SCIENCE ET VIE n°1294 - Page 2 - 1294 J u i l l e t i 20 25 i S V i 3 L’ÉDITO Marion Lubac mlubac@reworldmedia.com Et la lumière chut Passagers bloqués à côté des trains, foules entassées dans les aéroports, piétons avançant à tâtons dans d’obscures ruelles… Les images du récent black-out en Espagne impressionnent. Mais plus encore, elles questionnent: ce phénomène pourrait-il devenir de plus en plus fréquent? Qu’est-ce qui a bien pu le déclencher? Devrait-on repenser notre rapport à l’électricité? Nous nous sommes plongés dans le noir total afin d’y voir un peu plus clair… Il y a des dossiers, comme ça, qui donnent une bouffée d’espoir. Alors que les derniers mois furent violents de technologie –pollution folle des IA, métiers investis par les générateurs de texte, cognition mise à mal par trop d’écrans…–, au point que notre rapport aux machines peut en avoir été ébranlé, nous avons décidé de mettre en lumière trois d’entre elles, qui se tiennent loin de tout vacarme, à plus de 200 millions de kilomètres d’ici. Avec plusieurs années d’existence au compteur, elles sont déjà complètement dépassées… Mais ce que ces machines ont réalisé, ce qu’elles ont vu, dépasse l’entendement. Leurs héritières seront bien plus hightech, elles seront bourrées de ces IA dont l’usage à tort et à travers peut insupporter. Et elles nous offriront pourtant des récits où le meilleur de l’humanité et de la robotique sont alliés, à l’instar de celui publié dans ce numéro: l’exploration pure de la planète Mars, loin des délires de certains. De quoi nous réconcilier avec les robots –Mel Gibson, dans un certain film, leur dédierait un slogan publicitaire: dans leurs yeux, pas de petits jeux, que de la science. Mars en été Voici venue la saison des chaudes soirées à observer le ciel. Peu après le coucher du soleil, jetez un œil à gauche de la Lune, voyez ce petit point orangé… Mars! Songez qu’au même moment, là-haut, à plus de 200 millions de kilomètres de nous, deux de nos émissaires crapahutent dans les sables rouges et glacés, et agrandissent le corpus de connaissances de l’humanité. À rebours de l’obsession d’envoyer des hommes y planter un drapeau, nous vous racontons l’épopée martienne vue par les robots. Benoît Rey brey@reworldmedia.com PORTRAITS : MARINE TUMELAIRE Thomas Cavaillé-Fol tcavaille@ reworldmedia.com OFFRE SPÉCIALE ÉTUDIANTS ET ENSEIGNANTS ABONNEZ-VOUS DÈS MAINTENANT En quelques clics, profitez sans tarder de votre version numérique en scannant le QR Code! I S V I J u I l l e t I 20 25 4 Sommaire Sommaire L’actu des sciences 14 En image On a tatoué des tardigrades… 18 Grand angle Nos neurones sont plus complexes que prévu; la plus ancienne fourmi jamais découverte… 22 3 découvertes sur… le rythme chez les chimpanzés 30 Data Le nombre de débris spatiaux atteint un stade critique 32 Focus L’étau se resserre sur la masse du neutrino 34 Et ça nous fait du bien! Notre sélection d’actus qui font sourire Science & société 36 ENQUÊTE Black-out: faut-il avoir peur du noir? 44 Retour sur image Le jour où l’édition du génome a servi à soigner un bébé 46 Entretien croisé Quitter le réseau social X: une fausse bonne idée? 48 Data Les régions où il y a le plus de tornades en France 50 Tendance L’urgence des médicaments biodégradables 54 Les clés pour comprendre… le captage industriel du CO2 56 L’étrange affaire… de l’arbre insensible à la foudre 58 En débat Faut-il réguler le soja dans l’alimentation? 60 Carte blanche L’éthologue Cédric Sueur 62 Futur Il y aura des toits solaires aériens; les bateaux seront équipés d’une voile gonflable… 68 Il y a pile… 100 ans, 50 ans, 25 ans dans Science&Vie 06 Forum 16 Tardigrade tatoué Juillet 2025 n°1294 34 Risque-t-on un black-out? ADAPTED FROM NANO LETT. 15, 6168–6175 (2025) - FERMIN RODRIGUEZ/NURPHOTO/AFP - NASA/JPL-CALTECH/MSSS - DENIS PALANQUE/HÉMIS.FR - JAMES KING-HOLMES/SPL. COUVERTURE: NASA/JPL-CALTECH/MSSS J u i l l e t i 20 25 i S V i 5 Les dossiers 90 Biochimie Gare aux bactéries miroirs! 96 Écologie Tourbières: et si on en cultivait? 102 Informatique Ordinateurs: ils comprennent enfin quelque chose aux maths! 108 SCIENCE & FICTION Jurassic World C’est dans nos vies 115 Technofolies 118 En pratique 120 À voir,à lire 122 Questions/Réponses 128 Mots-croisés 130 Bulle de science 40 avenue Aristide Briand, CS 10024, 92227 Bagneux Cedex.Tél.: 01 46 48 48 48 - Fax: 01 46 48 48 67. E-mail: svmens@reworldmedia.com. Recevez Science & Vie chez vous. Vos bulletins d’abonnement se trouvent pp.95 et 127. Pour commander d’anciens numéros, rendez-vous sur www.kiosquemag.com. Vous pouvez aussi vous abonner par téléphone au 01 46 48 48 96, ou par internet sur www.kiosquemag.com. 96 Cultiver des tourbières 122 Datation au carbone 14 À la une 70 Mars dans les yeux des robots L’époustouflant périple de Curiosity et Perseverance, qui nous révèlent la Planète rouge comme jamais. Le point sur les missions martiennes. I SVI J u I l l e t I 20 25 6 Merci d’adresser vos courriers à: sev.lecteurs@reworldmedia.com encore plus fort avec cinq semaines par an, puis six, sept, etc. À la rédaction, nous avons notre idée, et allons de ce pas proposer à des chercheurs d’investiguer –pour une raison de santé publique, bien entendu! Forum On ne peut sans doute pas attraper le temps, mais on peut le prendre –en ce moment, je prends le temps de vous écrire. Et je vous souhaite d’ailleurs de prendre du bon temps! René Duval, Dole (39), à propos du n°1288, p.70 VACANCES VITALES Anthony Laroche, Marseille (13) SV & Alexis Mallet, Toulouse (31) Dans votre article sur les grands requins blancs, vous expliquez que la disparition des superprédateurs a des répercussions néfastes sur le vivant. Mais quid de l’humanité? Si nous disparaissions, le vivant en souffrirait-il? Vraiment? LE PLUS SUPER DES SUPERPRÉDATEURS Jolie remarque, les conséquences positives d’une disparition de l’humain de la Terre sont rarement envisagées! Pourtant, notre impact sur les écosystèmes est inégalé: nous avons largement transformé les paysages et le comportement de nombreuses espèces. SV & de 21 jours calendaires de congés par an avaient un risque 37% plus élevé de décès prématuré. Et que le mieux, pour la santé, serait de les espacer dans l’année. Las, ces chercheurs ne sont pas allés vérifier si cet effet vital des vacances était Très instructive, votre enquête sur les vacances scolaires. Hélas, je ne suis plus à l’école depuis belle lurette et me pose donc cette question: ai-je assez de vacances, moi et mes cinq maigres semaines de congés payés? Que dit la science? Ne faudrait-il pas les augmenter –pour une raison de santé publique, bien entendu. par an, tant leurs effets sur l’humeur et la santé sont variés : diminution du stress, allongement du temps de sommeil, réduction de la sédentarité, du risque cardio-vasculaire… Mais aussi parce que les bénéfices des jours travaillés –sur la vie sociale, par exemple– sont à prendre en compte! Reste que des chercheurs finlandais ont posé une limite minimale: trois semaines. En suivant des travailleurs sur plusieurs années, ils ont constaté que ceux qui prenaient moins Difficile d’estimer un nombre idéal de jours de vacances J u i l l e t i 20 25 i SVi 7 La plus grande force de l’humanité Lire votre dossier “Réarmer l’Europe” (n°1293, p.66) a été pour moi une émotion sans limite, à la mesure de ce qui y est décrit: un effrayant héritage de notre génération pour celles à venir. La folie des humains s’inscrit en plein dans ces armes, qui, en quantité et en sophistication, font avancer toujours plus l’humanité vers sa destruction. Il est plus que jamais temps de reciter Gandhi: “La non-violence est la plus grande force à disposition de l’humanité. Elle a plus de puissance que la plus puissante arme de destruction créée par le génie humain.” [Citation traduite de l’anglais, ndlr] Hervé Smith, Bourg-Saint-Maurice (73) Ainsi, sans nous, “beaucoup d’animaux domestiques ne survivraient pas dans leur forme actuelle, remarque Cédric Sueur, éthologue à l’université de Strasbourg. Les espèces strictement dépendantes, comme des bactéries qui nous sont propres, pourraient tout bonnement disparaître.” Le monde sauvage s’en tirerait sûrement mieux, mais traverserait tout de même une période de bouleversements liés à la soudaine levée de toute pression humaine sur les milieux. À moins qu’il ne soit confronté à des cataclysmes engendrés par l’arrêt soudain de notre surveillance de certains sites sensibles –une centrale nucléaire abandonnée en fonctionnement, par exemple. C’était en juin 2022: nous partions en quête de l’anomalie qui a permis à la matière, dont nous sommes composés, de gagner son combat contre l’antimatière. Selon la théorie, en effet, les deux entités ont été créées en même quantité lors du big bang et auraient dû s’annihiler totalement –force est pourtant de constater que nous existons! Les scientifiques fouillent donc le monde physique à la recherche d’une asymétrie matière/antimatière, et pour la toute première fois, l’expérience du LHCb, au Cern, en a déniché une chez un baryon –une particule composée de trois quarks, comme le neutron et le proton: le baryon b0 se désintègre préférentiellement en particules de matière plutôt que d’antimatière. “On court après cette preuve depuis 1964!” se réjouit Stéphane Monteil, du Laboratoire de physique de Clermont Auvergne, qui a participé à cette découverte. Depuis cette date, nous savons que les mésons, composés de deux quarks comme les bosons, se désintègrent plutôt en particules qu’en antiparticules, mais la preuve manquait pour les baryons. La suite? Découvrir comment la tendance pour la matière survient. “Le modèle standard semble être court pour expliquer l’asymétrie particules/antiparticules dans l’Univers, ajoute le chercheur, cette découverte va nous pousser à explorer de nouveaux territoires.” Évrard-Ouicem Eljaouhari L’ASYMÉTRIE MATIÈRE/ ANTIMATIÈRE OBSERVÉE CHEZ UN BARYON! M.TUMELAIRE On en reparle I SVI J u I l l e t I 20 25 8 Laurent Weiss, Jean Martinon, Fabien Demaizière et Denis Bernard nous font remarquer qu’un aéroport prévoyant 123 vols et 1,3 million de passagers par jour (n°1293, p.58) devra disposer de très gros avions! Il s’agissait de 1,3 million par an –toutes nos excuses pour cette coquille volante. Le coupable est condamné à mettre en plan l’énorme engin issu de son erreur –taille, poids, capacité, puissance nécessaire, temps pour servir tous les plateaux-repas… Facilitons-lui la tâche: une personne en correspondance compte pour deux passagers. Erratum Gérard Van Vooren (internet) à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni. Concrètement, comment cela se passe-t-il? L’étude de l’intrication quantique par la physique attoseconde, de la mémoire des ions et du comportement des vagues d’électrons, toutes trois abordées dans notre dossier, sont permises par la technique pompe-sonde, qui consiste à envoyer deux impulsions lumineuses: la première pour initier la dynamique, la seconde pour observer le résultat. Du fait de cette dernière, “il n’est pas possible d’enchaîner avec deux nouvelles salves, explique le scientifique. L’expérience doit être reprise depuis le début et être répétée des millions de fois.” Heureusement, la majeure partie est automatisée –il faut rarement plus d’une seconde pour qu’une mesure soit prise. Reste que mises bout à bout, ces secondes d’expériences deviennent rapidement des semaines, voire des mois… Dans l’introduction de votre récent dossier sur le monde quantique (mai 2025, n°1292, p.72), vous expliquez que la superposition d’un objet s’effondre lors de sa mesure. Puis vous décrivez plus loin des techniques permettant d’observer des objets quantiques sans perturber leur état! N’y a-t-il pas une incohérence? OBSERVATION, EFFONDREMENT, ET AINSI DE SUITE… SV & Il n’y a pas d’incohérence, mais vous mettez le doigt sur une belle caractéristique des expériences menées dans ce monde de superposition et autres intrications! La phase d’observation des travaux perturbe bel et bien le système ciblé, qui perd sa nature quantique… Et les chercheurs doivent donc tout recommencer à zéro! “C’est l’une des raisons pour lesquelles ces expériences sont si fastidieuses”, souligne Andrey Poletayev, physicien Dans le numéro de mai 2024 (n°1280, p.108) nous vous présentions de nouveaux matériaux à l’état magnétique inédit: les alteraimants, à mi-chemin entre les matériaux ferromagnétiques –qui s’aimantent sous l’effet d’un champ magnétique– et les antiferromagnétiques –qui ont une aimantation nulle. Depuis la découverte de l’altermagnétisme par Libor Šmejkal, aujourd’hui à l’université de Dresde, en Allemagne, les publications pleuvent pour comprendre ce que ce nouvel état de la matière peut offrir. Et voilà que le physicien ouvre un peu plus encore ce champ de recherche, via la découverte d’une toute nouvelle classe d’alteraimants: les multiferroïques. “En plus des propriétés altermagnétiques, ces matériaux sont aussi ferroïques, c’est-à-dire qu’ils possèdent une polarisation électrique spontanée”, décrit le chercheur. Or cette dernière peut être modifiée par application d’un champ électrique: les alteraimants multiferroïques sont donc des matériaux “commutables”, on peut jouer avec leurs propriétés. “Jusqu’à présent, nous avons découvert 44 alteraimants multiferroïques, révèle Libor Šmejkal. Et nous essayons de voir s’il serait possible de les utiliser pour un type de stockage mémoire qui consommerait moins d’énergie que les actuels.” E.-O.Eljaouhari DE NOUVEAUX ALTERAIMANTS ONT ÉTÉ DÉCOUVERTS M.TUMELAIRE On en reparle I SVI J u I l l e t I 20 25 10 Galaxie DR - M.TUMELAIRE Giliane Douls pour le marketing Science&Vie L’INCUBATEUR SCIENCE&VIE ÉTAIT PRÉSENT À Cette année encore, nous étions partenaires de ChangeNow, un événement lors duquel étaient présentées de nombreuses innovations pour répondre aux grands défis environnementaux et sociaux de notre époque. À cette occasion, 40000 participants et 10000 entreprises étaient réunis dans l’enceinte du Grand Palais, à Paris. Les start-up de notre Incubateur ont ainsi pu exposer leurs projets sur notre stand. Notamment Bioteos, issue de notre partenaire Pépite, qui développe une solution innovante à base de microalgues dont le but est de purifier l’air intérieur. Smart Kaps a aussi présenté ses billes écoresponsables qui transforment l’eau plate en eau gazeuse. De quoi réduire drastiquement l’usage des bouteilles en plastique. Octave Lory, grand gagnant du concours Innovez 2024 de Science&VieJunior, est également venu présenter son invention: le CuistoVoice, un assistant culinaire basé sur une IA qui explique comment réaliser des recettes en utilisant des produits locaux et de saison. De beaux projets que certains abonnés (photo à g.) ont eu la chance de découvrir avec une visite guidée immersive. Enfin, Danielle McCaffrey, notre nouvelle directrice des rédactions et océanographe de formation, a animé une conférence sur le thème “Algues vertes, où en est-on?”. À ses côtés, deux experts: Philippe Potin, directeur de recherche CNRS à la station biologique de Roscoff, et Jérémy Lucas, fondateur de Paradoxal Surfboards, une entreprise qui recycle des algues échouées en planches de surf écologiques. AVIS À NOS ABONNÉS! N’hésitez pas à nous communiquer vos adresses mail pour profiter de vos avantages lecteur! VOLER AUTREMENT La révolution aéronautique a pris son envol. C’est tout un monde, scientifique, économique et industriel, conscient des impératifs climatiques désormais incontournables, qui se repense pour surtout ne jamais renoncer à voler. Ce hors-série vous embarque dans cette belle aventure. S&V Hors-Série n°320, 5,95 € POURQUOI ON COMPTE? Mon Petit Science & Vie avec Nano lance son hors-série! Cet été, plonge dans le monde des chiffres. Nano et ses amis t’expliquent pourquoi et comment on compte, à travers des histoires, des jeux et des activités, pour faire le plein d’infos tout en t’amusant. Alors, 1, 2, 3, prêt? Comptez! Mon Petit S&V Hors-Série n°1, 5,95 € SUIVEZ LE GUIDE! Pour cet été, Les Cahiers ont sélectionné 45 balades archéologiques, du Paléolithique aux deux guerres mondiales, afin d’arpenter le territoire autrement, en solitaire ou en famille. Voir non plus seulement ce qui subsiste, mais ce qui a été vécu. On vous souhaite un bon voyage dans le temps. Les Cahiers de S&V n°223, 6,90 € ATTENTION, ÇA PIQUE! Ce mois-ci, pars avec Nano et ses amis à la découverte des animaux, des plantes, des aliments et des objets qui piquent, comme le hérisson, le cactus, le piment ou l’aiguille des seringues. Comment piquent-ils et pourquoi? Nano et ses amis répondent à toutes tes questions! Mon Petit S&V n°48, 5,95 € FANTASTIQUES FOURMIS Des minus, les fourmis? En individuel, elles ne font pas le poids face à un humain. Mais, toutes ensemble, elles sont plus efficaces que nous: pour bâtir et organiser des “cités” complexes, tracer des routes, faire tourner des fermes… Rencontre avec ces insectes de génie. S&V Junior n°430, 5,30 € LA SCIENCE DE LA TRANSPARENCE Peux-tu devenir invisible? Pour cela, il faudrait laisser la lumière te traverser! Alors comment faire? Et si tu avais la cape d’invisibilité de Harry Potter? Ce sera peut-être pour bientôt: des scientifiques travaillent à l’inventer! Science&Vie Découvertes mène l’enquête. S&V Découvertes n°319, 5,90€ Forum I SVI J u I l l e t I 20 25 12 Ce cliché de 1 mm3 de cerveau de souris reconstitué en 3D montre l’activité d’environ 75000 neurones. L’actu des sciences j u i l l e t i 20 25 i SVi 15 Un morceau de cerveau de la taille d’un grain de sable, mais une véritable galaxie de synapses: voilà à quoi ressemble la carte 3D de 1 mm3 de cerveau de souris reconstituée numériquement par les chercheurs du projet Microns. Elle figure 200000 cellules –dont environ 75000 neurones– et 523 millions de connexions nerveuses! “Ce n’est rien de moins qu’un ‘jumeau numérique’ d’un cerveau de souris, permettant de prédire sa FORREST COLLMAN, ALLEN INSTITUTE VOICI LA CARTE 3D D’UN BOUT DE CERVEAU DE SOURIS NEUROSCIENCES réponse neuronale à n’importe quel stimulus”, résume Nuno Maçarico da Costa, chercheur associé au projet. Démarré en 2017, ce travail de cartographie a nécessité la découpe de 25000 tranches ultrafines de cerveau du rongeur, la prise de 100 millions de clichés et le secours de l’IA pour relier 5 km de réseaux de câbles cérébraux. Il est loin d’être terminé: “Il nous faudra une décennie de plus pour reconstituer le cerveau entier, cellule par cellule”, souligne le chercheur. L’équipe a aussi pour projet de cartographier l’organe humain – un chantier plus titanesque encore. Mais en attendant, ce petit bout de carte va déjà aider de nombreux scientifiques dans leurs recherches et explorations: “Les données incluent chaque vaisseau sanguin et chaque organite, ce qui ouvre la voie à d’innombrables applications”, assure Nuno Maçarico da Costa. V.F.
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