LE COURRIER DE L'ATLAS n°193 - Page 4 - 193 C M J CM MJ CJ CMJ N insertion Courier de l'atlas.pdf 1 25/04/2019 11:17 C M J CM MJ CJ CMJ N insertion Courier de l'atlas.pdf 2 25/04/2019 11:17 4 LE COURRIER DE L’ATLAS NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 www.lecourrierdelatlas.com contact@lecourrierdelatlas.com Adresse postale: Le Courrier de l’Atlas BP 50037 – 75723 Paris cedex 15 Tél.: 0153433340 – Fax: 0147420647 Pour joindre votre correspondant, composez le 01534333 suivi des deux derniers chiffres entre parenthèses. 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Dépôt légal: à parution Commission paritaire: 0924I88865 ISSN 1955–7388 COUVERTURE: Service presse du Fonds de développement et de reconstruction - Handout/Assemblée nationale/AFP - Elsa Biyick/Hans Lucas via AFP Saeed Khan/AFP - Ulf Andersen/Aurimages via AFP - Manuel Cohen via AFP N°193 SEPTEMBRE 2024 HISTOIRE 58 LA CHRONIQUE DE FATÉMA CHAHID L'épopée de Zheng He, seigneur des mers au XVe siècle 59 Beyrouth, 13 avril 1975 de Marwan Chahine, l’étincelle et les braises de la guerre civile libanaise 60 Musique et Islam, la voie spirituelle pour dépasser les interdits SPORT 62 Les femmes arbitres font un carton sur les terrains de football 64 L'Arabie saoudite, nouvelle Mecque de la boxe CULTURE 66 Coup de projecteur sur… 68 LITTÉRATURE Alaa El Aswany: “Le dictateur possède les médias mais il a peur de l’écrivain” 72 EXPO Le street art s'invite au Petit Palais 76 LIVRES De Marrakech à Montmartre, nos coups de cœur de la rentrée littéraire 78 LE RAÏ FÊTE SES 100 ANS ENTRE GLOIRE ET RENAISSANCE 80 Un siècle de chants et de déhanchements subversifs 83 Danyl, le nouvel aiguilleur du raï 84 HUMOUR Karim Duval: “Le désordre est dans l’ordre des choses” 86 DANSE Festival Dream City: Aubervilliers à l'heure tunisienne 88 Rive de Dalila Belaza, de la tradition à l'universalité 90 CINÉMA Au Liban, la résilience plein cadre 92 Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof et Tatami de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv 93 Claire Diao: “J’ai été choquée de constater combien le cinéma africain était ignoré” ART DE VIVRE 94 Le yansouniyeh de Lulwa Elsarraj, souvenir d'enfance en Palestine 96 CUISINE 97 A Tétouan, du patrimoine dans tous les recoins FOOTBALL Quand l'arbitrage féminin s'impose sur le terrain ÉGYPTE Alaa El Aswany, la révolution par la plume VOYAGE Tétouan, un labyrinthe de beauté islamo-andalouse 62 68 97 6 LE COURRIER DE L’ATLAS NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 Leemage via AFP D ans Le Petit Chaperon rouge, le loup se grime en grand-mère pour mieux tromper la petite fille. La politique est-elle à l’instar de ce conte, où chaque personnage essaie de montrer une autre image de lui, où la blancheur immaculée est travaillée au cordeau? Sinon comment expliquer cette manie qu’ont désormais tous les partis politiques d’abandonner leur nom pour une nouvelle identité censée faire oublier les frasques d’hier? Le choix de passer de “Les Républicains” à “Droite républicaine”, porté par un Laurent Wauquiez de retour à l’Assemblée, est expliqué comme allant de soi après que cette formation a été éclaboussée par une série de scandales où les échecs, les trahisons (dont celle d’Eric Ciotti) et les déceptions ont été légion. L’artifice du nouveau nom A droite, c’est une habitude. En 1967, l’Union pour la nouvelle République devenait l’Union des démocrates pour la Cinquième République, puis, en 1976, sous l’impulsion de Jacques Chirac, le Rassemblement pour la République, qui deviendra en 2002 l’Union pour un mouvement populaire. Enfin, en 2015, pour occulter les déboires judiciaires de Nicolas Sarkozy, on opte pour “Les Républicains”. On cache chaque crise derrière un nouveau nom. Mais la droite n’est pas la seule à retourner sa veste. Le parti des Le Pen nous en offre le meilleur exemple. Rebaptisé “Rassemblement national”, l’ex-Front national a bien gardé son ADN se résumant à la haine des immigrés, des musulmans et des juifs, même si l’héritière de JeanÉDITO “C’EST POUR MIEUX TE MANGER” Par Abdellatif El Azizi Marie Le Pen a mis de l’eau dans son vin. Ce changement d’appellation visait d’abord à brasser plus large pour les futures présidentielles. La gauche non plus n’a pas d’états d’âme. On ripoline pour éviter le naufrage. Sinon, pourquoi toutes ces nouvelles étiquettes : “Nouveau Front populaire” au lieu de “Nupes”, “France Insoumise” à la place de “Front de gauche” et même “Les Écologistes”, qui ont enterré les “Europe Écologie-Les Verts “? Quand il y a du flou, il y a un loup Avec cet usage utilitariste du militantisme, l’action politique se résume à l’accession au pouvoir, et à ses délices. Les motifs d’engagement s’arrêtent aux portes des présidentielles voire se résument à l’accès à un strapontin de député. Quand il y a du flou, il y a un loup. Aujourd’hui, les réseaux sociaux servent à grimer le loup en grand-mère bienveillante. Les politiciens les plus actifs sur X, Facebook ou TikTok le savent bien. Dominer l’art de l’invective, les codes de l’insulte et les ficelles de la dénonciation, c’est passer maître en politique, même si l’on n’a aucun pouvoir d’agir sur le terrain. Miser sur l’agitation du Web, c’est donner aux électeurs un exutoire au sentiment d’impuissance contre un réel qui les accable, vaine illusion face à l’ordre du monde. On a tous en nous un loup qui sommeille, qui a peut-être mal compris les mots de Camus dans le Mythe de Sisyphe: “La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme”. Avancer malgré les guerres, se rebeller contre un monde où règne la misère, louer le Ciel d’être en vie malgré tout, bref, devenir désormais maître de son fatum. Ce qui est peut-être, finalement, la meilleure définition de la politique, cela s’entend. Illustration anonyme pour le fameux conte de Perrault, Le Petit Chaperon rouge. Encart urgence GAZA24 Atlas 220mmX285mm.indd 1 19/08/24 16:52 NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 8 LE COURRIER DE L’ATLAS ARRÊT SUR IMAGE NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 LE COURRIER DE L’ATLAS 9 CES HÉROSVENUS DES COLONIES Il y a 80 ans, l’armée d’Afrique libérait les ports du sud de la France dans le cadre du débarquement de Provence, mené à partir du 14 août 1944. Quelque 80 % de ceux qui la composaient venaient des colonies. Cette opération, baptisée “Dragoon”, a coûté la vie à près d’un millier d’entre eux. Aujourd’hui âgé de 98 ans, le Marocain Larbi Jawa (au centre) fait partie de ceux qui ont survécu. Le 15 août dernier, ce vétéran de la Seconde Guerre mondiale et du conflit d’Indochine a été fait chevalier de la Légion d’honneur au cimetière national de Boulouris, où les soldats qui n’ont pas eu sa chance sont enterrés. Une nécropole qui se trouve dans le Var, l’un des territoires où le Rassemblement national réalise ses chiffres les plus inquiétants. Il n’est pas donc pas inutile de rappeler, comme l’a fait Emmanuel Macron lors de la cérémonie de commémoration, que ceux qui ont sauvé la France s’appelaient “François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara” et qu’“un grand nombre d’entre eux, spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique, n’avaient jamais foulé le sol de la métropole” avant de participer à cette opération. Photo: Christophe Simon/POOL/AFP NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 10 LE COURRIER DE L’ATLAS Xose Bouzas/Hans Lucas via AFP ESTELLE YOUSSOUFFA “La reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara est historique” NUMÉRO 193 SEPTEMBRE 2024 LE COURRIER DE L’ATLAS 11 GRAND ENTRETIEN Réélue dès le premier tour des élections législatives, la députée Liot de Mayotte s’inquiète des blocages politiques et de leurs conséquences sur son département. Membre de la commission des Affaires étrangères et vice-présidente du groupe d’amitié France-Maroc, elle salue la reprise du dialogue entre Paris et Rabat, tout en appelant à un ancrage international réaliste de la France dans un monde en proie aux bouleversements. Propos recueillis par Yassir Guelzim INTERVIEW Depuis le 7 juillet, la France vit une situation inédite. Quel est votre sentiment sur la séquence politique que subit le pays? La crise est extrêmement grave. Elle révèle les réelles intentions des uns et des autres. Beaucoup au fond ne veulent pas gouverner car nous sommes dans un impératif de rigueur budgétaire. Le rappel à l’ordre de Bruxelles va nous imposer des choix difficiles et douloureux. Dans le contexte de la dissolution de l’Assemblée nationale, la réalité est que personne ne veut prendre le pouvoir, contrairement aux déclarations. Or notre pays a besoin de décisions et de perspectives. Faut-il passer par un gouvernement d’union nationale ou réformer la Constitution? Le tripatouillage institutionnel ne change pas la décision des électeurs. En donnant les mandats sans majorité claire, ils nous intiment l’ordre de travailler ensemble. Le message n’est pas très différent de celui de 2022, qui avait déjà mis le président Macron en minorité. Par contre, il n’y a aucune volonté chez les partis d’avancer. Vous avez été élue dans le département ultramarin de Mayotte qui traverse une grave crise sanitaire et sécuritaire. Quelle est la conjoncture sur le terrain? La situation y est toujours d’une grande fragilité, avec une crise d’un système étatique qui s’effondre. Notre seul hôpital n’a plus de permanence téléphonique pour les urgences. Celles-ci sont assurées par la réserve sanitaire, qui a été monopolisée en partie par les Jeux olympiques. Cet été, nous avons vécu plusieurs nuits à Mayotte sans médecins aux urgences. De plus, nous sommes passés de l’épidémie du choléra à celle de la variole du singe. En raison de notre proximité avec le foyer en Afrique, cela est très inquiétant. La porosité des frontières fait que nous pouvons être sujets à l’importation de cette maladie sur l’île. A ce contexte viennent s’ajouter les coupures d’eau. Compte tenu du fait que le gouvernement est démissionnaire, on ne peut pas lancer de grandes opérations. La paralysie à Paris a un impact direct sur Mayotte et le reste du territoire français. Mayotte connaît une grave crise migratoire, puisque 48 % des habitants de l’île sont entrés illégalement
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