LESDIRECTS ÉPISODE 1 Face au “green backlash” américain, quelles stratégies d’investissement durable privilégier ? ▸ Online Les épisodes : PRÉSENTE + D’INFOS CONTACT : ADELINE FEQUANT 01 53 63 55 86 - adeline.fequant@optionfinance.fr 8 décembre 2025 17:00 - 17:45 LESDIRECTS ÉPISODE 2 Mesurer et piloter la performance extrafinancière ▸ Online 9 décembre 2025 11:00 - 11:45 LESDIRECTS ÉPISODE 3 Gouvernance responsable : quel rôle pour les investisseurs ? ▸ Online 10 décembre 2025 11:00 - 11:45 LESDIRECTS ÉPISODE 4 Finance, climat et transition juste : aligner rentabilité et justice sociale ▸ Online 11 décembre 2025 11:00 - 11:45 LESDIRECTS ÉPISODE 5 Investir dans un monde fracturé : souveraineté, sécurité et finance durable ▸ Online 12 décembre 2025 11:00 - 11:45 GESTION D’ACTIFS 80DISTRIBUTION Epargne retraite : la simplicité pour séduire au-delà du PER 82INTERVIEW Nicolas Rochon, fondateur et CEO, et Cédric Lacaze, managing partner, RGreen Invest 84ZAPPING / NOUVEAUTÉS 86LU DANS FUNDS WEEKLY 87INDUSTRIE La gestion thématique cherche un nouveau souffle 92ETF INNOVATIONS 93FACE À FACE Gestion alternative : les atouts d’une exposition structurelle FONDS & EXPERTISES l Edmond de Rothschild Sicav Global Resilience p.90 l Exane Overdrive p.96 98ANALYSE ENTREPRISE & EXPERTISE 64 Fiscal Prix de transfert : l’administration peut justifier un redressement avec un comparable interne fiable - Par CMS Francis Lefebvre L’actualité fiscale en bref : La transformation de bureaux en logements : un impact en fiscalité locale et en taxe annuelle sur les bureaux en particulier - Par CMS Francis Lefebvre Hard rock et traitement fiscal des sociétés de personnes à l’international - Par Darrois Villey Maillot Brochier 68 Juridique Données financières, sous-traitance et RGPD : les DAF sont-ils vraiment responsables des pratiques de leurs prestataires ? - Par Adlane Avocats Un créancier social peut-il agir en désignation d’un administrateur provisoire ? La Cour de cassation dit non - Par CMS Francis Lefebvre 72 Social Rupture conventionnelle du salarié protégé et harcèlement moral - Par Barthélémy Avocats 73 Comptabilité Groupe américain ne publiant pas ses comptes consolidés : quelles conséquences pour le sous-groupe français ? - Par Paper audit Enjeux climatiques et comptabilité : le cas des provisions générées par un plan de décarbonation - Par Lionel Escaffre 75 Dossier Pacte Dutreil et liquidités : attention à l’excès de poids ! - Par Altitude Avocats Opposabilité de la doctrine administrative : seul le contribuable qui a appliqué la doctrine dans ses déclarations peut se prévaloir de la garantie édictée à l’article L. 80 A du LPF - Par PwC Société d’Avocats Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 5 Option Finance SAS 10, rue Pergolèse 75016 Paris - Tél. : 01 53 63 55 55 - Fax : 01 53 63 55 60 - Capital 2 043 312 euros, entièrement détenu par Infofi SAS. Durée : 99 ans. - RCB Paris 343256327. Dépôt légal à parution ISSN 3036-8235. Pour joindre directement votre correspondant, composez le 01 53 63 suivi des 4 chiffres de son numéro de poste. n Président-directeur général, directeur de la publication, directeur de la rédaction : Jean-Guillaume d’Ornano n Directrice générale adjointe : Ariel Fouchard n Secrétaire générale : Laurence Fontaine (55 54) - Secrétariat : Krystie Natchimie (55 55) n Option Finance - Rédactrice en chef : Valérie Nau (55 55) ; rédacteur en chef adjoint : Ivan Best (55 77). Entreprise & Finance : Mathilde Hodouin (55 76), Lara Rinaldi (55 78). Ont participé à ce numéro : Anne del Pozo, Sandra Sebag, Séverine Leboucher, Sylvie Guyony et Arnaud Lefebvre. n Option Droit & Affaires - Rédactrice en chef : Sahra Saoudi (55 51), rédacteur : Pierre-Anthony Canovas (55 73). Ont participé à ce numéro : Coralie Bach, Delphine Iweins et Emmanuelle Serrano. n Funds Magazine - Rédactrice en chef : Catherine Rekik (55 79). Ont participé à ce numéro : Marianne Di Meo, Aurélie Fardeau, Ingrid Labuzan. n Rédacteur en chef technique : Stéphane Landré (55 57) n 1er Rédacteur-graphiste : Christoph Ludmann (55 70) - A participé à ce numéro : Florence Rougier n Directeurs de clientèle : Nicolas Demongeot (55 56) et Ugo Rhliouch (55 80) n Responsable commercial Droit & Affaires : Emmanuel Foulon (55 56) n Directrice événements et conférences : Héloïse Cartier (55 91) n Service Abonnements : 10, rue Pergolèse 75016 Paris - Responsable marketing et abonnements : Sandrine Prevost - Tél : 01 53 63 55 58 - abonnement@optionfinance.fr - Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h - 1 an : 685 € HT - Vente au numéro : 59 € n N° de commission paritaire : 0927 T 83 896 - www.optionfinance.fr - Impression : Siep ZAC « les Marchais » 77590 Bois-le-Roi - Origine du papier : Autriche / Bruck - Taux de fibres recyclées : 19 % - ISO 14001 and EMAS - Impact sur l’eau ptot : 0,015 kg /T n Crédit photos : AdobeStock. La reproduction totale ou partielle des articles publiées dans Option Finance, sans accord écrit de la société Option Finance SAS, est interdite conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique et pourra faire l’objet de poursuites judiciaires. FINANCE AOF Option Finance SAS édite : Avec ce numéro « Le guide de la gestion d’actifs » JUIN 2025 - N°60 - ISSN/ 1255 - 8397 - 35 € - www.o ptionfi nance .fr H O R S -S É R IE TABLE RONDE La clientèle privée est-elle prête à investir dans le non coté? GESTION D’ACTIFS CGP, un métier toujours attractif Le guide des partenaires 13e édition LE MENSUEL A l’heure où la cloche d’Euronext Paris qui célèbre le premier jour de cotation des entreprises peine à résonner (quatre introductions en 2024, une depuis janvier hors Euronext Growth et Euronext Access+), les émetteurs continuent de se bousculer vers la sortie.Ces derniers mois, le producteur d’énergies renouvelables Neoen, l’expert en cybersécurité Exclusive Networks, l’éditeur de logiciels Esker, la société de data marketing Numberly (ex-1000mercis) ou encore le groupe de transport et de logistique Clasquin ont en effet finalisé leur retrait de la cote parisienne. Et l’exode n’est pas fini. D’autres vont suivre dans les prochains jours, à l’instar de la plateforme de streaming Believe,ou pourraient les imiter, comme le spécialiste en revêtement de sols Tarkett ou celui en biométhane Waga Energy. Un solde net largement négatif La tendance n’est certes pas nouvelle, mais elle tend à s’amplifier.L’an dernier, 50 entreprises ont ainsi quitté Euronext Paris (Tipiak, Orapi, MND…), après 42 en 2023, 47 en 2022 et 44 en 2021. Il s’agit le plus souvent de small & mid caps valorisées quelques dizaines de millions d’euros, mais des sociétés à la capitalisation plus élevée sont également concernées, à l’image de Neoen (plus de 6 milliards d’euros). Chez Euronext, on cherche à relativiser la portée de telles opérations. « Le M&A et les faillites sont les deux premiers motifs de delisting », insiste Mathieu Caron,head of primary markets au sein de l’opérateur boursier. Le problème, c’est que l’atonie persistante observée sur le front des introductions en Bourse Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 6 BOURSE Pourquoi les entreprises quittent la cote Tandis que les introductions en Bourse sont au quasi-point mort depuis plusieurs années à Paris, les retraits de cote se multiplient. Une tendance alimentée en grande partie par la faible liquidité des compartiments dédiés aux petites et moyennes capitalisations, que les acteurs de la place cherchent désespérément à corriger. FOCUS Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 7 (initial public offerings, IPO) ne permet pas de compenser cette vague de départs, tant s’en faut. Hormis en 2021, où il a été positif (20), le solde net d’émetteurs entre les entrées et les sorties s’est systématiquement inscrit en territoire négatif depuis 2016 sur Euronext Paris : – 37 en 2024, – 27 en 2023,– 16 en 2022,– 14 en 2020,– 22 en 2019,– 41 en 2018… Sur dix ans,le flux net s’est établi à – 135. L’accumulation de chocs et de pics de volatilité sur la période a largement pesé,il est vrai.Parallèlement,les acteurs du non-coté sont fortement montés en puissance, au point de devenir de réels concurrents pour la Bourse. « Depuis 2008,les liquidités aux mains des fonds de capital-investissement ont augmenté de façon continue et substantielle, ce qui les amène à rechercher toujours plus de cibles, y compris dans la sphère cotée »,relate Patrick Perreault,responsable M&A France et co-responsable M&A mondial chez Société Générale. D’après le cabinet McKinsey, les actifs sous gestion des fonds de private equity ont crû en Europe de près de 15 % depuis 2019, pour dépasser désormais 1 620 milliards d’euros.« Les acteurs du non-coté peuvent avoir une appréciation différente de la stratégie,du potentiel et de la valorisation des entreprises que les gérants de l’univers coté, poursuit le banquier, et ainsi être disposés à proposer aux actionnaires existants des primes attrayantes ». Illustrant ce point, les retraits de cote de Neoen et d’Esker ont respectivement été orchestrés par Brookfield et BridgePoint. En ce qui concerne Waga Energy, le fonds suédois EQT vient d’entrer en négociations exclusives en vue d’en acquérir la majorité du capital,avant de lancer une offre publique d’achat sur le solde. Une multitude de valeurs illiquides Pour autant, beaucoup imputent ce phénomène croisé de raréfaction des IPO et d’accélération des sorties de la cote à des facteurs plus structurels, propres aux marchés de capitaux publics. « L’augmentation récente des retraits de cote témoigne en partie du déficit de confiance des entreprises pour la Bourse », estime par exemple Aude de Lardemelle, directrice générale de CDC Croissance et co-présidente du Club « PME 2030 », une initiative de l’Association française des sociétés de gestion (AFG) dédiée au financement des PMEETI. Touchant principalement les PME, ce mouvement de défiance est grandement nourri par les contreperfor mances boursières enregistrées par un grand nombre d’émetteurs (sur trois ans, Serge Ferrari a perdu 57 %, Showroomprivé 64 %, Delfingen 59 %, Audacia 35 %...), parfois très excessives et déconnectées de leurs fondamentaux financiers. « Il n’est pas rare de voir des PME cotées dont la capitalisation fait ressortir une décote de plus de 50 % par rapport à leur actif net comptable ! », s’étonne Philippe Cordier, directeur général de la Société française des analystes financiers (SFAF). Selon les professionnels, de telles anomalies sont en large partie la conséquence du manque de liquidité de ces segments de marché. « Alors que la plupart des gérants s’intéressent aux small & mid caps dont la capitalisation dépasse 100 millions d’euros, une poignée de fonds micro-caps actifs à Paris peuvent descendre jusqu’à 30 millions d’euros, rappelle Philippe Cordier. En deçà,la valeur est jugée trop peu liquide, et donc trop risquée. » Or, sous l’effet des chutes de cours boursiers,beaucoup se retrouvent aujourd’hui dans cette configuration. « Sur environ 240 émetteurs cotés au total sur Euronext Paris, près de 160, soit les deux tiers, affichent Alorsqu’en2024,50entreprises ontquittéEuronextParis,surdixans, entrelesentréesetlessorties,lefluxnet s’estétablià–135. « Depuis 2008, les liquidités aux mains des fonds de capital-investissement ont augmenté de façon continue et substantielle, ce qui les amène à rechercher toujours plus de cibles, y compris dans la sphère cotée. » Patrick Perreault, responsable M&A France et co-responsable M&A mondial, Société Générale aujourd’hui une capitalisation inférieure à ce seuil – 70 sont même sous le seuil de 10 millions d’euros ! –, les faisant de facto basculer sous les radars des gérants d’OPCVM », poursuit le directeur général de la SFAF. De quoi ainsi entretenir un cercle vicieux.« Face à la faible liquidité des smid, de nombreux investisseurs ont décidé de sortir de ce segment de marché au cours des dernières années, ce qui a contribué à tarir un peu plus la liquidité », relève Aude de Lardemelle. Dans ce contexte, les fonds de petites actions françaises ont dès lors subi des décollectes importantes ces dernières années, de l’ordre de plus de 3,3 milliards d’euros depuis 2018 selon une récente étude de Morningstar. Des augmentations de capital trop dilutives Ce manque de liquidité est encore renforcé par le recul marqué de la recherche financière ces dernières années, à Paris comme plus largement en Europe.Selon les dernières données disponibles, publiées par MIFIDVision (plateforme mise en place à l’initiative notamment de la SFAF, l’AFG, l’Amafi et Euronext) en 2021, le nombre d’études déclarées concernant les sociétés cotées sur Euronext Paris était passé de 1 960 en 2018 à 1 683 en 2020, diminution dont les PME font particulièrement les frais. Corollaire de cette tendance, le pourcentage d’émetteurs ne faisant l’objet d’aucun suivi par un analyste avait augmenté de 2,8 points sur la période, à 31 %.Même les grandes capitalisations n’étaient plus que 13 à être couvertes par au moins dix analystes, contre 59 en 2018. Pour beaucoup d’entreprises, cette situation est d’autant plus problématique qu’elles doivent en parallèle faire face à des coûts de cotation non négligeables :ceux-ci peuvent excéder 80 000 euros chaque année en commissions sur Euronext, des frais qui ne comprennent pas ceux que l’entreprise est amenée à verser au moment de l’IPO, et qui peuvent s’élever, selon le montant levé, entre 35 000 euros et quelque 266 000 euros. Dans ces conditions, le maintien de la cotation tend à perdre beaucoup de son intérêt aux yeux d’un certain nombre de dirigeants. « L’objectif premier d’une IPO consiste à pouvoir réaliser des levées de fonds successives afin de financer des projets de développement, signale Cédric Garcia, associé, conseil comptable et financier, IPO leader, chez EY France.Le problème,c’est que le cours des émetteurs qui se sont dernièrement cotés s’établit aujourd’hui le plus souvent bien en deçà du cours d’introduction, rendant de ce fait ces potentielles augmentations de capital futures très dilutives. » Afin d’enrayer cette spirale négative, les pouvoirs publics européens (avec le Listing Act) et français (loi Attractivité de 2024) ont récemment adopté des mesures visant à simplifier les modalités de cotation et à assouplir le processus de levée de fonds pour les sociétés déjà cotées.Parmi elles, un prospectus d’introduction allégé a vu le jour à destination des PME-ETI. De plus, les possibilités d’émettre de nouvelles actions sans devoir rédiger un nouveau prospectus ont été élargies, tandis que le plafond de capital social susceptible d’être levé sur douze mois glissants dans le cadre de placements privés a été relevé.Autant de nouveautés bien accueillies par les spécialistes des marchés de capitaux. « Rien qu’au sein de l’Union européenne, les contraintes de cotation fixées par les superviseurs nationaux diffèrent d’un pays à l’autre », pointe Cédric Garcia, qui en appelle à une harmonisation des règles en vigueur sur leVieux Continent. Euronext multiplie les initiatives Directement affecté par cet appauvrissement de la cote, Euronext multiplie aussi les initiatives.En plus de sensibiliser depuis 2015 plusieurs dizaines d’entreprises chaque année sur les bienfaits de Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 8 FOCUS EURONEXT FAIT MIEUX QUE SES CONCURRENTS lAucœurdelacompétitionqueselivrentlesopérateursdemarchéenEurope, Euronexttendàcultiversonattractivitévis-à-visdesentreprises.«Aucoursdes cinqdernièresannées,lestockd’émetteurscotéssurlesseptmarchésd’Euronexta légèrementcrû,cequin’apasétélecaspournosprincipauxconcurrentseuropéens»,seféliciteMathieuCaron,headofprimarymarketschezEuronext.A reboursdeladynamiquepurementhexagonale,l’opérateurboursieraeneffet accueillientre2019et2024quelque522nouvellescotationssurl’ensemblede sesmarchésnationaux(Paris,Amsterdam,Bruxelles,Dublin,Lisbonne,Milanet Oslo),contre514radiations.Soitunfluxnetlégèrementpositifde8émetteurs. lC’estpeu(+0,4%),maismieuxquelaconcurrencecontinentale.Danslemême temps,laplupartdesprincipalesboursesontainsivuleurbased’émetteurs s’allégersurlamêmepériodeselonlescalculsd’Euronext:–18%pourleLondon StockExchange,–9%pourDeutscheBörseet–9%égalementpourleSIXSwiss ExchangeetlaBoursedeMadridconfondus,tousdeuxpropriétésdeSIXGroup. « Il n’est pas rare de voir des PME cotées dont la capitalisation fait ressortir une décote de plus de 50 % par rapport à leur actif net comptable. » Philippe Cordier, directeur général, Société française des analystes financiers (SFAF) Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 9 la cotation au travers de son programme « IPOready » – « chaque année, entre deux et quatre IPO concernent des entreprises ayant suivi ce programme », rappelle Mathieu Caron –, l’opérateur a publié fin avril un prospectus standardisé. Son but est de faciliter l’accès des entreprises aux marchés de capitaux européens, en favorisant notamment l’investissement de fonds étrangers. « Le nombre de sections contenues dans ce document est passé de 21 à 11,explique Mathieu Caron.De plus,la structuration de la table des matières et du résumé a été revue dans une logique de simplification et d’harmonisation entre les différents marchés domestiques. » En attendant de réconcilier les PME cotées avec la Bourse, ses promoteurs ont bon espoir d’attirer de nouveaux noms prochainement. « Cela fait de nombreuses années que nous n’avions plus recensé chez nos clients autant de projets d’IPO qu’aujourd’hui », confie Cédric Garcia. Parmi les candidats les plus crédibles figureraient quelques licornes, ces start-up de la tech valorisées au moins 1 milliard d’euros, conscientes des avantages offerts par la cote. « La cotation confère aux entreprises de multiples atouts, parmi lesquels une plus grande indépendance et un surcroît de visibilité qui participe à leur développement commercial, notamment à l’international, mais aussi à la fidélisation de leurs collaborateurs et à l’attrait de nouveaux talents », insiste en effet Aude de Lardemelle, qui perçoit d’ailleurs une éclaircie du côté des PME cotées.« Depuis le début de l’année, l’indice CAC Small a surperformé le CAC 40, un constat que nous n’avions plus observé depuis très longtemps. » La Bourse comme porte de sortie pour les fonds de private equity Le marché des IPO devrait aussi bénéficier d’un autre moteur. « Tandis que la part de sociétés détenues depuis plus de six ans par les fonds de private equity a atteint un niveau record en Europe, ces derniers sont aujourd’hui plus que jamais sous la pression de leurs LP pour réaliser des sorties,dont une partie pourrait passer par la Bourse », veut croire Mathieu Caron. Selon Preqin, 51,1 % des actifs aujourd’hui détenus par des fonds de private equity européens le sont depuis six ans et plus,contre 37,9 % en 2023 et 31,6 % en 2021. Or, historiquement, « environ 30 % des sorties des fonds de private equity se font via la cotation », rappelle David Muresianu, directeur actifs réels au sein de l’AFG. Pour ce dernier,il y a,quoi qu’il en soit, urgence à corriger le tir. « Les PME d’aujourd’hui représentent les ETI de demain. Si un chaînon en termes de financement vient à manquer, cela fragilise l’ensemble de l’écosystème. » Mais de l’avis général, rien ne changera véritablement sans un coup de pouce étatique. « Redonner de l’attrait aux petites et moyennes capitalisations passera nécessairement par des carottes fiscales », prévient d’emblée Philippe Cordier.C’est pourquoi les acteurs de la place de Paris,dans un « Manifeste pour un meilleur financement des entreprises par les marchés de capitaux » paru en mars, militent en faveur de l’instauration de mécanismes de fléchage de l’épargne vers les petites et moyennes capitalisations plus efficaces et d’un « Bonus IPO. » Celui-ci pourrait alors prendre la forme d’une exonération fiscale ou d’une subvention régionale sur les charges liées aux opérations d’introduction en Bourse et celles des deux premières années de cotation, ou d’un encouragement des investisseurs institutionnels à se mobiliser davantage sur ce segment. « Mise en place en Italie, cette mesure s’est traduite par un accroissement du nombre d’introductions en Bourse de PME », souligne Aude de Lardemelle. Entre 2020 et 2024, l’Italie a en effet enregistré 153 introductions en Bourse, dont 147 réalisées par des PME-ETI. Alors que la préparation de la loi de finances pour 2026 s’annonce périlleuse, l’intégration de telles dispositions à court terme apparaît néanmoins pour le moins illusoire.n Arnaud Lefebvre « Le cours des émetteurs qui se sont dernièrement cotés s’établit aujourd’hui le plus souvent bien en deçà du cours d’introduction, rendant potentiellement les augmentations de capital futures très dilutives. » Cédric Garcia, associé, conseil comptable et financier, IPO leader, EY France « Face à la faible liquidité des small & mid caps, de nombreux investisseurs ont décidé de sortir de ce segment de marché au cours des dernières années, ce qui a contribué à tarir un peu plus la liquidité. » Aude de Lardemelle, directrice générale, CDC Croissance ACTUALITÉ Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 10 Les hausses annoncées des budgets consacrés à la défense par les pays membres de l’OTAN pourraient profiter aux entreprises françaises. Selon une étude réalisée par le groupe SCET, filiale de la Caisse des Dépôts, l’atteinte progressive d’un niveau moyen de 3,5% du PIB consacré aux dépenses militaires, au sein des 5% de PIB affectés à l’ensemble du secteur de la défense, générerait 800 milliards de dollars de dépenses supplémentaires par an. Cela représente pour l’industrie française une opportunité de 30 à 45 milliards d’euros si elle conserve sa part de marché actuelle au sein de l’OTAN (10% à 12%). De plus, cette estimation ne tient pas compte du potentiel de croissance dans d’autres pays non-membres de l’alliance. Par exemple, l’Inde représente désormais le premier client de la France et d’autres Etats, notamment au Moyen-Orient ou dans la zone Pacifique, constituent un marché potentiel pour les entreprises tricolores. Cependant, la base industrielle et technologique de défense (BITD) tricolore atteint déjà un taux d’utilisation de 91 %. De plus, les entreprises françaises du secteur sont 31% à déclarer faire face à des problèmes d’approvisionnement, soit le double du reste de l’industrie. De plus, les sociétés de la défense sont confrontées à des difficultés de recrutements avec des besoins estimés entre 570 000 et 800 000 emplois supplémentaires d’ici 2035, qui ne peuvent aujourd’hui pas être comblés en raison d’un manque de main d’oeuvre et de la moindre attractivité des filières industrielles. Compta Mathilde 29 grandes entreprises dans le monde,notées par Fitch,sont susceptibles de perdre leur statut d’émetteur d ,Africa).Ces trois entreprises opèrent dans le secteur des utilities. Japon : une sortie de déflation qui se confirme Comme la plupart des pays, le Japon a connu une forte accélération de l’inflation de début 2022 à mi-2023, moment où la hausse des prix hors alimentation et énergie a dépassé 4 % sur un an. A l’image de ce qui s’est passé ailleurs, l’inflation a ensuite ralenti mais le Japon se distingue de la plupart des autres pays développés par une franche réaccélération depuis l’automne 2024. Après avoir touché 2 % en septembre dernier, l’inflation hors alimentation et énergie atteignait 3,3 % en mai dernier. Cette accélération s’explique en grande partie par les prix de l’alimentation transformée qui ne sont pas considérés comme « core » par la banque centrale. Corrigée de cette catégorie de produits, l’inflation reste toujours solide, à + 1,6 %, et ce alors même que les prix à l’importation ont nettement décéléré et affichent une baisse de 10 % sur un an. On observe en effet au Japon une dynamique toujours favorable des salaires. Les négociations annuelles sur les salaires, le Shunto, ont donné des résultats dans les bornes hautes des attentes. Ce dynamisme des salaires n’a pas empêché les marges des entreprises de s’améliorer significativement, ce qui montre qu’elles bénéficient d’un solide « pricing power ». Alors que la confiance des entreprises manufacturières est sur un bon niveau, mais qui n’a rien d’exceptionnel, celle des entreprises non manufacturières atteint un niveau inédit depuis le début des années 1990. Par conséquent, si la Banque du Japon continue de naviguer avec prudence dans le contexte international complexe actuel, entre menaces de droits de douane, variations de devises et volatilité du prix du pétrole, la direction à venir reste clairement celle d’une poursuite des hausses de taux. 23Mds€ Fortune mondiale Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée, Lazard Freres Gestion LE BLOG Réarmement : une opportunité de 30 à 45 milliards d’euros par an pour l’industrie française Option Finance Le Mensuel n°16 - Juin 2025 1 1 INTERVIEW équilibrer son budget) est de 90 dollars le baril… Les dirigeants saoudiens cherchent-ils à éliminer des concurrents ? C’est une possibilité.Voilà pourquoi la guerre en Iran laisse les marchés de marbre, ou presque. Les marchés ont-ils raison d’être confiants à ce point ? Ne sous-estiment-ils pas d’autres risques, comme ceux liés à la guerre commerciale ? Ils n’ont pas tort d’apprécier froidement la situation au MoyenOrient, en particulier les équilibres pétroliers. Au-delà de la question pétrolière, s’agissant de la politique économique des Etats-Unis, ils misent sur un effet TACO (Trump always chickens out) qui explique une grande part de leur optimisme :ils voient bien que Donald Trump est toujours prêt à reculer et à mettre de l’eau dans son vin dès que ses initiatives économiques inquiètent trop les investisseurs.Les marchés raisonnent comme s’il existait un « put »,une protection contre les aléas économiques, qu’il s’agisse des reculs deTrump,de la Fed qui peut venir à la rescousse – nous estimons d’ailleurs qu’une baisse des taux est envisageable cette année – ou de politiques budgétaires qu’il est toujours possible d’activer. Pourtant, la politique commerciale de Donald Trump va avoir des conséquences, à tout le moins sur l’économie américaine… Oui, ses effets vont se ressentir à partir du deuxième semestre. L’économie va ralentir, les résultats des entreprises vont s’éroder.On verra alors que les cours boursiers sont trop élevés. Si l’on ajoute les mesures fiscales envisagées contre les investisseurs étrangers (section 899 de la loi programmation budgétaire pluriannuelle),on peut effectivement considérer que l’optimisme des marchés est exagéré. Même si cette initiative fiscale est repoussée à 2026, comme on l’entend, elle va contribuer à alimenter l’attentisme des investisseurs étrangers, déjà important. Qu’il s’agisse d’investissements financiers ou de projets industriels aux Etats-Unis, le mot d’ordre vis-à-vis de l’économie américaine est :wait and see. n Propos recueillis par Ivan Best L a guerre avec l’Iran n’a, à ce stade, pas provoqué de réaction importante de la part des marchés. Un cessez-le-feu a été annoncé, mais la situation reste très instable. Les conséquences économiques pourraient-elles être plus lourdes qu’attendu, en particulier en cas de fermeture du détroit d’Ormuz ? La situation peut en effet étonner. De fait, deux puissances nucléaires – ou presque,s’agissant de l’Iran – s’affrontent,et les marchés n’en ont cure. Sous les 70 dollars le baril, le pétrole est proche des plus bas niveaux de ces derniers mois – bien loin des 130 dollars annoncés par certaines banques américaines en cas de conflit –, les actions américaines sont au plus haut… Faut-il voir là une certaine inconscience, alors que la fermeture du détroit d’Ormuz, autorisée par un vote du parlement iranien bloquerait en effet 20 % des échanges mondiaux de pétrole ? Toute la question est de savoir si le régime iranien est vraiment susceptible de passer à l’acte.En 1988,pendant la guerre avec l’Irak, les affrontements ont été très violents, avec 300 tankers bombardés dans la région. Et pourtant,le détroit d’Ormuz est resté ouvert. Aujourd’hui, l’Iran produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour, et en exporte 1,7 million via le détroit.C’est une ressource indispensable.Dans ces conditions,le fermer serait pour le régime iranien une façon de se tirer une balle dans le pied. D’autres exportateurs de pétrole seraient affectés, comme l’Arabie saoudite, mais la première victime serait l’Iran. En outre, cette fermeture serait une ligne rouge pour les Etats-Unis. Le gouvernement américain ne cherche pas nécessairement,aujourd’hui,un changement de régime en Iran. Ce serait sans doute le cas si cette arme économique était utilisée. Enfin, même si le détroit était bloqué, les exportations qui y transitent ne sont pas prioritairement destinées à l’Europe :elles partent surtout vers la Chine. L’Europe s’alimente désormais en gaz LNG venant des Etats-Unis… Plus généralement, le marché pétrolier apparaît aujourd’hui structurellement excédentaire. Il est en surcapacité, avec une Arabie saoudite qui n’hésite pas à augmenter sa production, au risque de faire baisser les prix, alors que son « break-even » (le prix pour Jean-François Robin, global head of research chez Natixis CIB «Les marchés ont raison d’analyser froidement la situation au Moyen-Orient» « Le marché pétrolier apparaît aujourd’hui structurellement excédentaire »
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