TECHNIKART n°263 - Page 9 - 263 StephanieGilmore–SallyFitzgibbons–KellySlater 123 rue vieille du temple, 75003 Paris legramme.com P.5 Numérodeux-cent-soixante-trois INSIDERP.11 LESRAMOLLOS SAUVERONT-ILSLEMONDE? SAMIOUTALBALI LESÉMOJISPRÉFÉRÉS DESCONNARDS COMMENTCHOPERUN PRIXLITTÉRAIRE? TEST:ÊTES-VOUS LEO-SEXUEL? AUDEWALKER LESANARSDELA BLOCKCHAIN LANUANCE,UNTRUC DEVIEUXCON? Kool Shen by Eddy Brière MAGAZINEP.38 GRANDDOSSIER: LASUPRÉMATIEDELA CULTUREHIP-HOP COVERSTAR:KOOLSHEN MARIEJARDILLIER 99FRANCS,LEFILM PHOENIX BRUNOPATINOBYBURGALAT COLLECTORP.71 APMMONACO LECERCUEILÉCOLO LEBENTODELARÉDAC' LAVIECACHÉEDES MONTRES NIVADA KEF SELECTORP.89 MUSIQUE,CINÉMA,LIVRES, ART... SOMMAIRE — OCTOBRE 2022 @technikart_mag OURS 9RUEMANDAR•75002PARIS WWW.TECHNIKART.COM Kool Shen by Eddy Brière pour le Technikart Creative Studio Total look Giorgio Armani @laurenceremila RÉDACTIONENCHEF RÉDACTEURENCHEFLaurenceRémila RÉDACTIONENCHEFTECHNIQUEViolaineEpitalon CONTACTRÉDACTIONinfo@technikart.com CRÉATIONARTISTIQUE DIRECTIONARTISTIQUEAlexandreLasnier GRAPHISTEKenzoLauriat CHEFSDERUBRIQUE MUSIQUELouis-HenrideLaRochefoucauld CINÉMAMarcGodin LIVRESBaptisteLiger,JacquesBraunstein CAHIERCOLLECTORMargotRuyter POLITIQUEBertrandBurgalat ARTMathildeDelli ÉCRIVAIN-AT-LARGETomConnan,OscarCoop-Phane CHRONIQUESSacha&Augustin,ThomasPorcher GRANDSEIGNEURSergeAdam,ManuMariani SIGNATURESEulalieJuster,Jean-BaptisteChiara,MathisRaymond, AlexisLacourte,JulieGranger,EveCohen,GabrielleLangevin,PierreAlexandrePestie,SoisicBelin,JulioRémila,AntoninGratien,Léonard Desbrières,RaniaHarrath,SébastienBardos PHOTOGRAPHESAnaëlBoulay,JulienGrignon,EddyBrière,Florian Thévenard,Yagiza-studio,ArnaudJuhérian,EmmaBirski,FocKan,Chloé Claverie,CécileCollange,GillesPetipas,Koria ILLUSTRATEURNi-van TECHNIKART.COM DIGITALSTRATEGYOFFICERJulienArparin jarparin@technikart.com FILMSGregKozo MOTIONDESIGNKenzoLauriat WEBMASTERSimonL. ADMINISTRATION LaurenceGaubertlgaubert@technikart.com COMPTABILITÉcomptayakart@gmail.com ÉDITEUR&DIRECTEURDELAPUBLICATION FabricedeRohanChabot fchabot@technikart.com PUBLICITÉ&OPÉRATIONSSPÉCIALES DIRECTEURArnaudLaborey alaborey@technikart.com TechnikartestéditéparlaSASYAKARTaucapitalde270.000euros. 9rueMandar,75002Paris(RCS817493216)N°Issn:1162•8731. N°deCPPAP:0225K86821 Dépotlégal:àparution.Commissionparitaireencours ImpriméenFranceparImprimerieLéonceDeprez Lemagazinedéclinetouteresponsabilitéquantauxmanuscritsetphotos quiluisontenvoyés.Lesarticlespubliésn’engagentquelaresponsabilité deleursauteurs.Tousdroitsdereproductionréservés. TECHNIKARTSERVICEABONNEMENT 0344625263Pours’abonner,seréabonnerouchangerd’adresse,écrivez à:abo.technikart@ediis.frourendezvoussurTechnikart.comrubrique abonnements Lesabonnementparchèquessontaenvoyerà: TechnikartserviceabonnementBureauB1412,60643ChantillyCedex ABONNEMENTSPOURLASUISSE: abonne@edigroup.ch022/3484428 ABONNEMENTSPOURLABELGIQUE: abobelgique@edigroup.org070/23 TECHNIKARTCANALHISTORIQUE FONDATEURSFabricedeRohanChabot,RaphaëlTurcat, GuillaumedeRoquemaurel GRANDSEIGNEUROlivierMalnuit† Prixdeventeexport:BE/LUX/GR/IT4.90€-UK4£-Maroc50MA-Suisse 7CHF;DOM:4.5€-TOM:800XPF;Canada10.99$Cad PROCHAINNUMÉRO:NOVEMBRE2022 ÉDITO LE MONDE DE DEMAIN ? Laurence Rémila Rédacteur en chef laurenceremila@technikart.com Dans le doute, réécouter NTM, toujours. Alors que cette rentrée se poursuit dans le foutoir le plus total (lorsqu’on est gouverné par des gugusses convaincus que le port du col roulé va nous sauver cet hiver, autant s’attendre au pire), on pose leur premier, Authentik, sur la Rane du bureau. Allons-y pour « Le Monde de demain », morceau aux samples bien Wu-Tang (louons ici les prouesses sonores de DJ S) niché sur la face B de l’album.On est bien en 1991.La prod’est assurée,le flow se cherche encore,et les lyrics versent dans le « conscious » (comme disaient les Ricains à l’époque) : « Pur produit de cette infamie, Appelée la banlieue de Paris, Depuis tout jeune je gravite avec le but unique, D’imposer ma présence ». Quant au refrain, plein de bravache, il se révélera prémonitoire : « Le Monde de demain, Quoiqu’il advienne, Nous appartient… » Trente ans après, si le monde n’appartient pas encore tout à fait aux grands noms du hiphop, ça y ressemble méchamment. Qu’il s’agisse des titres les plus écoutés des plateformes, des fictions ciné ou télé (Suprêmes l’an dernier, la série rétro-smart Le Monde de demain ce mois-ci) ou des front-rows des défilés fashion-week du luxe, les premières places sont désormais réservées à ses acteurs. « Le monde d’aujourd’hui est peut-être sous l’influence de la culture que nous représentions », nous avouera notre cover-star, l’ultra-lucide Kool Shen, aujourd’hui champion de poker et acteur confirmé (pour preuve, matez sa perf’dans la série Syndrome E). Entre deux taffes sur un joint de compét’,il ajoute : « C’est aussi le hip-hop qui a changé profondément ».Avant de constater, en évitant les jugements trop hâtifs : « Nous les artistes, on a toujours été le fruit de notre environnement. Et aujourd’hui, on est dans une époque ultra-individualiste, obsédée par l’argent et la frime. Normal que la musique s’en ressente ». Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, un certain Pharrell Williams reçoit le Financial Times pour promouvoir Joopiter, l’app de VPC perso qui va lui permettre de faire du tri dans son dressing. (Eh oui, o tempora o mores.) La journaliste ne peut s’empêcher de demander à cet as du tube ce qu’il pense de la mainmise du hip-hop, jadis culture des marges, sur le mainstream d’aujourd’hui.« Je trouve dommage que ça ait été si long, c’est tout.» Fermez le banc ? Si vous préférez plutôt imaginer la suite,rendez-vous dans notre dossier. Bonne lecture,on se retrouve dans un mois. PS :Nous sommes heureux et fiers de vous proposer des places pour aller voir Jean-Michel Jarre live,soit au Palais Brongniart,soit dans le métavers.On se retrouve page 89 de ce numéro ? L’ÉMERGENCE DES POSSIBLES TOUTDOUX_ Crocsàdoublure,pullmoumoute etbestiolesàpoils,l'hiver s'annoncesupra-mollasson. LES RAMOLLOS SAUVERONT-ILS LE MONDE ? SAMI OUTALBALI LESÉMOJISPRÉFÉRÉS DESCONNARDS COMMENT CHOPER UN PRIX LITTÉRAIRE ? TEST : ÊTES-VOUS LEO-SEXUEL ? AUDE WALKER EN FINIR AVEC LE QUINQUA À CASQUETTE LES ANARS DE LA BLOCKCHAIN ... L'ACCÉLÉRATEUR — L'AVANT-TENDANCE, C'EST MAINTENANT « Quelque chose de la mollesse est plus accepté aujourd’hui. Car être mou, c’est une façon de résister à l’accélération du monde, de dire qu’il y a d’autres manières d’être, surtout avec soi-même, et en dehors du flux continu qui nous emporte. J’ai pris les meilleures décisions de ma vie quand j’étais molle », explique Géraldine Mosna-Savoye, auteure de La Force du Mou (L’observatoire). Après lecture de cet ouvrage, sorte d’éloge de l’anti-matière intellectuelle qu’est la mollesse, il nous est apparu qu’un nouveau mou-vement était en marche, qui touche aussi bien à nos fors intérieurs qu’à la société dans son ensemble : le grand relâchement.Mais que nous arrivet-il encore ? Si l’on a tendance à mieux accepter les coups de moinsbien, on serait même en passe d’ériger la glandouille en nouveau dogme : pour preuve, la dernière campagne Crocs (voir la photo d'ouverture) ; le boom du casual-wear pour la maison (pratique pour le télétravail, mais pas que) ; ou encore les « quiet-quitters » érigés en héros. Dans ces conditions, le ramollo, l’indéterminé, le flexible, l’adaptable, le mou, peuvent être perçus comme des réponses quasi viscérales, instinctives, et bienvenues, à la surchauffe de nos caboches. « Quand on est en jogging, on est soi-même. Être mou, c’est une sorte de bulle de suspension, qui arrête le cours des choses, où on se déconnecte d’un monde surinformé, trop rapide, trop dense. Dans ces moments de rêvasserie, on pense à tout et à rien, et quelque chose de nous-même se construit. » Et ce grand relâchement productif est visible bien au-delà de nos coups de mou assumés, de nos soirées cocooning – quelle horreur – ou du droit à la paresse invoqué par l’inarrêtable Sandrine Rousseau. CASUAL INSTAGRAM & PYJAMAS Côté boulot, si la grande démission a fait beaucoup parler d’elle, c’est au tour de son petit frère, moins radical, plus mou, d’inquiéter les patrons du MEDEF. Le quiet quitting, ou la tendance à ne faire que le stricte minimum au burlingue – peut-être l’exemple le plus évident qu’un grand relâchement est en cours. On a également vu le monde de l’influence résister aux injonctions à la perfection, et adopter le laisser-aller en créant le casual Instagram. Il s’agit de donner l’impression qu’on se fout de ce que pensent les autres. Terminé les filtres et les posts léchés, bonjour la décontraction, les photos random et un peu floues – la mollesse éditoriale. Notre spécialiste avoue d’ailleurs être « hyper-admirative des gens qui se disent “je ne suis pas con, je le sais, et je me fous de ce que les gens pensent de moi”, c’est une force. » Et cette tendance je-m’en-foutiste n’est pas venue seule, elle s’accompagne d’un style vestimentaire, le loungewear, érigeant le jogging et les pantoufles-moumoute en nouveau hip. Les catwalks pourraient donc bientôt être envahis de pyjamas en soie. Même les jeux-vidéos, l’activité préférée des glandeurs en jogging, tend à ralentir. La tendance n’est plus aux jeux de combat, mais plutôt aux simulations de train, d’aviation ou de pêche, en mode lenteur extrême. SITUATIONSHIP & SMOOTH RAP Et après une bonne journée de quiet quitting en pyjama à faire des selfies 0.5 devant Train Simulation 3, on écoute quoi ? Du smooth rap bien sûr. Plus chill que jamais, ce nouveau rap venu de chez nos amis québécois se veut, à l’image des Canadiens,aussi léger que consensuel.L’époque serait donc à l’entre-deux, à l’indécision molle. On le remarque également côté amour, où l’on parle désormais de situationship : une relation amoureuse sans pression, sans savoir où ça ira, quelque chose de non-défini… d’un peu mou, malléable, mais qui dure. Même du côté militantisme, on privilégie la mollesse à l’action. On le voit avec le mouvement britannique Don’t Pay UK, qui incite à arrêter de payer ses factures d’énergie, ou encore avec les techniques de militants écolos, qui s’allongent au sol pour devenir des crêpes humaines, rendant l’intervention des flics difficile. Encore une fois, la mollesse comme moyen de résistance… Et on ne vous parle même pas du goût prononcé des Français pour la kétamine, cet anesthésiant pour chevaux qui vous envoie dans le coton… Bref, tout vire au mou, et ce sera peut-être pour le meilleur. Soft-ci, soft-ça, smooth-machin, truc-light… Alors que ce monde perfusé à l’Internet tourne à la vitesse de la lumière, un phénomène de ralentissement, voire de ramollissement, semble également se propager dans la société, pour le pire comme pour le meilleur. Quiet quitting, casual Instagram, droit à la paresse, situationship… Aurait-on trop longtemps sous-estimé la puissance du mou ? Par Jean-BaptisteChiara P.12 — TECHNIKART N°263 RAMOLLO, LEKIT AFIN DE VOUS PRÉPARER AU GRAND RELÂCHEMENT, VOICI TROIS MOLLASSONNERIES POUR VOTRE PROCHAIN WEEKEND AVEC VOUS-MÊME. Qu’estcequiinspireplus lemouqu’unevidéode chaton?ÀpartFrançois Hollande,pasgrand chose…GrâceàStray, lenouveaujeu-vidéode simulationdanslequel vousincarnezunpetitchat toutmignon,vouspourrez enfinvousplongerdans cetteviederonronnement etdemollessedontvous aveztoujoursrêvé.Miaou! INCARNERMINOU Aprèsunechronique remarquéesurFrance Cultureàproposdeson amourpourlejogging, GéraldineMosna-Savoye s’estditqu’ilyavaitunfil àtirer.Elleadoncplanché surcebouquinréhabilitant lemou.OnyparledeHegel etdesonanalyseducaca, denotreamourpourles pâtisseriesmolles,ou encoredepolitiqueàla mozzarella.Àlire. LIRE LAFORCEDUMOU Pourquois’emmerderà s’habiller,sepréparer,pour allerbosserauburlingue etfeindreuneamitiéavec voscollèguesdebureau, alorsquevouspourriez toutsimplementtravailler allongé,depuisvotrelit ? Grâceauplumardpour télétravailleurs,imaginépar ledesignerportugaisJoão Teixeira,c’estmaintenant possible.Alors,pourquoi s’enpriver? BOSSERALLONGÉ 261, boulevard Raspail, 75014 Paris fondationcartier.com MirdidingkingathiJuwarndaSallyGabori,Nyinyilki–MainBase,2009.Collectionprivée,Adélaïde,Australie.©TheEstateofSallyGabori/Adagp,Paris,2022.Photo©SimonStrong. À l'affiche de Novembre, Sami Outalbali y incarne un flic de la sous-direction anti-terroriste pendant la nuit des attentats du 13 novembre 2015. On a voulu en savoir plus sur ses autres rôles… Par GabrielleLangevin Photo JessieCraig(Netflix) Il est d’accord et te félicite même s’il n’en a rien à faire de ta dernière tenue Zara. D’ailleurs, il a répondu la même chose la dernière fois que vous vous êtes embrouillés au sujet de ta meilleure amie enceinte. Next ! Cestextosflanquésdepictos sympatochesvousrendentchèvre? Etvousdonnentl'impressionqu'onse foutdevous?C'estpeut-êtrelecas. LES ÉMOJIS PRÉFÉRÉS DES CONNARDS C’était soit ça, soit « Oupsi ». Et parfois, quand vraiment c’est trop osé, c’est les deux qu’il envoie juste après avoir écrit un truc dégueulasse qu’il fait style de ne pas assumer, mais qu’il assume entièrement – et il espère, secrètement, que toi aussi. POUCEENL'AIR LEPLUSFLEMMARD SAMI OUTALBALI, VEDETTE CINÉ SEE-NO-EVILMONKEY LEPLUSINSUPPORTABLE MICROPOING ! — UNE INTERVIEW MAL PRÉPARÉE DONNE (PARFOIS) UN BON PAPIER Tu es à l’affiche d’un des films les plus buzzés de cette rentrée, le Novembre de Cédric Jimenez. Sami Outalbali : « Buzzé » ?! On voit qu’on est chez Technikart,là (rires).En tout cas,oui,c’est un film très attendu et à juste titre : d’un côté, il y a le casting (Dujardin, Kiberlain, etc.), de l’autre, le sujet.Pour ma part,j’y joue l’un des policiers de la sous-direction anti-terroriste, aux côtés d’Anaïs Demoustier et de Raphaël Quenard. Et c’est une expérience à part,très forte,de jouer dans un film qui s’inspire de notre histoire récente. L’an dernier, tu t’es fait remarquer grâce à ta performance dans Une histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid et son histoire d’amour très contemporaine. Considères-tu que ton personnage d’Ahmed y incarne une nouvelle forme de masculinité ? Ahmed est une masculinité qu’on ne montrait pas jusque-là dans le cinéma français. C’est tous ces garçons qui ne sont pas dans la course hétéro-bidon, à la « première fois » et aux conquêtes. Il vient du quartier, donc il montre tout l’opposé de ce qu’on a eu l’habitude de voir au cinéma. Qu’est-ce que ça fait d’être nominé aux Césars, catégorie Espoir, pour un rôle comme celui-là ? C’était un rêve de gosse.Je regarde la cérémonie depuis que je suis petit avec ma mère. C’était un rendez-vous, pour une fois, après 20 heures, où la télé ne se mettait pas à grésiller. Comment ça ? La cérémonie passait sur Canal et en clair ! Alors que pour les autres émissions, ça basculait en crypté pour les non-abonnés, dont je faisais partie. Ah oui, bien sûr. Au temps pour moi ! Et surtout j’ai trouvé la sélection très juste et très belle cette année,donc je suis encore plus fier d’avoir pu en faire partie. Et le César a été attribué à ton pote de la série Fiertés… Benjamin Voisin ! Totalement mérité. On t’a découvert en 2020 dans la série Netflix Sex Education. C’est le projet qui a tout changé pour toi ? Oui et non. J’avais déjà tourné dans plusieurs séries, ici en France, avant donc j’avais un peu d’expérience. Mais oui, c’était mon premier projet anglo-saxon, j’étais heureux d’aller tourner en «PASDANSLACOURSE HÉTÉRO-BIDON» Angleterre et de participer à une fiction vue dans le monde entier. Sa dimension internationale m’a permis de me faire connaître un peu partout. Ce n’était pas ta première série. Oui, il y avait Les Grands quand j’étais tout jeune. Et y être plusieurs saisons de suite m’a permis de voir le personnage évoluer et grandir. C’étaient mes années collège à moi ! Tu es acteur depuis l’adolescence – ça a changé beaucoup de choses pour toi ? Ça t’habitue à bosser tôt, à être discipliné, à pouvoir passer énormément de temps seul sur un shooting à l’étranger comme celui de Sex Education. Eh oui, c’est ça, aussi, le métier d’acteur. Et quel serait un conseil que tu donnerais à un comédien débutant ? Ce n’est pas mon truc,de donner des conseils. Mais s’il en fallait un, ce serait : se concentrer sur le travail d’acteur, pas la quête de célébrité. En étudiant ta bio, on a vu que tu jouais dans Les Tuches à onze ans. Un petit rôle. Ce n’est pas que je n'assume pas, mais parlons d’autre chose ! Ta pub pour Disney quand tu avais trois ans ? P.15 Il sait que son message va te saouler, et pourtant il te demande toujours la même chose, que tu acceptes parce qu’il te fait culpabiliser en implorant un Dieu auquel il ne croit même pas. Il t’envoie juste après un morceau de Phoenix, histoire que ça passe. LES MAINS QUI PRIENT LEPLUSFAUX-DERCHE Trop drôle ! Mais c’est le passif-agressif qui est là pour te rappeler qu’il faut que tu te magnes pour terminer les cinq dossiers qui vont te faire regretter d’avoir accepter d’aller manger une tarte le dimanche chez Mamie. PLEURE DE RIRE LEPLUSPASSIF-AGRESSIF LACOURDESGRANDS_ À23ans,SamiOutalbali,repérépour sonrôledansSexEducation,està l'afficheduprochainfilmdeJimenez, Novembre.Rendez-vousdanslessalles. DèsqueledernierpostdeKanyeWestsort,ilcommenteparauminimumtroisflammesalorsqu’iltrouve çamoche,desclaquettesavecdesdiamants.Ça neveutriendire,maisilcontinueparcequ’ilespère apparaîtredanssastory. LES FLAMMES LEPLUSCYNIQUE v Aucun souvenir ! Okay. En ce moment, tu bosses sur quoi ? Un projet pour Canal. Mais je ne peux pas trop en parler. C’est avec ta bande de potes acteurs (Théo Christine, Stefan Crepon…) ? No comment ! Où te vois-tu dans 10-20 ans ? J'espère que je continuerai à tourner et arriver à avoir le luxe de choisir absolument tout ce que je veux. Je veux faire des films qui me touchent, que j’ai envie de défendre. Et rien d’autre. Et réaliser ? J’ai essayé mais je n’arrive pas à écrire de dialogues, j’ai l'impression que tout est faux. Tu as besoin d’avoir vécu certaines choses pour raconter des histoires. Ça viendra avec le temps d’apprendre à écrire mes propres trucs, à me faire confiance. Alors, tu fais quoi des dialogues déjà écrits ? Je les garde dans un coin de ma tête, ou je les note sur un cahier, et j'avance. Novembre de Cédric Jimenez : en salles « JE VEUX FAIRE DES FILMS QUE J'AI ENVIE DE DÉFENDRE. ET RIEN D’AUTRE. » A.L. LIVRES, MODE D’EMPLOI COMMENTCHOPERUNPRIXLITTÉRAIRE? Vousdésespérezd’êtrereconnu(e)parlacliquegermanopratine deslittérateursetvotrevervenéo-proustiennenesuffitpasà séduirelesjurés?Suiveznosconseils. CARTO — MIEUX VAUT UN BON PLAN QU’UN MAUVAIS ARTICLE P.16 — TECHNIKART N°263 Par ViolaineEpitalon LE GONCOURT LEPLUSSNOBINARD Les bienheureux auteurs du triumvirat Galligrasseuil (Gallimard-Grasset-Seuil) n’ont pas de mouron à se faire : les jurés du Goncourt sont toujoursleursdévouésserviteurs.EtlegroupeMadrigalld’AntoineGallimardenpremièreligne.S’ilpensaitplanquersonhégémoniederrière les noms de P.O.L, Flammarion, Mercure de France, Table ronde, etc. (maisons d’édition distribuées par son groupe), c’est râpé : la moitié de la liste lui appartient. Pour le reste, les combines classiques d’échange devoixparlesjurés(situvotespourmonpote,jevotepourletien)etde parissurlesventes(lesjurésaimentprimerunlivreayantvenduunpeu plus de 100 000 exemplaires, pour que la remise de prix fasse doubler les ventes) perdurent. Autant dire qu’il faut la jouer finaude : en 2020 Eric « beau brushing » Reinhardt avait largué Stock pour Gallimard pour s’assurer une place au Goncourt : pas de pot, son bouquin Comédiesfrançaisesnes’étaitpasbienvendu.Notreconseil?Faitescomme la favorite Monica Sabolo (La Vie clandestine) : signée chez Gallimard (smart!),sesseulsvraisconcurrentssontdelamaison(nepasénerver le patron). Un sans faute. 3novembre,Drouant,16-18placeGaillon,75002 LE RENAUDOT LE PLUS ROCK’N’ROLL Chez les grands concurrents du Goncourt, on préfère miser sur les relations que sur le cachet. Et chez eux, on aime surtout Grasset. Les jurés sont leurs meilleurs alliés, avec des tronches comme Georges-Olivier Châteaureynaud (publié chez Grasset et membre du comité de lecture), réputé pour voter pour sa maison (pas vrai, Olivier Nora ?). Leur gros plus ? Ils n’ont pas besoin d’avoir la même exigence preppy que leurs voisins du resto Drouant : adeptes des coups de buzz, ils peuvent se permettre de filer le prix à des déviants de la littérature (comme Yann Moix en 2013, avec son pavé Naissance). Notre ultime conseil ? Suivez l’exemple de Hubert Haddad, un littérateur poussif toujours dans les listesdesélection(mercilepotoChâteaureynaud?).Vousl’avezcompris, lebutcen’estpasdesoignersonstyle,maissesamis. 3novembre,Drouant,16-18placeGaillon,75002 L’ACADÉMIE FRANÇAISE LEPLUSENTRE-SOI C’est la seconde étape du cursus honorum de ceux qui rêvent de faire partie des Quarante. La première ? Avoir, pendant une dizaine d’années, passé les Immortels à la brosse à reluire dans ses articles. Prenez pour modèles Étienne de Montety (journaliste au Figaro et lauréat 2020), Adélaïde de Clermont-Tonnerre (directrice de Point de vue et lauréate 2016) ou Christophe Ono-dit-Biot (dirlo adjoint du Point et lauréat 2013, pour Plonger). Si les membres avaient manqué les dernières louanges de CODB (Technikart #262), voici : « C’est une assemblée vénérable, respectable, on y trouve des gensquej’aimebeaucoup,avecunesprittrèsvif».Autres critèresà prendre en compte : être publié par Gallimard ou Grasset qui trustent ce prix (élémentaire) et être prêt à patienter deux décennies pour décrocher l’habit vert (comme François Sureau, lauréat en 1991, élu en 2020, après avoir été candidat malheureux en 2004). Tiens bon, Chris’. 27octobre,23QuaideConti,75006 LE WEPLER LE PLUS HOMEMADE Ils sont aux prix littéraires ce que Patagonia est à l’industrie de la fringue :loindesjeuxd’influence,delacourseausensationneletdesretoursd’ascenseur.Composédelalibrairefondatriceduprix(Marie-Rose Guarnieri), de quelques journalistes (Alice Develey du Figaro, Ilana MoryoussefdeFranceInter)etde« grandslecteurs»,ainsiqu’unedétenue de la prison de Rennes (qui a du temps à tuer en lecture), le jury du prix Wepler-Fondation la Poste aime les livres « pas commerciaux, hors des radars»(comprendreleséditionsP.O.LouVertical).Pourchoperlepactole de 10 000 pépettes, nous vous invitons à suivre l’exemple de Lucie Taïeb (Les Échappées) lauréate 2019, équivalent littéraire d’un « certain regard»àCannes.Enbonus?Uneréceptionspécialepourfêterleurs25 ans(etladoublerationd'huîtrepourattirerlespique-assiettes). 14novembre,brasserieWepler,14placedeClichy,75018
TECHNIKART n°263 - Page 9
TECHNIKART n°263 - Page 10
viapresse