Mausolée de Marie de Namur - Page 3 - Collégiale Saint Ursmer à Binche mausolée érigé en l'honneur de Marie de Namur décédée en 1583 Le mausolée de Marie de Namur 303 Celui-ci ayant décliné cette offre, les Fabriciens demandèrent alors aux deux ouvriers de tailler, dans le marbre ainsi récupéré, 270 carreaux de 15x10cm de côté pour paver la chapelle de Sainte-Barbe ou des fonts baptismaux, travail qui fut achevé le 15 octobre 18384 .» Léopold Devillers s’en faisait également l’écho: «Plusieurs mausolées décoraient jadis l’église de Saint-Ursmer. Mais ils ont disparu ou ont été mutilés, lors de la pose du nouveau pavement, en 18295 : profanation peu commune en Belgique, et qui a soulevé à Binche de justes récriminations. C’est à cette époque que l’on retira du chœur une belle pierre sépulcrale, en marbre de Gênes6 , dont l’épitaphe rappelait la mémoire de Messire Sébastien de Croix, comte de Clerfayt et de Calonne, gouverneur et lieutenant prévôt de la ville de Binche7 »» Si l’assertion de Théophile Lejeune est exacte, le monument existait encore intact et à sa place d’origine en 1856 et avait donc échappé à cette destruction tant décriée de 1838. Léopold Devillers donne un compte rendu d’une visite faite en 1868 de la collégiale Saint-Ursmer de Binche par le Cercle archéologique de Mons8 . Il ne dit pas un mot de ce monument dédié à Marie de Namur avec ses 16 quartiers. Et pourtant, en observateur attentif, il note la présence de deux chapelles jouxtant le chœur. Il rappelle que la chapelle du Saint-Sacrement était, dans le passé, le siège de la confrérie Saint-Nicolas9 . Il donne une description d’un monument se trouvant dans la chapelle Saint-Sébastien, donne des détails sur le personnage auquel est dédié le monument. Lorsqu’il décrit son passage dans la chapelle Saint-André (hors de la collégiale, dans la rue Haute), il relève en détail l’inscription d’une épitaphe; dans le cimetière entourant la chapelle, il remarque la tombe en forme de pyramide élevée à la mémoire d’un artiste italien et en relève les armoiries. Or, nous savons comme nous le verrons plus loin que Léopold Devillers connaissait bien l’existence du mausolée qui nous occupe. Si le monument de Marie de Namur n’avait pas déjà été réduit à sa pierre d’épitaphe et entreposé Dieu sait où et 4 A. MILET, Pose d’un nouveau pavement à la collégiale de Saint-Ursmer, à Binche, et enlèvement de pierres tombales anciennes (1837-1838), dans Cahier binchois de la Société d’archéologie et des amis du musée de Binche, n° 14, 1996, p. 109. 5 L. Devillers se trompe-il de date? Le Chanoine Milet précise bien 1837-1838. 6 Marbre serpentineux vert, veiné de blanc, et flaqué de rouge sombre. 7 L. DEVILLERS, L’Église de Saint-Ursmer à Binche, dans Essai historique et descriptif des monuments du Hainaut, Mons, 1853, p. 12-13. 8 Annales du Cercle archéologique de Mons, t. XX, 1887, p. 216-222. 9 La chapelle où devait se trouver le mausolée, d’après Th. Lejeune. Serge GRAVET 304 invisible, Léopold Devillers n’aurait sûrement pas manqué d’y faire allusion. Le monument aurait donc été déplacé entre 1856 et 1868. La pierre d’épitaphe a été placée dans la chapelle à une date ultérieure, après un séjour dans un lieu qui a dû la détériorer et rendre toute lecture improbable. Nous n’avons pas trouvé de traces de ce transfert dans les comptes de la fabrique d’église, si ce n’est la mention de travaux dans la chapelle du Saint-Sacrement10 . Nous souhaitons ici redonner vie au monument de Marie de Namur et aux armoiries de ses 16 arrière-arrière-grands-parents. 2. Texte de l’épitaphe et description sommaire du monument Voyons d’abord le texte en latin de l’épitaphe que Théophile Lejeune retranscrit dans son ouvrage: «Mariae Namurcae claris natalibus ortae, et antiquis majorum comitum Namurcorum stemmatibus ornatae summis animi, corporis et fortunae bonis donatae, cum in puellari aetate transegisset annos XVIII in matrimonio cum nobillissimo atque prestantissimo viro Jacobo ab Hamaide Cherenae domino [annos] V, in viduitate [annos] XXXVI, ex hac vita mortali in immortalem translatae, in atri[o] carissimae filius amantissimus Carolus hujus urbis praefectus P.E.P. Vixit ann[os] LII mens[es]-dies VI obiit pridie nonas maii an[no] CI I CXXIII». Le texte de l’épitaphe était accosté, comme le laisse supposer le schéma de Th. Lejeune, de 16 carreaux de marbre disposés en quatre colonnes, deux de chaque côté. Dans la première colonne de gauche, on lisait, de haut en bas, les quatre noms suivants: Namur, Savoie, Barbençon, Roisin. Dans la deuxième colonne: Ittre, Bousies, Ophem, Wyterlievin. Dans la première colonne de droite : Liedekerque, Cranne, Morbeque, Steelant et dans la seconde : Ladouvre, Hallewin, Berlette, Lanoy11 . 10 Article 39 de 1867 inscrit en mars 1868: «Payé à Florest Hache marbrier livré 2 seuils en pierre pour le nouvel autel placé à la chapelle St Sacrement travaillé avec un ouvrier pdt 6 jours, le nouvel autel offert par M Stiévenar Missionnaire en cette ville. Autel provenant de l’exposition de Paris». Le placement de l’autel aurait-il demandé le transfert subreptice du mausolée? 11 Th Lejeune orthographie certainement les noms de famille comme il a pu les Le mausolée de Marie de Namur 305 3. Traduction de l’épitaphe. Quelques questions à son sujet 3.1. L’épitaphe relevée par Théophile Lejeune Après avoir comblé les lacunes du texte et fait quelques hypothèses sur certains mots manquants ou abrégés, nous donnons cette traduction de l’épitaphe12 : «À (en hommage à) Marie de Namur, issue d’illustre naissance et parée de l’antique lignée des anciens comtes de Namur, gratifiée des plus hautes qualités d’âme, de corps et de fortune, après avoir passé 18 ans dans le temps de l’enfance, 5 ans de mariage avec un homme très noble et très éminent, Jacques de Hamaide, seigneur de Chereng, 36 ans de veuvage, passée de cette vie mortelle à la vie immortelle, très estimée dans sa maison. Son fils très aimant, Charles, gouverneur de cette ville P.E.P. Elle a vécu 52 ans, -mois, 6 jours, elle est décédée le 6 mai 1623.» Ce texte appelle immédiatement des commentaires. L’inexactitude est flagrante: si on additionne les années correspondant aux différentes périodes de sa vie, 18 (jeunesse) + 5 (mariage) + 36 (veuvage), on obtient 59 ans, alors que le texte dit qu’elle n’a vécu que 52 ans. Un chiffre semble manquer après mens[es] (mois). Autre inexactitude, la date de la mort. Le mariage de Marie de Namur et Jacques de La Hamaide a eu lieu le 4 août 154213 en présence de Monseigneur Robert de Croÿ, duc et évêque de Cambrai, comte de Cambrésis14 . Si l’on fait le calcul on obtient donc 1542 + 5 + 36 = 1583. À rebours, on calcule la date de naissance: 1542 - 18 = 1524. Il serait assez étonnant que le fils, décédé en 1596, ait élevé un monument funéraire à sa mère, morte 27 ans après lui15 . déchiffrer, en tenant compte de l’usure, d’un éclairage insuffisant, d’une mauvaise interprétation du sculpteur au départ... Th. Lejeune est le seul à utiliser la graphie «Wyterlievin»,Comme on le verra ci-dessous, ses choix différent des autres sources. 12 Nous remercions vivement Messieurs Maurice Servais et Bernard Detry pour leur aide. 13 E. LEMAL, Histoire de Courcelles, Marcinelle, 1930, p. 38-39. 14 Information communiquée par le comte René de Brouchoven de Bergeyck. 15 Th. LEURIDAN, Notes pour servir à l’Histoire de Chéreng, Roubaix, 1896, p. 7. Serge GRAVET 306 3.2. Épitaphe en latin dans une publication de Léopold Devillers Dans son essai sur les monuments hainuyers, Léopold Devillers a consacré une étude16 à la collégiale Saint-Ursmer de Binche où il donne quelques lectures d’épitaphes. A priori, cette étude ne devrait rien nous apprendre de neuf, puisqu’il écrit : «Je dois la copie de ces épitaphes à l’estimable Théophile Lejeune d’Estinnes-au-Val. Ce jeune et laborieux écrivain a déjà mis en publication des ouvrages utiles parmi lesquels je citerai celui intitulé Coup d’œil sur le canton du Roeulx, Seneffe, 1853 in 8e .» L’étude de L. Devillers ne comporte pas de date de publication, du moins dans l’édition que nous avons pu consulter. Mais on peut la dater en lisant le début du chapitre consacré à l’église Saint-Julien à Ath: «L’éditeur du Véritable almanach historique du Hainaut, a imprimé dans cet annuaire pour l’année 1853, notre présente notice, mais d’une manière imparfaite [...]». Les errata (page19) retiennent cependant notre attention: «page 13, ligne 29 il faut lire : an CI I XXC III» (soit 1583). Léopold Devillers corrige la date de la mort de Marie de Namur dans une publication de 1853, alors que près de 30 ans plus tard, Théophile Lejeune (a-t-il lu l’erratum?) maintiendra la date de 1623 dans son Histoire de la ville de Binche (ouvrage ayant reçu la médaille d’or d’un concours organisé en 1880, préfacé en 1882 et publié en 1887!) De toute évidence, Léopold Devillers et Théophile Lejeune, qui se connaissaient puisqu’ils publiaient tous les deux dans les Annales du Cercle archéologique de Mons en 1858, n’ont pas réussi à accorder leurs violons en ce qui concerne Marie de Namur. 3.3. Épitaphe en latin dans une publication d’Aimé de Robaulx de Soumoy Dans un article intitulé «Les Namur, vicomte d’Elezée et de Dhuy», A. de Robaulx de Soumoy nous donne aussi le texte de l’épitaphe de la tombe de Marie de Namur17 . La dernière ligne diffère de ce que nous avons déjà pu lire : «Vixit ann LIX menses X dies VI; obiit pridie nonas maii ano MDCIII PIP». 16 L. DEVILLERS, op.cit., p. 1-16. 17 A. DE ROBAULX DE SOUMOY, Les Namur, vicomtes d’Elezée et de Dhuy, dans Annales de la Société archéologique de Namur, vol. 11, Namur, 1870, p. 48. Le mausolée de Marie de Namur 307 Ici, l’âge de la mort est conforme au calcul que nous avons effectué en considérant les trois étapes de la vie de Marie de Namur, soit 59 ans. Par contre, apparaît une nouvelle date pour l’année du décès: 1603. Les trois lettres P E P que l’on pouvait lire dans les précédentes lectures sont remplacées par P I P que peut-être nous pourrions voir comme R I P, le traditionnel Requiescat in pace. Le R et le P peuvent être confondus. Autre précision, le nombre de mois est indiqué: 10. Détail intéressant, A. de Robaulx de Soumoy précise dans une note de bas de page: «Le dessin et la copie authentique de cette tombe sont aux archives de la famille de Namur d’Elezée de Dhuy». On peut penser que A. de Robaulx de Soumoy a eu accès à ce document, d’où les divergences de lecture. Reste toutefois à expliquer la date erronée de la mort. La famille de Namur d’Elzée de Dhuy s’est éteinte en 1890. Florimond de Namur a souhaité que son arrière-petit-neveu, le comte de Brouchoven de Bergeyck, ajoute de Namur d’Elzée à son patronyme. L’arrêté royal du 18 août 1927 a accordé cette faculté. Nous avons prié le comte de Bergeyck, propriétaire actuel des archives, de nous confier une copie du document auquel A. de Robaulx de Soumoy fait allusion, mais jusqu’à présent sans succès. 4. Vérification des noms des ascendants de Marie de Namur et recherche de leurs armes 4.1. Les deux colonnes à gauche de l’épitaphe – Les quatre arrière-grands-parents paternels et les quatre arrière-grands-parents maternels de Philippe de Namur, père de Marie de Namur Voici ce que nous avons pu recueillir sur la descendance de Jean III, fils de Guillaume de Namur et de Catherine de Savoie: «Jean de Namur, seigneur de Trivières est le fils de Jean III dernier membre de la lignée Dampierre Flandre et d’une personne dont on n’a pas conservé l’identité. Il épouse en 1449 Marguerite de Barbençon dont il eut un fils Antoine, seigneur de Trivières, qui épouse Jeanne d’Ittre, dame d’Eppeghem fille d’Englebert et de Marguerite d’Ophem. De ce mariage est issu Philippe de Namur, seigneur de Trivières, qui épousa Jacqueline Serge GRAVET 308 de Gavre, dite de Liedekerke18 et19 . Guy de Barbençon, dit l’Ardenois, seigneur de Donstienne, fils de Jean de Barbençon et Alix de Wez, dame de Willemont († 1422) eut de sa femme Marie de Roisin, dame de Blaregnies, plusieurs enfants, dont Guy, seigneur de Willemont, Jean, seigneur de Donstienne, Nicolas, Casine et Marguerite20 . Guy de Barbençon, seigneur d’Onstienne (sic) et de Willemont, épouse Marie de Roisin qui portait bandé d’argent et de gueules de six pièces21 . Jeanne d’Ittre est la fille de Jeanne de Bousies, dite de Vertaing, et d’Étienne d’Ittre comte de Fauquembergues22 ». Englebert d’Ittre, chevalier, est comte de Fauquembergues, seigneur d’Ittre, Thibermont, Baudeumont, Sart, etc. Il mourut dans un âge fort avancé en 1501. Il épousa Marie van Ophem, dame de Beleghem, fille de Henri van Ophem et de Marguerite de Uyterliemingen. De ce mariage naquit Jeanne d’Ittre qui épousa Antoine de Namur seigneur de Trivières23 ». Antoine de Namur, seigneur de Trivières et de Rianwelz, a été inhumé dans la chapelle Notre-Dame du Puits à Trivières. La chapelle, érigée en 1510, était destinée à conserver une épine de la couronne du Christ reçue du roi de France Louis XII. La pierre tombale recouvrant la sépulture d’Antoine, placée à l’origine au pied de l’autel, est actuellement fixée au mur de la chapelle. La chapelle a successivement été restaurée par la famille de La Hamaide (descendant de Marie de Namur), le baron Wolff de Moorseel et plus récemment par l’actuel propriétaire, Monsieur Jean Estienne24 . Signalons que la Société d’Histoire Statio Ro18 F. V. GOETHALS, Dictionnaire généalogique et héraldique des familles nobles du Royaume de Belgique, t. II, Bruxelles, 1840, p. 362-364. 19 N. DUMONT, Fragmens généalogiques, t. III, Gand, 1862, p. 121-122. 20 J. LE CARPENTIER, Histoire généalogique des Païs-Bas ou histoire de Cambray et du Cambrésis, Leyde, 1664, p. 140. 21 M. DE VEGIANO et S. D’HOVEL, Nobiliaire des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, t. IX, Gand, 1805, p. 96. Convenons que la lecture des armoiries sera toujours en italique. 22 N. DUMONT Recueil généalogique de familles originaires des Pays-Bas ou y établies, Rotterdam, 1775-1778, p. 222-223. 23 Communication du Comte René de Brouchoven de Bergeyck; C. STROOBANT, Notice historique et généalogique sur les seigneurs d’Ittre et de Thibermont, dans Bulletin et Annales de l’Académie d’Archéologie de Belgique, t. II, 1844, p. 665. 24 A. DEWIER, Deux exemples de sanctuaires à répit dans la région du Centre : la chapelle Notre-Dame au Puits à Trivières et Notre-Dame du Bois du Sart à Houdeng, dans Le dernier voyage, Écomusée régional du Centre, 1995, p. 31-40. Le mausolée de Marie de Namur 309 mana y a effectué des fouilles pour retrouver la tombe et les ossements d’Antoine25 , malheureusement sans succès. «Du mariage d’Antoine avec Jeanne d’Ittre est issu Philippe de Namur seigneur de Trivières et de Rianwelz. Marie est la fille de Philippe de Namur et de Jacqueline de Gavre dite de Liedekerke26 ». À propos des parents de Marie, notons encore: «Les Namur étaient seigneurs de Rianwelz et y possédaient un château et un four banal. Aujourd’hui occupé par des particuliers, le château existait déjà au XIe siècle, même si les bâtiments actuels datent du XVIe . Au temps des seigneuries, s’y succédèrent la famille de Namur, la famille de la Hamaide et les marquis de Chasteler, derniers seigneurs de Courcelles-Rianwelz27 ». La pierre tombale de l’église Saint-Lambert de Courcelles représente Philippe de Namur et son épouse Jacqueline de Liedekerke. On peut lire l’inscription suivante: «Chy gist noble homme Philippe de Namur en son temps seigneur de Trivières et de Rianwelz qui trépassa le XI de juillet l’an XV L V IIJ et dame Jacqueline de Liedekerke son épouse qui trépassa l’an ... (pas d’indication).» Surmontant la représentation des époux, on peut voir, au centre, un blason au lion. Les huit noms que nous venons d’énumérer correspondent bien à ceux donnés par Théophile Lejeune et A. de Robaulx de Soumoy, à l’exception de Wyterlievin qu’il faudrait voir comme Uyterlimminghe, si l’on suit l’Abbé Stroobant28 . Nous pouvons donc établir les filiations imagées par les tableaux suivants. 25 P. DEKEGEL, Compte-rendu du déblaiement réalisé par le CAW sur le site de la chapelle Notre-Dame du Puits à Trivières, dans Périodique trimestriel, n° 71 Société d’Histoire Statio Romana, Waudrez, 1996, p. 6-16. 26 F. V. GOETHALS, op.cit., p. 362-364. 27 C. LEMAIGRE, Note relative à la tombe de Philippe de Namur et de son épouse qui se trouve enclavée dans le mur du porche de l’église de Courcelles, dans Société de Paléontologie et d’Archéologie de l’Arrondissement judiciaire de Charleroi, t. VII, 1875, p. 303-305; E. GUILLAUME et T. VAN DEN NOORTGAETE, Courcelles, dans Le Patrimoine monumental de la Belgique. Wallonie, vol. XX: Province de Hainaut, Arrondissement de Charleroi, Liège, 1994, p. 204-205. 28 C. STROOBANT, op.cit., p. 655. Serge GRAVET 310 Guillaume de Namur X X X X Jean III de Namur Inconnue? Jean de Namur Sg de Trivières Antoine de Namur Sg de Trivières Marguerite de Barbençon Guy de Barbençon Marie de Roisin Catherine de Savoie Tableau 1. Arrière-grands-parents paternels de Philippe de Namur, père de Marie de Namur. En rouge, les familles dont les armoiries apparaissent sur la pierre tombale X X X Etienne d’Ittre Jeanne de Bousies dite de Vertaing Englebert d’Ittre Jeanne d’Ittre Marguerite van Ophem Hendrick van Ophem Marguerite Utter Limminghe Tableau 2. Arrière-grands-parents maternels de Philippe de Namur, père de Marie de Namur. En rouge, les familles dont les armoiries apparaissent sur la pierre tombale Recherchons les armoiries des familles dont les noms sont encadrés dans les tableaux. Les armoiries de Jean III de Namur, qui est un descendant de Marguerite de Flandre (Marguerite de Constantinople) et de son deuxième Le mausolée de Marie de Namur 311 mari, Guillaume de Dampierre. Les armoiries de Guillaume de Dampierre étaient: de gueules à deux léopards d’or posés l’un sur l’autre. Après lui, ses descendants adoptèrent les armes de Flandre: d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules. Pour la branche cadette des Dampierre en possession du comté de Namur, les armes de Flandre reçoivent la brisure de cadet, soit une cotice en bande de gueules. Elles se lisent donc comme suit: d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules à la cotice en bande de même. Jean III est le dernier des Dampierre Flandre de la branche cadette. La lignée des Dampierre de la branche aînée ayant adopté les armes de Flandre est éteinte. Jean III peut donc adopter les armes pleines: d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules. L’apparition des armoiries de Savoie s’explique en supposant que l’on a intégré les armoiries de la mère de Jean III, Catherine de Savoie, et non celles de la mère de l’enfant, dont le nom nous est inconnu. Comme l’écrit Albert Huart: «Les blasons chargeant certaines tombes ne sont pas des quartiers mais des blasons de quelques familles alliées, soit ceux de l’ascendance directe d’un ou des deux époux, soit une collection impressionnante mais injustifiée29 ». Les armes de la Savoie se lisent de gueules à la croix d’argent30 . Les armoiries de la maison de Barbençon se lisent: d’argent à trois lions de gueules couronnés d’or31 . Les armoiries de la maison de Roisin sont: bandé d’argent et de gueules de six pièces32 . Les armoiries de la maison d’Ittre se lisent: de sinople au lion d’argent couronné, langué, onglé d’or33 . Les armoiries de la famille de Bousies sont: d’azur à la croix d’argent34 . Les armoiries de la famille van Ophem sont: d’argent à cinq losanges de gueules accolés en bande35 . 29 A. HUART, Recension: Le droit héraldique dans les Pays-Bas catholiques (L. Fourez), dans Revue belge de philologie et d’histoire, Bruxelles, 1934, vol. XIII, n° 3, p. 883-891. 30 J.-B. RIETSTAP, Armorial général précédé d’un dictionnaire des termes du blason, Gouda, t. II, 1861, p. 930. 31 Ibidem, p. 70. 32 Ibidem, p. 891. 33 C. STROOBANT, op. cit., p. 367. 34 M. PASTOUREAU et M. POPOFF, L’Armorial Bellenville, Lathuille, 2004, p. 261. 35 Il existe deux familles avec le même patronyme. Nous avons opté pour les armes attribuées aux Ophem dans l’armorial de Lalaing, fol. 79 r. On peut Serge GRAVET 312 Le dernier nom de famille figurant dans la deuxième colonne est orthographié de nombreuses façons: pour l’abbé Stroobant c’est Uyterliemingen et dans le dictionnaire d’Aubert de la Chenaye des Bois «Limminghe ou aussi Wytten-Limminghe [...] famille noble du lignage de Louvain, qui est la première et la plus ancienne. Elle a pour auteur Louis Wytten-Limminghe, chevalier et grand mayeur de Louvain en l’année 1111, lequel fut père de Wautier, aussi grand mayeur en 1136 et de Godefroy Ier du nom qualifié du titre de chevalier, ainsi que ses fils Gérard et Godefroy II dans une charte de 1146. Ce dernier ajouta à celui de Limminghe le nom de Vanden Berghe, et la postérité l’a toujours conservé avec une brisure dans les armes pour les distinguer de la branche aînée, qui porte seule le nom de Wytten-Limminghe. Cette branche aînée s’est éteinte dans le dernier siècle [...]36 .» Félix Victor Goethals consacre plusieurs pages à une famille de Louvain Uuterlimminghe37 . Dans l’Armorial de la Noblesse belge, il est fait état de la permission accordée à Lamoral van den Berghe, président de la Chambre des Comptes du Brabant à Bruxelles, de relever les armes d’Utterlimminghe (Madrid, 17 janvier1678. Le roi Charles II)38 . Nous reprenons la description et le nom donnés par cet Armorial. Les armoiries de la famille Utterlimminghe sont : d’or à trois pals d’azur au chef de gueules. 4.2. Les deux colonnes à droite de l’épitaphe 4.2.1. Les quatre arrière-grands-parents paternels de Jacqueline de Liedekerke, mère de Marie de Namur Dans la première colonne figurent les armoiries des quatre arrière-grands parents paternels de Jacqueline de Gavre, dite de Liedekerke, mère de Marie de Namur, comme nous l’avons vu plus haut. Dans les pages que consacre Victor Goethals à la famille de Gavre, nous pouvons lire des indications qui nous permettent d’établir la filiaaussi trouver d’argent à trois maillets de gueules dans G. DANSAERT Nouvel Armorial belge, Bruxelles, 1949, p 313 et D. BREULS DE TIECKEN, Armorial bruxellois, 2009, p 9293. 36 AUBERT DE LA CHENAYE-DESBOIS, Dictionnaire généalogique, héraldique, historique et chronologique, t. IX, Paris, 1767, p. 45. 37 F. V. GOETHALS, Miroir des Notabilités nobiliaires de Belgique, des Pays-Bas et du Nord de la France, t. I, Bruxelles, 1857, p. 565-576. 38 P. JANSSENS et L. DUERLOO, Armorial de la Noblesse belge. Du XVe au XXe siècle, Bruxelles, t. A-E, p. 251.
Mausolée de Marie de Namur - Page 3
Mausolée de Marie de Namur - Page 4
viapresse