MAD MOVIES n°394 - Page 4 - 394 "QUAND CENDRILLON RENCONTRE CRONENBERG" variety un film de EMILIE BLICHFELDT AU CINÉMA LE 2 JUILLET CRÉATION : I L FAU T S OU F F R I R P OU R Ê T R E BE L L E Rédaction, Administration 51, avenue de Paris 94300 Vincennes Tél.: 01 44 635 635 Directeur de la publication Gérard Cohen g.cohen@custom-publishing.com Directeur de la rédaction et rédacteur en chef Fausto Fasulo fausto@mad-movies.com Secrétaire de rédaction Sacha Rosset Rédacteurs pour ce numéro François Angelier, Sixtine Audebert, François Cau, Cédric Delelée, Gilles Esposito, Pascal Françaix, Bérénice Loisel, Alexandre Poncet, Sacha Rosset, Maybelline Skvortzoff, Professeur Thibaut, San Helving, Bernard le Fourmilier. Rédactrice graphique Carla Ferreira Pondichery Rédacteur iconographe Mathieu Roux Remerciements Viviana Andriani, Aurélie Dard, Charly Destombes, Blanche Aurore Duault, Karin Durance, Laurent Duroche, Marie-Lou Duvauchelle, Vanessa Fröchen, François Gaboret, Laurence Granec, Etienne Lerbret, Boris Lobbrecht, Chloé Lorenzi, Olivia Malka, Lucie Mottier, Florence Narozny, Delphine Olivier, Robert Schlockoff, Matt Verboys, Justine Vilquin. Distribution presse MLP Impression Léonce Deprez Allée de Belgique 62128 Wancourt Service client MadShop contact@custom-publishing.fr Commission paritaire N°0727 K 81858 ISSN N° 0338-6791 Dépôt légal à parution Editeur délégué Custom Publishing France SAS au capital de 44 000 € RCS Paris 394 412 928 Principal actionnaire G. Cohen Custom Publishing France et MadMovies sont des marques déposées. La publication comporte une édition limitée avec le pack DVD La Tour du Diable au prix de 14,99 €. Le DVD ne peut être vendu séparément. Les articles ne peuvent être reproduits sans l’accord écrit de l’éditeur. ©2025 Custom Publishing France. Imprimé en France/ Printed in France Publicité MINT (Media Image Nouvelle Tendance) 51 Avenue de Paris 94300 Vincennes www.mint-regie.com Fabrice Régy. fabrice@mint-regie.com Tél.: 01 43 65 19 56 LE DVD MAD « Oseriez-vous passerla nuit dans ce monument macabre ? » La Tourdu Diable, slashergothique made in Britain plein de charme et de meurtres, est le DVD Mad du mois mais aussi une vraie proposition touristique de qualité et moins chère qu’une loc Airbnb ! SERVICEABONNEMENTSmadmovies@abomarque.fr -Tél.:+33(0)534563560. MadMovies/Abonn’escient – Opper : 53, route de Lavaur31240 L’Union Abonnementsenligneetvented’anciensnumérossurwww.mad-movies.com - AbonnementàMadMoviespour1an97,90 € avant réduction surla France métropolitaine. SERVICEDESVENTESRÉSERVÉAUXPROFESSIONNELSOpperServices - Diffusion kiosque. Amélie Janvier. Tél.:0488151244.ajanvier@opper.io LES IDÉES CLAIRES Pendant que les collègues cannois et autres festivaliers egomanes chouinaient sur les réseaux sociaux, la rédaction de Mad, elle, remodelait au quotidien un sommaire dangereusement girouette. À deux doigts de vous balancer en couverture le dernier méfait des frangins Philippou (probablement les plus stimulants réalisateurs « de genre » du moment), nous avons dû changer brusquement de cap en apprenant le décalage estival de la sortie de leur très très sadique Substitution – Bring HerBack. Notre récente désertion du plus grand festival du cinéma du monde a donc parfois du bon : préservant nos fonctions cognitives de tout excès et avec une ascèse digne de Liu Chia-liang dans La 36ème Chambre de Shaolin, nous avons pu rebondir sur un dossier complexe et passionnant (l’intelligence artificielle), mais emballé avec la rigueur décontractée qui nous caractérise. Fausto Fasulo Site Internet & Madshop www.mad-movies.com X @Mad_Movies TikTok@madmovies_magazine Instagram @madmovies_officiel FacebookMadMovies YouTube Mad Movies Magazine imprimé sur du papier issu de forêt à renouvellement durable. Ville d’origine de fabrication du papier : Hagen (Allemagne) Taux de fibres recyclés : 0% Taux d’eutrophisation : 0,020 Kg/tonne Certification : PEFC Aveclesoutiendu Dans le paniercinéphile de juin préparé parCiné+ Frisson, nous avons retenu les trois films suivants : Pauvres Créatures (le 01/06 à 20 h 50), BlackRain (le 05/06 à 20 h 50) et le film live Ghost in the Shell (le 29/06 à 23 h 00). édito Et aussi… 6VODBORDELLO 14POURQUOIILFAUT(RE)VOIR… 16AVISCHIFFRÉS 18CINÉPHAGES 85MADGAZINE 88MESSALAUDS! 90ONESHOT! 93LABÉDÉDUMOIS 94MAD’XPOSITIONS 96ZONETRÈSLIBRE 98LECHOIXDUDRANGELIER Sommaire 38 38 60 68 76 HOMMAGE TEDKOTCHEFF(1931-2025) Après 94 ans de bons et loyaux services, le glorieux Ted Kotcheff a passé l’arme à gauche en avril dernier. Retoursurles hauts faits du papa de Rambo, des Cheminsdelapuissance à New York–unitéspéciale, sans oublierWakeinFright, L’ApprentissagedeDuddyKravitz, SplitImage, l’envoûtement et Retourversl’enfer. RENCONTRE KIYOSHIKUROSAWA 2025, année kiyoshienne, avec non pas un, non pas deux, mais bien trois créations du maître japonais, avec le moyen-métrage horrifique Chime, le long-métrage tous guns dehors Cloudet l’auto-remake LaVoieduserpent, attendu cet été. Cela valait donc largement un entretien avec Kurosawa. ACTUALITÉ REFLETDANSUNDIAMANT MORT Ça y est, il est enfin là, le nouveau joyau des inénarrables Hélène Cattet et Bruno Forzani. Nous vous disons tout le bien que l’on pense de cette ode à la bédé et au roman-photo italiens, ainsi qu’à l’Eurospy, en compagnie de ce duo qui n’a pas fini de sortirdes trouvailles visuelles de leurboîte à malices. RENCONTRE FABIOTESTI Parmi les coups de génie de Cattet & Forzani : mettre en tête d’affiche de leurRefletdansundiamantmort Fabio Testi. Nous nous sommes donc goulûment jetés surcette légende italienne du cinéma (LaGuerredes gangs, LeJardindesFinziContini, L’importantc’est d’aimer) pourqu’il nous parle de cette expérience, à la lumière de ses rôles d’avant. EN COUVERTURE I.A.:POURQUOIESTELLESIMÉCHANTE? Alors que l’intelligence artificielle n’a jamais fait aussi peur, la robote tueuse M3GAN repointe le bout de son nez pourcasser des gueules dans un deuxième volet façon actionerhorrifique. Nous voici donc partis à la rencontre des principaux instigateurs de ce M3GAN2.0, à savoirle réalisateuret scénariste Gerard Johnstone et le producteur James Wan. Une entrée en matière rêvée pourun dossiersurl’I.A. derniercri. 44 6 Traquées La vieillesse, c’est de continuer à jurer parle 90’s porn de la série vintage Parker Lewis ne perd jamais ; la maturité, c’est de ne pas reconnaître son acteur principal Corin Nemec avant la moitié du film. En l’occurrence Traquées d’Audrey Cummings, apparu un matin, ou peutêtre une nuit, surApple TV (entre autres). À la fin du XIXe siècle, Parker Nemec fuit ses compagnons de casse et se réfugie, blessé, dans un ranch isolé tenu par une mère et sa fille. En lieu et place du remake lo-fi des Proies que le premier acte laisse supposer, Place of Bones (en version originale) dérive vers le home invasion westernien à twist, souscatégorie cinématographique peu visitée ces dernières années. Corin Lewis s’y fait tenirla dragée haute parune Heather Graham solide sur ses appuis, la durée n’excède pas l’heure et demie, et il y a même matière à trouver satisfaction en plaçant ses attentes au ras du sol. Take Cover Signe de la fin des temps s’il en est, Scott Adkins commence à devenir trop vieux pour ces conneries. Dans Take Cover de Nick McKinless (chopable par exemple sur UniversCiné), il joue un sniper fatigué, bien décidé à raccrocher les gants après la mission de trop. Pour fêter sa retraite anticipée, lui et son pote sympa mais relou sont invités par leurs employeurs dans un beau penthouse dont le personnel n’a de cesse de vouloir ouvrir les rideaux. Évidemment, un sniperdans l’immeuble en face essaie de les buter, eux et deux masseuses échouées là comme deux otaries prises en stop par le capitaine du Titanic. Des phases d’action honnêtes mais expéditives rythment tant bien que mal un récit conscient de son manque cruel d’intérêt. Scott est là, mais la niaque n’y est plus. Il n’a plus la dalle qui éclairait Boyka : Un seul deviendra invincibleou Chasse à l’homme 2 de somptueuses lueurs de vie dans le zbeul généralisé. Alerte Amber Dans Alerte Amber de Kerry Bellessa (chinable sur des plates-formes du style Canal VOD), Hayden Panettiere et Tyler James Williams transforment leur covoiturage en traque d’un ravisseur VODBORDELLO GUIDE DE SURVIE DANS LA JUNGLE DU STREAMING, PAR SAN HELVING de gosse. Au bout d’une demi-heure, le suspect balance un corps hors du véhicule sans ralentir. Choc, sidération, puis révélation qu’il ne s’agissait évidemment que d’une poupée. Le film a le plus grand mal à dépasser ce moment de tension et surtout son désamorçage. Des flics nuls n’apportent aucune aide au duo, entêté dans sa quête vaille que vaille. Tout est si mou, tout est si flasque. Le dernier acte dans le repaire du grand salaud charrie enfin un peu d’effroi, bien trop tard pour que les petites tentatives de suspense ne se heurtent à un mur de briques beiges. The Last of Us Comme dans la première saison, le meilleur épisode de cette seconde fournée de The Last of Us (blottie inconfortablement sur Max) est un flashback fragmenté dans lequel Craig Mazin, Neil Druckmann et Halley Gross prennent des libertés avec la structure du jeu, et laissent surtout respirer leurs personnages. La routine des explorations et des attaques d’infectés commence à rappeler les heures les plus sombres de The Walking Dead – tous les vétérans survivants de ses onze putains de saisons savent à quel point cette comparaison est douloureuse. Druckmann passe derrière la caméra une seconde fois et prend ses aises avec assurance. Il gère le passage du temps avec douceur Take Cover. The Last of Us. 8 VOD BORDELLO se mettent à traduire les paroles des morceaux de rap orduriers de la bande originale. Serial Rabbit One Dans le même cercle des enfers de Prime, un autre auteur sur la verge de l’amateurisme s’exhibe avec non pas un, non pas trois, mais bel et bien deux films. Serial Rabbit One s’annonce comme rien de moins que la version Redux du premier Serial Rabbit de Brett William Mauser, featuring de nouvelles scènes, une nouvelle musique, de nouveaux effets spéciaux. L’original date de 2005 et annonce un budget de 186 dollars, dont la majeure partie a dû être engloutie par le costume du personnage-titre. Un tueursévit dans la région de San Antonio déguisé en lapin géant, équipé d’une arme ressemblant aux griffes de Wolverine. Sa destinée le mène à une rave de petite taille. Faute d’avoir pu découvrir SerialRabbitvingtansenarrière,l’apport des diverses retouches reste à estimer A Murder in Oakland: Beauty Is Deadly Par-delà sa vitrine de films exclusifs plus ou moins clinquants et de séries originales parfois pas dégueu, l’interface de Prime Video cache des méandres interminables de machins de plus en plus indéfinis. Le routard des tréfonds peut ainsi se perdre devant A Murder in Oakland: Beauty Is Deadly de, par, avec Marcus D. Spencer, un multirécidiviste infatigable n’aimant rien tant que se mettre en scène en personnages pas vraiment badass, vaguement torturés, incarnés avec un charisme à tout le moins discutable. Ici, Marcus campe un flic a priori happé par un nébuleux cold case. Tout se floute très vite, l’énucléation se rapproche dangereusement à coups de dialogues insipides, d’une image terne as fuckitty fuck, d’un son à la limite de l’audible sur une poignée de scènes. L’attention se réveille un chouia lorsque les sous-titres français et cruauté, ménage une sortie amère à Pedro Pascal et retrace l’évolution du personnage de Bella Ramsey en lui laissant le soin de fermer les grandes gueules réclamant une bimbo à sa place. Dans un monde même pas parfait disons passablement fonctionnel, le débat serait clos, mais dans notre réalité de 2025, les militants des réseaux sociaux trouveront toujours une excuse pour se radicaliser et se mettre les couilles dans un presseagrumes – métaphoriquement, hélas. Pandemonium Le nouveau long-métrage de Quarxx après le dérangeant Tous les dieux du ciel en 2019 nous arrive enfin sur Canal VOD et Apple TV. Pandemonium coud trois histoires et demie offrant autant de visions d’un au-delà forcément infernal, en évitant soigneusement la bondieuserie. Le dispositif mystérieux du premiersegment se referme de façon bien sagouine sur ses protagonistes ; le second dérive du côté d’une forme singulière de ludisme gore frisant le hors sujet, avant que l’abîme ne finisse par tout recouvrir dans un désespoir sec, sale et étouffant. Cette noirceur radicale peut impressionnerou agacerselon l’humeur, décontenancer aux entournures voire braquer ; elle s’installe néanmoins dans un coin de la tête pour n’en plus partir. Entre l’économie de moyens et la grandiloquence des ambitions, la consistance et le lâcher-prise, Quarxx trouve un juste milieu traumatisant qui lui appartient, sincère mais fragile, fragile mais sincère, et réciproquement jusqu’à la fin de tout. Pandemonium. – un jour, peut-être, sous la menace d’une arme de catégorie A2. Le je-m’enfoutisme technique, la nonchalance scénaristique et un humour tombant systématiquement à plat peuvent créer une sorte de décalage, que seule la meilleure volonté possible permettrait d’apprécier à son injuste valeur. The Beta Project The Beta Project nous dévoile tout le chemin artistique et esthétique parcouru par ce même Brett William Mauser en vingt ans et plus d’une quarantaine de films, si l’on en croit sa terrifiante filmographierempliedetitresaussiévocateurs que WarDawgz, Cartel Killaz, ou encore les dix longs-métrages de la mystérieuse Innocence Saga. L’auteur de The Book on Making a Movie With No Money (« le livre pourfaire un film sans argent ») cadre mieux, il a des lumières colorées, et c’est à peu près tout. Cette sombre histoire de chasseuses de vampires se perd de vannes nulles en scènes d’action exsangues de la moindre goutte d’efficacité. Depuis le Serial Rabbit originel, la durée ressentie est passée du triple au double. Il y a du progrès, mais ça reste indigeste. Onyx the Fortuitous and the Talisman of Souls Shadowz nous propose également du film d’auteur/scénariste/acteur à peu près principal avec Onyx the Fortuitous and the Talisman of Souls signé Andrew Bowser. Notre homme joue un geek sataniste prodigieusement irritant ou hilarant, selon que vous ayez investi ou non dans le financement participatif de cette adaptation d’un personnage développé dans des vidéos YouTube datées. Son truc ? Sortir des phrases mystiques avec une musicalité forcée. « Mais ça ne fait pas un film » hurlerezvous à pleins poumons, ivres de colère, nus sur le toit de la mairie de Grenoble. Vous aurez raison, mais le mektoub a une nouvelle fois décidé de s’en rouler une derrière l’oreille. Il y a toutefois un petit savoir-faire technique, des comédiens à peu près dignes de ce nom et l’immortel duo de Re-Animator et From Beyond : aux portes de l’au-delà, Barbara Crampton et Jeffrey Combs, en caution morale. La toute petite sympathie pourle projet s’estompe jusqu’à finir poussière au terme d’une putain d’heure et de quarante-huit enfoirées de minutes. Voleur de diamant : le casse commence Un petit dernier vanity project pour la route, pour transformer l’indigestion en constipation ? Succombez donc aux promesses indiennes lascives de Voleurde diamant : le casse commence de Robbie Grewal et Kookie Gulati sur Netflix, avec son Saif Ali Khan trop cool pour l’école. D’aucuns trouveraient ça un peu triste de porter un Perfecto, Onyx the Fortuitous and the Talisman of Souls. Voleurde diamant : le casse commence. 10 VOD BORDELLO un fute moulant et un brushing mulet à 50 ans passés, mais pas notre Saif. En goguette à Budapest, il chourave des diams et mène la vida loca. Il sort à peine de la couche d’une donzelle que le voilà embringué dans le vol d’un énorme caillou, le African Red Sun, pour sauver l’honneur de son papounet en cheville avec un mafieux en gueule de bois perpétuelle. Le meilleurvoleurpeut-être pas de sa génération et pas forcément du pays mais peut-être de son quartier s’extirpe de toutes les situations avec inconséquence et sourire coquin. Il tombe même sur le pire rôle féminin de toute cette sélection, qu’une intrigue pantouflarde et une mise en scène clippesque circa 2011 étaient parvenues à faire oublier. En bout de course, difficile de décider ce qui est pire entre le cliffhanger final et la chorégraphie accompagnant le générique. Handmaid’s Tale : la servante écarlate La première saison de Handmaid’s Tale : la servante écarlate adaptait à point nommé le roman de Margaret Atwood en 2017, avec un sens du timing impeccable pour dérouler ce récit de dictature théocratique profondément misogyne. Huit ans plus tard, le timing est mort pendu. Contrainte de devoir broder à partir de sa deuxième saison, la série tourne en rond jusqu’à s’enfoncer dans le sol. La sixième et ultime saison, visible sur Cine+ OCS, Prime Video et Canal VOD, se contente de rejouer les hits une dernière fois. Elisabeth Moss tremblote toujours de rage contenue, Max Minghella et Bradley Whitford sont toujours parfaits en petites merdes jouant sur tous les tableaux au cas où, Yvonne Strahovski n’en finit plus de se mentir à elle-même en toutes circonstances. L’image s’enferre coûte que coûte dans la grisaille à un point quasi problématique dans certaines séquences et le récit n’arrive jamais à dépasser en intensité cathartique la saga Hunger Games, LA grosse référence esthétique entourée d’un cœur sur son moodboard. La rage de la série s’est éteinte ; ne restent que des cendres à l’arrière-goût de vinaigre balsamique, bizarrement. You L’ultime saison de You sur Netflix allait-elle combler toutes les attentes ? Mille fois oui. Les dernières aventures de Joe Goldberg, le tueur en série romantiquegeignardetgroslecteurnonobstant, sont encore pires que les précédentes, avec comme apogée lunaire une sousintrigue indéfendable à base de jumelle de substitution. L’hypocrisie pathologique du show dans son rapport au personnage principal vire au damage control au frein à main. La série aimerait vraiment vous montrer qu’elle est du côté des victimes, et en même temps, elle ne dirait pas non à un dernier tour de piste érotico-sanglant dans les limites du raisonnable plate-formesque. La méritante Madeline Brewer endosse la défroque inconfortable de la dernière maîtresse sous emprise répondant au sobriquet de « Bronte », Penn Badgley nous ressort une énième fois ses mimiques d’endive mal braisée et sa voix off tellement contente d’elle-même. L’ultime épisode achève le show de la façon la plus convenue, bateau et bêtement moralisatrice possible, comme pour se flageller d’avoir osé ressentir de l’excitation à un quelconque moment. C’est logique, prévisible, pathétique et lâche, dans cet ordre-là précisément. Andor Un même renoncement se sent dans une moindre mesure dans la deuxième et ultime saison d’Andor (immobilisée au sol parun stormtroopersurDisney+), la meilleure série Star Wars comme Jermaine Jackson est désormais le meilleur des Jackson Five : par défaut. L’attaque de la planète Ghorman et ses contrecoups politiques n’ont pas manqué de frapper les esprits à un moment où l’emploi du terme « génocide » prête à autant de précautions ; l’écriture de Dan Gilroy et la mise en scène de Janus Metz – réalisateur dans une autre vie de l’incroyable Armadillo – ne brillent pourtant pas par leur légèreté. Tout est explicité en long, en large, en travers, en diagonale, jusqu’à l’atonie. Passé l’hallucination et la joie immense de voir Thierry Godard, l’éternel Gilou d’Engrenages, intégrer l’univers Star Wars avec un accent délicieux, il faut aller outre la peinture bancale de son mouvement de résistance. Handmaid’s Tale : la servante écarlate. 12 VOD BORDELLO La série n’est finalement jamais meilleure que lorsqu’elle décrit l’Empire comme un purgatoire bureaucratique et technocratique pour ses serviteurs. Quelques fugaces moments de grâce atténuent la lourdeur, tel son dernier geste antispectaculaire. C’est toujours ça de pris, certes. Certes. A Working Man A Working Man sur Prime nous rejoue tellement la formule magique de The Beekeeper – un Jason Statham en faux quidam et vraie machine à tuer, en croisade contre des salopards – que ça en frôle l’abus de confiance. Après l’apiculteur tueur des services secrets et avant le cordonnier ninja, voici Jason chef de chantierex-marine. La présence de Sylvester Stallone au scénario amène une forme de gravité totalement étouffée dans l’œuf par le style Zumba cafew, cafew carnaval du David Ayer des mauvais jours, celui de Suicide Squad, Bright ou Sabotage. Un film sérieux tente d’exister, parasité par des montées de MDMA ultra-colorées et extraverties dès que les antagonistes ont plus de deux répliques. L’amusement n’y est pas, ou alors comme dans une troisième journée d’affilée en teknival où tout le monde force l’euphorie alors qu’il faudrait dormir depuis au moins quarante-huit heures. Un mariage sans fin Palm Springs de Max Barbakow appartient à la catégorie raisonnablement embouteillée des succédanés d’Un jour sans fin, et s’en tire avec les honneurs. Un invité revit incessamment la même journée de mariage pesante en Californie, et entraîne dans sa boucle temporelle une jeune fille qui lui a tapé dans l’œil – métaphoriquement, hélas. L’idée d’un remake français fait frissonner, le casting de Tarek Boudali dans le rôle d’Andy Samberg pousse à scarifier des chatons. En toute honnêteté, Unmariage sans fin de PatrickCassira deux bonnes idées : transposer l’intrigue au Maroc, et confier le rôle du troisième larron coincé avec nos tourtereaux au génial Youssef Hajdi, véritable rayon de soleil aigri. Le reste sombre dans la débâcle redoutée,dèslareprisedecettescènededanse emblématique du film original, allongée artificiellement et dénuée de charme. Le maillon faible de la terrible Bande à Fifi ânonne ses répliques sans conviction ; Camille Rowe tente de jouer l’alchimie pour deux, en vain. Sans Youssef Hajdi, on n’était pas loin du naufrage intégral. I Un mariage sans fin. A Working Man. Difficile de ne pas penserà notre red-chef en regardant Une race à part. En effet, il faut savoir que Fausto est un amoureux de la gent canine au point de parfois s’identifier à nos braves compagnons à quatre pattes : il aboie dans son sommeil, se nourrit presque exclusivement de croquettes, fait ses besoins par terre lorsqu’on est en train de déjeuner et vient se frotter contre la jambe de notre iconographe Mathieu Roux quand il est en chaleur – ce qui a poussé ce dernier à multiplier les jours de télétravail et à militer pour #MeTooToo. Mais venons-en au film, qui s’intéresse à un groupe d’influenceurs invités sur une île infestée de chiens enragés. Bien entendu, ceux-ci ne tardent pas à s’échapper et à bouffer les créateurs de contenus menés par une brune qui ressemble à s’y méprendre à une consœur de la chaîne YouTube Demoiselles d’Horreur. Pour tromper leur proie, les toutous se déguisent en images de synthèse, ce qui leur permet de grimperaux arbres et de sauterde liane en liane en se faisant passerpourdes effets spéciaux ratés pourénervernotre Alexandre Poncet – qui n’avait jamais vu des bergers allemands ressemblerautant à des peluches en stop motion accéléré. Pour filmer ce survival digne de Jurassic Park mais tourné dans un chenil touffu, les frères Furst (En fanfare, Les Tuche…) ont inventé un nouveau style de mise en scène : ils jettent la caméra en l’air et se la passent comme un ballon de foot, ce qui donne des images prises sur le vif dans tous les sens, après quoi ils les assemblent au montage à raison de vingt-cinq plans par seconde. Une initiative inédite saluée parl’ensemble de la profession à commencer par James Cameron, qui a décidé de leur confier les prises de vues aériennes du prochain Avatar en les faisant sauter d’un avion sans parachute à coup de pied dans le derche. Sacré Jim, il sait reconnaître les vrais talents ! I Mordu par une femelle cocker quand il était petit (ce sont toutes des salopes), Bernard a peur des chiens mais a pourtant osé regarder un survival canin. Depuis, il pisse sur des pneus. Une race à part FAUSTO’S ISLAND. 2024. USA/Koh-Lanta. Réalisation les frères Woof. Interprétation Grace Caroline Currey, Hayden Panettiere, PeterNiney… Disponible en SVOD aux US et peut-être prévu au cinéma en France (selon Allociné). BERNARD LE FOURMILIER LE COUP DE CŒUR DE
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