Focus magazine 44 - Page 72 - Focus 44 est arrivé ! Pour cette deuxième partie de l’été et la rentrée prochaine, nous vous avons préparé de quoi vous occuper sur la plage ou au bord de la piscine. On commence avec deux personnages du design italien Piero Lissoni et Simone Micheli puis *focus magazine70 Il y a, si j’ai bien compris, des projets communs et parfois d’autres en solo … Exactement ! C’est selon les périodes. Ça a pour avan- tage de nous renouveler artistiquement parlant. La re- cherche plastique et graphique de chacun apporte forcé- ment de la fraîcheur dans nos prods, ce qui nous permet d’éviter de tourner en rond, c’est à chaque fois comme un challenge. Dernièrement, on a exposé chacun en solo, même si il est vrai que Honda, de par son activité perso, est celui de nous trois qui expose le plus régulièrement. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre sphère créative, vos influences, vos sources d’inspiration ? Elles sont très variées. En règle générale on réagit facile- ment à quelque chose qui sort de l’ordinaire que ce soit à travers l’idée qui en découle ou par la manière dont ça a été fait. Cela peut passer par l’architecture, la photo ou l’art contemporain, mais le plus souvent, ce sont des idées qui nous sortent de la tête sans savoir comment. Actuellement, en ce qui concerne nos peintures, on porte un soin particulier au lieu et au support car ils jouent beaucoup sur notre travail. On aime jouer avec l’envi- ronnement du spot, même si cela se vérifie plus souvent en terrain que dans la rue. Comment faites-vous pour collaborer avec des grosses structures comme Kidrobot, Absolut et SNCF ? C’est le bouche à oreille qui fait tout le travail. Les projets aboutissent ou non, mais on n’a jamais eu à chercher ou à démarcher de clients ou d’agences. Nous avons cette chance d’être contactés directe- ment, ce qui est plutôt une bonne chose car la plu- part du temps le client connaît notre travail, l’appré- cie et donc nous laisse carte blanche sur les créas. Parlez-nous un peu de ces nouvelles techniques et ma- tières que vous utilisez… On ne peut pas vraiment dire qu’on cherche à dévelop- per de nouvelles techniques ou à utiliser de nouveaux matériaux, c’est plutôt eux qui viennent aussi vers nous Art / Graphisme *focus magazine 71 et à ce moment-là on va réfléchir à comment les réutili- ser à bon escient. On fait aussi souvent avec ce qu’on a sous la main…de l’acrylique, des bombes, de la ficelle, de l’adhésif… Par exemple quand nous avons créé notre propre ligne de mobilier sous le nom de « projet auto- nome », nous recherchions un matériau léger, facilement usinable et imprimable. De ce fait notre expérience dans l’évènementiel nous a tout simplement conduit vers les fabricants de PLV. Chacun y va de sa découverte, de ses propres petits « tests » ! Il faut toujours aller de l’avant et tester de nouvelles matières, techniques,… Dans nos projets persos, Honda aime le travail du béton sur ses toiles, Onde lui, c’est le papier, les découpes, le travail des ombres. Quel regard portez-vous sur le graphisme français ? Pas des meilleurs....même si beaucoup sont très forts et créatifs, à tel point qu’on peut parler d’artistes pour cer- tains. Malheureusement, il est bien connu qu’en France, la mentalité au niveau du graphisme est assez spéciale et surtout « nombriliste ». Le français est assez frileux et c’est bien dommage. Mais malgré tout, on aime penser que les mentalités changent peu à peu. Pouvez-vous nous parler un peu de vos projets en cours et des prochains ? On n’a pas vraiment de projets en cours. Trouver un atelier (d’ailleurs si vous avez des pistes - rires ), conti- nuer à peindre encore et encore, un long road trip au Canada pour Hobz et Honda, et travailler ensemble sur de belles réalisations, des expos… En tout cas, la rentrée 2010 risque d’être très active pour le Turbo. Pour vos dix ans l’année prochaine, vous avez prévu quelque chose ? Ah ouaiiiiis ... dix ans déjà ... évidemment qu’on a prévu quelque chose et ce sera énorme, du jamais vu, de l’ex- ceptionnel qui fera date dans l’histoire de l’art... (merde, merde, merde, on n’est pas dans la merde) ... vous ver- rez bien ... ça vaudra le déplacement (rires). En tout cas, vous en serez les premiers informés. www.trbdsgn.net www.arnaud-liard.com www.lebureaudeonde.com http://monsieurhobz.tumblr.com Art / Graphisme *focus magazine72 *focus magazine 73 Gilles Goujon Consacré par une troisième étoile au guide Michelin cette année, le natif de Bourges, Gilles Goujon installé à l’Auberge du Vieux Puits à Fontjoncouse, est sans doute l’un des chefs cuisiniers français les moins connus mais son parcours et son talent parlent pour lui. Présentation d’un grand passionné, ardent défenseur du produit et des paysans. O n dit souvent que les épreuves de la vie forgent un homme ! Gilles Goujon le sait probablement mieux que d’autres. Les difficultés, il en a connues, des joies aussi. Elles l’ont fait avancer sans aucun doute. Enfant, il déménage souvent, cinq années passées au Maroc, l’Allemagne ensuite puis retour en France, à Metz et Pont-à-Mousson... car son père est aviateur dans l’armée. Muté à Montpellier, ce dernier emmène sa petite famille pour le sud de la France, une terre qui va le voir se révéler. Malheureusement, le décès du chef de famille oblige Mme Goujon à chercher un emploi ; ce sera à Béziers. Une période difficile pour le jeune Gilles. Mais à 17 ans, en échec scolaire, il se décide à rentrer dans la vie active et décroche un job de serveur le samedi pour des mariages et banquets. « Voir les gens heureux m’a réconcilié avec la vie ». Devenir chef n’était peut-être pas inné pour Gilles mais le destin l’a conduit sur cette route. « Lorsque je travaillais comme serveur, j’entendais, autour de moi, des « oui chef, oui chef ». Je trouvais fabuleux qu’un homme puisse avoir cette autorité-là, alors un jour j’ai dit à ma mère, « je veux être cuisinier ». Et je suis entré en apprentissage...». C’est à l’hôtel de la Compagnie du Midi à Béziers qu’il va le débuter en tant qu’apprenti bien sûr. Les horaires et la charge de travail ne sont pas les mêmes mais il n’est pas impressionné. Plutôt prêt à aller de l’avant ! Rapidement Gilles Goujon fait parler de lui et est nommé Meilleur Apprenti Cuisinier en 1980. Sa voie est toute tracée. Vont s’en suivre de nombreuses et riches expériences : deux ans au Ragueneau à Béziers chez les frères Rouquette, puis direction le Moulin de Mougins (3*) dirigé par Roger Vergé où il est chef de partie. C’est la révélation ! Il y découvre LA cuisine méditerranéenne et le plaisir de dresser une assiette. Par la suite, il fera un passage éclair en Suisse avant de revenir aux cotés de Mr Vergé mais cette fois-ci à l’Amandier de Mougins (2*) avant de rejoindre le Petit Nice à Marseille. Gérald Passédat, alors malade est remplacé par Gilles Goujon, mis sous pression mais qui s’en sortira finalement avec les honneurs. Gastronomie dans son théatre des saveurs © Photos : François Poincet *focus magazine74 En avril 1987, il atterrit à l’Escale à Carry Le Rouet où il officie en tant que 2nd de cuisine (87-88 puis 90-91 comme chef). Quatre mois à l’Espérance de Marc Meneau en 89 puis au Réverbère à Narbonne achèveront une grande étape de sa vie. La prochaine : ouvrir son propre établissement. Agé de 30 ans, Gilles Goujon se décide enfin. A la recherche d’une bonne affaire depuis quelques temps, la mairie de Fontjoncouse prend contact avec lui et l’informe que l’Auberge du Vieux Puits vient de fermer pour cause de faillite. Une visite s’impose. Le rendez-vous est pris mais le chemin est long pour y arriver. Gilles et sa femme se perdent en route et se demandent où ils vont atterrir. Une fois arrivés, ils se rendent compte de la difficulté de faire venir les clients. Mais finalement, Marie-Christine, sa femme, finit par se dire que l’Auberge a du potentiel et qu’il faut tenter l’aventure malgré l’état de la cuisine. Gilles et sa femme acceptent et s’installent. L’ouverture a lieu en juin 1992 grâce à l’aide précieuse de la famille. Un grand moment, inoubliable pour tout le monde. Les premiers mois furent très compliqués, malgré son arrivée en finale du MOF en 1993. Mais en tant que grands professionnels, Gilles et sa femme persévèrent, jusqu’en 1995 où ils sont invités à une émission de télévision qui va les faire connaître. L’année suivante (1996), l’affaire commence à bien tourner et Gilles remporte le concours du MOF, une première victoire qui annonce la suite. La première étoile arrive en 1997, en même temps que la naissance de son fils, Au fur et à mesure du travail accompli, l’Auberge du Vieux Puits trouve son rythme de croisière et Gilles Goujon continue d’impressionner ses pairs par sa cuisine : « authentique, savant mélange de goûts bouleversants, axée sur le produit, légère et inventive ». L’œuf poule Carrus «pourri» de truffes melanosporum sur une purée de champignons et truffe d’été, briochine tiède et cappuccino à boire; Tourte d’anguille saoule de vin blanc en matelote d’herbette et girolles, fine croûte de pain rôtie aux herbes ou Suprême de pintade en fausse peau «pralin pistache», gras de cuisse rôti, «fagot» de haricots verts et échalotes confites, jus de déglaçage et glace pistache ». Alléchant n’est-ce pas ?! « Epouser les saisons et renouveler son répertoire ». Gilles Goujon est logiquement récompensé par une deuxième étoile en 2001, quelques temps après l’arrivée d’un deuxième enfant. L’Auberge passe un nouveau cap et inaugure l’hôtel de 8 chambres en 2002. L’équipe s’est considérablement étoffée et vit comme une vraie famille. Ce sont là quelques clés de la réussite... Aimer et le rendre tout simplement. Il faut désormais conserver ce troisième macaron, bien mérité. RESTAURANT GILLES GOUJON - AUBERGE DU VIEUX PUITS 5, Av St Victor - 11360 Fontjoncouse www.aubergeduvieuxpuits.fr Gastronomie *focus magazine 75 *focus magazine76 *focus magazine 77 *focus magazine78 *focus magazine 79 C’est en décembre 1914 que la Società Anonima Officine Alfieri Maserati voit le jour à Bologne. En près d’un siècle d’existence, la firme italienne a connu des heures de gloire aussi bien sur les circuits que sur la route.Rachetée par Ferrari à la fin des années 90,elle a désormais entamé un nouveau cycle depuis son rattachement à Fiat il y a cinq ans. Maserati M aserati c’est l’histoire d’une famille, celle de sept frères passionnés d’automobile : mécanique, construction ou études de projet, chacun d’entre eux est lié de près ou de loin à la naissance de la marque au Trident. C’est Carlo, l’aîné, qui fut le premier à mettre les mains sur un moteur avant de devenir pilote d’essai en 1903 chez Isotta Fraschini. Très vite rejoint par son jeune frère Alfieri, Carlo connaîtra une carrière brillante mais courte puisqu’il meurt à 29 ans. Alfieri s’affirme donc comme l’héritier spirituel de Carlo et devient à son tour technicien, pilote puis représentant d’Isotta Fraschini à l’étranger avec un autre de ses frères, Ettore. En 1912, il revient à Bologne et souhaite se consacrer aux affaires. Il veut devenir industriel. Fort de ses expériences passées, il installe en 1914 le premier siège de la Società Anonima Officine Alfieri Maserati dans un local du centre historique de Bologne. Toujours liés à Isotta Fraschini, les Maserati oriente petit à petit leur activité vers d’autres types de voitures. Après avoir fait parler de lui lors de courses, Alfieri se plonge dans le travail d’atelier et termine la première Maserati en 1926, la Tipo 26 qui affiche le fameux Trident. Trois ans plus tard, la Tipo V4 équipé d’un moteur 16 cylindres fait ses débuts au Grand Prix d’Italie et établit un nouveau record du monde de vitesse : 246,069 km/h. Un succès qui permet à Maserati d’obtenir des capitaux et de se développer considérablement. En 1932, Alfieri décède et deux de ses frères prennent la relève, Ernesto et Ettore. Ils mettent au point un moteur 8 cylindres de 3L. 1933 marque l’arrivée de Tazio Nuvolari, un talentueux technicien qui perfectionne le châssis Maserati pour l’adapter aux nouvelles motorisations. S’en suivent plusieurs victoires en Grand Prix (Belgique, Montenero et Nice). Gino Rovere rejoint la firme en 1936 et investit des fonds. Les actions sont finalement cédées à la famille Orsi en 1937, qui déménage le siège de Bologne à Modène, ville où sont toujours produites les voitures actuelles. En 1939, le Trident remporte les 500 miles d’Indianapolis sur le modèle 8CTF. Pendant la guerre, Maserati produit des voitures électriques avant de revenir à la fabrication de l’A6 1500, une nouvelle GT. Les années 50 sont synonymes de compétition contre Alfa Roméo, Ferrari et Talbot et de titres en GP avec Fangio notamment en 1957 sur la 250F. C’est le premier titre mondial de F1 pour Maserati. Automobile une saga italienne © Photos : Maserati press
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