Pages de Art des abres_Int OK web - Page 3 - Premières pages de L'Art Branché ou Marie-Lydie Joffre au jardin des Plantes de Montpellier Marie-Lydie Joffre Au Jardin des Plantes de Montpellier L’Art Branché 5 Préfacé par PHILIPPE SAUREL, Président de Montpellier Méditerranée Métropole et Maire de la Ville de Montpellier PROFESSEUR THIERRY LAVABRE-BERTRAND, Directeur du Jardin des Plantes L’auteure a choisi de présenter ses œuvres en suivant le fil du temps, entre juin 2000 et février 2011. Ainsi le lecteur pourra suivre aisément son cheminement. 6 Nous irons doucement par les ruelles fort pierreuses et tortueuses de cette vieille ville à cet antique jardin où tous les gens à pensées, à soucis et à monologues descendent vers le soir Paul Valéry Inscription à l’entrée du Jardin des Plantes 7 Portrait du médecin Pierre Richer de Belleval Créateur du Jardin Royal à Montpellier pour l’enseignement des plantes (fin XVIe siècle) Pastel de Marie-Lydie Joffre 9 Préface « Le Jardin des Plantes de Montpellier, le plus ancien jardin royal de France, est une citadelle de la botanique à ciel ouvert située en plein cœur de Montpellier. C’est un endroit à nul autre pareil où l’on trouve des espèces remarquables d’arbres et qui constitue également une invitation romantique à la flânerie et à la poésie. Un écrin de toute première importance pour la recherche scientifique et la communauté universitaire. Proche riveraine, Marie-Lydie Joffre a visiblement ses habitudes au Jardins des Plantes. Le calme tout particulier du matin, propice à la contemplation et à la concentration, est le moment appréciable pour entrer en communication artistique avec les différentes espèces. L’intéressée répond alors à l’appel de l’arbre et s’installe devant le sujet de son inspiration pour un dessin à l’encre de chine. Entamée en 2000, poursuivie durant une décennie, cette démarche vient de trouver une prolongation sous la forme d’un recueil où la poésie des mots complète harmonieusement la volonté initiale. Ainsi est né « L’Art Branché », un ouvrage publié aux éditions Chèvre-feuille étoilée, une maison qui a construit une passerelle entre la France et l’Algérie autour de l’écriture des femmes et de leur fibre artistique. Je vous invite à tourner les pages avec plaisir et rêverie. » PHILIPPE SAUREL, Président de Montpellier Méditerranée Métropole et Maire de la Ville de Montpellier 10 Préface Préfacer l’ouvrage de Mme Marie-Lydie Joffre est pour le Directeur du Jardin des Plantes un vrai bonheur. Qu’est en effet ce Jardin, le plus ancien Jardin botanique officiel de France depuis sa fondation en 1593 par Henri IV à l’instigation d’un médecin visionnaire, Pierre Richer de Belleval ? Un lieu de science et d’enseignement mais tout autant de contemplation. Imaginé par un médecin, inséré d’emblée au cœur de la vénérable Université de médecine (elle aussi la plus ancienne encore en exercice, mais cette fois-ci du monde occidental), il est resté au long des siècles l’illustration d’une conception humaniste de la médecine, pensant l’Homme dans son intégralité et son insertion dans son milieu, un microcosme enchâssé dans le macrocosme. Cette Science de l’Homme si chère à Paul-Joseph Barthez qui fut le dernier Chancelier de l’Université de médecine et le dernier Intendant du Jardin avant la Révolution a nourri les réflexions d’illustres botanistes, montpelliérains certes avec les Magnol, Boissier de Sauvages ou de Candolle, mais aussi venus d’ailleurs et emportant la science apprise ici dans toute l’Europe et notamment au Jardin de Paris, avec Tournefort et plusieurs représentants de la famille des Jussieu. Science de l’homme et Science aimable (comme on a souvent nommé la botanique) se sont conjuguées de façon singulière en ce lieu. On ne saurait en rester là. Ce Jardin n’est pas clos, il est ouvert sur le vaste monde. Qui ne pourrait en parler mieux que Paul Valéry ? Il écrit dans la Lettre de Madame Émilie Teste : « Nous allons à la fin où vous aimeriez d’aller si vous étiez ici, à cet antique jardin où tous les gens à pensées, à soucis et à monologues descendent vers le soir, comme l’eau va à la rivière, et se retrouvent nécessairement. Ce sont des savants, des amants, des vieillards, des désabusés et des prêtres ; tous les absents possibles et de tous les genres. » Ils y viennent pour apprendre ? Sans doute. Mais combien plus pour rêver... Apprendre et rêver s’épaulent ici. Et c’est Paul Valéry qui nous le suggère encore, dans ce Dialogue de l’Arbre qu’il écrit au soir de sa vie, en 1943, et que le Professeur Francis Hallé tient, dit-on, pour le plus beau texte qui ait été écrit à la gloire du végétal. Dialogue où s’entrelacent poésie bucolique, biologie et hautes méditations, et qui culmine dans la fusion qu’en fait le savant Lucrèce : « Ne sens-tu pas se fondre et sa vie et ton vœu, vers le son désiré dont l’onde te soulève ? Ah ! Tityre, une plante est un chant dont le rythme déploie une forme certaine, et dans l’espace expose un mystère du temps. Chaque jour, elle dresse un peu plus haut la charge de ses charpentes torses, et livre par milliers ses feuilles au soleil, chacune délirant à son poste dans l’air, selon ce qui lui vient de brise et qu’elle croit son inspiration singulière et divine […] La méditation rayonnante m’enivre ». C’est ce que vous promet l’œuvre de Marie-Lydie Joffre, subtilement réalisée en ce Jardin. PROFESSEUR THIERRY LAVABRE-BERTRAND, Directeur du Jardin des Plantes 12 A propos Enfant solitaire et rêveuse, j’aimais contempler les arbres, véritables sculptures vivantes, monter au ciel… Au tournant du siècle, je m’aventure à les croquer sur le motif, au cours de promenades dans la nature. Mais, c’est au Jardin des Plantes de Montpellier que je découvre le bonheur de les dessiner sur le terrain en toute liberté. Mon cheminement, de 2000 à 2010, fait l’objet du livre « L’Art Branché ». J’y présente une sélection de dessins ayant participé d’une sorte d’allégresse intérieure, donnant le tempo au corps des arbres dénudés. Au tout début, le stylo-encre innerve mes carnets d’entrelacs arachnéens. Puis, je choisis des feuilles de papier libres pour dessiner sans contrainte. Ainsi, le bâtonnet de graphite glisse-t-il sur le support à la vitesse du vent dans les branches, et des aplats à la soyeuse texture argentée, ourlent les écorces de signes. Puis, surgissent les lavis, souvent pigmentés du sang de la terre, puis, des poudres de pastel, et plus tard, le flux tendu de l’encre de Chine sur papier Calligraphie, lequel traduit sur le vif, l’intensité d’une gestuelle réalisée au calame. (Le travail du trait à l’encre de Chine sera poursuivi dans les dessins réalisés de 2011 à 2017, toujours dans le cadre du Jardin des Plantes). Mes productions sont travaillées par séries, comme sous tension pour ressentir le souffle, le rythme, la danse, la cadence d’un dépassement de soi… 13 La chaleureuse intériorité poétique d’œuvres d’amis ponctue mon parcours. Merci aux poètes qui m’accompagnent : Carole Menahem-Lilin, Andrée Lafon, Claire Gérard, Huguette Bertrand, Pierre Lazerges, Christine JouhaudMille, Annie Devergnas. Je vous souhaite, dans les pages de ce livre, un cheminement ailé… MARIE-LYDIE JOFFRE PhotoJacquesJoffre Portrait de l’artiste en miroir. 17 Noir profond l’encre s’élance racinaire reliant à la terre l’air des mots le trajet des formes Carole Menahem-Lilin
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