MOTO JOURNAL n°2380 - Page 4 - 2380 ÉDITO Départs classés rouge L es fans de sports mécaniques s’apprêtent à vivre une saison 2025 historique. Deux des plus grands noms de la vitesse, Marc Marquez et Lewis Hamilton, changent cette année d’écurie pour enfiler chacun une tenue rouge, synonyme de gloire, de succès et de passion à l’italienne. La conjonction de leur arrivée dans les plus prestigieux teams de MotoGP et de F1 est remarquable à tous points de vue. En signant chez Ferrari, Hamilton, septuple champion du monde, rejoint enfin le cercle très fermé des plus grands champions qui ont signé pour la mythique Scuderia. Il relève aussi le plus grand défi de sa carrière. Car en quittant Mercedes, marque avec laquelle il a bâti son impressionnant palmarès, il s’invite dans une écurie pour laquelle le titre mondial file entre ses doigts depuis 2007. Pour Marquez, auréolé de 8 titres mondiaux, le challenge semble plus accessible. Ducati sort de trois titres pilotes consécutifs (deux avec le team officiel, le dernier avec une écurie satellite) et de cinq titres constructeurs de rang. C’est dire si la Desmosedici qui a permis à l’Espagnol de renaître chez Gresini tel un phénix en 2024 après des années de disette chez Honda, possède tous les atouts pour le remettre sur la voie du succès. Pour le champion anglais, Ferrari, malgré ses fulgurances la saison dernière, manque encore de constance face à l’ogre Red Bull. Sa tâche sera sans doute plus compliquée que celle de son homologue sur 2-roues, sauf à constater un progrès notable des performances de la monoplace rouge sous la houlette d’ingénieurs surmotivés à l’idée de voir dans le baquet de leur auto l’un des plus grands noms de la F1. Du côté de Bologne, il y a plus de certitudes. Et pour cause, la GP25 part de la meilleure des bases pour perpétuer une nouvelle saison à succès. Surtout avec deux cadors du calibre de Pecco et Marquez, qui devront toutefois gérer intelligemment leur cohabitation dans le box Ducati et encore plus sur la piste. Cette rivalité sera l’un ces enjeux de cette nouvelle saison qui redémarre et que nous traitons dans notre traditionnel guide de début de saison. Avec ces protos de MotoGP à plusieurs millions d’euros le bout, l’argent ne saurait entraver leur coûteux développement. Pour le motard français, il est probable que la question du prix est une tout autre préoccupation. Et voir les étiquettes de prix des motos gonfler comme un gâteau au four peut vite doucher l’enthousiasme d’une acquisition potentielle alors que, bien souvent, le gâteau garde la même taille et contient les mêmes ingrédients. Notre enquête a pour but de savoir pour quelles raisons ces prix augmentent et quelles sont les pistes à suivre pour éviter l’envolée. Car les solutions existent, nous le démontrons par une liste de vingt bons plans que la rédaction a ciblés. Comme Hamilton et Marquez qui, plus que gagner, veulent relever des défis iconiques, rêvons que tous les constructeurs se lancent eux aussi un nouveau défi : baisser (ou au moins maintenir) le prix des motos pour en vendre plus, quitte à nous fourguer moins de technologies pas toujours indispensables. Ils préserveront leur marge et donneront du plaisir à des milliers de passionnés. Xavier de Montchenu, rédacteur en chef Moto Journal [3] www.moto-station.com motojournal@editions-lariviere.com Éditions Larivière, Espace Clichy, immeuble Agena, 12, rue Mozart, 92587 Clichy Cedex. Tél: 01.41.40.32.32. Président du conseil de surveillance : Patrick Casasnovas Présidente du directoire : Sophie Casasnovas Directeur général: Frédéric de Watrigant Éditeur: Philippe Budillon Les adresses e-mail personnelles: prenom.nom@editions-lariviere.com RÉDACTION Rédacteur en chef: Xavier de Montchenu Rédacteur en chef adjoint: Aurélien Ranéa Rédacteurs : Rémi Darodes, Alexis Delisse, Michael Tora Secrétaire de rédaction : Frédéric Poujouly Ont collaboré à ce numéro Damien Bullot, Thierry Butzbach, Loïc Faujour, Laurent Simon. MAQUETTE Chef de studio: Ludovic Terreil PUBLICITÉ Directeur de publicité : Emmanuel Nemar (01.41.40.31.11) Assistante : Mai-Ahn Vu (01.41.40.32.16) DIFFUSION ET PROMOTION Anciens numéros et abonnements Service abonnement 45, avenue du Général-Leclerc, 60643 Chantilly Cedex Tél.: 03.44.62.43.79. abo.lariviere@ediis.fr 1 an (12 numéros) version papier + numérique : 62 € Tarif abonnement 2024 en prélèvement : 4,90 €/mois Abonnements pour la Belgique Edigroup Belgique Sprl. 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SOMMAIRE#2380 Prochain numéro vendredi 21 mars 2025 90 Shopping 92 On a testé pour vous Five HG Metro WP 94 Dr Occasion Ducati Multistrada 1200 97 Guide MotoGP 98 Le calendrier et les 22 circuits 100 Les pilotes 106 Les teams officiels 116 Les teams indépendants 120 Les essais hivernaux 124 Courrier . C’est vous qui le dites ! 126 Contre-braquage L'ampleur de Chine 128 Flash-back Il était une fois mars 2005 129 Pub d'époque « Ne restez pas esclave des prix ! » 130 BéDé Rossi Addict Abonnez-vous en direct avec votre smartphone Etaussi enpage127 120 COMPÈT' Le championnat Klass GP MOTOGP Les essais hivernaux 84 N° 2380 - MARS 2025 Planche logos top ventes SEPM 5 NOUVEAUTÉS À L'ESSAI Triumph Tiger Sport 800 Kawasaki Z 900 Honda Transalp 750 Honda NC 750 X DCT Ducati Multistrada V2 S L 11945 - 2380 H - F: 5,99 € - RD Bel/Lux/Espagne/ITA/Port.CONT/AND :6.70€ Dom/S:6.99€-CH:9.10FS-CAN(A):11.99CAD-TUN:19DT VISITE D'USINE BIENVENUE SUR LA PLANÈTE ZONTES Notre sélection de 20 modèles Pourquoi les bonnes affaires sont rares Comment les tarifs des motos sont fixés LES BONS PLANS 2025 9 999 e 4_MJ2380_Couv.indd 1 11/02/2025 13:48 Ce numéro comprend un mailing abonnement Moto Revue déposé sur une partie de la diffusion abonnés Les premières fumées se sont fait sentir dès le printemps 2024. Après des années d’expansion, un record de ventes en 2022, plusieurs rachats (MV Agusta, GasGas, Husqvarna), des programmes sportifs multiples et ambitieux, le groupe KTM publie en juin 2024 un communiqué de presse alarmant, dans lequel il annonce devoir prendre plusieurs mesures correctives, dont l’accélération de la délocalisation et Moto Journal [6] L’empire de Stefan Pierer. De gauche à droite, les marques qu’il possède dans la moto, le vélo, le designrecherche et développement, la transformation numérique et les sports mécaniques. PLANÈTE MOTO Par la rédaction KTM en crise Pour le meilleur et pour le... Pierer ? Alors que KTM traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire, Stefan Pierer, l’emblématique patron, propriétaire et architecte du groupe tel qu’on le connaît aujourd’hui, vient de laisser sa place à son second Gottfried Neumeister. L’occasion pour nous de revenir sur l’affaire autrichienne, quelques mois après le début de l’incendie et, surtout, avec un peu de recul. la nomination d’un nouveau directeur financier, devant une baisse trop significative de ses ventes partout dans le monde. On apprendra plus tard par voie officielle qu’elle était de l’ordre de - 21 %, pour une chute des revenus de près - 29 % en 2024. L’orange est donc bien dans le rouge ! Pas de fumée sans feu Et on évoque alors plusieurs raisons : un positionnement premium bancal, des designs toujours plus clivants, une inflation générale en Europe et des taux d’emprunt peu favorables aux USA qui ralentissent tous les deux la consommation, mais aussi des investissements massifs et risqués dans l’univers du vélo, qui connaît alors une crise majeure… Le tout saupoudré d’un contexte économique délicat, marqué par une guerre en Ukraine qui fait exploser le coût des matières premières et une main-d’œuvre encore européenne donc moins flexible et plus coûteuse. Et pour ne rien arranger, KTM subit de plein fouet l’effet post-Covid : le monde entier s’est mis à surconsommer et les industries à surproduire, jusqu’à ce que la demande s’écroule aussi brutalement qu’elle s’était envolée. Bilan des courses : les stocks sont énormes (certains parlent de 265 000 motos à date), trop d’argent est immobilisé, les remboursements d’emprunts et de sous-traitants deviennent laborieux, tandis que 300 employés sont déjà remerciés à l’été 2024. Flamme et tristesse L’incendie devient public le 29 novembre 2024, lorsque la société est placée sous la surveillance d’un administrateur judiciaire pour 90 jours. Il sera chargé de mettre en place une procédure propre au droit autrichien, la restructuration en autogestion. Trois sociétés du groupe KTM sont concernées : KTM AG, pour la partie production, KTM Component (la plus fragile de ce que l’on entend) pour la partie pièces détachés et KTM F&E, le centre de recherche et développement. En parallèle, plusieurs médias locaux et syndicats rapportent courant décembre Moto Journal [7] La 690 victorieuse au Dakar 2007 récemment vendue aux enchères à Paris. Souvenir d’une époque où tout allait bien pour KTM (lire page suivante)… Enchères à Rétromobile. La vente rendant hommage à la Collection Panini (71 modèles, tous vendus) a totalisé 1 058 759 €. L’Innocenti Lambretta Siluro a été adjugée 160 920 € et une MV Agusta 750 America de 1978 a trouvé preneur à 63 176 €. Ducati, une courbe dans le rouge. En 2023, Ducati a réalisé une année record en termes de ventes ! Très difficile à reproduire. Raison pour laquelle la marque de Bologne accuse une baisse de - 6 % en 2024 par rapport à l’exercice précédent, soit 54 495 motos livrées dans le monde. BMW, des chiffres flat’teurs. De son côté, BMW Motorrad finit l’année 2024 avec 210 408 unités vendues à travers le monde. Les 20 693 immatriculations réalisées en France font de notre marché le deuxième plus important au monde pour la marque bavaroise. Une pyramide en Inde. La Daredevils Team (l’équipe des casse-cous), la compagnie motocycliste de l’armée indienne, a réussi un nouveau record le 20 janvier dernier à Kartavya Path (New Delhi) en effectuant une pyramide roulante de 40 hommes qui pointe à 6,21 mètres. Mortalité 2024. Les chiffres de mortalité de l’année 2024 sont tombés : ils sont 20 usagers de 2-roues de plus que l’an dernier à avoir perdu la vie sur les routes en 2024, soit 726 personnes au total. Ce qui représente 22 % de la totalité des décès sur la route cette année. Tape m’en 5. Après Honda (en mai 2020), Kawasaki (en juillet 2023), Suzuki (en janvier 2024), CFMoto (en janvier 2024), Yamaha étend à son tour sa garantie constructeur sur tous les modèles de sa gamme à 5 ans, kilométrage illimité (depuis le 1er janvier 2025). Cyclone et siphon. Samedi 1er février 2025, une Cyclone 1000 V-twin de 1915 (parmi les machines de course américaines d’avant-guerre les plus légendaires) a été adjugée aux enchères de Mecum Motorcycle à Las Vegas au prix délirant de 1 310 000 $ ! Ce qui fait d’elle la moto la plus chère de l’Histoire. belle jambe &AUSSI… que des employés seraient mis au chômage et que tous les salaires n’auraient pas été versés. À défaut de confirmation officielle, on apprend que les usines seront bel et bien fermées de janvier à février. Les dirigeants autrichiens avaient jusqu’au 25 février 2025 pour définir leur plan de bataille et trouver des solutions efficaces, afin de convaincre la justice locale de leurs capacités à assainir leur situation financière. Appelez les pompiers À l’heure actuelle, certaines sources annoncent une dette proche des 2,2 milliards d’euros… Des chiffres à prendre avec des pincettes et surtout à relativiser, car toutes les sociétés contemporaines vivent à crédit, en équilibre entre actif-passif et capacité d’emprunt. D’après Raphael Crambes, directeur de KTM France, 23 investisseurs se sont déjà engagés à injecter un total de 900 millions d’euros. Une recapitalisation qui ne sera probablement pas suffisante pour que tous les voyants repassent au vert… Et qui devrait s’accompagner d’un plan de restructuration encore plus vaste, passant par la vente de certaines marques (comme MV Agusta, lire plus bas) et plus de délocalisation. On peut s’attendre notamment à ce que la joint-venture avec le chinois CFMoto s’étende à davantage de modèles de la gamme. L’industriel s’est d’ailleurs montré intéressé pour rentrer au capital du groupe KTM, comme un autre de ses compatriotes, le fonds d’investissement Fountainvest notamment impliqué dans les marques Salomon et Wilson. Mais selon toute logique, KTM devrait rester fidèle à son premier partenaire asiatique, Bajaj. En effet, en plus de fabriquer la gamme 125 (route) et 390 pour l’autrichien, le constructeur indien possède déjà des parts dans la maisonmère de KTM. Dont, rappelons-le, 50,1% appartiennent toujours à la société de Stefan Pierer (Pierer Mobility). Un homme très ambitieux que certains accableront, mais à qui l’on doit tout de même une des plus belles marques de motos européennes et par ailleurs, une des dernières à l’être vraiment. Il y avait 160 employés à son arrivée en 1992, ils étaient encore près de 5 000 cette année. Faire de la course implique de prendre des risques. Il les aura peut-être tous pris, mais sera resté fidèle à la philosophie de sa marque Ready To Race. Avec ou sans lui, on ne doute pas que KTM saura prendre un nouveau départ. Moto Journal [8] PLANÈTE MOTO Trois générations de MV Agusta pour symboliser l’histoire et la richesse de la marque fondée par le comte Agusta en 1945. MV Agusta et KTM Séparation Brutale Après deux ans de collaboration, MV Agusta vient d’annoncer par un communiqué de presse officiel sa séparation totale du groupe KTM. Les deux acteurs étaient en effet liés depuis novembre 2022, lorsque le groupe Pierer Mobility (KTM AG) s’était porté acquéreur de l’usine de Varèse à hauteur de 25 %. Ils en étaient ensuite devenus actionnaire majoritaire au printemps 2024... Mais la crise majeure que traverse KTM a contraint l’administrateur judicaire en charge de son redressement à remettre en vente toutes ces parts. Et c’est avec la société Art of Mobility, de la famille du milliardaire russe Timur Sardarov – déjà en possession des 49 % restants –, qu’un accord de vente a depuis été signé pour qu’elle « reprenne totalement le contrôle d’MV Agusta. » La vente a été annoncée par les deux parties et devrait se finaliser au cours de ce premier semestre 2025. À moins qu’un nouvel investisseur étranger (chinois, indien… ?) ne se manifeste ? À défaut d’un podium, cette collaboration avec la marque Ready To Race aura au moins servi de tremplin à MV Agusta ! En effet, bien que la conception, le design et la fabrication étaient toujours basés en Italie, le groupe KTM a amplement participé à la restructuration de la gamme et au développement de ce qui est probablement le modèle le plus grand public et universel de MV Agusta : l’Enduro Veloce. Une machine pleine de caractère et polyvalente enfin débarrassée de ses défauts d’agrément génétiques. Et la dynamique insufflée par les Germains se vérifie en chiffres. En tant que concessionnaire MV Agusta de longue date, comment as-tu vécu ce revirement ? Quand KTM est arrivé, j’étais très optimiste et vraiment content, car, pour une fois, c’était une marque d’envergure et surtout venue du même milieu que nous qui prenait part à notre activité. J’y croyais vraiment. D’ailleurs, je n’ai jamais autant investi dans MV Agusta qu’à l’occasion de l’arrivée de KTM. J’ai fait un peu de stock, on a fait des reprises risquées, acheté du nouveau mobilier MV et on a même déménagé le magasin ! Pour que 6 mois plus tard on en arrive là… J’ai l’impression d’avoir été trompé. Comment, en seulement 6 mois, la situation a pu dégénérer à ce point-là ? Au moment où l’on a signé, il devait forcément se tramer quelque chose... Et en attendant, moi, j’ai déjà 6 motos déjà vendues que l’on m’a décommandées depuis l’annonce, ce qui représente quand même 15 % de mon activité sur les 6 derniers mois... Mes clients fidèles qui connaissent MV depuis longtemps ne s’inquiètent pas… Mais les nouveaux de cette année me demandent carrément s’ils ne doivent pas revendre leur moto ! Tires-tu du positif de cette collaboration avec Pierer ? Pour être honnête, pendant ces 6 mois, on était vraiment soutenu, on nous appelait régulièrement, on recevait des mails, on avait un suivi, une vraie communication avec l’usine et, finalement, un fonctionnement normal et enfin constant. Les processus étaient nouveaux et rigoureux, presque trop d’ailleurs, au vu du nombre de motos que l’on vendait… Il faut souligner aussi que la situation s’était stabilisée du côté des pièces détachées. Et en ce qui concerne ma boutique, l’image de KTM nous a quand même permis de recruter de nouveaux clients. En 2024, ils représentent malgré tout 50 % de ma clientèle… As-tu une idée de la façon dont sera gérée la transition ? Non et ma principale crainte, c’est la gestion des pièces détachées et de la production. Tous les stocks sont partis en Autriche et il va falloir tout rapatrier. Donc on va encore prendre 6 mois dans la vue, alors que ça fait déjà deux mois qu’on a plus de pièces. J’attends deux motos neuves à livrer qui n’arrivent pas et je ne sais pas quoi dire à mes clients. Je crains qu’on pâtisse un peu de la chute de KTM, mais pour le blason MV Agusta, je ne suis pas spécialement inquiet. La marque est forte et historique, et elle a toujours trouvé preneur. questions à DanielFlamand 3 Patron de Scuderia Moto 83, concessionnaire MV Agusta « En 2024, l’entreprise a vendu 4 000 motos [mais seulement 306 en France], atteignant un taux de croissance annuel de 116 %, par rapport à 2023 », précise le communiqué de presse de MV Agusta. En parallèle, l’Autriche s’était également attelée à résoudre les problèmes récurrents de gestion des pièces détachées et de service après-vente du constructeur italien. KTM avait notamment rapatrié les entrepôts de stock à Mattighofen afin de réduire les délais d’approvisionnement. « L’année 2024 a été la meilleure de MV Agusta en termes de ventes de pièces détachées, avec taux de disponibilité de 99 % », se félicite de nouveau le management de MV Agusta. Espérons maintenant que les Italiens apprennent de cette expérience et parviennent enfin à garder ce cap. Quoi qu’il en soit, on ne pourra pas reprocher aux Autrichiens de ne pas avoir balisé le chemin. Puisqu’ils sont allés jusqu’à revoir l’organisation administrative de la société elle-même, en divisant MV Agusta en trois entités autonomes afin de clarifier et optimiser son fonctionnement : MV SPA Factory (pour la partie production), MV Gmbh (pour la partie commerciale) et MV Supplier (pour la partie logistique et B to B). Des bienfaits que Timur Sardarov reconnaît encore une fois lui-même : « Ces changements structurels sont à la base des résultats extraordinaires obtenus en 2024. » Le même a d’ailleurs pleinement conscience que sa relation avec ses fournisseurs sera fondamentale pour assurer une continuité industrielle, qui a souvent fait défaut à MV Agusta. Il rassure, en déclarant que « le développement de la prochaine génération de motos progresse comme prévu… » Alors chez MJ, on aimerait lui soumettre une petite doléance : faites-nous une Brutale 950 avec le moteur de l’Enduro Veloce, mais 10 000 € moins chère, siouplaît ! Moto Journal [9] « Il y a des jours où il faut gagner, d’autres où il faut ramener des points. Ne tombez pas dans les pièges, ne jouez pas à l’esprit, ne vous laissez pas influencer par votre coéquipier. Dans les duels, amusez-vous et tentez l’impossible. » ValentinoRossi,dansleCorriereDellaSera, surlarivalitéàvenirMarquez-Bagnaia La phrase du mois Marché L’occasion n’est plus le bon coin Alors qu’historiquement le marché de l’occasion est la locomotive du secteur du deux-roues en France – où il représente tout de même 75 % des nouvelles immatriculations –, on note une très net recul de 11 % de transactions sur les machines de seconde main ! Chiffre à comparer aux - 2% sur les immatriculations de véhicules neufs et - 9% au global. Une conjoncture aussi rare qu’inquiétante, sans doute symptomatique de l’évolution de nos modes de consommation. À l’aide du bilan annuel chiffré livré par les organismes AAA Data et Solly Azar, on vous propose une petite analyse pour de tenter d’expliquer les raisons de la chute du marché de l’occasion. Première observation, la baisse du nombre d’immatriculations de cyclos d’occasion en France est spectaculaire : 19 % ! Cela s’explique principalement par un désintérêt des nouvelles générations pour les scooters et 50 à boîte. Et on se doute que la disparition des machines 2-temps, depuis 2022 et la norme Euro 5, n’a certainement pas arrangé la tendance... Enfin, pour les ménages qui ont encore une rallonge de budget après l’achat d’un smartphone dernier cri, on observe qu’ils préfèrent souvent se tourner vers les nouvelles mobilités (voiturette électrique, trottinette, etc.), théoriquement moins dangereuses. Des raisons multiples Autre conjecture : les jeunes motards et débutants ont tendance à délaisser le marché l’occasion pour l’achat du neuf. Est-ce encouragé par la culture de l’image et des réseaux sociaux, qui privilégient une moto rutilante pour attirer les likes ? Ou bien le fait des nouveaux modes de financement comme le leasing, parfois plus intéressant, en tous cas plus indolore ? Difficile à dire… Mais le fait est que dans la catégorie des plus de 125 cm3 et moins de 400 cm3 , l’immatriculations de véhicules neufs a progressé de 3,4 % quand elle chute du côté de de l’occasion de 12,6 %... Enfin, si l’on est passé de 886 041 immatriculations d’occasions en 2023 à 788 085 en 2024, c’est probablement aussi à cause de la cote délirante qu’ont prises certaines motos sur les sites de petites annonces. L’inflation du prix du neuf, la disparation et/ou le nonrenouvellement de certains modèles à cause d’Euro 5+ (Yamaha R1) donnent lieu à des situations grotesques où une poignée de machines peuvent parfois être vendues aussi chères sur Leboncoin que ce qu’elles étaient vendues en concession à leur sortie (Yamaha MT-07 2014). Espérons que la stratégie de prix très agressive entreprise par Honda depuis deux ans, notamment avec les CBR 600 RR et Hornet 1000 ou 750, rééquilibre le marché. Ce qui est déjà un peu le cas, puisqu’à sa sortie l’année dernière, une CBR 600 RR 2024 neuve valait moins cher que certains millésimes 2017 kilométrés... Pour terminer, notez que les deux-roues d’occasion les plus vendus en 2024 sont dans l’ordre : la Yamaha MT-07, la Suzuki Bandit 650, la Yamaha MT-09 et la Yamaha Fazer 600. C’est dans les vieux pots (d’échappement) qu’on fait les meilleures confitures, non ? Ça nous fait une belle jambe PLANÈTE MOTO L’office de tourisme de Touraine, par l’agence Air Pur, nous a envoyé un mail à l’attention de Mademoiselle Moreno. Valérie ne travaille plus pour MJ depuis 2018. Zaza s’est fait pruner sur le périph par un radar mobile, 86 pour 50, retenu 76. 1 point, 90 balles en payant dans les trente jours. On a appris par Honda que Ryo Hatae, 45 ans, responsable moteur de la NC 750 X, aime la pêche, les voyages, le piano, le vin. C’est une Subaru 100 % électrique, la Solterra qui fera office de safety-car dans le championnat du monde Superbike 2025. Aucun patron de Michelin n’a appelé sa fille Micheline. Ni aucun patron de la SNCF d’ailleurs. Dans un doc sur Franz Beckenbauer (légende du foot allemand dans les années 70) en streaming sur Arte, l’ancien joueur Pierre Littbarski porte un polo Suzuki. Le même logoSuzuki est marqué sur les shorts des joueurs du XV d’Écosse. Grâce à une belle coquille commise parXavier et non filtrée par Fred, MJ a eu droit aux honneurs de la savoureuse rubrique À travers la presse déchainée du Canard Enchaîné (du 5/02). Il était écrit : « Un nouveau décret du 9 janvier pénalise la circulation infertile. » Et le Canard de titrer : Spermis de conduire ! Un nouveau film à l’affiche dans les salles, La Pampa, se déroule dans l’univers du motocross. Bougies La Gold Wing fête ses 50 ans Enchères Despres pas déprécié ! Après un demi-siècle de carrière, l’Aile Dorée n’a pas perdu une seule plume ni une once de son lustre ! Et pour fêter ça, Honda a décidé de lancer une édition limitée 50e anniversaire qui reçoit une très légère mise à jour et des coloris spécifiques. Dont une robe dorée et imitation bois, typique des premières GL 1200 et 1500… Les premiers acheteurs se verront même offrir une miniature hommage. Les autres, se contenteront de ses quelques améliorations : optimisation de l’intercom Bluetooth pilote-passager, Apple CarPlay et Android Auto désormais accessibles via wi-fi, homologation Euro 5+ et, surtout, une meilleure qualité du système audio. Estimée entre 12 000 et 15 000 €, la KTM 690 d’usine avec laquelle Cyril Despres a remporté le Dakar 2007 a été adjugée 51 750 € lors de la vente aux enchères Bonhams Les Les Grandes marques du monde, qui s’est tenue début février au Grand Palais, à Paris. La plus grosse somme de la vente a été consacrée à l’acquisition de cette Moto Morini 250 de GP de 1963, avec un joli 65 550 €. Le 2-temps de retour ? Kawasaki embaume nos cœurs Un fumet huileux et délicieux vient d’embaumer les cœurs de tous les passionnés : Kawasaki a publié une vidéo teasing sur sa chaîne YouTube USA annonçant le retour imminent d’une motorisation 2-temps dans sa gamme ! Nous avons contacté nos confères de Moto Verte, car malheureusement il s’agira bien d’une machine off-road, plus précisément d’une cross 250 2-temps probablement injecté. Aucune autre info n’a encore fuité, mais on peut s’attendre à ce qu’une version 125 arrive rapidement (peut-être une enduro ?), car les cylindres à trou cartonnent dans les concessions comme dans les championnats de ligue. Particulièrement dans les petites catégories. Après Yamaha, Kawasaki sera donc le deuxième japonais à reproposer un 2-temps dans sa gamme. Notez toutefois que les Bleus, comme TM Racing et Fantic, font en revanche toujours appel à des carburateurs. Ce qui leur donnerait d’ailleurs un léger avantage de niaque face aux seuls 2-temps injectés que sont les modèles du groupe KTM (Husqvarna, GasGas)… Enmillions,lenombrededeux-rouesHonda venduscetteannée,toutsimplement40%du marchémondial!Pourarriveràcela,Hondapeut comptersurses37usineset 30000concessionnairesàtraverslemonde. 20,2 Moto Journal [11] DÉPART Bon vent Matt ! Après 15 ans de bons et loyaux services, Matthieu Cayrol, notre chef des essais, a choisi de changer de trajectoire professionnelle. Pour la concurrence ? Impossible, tant ce gars avait (a toujours !) la passion de MJ chevillée au corps. F iable, efficace, sincère, méthodique, bienveillant, précautionneux, Matt, c’est le genre de gars que tu peux suivre les yeux fermés. Nous, ça fait 15 ans qu’on le suit sans se poser de questions en comparo ! Toutes ses qualités ayant naturellement fait de lui notre ouvreur de prédilection. Il ne nous a jamais perdus, qui aurait pu croire que c’est nous qui le perdrions ? Des compétitions de stunt en Typhoon 50, au top-10 du championnat de France Supersport, en passant par des podiums au Dark Dog Moto Tour et le Scorpion Master,notreMatthieu,c’estunemachine.Littéralement.Danssatête, on pense qu’il n’y a que des 0 et des 1, comme dans un processeur. On s’en fout de l’emphase ou de la poésie, faut de l’efficacité, tout n’est que logique, rigueur, méthode et apprentissage. Du coup, c’est le seul mec à rouler vite sans mettre d’angle et à faire des figures dangereuses sans prendre de risques. Mais derrière cette approche robotique, se cache beaucoup de pudeur et un énorme cœur. Matthieu, tu nous manques déjà ! AURÉLIEN Qui ne se ressemble pas s’assemble bien « Je n’ai quasiment aucun point commun avec Matt. Ce gars est une pile électrique (je suis tranquille ascendant cool), il est doué de ses dix doigts (j’ai deux mains gauches), calé en mécanique (c’est quoi, déjà, un rappel desmodromique ?), adore se mettre dans des galères de fou en enduro (rien ne vaut une bonne route bitumée, je vous le dis), il s’avère naturellement rapide et doué au guidon (je me suis déjà retourné en ratant un wheeling), sans esbroufe dans ses textes (c’est essentiel, le style littéraire, bordel !), possède un sacré esprit de compétition (il a raison, Coubertin, l’important c’est de participer) et, enfin, il aime les motos pour ce qu’elles sont, les plus efficaces en tête de liste (j’aime les bécanes pour les émotions qu’elles transmettent). Pourtant, en plus d’être un régal, bosser avec ce gars pendant 15 ans fut d’une simplicité évidente. La passerelle de collègue à ami fut vite franchie. Pour la simple et bonne raison que si nous possédons des monceaux de différences, nous avons deux points communs majeurs : une passion inconsidérée pour la moto et un réel esprit de camaraderie, fibre essentielle chez MJ. Matt, Moto Journal est une grande famille et tu en feras toujours partie ! Surtout si c’est pour ouvrir la route lors de nos prochains comparos. » RÉMI Beaucoup appris « Et moi qui pensais que c’était plus dur pour celui qui part… T’étais plus que mon chef des essais ou mon ouvreur en comparo, t’étais mon guide ! Mon grand frère. Et la base de toute fraternité saine, c’est de se bagarrer, non ? J’peux vous dire qu’on s’en est donné à cœur joie… Et comme c’est moi qui la raconte, l’histoire retiendra même que sur la fin j’étais plus souvent devant que derrière ! Petite vengeance personnelle, car tu m’en as mis plein la gueule au début, enfoiré. Et tu sais quoi ? C’était ma plus grande fierté ! Mais faut se rendre à l’évidence : Tu vieillis. Et vu comme t’as roulé dans ta carrière, c’est presque un privilège, mec. De tous, c’est sûrement toi qui m’en a le plus appris, pas seulement sur le métier, mais sur moi-même aussi. Mille fois merci ! » MIKA Un modèle insuivable « Comment ne pouvais-je pas prendre Matt en modèle à mon arrivée chez MJ ? Le gars a le même âge que moi, il aime la mécanique et est de surcroît très abordable. Mais j’ai vite percuté que ces quelques points communs ne suffiraient pas à rattraper mon retard à l’allumage. À tous les niveaux ! Quand j’articule laborieusement une phrase cohérente, Matt à le temps de placer 6 idées structurées à 300 bpm et ponctuées à l’accent du sud. Quand il me faut une semaine pour choisir le thème du futur comparo, Matt a déjà calé en un jour la réservation des motos, le transporteur, le point de chute, le menu des repas. Quand j’hésite entre la gauche et la droite à une intersection, Matt a déjà planifié les 300 prochains kilomètres en tenant compte de la météo en direct, des probables portions gravillonneuses, des transhumances et des migrations de cigognes. Quand je déploie mes ailes plein angle dans une grande courbe pour suivre le guide en arsouille, il semble à l’arrêt droit comme un i sur la moto, mais il s’éloigne peu à peu Matt est tout simplement insuivable pour un esprit lent comme le mien. Et pourtant aucune trace d’impatience de sa part à traîner un boulet, juste un roc de tolérance et de bonne humeur avec qui on prend plaisir à rouler et à se marrer. Matt pourrait te mettre d’entrée de jeu en zone rouge, au lieu de quoi il t’aide à prendre du régime sans jamais risquer la casse. Insuivable peut-être, le Matt, mais on essayera toujours quand même ! » ZAZADes mots à l’immo « J’ai vu arriver ce garçon en 2009 à la rédac. Il arrivait de l’étage au-dessus où il agissait comme convoyeur de bagnoles pour l’Automobile Magazine. Un gars sympa, toujours de bonne humeur et à l’évidence doué avec un 2-roues puisqu’il était, de la ville de Montpellier où il débarquait, un cador en roue arrière sur son scooter 50. À moto idem, ce blanc-bec n’avait pas son pareil pour taper des wheelings et entrer en courbe plus vite que tout le monde. Le p’tit a progressé et est vite devenu l’un des piliers de l’équipe des essais qu’il a pris en responsabilité en 2016, poste que j’occupais jusque-là. Si je retiens sa grande rigueur professionnelle et son sens inné de l’organisation (le mec t’organise un roulage à 15 en deux temps, trois mouvements et dix coups de fil), je me rappellerai toujours une estivale de la rédac en 2017 où, sur une Mash 400, il a démontré qu’un mec (très) rapide l’est avec n’importe quoi. Et là c’était spectaculaire de voir comment la frêle chinoise malmenée parvenait à rester miraculeusement sur ses deux roues. Tous les lundis il me demandait plein d’espoir « Alors, Zaza, t’as fait une zazaïade, ce week-end ? », toujours friand d’une nouvelle péripétie/gaffe/mésaventure de ma part. Depuis quelque temps, les congés de Matt étaient rythmés par de longues journées de bricolage de maison ou appart. Ce qui ne l’empêchait de rester concentré sur son boulot, toujours pris à cœur, sans se départir de sa légendaire soif de rouler (sinon, il ne buvait que de la grenadine !!). Matt Immo, son autre surnom, était dans l’air, jusqu’à ce qu’il nous annonce sa décision de changer de job. On lui a offert une belle plaque en alu pour son pot de départ avec ses expressions fétiches qu’il casait à chaque comparo. Encore une occasion de se marrer un bon coup avec lui. Mais je crois que ce n’était pas la dernière fois ! » FRED Chanson pour le Sétois Elle est à toi cette chanson Toi le Sétois qui sans façons M’a initié à la Zézette Quand ma vie était tristounette Toi qui as mis de la douceur Dans mon café et dans mon cœur Quand tous les autres imbéciles D’la rédac n’pensaient qu’à rouler des missiles Ce n’était rien qu’une Zézette Mais elle m’avait chauffé le corps Et dans mon âme elle brille encore Quand j’æuvre à gratter cette gazette Toi l’Sétois quand tu t’en iras Quand ton pays t’appellera Qu’il te réserve sous son bleu ciel L’bonheur éternel Petite précision à l’attention des septentrionaux indécrottables et des ascètes égarés : la Zézette ici évoquée est une spécialité sétoise, un succulent gâteau dont le secret réside dans un filet de vin rosé qui ajoute aux arômes de vanille un petit goût acidulé et une teinte rose fort séyante. Quand l’ami Matthieu en rapportait un paquet à la rédac, y n’durait pas longtemps. Bon sang qu’ce gars-là va m’manquer (sanglots incoercibles ) !
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