MOTO REVUE n°4158 - Page 4 - 4158 10 / Actus Nouveautés/Business/Événements/Culture 24 / Test longue durée Gilet chauffant Alpinestars Heat Tech 26 / Livres Une sélection de livres moto pour vous donner des idées de cadeaux avant Noël 28 / Courrier Un lecteur nous fait partager un moment délicat : celui de l’arrêt de la pratique de la moto 30 / Shopping Thème du mois : protection tous azimuts 88 / Nouveautés 2025 Présentations de quatre trails avec la Yamaha Ténéré 700 en page 88, suivie de l’Aprilia Tuareg 660 Rally en page 92, de la Voge 800 en page 94 et de la Kove 800 en page 96 130 / Cadeau du mois Ce mois-ci, trois paires de gants RST Paragon 6 sont proposées au tirage au sort 64 / Comparatif Trois trails tournant autour de la cylindrée 450 pour un match sans machines japonaises, avec, dans l’ordre alphabétique, une CFMOTO MT 450, une KTM 390 Adventure SW et une Royal Enfield Himalayan Sommaire Retrouvez-nous aussi sur www.moto-station.com et Facebook L’actualité LES ANCIENS NUMÉROS ET L’ÉCRIN MOTO REVUE SONT DISPONIBLES AU 03 44 62 43 79. Dossier Milan Dossier 64Comparatif 32 Àl’Essai 32 / Spécial Italie 2025 Les nouveautés millésimées 2025 et badgées «Italia». La liste est longue et les machines aussi belles qu’elles sont variées. Les voici présentées dans ce dossier spécial. • Page 34 : Aprilia • Page 42 : Benelli • Page 44 : Bimota • Page 46 : Ducati • Page 50 : Fantic • Page 54 : Moto Guzzi • Page 56 : Moto Morini • Page 60 : MV Agusta • Page 63 : Morbidelli Sport MOTO REVUE - JANVIER 2025 / 7 Notre prochain numéro sortira à partir du 16 janvier MOTO REVUE N°4158 Téléchargez l’application Retrouvez l’édition digitale de MR sur votre smartphone ou tablette. ABONNEZVOUS ! Retrouvez nos offres page 127 Essai 98 Mag 98 / Ducati Multistrada Totalement contrôlée par une dotation électronique omniprésente, la nouvelle Ducati Multistrada V4 en version S est une synthèse de la moto «couteau suisse» des années 2020 104 / Honda X-ADV 750 Qualifié de «scootrail» par notre essayeur, le Honda X-ADV 750 cache de nombreux atouts sous une plastique originale 82 / Tourisme en Sardaigne Les routes empruntées et les paysages traversés lors du comparatif des trails 450, les voici dans ces pages tourisme, entre Corse-du-Sud et Sardaigne, illuminées par la mer Méditerranée t 106 / MotoGP Jorge Martín a réussi son pari et a décroché le titre de champion du monde MotoGP, résistant à la pression de Francesco Bagnaia lors des deux dernières épreuves courues sous une tension extrême 114 / Interview Uccio Salucci Le directeur de l’équipe Ducati VR46 dresse le bilan de l’année 2024 et annonce ses ambitions pour 2025, qu’il abordera avec son staff en tant qu’équipe numéro 2 de l’usine, suite au transfert du team Pramac chez Yamaha 118 / Essais MotoGP 2025 Deuxième temps chronométré des essais pré-2025 organisés au surlendemain du Grand Prix de Barcelone, Fabio Quartararo a baissé le rideau du stand Yamaha sur une note très positive 126 / Actus sport Le reste de l’actualité sportive 10 / JANVIER 2025 - MOTO REVUE Pour KTM l’orange Onsavaitsasituationfinancièredélicate:finnovembre,KTMademandéàêtreplacéen restructurationjudiciaireavecautoadministration.Sansêtreunetotalesurprise,l’engagementde cetteprocéduredesauvegardeestunedéflagrationetposeplusieursquestions.Onenfaitletour àchaud,sachantquelasituationestamenéeàévoluer. Par Thomas Loraschi.Photos KTM et Bruno Sellier. Par Thomas Loraschi.Photos KTM et Bruno Sellier. PatrondeMerasMoto(71),DavidRendinadistribueKTM PatrondeMerasMoto(71),DavidRendinadistribueKTM (entreautres…)depuisplusieursannées.Ilnousexplique (entreautres…)depuisplusieursannées.Ilnousexplique commentsesontpasséscesderniersmoisenconcession, commentsesontpasséscesderniersmoisenconcession, etcequ’ilattenddesprochains. etcequ’ilattenddesprochains. Pourquoi ce n’est pas une surprise? Tout simplement parce que depuis le début de l’année, les chiffres annoncés par le groupe Pierer Mobility (propriétaire de KTM) sont alarmants (27 % de chiffre d’affaires en moins sur les six premiers mois de l’année, 21 % de baisse pour les ventes de motos sur la même période), et aussi parce que, depuis près de six mois, court la rumeur d’une faillite. Une rumeur sur laquelle KTM a d’ailleurs décidé de prendre le dessus en septembre, en invitant une partie de la presse à Mattighofen afin d’expliquer que tout ça n’était qu’une mauvaise passe (voir notre article «KTM active le crise control» dans Moto Revue n° 4156). Problème: la tension palpable sur place disait tout le contraire. Comment KTM en est-il arrivé là? Les problèmes auxquels est confronté KTM prennent leur source bien avant cette année et remontent à l’après-Covid. À cette période, alors que beaucoup de constructeurs décidaient de lever le pied sur la production, le groupe autrichien a fait le choix de maintenir ses approvisionnements et de ne différer aucun lancement de produits, pariant sur le fait que la demande allait continuer de s’accroître. Mais cette demande s’est tassée en 2024 (dans la moto, et aussi dans le vélo) entraînant un énorme surstock de deux-roues invendus (environ 8000 rien que dans le réseau français). Qui dit invendus dit baisse du chiffre d’affaires, augmentation de la dette du groupe, dégringolade du cours de l’action. Bref, un cercle vicieux dont la firme orange n’est pas parvenue à s’extraire. Une restructuration judiciaire, pour quoi faire? Proche dans son fonctionnement du redressement judiciaire (à ceci près qu’il n’est pas obligatoire d’être en cessation de paiement pour en être l’objet), la procédure de restructuration judiciaire permet à une société en difficulté d’obtenir un gel de ses dettes et des délais de paiement. Pour KTM, cela signifie une prolongation d’échéance sur plus de 200 millions d’euros : de quoi respirer. Au-delà de ce premier bol d’air, la restructuration judiciaire doit aussi permettre à l’entreprise de retrouver de la viabilité, ce qui impose une nécessaire – et souvent âpre – réorganisation. D’ordinaire, un administrateur judiciaire est nommé. Les dirigeants du groupe Pierer ont demandé, eux, à s’autoadministrer, requête qui va être laissée à l’appréciation du tribunal. Quoi qu’il en soit, KTM va passer par une première période d’observation de 90 jours. Au terme de ces 90 jours, le tribunal évaluera la situation: soit David, cette procédure de restructuration judiciaire, tu l’as vue venir? Non, j’ai beau être au courant des difficultés que la marque traverse, je ne m’y attendais pas. Après, je n’accueille pas ça comme une catastrophe. Cette procédure de sauvegarde est une façon de se prémunir le temps de redresser la barre et de trouver des solutions pérennes. Redresser la barre des ventes, KTM s’échine à le faire depuis la rentrée de «Je ne l’ai pas vu venir, mais je reste confiant» PAR THOMAS LORASCHI ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ACTUS S MOTO REVUE - JANVIER 2025 / 11 vire au rouge la firme avance des solutions probantes et sort de la procédure de restructuration, soit les solutions ne sont pas jugées convaincantes et KTM sera soumis à une seconde période d’observation. Au terme de celle-ci, soit l’entreprise convainc, soit elle sera mise en vente ou dissoute si aucun acquéreur ne se manifeste. Cette dernière hypothèse est, selon, nous hautement improbable. Réorganiser KTM: comment? Pour le groupe Pierer, cette réorganisation va porter sur un «redimensionnement» de la production (en particulier sur le site autrichien) afin de résorber graduellement les stocks excédentaires. Le groupe prévient déjà que ça va piquer: dans un communiqué publié en marge de cette procédure de restructuration, il annonce une réduction de la performance opérationnelle sur le site autrichien de plus d’un milliard d’euros au cours des années 2025 et 2026. Aucune allusion n’est faite à propos de l’emploi, mais là aussi, on peut s’attendre à des dégâts. Quelles sont les issues possibles? Un constructeur comme KTM ne court pas franchement le risque de disparaître du jour au lendemain, ne serait-ce que parce qu’à beaucoup d’égards, il a de quoi susciter la convoitise de repreneurs. Mi-novembre, la presse autrichienne annonçait ainsi déjà une entrée au capital de Mark Mateschitz, héritier de l’empire Red Bull. L’information a été démentie dans la foulée par les deux parties (c’était avant l’annonce de la procédure de sauvegarde), mais il est probable que d’autres investisseurs extérieurs sont sur les rangs. Évidemment, les actionnaires du groupe Pierer sont, eux aussi, sur le pont, à commencer par le groupe indien Bajaj, partenaire industriel de KTM (c’est lui qui fabrique les petites routières monocylindres de la marque) par ailleurs fortement présent dans le capital de Pierer Industrie et Pierer Mobility. Courant novembre, le groupe Pierer a d’ailleurs confirmé l’ouverture de négociations avec Bajaj pour restructurer sa dette. L’avenir de KTM n’est donc pas bouché, mais il ne serait pas étonnant qu’il prenne une coloration moins européenne et un peu plus indienne… KTM, toujours ready to race? L’engagement de KTM en compétition est-il compromis? Mattighofen assure que non, cette implication sportive participant de façon essentielle à l’identité de la marque. Reste que ce discours est tenu à l’entame de cette procédure de restructuration. On verra ce qu’il en sera dans 90 ou 180 jours. Quid des autres marques du groupe? La procédure de restructuration judiciaire ne porte que sur KTM et deux de ses filiales (KTM Components GmbH et KTM F&E GmbH). Mais GasGas et Husqvarna, dont certaines motos sont assemblées en Autriche, verront certainement les effets de cette réorganisation. Pour MV Agusta, c’est différent: la marque n’est pas l’entière propriété du groupe Pierer et elle continue de produire en Italie. Mais selon nos infos, le lancement de certains modèles 2025 (développés sur de nouvelles plateformes) a été freiné. septembre avec son opération dite «TVA offerte»: de fortes promotions destinées à écouler le surstock de modèles Euro5. À l’échelle de ta concession, cette opération est une réussite? Ça nous a permis de vendre beaucoup de machines. Après, comme je l’ai dit aux gens de KTM, ça nous fait mettre le doigt dans un drôle d’engrenage: quand tu baisses autant le prix du neuf, ça génère un effet domino sur le marché de l’occasion, sur les reprises que tu consens aux clients, sur les motos en LOA aussi. Oui, ça permet d’écouler du stock à brève échéance, mais ça crée d’autres problèmes. Concrètement, toi, comment tu gères ça? Eh bien, je perds de l’argent. J’en perds sur certaines reprises faites aux clients avant l’opération TVA offerte, puisque la valeur de certaines motos d’occasion a ensuite mécaniquement décru. J’en perds aussi sur la vente des motos en promo car cette ristourne est supportée à 50 % par KTM et à 50 % par la concession. Mais bon, j’assume, j’aime la marque et, s’il faut la soutenir, je la soutiens. KTM assure aussi, de son côté, soutenir son réseau, notamment sur le paiement des motos.Tu confirmes? Je confirme que pour l’instant, ils ont été réglos sur les frais financiers. Ils nous ont infusé du stock, mais ça ne nous coûte pas très cher en frais bancaires. KTM annonce vouloir réduire la voilure en 2025, tu as des infos là-dessus? Est-ce qu’il y a des nouveautés qui ne vont pas sortir? Non, pas que je sache: KTM va réduire sa production d’au moins 30 % sur le site de Mattighofen, mais le plan produit n’est pas modifié. Enfin pas au moment où je te parle [le 27 novembre, ndlr]. Toi qui as longtemps eu le panneau MV Agusta, tu sais ce que c’est de bosser avec une marque en redressement judiciaire. C’est compliqué? Oui, et pour MV, ça avait un gros impact sur la production: ils devaient payer en avance les pièces aux fournisseurs. Avec KTM, on n’est pas sur la même échelle: les ressources sont sans commune mesure. Il y a de gros actionnaires derrière. Je ne suis pas inquiet. Après, j’ai la chance d’être multimarque… //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Nous avions déjà la TRK 702 au catalogue européen, nous avons failli avoir la 802 (annoncée, présentée mais jamais arrivée en concessions), voici désormais la TRK 904! Enfin, pas tout à fait, puisque ce n’est qu’un concept que Benelli a dévoilé lors du salon de Milan. Visiblement, c’est pour remplacer la 802 mort-née, que la marque italo-chinoise a développé ce modèle inédit. Le moteur – toujours un bicylindre en ligne – est partagé avec le nouveau roadster 902 S (présenté en Chine mais pas encore en Europe: il faut suivre…) et donné pour 100 ch et 9 mkg de couple. Les jantes (en 19 pouces à l’avant) sont chaussées de Pirelli Scorpion Trail STR et les débattements de suspensions atteignent les 200 mm. On est donc en présence d’un (énième) gros trail «adventure». Benelli avance comme autre argument un équipement généreux (phares antibrouillard, réglage électrique de la bulle, sans parler des assistances électroniques et afficheurs couleur désormais de rigueur). Une générosité qui a, cela dit, une conséquence assez nette sur le poids annoncé: 235 kg sans les pleins. On espère pour elle que la version définitive de l’engin saura être, plus légère… Et pas n’importe quelle italienne puisque, contrairement à beaucoup de machines transalpines de blason mais chinoises de fabrication, cette Guzzi Stelvio 1100 est bel et bien assemblée dans la botte, dans l’usine historique de Mandello del Lario. Mais pourquoi au sommet, vous dites-vous ? Parce qu’il s’agit là de la déclinaison Duecento Tributo : une série spéciale célébrant les 200 ans de l’inauguration du col du Stelvio dans les Dolomites. Outre un coloris spécifique, cette version se distingue du modèle standard par un niveau d’équipement encore plus riche : béquille centrale, poignées et selle chauffantes, shifter bidirectionnel, indicateur de pression des pneus, détecteur d’angles morts… 2 758 exemplaires de cette version doivent être produits. Pourquoi 2 758 ? Parce que c’est à cette hauteur que culmine le Stelvio, pardi ! Benelli promet du lourd 12 / JANVIER 2025 - MOTO REVUE UNE ITALIENNE AU SOMMET /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ///////////// ACTUS / On se doutait bien que Zontes n’avait pas développé un troiscylindres maison pour ne motoriser qu’une ou deux motos, mais nous étions à cent lieues de penser que la gamme s’étofferait si rapidement. Et pourtant, c’est bien ce qu’il se passe si l’on en croit le stand dévoilé par la firme chinoise à Milan. Sur ce dernier, trônaient en effet deux modèles déjà bien connus (le trail 703 F et la sportive 703 RR, détaillés dans notre précédent numéro), mais également deux nouveaux venus: la GT-Sport 703 T (position trail mais roues de 17 pouces secondées par des suspensions à faibles débattements) et le roadster 703 R. Renseignements pris auprès de l’importateur hexagonal (GD France), ces deux modèles ne sont pas pour tout de suite, mais ne devraient pas trop tarder non plus: au plus tôt fin 2025, au plus tard mi-2026. Deux machines qui, à l’instar du trail et de la sportive, ne manquent pas d’arguments: trois-pattes tonique (700 cm3 pour une centaine de chevaux), assistances électroniques pléthoriques, cadre et bras oscillant en alliage d’alu et tarif (très certainement) serré. La concurrence sait désormais qu’elle a une petite année pour réagir avant leur arrivée… Toujours plus grosse la GS? La prise en main de l’inédite et très imposante 1300 Adventure a effectivement de quoi susciter ce genre d’anxieuse interrogation. Mais bonne nouvelle pour tous ceux qui trouvent qu’on s’amuse plus enTT avec un trail compact et léger: BMW pense aussi à eux! La firme allemande a, en effet, profité du dernier salon de Milan pour dévoiler un concept susceptible de répondre à leur souhait: la F450GS. Une machine qui, comme la première lettre de son nom l’indique, est articulée autour d’un bicylindre parallèle, en l’occurrence, un bloc de 450 cm3 développant un peu moins de 48 chevaux (pile de quoi s’accorder avec la réglementation A2). On ne sait pas si ce moulin est une création BMW ou s’il provient de chez Loncin, comme le twin de la 900GS. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’il est léger, tout comme la moto (175 kg en ordre de marche selon BMW). Une moto qui – on le voit à ses trains roulants – affirme des ambitions très orientéesTT. Dans ce domaine, d’autres l’ont déjà devancée: non pas la R310GS monocylindre (plus typée route) mais la KTM 390 Adventure et la CFMOTO 450 MT, véritable carton commercial cette année. C’est ce genre d’aspiration que BMW entend prendre avec cette petite GS. La marque allemande, qui ne fait pas mystère de ses plans, a confirmé la mise sur le marché de l’engin courant 2025, dans un style «aussi proche que possible de celui du concept». Voilà qui promet! GS: BÉHÈME SE MET EN QUATRE Zontes double la mise Ouplusexactementen450,àl’imagedececonceptprésentélorsduderniersalondeMilan. Lamarquechinoiseannonçaitdeuxmodèlestrois-cylindrespourl’annéeprochaine. Finalement,ilsserontpeut-êtrequatre. MOTO REVUE - JANVIER 2025 / 13 //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ///////////// ACTUS / Un bel exemple d’altruisme du côté de chez Honda. Occupé de longue date à renforcer la sécurité active de ses véhicules, le géant japonais travaille désormais à faire progresser celle des autres. Un brevet récemment déposé par la firme nous l’apprend: Honda œuvre actuellement à un dispositif visant à améliorer les capacités radars de véhicules circulant à proximité de ses motos. Comment? En rendant celles-ci plus facilement identifiables. Les radars qui équipent aujourd’hui un nombre croissant de voitures (mais aussi quelques motos) afin de renseigner les régulateurs de vitesse adaptatifs et autres détecteurs d’angles morts, restent en effet parfois aveugles à la présence d’un deux-roues, ce dernier présentant une surface insuffisamment grande pour réfléchir les ondes radars qui le frappent. L’idée poursuivie par Honda n’est pas d’accroître cette surface, mais d’intensifier la signature radar des motos et scooters en installant de petits réflecteurs à surfaces complexes sur les machines, notamment à l’avant. Un dispositif relativement simple, dénué d’électronique et adaptable à n’importe quel type de deux-roues, qu’on ne devrait vraisemblablement pas tarder à croiser sur les machines de la gamme. HONDAMETDEUX DOIGTSDANSLAPRISE… En matière d’électrique, Honda s’apprête-t-il à sortir du bois? Jusqu’à présent, le numéro un mondial était plutôt discret sur le sujet, laissant les belles promesses et les prototypes tapageurs à d’autres (coucou Triumph…) pour se concentrer sur des recherches nettement plus austères (la mise en place d’un standard de batteries amovibles: chantier mené en grande partie au Japon). Mais les choses sont visiblement sur le point d’évoluer. Le constructeur japonais, qui, pour l’instant, ne commercialise qu’un seul deuxroues électrique en Europe (le scooter EM1e: un équivalent 50), vient, en effet, de dévoiler deux concepts proches de la série: le scooter EV Urban (dont l’arrière n’est pas sans rappeler le BMW CE04 vendu depuis quelques années) et surtout l’EV Fun, une moto équivalente à un modèle thermique de moyenne cylindrée. Si Honda ne dit rien de la puissance supposée de l’engin, la marque se montre un (tout petit) peu plus disserte sur la batterie: non amovible et capable de tenir une centaine de kilomètres avant recharge. Dans le genre, on connaît déjà mieux (chez Zero Motorcycles, par exemple), mais il n’est pas étonnant de voir Honda commencer relativement petit. De nombreux autres modèles ont été annoncés par le constructeur d’ici à 2030. En attendant, la version commerciale de cette EV FUN est prévue pour 2026. Lenumérounmondialadévoilédeuxprototypesélectriquesaunombredesquelsunemoto dontlaversiondesérieestattenduepourlecourantdel’annéeprochaine. …etréfléchitàmieuxréfléchir 14 / JANVIER 2025 - MOTO REVUE //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////////////// LA «450» ÉLECTRIQUE AUSSI CFMOTO: le V4 prend forme Ce n’est pas parce qu’unV4 1000 bien thermique, bien puissant et probablement bien émetteur de CO2 est dans les cartons de CFMOTO que la marque chinoise ne pousse pas, elle aussi, ses pions sur l’échiquier électrique. À l’Eicma, elle présentait ainsi le concept CF-X, une moto de cross.Alors oui, des motos de cross électriques, CF en a déjà à son catalogue, mais pour en profiter pleinement, mieux vaut ne pas dépasser 1,50 m (posée sur de petites roues, la CX-5 E est destinée à initier aux joies duTT des gamins entre 10 et 13 ans). Avec le concept CF-X, on change très nettement de registre, puisque l’engin entend rivaliser en termes de performances moteur avec une 450 quatre-temps. CFMOTO ne précise pas quand la version de série sera commercialisée, mais vu le degré de réalisme du concept et les précisions d’ores et déjà apportées à la fiche technique (cadre en aluminium, suspensions WP , batterie non amovible à refroidissement liquide, poids total de 125 kg), quelque chose nous dit que ça ne saurait tarder. Et vu l’afficheur digital de grande taille installé au-dessus du cintre, tout laisse à penser qu’un modèle enduro est, lui aussi, en préparation. Poursonpremierblochypersport,lafirmechinoiseentendfrapperfort: 212chevauxsontannoncésdansl’enclosdecequatre-cylindresenV.Desperformances exceptionnellespourcenouvelentrant. De CFMOTO, nous attendions à l’Eicma le troiscylindres 675 promis de longue date sur la nouvelle sportive de la marque. Promesse tenue: il était là (d’ailleurs sur deux modèles, un roadster étant également de la partie). Mais il n’était pas seul. Un autre bloc nettement plus ambitieux et sportif a été dévoilé par la firme chinoise: un V4 de 997 cm3 affichant quelque 212 chevaux! L’apparition de ce moteur n’est pas une surprise totale: en début d’année avaient été portés à notre connaissance plusieurs brevets montrant un V4 de 1000 cm3 . Nous ne pensions cependant pas que les choses iraient si vite et que le bloc serait dévoilé quelques mois après. Alors certes, le moteur exposé à Milan n’était qu’une maquette et la sportive censée le recevoir est restée invisible au regard. Mais on peut être certains que le vrai bloc tourne déjà sur un banc de puissance et que la machine conçue pour l’accueillir est, elle aussi, en développement. Histoire d’aiguiser les appétits, CFMOTO a d’ailleurs présenté un concept donnant une (vague) idée de l’engin en préparation. Quand arrivera-t-il? Probablement pas avant l’an prochain et probablement pas beaucoup après non plus: la concurrence chinoise commence à poindre sur ce segment (notamment du côté de QJMOTOR) et CF n’a sûrement pas envie de passer pour un suiveur auprès du public occidental. Autre question que l’on peut se poser: ce V4 entretient-il une parenté avec le bloc utilisé par KTM en MotoGP? Ce serait surprenant: les deux marques sont certes liées industriellement mais elles sont concurrentes et KTM est censé incarner – de très loin – la plus sportive des deux. Reste que ce quatre-cylindres CFMOTO présente le même angle d’ouverture du V (à 90°) et les mêmes valeurs d’alésage et de course que le bloc de la RC16. De là à penser qu’il est ready to race… MOTO REVUE - JANVIER 2025 / 15 ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ACTUS / LA PANNE SÈCHE POUR FUELL C’est une boîte américaine spécialisée dans l’électrique, qui ne vendait pas beaucoup de machines mais dont nous parlions de temps à autre dans nos colonnes, d’une part parce qu’elle avait été cofondée par un Français (FrançoisXavier Terny), de l’autre parce qu’elle comptait dans ses rangs Erik Buell. Las: comme beaucoup d’autres ces derniers mois (Arc Vehicule en Angleterre, Energica en Italie…), Fuell vient de mettre la clef sous la porte. D’après nos informations, ce n’est pas la moto mais la division vélos électriques qui a plombé la société, ce qui n’est pas étonnant vu la déroute générale que connaît ce secteur après quelques brèves années de faste. Au gré de campagnes de financement participatives, Fuell était pourtant parvenu à lever d’importants fonds ces derniers mois (près d’un million d’euros depuis juin 2023). Visiblement, cela n’a pas suffi à recharger les accus financiers de la start-up Électrique: Enfield sur la borne puce Ils avaient annoncé qu’elle serait là en 2025: ils ont (presque) tenu leur promesse. En ouverture du salon de Milan, les Indiens de Royal Enfield ont, en effet, présenté leur première moto électrique, certes encore à l’état de concept, mais très proche de la version définitive. Le nom de l’engin, Flying Flea (puce volante), est à la fois un clin d’œil au passé du constructeur (la Flying Flea des années 40 était un modèle militaire conçu pour résister à un parachutage sur le champ de bataille) et une allusion à ses caractéristiques techniques, en particulier sa légèreté. Si la machine adopte, sans surprise, un style néo-rétro, elle étonne en revanche par l’emploi de certains matériaux en rupture franche avec ce à quoi nous a habitués la marque indienne (aluminium pour le cadre, magnésium pour la structure accueillant la batterie).Apparemment et contrairement à ses habitudes, ce n’est pas l’entrée de gamme que vise Enfield avec cet engin visiblement très soigné. Ce niveau de finition sera-t-il conservé sur le modèle final? La fourche à parallélogramme restera-t-elle de mise? Qu’en sera-t-il de la puissance, de l’autonomie? Pour le savoir, il faudra encore attendre une grosse année, le temps que les 200 ingénieurs attachés au projet terminent le développement et que la machine commence à être produite dans la nouvelle usine qui lui est dédiée, en Inde, à Chennai. LamarqueindiennevientdeprésenterausalondeMilanlaFlyingFlea,préfiguration desatrèsprochainemotoélectrique. 16 / JANVIER 2025 - MOTO REVUE /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ///////////// ACTUS / 18 / JANVIER 2025 - MOTO REVUE Audacieux, le revenant Morbidelli qui arrive en France avec un trail de grosse cylindrée (à découvrir dans nos pages nouveautés). Cela dit, ce beau bébé de 265 kg, ne sera pas longtemps seul à animer la gamme. Durant l’Eicma, trois autres modèles, d’un gabarit et d’une cylindrée nettement plus contenus, ont été dévoilés. Leur arrivée en France n’est pas prévue avant la fin de l’année prochaine, mais puisque nous les avons croisées et puisque nous ne sommes plus à une chinoise près, autant vous les présenter… Morbidelli voit aussi petit Lamarqueitalo-chinoisedébarque enFranceavecungrostrailroutier, maisàsasuite,troismodèles nettementpluscompactssont programmés. Trail T 502 X Des trois modèles, voici celui arborant la plus forte cylindrée: 486 cm3 répartis entre deux cylindres parallèles fournissant 47,5 ch. Si vous commencez à vous y connaître en moteurs chinois, peut-être aurez-vous reconnu le pedigree du bicylindre en ligne équipant les Brixton 500, lui-même inspiré du twin Honda de la CB 500: bref, côté moteur, nous sommes en terrain connu. Côté partie-cycle, nous ne nageons pas non plus en pleine science-fiction: le cadre est un élément en tubes d’acier, les jantes rayonnées, visiblement compatibles Tubeless, affichent 17 pouces à l’arrière et 19 à l’avant, les débattements de suspensions s’établissent à 180 mm. Typé «aventure», ce futur T 502 X se pose en rival de la Honda NX 500 et de la petite CFMOTO 450 MT. À son arrivée, il lui faudra toutefois composer avec un poids de quelque 210 kg. Sur le segment on a connu nettement plus léger… Trail T 352 X C’est le petit frère du T 502 X. Moins puissant (de 7 chevaux), mais aussi nettement moins lourd (30 kg de moins!), le T 352 X n’a visiblement rien d’un modèle au rabais. Il se présente plutôt comme une affaire à suivre pour qui affectionne les trails (relativement) légers. Affichant 180 kg sur la balance, l’engin embarque un bicylindre parallèle enserré dans un cadre acier et un équipement plutôt complet (afficheur couleur connecté, jantes à rayons tangentiels, ABS Bosch désactivable à l’arrière). Lui aussi a dans son viseur la CFMOTO 450 MT, même si cette dernière est plus coupleuse et un peu plus orientée off-road (jante avant de 21 pouces, débattements de suspensions plus importants). Quoi qu’il en soit, et même s’il ne doit arriver qu’en 2026, on l’attend avec intérêt. Roadster F 352 Même moteur que le trail T 352 X, mais positionnement différent pour ce F 352. Sa cible? Les roadsters «natifs A2» (c’est-à-dire pointant sans bridage sous les 48 chevaux). Afin de rivaliser avec les Kawasaki Z500, Yamaha MT-03 et autres CFMOTO 450 NK, ce petit Morbidelli s’appuie sur un cadre acier, des jantes moulées de 17 pouces de diamètre, une fourche inversée non réglable et un monoamortisseur permettant d’intervenir sur la précharge. Du très classique, comme le simple disque avant, l’afficheur couleur connecté et le style typé streetfighter. Pour sortir du lot, il lui en faudra un peu plus, mais là encore, Morbidelli se donne une bonne année pour peaufiner sa copie.
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