DELIT DE REVE - Page 18 - Pour Croire à un nouveau monde ou les citoyens seront respectés 18 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Les policiers étaient sur nous, ils nous avaient rattrapés sans aucune difficulté, aucun obstacle n’avait gêné leur course. Leurs masques les protégeaient des gaz. On essayait de s’échapper, d’échapper à cette violence à laquelle nous n’avions absolument pas pensé. Les premières lignes de notre défilé furent passées à tabac, de nombreuses personnes arrêtées sans ménagement. Les blessés étaient allongés à même le sol, ceux qui tentaient de leur porter secours étaient touchés à leur tour ou également arrêtés. Pierre courrait à côté de moi et me demanda ; - As-tu vu Luc ? - Non, il y a cinq minutes, il était derrière moi avec Axel. - Je ne les vois plus, me dit-il. Nous étions maintenant sur le parvis de la place d’Italie, seul l’accès de l’avenue du même nom était libre, les rues adjacentes étaient barrées par les forces de l’ordre canalisant ainsi notre repli. Quelques manifestants se bagarraient avec des CRS aux abords de ces barrages. Nous nous retrouvions, Pierre et moi, mêlés à cette échauffourée bien malgré nous, j’avais vu la matraque se lever devant moi et j’eus juste le temps de me pencher sur le côté, évitant de peu un coup sur le crâne. Je ne n’étais pas suffisamment écarté et le dessus de mon épaule gauche absorba le coup. Le choc fut tel que je tombais à genoux. Ma vue se brouilla instantanément. Je ne pouvais pas rester là ! Mes efforts pour me relever restaient vains, la douleur me paralysait. Toutefois, je parvins à apercevoir ce bras armé qui se releva au-dessus de moi mais avant la répétition de ce geste brutal, je me sentis happé tandis que le policier bousculé tombait. - Ne restons pas là, dit Pierre, en me relevant par mon bras valide. Je n’avais même pas la force de parler ni de lui répondre. Mon bras gauche pendait inerte et la course augmentait la douleur. Chaque pas devenait une souffrance supplémentaire. Je me sentais à nouveau défaillir et mes jambes se dérobaient. Pierre s’en aperçut, car je devais être un boulet pour lui. - On va s’arrêter un peu, me dit-il. Les flics sont loin maintenant. Délicatement il m’assit en m’appuyant contre un mur, - ça va aller ? 19 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. - Tu n’as pas un peu d’eau ? - Non, c’est Axel qui a gardé les bouteilles, un des gars de notre bus qui nous avait aperçus s’arrêta et nous demanda ; - Vous voulez un coup de main ? Et il me tendit sa gourde. - Oui, tu vas m’aider à soutenir Claude. » Pierre se baissa, mit mon bras droit autour de ces épaules et me releva. Mon épaule et mon bras gauche étaient encore trop douloureux pour que je puisse prendre appui sur le collègue et Pierre dû me soutenir seul. Tout le monde s’était replié sur le périphérique. Trois heures à peine s’étaient écoulées depuis que nous l’avions quitté, les heurts avaient cessé, les gardes mobiles nous avaient repoussés sans ménagement, ni grandes difficultés et avaient pris position à l’entrée de toutes les portes, de toutes les rues, fermant ainsi définitivement l’accès de la ville. Par micros amplificateurs interposés ils nous intimaient leurs ordres : Vous êtes priés de ne pas rester là ! Veuillez rejoindre vos véhicules. Inlassablement ce message se répétait, faisant le tour de cet axe circulaire. La soudaineté de leur réaction démesurément violente à notre encontre avait enlevé de notre esprit tout sentiment de réflexion cohérente et sans plus attendre nous obéîmes aux ordres. Cette foule partit rejoindre en silence les parkings respectifs, une file de cars de CRS était garée près du nôtre pour être certains que nous repartirions d’où nous venions, Pierre m’aida à m’installer, je luttais pour ne pas m’évanouir. La distance que nous venions de parcourir pour arriver à notre bus m’avait épuisé, chaque pas relançait la douleur. Tous les copains étaient revenus, personne ne manquait à l’appel. Il ne devait pas en être de même dans tous les véhicules. Par chance, nous avions deux médecins avec nous. Les blessures, les hématomes étaient nombreux, mais rien de grave. Luc n’aida à retirer ma chemise car l’un des docteurs voulait m’examiner. - Je crois que tu n’as rien de cassé, dit-il. Mais il faudra, par précaution, passer une radio à ton retour. Tu prendras ces cachets : deux maintenant, et un chaque fois que tu sentiras revenir la douleur. » Inutile de détailler davantage cette journée, seul le bilan est important. Nous repartions chez nous avec des blessures, certes morales et physiques mais légères. Par contre, nous l’apprendrons plus tard, d’autres y avaient perdu la vie. 20 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Deux heures passèrent avant que notre convoi prenne le chemin du retour ; nous avions volontairement attendu pour être certains que personne ne serait oublié. Les prévisions météorologiques d’Axel s’avérèrent exactes. Le tonnerre ainsi qu’une forte averse saluèrent notre départ. Les éléments naturels étaient eux aussi contre nous. La seule satisfaction de cette journée résidait dans le fait qu’aucune femme ne nous accompagnait. Cette décision prise d’un commun accord était dictée par l’importante mission de soutien qu’elles s’étaient fixées, et non, par un réflexe de misogynie. Peut-être s’agissait-il tout simplement d’un pressentiment féminin. Elles avaient eu l’idée de préparer une pétition à l’échelon national dans chaque ville, dans chaque village. Elles devaient récolter la signature de l’ensemble des familles composant les communes, cette pétition appelée « Manifeste de soutien du 20 septembre 2003 » serait ensuite expédiée par courrier recommandé à la Présidence de la République. Lorsque 1 'on connaît le nombre de communes dans notre pays, on imagine facilement la gêne que subira le Palais de l’Élysée pour réceptionner la totalité de ces missives. Cette initiative féminine associée à notre déplacement devait, nous le pensions, provoquer la mise en place d’une politique de concertation état/citoyen. L’ambiance et l’état d’esprit lors de notre retour étaient à l’opposé de ceux du voyage aller : personne ne parlait, les commentaires restaient intérieurs. Nous les formulerions plus tard, beaucoup plus tard car nous étions pour l’instant perdus dans nos propres pensées. L’immense amertume laissée par cette journée au fond de notre coeur nous conforta dans l’idée que l’avenir deviendrait encore plus précaire. Luc faisait bouger ma jambe : - Réveille-toi, me dit-il. Il va y avoir le journal télévisé. Malgré moi, je sursautais. J’avais dû m’endormir après avoir pris mes cachets. Ils devaient être efficaces car je ne ressentais plus de douleur. - Est-ce qu’il y a longtemps que je dors ? - Je ne sais pas, répondit Pierre. Je crois que nous avons tous sommeillé un peu. La tension nerveuse de ces dernières heures avait dû y contribuer. Pour une fois, nous faisions la une des chaînes publiques, le journal d’informations débuta par un reportage ou il n’était question que d’affrontements. 21 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Les images se succédaient de heurt en heurt, d’actes de vandalisme en actes de vandalisme, de violence en violence, comme si cette journée ne se résumait qu’à cela. Pas de commentaire de la part du journaliste sur la motivation de toutes ces personnes venues de la France entière, pas plus sur le sujet des différentes actions menées à travers l’hexagone. L’énoncé du bilan de ce jour particulièrement exceptionnel fut catastrophique, les premiers chiffres faisaient état de soixante-trois morts et d’au moins deux cent blessés dont certains dans un état grave du côté des manifestants, En ce qui concerne les forces de l’ordre, on dénombrait quatre morts et une centaine de blessés, certains dans un état critique. Pour les quatre tués, le présentateur parla de meurtres car leurs blessures avaient été provoquées par balles. - Une enquête est ouverte pour déterminer les causes exactes de ce drame qui vient une fois de plus frapper des policiers dans l’exercice de leurs fonctions, précisa un officier interviewé. La nature de leurs blessures ne laisse aucun doute sur les circonstances de leur mort. » Le reportage cessa pour laisser place au studio de l’information, le journaliste présent nous annonça la venue du Ministre de l’intérieur. Le discours de ce représentant de l’état dura plus de vingt minutes, mais le résumé de son exposé suffira à décrire le sens de ses propos et à retenir notre attention. Il ressortait de ce discours que le gouvernement ne céderait à aucune pression, et surtout pas au chantage de la violence dont nous avions fait preuve par notre comportement cet après-midi. Le chef d’état, ainsi que tous les représentants nous faisaient part de leur totale réprobation quant à nos agissements, Il était inadmissible et impensable de vouloir déstabiliser le pouvoir en place. Celui-ci, ayant selon lui, l’importante charge du redressement de notre pays. Il rendit un vibrant hommage aux policiers « assassinés » dans l’exercice de leurs fonctions et il adressa de sincères condoléances aux familles des victimes. Dorénavant, continua-t-il, toutes les manifestations, tous les rassemblements seraient interdits aux abords de la capitale ainsi que dans les villes de plus de dix mille habitants. Pas un mot, pas un seul mot, à l’attention des manifestants qui avaient perdu leur vie, ni de tous ceux atteints physiquement. La cacophonie des sirènes d’ambulance que nous avions perçue lorsque nous étions sur le périphérique, nous avait quelque peu rassuré sur le sort des blessés. Néanmoins, nous attendions des précisions. La seule assurance que le Ministre nous apporta concernait le sort des nombreuses personnes arrêtées. Nous pouvions être persuadés qu’elles seraient jugées en toute équité dans le cadre de la procédure des flagrants délits. 22 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. La gravité des faits, souligna-t-il, nécessitait l’ouverture d’une information judiciaire pour atteinte à la sûreté de l’état. Il prit congé sans oublier de nous rappeler les interdictions formulées. Le journal se termina aussitôt, remplacé sans plus de préambule par les publicités qui provoquèrent de notre part l’extinction immédiate du récepteur. La déception retardait pour l’instant les commentaires, L’incompréhension entre le gouvernement et notre représentation était évidente. - Regardez, dit le chauffeur. » Il avait réussi en manipulant le canal des chaînes à capter une émission régionale privée. Le reportage proposé avait une toute autre teneur que celui de l’antenne publique. Il débutait aux premiers instants du mouvement général, au nord de Paris. A l'avant du cortège on vit très nettement l’infiltration soudaine d’une bande de casseurs. La suite fut identique à ce qui s’était produit de notre côté : vandalisme, heurts, violence. Tout était semblable. Dans l’objectivité de ces images, on constata, sans aucun doute possible, que ces éléments perturbateurs avaient disparu brusquement dès l’apparition des forces de l’ordre. Notre soi-disant responsabilité n’était pas si évidente. Le déroulement exact des événements à travers ce reportage nous démontrait qu’il n’y avait pas eu d’affrontement réel. Seuls les policiers usaient de leurs prérogatives légales avec tout l’arsenal propre à leur mission de dispersion. En face d’eux, des gens totalement pacifiques qui faisaient tout pour échapper à cette pluie de coups. Le journaliste précisait que ces scènes s’étaient déroulées tout autour de Paris avec plus ou moins d’intensité selon le secteur. Mais le résultat, la finalité de notre grand rassemblement, était parfaitement traduit par ses images. Comment devions-nous interpréter cela ? Cela a-t-il un intérêt aujourd’hui ? Ces images télévisées ainsi que nos tristes souvenirs s’imprimèrent pour longtemps dans nos mémoires. Le téléphone mobile de l’autocar permit à chacun de rassurer sa famille. À notre arrivée à Bordeaux, une importante foule nous attendait : des parents, des enfants, des amis venaient chercher des nouvelles d’un proche. L’anxiété, la détresse de ces gens ne sachant pas vers qui se rapprocher pour être rassurés était pesante. Le silence du trajet continuait ici. Une gêne, un poids énorme au fond des cœurs empêchaient tout dialogue. Pierre était parti chercher la voiture. Les bus et leurs chauffeurs étaient repartis. Nous avions attendu avec d’autres organisateurs la fin de ce rassemblement. Nous nous séparâmes sans grands discours. 23 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Dès le lendemain, le gouvernement créa une commission familiale permettant d’obtenir des nouvelles rapides pour qui le désirerait. Le bilan définitif s’alourdit, ce qui incita le Ministre de la Justice à ordonner la libération de toutes les personnes arrêtées. Il prit la parole en ces termes : - L’enquête sur les circonstances de la mort des fonctionnaires de police se poursuit activement. De tels actes ne peuvent rester impunis ! Cette libération ne suspendra pas pour autant les procédures en cours. L’amertume des dernières heures vécues n’avait en rien diminué notre volonté, notre détermination. * 24 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. CHAPITRE IV Hors pays. 25 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Au cours des années précédant ce deux Février 2006, bien d’autres manifestations eurent lieu, bravant à chaque fois l’interdiction que ne manquait pas de nous rappeler le porte-parole du gouvernement. D’autres heurts inévitables se produisirent, d’autres vies furent perdues, d’autres blessures marquèrent à jamais nos mouvements. Mais petit à petit, nos actions devinrent totalement pacifiques. Il est vrai que nous ne quittions plus la ceinture du périphérique. Nos défilés tournaient autour de cette ville devenue inaccessible et il n’était pas question pour nous de forcer les barrages des gardes mobiles installés à toutes les portes de la « Cité des Gouvernants ». La situation économique de ces deux dernières années fut marquée par une période de stagnation : aucune régression, aucune évolution. Fort de ce résultat, le gouvernement voyait là un signe évident de relance. Cependant, notre quotidien ne s’améliorait pas. Notre but était inchangé, nous venions en quelque sorte leur rappeler notre existence. Nous montions à Paris prendre des nouvelles, comme si les moyens de communication faisaient défaut dans ce siècle dit « évolué ». La situation nationale n’avait rien à envier au reste de la Communauté. L’union Européenne n’était pas une réussite. Des seize membres la composant fin 1997, il n’en restait plus que dix à la suite du retrait sans concession et sans complaisance des pays du nord de l’Europe. Nous en restions au stade de l’ouverture des frontières pour la libre circulation des produits. Quoiqu’il en soit, les dix partenaires demeuraient de fervents adeptes de l’union. Les perpétuels changements de régime politique retardaient sa construction. La seule uniformité constatée résidait dans le contexte socio-économique des dix états. En effet, à quelques variantes près, le taux des fléaux sociaux était le même. La catastrophe humanitaire de la fin du deuxième millénaire dans l’ancienne Yougoslavie se poursuivait en ce début de nouveau millénaire provoquant l’extension du conflit aux pays frontaliers. Tchèques et Russes ne cachaient plus leur soutien aux Serbes. Dans certaines régions, leur participation active se manifestait par une aide matérielle et humaine. La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie soutenaient les Bosniaques, du moins le supposions-nous... Cette guerre aux raisons non définies, avait des conséquences désastreuses sur la population civile. Ce sujet brûlant d’actualité, si proche de nos frontières, alimentait régulièrement nos discussions. 26 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Nous avions dîné chez Luc ce soir-là, et nous venions de suivre une émission spéciale sur ce conflit. Notre discussion se porta tout naturellement sur ce sujet. Nous pensions sincèrement que les guerres devaient être disputées par les spécialistes, ceux qui les provoquaient et non par les populations. Ce sont toujours ces derniers qui en souffrent et non les responsables des conflits. Dans ces soirées, nous discutions de tout. Il nous arrivait de nous chamailler mais le plus souvent c’était par simple jeu. Au-delà de l’Europe, chaque continent montrait une totale disparité dans ses conditions socio-économiques. Les pays d’Asie, (Inde, Bangladesh, Pakistan, parmi les plus connus), maintenaient leurs populations dans la misère. Au quotidien, le spirituel était leur meilleur allié ! La Chine, surnommée pays mystérieux par les journalistes, dispensait de rares informations qui ne permettaient pas d’en établir une analyse cohérente. Le Japon par contre, avait ouvert depuis longtemps ses frontières au monde occidental, La récession économique l’avait frappée de plein fouet car cette ouverture n’avait pas encore produit d’effets positifs. Il vivait pour l’instant de ses immenses ressources financières. Comme chez nous le chômage devenait une calamité, son taux avait doublé en l’espace de trois ans et rien ne semblait pouvoir le stopper. Cette nouvelle population inactive bénéficiait de tous les avantages financiers nécessaires à leur situation précaire. Le formidable essor de leur pays auquel ils avaient largement contribué leur était justement rendu. C’est pourquoi, contrairement aux pays Européens, aucun mouvement de société n’existait. L’équilibre social était préservé. Tous les petits états situés à la pointe du continent Américain, y compris les îles environnantes, avaient été annexés et se trouvaient maintenant sous tutelle des États-Unis d’Amérique. Le capitalisme avait momentanément l’avantage d’abolir ces régimes de dictature militarisée. La démocratie mise en place dans ces états redonnait leur dignité à certaines populations. Prenons l’exemple de la Havane : le plein essor de cet état ne fut possible qu’après la chute du régime idéologiquement révolutionnaire. Ce changement attira plusieurs groupes d’affaires et permit le développement actuel. Un de nos amis, Gérard, célibataire intraitable, faisait partie de notre cercle. Un an avant son départ pour Cuba, il était présent à tous nos repas et à toutes nos sorties. Aujourd’hui, il était de retour pour deux mois de vacances. 27 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Le lendemain soir, il arriva à la maison les bras chargés de cadeaux. Chacun eu droit à un petit souvenir. Après le repas, nous prime place au salon. Nous avions dix mille questions à lui poser car il représentait une part de rêve qui manquait dans notre pays. Gérard était ingénieur pour une entreprise de travaux publics spécialisée dans les réseaux routiers. Il prévoyait que son chantier durerait encore environ quatre ans et il se considérait privilégié à la vue de notre situation nationale. Cuba était en plein essor dans pratiquement tous les secteurs d'activité. La population retrouvait une certaine dignité car la misère passée régressait. Elle ne connaissait pas les méfaits des régimes démocratiques et capitalistes. Nous ne pouvions que souhaiter qu'elle ne les découvre le plus tard possible. La soirée se termina sur notre sempiternelle partie de tarot, heureusement personne ne travaillait le lendemain. La situation internationale ne faisait pas vraiment partie de nos principales préoccupations, mais notre attention était sans cesse sollicitée par les nombreux reportages que les chaînes publiques nous imposaient quotidiennement. Il s’agissait sûrement de nous faire comprendre que, par rapport à certains pays, nous n’avions pas à nous plaindre. Ils souhaitaient nous faire oublier nos propres vicissitudes. Conscients de notre propre sort, nous n’étions pas insensibles aux images, notamment celles d’Afrique. Depuis que l’ingérence militaire avait disparu de ce continent, il était livré à lui-même et, chaque année, des milliers de personnes mouraient à cause de la famine, des maladies, des exterminations ethniques ou des conditions climatiques. Seules les associations caritatives dénonçaient ces catastrophes. Sans l’aide des grandes puissances leurs missions, leurs actions n’obtenaient pas de résultats probants. Tout n’était pas noir de par le monde, les pays Islamique s’étaient dépassionnés et avait instauré une nouvelle forme de démocratie. Le tarissement pétrolifère des Émirats Arabes Unifiés n’avait en rien entaché ce que beaucoup d’observateurs appelaient et décrivaient comme un miracle économique. Rien ne semblait pouvoir le déstabiliser. Nous aurions pu prendre exemple sur eux car ils avaient su gérer leurs ressources. Ils avaient su anticiper l'avenir. . L'Amérique aurait très bien pu également servir d'exemple à l'Europe car sa situation économique et sociale était bien meilleure que la nôtre. C'est vrai que les ghettos existaient mais le taux de misère était insignifiant et ceci grâce à son changement radical de politique intérieure.
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