MAD MOVIES n°382 - Page 10 - 382 Hellboy © & ™ 2024 Mike Mignola. © Éditions Delcourt pour la version française. REDÉCOUVREZ LES ORIGINES DU DÉMON DE MIKE MIGNOLA REDÉCOUVREZ LES ORIGINES DU DÉMON DE MIKE MIGNOLA DANS UNE ÉDITION ANNIVERSAIRE INÉDITE. DANS UNE ÉDITION ANNIVERSAIRE INÉDITE. EN LIBRAIRIE EN LIBRAIRIE Les plus fidèles lecteurs connaissent le film dans ses plus profondes coulisses : Mars Express de Jérémie Périn, archi-couvert parnos services durant sa production (via un journal de bord étendu surplusieurs numéros), puis loué unanimement parla rédaction à sa sortie, atterrit logiquement en packavec MadMovies. Une belle boucle bien bouclée, n’est-ce pas ? Rédaction, Administration 51, avenue de Paris 94300 Vincennes Tél.: 01 44 635 635 Directeur de la publication Gérard Cohen g.cohen@custom-publishing.com Directeur de la rédaction et rédacteur en chef Fausto Fasulo fausto@mad-movies.com Secrétaire de rédaction Sacha Rosset Rédacteurs pour ce numéro Sixtine Audebert, François Cau, Cédric Delelée, Gilles Esposito, Fausto Fasulo, Vincent Malausa, Alexandre Poncet, Bruno Provezza, Sacha Rosset, Maybelline Skvortzoff. Rédactrice graphique Carla Ferreira/Pondichery Rédacteur iconographe Mathieu Roux Distribution presse MLP Impression Léonce Deprez. Allée de Belgique 62128 Wancourt Remerciements Youmaly Ba, Sophie Bataille, Aïda Belloulid, Rachel Bouillon, Adeline Crespo, Cyril Despontin, Monica Donati, Loris Dru-Lumbroso, Blanche-Aurore Duault, Élodie Dufour, Yasmine El Omari, Vanessa Fröchen, Pierre Galluffo, Pablo Garcia-Fons, Cassandre Gasse, Paulina Gautier-Mons, Jean-François Gaye, Hélène Godin, Cilia Gonzalez, Laurence Granec, Audrey Grimaud, Mathilde Incerti, Lucy Kent, Céric Landemaine, Youssef Lemhouer, Jonathan Lenaerts, Étienne Lerbret, Boris Lobbrecht, Camille Madelaine, Olivier Margerie, Megan Mieduch, Alizée Morin, Lucie Mottier, Marie Plante-Germain, David Puttnam, Nicolas Rioult, Alexis Rubinowicz, Guillaume Sapin, Thibault van de Werve, Valerie Vansse, Nino Vella, Clara Verranini, Patrice Verry, Alix Vigin, Claire Viroulaud. Commission paritaire N°0727 K 81858 ISSN N° 0338-6791 Dépôt légal à parution Editeur délégué Custom Publishing France SAS au capital de 44 000 € RCS Paris 394 412 928 Principal actionnaire G. Cohen Custom Publishing France et MadMovies sont des marques déposées. La publication comporte une édition limitée avec le pack DVD Mars Express au prix de 14,99 €. Le DVD ne peut être vendu séparément. Les articles ne peuvent être reproduits sans l’accord écrit de l’éditeur. ©2024 Custom Publishing France. Imprimé en France/Printed in France Publicité MINT (Media Image Nouvelle Tendance) 51 Avenue de Paris - 94300 Vincennes www.mint-regie.com Fabrice Régy. fabrice@mint-regie.com Tél.: 01 43 65 19 56 SERVICEABONNEMENTSmadmovies@abomarque.fr Tél.: 05 34 56 35 60. MadMovies/AboMarque. CS 60003 - 31242 L’Union Cedex ABONNEMENTSENLIGNEetVENTED’ANCIENSNUMÉROSsurwww.mad-movies.com ABONNEMENTÀMADMOVIESPOUR1AN97,90 € avant réduction surla France métropolitaine. SERVICEDESVENTESRÉSERVÉAUXPROFESSIONNELSà juste Titres - Diffusion kiosque. Alicia Abadie. Tél.: 04 88 15 12 47. aabadie@ajustetitres.fr REFAIRE LE PLEIN « Déjà ?! », « Encore ?! » vous exclamerez-vous peut-être face à cette nouvelle couverture dédiée au Furiosa de George Miller. Car ouais, il ne nous aura fallu pas plus de quatre mois pour remettre le couvert sur l’opus novus du père Yorgos et y aller de nos inévitables incantations métal-hurlantes. Mais comment dire… L’évidence est écrasante : impossible de lever le pied devant un événement dont la fréquence d’apparition est quasi celle d’une éclipse solaire – à quelques centaines d’années près, quoi. Et puis voilà, en bons architectes éditoriaux que nous sommes, il nous fallait aussi construire une nécessaire rampe de lancement à un hors-série tout entier tourné vers la carrière du Dr Miller, ouvrage d’utilité publique qui sortira début juin si les Dieux du Valhalla ne nous mettent pas trop de bâtons dans les roues d’ici là. En attendant la sortie de cette petite « bible », retrouvez à quelques pages d’ici les dernières infos chaudes autour du dernier geste fou d’un cinéaste presque octogénaire et qui s’apprête à embraser la Croisette dans deux semaines à peine. Burn Cannes, burn ! I Fausto Fasulo Site Internet & Madshop www.mad-movies.com Twitter@Mad_Movies Instagram @madmovies_officiel Facebookwww.facebook.com/MadMovies YouTube Mad Movies Magazine imprimé sur du papier issu de forêt à renouvellement durable. Ville d’origine de fabrication du papier : Hagen (Allemagne) Taux de fibres recyclés : 0% Taux d’eutrophisation : 0,020 Kg/tonne Certification : PEFC Aveclesoutiendu LE PLUS FORT DU CINÉMA Ciné+ Frisson, c’est le « seal of qualité » (oui, nous avons décidé d’utiliser deux langues, parce qu’on fait ce qu’on veut, merde). En mai (le premierqui dit « fais ce qu’il te plait » se mange une guillotine), nous vous recommandons ainsi chaudement la triplette Jonathan Glazer, avec Sexy Beast, Birth et Underthe Skin, diffusés le 13 mai à partirde 20 h 50. ÉDITO 6NOTULESVODLUNAIRES 12AVISCHIFFRÉS 14CINÉPHAGES 87MADGAZINE 92EXPOSITION 94GIVEMEFIVE 97LABÉDÉDUMOIS 98ZONETRÈSLIBRE SOMMAIRE 40 PREVIEW SOUSLASEINE LessharksdeXavierGensattaquent enjuinsurNetflix,alorspournotre quatrièmeépisodedecemakingof, ilesttempsdemontrerlesmuscles: onsepenchesurletournagedes scènesd’actionauxcôtésdu réalisateur,desonchef-opNicolas MassartetdesescomédiensBérénice BejoetNassimLyes. 46 ACTUALITÉ LAPLANÈTE DESSINGES:LE NOUVEAUROYAUME Sept ans après Suprématie, réalisé parMatt Reeves, Wes Ball (LeLabyrinthe) prend les commandes d’un nouvel volet de LaPlanètedesinges. Après l’avoir jugé surpièces, on a conversé avec le production designerDaniel T. Dorrance et le superviseurdu mouvement Alain Gauthier. 54 ACTUALITÉ WHENEVIL LURKS Véritable bête de festivals qui a estomaqué plus d’un amateur d’horreur, WhenEvilLurks sévit enfin en salles. À cette occasion, on a rencontré son réalisateurDemián Terrified Rugna et on vous dit tout le bien qu’on pense de ce body snatchers mal aimable. 62 ACTUALITÉ LAMORSURE Avec son premierlong-métrage, Romain de Saint-Blanquat nous replonge avec justesse dans la France de la fin des sixies et propose un trip onirique léché. Il nous raconte la création de ce curieux voyage. 68 DOSSIER KENRUSSELL ETLEBIOPIC À l’occasion de la sortie récente du Mahler de Ken Russell en Blu-ray chez BQHL, on en profite pourrevenir surl’apport du génie britannique au genre du biopic. Intervenu sur l’œuvre susnommée ou encore surLisztomania, le producteur David Puttnam relate son expérience compliquée avec le cinéaste. 76 CARRIÈRE FABIOFRIZZI Le compositeurfidèle de Lucio Fulci (L’Enferdeszombies, L’Au-Delà, Frayeurs, L’Emmuréevivante…) se remémore pournous sa carrière mythique et sa collaboration avec de futurs membres de Goblin. EN COUVERTURE FURIOSA:UNESAGA MADMAX Faites chaufferles V8 : la jeune Furiosa campée parAnya TaylorJoy s’aventure enfin dans les Terres Dévastées. Neuf ans après le choc FuryRoad, cette nouvelle embardée s’annonce tout aussi… furieuse. On décortique en amont cette machine qui semble encore parfaitement huilée, en compagnie de son mécano en chef George Miller, ainsi que de la nouvelle Furiosa Taylor-Joy et du nouveau bad guy Chris Hemsworth. 28 ETAUSSI 6 NOTULES VOD LUNAIRES TOUTE L’ACTUALITÉ DE LA VOD DÉCORTIQUÉE PAR SAN HELVING Depuis que Laurent Duroche a quitté la rédaction de MadMovies pour aller bosser chez Shadowz, sa vie n’est que beuverie et abus de psychotropes plus ou moins légaux en Bulgarie, claquage de boules dans des clubs non référencés de l’underground berlinois et after antispéciste pour personnes tatouées de 37 à 52 ans. Entre deux jetlags sous influence, l’homme Laurent, la légende Duroche et ses nouveaux collègues trouvent tout de même le temps de chiner de l’inédit australien pour nous distraire avant la fin du monde. Godless: The Eastfield Exorcism de Nick Kozakis et You’ll Never Find Me de Josiah Allen et Indianna Bell partagent pas mal de points communs : une économie budgétaire à faire douter Bruno Le Maire de son orientation sexuelle ; un premier degré absolu et forcément déstabilisant en 2024 ; des interprètes bruts de décoffrage à l’accent prononcé ; une façon pas dégueu d’envoyer valdinguer les genres abordés cul par-dessus tête.You’ll Never Find Me mouline son huis clos dans une ambiance pesante, pleine de hoquets et de répétitions louches virant peu à peu au chaos mental de bon aloi. Godless contourne quant à lui tous les écueils des films d’exorcisme récents pour gratter jusqu’au sang la surface dramatique de cette sinistre histoire vraie, dans un pas de deux risqué mais concluant avec le mélodrame. Dans un cas comme dans l’autre, l’honnêteté et la sincérité du projet finissent par emporter l’adhésion et nous plonger dans un spleen goûtu. La rédaction attend désormais que les cinéastes indépendants australiens s’attaquent à la comédie musicale, au steampunk, au boulard auteuriste en 4DX. Et Laurent, tu viens chercher tes PLV grandeur nature d’Alad’2 quand tu veux, ma burne. Restons donc sur l’appareil génital masculin avec un film qui en est rempli jusqu’à la lie, jusqu’à l’anesthésie phallique. Dans son Thirty Years of Adonis, passé en 2017 à l’Étrange Festival, le cinéaste queer hongkongais Scud s’abandonnait totalement à ses contemplations d’éphèbes imberbes, souillés à qui mieux mieux dans des rituels de domination surleurlit de couleurs criardes et de violence primaire. Bodyshop, entré par effraction sur le catalogue d’UniversCiné, pousse la fétichisation encore plus loin : les vêtements y deviennent superflus, pourne pas dire bourgeois. Un jeune soldat met fin à ses jours après avoir subi Godless:TheEastfieldExorcism. You’llNeverFindMe. 8 NOTULES VOD LUNAIRES une série de viols, et son fantôme s’en va hanter des couples d’hommes tous connectés par leur amour du plus simple appareil. Il y a des visites de la Sagrada Familia à Barcelone, des détours vers un commerce cannibale ; il y a surtout des bites, beaucoup de bites, essaimées aux quatre vents. Larges, longues, rabougries, au repos ou au garde-à-vous, en intérieur, dans la rue ou surla plage entre très bons copains. Tout n’est que pénis, au point de faire oublier de quoi peut bien parler ce film, le cul entre les chaises d’Andy Warhol filmant Joe Dallesandro et celle de David DeCoteau avec ses légions d’adulescents en slibard blanc. Autre mystère de taille : le casting totalement disproportionné de Breathe, médiocre post-apo balancé en tête de gondole sur Prime Video comme un blockbuster alors que jusqu’à preuve du contraire, le cul de Sacha Rosset n’est pas du poulet. Jennifer Hudson et Quvenzhané Wallis (la gosse des Bêtes du Sud sauvage) dans les rôles principaux, Milla Jovovich et Sam Worthington en seconds rôles, Common en apparition fugace… Tout ce petit monde s’est rué sur le nouveau film de Stefon Bristol, réalisateurdu sympathique film de voyage temporel See You Yesterday, qui avait l’extrême bon goût de s’oublier sitôt terminé. Quelques plans extérieurs sur un monde dévasté par le manque d’oxygène font illusion, la gestion du huis clos, de l’action et des dialogues ramène à la dure réalité d’un machin finalement aussi cheapos surla forme que surle fond. Il en va tristement de même pour Blood for Dust de Rod Blackhurst (appréhendable entre autres sur Apple TV et Canal VOD) avec son brelan de vedettes de quasi premier plan (Josh Lucas, Kit Harington, Stephen Dorff) et son roi de cœur, le toujours impeccable Scoot McNairy, ses yeux de chien triste en quête de rédemption, sa dégaine de porte-malheur devant l’éternel. Nos bonshommes errent dans une Amérique parallèle de bars et de motels de troisième zone, où tout le monde sait que personne ne peut repartir à zéro après un dernier gros coup mais où tout le monde essaie quand même. Les ultimes défenseurs du cinéma de genre américain auront reconnu les traces du sillon laissé par les films de Taylor Sheridan. Ses amateurs inconditionnels y trouveront suffisamment de charme et de menues vertus pour le sauver de l’oubli, et leur magnanimité les honore – on reste quand même sur une qualité de confection voisine des Nicolas Cage de 2016-2017, le millésime responsable de tant de destructions gustatives. Breathe. BloodforDust. Il faut du cran pour s’attaquer à un film situé à la préhistoire, imposer à ses acteurs un dialecte inventé pour l’occasion, trouver une forme à même de plonger son auditoire dans l’intangible atmosphère d’époque pour transformer petit à petit le postulat horrifique en drame dévastateur sur la peur de l’autre. Tous ces défis sont brillamment relevés par le britannique Andrew Cumming dans Out of Darkness, topable sur plusieurs plateformes de VOD, et il y aurait de quoi se réjouir si le film se dotait d’un rythme ad hoc et d’une direction d’acteurs dépassant le stade du cosplay vaguement embarrassé. Parce que le monde court irrémédiablement à sa perte, La Mascotte de Matthew Goodhue (en VOD aussi), un bis tournant autour d’un paresseux psychopathe trucidant des bimbos accros aux réseaux sociaux, se révèle plus recommandable, justement sur ces deux points faisant cruellement défaut à son voisin de plateforme. Plus étonnant encore, ce slasher débile met également une petite rouste à l’espagnol All the Names of God de Daniel Calparsoro (balancé quant à lui sur Canal+), et sa représentation du terrorisme renvoyant au ton sentencieux et faussement apolitique du cinéma hollywoodien du milieu des années 2000. Luis Tosary est magnifique en chauffeur de taxi pris en otage, mais ce joyau brut peut-il seulement mal jouer ? Grâce soit rendue à Netflix de faire quelques péloches de genre de tous les horizons, de tous les budgets, de toutes les influences des films plus ou moins algorithmiquement accessibles. LaLégendedeKunlun. AlltheNamesofGod. 10 NOTULES VOD LUNAIRES Personne ne se disait : « Tiens, j’aimerais bien me taper une variation sud-africaine autour de 24 Heures chrono en longmétrage », et pourtant, voilà ce souhait exaucé avec L’Âme du chasseur de Mandla Dube, thriller conspi plein d’officiels corrompus, d’agents doubles, de courses et de bagarres contre la montre. L’enthousiasme de se retrouver face à un objet aussi singulier, bardé de défauts tout de même assez envahissants, s’estompe dans une conclusion prenant l’eau de toutes parts. Le tamoul Thunivu, sorti furtivement en salles françaises et tout juste marqué au N rouge, n’a lui non plus strictement aucun sens, mais au moins, l’amusement reste constant. Ce bon vieux bourrin d’Ajith Kumar joue une nouvelle fois les gros kékés devant la caméra de H. Vinoth, le réalisateur/scénariste de Valimai (2022), qui ne brillait déjà pas tant pour son scénario que pour ses stupéfiantes scènes d’action motorisées. Le cadre forcément étriqué d’une banque où un braqueur preneur d’otages semble improviser un plan absurde fait redouter un plaisirmoindre, les premiers défouraillages rabattent le caquet. Le plomb vole, des murs entiers et des dizaines de sbires explosent, Ajith danse comme Michael Jackson, le côté Robin des Bois entretient cette mode des blockbusters indiens animés d’une soif de justice sociale redistributive en utilisant la manière forte contre les salopards en place. Très con, certes, mais hautement recommandables pour nous, les déviants. Le même constat peut s’appliquer à The Beekeeper de David Ayer, cet homme à la filmographie proche du casier judiciaire, néanmoins capable de nous sortir un long-métrage tout à fait défendable grosso modo tous les dix ans. Jason Statham y joue un apiculteur. Quand l’une de ses proches se suicide après avoir perdu toutes ses économies dans une arnaque, il sort de ses ruches et s’en va dérouiller tous les responsables, peu importe leur hauteur dans la hiérarchie sociopolitique. Là non plus, rien n’a de sens. Les dialogues de l’ineffable Kurt Wimmer alignent toutes les métaphores les plus pétées du bulbe sur les abeilles ; Statham joue les Terminator increvables contre des frat bros tous plus caricaturaux les uns que les autres ; Jeremy Irons est là, aussi, à l’arrière-plan, pour apporter son petit air sardonique fataliste dont nous avons appris à nous méfier depuis le premier film Donjons & Dragons. The Beekeeper a cependant l’infinie délicatesse de ne pas péter plus haut que son cul, de ne pas se draper dans de l’ironie facile, et de dérouler son programme avec efficacité. Il n’y a vraiment pas de quoi crier au film culte instantané, ni de s’engager dans la lutte armée dans la jungle birmane ; passer un bon moment entre camarades consentants peut largement suffire. Rendez-vous en 2034 pour le prochain bon film de David Ayer. I TheBeekeeper. FRANÇOISCAU CÉDRICDELELÉE GILLESESPOSITO FAUSTOFASULO ALEXANDREPONCET SACHAROSSET CIVILWAR Excellent reflet, certes involontaire, de l’extrême confusion généralisée. 4 Quelque part entre LesFilsdel’homme et Kathryn Bigelow, un road movie guerriertétanisant qui vous explose en pleine gueule. 5,5 Jouissif à première vue, mais très vasouillard dans sa dystopie politique et son rapport à la violence. 2,5 Garland met de côté la métaphore au profit de la pure viscéralité. Et c’est le choc. 5,5 Une richesse thématique et une puissance formelle dignes de Romero, Friedkin ou Bigelow. 6 Le simplisme de l’approche de Garland accentue la brutalité des scènes, mais empêche le tout d’être correctement lié. 4,5 HOPELESS Un jour, les films noirs sud-coréens arrêteront de nous roulerdessus, et nous saurons que c’est la fin. 4,5 Un puissant drame criminel, qui évite brillamment le misérabilisme glauque. 4,5 On connaît la recette parcœur. Et pourtant… 4,5 On voit venir les pièges misérabilistes. Heureusement, Kim Chang-hoon les esquive et nous assomme en finesse. 4 LAMALÉDICTION: L’ORIGINE Jamais je n’aurais parié surun retour de la nunsploitation avec hommage à Żuławski en option, ET POURTANT. 3,5 La preuve éclatante que le film d’horreur est définitivement redevenu LE genre majeurdu cinéma américain. 4,5 C’est assez dément d’avoirréussi à faire passerça dans le cadre d’une franchise de grand studio. 5 Une bonne surprise…quisouffre malheureusement de la comparaison avec Immaculée. 4 LA MORSURE Une reconstitution d’époque bien sentie, sans chichi, avec une vraie belle gueule d’atmosphère. 4,5 Un retourinattendu à Jean Rollin et Mario Mercier, mais si bien senti qu’il évite le pastiche. 5 Un drôle de film « possédé ». 4 Un casting parfait dans un rêve éveillé hélas trop monocorde mais qui dépeint sans esbroufe la France des sixties. 4 LAPLANÈTEDES SINGES:LE NOUVEAU ROYAUME Correct, mais faudra passerla seconde pourarriverau niveau des films de Matt Reeves. 3 Malgré quelques moments formatés, l’intelligence du propos l’emporte. 4 WHENEVIL LURKS N’importe quel salopard peut jouer les sadiques, là où un jonglage entre cruauté et empathie demande une autre habileté. 5 La mécanique de possession à la Hidden a vite fait de tournerà vide. 2 Après le nullissime Terrified, la progression de Demián Rugna est vertigineuse. 4,5 OK, c’est très méchant. OK, c’est mieux que Terrified. Mais l’exécution quoi… 3 Il aurait fallu bien plus que quelques chocs visuels ostentatoires poursauver ce body snatchers paresseux de l’embourbement. 2 O NUL 1 TRÈS MAUVAIS 2 MAUVAIS 3 MOYEN 4 BON 5 TRÈS BON 6 CHEF-D’ŒUVRE 12 AVIS CHIFFRÉS 14 CINÉPHAGES Une bande d’activistes écologistes s’introduit de nuit dans une grande enseigne commerciale, avec la ferme intention d’y répandre un beau bordel entre deux selfies et vidéos pour les abonnés. Ils vont tomber sur une fratrie de vigiles, dont un bon gros psychopathe au bord du craquage nerveux. Entré dans nos vies avec leur attachant Turbo Kid, le trio de réalisateurs derrière le collectif RKSS (pour Roadkill Superstars) s’éloigne de son ADN de fans ultra-référencés pour mordre le cul de l’époque à pleines dents, dans un sursaut de méchanceté inattendu. Comme si une fois débarrassés du voile de la nostalgie, Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell et François Simard ne pouvaient que succomber à une amertume dévastatrice. Difficile de savoir où balance le cœur des réalisateurs, entre l’amateur d’armes ensauvagé, son intolérable frangin et des militants tous plus antipathiques les uns que les autres. La brutalité des mises à mort – et même de la moindre blessure – renforce le caractère hargneux de ce slasher survival presque en vase clos, conclu sur une touche d’ironie enfonçant encore un peu le clou, si besoin en était. L’énergie foutraque de l’ensemble fait pencher du côté de la rage plutôt que du cynisme du « tous pourris » ; reste à attendre leur prochain film pour voir où ce virage va mener notre triumvirat canadien préféré. I F.C. 2023. Canada. Réalisation Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell & François Simard. Interprétation Turlough Convery, Benny O. Arthur, Jacqueline Moré… Sorti le 8 mai 2024 (Alba Films). WAKE UP Les cheveux longs et filasses, la silhouette empêtrée dans des vêtements informes et le visage comme coincé entre plusieurs émotions contradictoires, Philémon a tout de l’adolescent lambda des années 1990, à l’exception notable de son prénom et de menus soucis de santé : il redoute le soleil et a besoin de se nourrir de sang humain. Ce régime force sa famille à changer de vie régulièrement, à fuir quiconque vient leur demander des comptes. L’intrigue se lance sur l’installation dans une banlieue résidentielle semi-accueillante, dans un malaise aussi savoureux que fugace. Philémon vit sa vie d’ado, tombe amoureux, déclenche l’hostilité des jeunes cons du coin. La narration insiste sur le petit manège de la mère (Élodie Bouchez, tristement effacée) pour récupérer des poches de sang au centre de transfusion local. Tout finit par dérailler de manière très prévisible. L’élément fantastique se dilue dans ce qui ressemble fâcheusement à une très longue exposition pour l’acte final, de façon d’autant plus regrettable que Céline Rouzet montre un réel talent pour faire monter la tension des scènes de groupe, ou pour ancrer son récit dans une temporalité à la fois proche et distante. En attendant la nuit a des airs de rendez-vous manqué sur pas grand-chose, un malentendu, une promesse qui ne demande qu’à s’honorer une prochaine fois. I F.C. 2024. Belgique/France. Réalisation Céline Rouzet. Interprétation Mathias Legoût Hammond, Céleste Brunnquell, Élodie Bouchez… Sortie le 5 juin 2024 (Tandem). EN ATTENDANT LA NUIT ©Satnof
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