L'INDÉ SUR LE POUCE n°17 - Page 4 - 17 L’Edito L'année 2022 n'est pas encore tout à fait terminée, et il est vrai qu'il peut se passer encore plein de belles choses d'icii au 31 décembre. Mais on n'a pas pu résister à l'envie de tirer un premier bilan de cette année écoulée, forte en sensations et découvertes. Pas de "top albums", ici, mais on a choisi de mettre à l'honneur et en avant un certain nombre de sorties qui nous ont particulièrement entousiasmées, et qui n'ont pas forcément eu le droit à des articles/interviews dans ces pages, à la manière d'un calendrier de l'Avent. Le choix éditoriaux sont tellement complexes à boucler, il est si difficile de tirer un trait à un moment donné et de se dire que quelques artistes plus qu'émérites n'auront pas droit à une mise en avant à la hauteur de leurs sorties ! Voyons cette couv' particulière comme une session de rattrapage, forcément loin d'être exhaustive, forcément très subjective, aussi. Libre à chacun de la compléter, mais également d'ouvrir toutes les cases d'un seul coup ! Retrouvez HomeCooking Share sur internet et les réseaux sociaux. L’Indé Sur le Pouce Publié par SARLU HCS WEBMEDIA Associé unique : E.GREPAT Dépôt légal Février 2022 : ISSN 2534-580X RCS N° 897887642 RCS Avignon N° TVA Intra : FR01897887642 Siège Social: 280 boulevard Jean Moulin 84210 PERNES LES FONTAINES - FR Responsable Rédaction : E.GREPAT Contact : homecookingshare@gmail.com +33 (0)6 61 70 36 80 N°17 - 2 décembre 2022 En vente au tarif de 1,00 € au format digital Abonnement annuel - 24 numéros : 20,00 € Abonnements : http://homecookingshare.fr/mag.html Prochain numéro : #18 - 16 décembre SommaireSommaire 4. Feu! Chatterton / Uèle Lamore 5. Yoa 6. Jive Me 9. Art of Tones & ChatoBarron 10. Ils ont fait 2022 : 24 disques pour un coup d'oeil dans le rétro 13. Annonces lives & tournées 14. Luke Anger 16. Difracto 18. Singles coups de coeur 19. En approche 20. Chroniques Deux grosses sorties en parallèle Uèle Lamore Multiply Uèle Lamore avait marqué le début d'année, avec son premier album, "Loom", l'une des plus belles escapades musicales que l'on ait pu découvrir en 2022. Et voilà qu'elle clôt cette année d'une nouvelle sortie, plus courte puisque c'est d'un EP-4 titres qu'il s'agit. Pourtant, nul doute que "Multiply" saura nous occuper de longs moments. C'est qu'Uèle Lamore sait s'y prendre pour créer des univers tout singuliers, d'une richesse infinie. Explorer dans le détail ses créations nécessite de nombreuses écoutes, exercice auquel on se pliera avec plaisir, encore une fois. Là où ça flirte encore davantage avec le génie, c'est que les 4 morceaux de "Multiply" s'offrent très facilement. On s'accroche en un rien de temps à ces mélodies, à ces sonorités qui semblent complètement familières. Il y a, pourtant, plus d'un tiroir à ouvrir pour pouvoir prétendre qu'on se l'est réellement approprié. Les couches sonores se mêlent et rebondissent les unes avec les autres avec une fluidité folle. Uèle Lamore nous confiait en janvier que la guitare était son instrument de prédilection, elle prend le parti de le mettre en avant, et de le bonifier d'un univers bien à elle. On pense à "Something About Us", qui sonnerait presque rock. Presque, parce que tout, chez Uèle Lamore, nous ramène à l'idée de départ que sa musique s'affranchit des cadres et des styles musicaux. "Two Equals Three", ses envolées de cordes et ses vocaux vocoderisés sont le symbole idéal de ce qu'est un OVNI sonore. La seule frontière que l'on peut percevoir est celle de la créativité d'Uèle Lamore. L'incroyable richesse de "Now, You Die" puis de "Lolita", si forts en émotions, sont encore des raisons supplémentaires de passer de longs moments à déguster "Multiply". Une masterclass de plus pour Uèle Lamore. Feu! Chatterton Live à Paris 2022 En soi, rien de neuf sous le soleil. On n'est pas encore arrivé au moment - très attendu - où Feu! Chatterton sortira un nouvel album studio. Comme son nom l'indique, "Live à Paris 2022" est une captation de leur prestationauZénithdeParis,enavrildernier.MaisFeu!Chattertonétant si diaboliquement efficace sur scène, ce disque est du genre indispensable. Déjà, il permet de fêter joyeusement une année faste pour le groupe, après le succès de "Palais d'Argile", une tournée largement à guichets fermés, et trois nominations (méritées) aux Victoires de la Musique. Rien de neuf sur ce double album, mais un immense plaisir ! Feu! Chatterton balaye sa discographie, déjà bien remplie, avec cette énergie folle qui habite leurs prestations scéniques. Comment rester de marbre devant ces versions de "Fou à lier", "Écran Total" ou "Monde Nouveau", entre autres merveilles sonores ? Déjà libres en studio, Feu! Chatterton l'est encore bien davantage sur scène. Alors le temps peut s'étirer et devient une notion secondaire. Rares sont les morceaux qui ne dépassent pas les 6 minutes, et c'est toujours pour le meilleur, c'est même presque trop court. Le quintet a le sens des émotions et de la fête, le tout mêlé sur ces interprétations qui semblent prendre toute leur dimension sur scène. On ne se lasse jamais de la voix d'Arthur Teboul, ni des instrumentations étirées de ses compagnons. Savoir qu'on va pouvoir passer un très long moment en leur compagnie est évidemment une bonne nouvelle. Plus qu'une occasion de s'offrir une session de rattrapage ou une plongée dans le souvenir d'un concert magique, "Live à Paris 2022" sera un objet qui résistera au temps, que l'on ressortira plein d'émotions dans quelques années, et qui, n'en doutons pas, continuera de procurer un sentiment de bonheur infini. Même si, d'ici-là, d'autres disques de Feu! Chatterton seront venus garnir leur discographie. Mais ceci aura été leur instantané de 2022. Merci pour le cadeau ! #17 Uèle Lamore / Feu! Chatterton Yoa «Chansons Tristes» Y oa a largement contribué à rendre cet automne agréable, avec ses singles "Bootycall" puis "Chanson Triste", voici - enfin - son fameux second EP. Le talent ne faisait déjà plus aucun doute à la découverte de "Attente", son premier EP, l'an dernier. On y avait découvert une plume aussi directe que touchante, une voix sensible et forte en caractère et une appétence pour des sonorités aventureuses. Entre temps, Yoa a signé chez Panenka Music, a su séduire une plus large audience et faire naître une immense excitation autour de ce nouvel opus. À l'image des singles déjà dévoilés, "Chansons Tristes" est plein de surprises. On découvrait Yoa complètement à son aise sur une rythmique 2-Step sur "Bootycall", puis formidable dans un registre bedroom-pop avec "Chanson Triste". Le point commun entre ces deux morceaux : ils ont la capacité à devenir complètement obsédants au bout de deux écoutes, voire une seule pour les plus sensibles. Parce qu'il est clairement question de sensibilité dans la musique de Yoa. Sa voix en est chargée, ses textes, parfois crus, tout autant. Et Yoa sait comment, en toute simplicité, se charger de la transmission. Un peu désenchantée, laissant transparaître une fausse désinvolture, Yoa fait du beau avec du sale. Sur la durée de "Chansons Tristes", Yoa saute d'une ambiance à une autre, fait danser puis pleurer pour finir en immense sourire, révèle ses angoisses et les rend magnifiques. "Chansons Tristes" parlera à tout le monde, c'est un peu le disque personnel que tout un chacun rêverait d'écrire. Yoa l'a fait, et de manière irrésistible. Des idées novatrices, une voix qu'on a l'impression d'avoir toujours connu, une universalité frappante, "Chansons Tristes" tutoie autant l'excellence que l'évidence. Alors si en l'espace de 7 titres, Yoa réussit ce tour de force de faire fondre les cœurs, on peut imaginer l'impact qu'auraient sa plume et son imagination sur un long format. Et si c'était la meilleure chose qu'on pouvait attendre pour l'an prochain ? #17 Yoa Coup de Coeur 5 Photo : ©Darren Gerrish JIVE ME Interview express pour un album déjà majeur Photos : ©Anna Toutant 7 Comment a débuté l'aventure Jive Me ? Tara : On s'est d'abord rencontré via un ami en commun, on a eu un gros coup de cœur musical et amical, et on a donc créé le groupe Jive Me. Très vite, on a rencontré Yoann, le clarinettiste du projet et Arnaud, le guitariste, qui compose avec nous aussi, par le biais de notre producteur. Ça a assez vite bien pris sur internet, et notre producteur avait vendu une tournée, et de notre côté, on voulait des musiciens sur scène, on voulait un vrai live ! Jive Me était lancé, on a très vite sorti un premier album, on a eu un véritable coup de cœur pour la scène, c'était incroyable ces moments avec le public. Et on est parti sur un deuxième album. Il y a une histoire derrière ce nom, Jive Me ? Tara:Ilyenacertainementune,maisonl'aoubliée (rires). Quand on a commencé, Baptiste faisait des remixes de standards des années 20/30, il y a donc une cohérence avec le Jive, la danse... En américain, « Don't jive with me », ça veut dire, « me cherche pas trop », donc Jive Me, ça voudrait dire « joue avec moi ». C'est l'explication qu'on a trouvée. Mais on a fait un gros blackout sur plein de trucs qui nous sont arrivés aux débuts. Ça a été tellement rapide et cool, qu'on a foncé dedans, tête baissée. Qu'est-ce que vous faisiez avant de monter Jive Me ? Baptiste : J'ai toujours eu mon studio, ma cabine de régie où je faisais du master et de la composition pour mes projets solo, et puis je me suis lancé pleinement dans Jive Me. Tara : Moi, je voulais faire du théâtre, je voulais être comédienne. C'est en rencontrant Baptiste que je me suis lancée dans la musique. J'ai fait le conservatoire, j'ai une formation musicale, mais je ne voulais pas du tout en faire mon métier. Vous avez très rapidement marqué le coup, en sortant presque directement un premier album. Pourquoi ce choix d'un long format d'entrée ? Tara : On ne s'est pas du tout rendu compte de ce que ça représentait ! (rires) On avait sorti deux trois remixes et un single, sans idée de faire un album. Ça s'est fait vraiment tout seul ! On a beaucoup composé pour le live et le résultat a été un album. On s'est rendu compte après coup du travail que ça impliquait, mais aussi de la valeur d'un tel objet ! Mais il faut croire qu'on a aimé, puisqu'on a réitéré l'expérience ! Cet album avait, d'ailleurs, une vraie dimension live ! Baptiste : On a composé ces morceaux parce qu'on devait faire un live. Il y a forcément l'énergie du live dedans et c'était l'objectif. Tara : L'essence de Jive Me, c'est la scène ! C'est même la récompense pour nous. C'est tellement dingue de pouvoir le partager avec le public. Même le deuxième album a été pensé comme ça, en se disant qu'on allait monter sur scène, faire kiffer les gens et au passage, nous aussi, on allait kiffer ! Venons-en à votre actualité. Votre nouvel album marque une évolution dans le son. C'est dû à vos ressentis du moment ou davantage à une idée d'évolution du projet ? Tara : C'est un peu tout ça ! Il y a eu évidemment les émotions du moment, il y a eu le covid, les pauses imposées, c'était un climat angoissant, donc évidemment ça se sent dans certains morceaux. Mais il y a aussi le fait qu'on a grandi et évolué. Le premier album, on l'a commencé en 2017, nos goûts musicaux ont aussi pas mal évolué et on s'est pris pas mal de claques musicales ces dernières années, comme le live « Racine Carrée » de Stromae ou Billie Eilish... Quelle est l'idée directrice derrière "Welcome to the World" ? Tara : Ça a commencé avec le morceau « Strange Man », qui parle de notre amitié, qui est la base de Jive Me. Après, j'ai parlé de sujets moins joyeux, mais qu'on avait besoin d'exprimer quand même, avec « Welcome to the War », qui est une dystopie à la Black Mirror, où on se prend la réalité en face et où le chaos est proche. Et puis il y a « Welcome to the World », où on parle d'avenir, d'accomplissement... On a toujours été dans des pôles opposés. Moi, je suis extravertie, je parle beaucoup, Baptiste est plus introverti... Il y a beaucoup cette notion d'ambivalence. À la base, on voulait vraiment appeler cet album « Welcome to the War », et au fur et à mesure de la composition, où on a quitté progressivement cette paralysie, on a voulu barrer ce mot War, pour mettre en avant le mot World, parce qu'on a de l'espoir. On se dit que l'avenir va être cool ! #17 Jive Me Jive Me, c'est une fête. On l'avait plus que remarqué sur leur premier album, avec une mixture electro-swing assez imparable. Jive Me, c'est encore bien plus que ça, leur nouvel album, "Welcome to the World", nous amène dans un univers encore plus personnel, où l'électronique est au premier plan, plein de raffinement, toujours porté par la voix charismatique de Tara. Quelque part entre bass-music, house, electronica et pop, il y a Jive Me. Baptiste et Tara, les deux membres-fondateurs du quatuor nous racontent leur parcours, entre passé, présent, et lendemains qui chantent. Il sonne très personnel, presque intime par moment... Tara : Il y a plus d'intimité, en effet, déjà parce que les sujets abordés sont plus personnels. Dans le premier album, on racontait des histoires, là, c'est l'expérience de la vie. Forcément, c'est plus nuancé, la palette d'émotions est beaucoup plus large. Ce n'est pas évident de catégoriser votre musique, et c'est très bien comme ça. On pourrait parler de "pop moderne" ? Tara : Le problème qu'on a avec les étiquettes de genre, c'est qu'on a l'impression que ça ne veut rien dire. D'ailleurs, on se prend la tête avec ça depuis 3 ans. Nous, on a envie de dire qu'on fait du Jive Me (rires). La pop, c'est populaire, donc tant mieux si on en fait. Grâce à Baptiste, c'est quand même avant tout de la musique électronique. Davantage que d'autres projets, parce qu'aujourd'hui presque tout le monde met de l'électronique. Nous, on a la patte de Baptiste, qui fait qu'on a un peu de bass-music, un peu de house, un peu de downtempo. Donc, on fait une espèce d'electro-pop-bass-un peu house-acoustique (rires) ! On ressent vraiment ta patte, Baptiste, dans le sens où la touche d'électronique est vraiment travaillée ! On se rend compte que ce n'est pas juste un petit outil technique ! Baptiste : J'essaye de mélanger le plus possible. Il y a toujours un travail de samples, des années 20 notamment. Je travaille aussi avec Arnaud et Yoann à la guitare et la clarinette, qui amène beaucoup de vie. Il y a un mélange, avec des variations «boisées ». Je trouve que leurs instruments amènent du bois dans la musique. Tara : Le fait qu'eux aient leurs jeux avec leurs instruments, et qu'ensuite Baptiste les modifie pour les transcender, il y a plein de sons de clarinettes sur l'album, mais on ne s'en rend pas du tout compte. Ça donne un son exclusif à ce projet. Baptiste : On a beaucoup cherché au niveau du souffle et de la clarinette. À un moment donné, on a enlevé le bec de la clarinette. Ca fait un espèce de noise, de vent, mais accordé. On a aussi Arnaud joue des percus sur la caisse de sa guitare manouche, des effetsdecordesgrattésetfrottés,dessonsunpeustridentsajoutés. Ça fait un gros travail de sound design, qui est super intéressant à faire. Ca peut permettre de séduire un public venu de la pop, comme un autre venu des musiques électroniques. Baptiste : On essaye d'être dans un entre-deux ! Tara: Pendant 3 ans, on a beaucoup réfléchi à savoir si on devait faire une musique qui pourrait entrer dans une case, ou est-ce qu'on prenait le parti de ne pas travestir notre musique, mais en essayant de l'adapter à l'époque dans laquelle on est. Le super avantage qu'on a, c'est que Baptiste est un super-mega-geek de MAO, et qu'on a pu tirer ça à notre avantage. On se penche sur le live à venir ! À quoi faudra-til s'attendre pour les prochains concerts ? Tara : À un truc encore plus dingue ! Le live, c'était un moment qui fonctionnait super bien, parce qu'on est vraiment dans le don. On bouge beaucoup, on est dans le don d'énergie, mais aussi parce que les gens nous en donnent beaucoup. Donc, on a envie de continuer là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on ne fait plus d'electro-swing que ça ne va pas bouger, au contraire. C'est pensé plus electro, plus dance. On a remixé pas mal de morceaux du premier album pour faire un liant avec le deuxième. Ça va être une belle tournée ! On va commencer le 4 février au Hasard Ludique à Paris. Après, on devrait aller en Amérique latine au mois d'avril, puis on va lancer les festivals. Le live de 2023, ça va être le feu, le joyeux bordel sur scène. On veut garder cette identité de groupe qui fait bouger et exulter les gens, qu'ils se disent à la fin, « waouh, je me suis défoulé ! ». Que ça leur fasse autant de bien qu'à nous. Et pour l'après-tournée ? Vous avez déjà des idées en tête ? Tara :Il y a plein d'artistes avec lesquels on adorerait collaborer. On aimerait faire un album ou un EP de remixes, avec des artistes qu'on aime. Et puis faire de plus grosses tournées, avec encore plus de public et de scéno. On a envie de rencontrer les gens, faire vivre des expériences. La scène, c'est une addiction. C'est comme sauter en parachute, mais en mieux ! Évidemment, on a aussi envie de continuer, faire un troisième album... Dans un futur proche, on aimerait aussi élargir encore notre audience,c'estunparcourssinueux,entantqu'artistesindépendants. Que 2023 soit l'année où on arrive à trouver tout notre public ! Vous n'êtes pas les premiers à avoir séduit un public en Amérique Latine. Ca pourrait devenir un mini-eldorado pour les artistes français... Tara : Il y a plein de promoteurs et de tourneurs en Amérique latine, qui font tourner des artistes français. C'est rigolo, tu as une artiste comme Zaz, qui est une superstar en Amérique latine ! Et comme l'album est en anglais, le but est aussi de s'exporter. D'autant qu'on se rend compte qu'on est beaucoup streamé à l'étranger. Art of Tones & ChatoBaron "Flight of the Comet" M ais quel casting 5 étoiles que voilà ! Rien que le pitch de ce projet suffit à sentir des fourmis dans les jambes. On ne présente plus Ludovic Llorca, alias Art of Tones, responsable depuis de nombreuses années d'un grand nombre d'hymnes house. ChatoBaron, de son côté, est un quintet funk & jazz parisien, dont l'objectif initial était de "se produire de manière spontanée et impromptue dans les bars parisiens et autres fêtes parisiennes, autour d’un répertoire festif free-punkdisco-danse-floor". Ils ont depuis fait des collaborations avec des artistes issus de la scène électronique une sorte de marque de fabrique. Outre cet EP avec Art of Tones, 2 EP's ont été enregistrés avec Dimitri From Paris (et sortiront en 2023). Pour finir avec le casting : ce "Flight of the Comet" est la 10ème sortie du label Frappé, dont la simple évocation fait frémir de plaisir. Alors voilà, maintenant qu'on a bien salivé, plus qu'à se lancer dans la découverte de "Flight of the Comet" et ses 4 (+1 "drum tool") titres incendiaires. L'idéesonneévidemmenttrèslive,d'autantquel'enregistrement du projet en studio allait clairement en ce sens. Et d'entrée, "Ban the Disco" envoie du lourd ! Tous les ingrédients sont réunis pour une jam-session à haute intensité, de cette basse irrésistiblement ronde au sax endiablé, en passant par ces claviers glissant délicieusement. Ça part dans une direction puis une autre sans fléchir, sur une rythmique suffisamment soutenue pour faire briller la boule à facettes. Et tout ça dans cet esprit jazz rempli de liberté... Quelle chaleur ! "Flight of the Comet" ralentit un peu le tempo ensuite, mais garde toute la quintessence de cette belle rencontre et continue de faire la part belle aux instrumentistes. La patte électronique de Art of Tones serait presque discrète si on écoutait tout ça distraitement. Heureusement, il est difficile de ne pas céder à la tentation de monter le son. Et donc d'apprécier la subtilité avec laquelle les différents ingrédients sont injectés dans ce meltingpot plein de folie. "Pendant ce temps à Vera Cruz" envoie sa dose de vitamine D, le temps d'un jam ensoleillé au break dévastateur. "La Chatte au Baron" remet au centre de la piste la danse extatique, avec un côté jazz-hypnotique plein d'inspiration et sa lente progression vers l'extase. De quoi achever l'auditoire qui n'en demandait pas tant - quoique, après tous ces longs mois d'interdictions diverses... Le petit drum-tool de "Ban the Disco" clôt tout ça. En toute simplicité et avec très peu d'éléments, un immense groove flotte dans l'air. C'est que ce groove aura été omniprésent et magnifié par Art of Tones et ChatoBaron, avec une alchimie aux idées larges du plus bel effet. Bref, le résultat est bien à la hauteur des attentes et se place dans la lignée des précédentes sorties de Frappé, malgré un concept novateur : très près des étoiles ! Coup de Coeur #17 Art of Tones & ChatoBaron 9 Voici des artistes qui n'ont pas été en couv' ici, pourtant, on les a adorés. Pas d'interviews non plus, pourtant, il y avait de quoi dire et écrire. Ces vingt-quatre artistes ont largement contribué à la beauté de cette année en musique, les voici - un peu - à l'honneur avec leurs belles et éclectiques sorties. On vous met au défi d'aller écouter chaque jour un disque dans cette sélection, comme un calendrier de l'Avent musical. Libre à vous d'être boulimiques et de tricher un peu, personne ne vous en voudra ! Ils ont fait 202224 sorties marquantes et éclectiques, pour un joli coup d'oeil dans le rétro 11 #17 Ils ont fait 2022 Abran Pour la beauté des sons, pour l'hypnose provoquée par ses mélodies et la pureté de l'éclat de son electronica, "Fram", le second EP d'Abran reste un souvenir inoubliable. Il y a du génie derrière cette manière de faire sonner ces pièces électroniques. Son premier EP esttoutaussirecommandable,d'ailleurs.Lesidéessontexploréesjusqu'au bout, chez Abran, libre à l'auditeur de se raconter des histoires dessus, ou de mettre le temps sur pause pour se mettre en état de contemplation. "Fram" / Sorti le 4 novembre Melrøse Deux amants racontent leur histoire et la mettent en musique. Avec Melrøse, il y a de la poésie làdedans. Dans une pop chargée en électronique, parfois forte en tension sexuelle, les deux complices électrifient l'espace autour de leur musique. Melrose est aussi troublant lorsque la douceur s'invite que lorsque la porte de leur chambre d'hôtel se referme en partie. Avec "Nuit Louve", Melrøse a réussi à sublimer l'idée de concept-EP. "Nuit Louve" / Sorti le 20 mai Alexis Lumière Alexis Lumière semble être un passionné des synthétiseurs. Il en a, d'ailleurs, utilisé une large palette pour la composition de "Midnight City". En ressort une synth-pop sacrément vintage qui sent la BO d'un film au charme désuet. L'idée des 7 titres est d'ailleurs de nous plonger dans une soirée à Tokyo au début des années 1980. Depuis, Alexis Lumière a suivi La Femme pour les accompagner sur leur tournée américaine. "Midnight City" / Sorti le 8 juillet Dear Deer Le duo Dear Deer a provoqué l'une des premières grosses montées de chaleur du printemps avec leur 3ème album. Leur alliance de post-punk et de disco a même frôlé la canicule musicale. C'est follement libérateur, tout en tension et en exultations. Avec tout ce qu'il faut de retenue pour que l'aspect mélodique très travaillé reste également au premier plan, tout comme leur esthétique très portée sur la nuit et les dancefloors. "Collect and Reject" / Sorti le 25 mars Al'Tarba Jusqu'au bout de son idée, Al'Tarba plonge dans l’imaginaire d’un enfant qui explore les limbes féériques et cauchemardesques des contes. On est loin du conte à l'eau de rose, il faut le préciser. Al'Tarba raconte tout ça en breakbeats, allant de l'abstract hiphop au breakcore, avec des sonorités synthétiques qui pourraient presque devenirdespersonnagesàpartentière.L'universelectro-fantasmagorique d'Al'Tarba a de quoi nourrir de longues soirées au coin du feu. "La Fin des Contes" / Sorti le 6 mai Fulu Kolektiv Chez Fulu Kolektiv, l'idée est poussée à son paroxysme. Il est question d'eco-afro-transe ici, et c'est tout bonnement emballant. Tous les instruments sont créés à partir d'objets de récup', et sont mis en branle pour générer des sonorités bien futuristes. L'histoire raconte qu'ils ont découvert la MAO pendant le covid, eux qui étaient habitués à travailler dehors. Bien leur en a pris avec "Lualaba", qui colle à la vision futuriste du collectif. Mais toujours un peu punk dans l'âme. "Lualaba" / Sorti le 16 juin Anna Of The North C'est encore tout frais, mais le coup de foudre pour ce troisième album d'Anna of the North semble être parti pour durer. Sa pop y est directe et accrocheuse, positive et lumineuse. Elle semble flirter avec la facilité ? L'impression est trompeuse, "Crazy Life" est vraiment riche en pépites sonores. Anna of the North a "seulement" su viser au plus juste. Et bonne nouvelle, elle sera au Hasard Ludique le 23 février prochain. "Crazy Life" / Sorti le 4 novembre Gavrosh Planante, onirique, sublime, douce, mélodieuse, enveloppante... Les qualificatifs pourraient manquer pourdécrireaumieuxl'electronicalo-fietsubtilement pop de Gavrosh sur son premier EP. Un coup de maître, assurément, qui se bonifie encore au fil des écoutes. Le beatmaker a frappé fort d'entrée, en se créant un univers bien à lui et en posant une signature sonore marquante sur chacune de ses créations. "Eternité" / Sorti le 7 octobre Cercueil Avec Cercueil, c'est tout le travail du label Clivage Music que l'on a envie d'applaudir. C'est qu'outre la bombe Poltergeist, le label de Vitalic (avec Citizen Records, également au top de sa forme) nous a plongé dans le krautrock froid et synthétique de Cercueil, le temps d'un EP étonnant. La voix pouvait y être enveloppante pendant que les machines saisissaient comme un vent glacial. Il est brut et fascinant, ce "Bad Posture". "Bad Posture" / Sorti le 4 novembre Jadanaë Une voix suave, des notes chaudes, et des mots sans filtres, Jadanaë a mis du jazz et du caustique dans sa pop. "Vulnérable" met en relief un talent brut, dans l'écriture et la composition, tout à fleur de peau mais pétri dans une ambiance pleine de groove. Après avoir débuté par des covers de morceaux de rap, elle affirme déjà sur ce premier EP un talent qui ose briser les frontières entre les styles, pour se faire une place bien à elle. Libre ! "Vulnérable" / Sorti le 7 février C'Est Karma On avait connu l'artiste luxembourgeoise sur des airs folk plein de douceur, c'est avec un "Amouse-Bouche" en trompe l'œil qu'elle nous a ravi ce printemps. Les guitares folk sont loin, place à l'electro-pop et aux déguisements cyber-punk electro. Ces habits lui vont à merveille, entre chansons électroniques subtilement futuristes et beats fracassants pour mieux marteler ses slogans, tout en excellente tenue pour se mettre en appétit. "Amuse-Bouche" / Sorti le 13 mai Joe La Panic Le soyeux du jazz et le caractère affirmé d'une pop moderne sont au rendez-vous chez Joe La Panic. Sur son premier EP, elle s'approprie "Miroir" d'Ichon ou enivre d'une "Tendresse Crack" entêtante. Avec une voix sublime et une prod de deux membres de Later. (Théo Pace et Noah Poisson), il y a plus d'une raison de céder à cette "Morphée" là plutôt que de tomber dans celle qui nous emmène vers le sommeil. Encore une pépite estampillée Cookie Records ! "Morphée" / Sorti le 11 février #17 Ils ont fait 2022 La Chica En 2020, l'artiste franco-vénézuélienne nous présentait une superbe oeuvre en piano-voix, deux ans plus tard, elle a confié des remixes à la fine-fleur de la scène électronique française. L'alchimie est là : les Fakearn, 20Syl, FORM ou Montoya, entre autres, ont donné une nouvelle vie aux compositions de La Chica. Chacun a su percer délicatement une nouvelle porte d'entrée dans l'univers de La Chica et œuvré dans la relecture respectueuse mais audacieuse. "La Loba Remixes" / Sorti le 18 mars Solal Roubine Solal Roubine, ou le loser magnifique mis en pop. Un peu rock, très organique, il impulse une maxi-dose de feel good, autant par sa voix que ses instrumentations. Il y a de l'ironie, comme chez tous les losers magnifiques en son genre, mais aussi de l'insolence chez Solal Roubine. On ne se prend pas au sérieux, et ça fait un bien fou. Il est directement attachant Solal Roubine, et plus il chante, moins on a envie de le quitter. "Solal Roubine" / Sorti le 15 mai Moundrag Nul besoin de guitare pour sonner rock ! Le duo Moundrag n'a besoin que de synthés, d'une batterie et d'un micro, pour faire s'envoler leur heavy psych plein de fantaisie à de très hautes altitudes. Ça donne lieu à de longues plages faisant oublier toute notion du temps, et des mélodies propices à en perdre la tête. Comme un psychotrope très actif, mais sans aucun risque pour la santé. Attention quand même au risque d'addiction. "Hic Sunt Moundrages" / Sorti le 21 octobre Tetha "Bound to lose" a été une claque immense. On ne l'a pas forcément vue venir, le choc en a été d'autant plus intense. Tout y est beau, tout y est hors du commun, tout y est source d'émotions. Cette dark-pop très électronique et déstructurée prend aux tripes, ravive la flamme d'une haute musicalité recherchée, aussi. Il y a du cristal, par sa fragilité et du grandiose chez Tetha, qui a offert un debut-EP en forme de masterclass. "Bound to lose" / Sorti le 18 novembre Mythie Résumer "Until the Fight", le debut-EP de Mythie, en quelques mots n'est pas une tâche aisée. C'est que l'artiste a mis beaucoup d'elle-même, cela frappe aux oreilles, dans cette œuvre mêlant trip-hop et electronica. Des vocaux susurrés aux tessitures sonores, tout transpire l'authenticité dans ce disque, dont le charme profond s'apprivoise instantanément, avant de devenir un sublime compagnon avec le temps. "Until The Fight" / Sorti le 8 novembre The Arsenic Lovers Ce ne sont pas les premiers venus que ces deux membres d'Arsenic Lovers. En une dizaine d'années, ils auront roulé leur bosse sur plusieurs EP's et dévoilé une techno forte en textures. "Hibou" a révélé une facette très introspective. Le tempo y est lent, les notes encore plus étalées, l'atmosphère en devient hypnotique. Ces dix titres ont eu le don de nous donner envie d'oublier la notion du temps, juste pour profiter du bonheur offert. "Hibou" / Sorti le 16 juillet Oslo Tropique Oslo Tropique pense sa musique tel un défouloir. Chez le quatuor toulousain, l'urgence rock rejoint l'énergie brute. Et le plus fort dans tout ça, c'est qu'un pouvoir mélodique et une belle inventivité apparaissent. Comme en plus, le choix des mots est bien pesé, ça donne plus d'une bonne raison de fondre pour leur rock intense et d'accepter ce coup-de-poing envoyé par leur album. On peut réfléchir et pogoter en même temps avec Oslo Tropique. "Entre Les Mains Des Robots" / Sorti le 20 mai Thomas Guerlet Quelle voix ! Elle est particulièrement atypique, celle de Thomas Guerlet, pourtant on jurerait la connaître depuis toujours. Cette familiarité touche au réconfort absolu, et se bonifie encore dans ces écrins musicaux. Un peu rock tendu, un peu pop orchestrée et sublime, "How Strange To Be Anyone ?" a eu, dès sa découverte, l'évidence des grands disques. Ceux qu'on adopte à la première écoute et qu'on relance encore et toujours avec le même bonheur. "How Strange To Be Anyone ?" / Sorti le 16 septembre Poppy Fusée Le décollage de Poppy Fusée a été une franche réussite. Destination la Lune, donc, pour celle qui est également la moitié de Part-Time Friends. Le titre est choisi à la perfection, sa pop semble en apesanteur, toujours la tête dans les étoiles. C'est depuis cette haute altitude que Poppy Fusée nous a dévoilé une pop à la classe folle, remplie d'éclats d'astéroïdes. Au moins avec elle, l'escapade spatiale est accessible et sans empreinte carbone. "La Lune" / Sorti le 30 septembre Toxiq Deux amis de longue date font de la musique ensemble, et hop, le talent aidant, arrive un projet bien excitant. Séparément, Yul et Claire Deligny ont su faire plein de belles choses, Toxiq les amène vers de douces expérimentations addictives. Pas vraiment pop malgré l'évidence vocale, pas vraiment électronique malgré des bidouillages sonores délicieux, mais follement tenace en tête, les créations de Toxiq ont trouvé un bel équilibre, passionnant car instable. "Dans la Bouche / Sorti le 11 mars Red Beans & Pepper Sauce Ils ont déjà de la bouteille, Red Beans & Pepper Sauce, puisqu'ils en sont arrivés à un 7ème album, comme son nom l'indique. Et pas la moindre trace d'essoufflement en vue, le rock musclé plein d'inspirations blues, porté par une voix puissamment soul a toujours cette énergie immédiate et ce sens du tranchant. La parfaite alliance du piquant et du réconfortant, d'une certaine manière, le tout étant savamment équilibré. C'est si jouissif ! "7" / Sorti le 30 septembre Yakie "Hact", c'est un peu un condensé de tout ce que l'on peut vivre sur une journée. De l'étirement au réveil, jusqu'aux pas de danse nocturnes, en passant par des instants de réflexion, l'album de Yakie trouvera sa place. Entre piano et electronica raffinée, en passant par quelques touches de techno classieuse, Yakie touche au corps et à l'âme, toujours avec brio. "Hact" est à placer très haut dans la pile des disques à ressortir régulièrement. "Hact" / Sorti le 17 mars
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