MAD MOVIES n°392 - Page 2 - 392 Partenaire officiel du festival de Gérardmer Rédaction, Administration 51, avenue de Paris 94300 Vincennes Tél.: 01 44 635 635 Directeur de la publication Gérard Cohen g.cohen@custom-publishing.com Directeur de la rédaction et rédacteur en chef Fausto Fasulo fausto@mad-movies.com Secrétaires de rédaction Sacha Rosset, Marianne Ravel. Rédacteurs pour ce numéro François Angelier, Sixtine Audebert, François Cau, Cédric Delelée, Gilles Esposito, Pascal Françaix, Jean-Baptiste Herment, Bérénice Loisel, Fabien Mauro, Alexandre Poncet, Bruno Provezza, Sacha Rosset, Maybelline Skvortzoff, San Helving, Bernard le Fourmilier. Rédactrice graphique Carla Ferreira/Pondichery Rédacteur iconographe Mathieu Roux Remerciements Sabri Ammar, Clarisse André, Manuel Attali, Michel Burstein, Charly Destombes, Marion Eschard, Axel Foy, Jean-François Gaye, Laetitia Giry, Cilia Gonzalez, Elsa Gueroult, Radia Kerroumi, Valérie Lefebvre, Celia Mahistre, Robert Schlockoff, Nino Vella. Distribution presse MLP Impression Léonce Deprez Allée de Belgique 62128 Wancourt Service client MadShop contact@custom-publishing.fr Commission paritaire N°0727 K 81858 ISSN N° 0338-6791 Dépôt légal à parution Editeur délégué Custom Publishing France SAS au capital de 44 000 € RCS Paris 394 412 928 Principal actionnaire G. Cohen Custom Publishing France et MadMovies sont des marques déposées. La publication comporte une édition limitée avec le pack DVD La Nuit de l’épouvantail au prix de 14,99 €. Le DVD ne peut être vendu séparément. Les articles ne peuvent être reproduits sans l’accord écrit de l’éditeur. ©2025 Custom Publishing France. Imprimé en France/ Printed in France Publicité MINT (Media Image Nouvelle Tendance) 51 Avenue de Paris 94300 Vincennes www.mint-regie.com Fabrice Régy. fabrice@mint-regie.com Tél.: 01 43 65 19 56 LE DVD MAD Jolie rareté, n’est-ce pas ? La Nuit de l’épouvantail, excellent slasherde la décennie 1980 destiné originellement à la petite lucarne, est disponible en bundle avec votre Mad du mois. Belle occasion de (re)découvrirun film à l’atmosphère tout à fait unique… SERVICEABONNEMENTSmadmovies@abomarque.fr -Tél.:+33(0)534563560. MadMovies/Abonn’escient – Opper : 53, route de Lavaur31240 L’Union Abonnementsenligneetvented’anciensnumérossurwww.mad-movies.com - AbonnementàMadMoviespour1an97,90 € avant réduction surla France métropolitaine. SERVICEDESVENTESRÉSERVÉAUXPROFESSIONNELSOpperDiffusion kiosque. Sarah Mordjane. Tél.:0140942221. smordjane@opper.io BOUM Deux serpents de mer capturés d’un coup d’un seul ce printemps : le frangin Impact, dont le retour souvent évoqué et jamais exaucé se fait ce mois-ci via un sommaire presque 100 % action ; et le nouveau long-métrage de Gareth Evans, Ravage (Havoc pour les anglophiles), enfin sorti des limbes d’un tournage à rallonge et qui débarque sur Netflix le 25 avril prochain. À ce propos, soyons clairs comme de l’eau de roche : à l’heure où sont écrites ces lignes, nous n’avons malheureusement pas eu la possibilité de voir le film, qui semble être… euh… encore coincé en postproduction (nous a-t-on dit) ! Ainsi, à défaut de pouvoir vous proposer une critique en bonne et due forme, nous avons tout misé sur les témoignages exclusifs de son metteur en scène et de son partner in crime et second réalisateur, Xavier Gens. Et comme nous ne manquons ni d’idées ni d’entregent (aucun jeu de mots ici), nous avons également convié à notre grande table de la cascade et de la pyrotechnie quelques talents dont on évoquera plus en détail les films dans les prochains numéros (Guillaume Pierret avec Balle perdue 3 et Bruno Forzani & Hélène Cattet avec Reflet dans un diamant mort). Vous l’aurez compris, c’est grâce à ces brillants artificiers que nous avons sauvé le soldat Mad d’une actualité salle absolument moribonde. I Fausto Fasulo Site Internet & Madshop www.mad-movies.com X @Mad_Movies TikTok@madmovies_magazine Instagram @madmovies_officiel FacebookMadMovies YouTube Mad Movies Magazine imprimé sur du papier issu de forêt à renouvellement durable. Ville d’origine de fabrication du papier : Hagen (Allemagne) Taux de fibres recyclés : 0% Taux d’eutrophisation : 0,020 Kg/tonne Certification : PEFC Aveclesoutiendu Aucun poisson dans nos recommandations d’avril surCiné+ Frisson : Sailor & Lula (le 05/04 à 20 h 50), Hopeless (le 07/04 à 22 h 44) et La Main (le 14/04 à 20 h 50) sont donc à visionner sans crainte de s’étouffer avec une arête. édito Et aussi… 6VODBORDELLO 14POURQUOIILFAUT(RE)VOIR… 16AVISCHIFFRÉS 18CINÉPHAGES 87MADGAZINE 90MESSALAUDS! 92ONESHOT! 94MAD’XPOSITIONS 95LABÉDÉDUMOIS 96ZONETRÈSLIBRE 98LECHOIXDUDRANGELIER Sommaire EN COUVERTURE BACKINACTION! Vous trouviez que l’actu manquait d’Impact ? Ça tombe bien, Gareth TheRaid Evans est de retouraux affaires avec Ravage, actioner(avec Tom Hardy dedans) qui s’annonce musclé à souhait. En attendant de le découvrir à la fin du mois surNetflix, le réal ainsi 34 54 64 72 78 CARRIÈRE CYNTHIAROTHROCK Alors que Le Chat qui fume dégaine le diptyque Uneflicdechoc en Blu-ray, on continue de régalerles fans de baston avec une interview inédite de Cynthia Rothrock, légende du kung-fu aux sept ceintures noires qui a réussi le double exploit de s’imposeren tant que femme occidentale dans le cinéma HK. DOSSIER KAMENRIDER Action toujours, et direction le Japon cette fois-ci, avec la figure légendaire du tokusatsu Kamen Rider. À l’occasion de la sortie du coffret KamenRider–les filmsShôwa(1972-1988) chez Roboto Films, on vous propose un grand tourd’horizon des aventures ciné de ces motards à tête de sauterelle. ACTUALITÉ LESLINCEULS Il y a trois ans presque jourpourjour, on célébrait le grand come-backde notre plus que bien-aimé David Cronenberg, avec une couv aux couleurs des Crimesdufutur. En signant cette fois-ci l’envoûtant et endeuillé LesLinceuls, le maître de Toronto montre que son cinéma n’a rien perdu de son souffle et nous explique ce nouveau projet. RENCONTRE DARRENARONOFSKY Près de vingt-cinq ans en arrière, les spectateurs français frôlaient le bad trip en découvrant Requiem foraDream, deuxième long – après le coup d’éclat Pi– de Darren Aronofsky. Grâce aux Acacias, ce requiem dévastateurressort ce mois-ci en salles, ce qui constitue le parfait prétexte pournous entretenir longuement avec son réalisateur. que XavierGens – venu en renfort en tant que réalisateurde seconde équipe – nous décortiquent la bête. Puis on enchaîne avec un crochet du droit en forme de dossierfaisant le point sur le cinéma d’action contemporain. Et là, logiquement, c’est le K.-O. 6 The Moor Cette délicieuse saleté de The Moor, signée Chris Cronin, joue avec nos nerfs sur Shadowz. Pendant deux heures, un vieux briscard à la gueule de portebonheur, une rouquine dépressive à bonnet et d’autres joyeux drilles cherchent un enfant disparu dans des marais hantés. De temps en temps, il se passe un truc au beau milieu de la brume : là, ils découvrent des gros rochers gravés ; ici, un second rôle tombe dans un ravin. Les minutes se transforment en heure, l’heure en semaine. Au bout d’une heure et demie, votre nourrisson fête ses 18 ans et s’apprête à voter Jean Lassalle « par conviction ». Alors que tout espoirsemble égaré dans une backroom entre Nicolas Bedos et la doublure cascade de Raphaël Quenard dans L’Amour ouf, The Moor se réveille enfin dans un mouvement de la dernière chance. La toute petite angoisse entretenue vaille que vaille s’emballe et nous gratifie d’une des scènes horrifiques les plus marquantes vues cette année. Tous les partis pris pénibles de ce calvaire se justifient, un petit frisson fait dresser des poils dont personne ne soupçonnait l’existence. Pire que tout, cette ivresse pousse à espérer que tous les autres films de cette sélection auront quelque chose d’intéressant à proposer. N’est-ce pas là le comble de la cruauté, Apolline de Malherbe ? Je vous pose la question. La Duplicité de Tyler Perry Tyler Perry, travailleur à la chaîne de la production familiale ascendant religieuse, terrible inventeur du personnage de Madea, matriarche un peu fofolle qu’il a interprétée dans une douzaine de films, était-il le mieux placé pour parler des bavures policières et de leurs conséquences surla société américaine ? Non, et d’ailleurs, son pseudo-thrillerLaDuplicité de Tyler Perry, aperçu en train de rouler des mécaniques sur Prime Video, n’en a au fond pas grand-chose à foutre. Les personnages parlent d’émeutes à la suite d’une mort pas trop trop justifiée par force de l’ordre interposée, mais le zbeul a la pudeur de rester hors champ. Il faut à tout prix rester sur ces personnages aussi mornes qu’un crachin d’avril sur l’autoroute A86, tenter de sonder VODBORDELLO GUIDE DE SURVIE DANS LA JUNGLE DU STREAMING, PAR SAN HELVING des restes de vie derrière leur non-jeu pour savoir où cette sale histoire nous emmène. La bavure affecte une avocate proche de la victime, résolue à démêler le sac de nœuds caché sous le tapis de nos petits mouchoirs. Tout cela ne serait pas si grave si la durée n’approchait aussi dangereusement des deux heures, dont deux bons tiers consacrés à des dialogues insipides filmés comme des soap operas de la fin des eighties. Le twist final et le climax, aussi nuls l’un que l’autre, précèdent un épilogue sur la nécessité de ne pas tout politiser. Qu’il en soit ainsi. Mission Titan Dans Mission Titan de ce sagouin de Mikael Håfström, chinable par grand vent sur UniversCiné, la vague dépressive frappant la science-fiction depuis la chialade de Matthew McConaughey dans Interstellar atteint le stade critique. Casey Afflecktire la gueule comme si un éditorialiste d’Europe 1 venait de lui lire tous les titres de sa filmographie avec du Hans Zimmer en fond sonore. Son personnage accepte une mission probablement suicide à bord d’un vaisseau en route vers une lune de Saturne. Tomer Capone, condamné à n’être plus appelé que « Frenchie dans The Boys » jusqu’à la fin de ses jours, amène un peu de piquant à cette odyssée spatiale et s’attire ce faisant les foudres du capitaine joué parLaurence Fishburne. Laulau tire la tronche, lui aussi. Il y a trop de trucs en jeu pour contester son autorité. Les gars hibernent, se réveillent, vont se recoucher, émergent dans un état de confusion grandissant. Casey n’arrive plus à savoirce qui relève de l’hallucination, les flashbacks tristes de sa gow n’aidant pas. En bout de course, il accomplit le fantasme de tout spectateur depuis une bonne heure, sans joie particulière ni même soulagement. Le silence, le grand vide cosmique. Un pet de fouffe à l’échelle macro. The Moor. Mission Titan. 8 VOD BORDELLO trop non plus, que dans sa mise en scène volontariste jusqu’au malaise. Indigestion et overdose dansent la Tecktonik dans un cauchemar même pas fiévreux, tout juste irritant. Daredevil: Born Again Interrogé sur la mort de Foggy Nelson, expédiée comme une merde en préambule de la série Daredevil: Born Again visible sur Disney+, l’historien spécialiste du nazisme Johann Chapoutot parle de la pire tache indélébile surnotre conscience collective depuis l’assassinat du président David Palmer au tout tout début de la saison 5 de 24 Heures chrono. OK, Jojo la Chapoute n’a prostituée en télé-crochet avec moult arrangements et trémolos inutiles pour feindre une émotion morte électrocutée dans sa baignoire en 1978. Ça tombe bien, le grand méchant, Plutonovich, est justement un présentateur télé aux élans totalitaires dans ce monde en déshérence, 45e métaphore nulle de l’année surla présidence Trump. Rien ne nous est épargné, de la prophétie molle au grand amour contrarié, en passant par la direction artistique inspirée par les pires clips de la première moitié des années 1990. Le plus triste restant cette obstination du film à vouloir se croire instantanément culte, tant dans des idées un peu loufoques, mais jamais Le Murmure du Diable Lesaviez-vous?En2024,lecinémarusse investit désormais moins le terrain du gros cinéma d’action que celui du cinéma horrifique. Le Murmure du Diable de SerikBeyseu, échu surApple TV, permet de juger sur pièce. Techniquement, pas grand-choseàredire.Toutcelaestcorrectement cadré, éclairé, les comédiens ont l’air de croire à cette intrigue à base de boîte à musique hantée par l’esprit d’une sorcière et franchement ? Tant mieux pour eux. Quiconque a déjà vu ne serait-ce qu’une bande-annonce de film d’horreur ne trouvera en revanche rien de nouveau à se mettre sous la dent. Les petits efforts de construction d’atmosphère ne paient pas vraiment, tant l’impression qu’il ne se passe strictement rien finit partout recouvrird’un plaid miteux. Pour du divertissement russe a minima distrayant, préférez la série couillonne et foutraque des Major Grom, et leur super-flic à béret et moustache. O’Dessa À peine remarqué en 2017 avec la microsensation indé Patti Cake$, v’là-t’y pas notre gars Geremy Jasperà la tête d’une comédie musicale post-apo, O’Dessa, déboulée sans autre forme de procès sur Disney+. La rappeuse volcanique cède place à une troubadourayant hérité d’un beau brin de voix et d’une guitare par son paternel, le hip-hop vire quant à lui à la soupe pseudo-folk, destinée à être Le Murmure du Diable. O’Dessa. sûrement jamais dit ça, mais vous venez de le lire dans un journal, ça devient donc vrai. Un documentaire recueille le sentiment des badauds sur l’atmosphère de NewYorken ces temps troublés. Le Caïd (ou Kingpin, pourles puristes) accède au fauteuil de maire après une campagne populiste en partie basée sur la traque des justiciers masqués, et c’est presque parti pourune 47e métaphore surDonald Trump fort heureusement carjackée par l’indispensable Vincent D’Onofrio. Celuicidébouleavecsacarruredephacochère chicos qui aurait bouffé tout le casting de The Shield, sa voix gravissime, oh, à peine forcée, juste ce qu’il faut pour distraire à chacune de ses apparitions. Charlie Cox, lui, devient de plus en plus le Matt Murdockparfait, à défaut de trouver ses aises dans le costume de Daredevil, réenfilé sans joie au sixième épisode. Le surplus de noirceurpromis vient combler les vides béants laissés dans une narration déconcentrée, souvent tentée parle remplissage et les digressions. Rien de bien dommageable : tout sera oublié d’ici quelques mois, si tout va bien. Rats! Au début du Rats! de Carl Fry et Maxwell Nalevansky,appréhendésurShadowzpar des agents de la paix avant tout, ce jeune branleurde Raphael se fait plaquerau sol paruneflicpsychotique(l’incroyablemais épuisante Danielle Evon Ploeger), alors qu’il taguait une cabine téléphonique « iconique » de la ville de Fresno, Texas. Il s’en tire avec des travaux généraux, mais aussi avec une mission undercover chez son cousin dealer pour le faire tomber. Ce film d’époque en costume nous balance dans les méandres banlieusards américains de 2007, dans une stase post-MTV pleine d’effluves de weed, de vague désœuvrement, de contretemps à en perdre son latin, son grec, et à vue de nez 63 % des langues vivantes de cette sacrée planète Terre. Le rythme très relâché de la première moitié fait redouter l’enfilade de sketches inégaux, mais l’atmosphère finit par prendre. Un équilibre magique se crée entre des interprètes en surrégime et des touristes de l’acting bizarrement attachants. Daredevil: Born Again. Le beau bordel mute en coup de force dans ses ultimes zigzags, laissant aussi pantelant et souriant qu’après du sexe expéditif dans un cimetière. Control Freak Dans Control Freak de Shal Ngo, en goguette sur Disney+ comme si son actrice principale Kelly Marie Tran n’avait jamais été dégagée de la franchise Star Wars pourcomplaire à des cohortes de trolls beaucoup trop fragiles pour ce monde, une grande prêtresse de la motivation personnelle commence à se gratter la tête. Puis elle voit des fourmis partout. Puis elle se gratte la tête en voyant des fourmis. Son copain pointe Rats!. 10 VOD BORDELLO le décalage ironique entre son métier et la situation, ha ha, très drôle espèce de nepo baby à tête de fion. Les événements se répètent avec d’infimes variations, le bâillement ne se réprime que parla force, à grands coups de claques auto-infligées pour rester éveillé. Parce que l’ironie est enfant de bohème et d’un gigolo soixantenaire madrilène, la fin est à peu près la même que celle du Murmure du Diable. Les choses finissent par se calmer après un petit crescendo ma non troppo, l’héroïne savoure un moment de calme, la caméra s’attarde sur un élément laissant à penser, roulement de tambour, que tout n’est pas vraiment fini, petit enchaînement de cymbales lourd, lourd de sens. Chief of Station Les compétences de Jesse V. Johnson dans le domaine du film de castagne peuvent se prévaloir de la cosignature de l’Union anglaise pour la santé buccodentaire. Foutez-le aux commandes d’un kouglof d’espionnage comme Chief of Station, et les chances que le bonhomme s’emmerde sec frisent un solide 75 %. Il s’amuse un peu dans une scène d’intro où les services russes se font blouser, rajoute tant qu’il le peut des bonnes grosses bastons featuring un Daniel Bernhardt en compétition très, très, très serrée avec Scott Adkins pourla médaille de l’accent slave le plus rigolo. En dehors de ces quelques rappels au bon mauvais goût caractéristique de sa filmo, l’ennui. Une scène tente de rejouer l’ambiance de la partie de poker de Casino Royale, mais personne n’y croit. Aaron Eckhart encaisse tant bien que mal le virage direct-to-VOD de sa carrière, son jeu se pare d’un renoncement chagrin collant à peu près au deuil de son personnage. Alex Pettyfer se torche allègrement avec les espoirs placés en lui pardes bookmakers défoncés à la même kétamine qu’Elon Musk, Olga Kurylenko passe une tête à ce point furtive que tout cela ne pourrait être que le rêve d’une otarie monégasque, pour ce qu’on en sait. King of Killers En lieu et place de ce Chief of Station, si ce foutu mektoub voulait bien arrêter de nous chatouiller les doigts de pied avec une scie sauteuse, Jesse V. Johnson aurait dû réaliserKing of Killers, énième variante autour du battle royale de gros bras vu sur Prime Video lors de la casual Friday orgy de la rédac fin mars – il pleuvait sur Reims, t’en souvient-il ? Pour ses grrrrrands débuts derrière la caméra, ce bourrin de Kevin Grevioux n’oublie pas de se caster au beau milieu d’un casting de rêve de cuir. À ma gauche, Alain Moussi, vendu comme le successeurde Jean-Claude Van Damme par des producteurs aveugles, drogués, ou les deux ; à ma droite, Frank Grillo, petit prince de l’actioner Z, autorisé de temps à autre à mettre un pied hors de la prison du gros bis bien gras ; à mon extrême gauche, Georges St-Pierre, légende de l’UFC bien plus à l’aise ici que dans la série La Cage ; à mon extrême droite, Gianni Capaldi, zonard des tréfonds du bis, indice chez vous du taux de fraîcheur trèèèèèès relatif du produit ; caché dans le faux plafond, Stephen Dorff en simili gueule de bois, venu juste quelques minutes, pas plus. Tout ce beau monde se fout surla gueule dans des bastons et des fusillades sur leurlit d’éclairages criards rouges, verts, Chief of Station. King of Killers. 12 VOD BORDELLO violets ou bleus, avec en moyenne un plan correct et du gros bordel vaguement rattrapé au montage. À consommertorse nu, en se plongeant régulièrement la tête dans un récipient rempli d’eau glacée. Un week-end en enfer Comment un tel casting a donc bien pu se retrouver dans ce sphincter purulent fait film, modestement renommé Un weekend en enfer et exhibé sur Max comme un animal difforme dans une fête foraine des années 1920 ? Menace, chantage, budget stupéfiant supérieur à celui du AstérixdeGuillaumeCanet?Entoutcas, la sorcellerie ne tient pas au scénario, et encore moins à sa tonalité de comédie jamais drôle, embarrassée parun aspect fantastique relégué au strict minimum. Rohan et Josh invitent leurs parents dans une maison aussi charmante que hantée. Le mot de passe du wifi en latin réveille l’esprit frappeur des lieux, pas très woke et bien décidé à prendre possession des corps à sa portée. Brian Cox ruine ainsi en quelques secondes toute la crédibilité patiemment emmagasinée au fil de sa carrière avec, comme apothéose, sa performance remarquable dans Succession. Lisa Kudrow et Dean Norris contemplent les dégâts, Edie Falco joue sa partition putride en bonne soldate, Parker Posey parvient de guerre lasse à arracher un début de sourire. Le manque cruel d’alchimie entre Nik Dodani et Brandon Flynn, allié à un tempo comique désastreux, vous ordonne presque de détourner les yeux de l’écran pourne pas être contaminé par cet accident industriel borderline AZF. LOLA Il aura mis le temps, après sa tournée des festivals en 2022 et 2023, mais voilà enfin LOLA d’Andrew Legge disponible sur UniversCiné. En 1940, deux sœurs anglaises construisent une machine capable de capter des programmes télévisuels du futur. Elles transmettent des informations aux forces militaires pourprévenirle Blitz londonien, puis pour prendre l’avantage surles forces nazies. Forcément, comme dans 22/11/63 de Stephen King, Retour vers le futur II ou Les Visiteurs en Amérique (le meilleur de la saga), l’Histoire se réécrit. Dans un premier temps, David Bowie disparaît, remplacé par un gros nase. La guerre avec l’Allemagne prend ensuite une tournure tragique. Inévitablement, après les Zumba chroniquées dans ces pages, ce délire de science-fiction filmé dans un noir et blanc mutin à la Guy Maddin des débuts réchauffe le cœur, redonne foi dans le cinéma et donc à la vie, pousse à enleverses vêtements et à courirdans la rue en slop en chantant Life on Mars? le poing levé contre vous, Anne Hidalgo et Gilles Lellouche. La durée exceptionnelle en dessous de 1 h 19 et cette narration menée au pas de charge font même oublier des défauts pourtant envahissants, liés à l’intrication forcée des images d’archives et de leurreconstitution, contrainte parun budget restreint. La dernière partie manque de se prendre les pieds dans le tapis, aussi, mais à un moment, au prix où sont les OGM, s’agirait d’arrêter de jouer les pisse-froid et d’accepter l’invitation au tango. I Un week-end en enfer.
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