SCIENCES ET AVENIR n°936 - Page 2 - 936 N° 936 - Février 2025 - Sciences et Avenir - 5 Mathieu Nowak Rédacteur en chef BERNARD MARTINEZ ÉDITO L a vie hors du ventre de la mère commence par un cri. Les poumons se remplissent d’air, la respiration démarre, on peut couper le cordon ombilical par lequel l’oxygène arrivait au fœtus. Puis la respiration se fait oublier, hormis en des circonstances particulières telles qu’un essoufflement excessif. Mais aujourd’hui, c’est un autre cri qui se fait entendre : « Les techniques respiratoires sont une porte ouverte vers la régulation des fonctions vitales,vers la régulation émotionnelle et cognitive. On devrait absolument l’apprendre à l’école ! », nous dit Sophie Lavault, psychothérapeute et docteure en neurosciences (p.63). Le travail sur le souffle existe pourtant depuis des millénaires, notamment au travers de pratiques telles que le yoga. Mais ce n’est que récemment qu’il a été considéré de manière scientifique. Désormais, les bénéfices sont avérés pour la santé mentale, la douleur, le stress, la pratique sportive, etc. Ce n’est pas pour rien que, contrairement au rythme des battements de cœur, nous pouvons prendre contrôle de celui de la respiration ! Notre dossier va encore au-delà : « Dans dix ans, les maladies respiratoires seront sans doute la première cause de décès », avertit Paul Hofman, directeur de l’institut hospitalo-universitaire Respirera à Nice (p.64). Bien respirer est aussi un enjeu de santé publique. À l’occasion des trois ans de l’invasion russe en Ukraine, nous vous proposons également un reportage exceptionnel sur la ligne de front. Il nous révèle comment ce conflit est un hybride entre une guerre de tranchées rappelant la Première Guerre mondiale et une guerre technologique d’un nouveau genre avec, côté ukrainien, des outils informatiques sur mesure. Ou comment des maisons qui semblent abandonnées cachent des solutions technologiques inédites permettant d’assister chaque mouvement et chaque tir. Bonne lecture entre le souffle qui guérit et celui des batailles modernes.J Les bénéfices du travail sur le souffle sont avérés pour la santé mentale, la douleur, le stress, la pratique sportive, etc. Un souffle nouveau Les noms et adresses de nos abonnés seront communiqués aux organismes liés contractuellement avec Sciences et Avenir, sauf opposition. Dans ce cas, la communication sera limitée au service de l’abonnement. Ce numéro comporte une lettre de « bienvenue aux abonnés », les encarts « Sophia Boutique - Montre Laura - double bracelet et Coffret Loupe La Compagnie des Wagons Lits » ainsi que le message « Challenges » jetés sur couverture sur une partie de la diffusion abonnés, ainsi que le message « Linvosges » jeté sur couverture sur la totalité de la diffusion abonnés.. Commission paritaire n° 0625 K 79712. ISSN 3040-0457. Distribué par MLP. Directrice éditoriale Dominique LEGLU - 01.55.35.56.02 Rédacteur en chef Sciences et Avenir Mathieu NOWAK 01.55.35.56.38 Rédacteur en chef La Recherche Philippe PAJOT - 01.70.98.19.29 Rédacteur en chef digital Olivier LASCAR - 01.55.35.56.15 Rédaction en chef hors-série Vincent REA - 01.55.35.56.35 avec Florence LEROY - 01. 55.35.56.36 Adjoint à la rédaction en chef Laurent PERICONE (édition) - 01.55.35.56.10 Rédacteur(trice)s en chef adjoint(e)s Hugo JALINIÈRE (Sciences et Avenir) - 01.55.35.56.52 Andreina DE BEI (photo) - 01.55.35.56.31 Lise LOUMÉ (digital) - 01.55.35.56.39 Directeur(trice)s artistiques Dominique PASQUET (couverture) - 01.55.35.56.59 - Jean-Louis GILABERT - 01.55.35.56.28 Thalia STANLEY (adjointe) - 01.55.35.56.21 Secrétaire générale de la rédaction Véronique MESSAGER - 01.55.35.56.18 Conseillère auprès de la rédaction en chef Rachel MULOT (cheffe de service enquêtes) - 01.55.35.56.07 Chef de service Fabrice NICOT (fondamental) - 01.55.35.56.46 Chef de service adjoint Hervé RATEL (actualités) - 01.55.35.56.45 Chef(fe)s de rubrique Franck DANINOS (fondamental) - 01.55.35.56.78, Sylvie RIOU-MILLIOT (médecine, santé) - 01.55.35.56.54 Rédaction Marine BENOIT (archéologie, histoire) - 01.55.35.56.23 Arnaud DEVILLARD (numérique, expositions) - 01.55.35.56.27 Sylvie ROUAT (grand reporteure, espace, océanologie) - 01.55.35.56.40 Assistante de direction Valérie PELLETIER - 01.55.35.56.01 Collaborateurs(trices) Sylvie BOISTARD, Loïc CHAUVEAU, Johan KIEKEN Chroniqueurs Sylvie BENZONI-GAVAGE, Christophe CASSOU, Jean-Gabriel GANASCIA, Céline GUIVARCH, Claire MATHIEU Ont participé à ce numéro P. BERLOQUIN, C. COUMAU, J. DE COUCY, V. GLAVIEUX, N. GUTIERREZ C., G. JACQUEMONT, C. JOURDAN, P. KALDY, L. MAROLLÉ, M. PARRA, A. REZGUI, N. SCHEIDHAUER, E. TISSANDIÉ, A. VERNET 1re secrétaire de rédaction Sandrine HAGÈGE - 01.55.35.56.17 Photo-iconographie Isabelle TIRANT - 01.55.35.56.32 Pôle digital Valentin COLLIAT-DANGUS (community manager) - 01.55.35.56.70, Isabelle DO O’GOMES (cheffe de rubrique, veille) - 01.55.35.56.49, Camille GAUBERT (santé) - 01.55.35.56.24, Joël IGNASSE (espace, paléontologie) - 01.55.35.56.15, Coralie LEMKE (santé) - 01.55.35.56.56, Astrid SAINT AUGUSTE (rédactrice spécialisée) - 01.55.35.56.48, Anne-Sophie TASSART (cheffe de rubrique) - 01.55.35.56.41 Yann BOURDAIS chef de projet junior - Flora ISSINGUI cheffe de projet marketing digital Courrier des lecteurs Sara DE LACERDA - courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Informatique Daniel DE LA REBERDIÈRE - 01.55.35.56.06 Responsable administrative et financière Jaye REIG - jreig@challenges.fr Comptabilité - compta@challenges.fr Responsable ressources humaines William AFTHONIADES - wafthoniades@challenges.fr Responsable paye Sandrine MARTIN - smartin@challenges.fr Fabrication Sarah RABBAH Publicité MediaObs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires 75002 Paris Tél. : 01.44.88.97.70. 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Retrouvez-nous sur www.sciencesetavenir.fr LE SITE WEB DE SCIENCES ET AVENIR DISTINGUÉ POUR SA FIABILITÉ Courriels à: courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Dans votre dossier consacré à laVoielactée,l’article« Quelle estlamassedelaVoielactée?» estintéressantmaistroublant lorsquel’astrophysicienFrançois Hammer écrit: « La Voie lactée est remarquable car elle n’a plus connu de collisionsfusions avec une autre galaxie depuis10 milliardsd’années. » Or la Voie lactée a subi trois collisions-fusionssuccessives « récentes », et c’était avec la galaxie naine Sagittarius: une premièreilya6 milliardsd’années, suivie de deux autres de plus faible ampleur. Philippe Tatry François Hammer: Oui, il aurait mieux valu écrire « collisionsfusions majeures », qui transforment complètement les galaxies qui ont fusionné, et qui avaient un rapport de masse d’un tiers ou d’un quart. Car la collision avec Sagittarius est évidemment bien moindre, et n’a laissé que des traces sur quelques régions du disque, dont particulièrement notre environnement. Si l’on devait comparer avec un accident de la route, imaginez l’impact d’un accident entre une camionnette et une voiture, et comparez-le avec celui d’une voiture et d’un objet de quelques centaines de grammes! Sagittarius A* Dansl’article:« Que se passet-il près de Sagittarius A*? » (n° 934), vous écrivez que la Voie lactée abrite un trou noir à 27000 années-lumière denous.Plusloindansl’article, vous écrivez que ce trou noir estsortid’unepériodededormance il y a environ 200 ans! À27000années-lumière,vous parlezd’unévénementquiaeu lieu il y a 200 ans? Il semble y avoir une incohérence! R. Bouffard S. et A. : Quand un trou noir n’absorbe pas de matière environnante, il est inactif. C’est le cas actuellement du trou noir central de la Voie lactée. Pourtant, des observations ont révélé un excès de rayons X émis par des nuages moléculaires situés dans son voisinage. Cet excès ne peut pas être entièrement expliqué par les processus internes des nuages eux-mêmes. À l’aide du satellite IXPE de la Nasa, les chercheurs ont analysé la polarisation de ces nuages de gaz afin de mieux comprendre la provenance de ces émissions. Ils ont ainsi mis en évidence qu’il s’agit là de la trace d’un puissant flash lumineux émis par Sagittarius A* alors qu’il absorbait de la matière. Les estimations basées sur la distance des nuages moléculaires et le temps de voyage des rayons X indiquent que l’événement aurait bien eu lieu il y a environ 200 ans. L'esprit d'ouverture © Radio France/Ch. Abramowitz La science, CQFD. Natacha Triou En partenariat avec > Disponible sur le site et l’appli Radio France. DU LUNDI AU JEUDI 16H - 17H FC_ScienceCQFD_EncartPress_168x75.indd 2 FC_ScienceCQFD_EncartPress_168x75.indd 2 10/10/2023 11:16 10/10/2023 11:16 Si l’on devait comparer avec un accident de la route, imaginez l’impact d’un accident entre une camionnette et une voiture, et comparez-le avec celui d’une voiture et d’un objet de quelques centaines de grammes! Sagittarius A* Dansl’article: t-il près de Sagittarius A*? G G Révélations sur les mystères de la Voie lactée (Sciences et Avenir n° 934, décembre 2024) Précision Dans la page du ciel de décembre (n° 934), nous avons proposé à nos lecteurs de tenter l’observation de Mercure 30 minutes avant le lever du Soleil. Comme nous l’a fait remarquer un abonné attentif, le ciel était déjà trop lumineux en cet instant pour que la planète soit visible. En revanche, elle l’était encore jusqu’à 45 minutes avant le lever du Soleil. 6 - Sciences et Avenir - Février 2025 - N° 936 COURRIER SOMMAIRE Sciences et Avenir / N° 936 / Février 2025 N° 936 - Février 2025 - Sciences et Avenir - 7 SHUTTERSTOCK-SOSARMY-E.TSCHAEN/REA-SYLVAINCORDIER/GETTYIMAGES 5 Édito par Mathieu Nowak 6 Courrier ÉVÉNEMENT 8 La guerre high-tech des Ukrainiens 28 Les 10 découvertes de 2024 SCIENCES FONDAMENTALES 12 ACTUALITÉSL’âge des anneaux de Saturne remis en question / Pourquoi Ingenuity s’est écrasé sur Mars 32 Batteries : la révolution à venir du « tout-solide » 38 Les obélisques, des virus d’un genre nouveau 40 Journal de l’IA : Quand les algorithmes doivent désapprendre NATURE 16 ACTUALITÉSLe bulletin météo pour 2100 a été publié / Les espèces invasives menacées à leur tour 42 Baleines : comment éviter les collisions 48 Le surtourisme pisté grâce au GPS des smartphones 50 Les tourbières, un rempart contre le carbone SANTÉ 20 ACTUALITÉSUne méthode simple révèle l’âge biologique / Le fructose, agent secret du cancer 70 La lumière bleue des écrans n’affecte pas le sommeil 74 Portrait : l’anthropologue, son balai et la psychiatrie 76 Nutrition : Le régime méditerranéen, star des menus HISTOIRE 24 ACTUALITÉSOn a daté le métissage « Sapiens »-Neandertal / La syphilis nous viendrait d’Amérique 78 Chine : l’armée de terre cuite n’a pas révélé tous ses secrets 84 Les murs d’os des catacombes de Paris se relèvent 86 Histoire des sciences : Marie Curie et l’étalon radium TRANSVERSALES 90 Sélection livres 93 Expositions 94 Chroniques Climat par Céline Guivarch et Christophe Cassou / Mathématiques par Sylvie BenzoniGavage / Éthique par Jean-Gabriel Ganascia / L’œil d’Olivier Lascar 96 Questions de lecteurs 97 Le ciel de février 98 Jeux P. 8 P. 32 P. 42 Maîtriser son souffle permet de soulager nombre de maux comme le stress, la douleur ou l’anxiété. La recherche a de surcroît beaucoup progressé dans le décryptage des mécanismes cérébraux qui commandent les poumons. Explications. DOSSIER P. 54 Les super-pouvoirs de la respiration La guerre high-tech des Ukrainiens Si la guerre russoukrainienne a des airs de Verdun, elle offre aussi un visage high-tech avec la numérisation croissante du champ de bataille. Reportage dans les QG. Batteries : la révolution à venir du « tout-solide » Promettant plus d’autonomie et de sécurité, la technologie « tout-solide » reste encore à l’état de prototype. L’industrie cherche la clé pour démocratiser la voiture électrique en plein marasme. Comment éviter les collisions avec les baleines Les solutions se multiplient pour éviter les accidents avec les cétacés, devenus première cause de mort non naturelle chez ces espèces vulnérables. Tour d’horizon. 8 - Sciences et Avenir - Février 2025 - N° 936 ÉVÉNEMENT Reportage La guerre high-tech des Ukrainiens Les terribles affrontements qui opposent depuis trois ans les soldats dans les tranchées donnent à la guerre russo-ukrainienne des airs de Verdun. Mais le conflit offre aussi un visage résolument high-tech avec la numérisation croissante du champ de bataille. Comme on peut le constater en poussant la porte des QG sur la ligne de front. Texte et photos : Natacha Scheidhauer G Dans le QG,un soldat vérifie l’absence de menace aérienne avec le système Virazh, qui collecte de nombreux capteurs (à droite). Dès son feu vert, ses équipiers (à gauche) vont pouvoir ainsi déplacer en sécurité une pièce d’artillerie pour pilonner une tranchée russe. N° 936 - Février 2025 - Sciences et Avenir - 9 ÉVÉNEMENT Reportage A D écembre dernier, quelque part dans le Donbass. Nous laissons la voiture sur le bas-côté de ce qui n’est de toute façon pas une route maisuncheminpoissédeboue.Lafaute à la raspoutitsa, cette gadoue saisonnière qui englue l’Ukraine deuxfoisparan,àl’occasiondespluiesd’automne puis du dégel printanier. Le soldat del’arméeukrainienne avec qui nous avons échangépeuavantsur WhatsApppourobtenir les coordonnées GPS durendez-vousvientà notrerencontreetnous invite à le suivre jusqu’à la première maison. Pareille à celles qui ponctuent ce hameau déserté par les civils, elle ne paiepasdemineet,sileronronnement d’un groupe électrogène attire l’attention dès le portail franchi, rien ne présage de ce que l’on découvre derrière la porte:surlesmursgrossièrementblanchis à la chaux, entre les fenêtres masquéesdesregardsextérieurs,unedizaine d’écrans de contrôle high-tech occupent l’espace, nous projetant sans transition dans le champ de bataille numérisé. Bienvenue dans la guerre du xxie siècle. Aux claviers, des soldats s’activent. Dans la première salle, installé à un bureau que surplombe une icône orthodoxe protectrice, un homme est chargé de surveillernumériquementlecielaumoyendu système Virazh (prononcer « Viraj »). Au-delàd’unradardedéfenseaérienne classique,ceréseaucombinelacollecte d’une quarantaine de capteurs différents:infrarouges,fluxvidéodesdrones, imageriesatellitaire,etc.Dèssaconception, dans le cadre de l’agression russe de2014,ilanotammentinnovéenutilisantdescapteursacoustiques,déployés dans l’environnement à peu de frais et discrètement sur de simples poteaux électriques, ou bien déjà inclus dans lestéléphonesportablesdevolontaires civils. Mis à contribution, ces derniers peuventenregistrerpuistransmettreen temps réel le son des appareils ou projectiles russes en approche. Le moindre mouvement dans l’espace aérien est identifié Laperformancerelativedecescapteurs par rapport aux radars spécialement conçusestcompenséeparleurnombre: ilyenauraitdesmilliersdisséminéssur le territoire. Moyennant un traitement par intelligence artificielle, il est ainsi possible d’identifier automatiquement le moindre mouvement dans l’espace aériendel’Ukraineetdegagneruntemps précieuxpourchoisirlaréactionappropriée à la menace entrante. Dans l’immédiat, notre homme a pour mission de confirmer qu’aucun drone ne survole la zone du front qui s’affiche sous nos yeux. Dans la pièce adjacente, lecommandant—25ansàpeineetdéjà deuxannéespasséesencaptivitéenRussie — a en effet décidé de déplacer une pièced’artilleriequi,sanscontrôleaérien, seraituneciblefacile.Sonbut?Frapper les silhouettes désincarnées qui s’animentdanslatranchéeàl’écran.Quelques minutesaprès,c’estchosefaite.Endeux coupsseulement,lechardeconception française AMX-10 a atteint sa cible. Pourréussircettemanœuvre,l’équipea pucomptersurKropyva,unautreincontournable de cette guerre numérique. Celogicieldontlenomsignifie« ortie » s’avère un sacré poil à gratter pour les Russes. Unanimement salué par les soldats sur le terrain, notamment dans unerécenteenquêteduministèredela Défense ukrainien, il est décrit comme le « Uber » de l’artillerie. De même que F Plus on approche du front, plus on croise des véhicules équipés de dispositifs antidrones. Sur les camions militaires ou les véhicules civils utilisés par les soldats, sont disposés des brouilleurs électroniques parfois couplés à des cages protégeant mécaniquement des explosions. F À l’écran, s’affichent les retours de différents capteurs sur le terrain. Les soldats disposent même de la vision d’un drone ennemi : ils ont piraté sa fréquence et peuvent prévenir les leurs de l’approche de la menace. G Dans le Donbass, un hameau abrite un QG avancé. 10 - Sciences et Avenir - Février 2025 - N° 936 ÉVÉNEMENT Reportage l’applicationchoisitletaxilepluspertinentpourrépondreàvotredemandede transport, Kropyva dispose d’un algorithme proposant la meilleure solution pour remplir une tâche militaire, jusqu’auplusbasniveautactiquesurle terrain,celuidelapetiteunité,voiredu combattantindividuel—droniste,fantassin, artilleur, etc. Nourri de la localisationdespositionsamiesetennemies etautresparamètrescommelesconditions météorologiques indispensables au réglage des trajectoires des tirs d’artillerie,Kropyvapeutparexemplecoordonnerdespiècesséparéesdeplusieurs kilomètres mais également des drones pouroptimiserl’impactd’unefrappesur la cible désignée, en quelques minutes et à 1,5 mètre de précision. Des solutions logicielles conçues bénévolement par des civils Finlogisticien,lelogicielintègreaussiles stocks de munitions des unes et autres positionsafindesolliciterlesmieuxpourvues. Ici encore, l’automatisation des tâchesfaitgagnerdeprécieusesminutes, du temps de géolocalisation des cibles à celui du déploiement des batteries, diminuantd’autantl’expositionaudanger des soldats sur le terrain. Ajoutons à ces fonctions l’échange de données entre utilisateurs par simple SMS, via desradiosàondescourtesoudesterminaux satellitaires, et surtout une option cartographiquehorslignepours’orientermêmesanssignalInternet:oncomprendaisémentlesuccèsrencontrépar Kropyva dans l’artillerie, mais aussi au seindesunitésblindées,d’infanterieou de reconnaissance. Virazh, Kropyva, mais aussi Delta : la plateforme de commandement et de contrôleutiliséeparl’état-majorukrainienagrègedeslogicielsetfusionnedes données de toutes sortes pour obtenir une image complète de la situation militaire.Sitouteslesarméesmodernes possèdent des systèmes similaires, ces logiciels et applications ont une particularité: il s’agit de solutions électroniques conçues bénévolement par des volontaires civils, souvent dès le début de l’agression russe en 2014, et pour certaines adoptées ensuite officiellement par l’armée. Une signature commune synonyme d’agilité. Accessibles sur des supports électroniques grand public, ordinateurs mais aussi smartphones et tablettes, ces solutions se révèlent peu coûteuses et leur prise en main intuitive dispense de longues séances de formation. Les programmes s’améliorent par les retours d’expérience Il en est de même pour les drones faits maison—autreemblèmedecetteguerre high-tech—quenecessentdepersonnaliser des équipes dans des ateliers en tout genre cachés dans les soussols du pays. Pragmatiques, ces programmes s’adaptent aussi à la réalité du terrain pour prendre en compte la diversitédumatérielutiliséparl’armée ukrainienne: des rustiques canons de 152 mm hérités de l’ère soviétique aux 155 mmdeceuxfournisparlesnations occidentales qui supportent et approvisionnent l’Ukraine. Surtout, ils font l’objet d’améliorations très fréquentes à partir du retour d’expérience des utilisateurs sur le terrain, qui peuvent faire remonter leurs suggestions en un clic au « service client ». Enfin, ils permettentaussid’inclurelaparticipation des civils encouragés à résister à leur manièreennourrissantcesapplications detoutessortesdesignalementsconcernantlaprésencedel’ennemi(menaces aériennes mais aussi mouvements de troupes, entrepôts de munitions, positions d’artillerie, héliports, etc.). IFRI ‘‘ Avec des images de la zone de conflit obtenues à distance de sécurité, en temps réel et de façon quasi permanente, la numérisation de l’espace de bataille permise par les avancées technologiques offre une lisibilité sans précédent. Les évolutions améliorent aussi la performance des équipements, en particulier en matière de puissance de feu. Aujourd’hui, pour être capable de faire face à tous les types d’adversaires, une armée ne peut se passer de matériels de plus en plus avancés, mais la technologie militaire ne doit pas submerger le champ de bataille. Parce qu’elle porte en elle de nouvelles failles techniques, comme les cyberattaques, et fait l’objet de contre-mesures permanentes de la part de l’adversaire, mais aussi parce qu’elle pose le risque d’une paresse intellectuelle et morale en réduisant la stratégie à l’emploi de moyens. ” VERBATIM RÉMY HÉMEZ OFFICIER DE L’ARMÉE DE TERRE, SPÉCIALISTE DES ENGAGEMENTS MILITAIRES CONTEMPORAINS Guerre technologique: oui, mais… A ARMY SOS G Kropyvaest développé par les bénévoles de l’association Army-SOS. Ils ont déjà distribué plus de 15 000 tablettes pourvues de ce logiciel de combat. N° 936 - Février 2025 - Sciences et Avenir - 11 ÉVÉNEMENT Reportage Cettehorizontalitéposebienquelques problèmes d’uniformisation entre les unités, notamment pour ceux qui utilisentl’uneoul’autredeladizained’applicationsdecombatdisponibles—ilya aussiMilChat,GisArta,Terminal,ComBatVision,Ukrop…—,maiscefoisonnementdesolutionsinnovantesparticipe également à la capacité de l’Ukraine à résister à une armée bien plus grande qu’elle,maisaumanagementtropverticalpourenfaireautant.Ainsi,alorsque l’armée deVladimir Poutine ne fait pas significativement évoluer sa culture et ses pratiques, les forces ukrainiennes délaissent — progressivement et non sans mal, mais tout de même — leurs oripeaux d’ex-armée soviétique. En témoigne la jeunesse de l’équipe aux manettesduQGoùnousnoustrouvons etsarelativeautonomie.Pourlaplupart natifsdunumérique,cessoldatsreconnaissentqu’ilsauraientdumalàrevenir àuneguerredéconnectée.Uneaccoutumancequipointeuneautredeslimites de cette guerre « réseau-centrée »: la dépendanceàlaconnectivité,mêmesi des plans B — cartes papier, communications par drones de livraison voire estafettes à l’ancienne, etc. — restent évidemment prévus en cas d’indisponibilité d’Internet. Sans visibilité sur la continuité de la mise à disposition de Starlink, suspendue aux lubies d’Elon Musk, mais aussi pour les combats qui sont menés en territoire russe, comme à Koursk, et où la constellation satellitaire n’est pas accessible, l’Ukraine a d’ailleurs déjà choisi des fournisseurs alternatifs, comme le OneWeb britannique. Dans l’immédiat, les gigaoctets qui animent les murs d’écrans de cette maisonnettesanshistoireapparentese révèlentautantdeballespouratteindre l’ennemi. J ÉQUIPEMENT Un poste de soins discret et mobile En février, Damien Harri-Marin livrera un vingtième StabNet sur le front. Ce poste de stabilisation médicale avancé est né d’une initiative francoukrainienne. L’idée? Projeter la technologie médicale au plus près de la ligne de front. Petite, légère (2 tonnes environ), la structure peut être tractée par un simple véhicule, et un système de double essieu augmente l’angle d’inclinaison, soit 40° adaptés au hors-piste... et au mauvais état notoire des routes de campagne ukrainiennes. « Cette agilité permet de se rapprocher des victimes pour les prendre en charge au plus vite, explique le concepteur du projet. L’objectif est de stabiliser leur état médical dans la première heure après la blessure. » Une golden hour qui s’avère un moment stratégique pour les chances de survie. Pompe à perfusion, concentrateur pour produire de l’oxygène… Dans ce petit conteneur, tout a été pensé pour aider les équipes médicales, notamment dans la prise en charge des hémorragies vitales, première cause de décès dans ce contexte. Et l’équipe est à l’écoute des utilisateurs: « En lien avec les médecins sur le terrain, nous améliorons régulièrement le matériel. Comme ces réfrigérateurs à compression, capables de fonctionner sur batterie pour conserver sang et plasma en toute circonstance. » G Léger, mobile, équipé de technologies médicales de pointe, StabNetpeut se rendre au plus près de la ligne de front. L es anneaux de Saturne, qui s’étendent sur des centaines de milliers de kilomètres de diamètre, pourraient être beaucoup plus anciens que ce que les scientifiquesnel’imaginaient. Ces dernières années, plusieurs études estimaient que leur âge devait être compris entre100et400 millionsd’années—semblableparconséquentàceluidesdinosaures. Mais une équipe de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP) et de l’université des sciences de Tokyo (Japon) ébranle cette théorie. « Les résultats que nous avons obtenus indiquent que ces structures ne sont pas nécessairementjeunesetpourraient être aussi âgées que la L’âge des anneaux de Saturne remis en question Une équipe internationale estime que ces structures pourraient être aussi âgées que la planète elle-même, soit plus de 4 milliards d’années. planèteelle-même,soitplusde 4 milliardsd’années »,avance ainsiGustavoMadeira,chercheuràl’IPGPetcoauteurde ces travaux. L’idée selon laquelle les anneaux de Saturne se seraientformésàuneépoque relativement récente reposait sur les observations de la sondeaméricaineCassini,qui aexplorélesystèmesaturnien entre 2004 et 2017. Elle a établi que la planète était bombardée en permanence par desmicrométéoritescomposées principalement de silicates (dioxydes de silicium associé à d’autres oxydes métalliques) filant à plus de 100 000 km/heure. Et qu’en dépit de ce flux incessant de poussières brunes cosmiques, les anneaux étaient constitués à plus de 99 % de glace d’eau. D’où l’hypothèse que « ces structures seraient apparues il y a seulement quelques centaines de millions d’années », précise GustavoMadeira,puisqu’elles semblentaujourd’huitrèspeu « polluées »ensilicatesetpossèdent ainsi un fort pouvoir réfléchissant. Un mécanisme d’« autonettoyage » Or, en modélisant l’impact des micrométéorites sur les disques de glace, l’équipe franco-japonaise a découvert que le choc engendrait destempératuressupérieures à 10000 °C. De quoi vaporiser complètement les microG Le flux de micrométéorites s’abattant sur la planète salirait moins les anneaux que prévu, entretenant leur jeunesse apparente. NASA/JPL-CALTECH/SPACE SCIENCE INSTITUTE météorites. Et créer un gaz qui se condense par la suite en diverses particules électriquement chargées. Cellesci interagissent alors avec le puissant champ magnétique de Saturne, indiquent les simulations : soit en les attirantversl’atmosphèreplanétaire,soitenlesexpulsantdans l’espace. Au final, « seul 1 % de la matière météoritique se déposerait sur la glace, contre plus de 10 % selon les précédentes estimations », signale Gustavo Madeira. Grâce à ce mécanisme, les anneaux de Saturne pourraient ainsi «s’autonettoyer »,conservant enquelquesorteunejeunesse éternelle. Mais leur éclat ne refléterait en aucun cas leur âge véritable. F. D. 12 - Sciences et Avenir - Février 2025 - N° 936 ACTUALITÉS ACTUALITÉS U n an après le crash sur Mars de l’hélicoptère Ingenuity — premier engin à réaliser un vol motorisésuruneautreplanèteque la Terre — les ingénieurs de la Nasa ont reconstitué les causes probables de l’accident. Ils ont analysé les données de vol, les images de la caméra du petit aéronef de 1,8 kgetcellesprisesquelques semainesplustardparlerover Perseverance. Le 18 janvier 2024, alors qu’Ingenuity réalisait son 72e vol et amorçait une descente à 12 m d’altitude,lesystèmedenavigation aurait mal évalué la nature du sol, des petites dunes de sable dénuées de repères qui auraientpermisàl’hélicoptère de calculer sa position. Atteignant la surface martienne trop rapidement, il heurta avec ses pieds la crête d’une dune.Entanguantetroulant, l’hélicoptère aurait brisé ses quatre pâles aux deux tiers de leur longueur et projeté l’une d’elles à une quinzaine de mètres de distance. F. D. Pourquoi Ingenuity s’est écrasé sur Mars Le système de navigation du petit hélicoptère aurait mal évalué la nature du sol. Un détecteur géant de neutrinos va démarrer en Chine PHYSIQUE L’observatoire Juno s’apprête à démarrer sa traque des neutrinos. Construit à 700 mètres de profondeur à Jiangmen (Chine), le cœur du détecteur est une sphère de 35,5 mètres de diamètre, remplie de 20000 tonnes de liquide scintillant capable d’émettre un flash lumineux dès qu’un neutrino réagira avec lui. Ces particules de masse infime interagissent très peu avec la matière, d’où le gigantisme de l’installation. F. N. 4,43 à 4,53 milliards d’années L’âge réévalué de la Lune SÉLÉNOLOGIE Alors que l’on estimait son âge à 4,35 milliards d’années, la Lune se serait formée un peu plus tôt. Mais elle aurait migré vers une orbite où l’influence gravitationnelle de la Terre aurait conduit à une fusion partielle de son manteau. De quoi remettre à zéro les « horloges isotopiques » qui servent à la dater. F. N. SOURCE : FRANCIS NIMMO, UNIVERSITÉ DE CALIFORNIE À SANTA CRUZ (ÉTATS-UNIS). MATÉRIAUXDécouvert il y a un an, un nouveau type de matériau magnétique qualifié d’altermagnétique a été visualisé pour la première fois à l’université de Nottingham (RoyaumeUni). Les images ont été produites grâce à des rayons X éclairant un échantillon de tellurure de manganèse. Ce matériau émet alors des électrons dévoilant l’organisation magnétique, en particulier de minuscules vortex d’une centaine de millionièmes de mètre de large. De tels « alteraimants » pourraient permettre d’augmenter d’un facteur mille les capacités de stockage des mémoires magnétiques. F. D. G Reconstitution du scénario probable de l’atterrissage brutal de l’hélicoptère de la Nasa sur la planète Rouge le 18 janvier 2024. 1. Le système de navigation visuelle évalue mal les caractéristiques du sol et la vitesse d’atterrissage. 2. L’impact sur le sol provoque des roulis importants de l’hélicoptère. 3. Les extrémités des pales se brisent à l’atterrissage sous l’effet de la force gyroscopique. Premièreimage d’unalteraimant Cette sphère de 35,5 m est le cœur du détecteur. EN DEUX MOTS PLANÈTE SÈCHE. Une analyse de l’atmosphère de Vénus révèle que la planète n’a jamais abrité d’océans d’eau liquide et n’aurait jamais été habitable. MISSION DANGEREUSE. Le 24 décembre 2024, la sonde Parker Solar Probe de la Nasa s’est approchée à une distance record de seulement 6,1 millions de kilomètres de la surface du Soleil. SURSAUT TRACÉ. Un sursaut radio rapide a pu être relié directement à une étoile à neutrons, ce qui confirme l’origine de ces flashs d’énergie très puissants. NASA/JPL-CALTECH UNIVERSITY OF NOTTINGHAM, EPFL JIN LIWANG / XINHUA / AFP 250nm N° 936 - Février 2025 - Sciences et Avenir - 13 ACTUALITÉS Sciences fondamentales Le matériau émet des électrons révélant d’infimes vortex (en blanc). Des mains de pianiste dans un modèle numérique MODÉLISATION Les mouvements des mains de 15 pianistes de haut niveau ont été captés alors qu’ils jouaient des pièces difficiles pendant dix heures. Ces données ont permis de bâtir un modèle numérique animé par intelligence artificielle: en soumettant une partition au modèle, celui-ci génère une animation montrant comment placer et déplacer les doigts. Objectif: améliorer le confort de jeu et éviter les douleurs des pianistes. A. D. SOURCE: RUOCHENG WANG, UNIVERSITÉ STANFORD (ÉTATS-UNIS). JIARONG GU L’astéroïde COWEPC5 n’a été détecté que douze heures avant de se consumer dans l’atmosphère, le 3 décembre 2024. Ce court délai est-il normal? Oui, compte tenu de sa toute petite taille: 70 centimètres. C’est même une bonne nouvelle, qui montre que nous commençons à être organisés de façon efficace pour détecter l’arrivée d’objets si petits et prédire le moment et l’endroit de leur impact, en échangeant rapidement les informations depuis plusieurs continents. À partir de quelle taille un astéroïde est-il considéré comme menaçant? Un diamètre supérieur à 1 kilomètre correspond au seuil de catastrophe à l’échelle du globe. Nous avons dressé l’inventaire de plus de 90 % des astéroïdes de ce type, et aucun ne nous menace dans les siècles à venir. L’objectif est désormais de réaliser cet inventaire pour les objets plus grands que 140 mètres, correspondant au seuil de catastrophe à l’échelle d’une région ou d’un petit pays. Nous n’en connaissons que 40 %. COWEPC5 a explosé au-dessus d’Olekminsk, en Iakoutie (Russie). On se souvient de Tcheliabinsk en 2013. Y a-t-il des régions du globe plus exposées? Les chutes se produisent de façon aléatoire. La Russie est le pays qui a la plus grande surface, donc ce n’est pas étonnant qu’il en subisse plus. Quand une chute se produit au-dessus d’une mer ou d’un océan, qui représentent deux tiers de la surface du globe, il est plus difficile d’en témoigner. Propos recueillis par F. N. « La surveillance des astéroïdes est efficace » C.SUZZI/HANS LUCAS/ ESA La sieste du trou noir géant ASTROPHYSIQUE Une sieste après un bon repas? C’est commun chez les humains, et désormais chez les jeunes trous noirs supermassifs. Le télescope spatial James-Webb en a repéré un de 400 millions de masses solaires, seulement 800 millions d’années après le Big Bang. Un record de précocité. Mais il ne consomme pratiquement pas de matière. Cela suggère que les trous noirs supermassifs ne grossiraient pas continuellement, mais par violentes poussées lors de festins pantagruéliques. Avant de faire une pause… F. N. Ledronequiseprend pourunoiseau ROBOTIQUE Long de 50 cm et muni d’une hélice à l’avant, Draven est capable de s’appuyer sur ses pattes pour s’envoler. Il atteint une vitesse comparable à celle de vrais oiseaux, à savoir 2,4 mètres par seconde. Il peut s’élancer sans moteur pour économiser de l’énergie, marcher, faire un saut de 26,6 cm pour franchir un fossé ou aller se percher à 37 cm de haut. A. D. SOURCE: WON DONG SHIN, ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE (SUISSE). G La croissance rapide du trou noir supermassif serait entrecoupée de moments de pause (vue d’artiste). 14 - Sciences et Avenir - Février 2025 - N° 936 ACTUALITÉS Sciences fondamentales Sciences fondamentales G L’engin s’élance sur ses pattes pour s’envoler. Google fiabilise les processeurs quantiques INFORMATIQUE Les qubits à la base des ordinateurs quantiques sont extrêmement sensibles aux perturbations extérieures qui compromettent leurs calculs. Pour pallier ce problème, des chercheurs de Google Quantum AI ont fait la démonstration avec le processeur Willow d’une méthode de correction d’erreurs dite sous le seuil, où l’ajout de qubits renforce la fiabilité. Jusqu’ici, leur multiplication accroissait aussi les erreurs. F. N. ALAIN HERZOG / EPFL QUESTIONS À Patrick Michel Astrophysicien à l’observatoire de la Côte-d’Azur (CNRS)
SCIENCES ET AVENIR n°936 - Page 2
SCIENCES ET AVENIR n°936 - Page 3
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