SCIENCES ET AVENIR n°943 - Page 4 - 943 N° 943 - Septembre 2025 - Sciences et Avenir - 3 Mathieu Nowak Rédacteur en chef BERNARD MARTINEZ ÉDITO E ntre enthousiasme et prudence, nous avons l’habitude, à la rédaction de Sciences et Avenir, d’évoluer sur un fil ténu, en particulier lorsqu’il s’agit de médecine. Comment rendre compte des plus grandes avancées de la recherche médicale sans nourrir de faux espoirs chez les malades? La question se pose tout particulièrement pour la maladie d’Alzheimer, ce fléau qui touche 1,4 million de personnes en France et concerne plus de 3,5 millions d’individus si l’on inclut les proches aidants. Ces dernières années, les plus grands espoirs de traitement de cette pathologie redoutable se sont mués en profondes déceptions. Nul n’a oublié l’aducanumab, mis au point par l’américain Biogen, dont les promesses d’amélioration cognitive ne se sont jamais concrétisées, tandis que ses effets indésirables, notamment les œdèmes cérébraux, se révélaient fréquents. Cet échec a même conduit à remettre en question l’approche dite amyloïde, qui consiste à s’attaquer aux dépôts de cette protéine dans le cerveau afin d’améliorer l’état des patients. Pourtant, il ne faut jamais renoncer à espérer. L’arrivée de deux nouveaux anticorps, le lécanémab et le donanémab, pourrait bien changer durablement la donne. « Pour la première fois, il existe un traitement qui agit directement sur une cause identifiée de la maladie », nous confie Remy Genthon, directeur scientifique de la fondation Recherche Alzheimer (p. 50). Et ce traitement se révélera d’autant plus efficace qu’il sera administré à un stade précoce de l’affection. C’est pourquoi la mise au point concomitante d’un test sanguin (p. 56) constitue une avancée tout aussi déterminante. « Certes, le bénéfice reste modeste, mais ce n’est que le début », confirme Maï Panchal, directrice générale de la fondation Vaincre Alzheimer (p. 54). Pour la première fois, l’espoir de transformer Alzheimer en une maladie chronique devient une perspective crédible, porteuse d’un optimisme nouveau. J L’espoir de transformer Alzheimer en une maladie chronique devient une perspective crédible Un optimisme nouveau Les noms et adresses de nos abonnés seront communiqués aux organismes liés contractuellement avec Sciences et Avenir, sauf opposition. Dans ce cas, la communication sera limitée au service de l’abonnement. Ce numéro comporte : un encart « Linvosges », un encart « First Voyages » et un message « Sciences et Avenir » en diffusion partielle des abonnés ainsi qu’un encart « Fashion » sur la totalité de la diffusion abonnés. Commission paritaire n° 0225 K 79712. ISSN 3040-0457. Distribué par MLP. Rédacteur en chef Sciences et Avenir Mathieu NOWAK - 01.55.35.56.38 Rédacteur en chef La Recherche Philippe PAJOT - 01.70.98.19.29 Rédacteur en chef digital Olivier LASCAR - 01.55.35.56.15 Rédaction en chef Les Dossiers Vincent REA - 01.55.35.56.35 avec Florence LEROY - 01. 55.35.56.36 Adjoint à la rédaction en chef Laurent PERICONE (édition) - 01.55.35.56.10 Rédacteur(trice)s en chef adjoint(e)s Vincent GLAVIEUX (La Recherche) - 01.70.98.19.32 Hugo JALINIÈRE (Sciences et Avenir) - 01.55.35.56.52 Andreina DE BEI (photo) - 01.55.35.56.31 Lise LOUMÉ (digital) - 01.55.35.56.39 Directeur(trice)s artistiques Dominique PASQUET (couverture) - 01.55.35.56.59, Jean-Louis GILABERT - 01.55.35.56.28, Thalia STANLEY (adjointe) - 01.55.35.56.21 Secrétaire générale de la rédaction Véronique MESSAGER - 01.55.35.56.18 Chef(fe)s de service Rachel FLÉAUX (MULOT) (enquêtes) - 01.55.35.56.07, Fabrice NICOT (fondamental) - 01.55.35.56.46, Hervé RATEL (adjoint, actualités) - 01.55.35.56.45 Chef(fe)s de rubrique Franck DANINOS (fondamental) - 01.55.35.56.78, Mathias GERMAIN (La Recherche, biologie, médecine, santé) - 01.70.98.19.33, Sylvie RIOU-MILLIOT (médecine, santé) - 01.55.35.56.54 Rédaction Marine BENOIT (archéologie, histoire) - 01.55.35.56.23 Arnaud DEVILLARD (numérique, expositions) - 01.55.35.56.27 Sylvie ROUAT (grand reporteure, espace, océanologie) - 01.55.35.56.40 Assistante de direction Valérie PELLETIER - 01.55.35.56.01 Collaborateurs(trices) Sylvie BOISTARD, Loïc CHAUVEAU, Johan KIEKEN Chroniqueur Jean-Gabriel GANASCIA Ont participé à ce numéro , F. BOURON, A. CARLIEZ, F. COSTES, N. GUTIERREZ C., C. JOURDAN, P. KALDY, A. NEYRAT, E. TISSANDIÉ 1re secrétaire de rédaction Sandrine HAGÈGE - 01.55.35.56.17 Photo-iconographie Isabelle TIRANT - 01.55.35.56.32 Pôle digital Valentin COLLIAT-DANGUS (community manager) - 01.55.35.56.70, Isabelle DO O’GOMES (cheffe de rubrique, veille) - 01.55.35.56.49, Camille GAUBERT (santé) - 01.55.35.56.24, Joël IGNASSE (espace, paléontologie) - 01.55.35.56.15, Coralie LEMKE (santé) - 01.55.35.56.56, Astrid SAINT AUGUSTE (rédactrice spécialisée) - 01.55.35.56.48, Anne-Sophie TASSART (cheffe de rubrique) - 01.55.35.56.41 Yann BOURDAIS chef de projet junior - Flora ISSINGUI cheffe de projet marketing digital Courrier des lecteurs Sara DE LACERDA - courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Informatique Daniel DE LA REBERDIÈRE - 01.55.35.56.06 Responsable administrative et financière Jaye REIG - jreig@challenges.fr Comptabilité - compta@challenges.fr Responsable ressources humaines William AFTHONIADES - wafthoniades@challenges.fr Responsable paye Sandrine MARTIN - smartin@challenges.fr Fabrication Creatoprint Publicité MediaObs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires 75002 Paris Tél. : 01.44.88.97.70. 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Exposition Entrée libre 16 bis bd Montmartre 75009 Paris ARTWORK BY ELISA SEITZINGER SOMMAIRE Sciences et Avenir / N° 943 / Septembre 2025 N° 943 - Septembre 2025 - Sciences et Avenir - 5 THANASISZOVOILIS/GETTYIMAGES-NASA,ESA,CSA,ANNE-MARIELAGRANGE(CNRS,UGA),MAHDIZAMANI(ESA/WEBB)L.GODART/CEA-PHILÉMONBARBIER/HORSFORMATPOURSCIENCESETAVENIR 3 Édito par Mathieu Nowak SCIENCES FONDAMENTALES 6 ACTUALITÉSLe télescope Vera-Rubin, une révolution pour l’astronomie / Collision record entre deux trous noirs 24 Journal de l’IA : L’effondrement pas si inéluctable des IA 25 Chronique par Jean-Gabriel Ganascia 26 On a vu naître une planète 31 L’ère de la guerre subspatiale a commencé 34 Le mécanisme à l’origine des éclairs dévoilé NATURE 10 ACTUALITÉSÉchec retentissant du traité antiplastique / La vie prolifère dans les abysses du Pacifique Nord 36 Photovoltaïque : la fine révolution des cellules solaires 44 Le trésor génétique des pommes oubliées SANTÉ 16 ACTUALITÉSDes millions de cancers de l’estomac évitables / Un nouveau groupe sanguin unique au monde 66 Les boissons sucrées, vecteurs d’une pandémie silencieuse 70 Nutrition : L’assiette du sportif HISTOIRE 20 ACTUALITÉSDes vestiges du phare d’Alexandrie refont surface / Denisova a enfin un visage 76 Retour à Palmyre, joyau blessé du désert 81 Cléopâtre, la reine de tous les fantasmes 84 Bande dessinée : une passionnante exploration de notre passé 86 Histoire des sciences : Quinquina, l’arbre mystérieux des Andes RENDEZ-VOUS 90 Sélection livres 92 Expositions 94 Questions de lecteurs 95 Courrier 96 Le ciel de septembre 98 À retrouver sur le Web P. 26 P. 36 P. 76 La lutte contre cette maladie neurodégénérative s’intensifie et se concrétise : deux nouveaux médicaments ralentissent le déclin cognitif et un test sanguin permet un diagnostic plus rapide et plus fiable. DOSSIER P. 48 Alzheimer : l’espoir est relancé On a vu naître une planète Le télescope spatial JamesWebb est parvenu à voir directement une planète de la masse de Saturne, qui émerge tout juste autour de son étoile. De quoi en savoir plus sur l’origine de ces corps célestes. Photovoltaïque : la fine révolution des cellules solaires Les panneaux solaires font l’objet de recherches intenses afin d’améliorer leurs performances. Une nouvelle technologie à base de pérovskites a le vent en poupe. Retour à Palmyre, joyau blessé du désert Reportage dans l’antique cité syrienne classée au patrimoine mondial. En majeure partie détruit après 14 ans de guerre, le site est l’objet de pillages et de fouilles clandestines. 6 - Sciences et Avenir - Septembre 2025 - N° 943 ACTUALITÉS D u sommet du Cerro Pachón,à2680mètres d’altitude au Chili, un nouvel instrument scrute le ciel avec une acuité jamais atteinte.Vingtansaprèslelancement du projet cofinancé parlaNationalScienceFoundation et le département de l’Énergie américain, l’observatoire Vera-Rubin a publié sespremièresimages.Annoncéescomme« trèsattendues » dansnotreprécédentnuméro (lire S. et A. n° 941/942), elles tiennentleurspromesses.Celle sélectionnéeci-dessusoffreun aperçu époustouflant d’une petite section de l’amas de la Vierge. Outre deux galaxies spiralesproéminentes,ysont visibles trois galaxies en train de fusionner, ainsi que des Le télescope Vera-Rubin, une révolution pour l’astronomie Perché au sommet d’une montagne chilienne, l’observatoire est fin prêt à cartographier le cosmos et bouleverser de nombreux domaines de l’astronomie. groupes de galaxies à la fois proches et lointains et des étoiles dans notre Voie lactée.Entout,plusde10millions de galaxies apparaissent, soit environ 0,05 % des quelque 20 milliards de galaxies que l’observatoire capturera au cours de son étude décennale sur l’espace et le temps. La plus grande caméra numérique au monde L’image marque en effet le début d’une mission ambitieuse : la Legacy survey of space and time (LSST), un relevé astronomique de dix ans qui enregistrera chaque nuit tous les changementsvisiblesdanslecielaustral. Grâce à son télescope de 8,4 mètres équipé de la plus grande caméra numérique jamais conçue (3200 mégapixels), l’observatoire Rubin devrait générer au cours de sa première année plus d’informationsquetouslestélescopes optiques de l’histoire réunis. La mission servira en particulier à étudier la positionetlaformedecesmilliards de galaxies. Et mieux comprendre, ce faisant, la répartitiondelamatièrenoireetde l’énergie sombre, deux mystérieuses substances constituantplusde90 %ducosmos. L’observatoireported’ailleurs lenomdel’astronomeaméricaine Vera Rubin qui, à partir des années 1960, consolida l’hypothèse de la présence d’une matière noire invisible danslapériphériedesgalaxies. G Une petite partie de l’amas de la Vierge photographiée par le télescope Vera-Rubin. Parmi ces quelque 10 millions d’objets célestes, apparaissent notamment deux grandes galaxies spirales (en bas à droite) et trois galaxies en train de fusionner (en haut à droite). NSF–DOE VERA C. RUBIN OBSERVATORY Le flux continu de données sera traité en temps réel pour une détection rapide des événements transitoires, comme les sursauts gamma ou les astéroïdes potentiellement dangereux. Car l’observatoire s’annonce aussi comme le plus performant des chasseurs d’objets du Système solaire. Sur les premières images publiées, il a déjàidentifié2104astéroïdes jamais observés auparavant, dontseptgéocroiseurs—des astéroïdes dont la trajectoire approcheoucroisel’orbiteterrestre. Selon les estimations, il devrait découvrir à lui seul desmillionsd’astéroïdesd’ici àdeuxans,unapportmajeur pour la défense planétaire. J J. I. N° 943 - Septembre 2025 - Sciences et Avenir - 7 ACTUALITÉS Sciences fondamentales L’IA meilleure que les gardiens de but INFORMATIQUEEntraînés sur 640 vidéos de penalty montrant la course des tireurs et la frappe de balle (pied droit ou gauche), des algorithmes se sont révélés plus performants que les gardiens pour anticiper la direction du ballon: à droite, à gauche ou au centre. Sans la prédiction du centre (direction de tir plus rare), la meilleure IA atteignait 63,9 % d’exactitude contre 46 % pour les gardiens. A. D. SOURCE : DAVID FREIRE-OBREGÓN, UNIVERSITÉ DE LAS PALMAS DE GRANDE CANARIE, ESPAGNE. U n cousin du proton, le baryon lambda, vient delivrerunindicesupplémentairesurladisparition de l’antimatière au profit de la seule matière. Pour comprendrecetteétrangeabsence, lesphysicienstraquentdepuis des décennies les différences de comportement entre une particuleetsonantiparticule. Unécartvientjustementd’être détecté là où l’on ne l’avait encore jamais vu : dans la désintégration d’un baryon, cettefamilledeparticulesqui comprendleprotonetleneutron des noyaux atomiques. En analysant des collisions proton-proton enregistrées au LHC du Cern, à Genève (Suisse)entre2011et2018,les chercheursontmesurélafréquence à laquelle un baryon « lambda beauté » (Λb) se désintègre en un quatuor de particules.Ilsl’ontcomparéeà celledesonantiparticule,censée suivre le même scénario, mais en version antimatière. Résultat:unlégerdéséquilibre en faveur de la matière. F. N. L’antimatière trahie par un baryon Une petite dissymétrie entre un baryon et son antiparticule pourrait éclairer la disparition de l’antimatière dans l’Univers. Uneéclipseartificielle dansl’espace ASTRONOMIEGrâce à deux satellites volant en formation à 150 mètres l’un de l’autre, la mission Proba-3 de l’Agence spatiale européenne a créé une éclipse artificielle dans l’espace pour observer la couronne solaire. Ce système autonome, qui comporte un disque occulteur de 1,4 mètre de diamètre, permet des éclipses de six heures toutes les 19 heures. Objectif: percer les mystères de la couronne, siège d’événements violents et encore mal compris du Soleil. F. N. EN DEUX MOTS MARS De nouvelles analyses montrent que la plupart des glaciers se trouvant sur la planète Mars seraient composés d’environ 80 % de glace d’eau.ESPACE Les directeurs des agences spatiales russe, Roscosmos, et américaine, Nasa, se sont entendus pour prolonger l’exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) jusqu’en 2028. DÉCÈS L’astronaute américain Jim Lovell, commandant de la célèbre mission lunaire Apollo 13, qui avait échappé de peu à la catastrophe, est mort le 7 août, à l’âge de 97 ans. Course au nucléaire sur la Lune ESPACEAlors que la Russie et la Chine ont déjà affiché leur ambition d’installer un réacteur nucléaire sur la Lune d’ici au milieu des années 2030, la Nasa a annoncé qu’elle accélérait son propre projet de centrale de 100 kilowatts pour qu’il soit opérationnel dès 2030. Outre l’intérêt de fournir une énergie stable à de futures bases sélènes, de tels réacteurs créeraient des zones d’exclusion de sécurité pouvant bloquer de facto l’accès d’autres pays à des zones stratégiques. H. J. G Les algorithmes ont été entraînés sur des vidéos montrant des tirs au but (ici l’Euro féminin 2025). G Les données collectées par le détecteur LHC du Cern à Genève (Suisse) ont permis de mettre en évidence l’écart de symétrie. MAXIMILIEN BRICE/CERN PA IMAGES / ICON SPORT ESA/PROBA-3/ASPIICS/WOW ALGORITHM G La couronne solaire dévoilée grâce au satellite Occulter placé devant notre étoile. 8 - Sciences et Avenir - Septembre 2025 - N° 943 ACTUALITÉS Sciences fondamentales L e 23 novembre 2023, l’espace-temps a vibré sous l’impact d’un choc titanesque.Deuxtrousnoirsd’environ100et 140 masses solaires ont fusionné, donnant naissanceàunnouveaumonstrecosmique de225massessolaires.Cecataclysme,baptiséGW231123,etrévéléle14juilletdernier, représentelaplusmassivefusiondetrous noirs jamais observée par ondes gravitationnelles,leprécédentrecordn’étant«que» de140massessolaires,en2021.L’événement aétédétectéparl’instrumentaméricainLigo, dans le cadre du 4e cycle d’observation de la collaborationinternationaleLigo-Virgo-Kagra (LVK),réunissantlesdeuxdétecteursaméricains,l’italienVirgoetlejaponaisKagra.Audelàdurecord,cettecollisiondéfielesmodèles deformationdestrousnoirs.Eneffet,desastres aussimassifsnepeuventpasseformerdirectementpareffondrementd’étoiles.Ilsseraient probablementissusdefusionsantérieuresde trous noirs plus petits. F. N. Collision record entre deux trous noirs La plus grosse fusion de trous noirs jamais détectée par ondes gravitationnelles remet en question nos modèles d’évolution stellaire. 1,51 MILLISECONDE L’avance de la Terre sur sa rotation de 24 h ASTRONOMIE La journée du 5 août a été la plus courte de l’année : notre planète a bouclé sa rotation journalière en avance sur sa durée standard de 86 400 secondes (24 heures). Une avance de 1,3 milliseconde avait été enregistrée les 9 et 22 juillet. Signe d’une accélération encore inexpliquée. H. J. Ce drone va inspecter les canalisations INGÉNIERIE L’appareil de 18 cm de large parvient à voler dans des conduits de 35 cm de diamètre. Il a d’abord été maintenu par un bras articulé pour enregistrer au moyen d’un capteur de force les courants d’air et les turbulences. Ces données fournissent une cartographie des zones à éviter et des zones sûres. Le drone peut alors progresser en restant stable, guidé par les lasers indiquant la position des parois, faute de pouvoir utiliser une caméra. A. D. SOURCE : THOMAS MARTIN, INRIA, FRANCE. Un nouveau visiteur interstellaire ASTRONOMIE Un nouvel objet venu de l’extérieur du Système solaire, nommé 3I/Atlas, a été découvert le 1er juillet par l’observatoire El Sauce (Chili), du réseau Atlas. Après 1I/Oumuamua en 2017 et 2I/Borissov, la comète 3I/Atlas est le troisième objet interstellaire identifié. Avec un diamètre estimé à 320 mètres et un âge de 7 milliards d’années, il traverse notre système à la vitesse vertigineuse de 58 km/s (208 800 km/h). Il atteindra son point le plus proche du Soleil fin octobre. H. J. Un radar de précision pour voir à travers le carton ROBOTIQUE Des chercheurs ont mis au point un radar à ondes millimétriques capable de traverser les emballages carton et permettant ainsi de sonder et identifier les objets qui se trouvent à l’intérieur. Destiné au monde des entrepôts et de la logistique, le système fonctionne grâce à un émetteur-récepteur fixé sur un bras robotique utilisé pour le tri de colis. A. D. SOURCE : LAURA DODDS, MIT, ÉTATS-UNIS. G Le quadricoptère peut voler dans un conduit de 35 cm de diamètre. G Le système reconstruit en 3D les objets à l’intérieur de l’emballage. G Les vibrations de l’espace-temps, captées par l’observatoire Ligo, ont permis d’identifier la fusion de deux trous noirs d’environ 100 et 140 masses solaires (illustration). NICOLLE R. FULLER/ SPL / SUCRÉ SALÉ MIT G. DESTOMBES & THOMAS MARTIN / INRIA G Sciences fondamentales 710 W LOT DE 2 CAPA C I T É 125 L GARANTIE G A R A NTIE 3 ANS JAAR JAHRE Également en ligne Également en ligne Source : #1 est la première marque de Bricolage en Europe* PARKSIDE® 10 - Sciences et Avenir - Septembre 2025 - N° 943 ACTUALITÉS Nature A. NARENDRA, MACQUARIE UNIVERSITY CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP L e mandat voté par les 195 États membres de l’ONU en mars 2022 a échoué. Au petit matin du 15 août, les négociateurs du traité mondial sur les plastiques ont dû constater qu’il n’y avait pas de consensus sur un texte de lutte contre cette pollution qui empoisonne l’eau, l’air, les sols, les océansetcontaminelesorganismes vivants, y compris les humains. Deux positions se sontrévéléesinconciliables.La première,portéeparunecentaine de pays, voulait obtenir uneréductiondelaproduction des«polymèresprimaires »,la matièredebasedesplastiques. La seconde, défendue par une vingtaine d’États pétroliers — dont la Russie, l’Inde, la Chine ou les États-Unis —, Échec retentissant du traité antiplastique L’accord mondial tant espéré pour réduire la production de plastique, et donc la pollution, n’a finalement pas abouti. Les papillons bogongs migrent grâce aux étoiles LÉPIDOPTÉROLOGIE C’est en se fiant aux étoiles que des milliards de papillons bogongs en Australie se réfugient chaque année sur le plateau Bogong, situé à plus de 1000 km de leur lieu de naissance, pour échapper aux chaleurs estivales, révèle une étude internationale. C’est le premier cas connu de migration nocturne grâce aux étoiles chez les invertébrés. Si le temps est couvert, ils poursuivent leur route en s’aidant du champ magnétique comme le font certains oiseaux migrateurs la nuit. P. K. SOURCE : DAVID DREYER, UNIVERSITÉ DE LUND, SUÈDE. ELLE A DIT « Ce sont un peu les rossignols de l’océan Austral » Tracey Rogers, professeure d’écologie marine à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie), rapportant les résultats d’une étude sur les léopards de mer mâles. Lorsque ces phoques plongent dans les eaux glacées de l’Antarctique, ils « chantent » des mélodies structurées comme des comptines, au cours de performances qui peuvent durer jusqu’à 13 heures. ne voulait agir que sur la gestiondesdéchetsparlavoiede leur collecte et de leur traitement, soit par incinération, soit par recyclage. Fabriqués à 99 % à partir de pétrole Plus de 450 chercheurs issus d’une soixantaine de pays ont plaidé en vain pour une diminution de la production. Leurs travaux révèlent que la simplegestiondesdéchetsne suffira pas à endiguer la pollution des milieux, du fait de l’augmentation prévisible de la production. Selon l’OCDE, 450 millions de tonnes sont produitestouslesansetcette masse devrait tripler d’ici à 2060.D’icià2040,20000 millions de tonnes de plastiques auront été produites en cumulé,dontuneinfimepartieserarecycléeouincinérée. « Rien que pour tenir compte de l’impact des plastiques sur le climat [ils sont fabriqués à 99%àpartirdepétrole]etrespecterl’accorddeParis,ilfaudraitréduireleurproductionde 11,8 à 17,3 % par an », révèle Marie-France Dignac, directrice de recherche à l’Inrae et membre de la coalition des scientifiques pour un traité sur les plastiques. Les États vont donc se partagerentreceuxquiadoptentdes politiques nationales restrictivesetceuxquilaissentfaire. L’ONU devra prochainement décider si un nouveau round denégociationsdoitêtreorganisépourrésoudreunepollutionglobalequepluspersonne ne peut ignorer. L. C. G 450 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année dans le monde (ici une décharge en Indonésie). « Agrotis infusa » parcourt plus de 1000 km au printemps. 12 - Sciences et Avenir - Septembre 2025 - N° 943 ACTUALITÉS Nature U nebiodiversitéabyssale insoupçonnée a été révélée dans les fosses des Kouriles et des Aléoutiennes, dans l’océan Pacifique. Décrite dans la revue Nature, cette vie rare s’étend sur plus de 2500 km de long àdesprofondeurscomprises entre 5800 et 9533 mètres. Elle a pu être observée par le submersible chinois Fendouzhe,capablededescendre à-10909mètres(pointleplus profond connu des océans) avec trois passagers à bord. Durant l’été 2024, il a plongé à 23 reprises entre le nord du Japon, l’est de la péninsule russe Kamtchatka et le sud-ouest de l’Alaska. C’est làquelesscientifiquesontpu observer des vers, palourdes et anémones de mer autour de suintements froids (cold seeps en anglais). Ils s’y alimentent — probablement grâce à des symbioses avec des bactéries — du méthane et des autres gaz libérés de la croûteocéanique.Lerôledes cold seeps, équivalents des fumeurs noirs des abysses, était jusqu’ici ignoré. A. C. La vie prolifère dans les abysses du Pacifique Nord Les chercheurs ont découvert une vie reposant sur les gaz libérés depuis les sédiments des grands fonds. 9521MÈTRES L’altitude record de SolarStratos AÉRONAUTIQUE La mission aéronautique SolarStratos a annoncé que son avion à énergie solaire avait battu le record d’altitude détenu jusqu’ici par le Solar Impulse de Bertrand Piccard (9235 m). Une étape importante pour ce biplace en fibre de carbone de 24,8 mètres d’envergure recouvert de panneaux solaires, conçu pour démontrer qu’il est possible d’atteindre la stratosphère (au-delà de 12 000 m) grâce à l’énergie solaire. H. J. Des méduses forcent l’arrêt d’une centrale nucléaire ÉNERGIE À Gravelines, près de Dunkerque, la plus grande centrale nucléaire d’Europe occidentale a dû être mise à l’arrêt en raison d’une « présence massive » de méduses. Elles étaient entrées dans le port de Dunkerque où la centrale pompe les eaux servant au refroidissement des réacteurs. Un risque connu qui « n’a pas affecté le refroidissement des équipements assurant la sûreté des réacteurs », indique l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection. H. J. Le renouvelable passe en tête ÉNERGIE En matière de production d’énergie, 2026 sera une année historique. Pour la première fois, la production d’électricité issue du solaire et de l’éolien va dépasser celle du charbon. Les énergies renouvelables pèseront 36 % de la production contre 32 % pour le charbon. L’an prochain, la production d’énergie va connaître une forte hausse de 3,7 % du fait de l’électrification des usages (véhicules électriques, data centers, etc.). Elle sera assurée à 90 % par le solaire. L. C. G À l’échelle mondiale, la production d’électricité renouvelable a plus que triplé en un quart de siècle. IDSSE, CAS F. DESMETTE / BIOSPHOTO BRUNO BOURGEOIS ; SOURCE : AIE G Le submersible chinois Fendouzhe a pu observer des populations vivant jusqu’à -9533 mètres (illustration). Lesloutressont deretourenFrance BIODIVERSITÉ Disparue de la quasi-totalité de l’Hexagone durant la première moitié du XXe siècle, la loutre d’Europe (Lutra lutra) est en passe de recoloniser ses anciens territoires. La surface occupée par ces mammifères semi-aquatiques en France a progressé de 40 % entre 2009 et 2023 selon une étude. La cartographie réalisée à partir des données disponibles montre une présence sur près de deux tiers du territoire, comprenant la moitié sud ainsi que la Bretagne et la Normandie. H. J. SOURCE : SIMON LACOMBE, UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER, FRANCE. Production d’électricité en térawattheures (TWh) 2000 2 000 6 000 10 000 Charbon Renouvelables 2025 14 - Sciences et Avenir - Septembre 2025 - N° 943 ACTUALITÉS Nature L esbotanistesdel’Institutdegénomique agricoledeShenzhen(Chine)ontcomparé les génomes de 450 variétés cultivées et 56 espèces sauvages de pommes de terre. Leur étude, parue dans Cell, indique quelapatateactuelle(Solanumtuberosum) est issue d’un croisement naturel, il y a plus de 9 millions d’années, entre des lignées de tomates(Solanumlycopersicum)provenant de la côte est du Pérou, de l’Équateur et de la Colombie, et des lignées de pommes de terre sauvages originaires du Chili (Solanumetuberosum).Selonlesbotanistes,c’est aussigrâceàcettehybridationquelestubercules, partie charnue que nous mangeons, sont apparus. La tomate a apporté le gène SP6A,quiindiqueàlaplantequandproduire des structures tubéreuses. Et son action est complétéeparlegèneIT1d’Etuberosumqui contribue au contrôle de la croissance des tiges souterraines. Sans ces deux gènes, pas de patate pour la raclette! A. C. EDINBURGH INNOVATIONS Aux origines de la pomme de terre Le tubercule descendrait d’une hybridation ancestrale entre une tomate et une pomme de terre sauvage. Une bactérie transforme le plastique en paracétamol CHIMIE En modifiant génétiquement une souche d’Escherichia coli, une équipe est parvenue à faire transformer par ces bactéries des composants d’une bouteille usagée en plastique PET (recyclable) en paracétamol, soit la molécule antalgique la plus utilisée au monde. Au-delà de l’étonnante preuve de faisabilité, une application industrielle semble encore lointaine, selon eux. H. J. SOURCE : NICK JOHNSON, UNIVERSITÉ D’ÉDIMBOURG, ÉCOSSE. G Les chercheurs ont utilisé des « E. coli » génétiquement modifiés. G Le mammifère apporte parfois des proies mortes aux marins. Quand les oiseaux changent de sexe ORNITHOLOGIE Une étude portant sur 500 oiseaux de cinq espèces australiennes communes, dont les kookaburras, les pies, les pigeons et les loriquets, a révélé qu’environ 6 % des oiseaux présentaient les chromosomes d’un sexe mais les organes reproducteurs d’un autre. La plupart de ces changements impliquaient des oiseaux génétiquement femelles développant des gonades mâles. La cause de ce phénomène reste inexpliquée. H. J. SOURCE : CLANCY HALL, UNIVERSITÉ DE LA SUNSHINE COAST, AUSTRALIE. ÉTHOLOGIE L’orque s’approche spontanément d’une personne, lui donne sa proie capturée, attend, puis reprend son offrande… Bien que rare, la scène a été signalée dans tous les océans. Selon la première étude menée sur ces rencontres, il s’agirait d’un comportement convivial commun entre les orques qui l’étendraient parfois à une autre espèce identifiée comme prédatrice intelligente : les humains. P. K. SOURCE : JARED TOWERS, INSTITUT BAY CETOLOGY, CANADA. Les«offrandes»desorques auxhumains FRANÇOIS GOHIER / BIOSPHOTO 111,7 MILLIONS D’HECTARES La perte de terres naturelles au Brésil en 40 ans ÉCOLOGIE Selon un rapport de l’initiative MapBiomas travaillant à partir d’images satellite, le Brésil a perdu l’équivalent de près de trois fois la superficie de l’Allemagne de terres naturelles au profit de l’agriculture, de l’exploitation minière et des infrastructures. Dont 52 millions d’hectares dans la région amazonienne du pays. H. J.
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