59 Metamorphose - Page 30 - étoiles d'encre 59-60 : Métamorphose personnel, le dévouement absolu aux esprits, elles devenaient bien souvent des parias mais aussi des êtres d’exception redoutés, décrites comme folles et sacrées à la fois. Ces rêveuses qui excellaient, ni parfaites, ni perdues, agissaient « comme des hommes », c’est-à-dire « comme ayant des relations sexuelles variées, se comportant de manière compétitive, agressive et indépendante » (Schneider 1983). Elles se révélaient alors, en quelque sorte, des pendants inversés des winkte chez les Lakota (les « bernaches »), hommes se comportant eux, « comme des femmes » (littéralement winkte signifie « il sera – ou voudrait être – une femme »). Elles avaient des vies hors du commun, du pouvoir et devaient donc en payer le prix. Cette « folie » les conduisait à se comporter à l’inverse de ce que l’on attend habituellement d’une femme. Elles ne sont donc pas wisteca, elles ne sont pas discrètes, mais au contraire « rient à gorge déployée », et en cela elles sont décrites comme « masculines », bloka egla wa ke, « elle pense qu’elle peut se conduire comme un homme ». S’il ne s’agissait donc pas véritablement ici d’un « troisième sexe social » (Saladin d’Anglure, 1986 et 88), les rêveuses de la Femme Double occupaient tout de même une position intermédiaire entre des rôles strictement cloisonnés entre féminin et masculin. Loin de constituer une norme, cette interprétation semble être demeurée assez marginale dans les sociétés précoloniales. Cependant, cet interstice, cette « faille » dans le système binaire représente actuellement une opportunité à saisir pour certains individus et groupes comme les Two Spirit (Roscoe, 1998; Williams, 1986; Jacobs, Thomas et Lang 1997). Le terme « two spirit people » renvoie aux individus ne relevant ni de la catégorie « femme », ni de la catégorie « homme », socialement comme sexuellement dans les traditions autochtones d’Amérique du Nord. Littéralement « êtres ou gens aux deux esprits », parfois également nommés « deux cœurs », le terme souligne la coexistence 28 carte blanche étoiles d’encre 59-60 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page28 marie goyon 29 possible au sein d’un même individu d’attitudes et de références relevant à la fois de traits identifiés comme masculin et comme féminin et s’inscrit donc dans une logique intergenre a contrario d’une identité sexuée vers les deux pôles masculin ou féminin, gay ou lesbienne dans le cas des orientations sexuelles. Ce terme générique a été en particulier choisi en 1990 lors de la 3e conférence intertribale gay et lesbienne de Winnipeg8, au Canada: les participants étaient à la recherche d’un terme reflétant d’une part une connexion culturelle et tribale, et d’autre part possédant une connotation positive et bienveillante, supposément reconnue et respectée dans les références endogènes comme exogènes. Il s’agissait également de rompre avec le terme « berdache », à la connotation péjorative9, imposé par le regard européen, ethnocentré et hétérocentré. Des communautés et lobbys organisés de Two Spirit existent aujourd’hui dans toute l’Amérique du nord, aux USA et Canada, organisant et fédérant des actions militantes panamérindiennes, et collaborant avec d’autres mouvements militants euro-américains et euro-canadiens, voire LGBT internationaux. Ils organisent notamment des manifestations culturelles et programmes de prévention liés à la santé publique (sexualité, HIV, addictions, suicide…), mais aussi des actions de reconnaissance des minorités à l’intention des étatsnations et de l’opinion publique (luttes contre l’homophobie, les discriminations et revendications ethniques ou communautaires)10. Les définitions identitaires s’affirment donc plus que jamais comme des instruments politiques stratégiques, susceptibles dans le cas présent de servir la déconstruction critique des identités masculine et féminine, homosexuelle et hétérosexuelle qui demeurent source de violence et d’oppression. Le cas des brodeuses s’inscrit donc bien dans une résistance au déterminisme de rôles et stéréotypes sociaux qui, dans une certaine mesure, condamneraient les acteurs, en contexte contemporain, à une « mort sociale ». En effet, quel avenir (professionnel notamment) métamorphoses 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page29 est-il aujourd’hui possible d’envisager pour une femme autochtone qui correspondrait par exemple au modèle traditionnel « timide » que je décrivais plus haut? Pour autant, il ne s’agit pas de renier une construction mythique et socioculturelle, une « tradition » qui elle aussi constitue pour les individus un point d’ancrage communautaire, familial, culturel évident et souvent vital. Le modèle de la femme-masculine se révèle donc particulièrement intéressant. Indépendante, aux statuts et visages multiples, elle correspond à la situation actuelle de nombreuses Amérindiennes, qui sont, comme nous le soulignions en introduction, mères célibataires, qui travaillent, vont et viennent entre les « voies traditionnelles » et le « monde blanc ». Négociant sans cesse leur accomplissement en tant que femmes mais aussi en tant qu’« hommes », c’est une logique de dépassement voire de subversion des catégories qui se joue dans leurs trajectoires (Goyon, 2011). On ne s’étonne dès lors pas de voir ressurgir abondamment des figures mythologiques féminines dans la littérature autochtone contemporaine (LeAnn Howe, Équinoxes Rouge 2004 ou Susan Hazen-Hammond, Spider Woman’s Web 1999 par exemple), comme dans les arts et les pratiques religieuses. S’affirmer et se vouloir rêveuse de la Femme Double ou « self-made artist », relève de la performance créative autant que de la performation identitaire. Contre l’essentialisme et le dogmatisme, et à l’aune des débats d’une rare violence qui ont pu avoir lieu en France sur l’identité nationale, puis sur les transformations du droit de la famille et des droits des homosexuels, il s’agit pour les anthropologues et sociologues, à travers des études comme celles-ci, de jouer leur rôle social et politique, en identifiant et participant à faire reconnaître comme telles les qualités de métamorphose voire de résilience dont peuvent être porteuses les traditions et les identités. 30 carte blanche étoiles d’encre 59-60 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page30 marie goyon 31 NOTES 1. Les Statistiques canadiennes sur la violence faite aux femmes autochtones sont effroyables: La violence, y compris l’agression sexuelle, qu’elle soit le fait d’un conjoint ou d’un étranger, est l’une des principales transgressions des droits des femmes autochtones. Par exemple, comparativement aux autres Canadiennes, les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles de déclarer qu’elles ont subi une forme quelconque de violence de la part de leur conjoint et elles courent huit fois plus de risques d’être tuées par lui après une séparation. http://www.ainc-inac.gc.ca 2. Après deux amendements en 1927 et 1951, ce n’est finalement qu’en 1985 que les clauses discriminatoires concernant les femmes autochtones furent supprimées de la loi. Cet amendement (Bill C-31) permit à celles qui avaient été spoliées et à leurs descendants de retrouver leur statut et droit d’appartenance à la tribu. Cependant les traces de cette loi demeurent. 3. Le travail aux piquants ou quillwork est une technique qui consiste en la broderie de piquants de porc-épic teints. Ce savoir-faire très élaboré recoupe différentes techniques : l’enroulement, le tressage, le pliage, la broderie, l’applique sur peau ou écorce de bouleau (Orchard 1916). Art endogène au continent américain, on trouve également de rares exemples en Amérique du Sud, chez les Bororos du Brésil par exemple (LéviStrauss 1989). Avant 1840 environ, on pense qu’il était un des principaux modes de décoration parmi les peuples d’Amérique du Nord. 4. L’adoption dans les sociétés amérindiennes est en effet d’usage fréquent, j’ai moi-même été « adoptée » lors de mon terrain par une famille, ce qui a constitué une porte d’entrée majeure de mon acceptation. L’adoption revêt une signification spirituelle et sociale, qui permet la circulation et le partage des responsabilités et connaissances, notamment dans le domaine rituel. 5. pensionnats indiens ou residential schools au Canada: écoles tenues par les missionnaires où tous les enfants indiens de 1880 à 1980 environ ont été envoyés dès l’âge de 4 ans. Coupés de leurs familles, forcés à « se conduire comme des blancs », c’est une entreprise de déculturation métamorphoses 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page31 systématique qui s’est mise en place, souvent dans la violence physique et psychologique. Il existe même un « residential school syndrom » reconnu par les psychologues nord-américains. Récemment, un travail de mémoire a été entamé au Canada avec la « Commission vérité et réconciliation » au Québec sur la mémoire des pensionnats: on y parle de « survivants » qu’on auditionne… 6. J’ai eu le plaisir de rédiger pour le Dictionnaire universel des créatrices (2013) une notice biographique sur Sheila. 7. Est-ce parce que ce modèle ne correspondait pas aux catégories pensables en occident? Est-ce parce qu’elles étaient rares? ou encore trop marginales pour que les « informateurs » jugent cette information digne d’intérêt pour les anthropologues occidentaux?… Toutes les conjectures sont possibles, mais il est flagrant que les « trans » ont été « invisibilisés » voire effacés de façon récurrente comme l’a souligné par exemple NAMASTE K, 2000. 8. Devenue depuis l’International Two-Spirit Gathering. Voir à ce sujet l’article de Thomas et Jacobs (1999) 9. Selon le Littré, il s’agit d’un terme péjoratif et obscène qui désigne « le mignon ou le giton ». Avec ses variantes bardash et berdash, il a été introduit par les premiers explorateurs et voyageurs français et canadiens pour désigner des personnes autochtones, jugées « hors normes », aux comportements identifiés comme homosexuels. Dans ces premières descriptions, réalisées uniquement par des hommes puisqu’à l’époque pas de femme écrivant parmi les premiers voyageurs, les berdaches sont décrits comme des hommes « efféminés », « invertis » selon les valeurs de l’époque. L’exemple le plus célèbre, vu au cinéma dans le film Little Big Man (1970) d’Arthur Penn, est le personnage de Petit Cheval, homme cheyenne se conduisant et s’habillant comme une femme, un « hee-man-eh ». 10. Exemple de site d’association TWS: http://www.ne2ss.org/about 32 carte blanche étoiles d’encre 59-60 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page32 marie goyon 33 BIBLIOGRAPHIE DE MALLIE, R., 1983, “Male and Female in traditional Lakota Culture” in P. Albers, A. Kehoe et B. Medicine (dir.), The hidden Half. Studies of Plains Indian Women: 237-261, University Press of America, New-York. DORSEY, G. A. et KROEBER, A. L., 1997, Traditions of the Arapaho, University of Nebraska Press, Lincoln. 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JACOBS S.-E. & THOMAS W., 1999, “And We Are Still Here: From Berdache to Two-Spirit People”, American Indian Culture and Research Culture Journal 23, n° 2, 91-107. métamorphoses 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page33 LEVI-STRAUSS C., 1968, Mythologiques 3. L’origine des manières de table, Plon, Paris. NAMASTE K, 2000, Invisible Lives, The Erasure Of Transsexual And Transgendered People, Chicago University Press. ORCHARD, W. C., 1984 (1917), The Technique of Porcupine Quill Decoration among the Indians of North America, Eagle’s View Publishing, Liberty. ROSCOE W., 1998, Changing ones: Third and fourth genders in native North America, New York: St. Martin’s Press. SALADIN D’ANGLURE B., 1986, « Du fœtus au chamane: la construction d’un « troisième sexe » inuit », Etudes/Inuit/Studies n° 10, 25-113. SCHNEIDER, M. J., 1983, “Women’s Work : an Examination of Women’s Roles in Plains Indian Arts and Crafts”, in P. Albers, A. Kehoe et B. Medicine (dir.), The hidden Half. 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Brigitte Esteve-Bellebeau Arnaud Alessandrin 1 Introduction: Samedi 10 mai 2014 était retransmis le concours de l’Eurovision. Cette année, c’est la chanteuse et performeuse Conchita Wurst qui a fait polémique. Entre propos homophobes et dérapages transphobes, de quoi Conchita Wurst est-elle le nom? De notre point de vue, cette figure scénique éclaire la manière dont le genre, dans l’ensemble des dispositifs qu’il déploie, devient le véhicule de représentations à la fois solidement enracinées et toujours en mouvement. De la sorte, Conchita Wurst, ou plus précisément sa réception, tend à éclairer les relations qu’entretiennent les frontières du genre2 : frontières tout aussi conceptuelles que géographiques. L’histoire de Conchita Wurst est inaugurée, comme souvent dans celle de minorités, par l’insulte. « Au début était l’insulte », note d’ailleurs Didier Eribon dans sa « réflexions sur la question gay »3. métamorphoses 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page35 C’est cette situation d’opprobre qui pousse Thomas Neuwirth, ancien étudiant en mode, à se présenter à une émission de télécrochet autrichienne, sous les traits de ce personnage à la fois drôle (« Wurst » en allemand signifie saucisse) et dérangeant (une autre traduction de Wurst pouvant être « Qu’est-ce que j’en ai à faire? »). Thomas et Conchita portent un discours: « Il y a deux personnages distincts, avec leurs propres histoires personnelles, mais un message essentiel en faveur de la tolérance et contre les discriminations »4. La cible des injures devient progressivement ce sujet qui lutte contre les discriminations. Son angle d’attaque: la visibilité. Son arme: le genre. Le genre: voilà sûrement ce qui est au cœur des polémiques, en France comme ailleurs. Tom est ouvertement homosexuel, mais ce qui dérange bel et bien, au-delà de son orientation sexuelle, c’est son expression de genre (on ne saurait dire ici son « identité de genre »5). Les médias en sont la preuve: ils ne savent pas comment nommer ce qui ne relève pas des standards du genre. Ainsi Conchita est « une chanteuse barbue » pour l’Express, une « femme à barbe » pour BFMtv et Le Point, un « travesti » pour RTL et enfin une « drag queen » pour le Huffington Post qui semble le plus proche des revendications de Conchita6. Conchita est un travesti scénique, burlesque, qui joue avec les codes du genre c’est-à-dire à l’endroit même de l’opprobre inaugural de son personnage7. Conchita Wurst: figure de l’altérité. Qui est Conchita Wurst? Une femme simple diront les uns, ou femme fatale répondront les autres! Conchita est un prénom courant en Colombie où Thomas Neuwirth fait naître le personnage. Et Wurst peut être interprété comme le signe du retournement de la honte en fierté, mouvement bien connu des minorités: certes le substantif seul signifie ‘saucisse’ ; mais dans une formule comme « Das ist mir doch alles Wurst ! » il prend le sens de l’indifférence interjectée, ou de l’abandon des règles du jeu traditionnel: Qu’estce que j’en ai à faire de tout cela ! 36 carte blanche étoiles d’encre 59-60 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page36 Ainsi construit, le nom de Conchita Wurst devient un signe – celui de l’ouverture à l’altérité en tant qu’elle est étrangeté de la cohabitation de deux termes si mal appariés selon les règles du bien nommer – accord d’un prénom et d’un nom dans un registre culturel précis. Cependant que cet ensemble prénom + nom est également un symbole – celui du même et de l’autre réunis – celui de l’union possible des cultures dans une création originale tenant de l’odradek8 comme du phénix9 en la circonstance ! Odradek nous ramène à l’énigme et au mystère des associations libres comme des productions de l’imaginaire. Le phénix, être mythique, nous rappelle qu’il est possible de mourir à une certaine identité, comme on meurt socialement quand personne ne nous regarde ou ne nous pleure, et de renaître sous les traits d’un autre, comme c’est le cas lorsque sur scène on endosse un personnage que l’on fait vivre pour quelques heures. Se dresser comme un phénix, c’est alors oser montrer qu’une renaissance est non seulement possible, mais bel et bien réalisée par la performance qu’autorise la scène et qui déjoue les codes du genre en vigueur dans un concours aussi classique que l’Eurovision. Dans De quoi Sarkozy est-il le nom ? A. Badiou écrit: « Proposons un théorème: toute chaîne de peurs conduit au néant, dont le vote est l’opération ». Si une élection présidentielle a pu avoir lieu avec la peur de l’autre en toile de fond, ici, dans le cas d’un vote aux conséquences bien moindres, mais à l’impact médiatique certain, on a assisté à l’élection de celui dont on ne doit pas prononcer le nom10, celui qui fait peur et que l’on ne sait pas nommer ou que l’on n’ose pas nommer. En clin d’œil à Alain Badiou11, nous répondrons donc à la question initiale en disant que Conchita Wurst est le nom de l’altérité conçue comme une chance, doublement référée à la différence: différence dans l’assujettissement aux normes sexuelles qui gouvernent le paraître et participent à ordonner la vie sociale et différence également métamorphoses B. Esteve-Bellebeau et A. Alessandrin 37 59 carte blanche.qxp_Mise en page 1 28/04/16 15:17 Page37
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