ROLLING STONE n°160 - Page 7 - 160 NUMÉRO 160 MARS 2024 32 Lily Gladstone Selon toute logique, un Oscar devrait saluer sa performance envoûtante dans le Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese. Lily Gladstone serait la première actrice d’origine amérindienne à être ainsi honorée. Par MARLOW STERN PHOTO DE CARLOS JARAMILLO 52 The Black Crowes Nouveau rabibochage, nouvel album, nouvelle tournée: les frangins veulent regarder droit devant eux, sans se poser trop de questions. Quitte à en éviter certaines au passage. PAR XAVIER BONNET 46 Bruce Dickinson S’il a acquis son statut de star en tenant fermement le micro au sein d’Iron Maiden, le vocaliste n’a pas à rougir de sa carrière solo. Après dix-neuf ans sans donner de suite à Tyranny of Souls, l’artiste touche-àtout britannique opère un retour spectaculaire avec The Mandrake Project. Interview. Par David Browne Sommaire Le Mix RENCONTRE 11 Liam Gallagher et John Squire L’ex-voix d’Oasis associée à l’ancienne guitare des Stone Roses! Résultat? Un album dépassant le revival britpop. Par XAVIER BONNET RÉÉDITION 23 Can à Paris Un nouveau Can live arrive! Entretien avec Irmin Schmidt, cofondateur du groupe. Par DENIS ROULLEAU RS PRO 26 Eternal Fnamm Rencontre avec le DJ et producteur Joachim Garraud à propos de son centre de formation. Par BELKACEM BAHLOULI Guide Musique BLACK CROWES 75 Ramage adulte Quinze ans d’errances balayés d’un revers de la main! Par XAVIER BONNET TRÉSOR ENTERRÉ 82 Luther Vandross L’immense soulman, disparu en 2005, fait aujourd’hui l’objet d’un documentaire. Par BERTRAND DEVEAUD RADIO CLASSIQUE 84 Cocaine Avec son riff et son refrain imparables, cet hymne ambigu fera aussi bien les grandes heures des concerts de son créateur américain que celles d’Eric Clapton. Par PHILIPPE BARBOT En couverture Eric Clapton par Terry O’Neill via Iconic Images Bruce Dickinson par Alain Fretet Mars 2024 4 | Rolling Stone | rollingstone.fr BD 90 Devil Blues Les derniers jours de Robert Johnson, racontés par Frantz Duchazeau. Par LORAINE ADAM Livres 92 Hervé Le Corre Avec Qui après nous vivrez, il nous entraîne dans un avenir qui fait froid dans le dos. Par PHILIPPE BLANCHET Dernier mot 98 Chaka Khan La reine du funk nous parle d’addiction et de son héritage musical. Par BRIAN HIATT Magazine © ED COOKE Sommaire Avec un nouvel album, leur quatrième en presque neuf ans, Pete Doherty et Carl Barât assurent que leurs démons sont derrière eux et que c’est désormais l’harmonie qui règne au cœur de leur association. Par NICK REILLY The Libertines 56 ENQUÊTE 38 Qui a assassiné Tupac? Pourquoi a-t-il fallu attendre près de trente ans avant que quelqu’un ne soit arrêté pour le meurtre de la superstar du rap? Par JOHN L. SMITH ÉTATS-UNIS 68 Jésus marche sur les ondes Le rock chrétien déferle sur les radios américaines: l’Educational Media Foundation cherche à y bannir la “musique du diable”. Par KATIE THORNTON Éditorial 7 Playlist 10 Chronique Yves Bigot 13 Chronique Bruno Patino 15 Rubriques Abonnements Abonnements OU CONFORMÉMENT À LA LOI INFORMATIQUE ET LIBERTÉS DU 6 JANVIER 1978, VOUS DISPOSEZ D’UN DROIT D’ACCÈS ET DE RECTIFICATION DES INFORMATIONS VOUS CONCERNANT EN ADRESSANT UN COURRIER À ROLLING STONE, 53, RUE CLAUDE-BERNARD, 75005 PARIS, FRANCE. 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Les Républicains se déchirent FÉVRIER 2024 NUMÉRO 159 BOB MARLEY FRANCE SOUL REBEL Au cœur d’une révolution musicale Nicolas Richard Delgres Depeche Mode Jim Croce PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE Élection sous HAUTETENSION ROLLING STONE INTERVIEW GREEN DAY Americanparanoïa RENCONTRE JEAN SOLÉ Lecollectionneur SENSATION The Last Dinner Party Lesfrondeuses IDLES BurningMen ENQUÊTE OLIVER ANTHONY Lecountryman dupeuple? 1 AN 2 ANS •OFFREROLLINGSTONE PAPIERSEUL France métropolitaine: 59 € UE + Suisse: 72 € Monde: 78 € France métropolitaine: 100 € UE + Suisse: 130 € Monde: 142 € 1 AN 2 ANS •OFFREROLLINGSTONE INTÉGRALE (PAPIER + NUMÉRIQUE MENSUEL ET HEBDO) France métropolitaine: 69 € UE + Suisse: 84 € Monde: 90 € France métropolitaine: 110 € UE + Suisse: 135 € Monde: 144 € OFFRE INTÉGRALE 1 AN •10numéros papier +leur version numérique •40numérosHebdodigital+ contenu Webpremium BULLETIN D’ABONNEMENT CHÈQUE À L’ORDRE DE ROLLING STONE OU BULLETIN À RENVOYER À: ROLLING STONE, 53 RUE CLAUDE BERNARD, 75005 PARIS. 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Wenner ROLLING STONE FRANCE IS PUBLISHED BY RS FRANCE SAS UNDER LICENSE FROM ROLLING STONE LICENSING, LLC, AN AFFILIATE OF PENSKE MEDIA CORPORATION. ROLLING STONE ® AND © 2024 ROLLING STONE, LLC. ALL RIGHTS RESERVED. ROLLING STONE No 160 – MENSUEL, numéro de mars 2024. Rolling Stone est une publication éditée par RS FRANCE, SAS au capital de 1000 euros. RCS Paris 878718436. Siège social et rédaction: 53, rue Claude-Bernard, 75005 Paris. Tél.: 0144397820. Dépôt légal: premier trimestre 2024. Diffusion: MLP. Numéro de commission paritaire: 0128 D 82240. ISSN: 1764-1071. 2291 Les documents reçus ne sont pas rendus, et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. © 2024/RS FRANCE www.rollingstone.fr Rolling Stone France DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Birnbaum Mars 2024 6 | Rolling Stone | rollingstone.fr LE PAPIER UTILISÉ POUR ROLLING STONE EST RECYCLABLE. L’ENSEMBLE DE NOS EXEMPLAIRES EST COMPOSÉ DE PAPIERS CERTIFIÉS PEFC, ISSUS DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT. ORIGINE DU PAPIER : FINLANDE CE PAPIER : 100 % PEFC IMPACT SUR L’EAU (P TOT) : 0,002 KG/TONNE Par BELK ACEM BAHLOULI C OMME D’HABITUDE, la déception provoquée par la dernière cérémonie des “Victoires de la musique” a été inversement proportionnelle à la richesse du pop-rock en France. Car oui, de bons groupes hexagonaux ne manquent pas. Si certaines formations ont encore du mal à s’affranchir delatutelleanglo-saxonne–etpourcause–,d’autresfontmontre d’une originalité ou d’une fraîcheur revigorantes. Howlin’ Jaws ou Twin Souls, par exemple, méritent tous deux, depuis leurs tout premiers débuts dans les bistrots – en pleine pandémie qui, plus est – une victoire du nouveau talent ou, selon l’euphémisme de l’industrie, “talent émergent”. Bref, cette cérémonie d’entre-soi, où l’on convie sur scène deux ou trois monstres sacrés pour tenter de faire croire à une certaine pérennité de l’institution, se limite désormais à auréoler seulement neuf lauréats. Un de moins que “L’École des fans” ou pas loin. Dramatique lorsqu’on sait que les Grammy Awards, de l’autre côté de l’Atlantique, distinguent quelque 94 catégories, dont près d’une dizaine exclusivement consacrée au rock. Mais aussi tous les professionnels de l’ombre, du songwriter au producteur, en passant par le réalisateur de clips et tout ce qui rend la musique accessible au monde entier. Aucun maillon de la chaîne n’est oublié, car sans ces métiers souvent inconnus du grand public, et bien que seule la partie “paillettes” soit diffusée en prime time, la musique n’existe pas. Toute la profession est réunie. Et tous les publics. Malgré les clichés tenaces, l’inclusion est de mise et sans forcer: rap, rock, country, soul, R’n’B, musique religieuse – lisez donc l’édifiant reportage qui lui est consacré dans ce numéro! – et bien d’autres genres sont mis en lumière. Quant aux “Victoires”, tout y est forcé, caricatural même, et le spectacle en devient gênant. Pourtant, dès l’annonce des grands concerts rock, des Stones l’an dernier à Springsteen au printemps ou AC/DC cet été, les places, malgré des prix très élevés, continuent de s’arracher et le sold out est de mise. Alors pourquoi donc les faiseurs de rois des radios et télés cherchent-elles à tout prix à liquider un véritable héritage pop-rock pour ne favoriser que les dix premiers des top ventes? Plus pathétique, alors qu’ils ont passé l’année à ignorer le rock pour donner dans un jeunisme à toute épreuve, il n’y a rien de plus drôle que les voir courir se montrer dans les stades lorsque Mick, Bruce ou Angus débarquent dans l’Hexagone, Tshirt vintage acheté la veille, coincés entre deux influenceurs… Édito NOUS VOUS ÉCOUTONS! Écrivez-nous à redaction@ rollingstone.fr PARTAGEZ VOSIDÉES “On devait se voir avec Éric Cantona sur l’un de ses concerts à Paris, mais ça ne s’est pas fait finalement. Et même s’il ne m’a pas rendu la politesse en me demandant d’apparaître sur un éventuel clip vidéo d’une de ses chansons, tu ne m’entendras jamais dire du mal de lui. C’est un vrai!” LIAM GALLAGHER Et le rock? TROPHÉE Rolling Stone auréolé Le 24 janvier dernier, se tenait la sixième édition des Visit USA Media Awards, à Paris, lors de laquelle l’Office du tourisme des États-Unis en France récompense le travail des journalistes et des médias. Le reportage intitulé “Mojo Workin’” consacré au triangle Nashville-MemphisNouvelle-Orléans, signé par le rédacteur en chef du magazine, Belkacem Bahlouli, et paru en juillet dernier dans notre numéro d’été, a remporté le prix New Look on the USA, conjointement avec l’enquête de Dorane Vignando, “Le hip hop a 50 ans: visite guidée à New York, où tout a commencé”, publié dans L’Obs. Deux lieux, deux ambiances, autour de la culture musicale aux États-Unis. Mars 2024 rollingstone.fr | Rolling Stone | 7 Grand Angle PHOTOGRAPHIE DE LENI SINCLAIR 1969 | 9 D ans la liste des 250 plus grands guitaristes de tous les temps publiée par Rolling Stone – Kramer partageant la place avec Fred “Sonic” Smith – nous avions écrit: “Le tandem de guitaristes du MC5, composé de Kramer et de Smith, combinait les influences de Chuck Berry et des débuts de la Motown.” Formé à Détroit au milieu des années 1960, MC5 (abréviation de Motor City Five) s’est d’abord fait connaître en tant que groupe attitré des rassemblements de gauche. Après avoir joué devant la Convention nationale démocrate à Chicago, en 1968, Kramer et ses acolytes sont retournés à Détroit et à la Grande Ballroom, en octobre de la même année, pour enregistrer ce qui allait devenir leur album phare, Kick Out the Jams. Ce live – avec son cri de ralliement “Kick out the jams, motherfuckers” – a fini par figurer sur la liste des 500 plus grands disques de tous les temps établie par votre magazine. Bien que le groupe n’ait sorti que deux albums studio, Back in the USA, en 1970, et High Time, en 1971, avant de se séparer, il a eu un impact durable sur ce qui allait devenir le punk rock. Après la dissolution de MC5, Kramer est resté à Détroit et, bien qu’il soit demeuré actif sur le plan musical, il a également eu quelques démêlés avec la justice. Le songwriter, marqué par quatre années de prison, fondera l’association Jail Guitar Doors. Nommée d’après la chanson des Clash inspirée par l’épreuve de Kramer, l’organisation fournit des instruments de musique aux personnes incarcérées afin de les réhabiliter “grâce au pouvoir de transformation de la musique”. “ En fin de compte, [la prison] a peut-être sauvé ma vie, a déclaré Kramer à Rolling Stone, en 2014. Mais je ne pense pas que la prison m’ait aidé. La prison n’aide personne, vu la façon dont nous abordons la punition en Amérique.” Tout au long des années 1980, Kramer a travaillé, notamment avec Was (Not Was) et Johnny Thunders. Cependant, dans les années 1990, les légions de groupes punk qui étaient redevables à Kramer et au MC5 ont commencé à montrer leur reconnaissance, et Kramer a fini par signer avec le label punk Epitaph et sorti son premier album solo, The Hard Stuff, en 1995, avec des invités comme les Melvins, Josh Freese, Keith Morris ou Brett Gurewitz. Kramer est également resté politiquement actif, se produisant avec Rage Against the Machine lors de la convention nationale démocrate de 2008, à Denver, ainsi que lors de concerts de soutien à la campagne présidentielle de Bernie Sanders. “Il possédait un mélange unique de profonde sagesse et de profonde compassion, de belle empathie et de conviction tenace, a écrit Tom Morello, de Rage Against the Machine, sur les réseaux sociaux au lendemain de la disparition de Kramer. Son groupe, le MC5, a pratiquement inventé la musique punk rock.” L’année dernière, Kramer avait annoncé la sortie prochaine de Heavy Lifting, le premier album du MC5 depuis High Time, avec le batteur original Dennis “Machine Gun” Thompson aux côtés de Tom Morello, Don Was, Vernon Reid et Slash. “Le destin m’a désigné comme le conservateur de l’héritage du MC5, avait déclaré Kramer récemment. Et pour être fidèle à cet héritage, je dois rester connecté aux principes fondateurs que le MC5 représente: une approche de l’art par la classe ouvrière et la volonté de continuer à faire avancer la musique pour qu’elle reflète le monde dans lequel nous vivons.” Wayne Kramer 1948-2024 Le membre fondateur du légendaire groupe proto-punk de Détroit, MC5, et l’un des plus grands guitaristes de rock, est décédé à l’âge de 75 ans. PAR DANIEL KREPS Le MC5, de gauche à droite: Dennis “Machine Gun” Thompson, Wayne Kramer avec sa légendaire Fender Stratocaster aux couleurs du Stars and Stripes, Fred “Sonic” Smith et Rob Tyner, en 1969, à Mount Clemens, dans le Michigan. © TINA KORHONEN, 2023 - TOM MARSHAK - ROSS HALFIN - UNIVERSAL Le Mix 10 | Rolling Stone | rollingstone.fr | Mars 2024 Chroniques de disques et playlists de la rédaction sur rollingstone.fr PLAYLIST DOM KIRIS PRÉSENTE SES COUPS DE CŒUR DU MOIS la chanteuse décide de sortir de sa torpeur en proposant un onzième album, pile au moment où elle est intronisée reine du country-rock au Rock & Roll Hall of Fame. 8. Malted Milk “Better Now” (Modulor) Toujours sur la route qui mène du blues roots à la soul actuelle la plus moderne, il faut saluer le parcours sans faute de Malted Milk. “Better Now”, aux accents enjoués, correspond à cette évolution en décontraction du chaleureux leader Arnaud Fradin, né en 1975, le titre du nouvel album du groupe. 9. Johnny Mafia “Vomit Candy” (NMAS) 2024, l’année du Dragon, est certainement celle de Johnny Mafia, le fleuron du rock garage en France. C’est drôle, depuis la disparition du “Taulier”, les groupes “à Johnny” pullulent, mais la mafia de l’Yonne a une longueur d’avance question bêtes de scène pour nous faire avaler son haletant “Vomit Candy” acidulé. 10. The Twin Souls feat. Yarol Poupaud “Tenderly’” (Autoproduit) Martin et Guilhem ne sont pas jumeaux, mais de vrais frères fusionnels. “Tenderly” nous fait entrer dans leur chambre de gosses remplie d’instruments vintage. Et pour mieux s’éclater autour de leur blues rock accrocheur, l’ami Yarol Poupaud est venu ajouter son grain de sel de producteur autoriffant. 1 5 6 6. New Model Army “First Summer After” (Verychords) Quarante ans de maquis, luttant sans étiquette précise ni combat identifiable, New Model Army est toujours sur les charbons ardents. Plus militante que politique, “First Summer After”, sous la férule de la voix déchirante du leader, Justin Sullivan, est autant une protest song qu’une prémonition d’apocalypse. 7. Sheryl Crow “Alarm Clock” (Universal) “Alarm Clock” sonne le réveil en fanfare de Sheryl Crow. Après avoir douté de l’intérêt de faire des disques à l’époque du streaming, finalement, présente. Cependant, “One Night/All Night” évolue vers une disco dark et lancinante, caractéristique d’une électro classe. Que Justice leur soit rendue pour le retour du duo phare de la French Touch 2.0. 5. The Last Dinner Party “Caesar on a TV Screen“ (Island) Ça ressemble à un conte de fées, pour The Last Dinner Party. L’approche théâtrale de leur pop baroque à tendance gothique va sans doute bouleverser 2024. Autant pour les yeux que pour les oreilles, le premier album ensorcelant de ces femmes en robe de bal est une ode à l’extase sous toutes ses formes. 1. The Black Crowes “Wanting and Waiting” (Silver Arrow) Tout vient à point à qui sait attendre. Ce proverbe s’applique à la lettre pour le retour de The Black Crowes après quinze ans de rupture. La complicité entre les frères Robinson est intacte sur ce riff torride et sacrément bien chaloupé, avec lequel les rois de la soul rock d’Atlanta retrouvent leur panache funky. 2. The Black Keys feat. Beck “Beautiful People (Stay High)” (Nonesuch) Loin la pureté blues habituelle de The Black Keys, Dan Auerbach et Patrick Carney n’ont plus rien à prouver dans ce domaine. En studio, le duo se retrouve pour faire la fête avec le complice Dan the Automator, et Beck en special guest. On s’amuse comme des fous sur l’hymne 70’s bien perché de ces “Beautiful People”. 3. Liam GallagherJohn Squire “Mars to Liverpool” (Warner) Quand une bonne guitare vient donner la réplique à Liam, le voyage dans l’espacetemps des légendes du rock est assuré. L’ancien chanteur d’Oasis fusionne avec l’ex-guitar hero de The Stones Roses, pour un titre référence à l’axe principal de la britpop, Manchester-Liverpool, depuis les 60’s. 4. Justice feat. Tame Impala “One Night/All Night” (Ed Banger) On ne va pas dire que Kevin Parker a tout fait, mais la patte mélodique du leader de Tame Impala est bien 7 L’ex-voix d’Oasis associée à l’ancienne guitare des Stone Roses: l’idée a fait son chemin, avant de se concrétiser par un album dépassant amplement le revival britpop. Par XAVIER BONNET QUOI DE NEUF DANS LE ROCK ? Rolling Stone | 11 Liam Gallagher & John Squire Manchester United PHOTO DE TOM OXLEY F ut un temps, titrer de la sorte un article de presse “impliquant” Liam Gallagher était la garantie de le voir partir en vrille et une possibilité plus que forte qu’il vous saute à la gorge, vous assénant dans la confusion verbale générale que, de United et de City, les deux clubs de foot ancestralement rivaux de la métropole du nord de l’Angleterre, il n’y avait que le second pour avoir grâce à ses yeux et qu’une telle… hérésie de notre part tenait purement et simplement de la provocation gratuite. Alors certes, la cinquantaine venue, l’intéressé est moins enclin aux coups de sang/gueule, sauf bien sûr quand il s’agit un nouveau missile dans le camp du grand frère, mais obtenir son imprimatur quant au titre en question pouvait se… considérer. “Ça me va bien, acquiesce-t-il sans autre forme de procès. Ça se tient, ça a même du sens. Et de toute façon, vu l’état dans lequel ils se trouvent dans ce club, un peu de publicité ne peut pas leur faire de mal…” En terre mancunienne plus qu’ailleurs en effet, voir – et entendre – Liam Gallagher et John Squire sur un même projet, c’est une réunion au sommet, tout un pan de l’histoire musicale de la ville, ses plus grandes heures souvent évoquées avec émotion tant elles paraissent loin désormais. Oasis d’un côté, Stone Roses de l’autre, pensez donc… Si les intéressés sont évidemment conscients de leurs statuts respectifs, c’est ailleurs qu’ils ont voulu placer le curseur de ce projet et des dix morceaux qui en sont nés, à un niMars 2024 À SAVOIR RENDEZ-VOUS MANQUÉ Si Éric Cantona était apparu dans la vidéo d’un single de Liam Gallagher (“Once”), ce dernier avoue n’avoir pas écouté l’album du premier: “On devait se voir sur l’un de ses concerts à Paris, mais ça ne s’est pas fait finalement. Et même s’il ne m’a pas rendu la politesse en me demandant d’apparaître sur un éventuel clip vidéo d’une de ses chansons, tu ne m’entendras jamais dire du mal de lui. C’est un vrai!” O’BROTHER! Après la brève tournée avec John Squire en mars-avril, Liam Gallagher se consacrera aux préparatifs de la dizaine de dates qui constitueront, en juin, le “Definitely Maybe 30 Years Tour”, où il interprétera le mythique album d’Oasis dans son intégralité. Au moment de l’évoquer, on jurerait avoir lu dans son regard un truc du genre: “Si ça peut en emmerder certains, hein…” © TOM OXLEY 12 | Rolling Stone | rollingstone.fr veau résolument plus humble. Et parce qu’il y avait à leurs yeux comme une évidence à ce qu’il voit le jour. À ma gauche (Gallagher) : “J’ai toujours pensé que nos personnalités colleraient parfaitement. Ce qu’il est capable de sortir de sa guitare, ses idées d’écriture…” À ma droite (Squire): “Ça avait beau me traîner dans un coin de la tête depuis des années, jamais je n’aurais imaginé que ça arrive, même si cette connexion sonore entre nous m’a toujours paru flagrante. Aussi cliché que ça puisse paraître dit comme ça, le ton de sa voix, la présence de celle-ci, ne peut qu’inspirer un songwriter. Je l’ai déjà dit, mais il pourrait chanter les termes et conditions d’un contrat avec une firme d’ordinateurs ou de téléphones qu’il réussirait à rendre ça intéressant!” L’idée de se faire plaisir, de foncer sans trop se poser de questions, s’est aussi traduite par pas mal d’échanges par SMS au préalable, car le cadet des Gallagher était alors en tournée. Des échanges non pas sur des directions à prendre et encore moins à suivre à la lettre, plutôt des points de repère “pour voir”, au rang desquels seraient cités en vrac Jimi Hendrix, Sex Pistols, Bob Marley, The Faces, The Bee Gees… “C’était un peu comme quand des potes se retrouvent et écoutent des albums ensemble : ‘Tu te souviens de ça ? C’était vachement bien, ça, non?’, résume Squire. Sauf que nous, on faisait ça à distance!” Au final ? Qu’en est-il resté sur un album pour lequel ses deux protagonistes n’ont pas gaspillé de temps à lui trouver un titre moins générique que Liam Gallagher John Squire ? Seul Hendrix a passé un autre cap que celui de conversations à bâtons rompus, le son de la guitare du “Voodoo Chile” semblant percer en filigrane d’un “Love You Forever” ou d’un “Just Another Rainbow” dans une moindre mesure. Pas besoin de pousser Squire très loin pour qu’il passe à confesse sur le dossier : “C’est avec lui [Hendrix] que j’ai appris la guitare. Ce fut mon professeur [sourires] ! J’essayais de passer les 45-tours ou les albums à vitesse réduite, mon père avait une sorte de transformateur-variateur pour ça, de manière à essayer de reproduire les riffs…” Si, logiquement, l’auditeur aura tout loisir – et plaisir à son tour – de retrouver des consonances familières de leurs respectives heures de (grande) gloire, il pourra aussi s’attarder avec délectation de cette incursion en terreau blues sur “(I’m a) Wheel”, d’autant plus surprenante que le cadet dès frères Gallagher reconnaît volontiers n’avoir pas de relation particulière avec le genre en question : “Aucun lien, pour être tout à fait honnête. Il peut m’arriver de tomber dessus et de m’y retrouver, mais ça ne va pas plus loin. Ça s’est toujours résumé aux Stones, je ne suis pas remonté plus en amont.” Tous les deux l’assurent – et comme souvent, Liam avec une véhémence davantage exprimée, contrastant singulièrement avec la placidité dont Squire peut faire preuve –, ils veulent un avenir pour leur duo, une suite qui irait bien au-delà des quatre petites semaines à partir de début mars où ils sillonneront le RoyaumeUni avant quelques dates en Europe (Paris le 2 avril, le même soir qu’Echo & The Bunnymen, nouvel épisode improbable d’une éternelle rivalité Liverpool-Manchester, qui amuse un Liam s’enquérant soudain des capacités respectives des salles où chacun se produira) et une étape finale à New York. “On veut clairement faire un autre album, assène ainsi le chanteur. Ce serait même criminel de ne pas le faire. Musicalement, ça tient plus que très bien la route, le chant est bon. Les concerts vont l’être, je n’ai aucun doute là-dessus. Notamment parce que nous faisons ça pour les bonnes raisons et qu’elles n’ont rien à voir avec la notoriété et l’argent.” LIAM GALL AGHER & JOHN SQUIRE John Squire associé à Liam Gallagher, une évidence pour les deux. Le Mix Par Y VES BIGOT Sign O’ The Times Mars 2024 rollingstone.fr | Rolling Stone | 13 “Poète, vos papiers!” Le morceau phare de l’album Amour Anarchie, de L éo Ferré, manifeste pour la liberté d’expression artistique, résonne singulièrement au moment où une pétition recueillant plus de 15 000 signatures vise à interdire de nommer “Serge Gainsbourg” une station de métro aux Lilas, et où un collectif de 1 200 “poètes, éditeurs, libraires, bibliothécaires et acteurs de la vie culturelle” publie dans Libération une tribune hostile à Sylvain Tesson, parrain du Printemps des poètes. Le premier serait misogyne, incestueux et violent, “le Harvey Weinstein de la chanson” selon Lio, le second, une icône réactionnaire, proche de l’extrême droite littéraire. Leur procès en épuration réclame la pureté politiquement correcte, brevet de wokisme exigé: “Poète, votre casier judiciaire”, “Poète, votre carte d’électeur”. Soit l’affaire Céline, sans cesse répétée, la question de la séparation de l’homme et de l’œuvre. Socrate, Villon, Sade, Dostoïevski, Flaubert, Baudelaire, Wilde, Genet, Soljenitsyne, ont connu pire. Aujourd’hui, les condamnations sont médiatiques. Et approximatives: Gainsbourg n’a pas toujours été classe, mais il n’a violé personne a priori, et aujourd’hui que le climat culturel a changé, il n’écrirait sans doute plus “La Poupée qui fait”, et vieillirait Melody Nelson ; Tesson n’a pas, contrairement aux accusations, préfacé Le Camp des saints de Jean Raspail, borderline fasciste, mais ses récits de voyage. Gainsbourg n’est pas Matzneff, Tesson n’est pas Brasillach. Qui ensuite? Zappa, Prince, les Stones, Led Zeppelin, Eminem, Orelsan? Bowie, qui vient pourtant d’avoir sa rue à Paris? À ce rythme, il ne restera bientôt pas grand-chose, le principe de l’art étant de transgresser, fantasmer, explorer, toutes les idées, sentiments, pulsions, l’humanité imparfaite, tourmentée et parfois sordide, des êtres. Le côté sombre de l’existence compris. “On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments.” (Henri Jeanson paraphrasant André Gide). Ni de la musique, ni du cinéma. Disney vient de s’en aviser, avec les échecs successifs de ses productions “à message” qui lui ont fait perdre un milliard de dollars. Que poètes, éditeurs, chanteurs, s’excommunient mutuellement est un suicide collectif, dont le bénéfice stratégique qu’en tirent certains scie leur branche entière. Comme si la République des Lettres ne délivrait plus de passeport qu’après examen du Bien et du Mal par un comité stalinien. Où est passée la poésie depuis qu’on lui demande ses papiers, ferait-on mieux de s’interroger ? Dans la chanson, le rock et le rap. Ferré, qui a chanté ses prédécesseurs, comme Brassens et Ferrat. Félix Leclerc. Gainsbourg. Le barde s’accompagne désormais d’une guitare (ou d’un piano). Lennon, Dylan, Cohen, Jim Morrison, Lou Reed, Robert Hunter, Gil Scott-Heron, Van Morrison, Patti Smith, Tom Waits, Phil Lynott, LKJ, John Cooper Clarke, Robert Calvert, Richard Hell, Jim Carroll, Nick Cave. Ici on le trouvera chez les meilleurs de nos “lyricistes” : Nougaro, Barbara, Manset, Véronique Sanson, Yves Simon, Higelin, Lavilliers, Souchon, Cabrel, Capdevielle, CharlÉlie, Thiéfaine, Murat, Solaar, Raphaël, Jeanne Cherhal, Casey, Roda-Gil. Les guerres culturelles qui veulent corriger le passé et réglementer le présent partent d’un bon sentiment. La justice les accompagne quand c’est nécessaire. Elles sont toxiques pour la création, en recherche d’un absolu qui ne s’embarrasse pas d’autorisation, ni de censure. Sans cette complète liberté, il n’y aura plus de génie. Un artiste qui ne peut pas détonner ne peut pas non plus révolutionner. Tout est politique. Tout devrait être poétique aussi. INDEX Aujourd’hui, les condamnations sont médiatiques. Et approximatives: Gainsbourg n’a pas toujours été classe, mais il n’a violé personne a priori, et aujourd’hui que le climat culturel a changé, il n’écrirait sans doute plus “La Poupée qui fait”, et vieillirait Melody Nelson. Keep On Rockin’ In The Free World © RAPHAEL GAILLARDE/GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES
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