MAD MOVIES n°374 - Page 6 - 374 Vous l’avez raté en salles ? Eh bien ça tombe bien, le voici en vidéo ! Ce mois-ci, le DVD Mad est Mad God de Phil Tippett, étrange objet sorti d’un esprit tout aussi étrange, à voir impérativement durant une journée grise d’automne. Effet ga-ran-ti ! Rédaction, Administration 6, rue Rodier – 75009 Paris Tél.: 01 44 635 635 Directeur de la publication Gérard Cohen g.cohen@custom-publishing.com Directeur de la rédaction et rédacteur en chef Fausto Fasulo – fausto@mad-movies.com Secrétaire de rédaction Laurent Duroche Rédacteurs pour ce numéro François Cau, Cédric Delelée, Laurent Duroche, Gilles Esposito, Fausto Fasulo, Vincent Malausa, Alexandre Poncet, Bruno Provezza, Julien Sévéon, Maybelline Skvortzoff. Rédactrice graphique Carla Ferreira/Pondichery Rédacteur iconographe Mathieu Roux Traffic manager Sacha Rosset Distribution presse MLP Impression Léonce Deprez. Allée de Belgique 62128 Wancourt Remerciements Maeva Corbel, Cyril Despontin, Zvi David Fajol, Roger Feigelson, FibreTigre, Matilde Incerti, Nathalie Jeung, Michel Leray, Boris Lobbrecht, Camille Madelaine, Olivier Margerie, Jean-Baptiste Péan, Léa Ribeyreix, Nicolas Rioult, Taryn Thomas, Aurélien Zimmermann et les équipes de Fantasia et du NIFFF. Commission paritaire N°0727 K 81858 ISSN N° 0338-6791 Dépôt légal à parution Editeur délégué Custom Publishing France SAS au capital de 44 000 € RCS Paris 394 412 928 Principal actionnaire G. Cohen Custom Publishing France et MadMovies sont des marques déposées. La publication comporte une édition limitée avec le pack DVD Mad God au prix de 14,99 €. Le DVD ne peut être vendu séparément. Les articles ne peuvent être reproduits sans l’accord écrit de l’éditeur. ©2023 Custom Publishing France. Imprimé en France/Printed in France Publicité MINT (Media Image Nouvelle Tendance) 51 Avenue de Paris 94300 Vincennes www.mint-regie.com Fabrice Régy. fabrice@mint-regie.com Tél.: 01 43 65 19 56 SERVICEABONNEMENTSmadmovies@abomarque.fr Tél.: 05 34 56 35 60. Mad Movies / AboMarque. CS 60003 - 31242 L’Union Cedex ABONNEMENTSENLIGNEetVENTED’ANCIENSNUMÉROSsurwww.mad-movies.com ABONNEMENTÀMADMOVIES POUR1AN97,90 € avant réduction surla France métropolitaine. SERVICEDESVENTESRÉSERVÉAUXPROFESSIONNELSAbomarque - Diffusion kiosque. Amandine Fest. Tél.: 06 81 09 44 57. amandine@abomarque.fr L’OURAGAN EST PASSÉ Entre deux débats épuisants sur Barbie et Oppenheimer, quelques vaines tentatives de polémiques idéologiques à propos de la sélection de Venise et les éternels commentaires de commentaires sur la grève des acteurs à Hollywood, l’été cinéphile aura été assez… maussade. Confirmation de cette médiocrité ambiante : le décès de William Friedkin n’a eu droit qu’à de vagues réactions, évidemment sincères, mais tellement éparses qu’aucun véritable discours ou réflexion nourrie n’a pu en émerger. D’une certaine manière, c’était un peu prévisible : souvenez-vous, à la fin des années 1990, le réalisateur de L’Exorciste n’intéressait plus grand monde et, à l’exception de quelques partisans de la première heure (ils se reconnaîtront), personne ou presque ne s’agitait autour de sa filmographie (dont l’accès complet était par ailleurs assez compliqué…). Ce n’est qu’après Bug, en 2006, que Friedkin eut enfin droit à une réhabilitation tardive de la part d’une intelligentsia critique (ils ne se reconnaîtront pas) longtemps dérangée par son ambiguïté morale impérieuse. Et c’est justement celle-ci que nous mettons à l’honneur ce mois-ci, en placardant en couverture une image du Sang du châtiment, peut-être le long-métrage le plus « dangereux » du metteur en scène. Une chose est sûre : son art du trouble va terriblement nous manquer. I Fausto Fasulo P.S.: nous aurions pu lui dédier un édito entier, mais comme il n’est, jusqu’à preuve du contraire, pas encore décédé, nous ne lui offrons qu’une poignée de lignes au demeurant très sincères : Laurent Duroche, fidèle secrétaire de rédaction depuis de longues années, s’envole vers d’autres horizons tel un goéland assoiffé de liberté. Rassurez-vous, il se peut que vous retrouviez sa signature de temps en temps, car le bougre a eu la mauvaise (bonne ?) idée de trouver un nouveau job à cinq minutes de notre historique bureau ! Laurent, t’as bien dix minutes entre midi et deux pour pondre quelques papelards, non ? En attendant, nous te remercions chaleureusement pour ta dévotion, ton professionnalisme, et ton éternelle coolitude. P.S. 2 : une nouveauté de cette rentrée (et un rendez-vous fixé) : une page de bédé dessinée par l’excellente Maybelline Skvortzoff (autrice de Roxane vend ses culottes, disponible aux Éditions Tanibis) est à retrouver en fin de numéro. Et c’est mois-ci, c’est… Non, allez donc voir par vous-mêmes plutôt ! Site Internet & Madshop www.mad-movies.com Twitter@Mad_Movies Instagram @madmovies_officielFacebookwww.facebook.com/MadMovies YouTube Mad Movies Magazine imprimé sur du papier issu de forêt à renouvellement durable. Ville d’origine de fabrication du papier : Hagen (Allemagne) Taux de fibres recyclés : 0% Taux d’eutrophisation : 0,020 Kg/tonne Certification : PEFC Aveclesoutiendu LE PLUS FORT DU CINÉMA Pas de trêve estivale donc pas de rentrée des classes pourCiné+ Frisson, qui continue de nous abreuverde propositions solides chaque mois. En septembre, nous avons opté pourune trinité plutôt radicale : Pulp Fiction (le 02/09 à 20h50), Les Huit salopards (le 02/09 à 23h20) et Bull (le 04/09 à 22h30). ÉDITO ETAUSSI 6NOTULESLUNAIRES 12MADINFRANCE 14AVISCHIFFRÉS 16CINÉPHAGES 83MADGAZINE 88FESTIVALS 94GIVEMEFIVE 98ZONETRÈSLIBRE SOMMAIRE 44 DOSSIER INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Elle est dans tous les débats, elle est le futur, et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle… À l’heure où Hollywood ne jure que par l’intelligence artificielle, analyse de la représentation cinématographique de cette technologie, de 2001,l’odyssée del’espace à Westworlden passant parTerminatoret Matrix. Un dossier bien sûrécrit parun authentique humain, promis juré craché ! 52 RENCONTRE GARETH EDWARDS Et puisqu’on parle d’IA, nous avons pu nous entreteniravec Gareth Edwards avant la sortie le 27 septembre de TheCreator, son très ambitieux film de sciencefiction situé dans un futuroù l’Humanité est divisée parune guerre totale née d’une opposition idéologique surla question de l’intelligence artificielle. Le réalisateur de RogueOne:AStarWarsStory avait forcément deux ou trois choses à dire surle sujet… 58 RENCONTRE SAMUELBODIN Il a signé l’une des sensations horrifiques de l’été, malheureusement un peu trop passée sous le radar. Raison de plus pournous entretenir avec Samuel Bodin qui, après MariannesurNetflix, confirme son appétence pourune épouvante décalée et inventive avec LaMaison duMal. 64 ACTUALITÉ ACIDE Après LaNuée, Just Philippot peaufine son approche d’une horreur sociale avec Acide, éprouvant film catastrophe dans une France minée parses problèmes sociaux. Une franche réussite dont le cinéaste nous raconte la gestation et le tournage. 72 CARRIÈRE WILLIAM SANDELL Responsable de l’aspect visuel de certains films de Paul Verhoeven, Wolfgang Petersen, Joe Dante ou PeterWeir, le production designer William Sandell a ouvert pournous sa boîte à souvenirs, avec à la clé moult anecdotes passionnantes surles tournages de Piranhas, RoboCop,TotalRecall,Masterand Commanderou AirForceOne. EN COUVERTURE WILLIAM FRIEDKIN La disparition de William Friedkin laisse orpheline toute une génération de cinéphiles shootés aux condensés d’excès et de génie du réalisateurde Cruising. Un hommage hors norme était de mise, au sein duquel nous avons décidé de laisserla parole à des cinéastes ou artistes admiratifs du cinéma de celui que ceux qui le connaissaient appelaient tout simplement « Billy ». 26 6 NOTULES LUNAIRES Compte tenu de l’accueil pour le moins tiède réservé à Halloween Ends par les puristesdel’horreur,ontrembleàl’idéede la réaction de ces derniers face à L’Exorciste : dévotion (The Exorcist: Believer en VO). Or, il se trouve que dans ces pages,nousavonsdéfenducettenouvelle trilogie Halloween. Du coup, c’est avec une saine curiosité que nous attendons cette suite directe du film de feu William Friedkinsignéeparuneéquipeàpeuprès similaireàcelledesaventuresdeMichael Myers, à savoir David Gordon Green à la mise en scène et au scénario, ce dernier étant cosigné par Peter Sattler, Scott Teems et Danny McBride. Le tout produit parl’increvableJasonBlum.Onpeutdonc oublier les séquelles du classique de Bill Friedkin. Dans ce premier chapitre de ce qui est d’ores et déjà envisagé comme une trilogie, Victor Fielding (Leslie Odom Jr.,), un homme endeuillé par la mort de safemme,élèveseulsafilleAngela(Lidya Jewett).Lorsquecelle-cidisparaîtdansles boisencompagniedesonamieKatherine et qu’elles reviennent trois jours plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé, Victor se retrouve confronté à unesériedephénomènesterrifiantsetdoit faireappelàlaseulepersonnecapablede l’aider: Chris MacNeil. Ce n’est donc plus à une, mais à deux jeunes filles possédées qu’on aura affaire dans ce nouveau chapitre cautionné par le retour de Jamie LeeC...,euh,EllenBurstyn.QuantàLinda Blair,elleauraitétérecrutéepourcoacher les deux jeunes actrices principales dans l’artdelapossessiondémoniaque,même si on n’est pas à l’abri d’une surprise. La messe sera célébrée dans les salles françaises le 11 octobre. Repérée avec le survival forestier The Ranger, Jenn Wexler remet le couvert pour The Sacrifice Game, un home invasion présenté à Fantasia cet été. Nous sommes en 1971, quelques jours avant les fêtes de Noël, dans une école privée catholique pour filles. Alors que leurs camarades partent rejoindre leurs familles pour les vacances, Samantha (Madison Baines) et Clara (Georgia Acken) restent en pension, chaperonnées par Rose (Chloë Levine, The Ranger) et son petit ami Jimmy (Gus Kenworthy, American Horror Story: 1984). Mais alors que Rose se donne un mal de chien pour tromper la solitude des deux jeunes filles, les membres d’une secte satanique s’introduisent dans l’établissement, menés par Mena Massoud (Aladdin) et Olivia Scott Welch (Fear Street – partie 1 : 1994). Mais les apparences sont parfois trompeuses… Saluéparlacritique,TheSacrificeGame sera diffusé sur la plateforme Shudder dans les semaines qui viennent. Quelque part entre Ginger Snaps et John Hughes, My Animal a pour héroïne Heather (Bobbi Salvör Menuez, aperçue dans Euphoria et Under the Silver Lake), une lycéenne queer qui rêve d’intégrer l’équipe de hockey masculine de sa petite ville et qui vit sous la coupe de sa mère alcoolique (Heidi von Palleske, Faux-semblants). Et pour cause : les nuits de pleine lune, maman est contrainte d’enchaîner sa fille à son lit. En effet, victime d’une malédiction familiale qui lui a été transmise par son père (Stephen McHattie, Pontypool), Heather est atteinte de lycanthropie. Tombée amoureuse de Jonny (Amandla Stenberg, Bodies Bodies Bodies), une jeune skateuse qui étouffe entre un petit ami macho et un père qui lui met la pression, Heather va tenter de vivre son amour au grand jour malgré ses pulsions bestiales, au risque de mettre en danger l’élue de son cœur. Ce premierlong signé Jacqueline Castel et présenté avec succès à Sundance et Fantasia devrait sortir dans les mois qui viennent. Après avoir eu droit à une suite très inférieure à l’original et à un remake honorable mais aussi anecdotique qu’une comédie avec Virginie Efira, Simetierre est de retour sous la forme d’une préquelle qui, semble-t-il, reste fidèle à l’esprit du roman de Stephen King puisqu’elle s’intéresse à la jeunesse de Jud Crandall, le vieux bonhomme voisin des Creed interprété par Fred Gwynne dans le film de Mary Lambert. Intitulé Simetierre : aux origines du Mal (Pet Sematary: Bloodlines en VO), ce nouvel opus se déroule en 1969, alors 6 NOTULES LUNAIRES Par San Helving. Simetierre : auxoriginesduMal. 8 NOTULES LUNAIRES que Jud (Jackson White, Ambulance) rêve de quitter sa ville natale de Ludlow dans le Maine. Chose rendue impossible par de terribles secrets familiaux qui le lient à jamais à ces lieux. Avec ses amis d’enfance,lejeunehommevaaffronterun Mal qui s’est emparé de la ville depuis sa fondation et qui, une fois déterré, risque de tout détruire sur son passage. Voilà un pitch calibré pourles fans deStranger Things et de Ça, avec un casting assez fourni puisqu’on y retrouve Jack Mulhern (Mare of Easttown), Natalie Alyn Lind (Big Sky), Forrest Goodluck (The Revenant), Isabella Star LaBlanc (True Detective) et surtout Pam Grier, Henry Thomas, David Duchovny et Samantha Mathis.CoécritparsaréalisatriceLindsey Anderson Beeravec Jeff Buhler, qui avait déjà œuvré sur le remake de Simetierre mais aussi sur ceux de The Grudge et L’Échelle de Jacob, le film sera disponiblesurParamount+àpartirdu7 octobre. On pensait en avoir fini avec la franchise Saw. Eh bien, on s’est réjoui trop vite. Dans une nouvelle tentative de relancer une saga exsangue, Saw X se présente commeunesuitedirectedupremieropus, ce qui permet de ressusciter non seulement Jigsaw alias John Kramer (Tobin Bell), mais aussi sa victime/complice Amanda Young, toujours interprétée par Shawnee Smith. On y verra le tueur au puzzle, malade comme un chien et presque résigné à mourir, se rendre au Mexique afin de subir une opération expérimentale censée le guérirdu cancer qui le ronge. Arrivé sur place, il se rend compte que tout cela n’est qu’une escroquerie destinée à profiter des personnes vulnérables. Ivre de rage et gonflé à bloc, Kramer décide de se venger des escrocs en les piégeant dans un de ces jeux mortels dont il a le secret. Prévu dans les sallesfrançaisesle25 octobre,cedixième opus a été réalisé par Kevin Greutert, qui avait déjà fait ses armes sur Saw 6 et Saw 3D: chapitre final. Le seul moyen de faire imploser la franchise serait sans doute de faire un crossover avec Fast & Furious où Jigsaw piègerait les bagnoles et enfermerait Vin Diesel dans une vierge de fer. Pour la première fois en douze saisons, AmericanHorrorStoryne sera pas basé sur un scénario original, mais inspiré par un roman. À savoir Delicate Condition, dontl’auteureDanielleValentinenecache pas avoir été très influencée par Alien et Rosemary’sBaby.Desréférencesquine pouvaient que parlerà Ryan Murphy pour cette nouvelle saison intitulée American Horror Story: Delicate et dont l’héroïne est une actrice qui ne parvient pas à avoir d’enfant. Elle se persuade peu à peu que cette incapacité à tomber enceinte est le fruit d’une machination. Mais alors qu’on vient de lui annoncerune fausse couche, elle sent que quelque chose continue de grandir en elle… Outre des habitués de la série comme Emma Roberts ou Zachary Quinto, Murphy a recruté une brochette de nouveaux venus dont Matt Czuchry (Le Résident), Cara Delevingne (Suicide Squad) et la star de téléréalité/reine des bimbos Kim Kardashian, ce qui n’a pas spécialement enchanté les fans de AHS. Ce n’est pourtant pas la première fois que Murphy fait appel à une icône de la pop culture, puisqu’il avait fait tourner Lady Gaga dans American HorrorStory:Hotel.Confiéàlashowrunneuse Halley Feiffer (American Crime Story), AHS: Delicate sera diffusé à partir du 20 septembre aux USA sur FX. Le tournage ayant été interrompu cet été parlagrèvedesscénaristesetdesacteurs, il ne s’agit sans doute que de la première partiedecettesaison 12quidevrait,paraîtil, verser dans la body horror arachnide ! On a déjà vu le Dr Jekyll se transformer en Mrs Hyde sous les traits de Sean Young ou dans une production Hammer, mais dans DoctorJekyll, réalisé par Joe Stephenson (Chicken), Henry Jekyll est une femme trans qui se prénomme Nina. Après s’être liée d’amitié avec son nouvel assistant Rob (Scott Chambers), Nina Jekyll (Eddie Izzard, Hannibal) va travailler avec lui pour trouver le moyen decontrôlerHyde,sonalteregomaléfique (parce que masculin). On n’en sait guère plus pour l’instant, si ce n’est que le réalisateur a précisé que la transsexualité n’était pas le sujet principal du film (ah bon ?) et que celui-ci mélangeait humour noir, suspense, horreuret hommages aux classiques du passé, le tout saupoudré d’un côté camp/conte de fées tordu. Pour un peu, on se croirait chez Ryan Murphy. Ilarriveparfoisquedescinéastestournent des films dans le seul but de faire plaisir à l’équipe de Mad. Kevin McTurk semble avoir pensé très fort à Alexandre Poncet, grand fan de marionnettes animatroniques et de stop motion, en réalisant Grylu Sker, une ghost story financée via Kickstarter écrite par Tab Murphy (le superbe néo-western Le Dernier Cheyenne) et Sjón (The Northman, Lamb). C’est sur une île islandaise que se déroule le film, qui conte l’aventure d’un explorateur aux prises avec moult créatures issues de la mythologie scandinave, dont la sorcière Grylu. Vétéran des effets spéciaux ayant officié sur de nombreux blockbusters, McTurk promet destrucageseffectuésàmêmeleplateau selon des techniques « smokes and mirrors » à l’ancienne, le tout relevé par des animatroniques de taille impressionnante et une séquence en stop motion supervisée parPhil Tippett (MadGod) en personne. Quand on vous dit que le film a été fait pour notre Alexandre ! Quand sa petite amie Phoebe (Joelle Farrow, Sur ordre de Dieu), prise par ses examens, lui demande de la remplacer pour un babysitting, Tom O’Bannon (Shawn Roberts, Wesker dans les Resident Evil), un catcheur sans le sou, accepte de mauvaise grâce d’allergarder Grace (Maya Misaljevic, The Boys), une fillettededixansdotéed’unsacrésensde larépartie.Maiscequicommencecomme une soirée pizza et jeux vidéo dérape lorsque des inconnus masqués tentent de pénétrerdans la maison. D’autant que lesintrusnesontpasdesimplescambrioleurs, mais les membres d’une secte menée parun sadique à l’aspect terrifiant dont la stature n’a rien à envier à celle de Tom.Lecatcheuretlagaminevontdevoir unir leurs forces pour contrer l’invasion. Signé Daniel Turres (Terry’s Car Gets Stolen) et présenté au FrightFest, Here for Blood ne cache pas ses influences, de Terrifier à Evil Dead en passant par Re-Animator,OppenheimeretPiègede cristal.Lapromessed’unecomédiehome invasionenmodeslasheravecbeaucoup, beaucoup de gore qui gicle ! Non pas qu’on s’attende à quelque chose du niveau de Massacres dans le train fantômecompte tenu des retours mitigés qui ont suivi sa présentation à Fantasia, mais on jettera tout de même un œil sur Where the Devil Roams lors de sa sortie en VOD US surTubi cet hiver. Écrit, réalisé et interprété par John Adams, sa femme Toby Poseret leurfille Zelda, déjà auteurs de The Deeper You Dig et de l’excellent Hellbender, le film se passe dans l’Amérique de la Grande Dépression et s’intéresse à une famille de forains sanguinaires dont le cirque sillonne les routes et sème des cadavres sur son chemin. La mère, Maggie, est une femme ignare et stupide sujette à des accès de violence. Elle est mariée à Seven, un ancien médecin militaire qui tombe dans les pommes à la vue du sang. Quant à leur fille, Eve, elle possède une voix d’or qui ne s’exprime que quand elle chante puisqu’elle est muette le reste du temps (on prie pourque la même chose arrive à Juliette Armanet). La jeune fille va nouer une relation ambiguë avec Mr Tibbs, un artiste du cirque qui a conclu un pacte avec le Diable et dont le numéro terrifie les spectateurs. De quoi donnerenvie de se replonger dans la série La Caravane de l’étrange. Après avoir librement adapté Shirley JacksonpourTheHauntingofHillHouse et Henry James dans The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan se remet de l’annulation de la saison 2 de The Midnight Club en s’attaquant à Edgar Poe avecLaChutedelamaisonUsher, prévue sur Netflix à partir du 12 octobre. Loin d’être un remake du classique de Roger Corman, la série s’inspire également d’autres textes de l’auteur comme l’atteste la présence du personnage de Dupin (Carl Lumbly, Doctor Sleep), le détective de Double assassinat dans la rue Morgue, ou encore celle du héros des Aventures d’Arthur Gordon Pym sous les WheretheDevilRoams. 10 NOTULES LUNAIRES traits de Mark Hamill. Le synopsis officiel enrévèlelemoinspossible :patronsd’une compagnie pharmaceutique corrompue jusqu’à l’os, Roderick Usher (Bruce Greenwood,Jessie)etsasœurMadeline (Mary McDonnell,BattlestarGalactica) doivent faire appel à un ami d’enfance de Rodericklorsqueleurshéritierssemettent à trépasser les uns après les autres dans des circonstances terrifiantes, apparemment tués par une femme surgie du passé. Annoncée comme très différente des précédentes séries de Flanagan (à savoir plus porté sur le gore, l’humour noir et un esprit très bis), La Chute de la maison Usher a beaucoup fait jaser lorsque la production a déclenché une enquête interne ayant conduit au licenciementdeFrankLangella,accuséd’avoir eu un « comportement inapproprié » sur le plateau, et à son remplacement par Bruce Greenwood. Sans surprise, on retrouve au générique plusieurs autres acteurs fétiches de Flanagan, de sa femme Kate Siegel à Carla Gugino en passant par Henry Thomas et Zach Gilford, mais aussi la petite nouvelle Willa Fitzgerald (Scream). La série comptera huit épisodes, quatre étant réalisés par Flanagan et le reste par son chef-op’ Michael Fimognari. Un événement télévisuel à côté duquel il sera difficile de passer. Flanagan, lui, est déjà lancé dans un nouveau défi : après Doctor Sleep et Jessie, il s’apprête de nouveau à adapter Stephen King avecLaToursombrepour Prime Vidéo, ce qui devrait nous consoler de la version avec Idris Elba. Depuis le temps qu’on entend parler du remake de The Toxic Avenger, voici enfin des nouvelles concrètes, puisque le film sera montré en première mondiale au Fantastic Fest d’Austin qui se tiendra fin septembre. Rappelons que cette relecture des origines du personnage culte créé par Michael Herz et Lloyd Kaufman en 1984 a été confiée à l’acteur/ réalisateur Macon Blair (vu notamment chez Jeremy Saulnier dans Blue Ruin et Green Room, et auteurdu très sympa I Don’t Feel at Home in This World Anymore). Le pitch reste fidèle au film de la Troma : un concierge brimé par son entourage (Peter Dinklage, Game of Thrones) se transforme en superhéros difforme suite à une chute dans des déchets toxiques et s’oppose à des industriels sans scrupule. En plus d’avoir assemblé un casting alléchant (Dinklage donc, mais aussi Kevin Bacon, Elijah Wood et Jane Levy), Blaira bénéficié d’un budget bien plus généreux que ses prédécesseurs, puisque son film est une coproduction Troma/Legendary Entertainment (Inception, Man of Steel, Jurassic World…). Le genre d’association qu’on ne s’attendait pas vraiment à voir à Hollywood ! Espérons que cette exposition permettra à la firme indé de Kaufman de trouver un second souffle et de remettre au goût du jour l’autre héros légendaire de la firme, à savoir Sgt. Kabukiman ! Après Tres días et Le Cercle: Rings, F. Javier Gutiérrez passe à la folk horror avec The Wait (La Espera en VO), sélectionné au Festival de Sitges. Décrit comme une tragédie intimiste et brutale ressuscitant des rites magiques ancestraux, le film se passe dans la campagne andalouse. Après avoir accepté un pot-de-vin de la part d’un homme voulant chasser sur le domaine dont il a la garde, Eladio (Víctor Clavijo, Tres días) voit sa vie s’écrouler et comprend qu’il a été piégé. Dès lors, il plonge dans une véritable descente aux enfers et réalise qu’il n’a pas été choisi par hasard. Il s’agit là du projet le plus personnel de Gutiérrez, qui a le vent en poupe depuis qu’il a été choisi pour signer le remake d’Angoisse de Bigas Luna, après avoirété pressenti pourceux du Sous-sol de la peur de Wes Craven produit parJordan Peele et de The Crow, finalement confié à Rupert Sanders. I TheToxicAvenger. CORÉE DU SUD Le Dr Cheon n’est pas vraiment un médecin : c’est un exorciste qui exécute sur YouTube des rites bidons afin d’aider les gens qui viennent le voir. Un shaman placébo, quoi. Car notre homme est persuadé que les soucis de ses « patients » ne sont pas causés par des fantômes ou autres manifestations de l’au-delà, mais bien par des troubles psychologiques. Ses convictions vont pourtant être chamboulées par sa rencontre avec une nouvelle cliente qui lui demande de sauver son petit frère possédé par un démon… Dr. Cheon and Lost Talisman est tiré d’un webtoon (signé Hooresha et Kim Hongtae) et marque les débuts de réalisateur de Kim Sung-sik. Au générique, on retrouve Gang Dong-won (Peninsula) et Heo Jun-ho (Escape from Mogadishu). Le film devrait atterrirce mois-ci dans les salles coréennes. HONG KONG Souvenez-vous : en novembre 2021, c’est excités comme des puces que nous vous annoncions Death Notice, le nouveau film de Herman Yau. Sauf que le film n’est finalement pas sorti à la date prévue. Pourquoi son arrivée en salle a-t-elle été repoussée pendant plus de deux ans ? Mystère… Une question de « marketing » a été évoquée, ce qui semble tout de même un peu léger pour justifier un tel retard. Allez, célébrons l’essentiel : Death Notice est enfin sorti dans les salles hongkongaises le 18 août dernier. Un tueur en série diabolique défie la police de l’ex-colonie britannique en annonçant systématiquement où et quand il assassinera ses victimes. Ces dernières ont beau être protégées par les forces de l’ordre, le tueur parvient toujours à s’infiltrer pour exécuter ses cibles. Deux flics (Julian Cheung et Francis Ng), accompagnés d’un témoin (Louis Koo) vont tenter de déjouer ses plans, mais leur enquête révèle l’existence d’un vaste complot. Ce thriller tendu marquerait un retour en très grande forme pour Herman Yau : ambiance noire, rythme frénétique, twist de dingue… Bon, on a assez attendu, on veut le voir maintenant ! JAPON Un nouveau long-métrage de Hideo Nakata constitue toujours un événement. Et ce, même si sa filmographie est parseméededéceptionsetn’ajamaisvraiment réussi à renouer avec la maestria de ses Ring et de Dark Water. Tiré d’un roman de Karma Shimizu, The Forbidden Play suit Naoto, Miyuki et leur fils Haruto. Une petite famille heureuse dont le destin va être bouleversé le jour où la mère meurt dans un accident de voiture. N’acceptant pas le décès de sa maman, Haruto se coupe un doigt et l’enterre dans le jardin, priant tous les jours afin de la faire ressusciter.Etfinalement,l’impensablese produit : Môman revient au bercail. Mais, commetoutrevenantquiserespecte,elle n’a plus vraiment la fibre familiale… Un pitchquirappellevaguementleSimetierre deStephenKingetquipourraitpermettreà Nakata de revenir en grande forme. C’est tout ce qu’on souhaite pour ce film sorti danslessallesjaponaisesle8 septembre. Sorti au Japon le 1er septembre, Sweet My Home est un film de maison hantée, genrequi,hélas,necourtplusvraimentles rues.Attentionànepasconfondrelelongmétrageavecl’excellentSweet Home de 1989deKiyoshiKurosawa,autrepéloche de baraque flippante – cf. notre hors-série Best Of Maisons hantées, actuellement en kiosques et en librairies, pour en savoirplus.DansSweet My Home,Kenji Kiyosawa,unprofdesport,estfascinépar un nouveau concept de maison entièrement chauffée par une seule unité d’air conditionné. Ce qui lui permettrait de faciliter la vie de sa femme et de son fils, particulièrement sensibles au froid. Kenji décide alors de construire sa propre maison sur ce modèle. Mais après avoir emménagé,lapetitefamilleestconfrontée à des événements de plus en plus perturbants… Réalisé par l’acteur/réalisateur TakumiSaitô(unfamilierdeHideakiAnno, vunotammentdans Shin Godzilla,Shin Ultraman etShin Masked Rider),Sweet My Home est adapté d’un roman signé Rinko Kamizu et compte à son casting Masataka Kubota (13 assassins) et MisakoRenbutsu(Fullmetal Alchemist). Prévu sur Netflix dès le 14 septembre, Once Upon a Crime mélange les contes Le Petit chaperon rouge et Cendrillon sur fond de meurtre accidentel et d’enquête policière ! La gamine à la veste écarlate et la souillon devenue princesse se rencontrent en allant au bal, mais leur attelage écrase un homme en chemin. Elles dissimulent le corps afin de ne pas gâcher leur soirée de gala, mais la dépouille est découverte, ce qui déclenche une enquête où tout le monde est suspecté… Ce whodunit pop inspiré d’unlivred’AitoAoyagiestledernierfilmen dateduprolifiqueYûichiFukuda,l’immortelauteurdeHK:ForbiddenSuperHero.I ET L’ASIE ? Dr.CheonandLostTalisman. Par Julien Sévéon. 12 MAD IN FRANCE Après Fornacis, la réalisatrice Aurélia Mengin revient avec un second long-métrage, Scarlet Blue, qui plonge dans le traumatisme d’enfance d’une femme à bout de nerfs. D’une beauté visuelle à couper le souffle, le film est également pour la cinéaste l’occasion d’adopter d’un schéma narratif plus « classique », elle qui avait jusqu’ici privilégié des approches plus expérimentales… Propos recueillis par Erwan Chaffiot. SCARLET BLUE Il se dégage de ta filmographie une obsession singulière : les vieilles voitures américaines ! Pourquoi ? Mon papa Vincent était fan de voitures vintage. Quand je suis née, il avait une 203 qu’il avait entièrement relookée. Il l’avait peinte couleur ivoire, avec un intérieur en cuir bordeaux. Il était dingue de cette voiture. Quelques années plus tard, alors que je venais d’avoir 10 ans, il a acheté une vieille Jaguar vintage d’occasion, d’un vert anglais sublime. Et il y a aussi l’un de mes premiers souvenirs dejouets :uneincroyablemalletteavec,à l’intérieur,unevingtainedevoituresaméricaines vintage. J’ai tourné plusieurs road movies et je trouve que les vieux bolides américainsvéhiculentlemytheirrésistible d’une passion sulfureuse et dangereuse. Scarlet Blue est un long-métrage principalement monté hors des circuits traditionnels. Concrètement, qu’est-ce que cela implique pour toi ? J’ai réalisé mes huit courts-métrages et mes deux longs en dehors des circuits classiques. J’ai tourné Fornacis, mon premier long, en seulement treize jours, et Scarlet Blue, mon second, en seulementdix-neufjours,dansvingt-sixdécors, bien loin du confort que peut apporter un huis clos. Sur chacun de mes films, j’endosse plusieurs casquettes : j’écris, je réalise, je fais la direction artistique, le casting, la création des costumes, les repérages, et j’interprète toujours l’un des rôles féminins. Je prépare en profondeur chaque projet. J’ai une idée très précise des mouvements de caméra, de l’architecture de la lumière pour les décors… Pour la postproduction, j’ai la chance d’avoir à mes côtés une dream team avec qui je travaille depuis mes premiers courts, et qui m’a suivi sur mes longs : mon monteur image Bruno Gautier, mon sounddesignerNicolasLuquet,mesdeux compositeursLukeKayetmonfrèrePablo Mengin, ainsi que mon étalonneurDaniel Santini. Après plusieurs œuvres assez contemplatives, ce nouveau film assume une narration plus classique. Pourquoi cette évolution ? J’appréhende chaque projet comme le maillon d’une œuvre personnelle globale et totale. Chacune de mes réalisations portedéjàenellelesprémicesduprochain film. Il y a une continuité dans mon travail. J’explore avec une verticalité entêtante des émotions et des personnages que je mets en scène de façon obsessionnelle. Je ne crois pas que Scarlet Blue soit si différent de mes films précédents, on y retrouve mes angoisses, mes démons, le mal de vivre, la liberté des corps, la confusion des sens, le secret, l’addiction à la solitude. La véritable « révolution » dans Scarlet Blue, c’est l’apparition des dialogues, car mes films précédents étaient muets, malgré la présence d’une voix off. Avec ces dialogues pour socle narratif, je me suis permis d’explorer en profondeur des situations mystérieuses et hallucinatoires. Es-tu consciente que ton travail peut être difficile d’accès pour certains spectateurs ? Il n’y a pas de type de spectateur universel ! Fornacis a connu un beau succès dans les festivals de cinéma à l’étranger, avec plus d’une trentaine de sélections et neufprixàl’arrivée.Pendantdeuxans,j’ai accompagné mon film auprès de publics très différents en fonction des pays et des cultures. Je me souviens du gigantesque Festival de Calcutta, en Inde, où j’ai fait deuxprojectionsdansdessallescombles. Les Indiens ont compris Fornacis avec une évidence déconcertante. En 2013, mon court-métrageAutopsydesdélices représentait la France au prestigieux PiFan de Séoul, et là aussi, les Coréens ont tout compris. Mes films mettent en scène le féminin, l’excessif, l’ésotérisme, lefantastique,avecdeschoixesthétiques radicaux. On est loin du cinéma social et des comédies. J’aime bousculer les codes et créer des univers fantasmagoriques flamboyants. J’accepte que mes films puissent être des énigmes pour certains et qu’ils puissent aussi être un coup de foudre pour d’autres. Plaire ou déplaire n’est jamais la question que je me pose, et je trouve plutôt rassurant de ne pas faire l’unanimité. Tu as toujours apporté un soin particulier au style visuel de tes œuvres. Comment cette exigence se traduit-elle sur le plateau, surtout avec des moyens limités ? Je suis très exigeante et je ne fais aucun compromis sur l’artistique. La beauté picturale de l’image et la puissance du son sont deux axes fondamentaux dans mon travail. À l’écriture du scénario, l’univers visuel est décrit en détail. Pendant les repérages, je prends des centaines de photos des décors pour imaginer la lumière et les cadres. Je fabrique une bible qui symbolise la direction artistique du film. Ensuite, je partage toutes mes envies avec mon chef-opérateur. Ceux qui ont travaillé avec moi savent que je ne dis jamais « action » tant que je n’ai pasexactementlalumièreetlescadrages que je souhaite pour la séquence. Sur le plateau, j’applique une règle : tant que je n’aime pas la lumière ou les cadres, je ne tourne pas ! Je préfère ne pas tourner plutôt que de finir avec des séquences médiocres.Jesuisdéterminée,jemebats pour transmettre le mieux possible mon ambition artistique et créative à l’équipe de tournage. Et avec les contraintes de temps et de budget, ce n’est pas toujours évident. Ton équipe et tes acteurs comprennent-ils toujours la signification de ce qu’ils tournent ? La majorité des acteurs que j’ai mis en scène ont aimé plongerdans leurpersonnageetdanslesuniversoriginauxdemes films. Pareil pour la plupart des équipes. Avant chaque tournage, j’envoie aux acteurs et aux techniciens des liens de visionnage de mes œuvres précédentes, ainsi que de leurs making of. Il est primordial de tout visionner pour être préparé à travailleravec moi. En revanche, ceux qui font l’impasse sur cette étape peuvent, sur le tournage, se sentir déstabilisés par mon exigence artistique et ma façon de tourner. Je fais peu de prises, mais je tourne toujours à deux caméras et en plan-séquence. Je reste assez fidèle à l’univers de départ du scénario, même si je l’adapte durant le tournage. J’ai souvent constaté que certains acteurs ou techniciens peuvent lire une séquence sans parvenir à la visualiser et être surpris lorsqu’on la tourne. Je déteste le cinéma naturaliste ; le challenge sur chacun de mes films, c’est d’embarquer les membres de l’équipe dans le monde imaginaire que je construis et de les amener à me faire confiance, même s’ils ne comprennent pas tout. Pourquoi tiens-tu à être à la fois derrière et devant la caméra ? AprèsmonDEAàlaSorbonne,j’aiintégré une école d’acteurs. Dès mes premiers courts-métrages,ilétaitdoncnaturelpour moid’interpréterdesrôlesdansmesfilms. Mes scénarios sont introspectifs et je me projette dans plusieurs personnages, aussi bien féminins que masculins. Il m’est impossible de ne pas jouer dans mes propres réalisations. J’ai grandi à La Réunion entourée d’artistes, dans le Lieu d’art contemporain de mes parents Roselyne et Vincent Mengin-Lecreulx. Ma démarche, qui consiste à écrire, réaliser et jouer, se rapproche de l’engagement absolu des artistes plasticiens envers leurs créations. J’appréhende mes films comme des œuvres dans lesquelles je me livre corps et âme afin de leur donner vie. Lorsque je me mets en scène, je suis sereine, je sais ce que j’attends du personnage. Impliquer mon corps et mon image encourage aussi les autres comédiens à s’engager avec une véritable conviction. Finalement, c’est quoi un film d’Aurélia Mengin ? Féminin, mystère, liberté, folie, désirs, peurs, instinct et errance se rencontrent pour un voyage pictural saturé sur une bande-son envoûtante. I PEDIGREE AURÉLIA MENGIN 2023 ScarletBlue (long-métrage) 2018 Fornacis (long-métrage) 2015 AdammoinsEve (court-métrage) 2013 Rush (court-métrage) 2012 KarmaKoma (court-métrage) Autopsydesdélices (court-métrage) 2011 Macadamtransferts (court-métrage) FICHE FILM L’histoire :Altersouffre de dépression et de schizophrénie. Elle consulte un guérisseur qui pratique l’hypnose mystique et découvre que sa mère lui cache un lourd secret. Sa seule bouffée d’airfrais : une rencontre aussi étrange qu’incandescente… Durée :1h47. Format : 1.85. Ci-dessus : Après Fornacis, Aurélia Mengin prolonge avec ScarletBlueses recherches esthétiques… et son amourdes belles cylindrées. ©JulieBonan
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