PÊCHE EN MER n°469 - Page 2 - 469 3 MAGAZINE a météo pour la première partie de l’année a été mauvaise. Même le début de l’été semble avoir raté son rendez-vous avec le soleil, contrairement au vent qui avait bien du mal à s’assagir. Les sorties ont été rares et les dépenses modestes. De l’avis des détaillants, 2024 est, pour le moment, médiocre et suscite une certaine inquiétude. Côté bateaux, ce n’est guère mieux. Les concessionnaires nous parlent d’une période de six mois plus que calme. La hausse des taux d’intérêt pour les prêts conjuguée à la suppression de l’abattement forfaitaire de 10 % sur la TVA pour le leasing, modèle qui soit dit en passant s’effondre, a freiné les irréductibles futurs marins qui se voyaient suffisamment à l’aise passer par-dessus l’augmentation des tarifs et ainsi réaliser coûte que coûte leur rêve d’évasion. Car dans les conditions actuelles, acheter un bateau pourrait coûter jusqu’à 30 % plus cher qu’il y a deux ans… « Les études de financements, c’est le coup de grâce pour les intéressés », nous glisse un revendeur. Et c’est tout naturellement que les stocks grossissent. Le marché de l’occasion n’est pas en reste, les reprises de l’hiver dernier s’accumulent avec très peu de ventes au printemps. Certains chantiers s’inquiètent même du peu d’entretien fait par les propriétaires cet hiver. Le marché ÉDITO semble en léthargie et, mécaniquement, il se sature d’offres. Le constat est sans appel, nous sommes dans une crise installée que l’instabilité politique du moment n’arrangera pas. Toutefois, cette saturation de l’offre pourrait avoir un bénéfice malgré l’augmentation des taux d’emprunt : celui de voir les concessionnaires en manque de trésorerie casser les prix afin de remettre du cash dans la machine. Il y aura donc à parier que quelques beaux coups seront possibles aux différents salons de cet automne. Dans tous les cas, en attendant votre futur Boston ou Merry, les poissons sont bien là, et le soleil aussi. Alors n’hésitez pas à aller tremper votre ligne, mais en faisant attention à la réglementation en Méditerranée, car, dans les Calanques et le golfe du Lion, il faudra désormais déclarer votre identité et vos prises sur une application que vous pouvez retrouver sur le site Web des Affaires maritimes… Bel été à vous tous ! Benoît Simon Hors-série n°47 Spécial bar & thon 2024 Hors-série n°44 Spécial technique 2022 Hors-série n°27 Cuisine de la mer 2024 Et aussi… L Le marché sature, mais le poisson est bien là Président du Conseil de surveillance: Patrick Casasnovas Présidente du Directoire: Sophie Casasnovas Directeur général: Frédéric de Watrigant RÉDACTION Rédacteur en chef: Benoît Simon - 33 17 Photographe: Bruno Berbessou Secrétaire de rédaction: Valérie Canale Maquette: Frédéric Claisse - 33 23 Voile & Moteur André-Bernard Vidie Sherine Lefebure PHOTOGRAVURE Flavien Bonanni - 35 29 Hugues Vuagnat - 34 89 Ont collaboré à ce numéro: A. Filleul, G. Fourrier, K. Guéniot, J. Japa, D. Mourizard, B. Noël, H. Petitbon, M. Ponroy, B. Soulard, F. Teissonnière, J.-M. Thierry. Correspondants régionaux: P. Alves (Granville), Vincent Ottmann (Brest) C. Charpentier (Arcachon), F. Couzinet (La Rochelle), C. Duhaut (Calais), J. Dussaud (Le Graudu-Roi), P. Gillou (Roscoff), K. Guéniot (Corse), J. Leux (Saint-Malo), J. Morgado (Saint-Jean-deLuz), M. Ponroy (Saint-Nazaire). PUBLICITÉ Directeur de publicité halieutique: Laurent Lallier - 33 42 laurent.lallier@editions-lariviere.com Directeur de publicité nautisme: Bertrand Frizac - 33 38 bertrand.frizac@editions-lariviere.com Chef de publicité: Manon Pirotte - 33 20 manon.pirotte@editions-lariviere.com Assistante de publicité: Manon Roger - 33 40 manon.roger@editions-lariviere.com PROMOTION DES ABONNEMENTS Carole Ridereau - 33 48 SERVICE DES VENTES Chefdeproduit: Emmanuelle Gay - 34 99 COMPTABILITÉ Poste: 32 39 - fax: 01 41 40 32 58 ACCUEIL CLIENTS Abonnements/vente par correspondance Tél.: 03 44 62 43 79 E-mail: abo.lariviere@ediis.fr 45 avenue Général Leclerc 60643 Chantilly CEDEX ABONNEMENTS TarifFrancemétropolitaine:1an+HSBarversion papier&numérique:140,82€. Montantduprélèvementmensuel:6,80 €. Autrespaysetparavion,nouscontacterau (33)0344624379. PÊCHE EN MER est une publication des ÉDITIONS LARIVIÈRE Espace Clichy - Immeuble Sirius 9, allée Jean-Prouvé 92587 Clichy CEDEX Fax: 01 41 40 34 14 E-mail: pecheenmer@editions-lariviere.fr Site Web: voileetmoteur.com Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du numéro indiqué après son nom. SAS au capital de 3200000 € Dépôt légal : 2e trimestre 2024 Commission paritaire: n° 0525 K 86603 N° TVA Intracommunautaire: FR 96 572 071 884 RCS Nanterre B 572 071 884 CCP 115 915 à Paris. 12, rue Mozart, 92587 CLICHY Cedex Tél.: 01 41 40 32 32. Fax: 01 41 40 32 50 Directeur de la publication et responsable de la rédaction: Patrick Casasnovas. Impression: Imprimerie de Compiègne. ZAC de Mercières, 60205 Compiègne. Diffusion MLP. Printed in France/Imprimé en France. Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier: Suède Taux de fibres recyclées: 22% Certification: PEFC / EU ECO LABEL Eutrophisation: 0,01 kg/tonne 4 PÊCHE EN MER / Août 2024 / n° 469 SOMMAIRE Éditorial 3 Embruns pêche 6 Embruns compétition 8 Embruns interview 9 Baromètre des côtes 10 ■ TECHNIQUE & PÊCHE Pêche facile Le tout venant au tenya du bord 18 Surfcasting De nuit,le pourquoi et le comment 24 Technique Le bar et son rapport au temps 28 Pêche au large L’émissole au crabe,ça décoiffe ! 36 Connaissance Il y a du mouvement dans la mer ! 44 La lamproie marine 48 24 60 Connaissance La lamproie marine Abonnement sur Internet: www.editions-lariviere.fr Facebook: @pemmag Instagram: pecheenmer Youtube: pêche en mer magazine Photo de couverture: Emissole en rade de Brest par Guillaume Fourrier. 48 Bord & large De La Rochelle à Hendaye 36 Surfcasting De nuit, le pourquoi et le comment @pemmag @pecheenmer pêche en mer magazine www.voileetmoteur.com Pêche au large L’émissole au crabe 5 Portrait Julien Rondineau,leTurballais 54 Bord & large De La Rochelle à Hendaye 60 ■ BATEAUX & ÉLECTRONIQUE Embruns nautiques 68 Zoom Quelle santé pour le marché nautique 70 Essai en mer Humber 750 Offshore 72 ■ APRÈS LA PÊCHE Chronique L’ange de mer … et les picarels 78 Recettes Bocaux de maquereaux a la tomate 80 ■ ADRESSES CLASSÉES Bonnes adresses et contacts 82 Technique q Le bar et son rapport au temps 28 72 Essai en mer Sabor 600 Hard Top Portrait Julien Rondineau, le Turballais 54 6 EMBRUNS PÊCHE C’était un combat qui était mené de longue date par la DMA (Défense des milieux aquatiques), c’est désormais fait: la pêche du saumon est maintenant fermée pour toutes les catégories de pêcheurs. Dans son communiqué de presse, l’État explique que «fin juin 2024, sur la base des effectifs arrivés sur les frayères, estimés dans le bassin Adour à 600 individus, l’analyse de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) NouvelleAquitaine révèle une évolution très défavorable, comparable aux plus mauvaises années observées (2018 et 2023). En cohérence avec les décisions prises en responsabilité par les représentants de la pêche professionnelle maritime ou de la pêche de loisir en eau douce, les préfets des PyrénéesAtlantiques, des Landes et de Nouvelle-Aquitaine ont décidé de suspendre immédiatement pour tous les pêcheurs les autorisations de pêche du saumon sans attendre la fin de la saison de pêche. Les indicateurs seront suivis avec attention dans les semaines à venir et feront l’objet d’un examen en comité de gestion des poissons migrateurs dès cet automne». Cette mesure est symbolique de la volonté de l’État de rendre la réglementation pêche plus drastique. Cela fait seulement quelques mois que le nouveau règlement de la politique commune de la pêche est en vigueur et déjà les remous apparaissent. En effet, la Lettonie et la Lituanie ont proposé d’amender l’article 14 sur les prises accessoires dans la Baltique et les obligations qui en découlent, car les sanctions qui en résultent sont injustes d’après les ministres de l’UE qui ont été réunis en conseil « Agriculture et pêche » (AGRIPECHE). Toujours selon ces ministres, lors de la pêche au hareng ou au sprat dans la mer Baltique, de nombreuses espèces très communes et non commercialisées, comme l’épinoche à trois épines, le chabot à quatre cornes, l’éperlan, la loquette ou le gobie à taches noires, sont capturés accidentellement. Ferme, le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a expliqué sèchement que : « Pour répondre à cette demande, il faudrait amender le règlement qui vient à peine d’être révisé après cinq ans de discussions intensives et compliquées. » C’est devenu un refrain. Chaque été, les pêcheurs auront droit à leur petit point réglementaire. Et dans la continuité de l’année 2024, celui-ci concerne à nouveau le lieu jaune. En effet à compter du 1er juillet, dans la zone située au sud du 48e parallèle, la maille du pollack passe désormais à 42 cm. «Le stock de lieus jaunes en zone VIII fera l’objet d’une nouvelle mesure au 1er juillet 2024. Le règlement UE 2024/257 du 10 janvier 2024 (RTQ) fait l’objet d’un amendement qui prévoit notamment la hausse de la taille minimale de capture du lieu jaune en zone 8 à 42 cm pour la pêche professionnelle. L’article R921-84 du CRPM prévoit que les mesures de gestion de la pêche professionnelle, dont la taille minimale de capture, s’appliquent automatiquement à la pêche de loisir. Ainsi, au 1er juillet 2024, la pêche de loisir sera égale soumise à une taille minimale de capture de 42 cm en zone 8. L’arrêté du 26 octobre 2012, relatif aux tailles minimales de capture pour la pêche de loisir, devrait être mis à jour avant la fin de l’année 2024 (pour l’instant, cet arrêté prévoit une TMC de 30 cm en zones 7 et 8 pour le lieu jaune). Une réflexion sera menée également au niveau national pour aligner cette mesure sur la zone 7 dont le stock est également en mauvais état.» Dans les faits, cela ne change pas grand-chose pour le pêcheur qui s’imposait déjà une maille supérieure à cela. D’ailleurs, de nombreuses voix critiquent la faiblesse de la mesure, souhaitant que la maille soit plus élevée. Il est à parier que la Manche adoptera la maille d’ici 2025. SAUMON DE L’ADOUR Fermeture pour tout le monde sur le bassin UNION EUROPÉENNE LA NOUVELLE PCP FAIT DÉJÀ DES VAGUES LIEU JAUNE La maille passe à 42 cm en Atlantique sud Certains pêcheurs ont été appréhendés cet été en train de pêcher dans les eaux anglaises de Jersey et de Guernesey. Nous vous rappelons donc que les eaux des Anglo-Normandes ne sont qu’à une quinzaine de miles de Saint-Malo et que pêcher le thon rouge dans ces eaux est interdit, même en no-kill. Pour vous y retrouver, nous vous proposons ce schéma réalisé par le CPAG de Granville, avec, en rouge, les zones prohibées et en jaunes les zones autorisées à la pratique. Les pêcheurs avaient jusqu’au 13 juin pour donner leur avis sur un projet d’arrêté pour la pêche de loisir sur le cap Corse et aux Agriates. En effet, les pouvoirs publics désirent «mieux gérer la ressource» de ce parc, et, à l’instar des calanques et du golfe du Lion, les autorités voudraient que chaque pêcheur dispose d’une autorisation préalable d’activité et déclare ses prises de manière dématérialisée sur l’application CatchMachine. En outre, nos décideurs souhaitent limiter les prélèvements de poissons et de céphalopodes. Un total maximal de 5 kg de prises pêchées ou détenues par personne et par jour pourrait être appliqué. Enfin, si un préjudice est constaté, l’arrêté propose d’entraîner le retrait de l’autorisation d’activité ou le non-renouvellement l’année suivante. Ce serait donc désormais trois parcs marins méditerranéens qui seraient concernés par ces arrêtés. À quand l’Atlantique? Vous l’attendiez tous pour régaler vos hôtes cet été avec les poissons que vous avez réussi à attraper, eh bien le voilà en kiosque. Ce horssérie Cuisine de la mer vous propose de découvrir 37 recettes allant de l’entrée au dessert, avec, comme philosophie, « faire simple et en même temps raffiné ». Chacune des recettes sera accompagnée d’un vin choisi par l’un de nos deux chefs, Bernard Noël, de La Tour Montlhéry, à Paris, et François Teissonnière, du Baligan, à Cabourg. Toutefois, si cela ne vous convient pas, nous vous suggérons une sélection de 8 vins qui pourront servir d’alternatives. À vos fourneaux ! RAPPEL THON ROUGE PÊCHE INTERDITE DANS LES ANGLO-NORMANDES CAP CORSE BIENTÔT UNE NOUVELLE RÉGLEMENTATION? HS CUISINE RECETTES DE POISSONS 37 CHIFFRE DU MOIS 40 C’est l’âge qu’a cette année l’Ifremer. Né en 1984 de la fusion du Centre national pour l’exploitation des océans (Cnexo) et de l’Institut scientifique et technique des pêches maritimes (ISTPM), l’Ifremer est un institut français de recherche entièrement dédié à l’océan, de la côte au large, de la surface aux abysses. Depuis 40 ans, dans et depuis l’Hexagone et l’outre-mer, il est le référent national pour l’observation de l’évolution de la vie maritime. 7 HS CUISINE Première édition du Défi Pesked, le remplaçant de la SKF Les 7 et 8 juin se déroulait à Clohars-Carnoët (29) la première édition du Défi Pesked, une compétition no-kill et multiespèce de pêche en kayak, organisée par l’APSB (Association de pêche sportive du bar), et regroupant 45 binômes prêts à en découdre. Texte d’Alexandre Soenen. Milenko Stoychev et Matthieu Guennal (au centre) respectivement 1er et 3e de la compétition. 8 EMBRUNS COMPÉTITION e challenge est directement issu de la mythique Sea Kayak Fishing, une des compétitions de référence de pêche en kayak en mer, et constitue de fait le rassemblement de nombreux experts de cette pratique, le tout avec un faible impact environnemental sur le site choisi. La chance était de leur côté, puisqu’une météo parfaite sur le week-end, avec un léger vent de terre, a permis à l’ensemble de la flotte de prospecter la zone qui s’étendait le long de la côte sur approximativement 6 km de long pour 2,5 km de large. Pour la première édition de ce concours, les organisateurs ont décidé d’intégrer de nouvelles règles qui ont ajouté du piment au challenge. La compétition s’est déroulée comme un tournoi, avec un système de trois manches sur deux jours: 8 heures de pêche le vendredi pour répartir les concurrents en deux groupes, puis deux manches de 4 heures le samedi matin et après-midi. Ce système offrait la possibilité d’être repêché à l’issue de la matinée du samedi pour potentiellement accéder au groupe des 10 équipes finalistes se départageant sur l’après-midi. Les poissons permettant de comptabiliser des points ont été annoncés la veille au soir de chaque manche. Le premier jour, les cinq espèces étaient le bar, le lieu, le maquereau, le chinchard et la seiche, et le second jour, la vieille en remplacement du chinchard. En plus de permettre à des pêcheurs de partager leur passion, ce type de compétition met en valeur d’autres espèces de poissons qui méritent tout autant notre considération.Trop souvent perçu comme LE poissontrophée, le bar subit de plein fouet la pression de pêche et est donc soumis à des quotas depuis plusieurs années maintenant. Lors de cette épreuve, il était possible pour marquer des points de prendre des bars, même si ceux-ci n’étaient pas très réactifs. La meilleure stratégie s’est révélée in fine de compléter les quotas de trois individus au-dessus de la maille par les quatre autres espèces annoncées. On comprend alors que la victoire peut se jouer sur une vieille ou un maquereau! Pour preuve, les vainqueurs gagnent en finale avec un quota de trois maquereaux, trois vieilles, et un lieu de plus de 30 cm. Bravo à eux! ■ C Le mot des vainqueurs Le mot de l’organisation «Pour cette première édition, c’était une compétition difficile avec un niveau relevé. Et comme la pêche était dure, on savait que 2 cm pourraient faire la différence. Avec plusieurs participations à des compétitions de pêche en kayak, nous avions un peu d’expérience, mais nous ne sommes pas des habitués des podiums. Nous savions que l’on n’avait pas trop mal pêché pendant la finale, mais on ne pensait pas figurer dans le top 3, et on grimpe sur la première marche! On a eu un premier jour catastrophique et on s’est donc retrouvés en poule B, en consolante, avec au final du beau monde dans cette poule qui s’annonçait relevée! Le deuxième jour, après avoir pêché dans peu d’eau sans grand résultat, nous avons mis le cap au large sur un plateau avec des profondeurs entre 15 et 17 m. Ensuite, Black Minnow et Tokon Jig ont parfaitement joué leurs rôles… Pour l’anecdote, sur les deux manches du samedi, en grattant dans les cailloux à 5 minutes de la fin, ce sont les vieilles qui ont bouclé nos quotas et nous ont permis de finir premiers de la poule B, et de remporter la compétition le samedi après-midi avec un doublé à la dernière minute, improbable! Nous avons choisi de partager notre Price Money avec la SNSM: c’est un geste que l’on voulait faire puisqu’on n’est pas venus pour gagner de l’argent, mais d’abord pour prendre du plaisir. » «Après 10 années de la SKF en 2022, on a voulu créer autre chose, en en conservant certains aspects, comme le camping, le côté multiespèce, et évidemment la pêche en kayak. En revanche, on a choisi de mettre en place un système de tournoi avec des étapes. Tu peux très bien te louper le premier jour, et revenir fort le 2e jour pour aller en finale. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour deux des équipes qui ont fini sur le podium! Les compétiteurs avaient la possibilité de suivre leur propre stratégie: être le meilleur tout le temps, ou faire du repérage le premier jour, pour scorer le second. Cette année, la pêche était très compliquée pour la majorité des concurrents. Certaines équipes sont sorties du lot, notamment une qui pêchait sans sondeur et qui valide 7 des 21 bars pris sur l’ensemble de la compétition. Le choix du lieu pour cet événement a été basé sur plusieurs critères, dont la présence d’un camping partenaire qui fait partie intégrante de la compétition. C’est un élément indispensable pour préserver l’esprit de convivialité que les participants ont connu sur la SKF: sans le camping, ce n’est plus ce qu’on cherche!» PODIUM 1. Goulien Beach, 261 pts, Ewen Senechal et Jérôme Casaca 2. Team Fiiish, 217 pts, Christophe Thepault et Goulven Geffroy 3. Les Déchaînés, 179 pts, Antoine Defilastre et Pierre Daenes « » e CPAG ne cesse de grandir, peux-tu nous présenter rapidement le club ? Nous avons fêté nos 50 ans l’an passé. À la base, c’était un petit groupe d’amis qui avait créé le Comité. L’idée était d’apprendre aux gens à réaliser des montages, à faire des lancers, en clair d’organiser des ateliers. Cet ADN a été transmis de génération en génération et reste aujourd’hui encore l’un des grands volets de nos activités. Ces ateliers sont destinés aux pêcheurs du bord, en bateau et à pied. Notre souci a toujours été de rendre la pêche accessible à tous. Cette volonté est directement liée au fait de ramener des jeunes dans notre club. Nous avons donc un gros axe pêche du bord (pêche à roder, lancer-ramener, surfcasting, etc.). Nous comptons aujourd’hui environ 420 adhérents, et, sachant que nous faisons cela par famille, dans les faits nous sommes plutôt autour de 650membres.Cechiffreestenconstanteprogressiondepuis la Covid et cela en grande partie parce que nous avons relancé le surfcasting dans le club depuis trois ans. Tu parles d’un engouement autour du surf. Peux-tu nous en dire plus, mais aussi nous citer les autres activités qui fonctionnent bien dans le club ? Nous avons réellement développé le groupe surfcasting en 2022 avec notre premier concours entre les gens du bureau et quelques adhérents. On était 10-12 pêcheurs. Nous avons un peu communiqué sur ces événements surf et on est vite passés à 54 compétiteurs en 2023 avec 8 concours internes par an. En 2024, je pense que nous serons entre 70 et 80. On sent que les membres sont motivés, ils sont assidus, ils viennent aux ateliers, discutent, ils veulent progresser. Désormais, nous sommes en relation avec les autres clubs normands et nous faisons des échanges, des compétitions entre structures. À côté du surf, nous avons développé la pêche du thon il y a quelques années. Cette pratique étant relativement compliquée et très réglementée, le fait d’être dans un club permet de mieux l’appréhender. Et puis nous sommes dans une zone maritime riche, avec des îles, des plages, des falaises, etc. Un nombre non négligeable d’adhérents nous a rejoints en nous voyant pêcher en groupe sur la plage. Ça pique leur curiosité, ils viennent nous parler et se disent: «Pourquoi pas moi?» C’est cela qui permet de faire vivre le loisir, ces nouveaux pêcheurs iront acheter du matériel en magasin, raconteront leurs sorties à d’autres, etc. C’est un cercle vertueux. Au-delà de la pêche et de la sensibilisation à la protection de l’environnement, le club est un vrai relais entre les autorités et les pêcheurs. Comment le CPAG appréhende-t-il les aspects réglementaires ? Dans le cadre de la protection de l’environnement, nous avons été déclarés association d’utilité générale il y a un an. Cela nous permet de développer du partenariat et du mécénat. Nous travaillons par exemple étroitement avec les magasins locaux, les concessionnaires et des entreprises telles que Flashmer, qui est basée à Granville. Cela a pu se faire grâce à notre sérieux et à l’énergie que nous avons mise pour toujours bien informer nos adhérents comme les pêcheurs lambda. C’est également dans ce cadre que j’ai décidé d’envoyer chaque trimestre Les Échos du CPAG,qui donnent des nouvelles du club et mentionnent aussi les évolutionsderéglementation.Noustenonsparailleursdeux permanences au bureau dans la semaine, une le mercredi matin et une autre le samedi matin.Au total, nous recevons près de 1200 personnes pour discuter des changements de loi. À côté de ces actions d’information, nous participons à certaines réunions de la Direction de la mer et du littoral. On relaie également les actualités locales au niveau de la FNPP pour leur faire part de ce qu’il se passe chez nous. On essaye enfin d’attirer l’attention des autorités sur certaines problématiques qu’elles ne voient pas. Ce qui est valableaussipourlepêcheur.Nouslessensibilisonsetnous tentons de les préparer à ce que sera la pêche de demain en leur expliquant que «ramener les prises doit rester une liberté, mais qu’il ne faut pas avoir peur de déclarer ce que l’on prend. Et même qu’il faut prendre ce virage…» ■ Plus d’infos: www.cpagranville.fr Entre les ateliers pêche, les concours de surfcasting et le dialogue avec les élus sur la réglementation, le CPAG a su trouver les ingrédients de la réussite et voit son nombre d’adhérents augmenter chaque année, faisant de lui un club incontournable de la région Cotentin. Nous faisons le point avec Patrick Alvès, son président, qui est aussi notre correspondant à Granville, pour comprendre l’importance de ces structures locales pour notre loisir. La rédaction. Patrick Alvès, président du Comité des pêcheurs de Granville Le surfcasting a revitalisé le club! 9 Patrick Alvès pratique assidûment le surfcasting. EMBRUNS INTERWIEW 10 BAROMÈTRE DES CÔTES Ça se lève doucement Encore beaucoup de vent pour ce mois de juillet. J’ai pu faire quelques sorties, mais le poisson est difficile avec ces variations de température et n’a pas le temps de se caler dans les différentes couches d’eau… Il faut dire que la température de l’eau est encore basse. En pêche à soutenir, il y a de la dorade grise, du congre, de la raie, des petites et grandes roussettes. En pêche aux leurres, je fais du lieu jaune et du bar, à noter un leurre qui sort du lot quand on sait l’utiliser, c’est le Runner Blade de chez Illex, pour le maniement au lancer-ramener je mets mon agrafe dans le trou le plus éloigné, je lance, je laisse couler et je ramène très vite… Attention les touches sont violentes. Hormis ce leurre qui a bien pêché en début de saison, les Nitro Shad et Nitro Slim sont très réguliers, mais il ne faut pas oublier les RV Minnow et les Rerange qui sont d’excellents leurres quand on fait les têtes de roches qui sont juste sous la surface.Pas encore vu de thon dans le large, mais ça devrait arriver. De notre correspondant Johann Leux SAINT-MALO ET RÉGION ROSCOFF ET RÉGION Maquereaux et bars dans la baie Météo, météo, météo, que dire de plus que c’est compliqué ! Encore beaucoup de vent en ce mois de juillet ce qui ne nous offrent que quelques petits créneaux pour sortir en pêche. Ces petites plages favorables ont permis de montrer la présence de bars à la côte sur des secteurs bien définis, essentiellement pris sur des leurres souples. Les lieus sont retournés chercher de la fraicheur dans les profondeurs entre 40 à 80 m, les jigs montés sur un ensemble casting slow jig, sont des valeurs sûres pour les atteindre rapidement. Les maquereaux en nombre dans la baie font le bonheur des plus jeunes avec des prises à répétition et des poissons bien combatifs sur des cannes de 5-25g. De notre correspondant Yohann Henry 11 GRANVILLE ET RÉGION Le surfcasting a la cote Côté bateau, il fallait être prêt pour profiter des journées avec une météo favorable. Pour les heureux élus, la pêche s’est révélée très variable avec de belles prises de bars et de dorades grises. Si le maquereau est bien présent, encore faut-il trouver les bancs qui, au fil des saisons, semblent s’amenuiser. Pour ceux qui recherchent les crustacés aux casiers (deux par bateau), il est indispensable qu’ils soient équipés de la trappe d’échappement pour respecter la réglementation. Côté pêche à pied, juillet est idéal pour rechercher le bouquet à la côte avant d’avoir le plaisir de le rechercher sur l’archipel de Chausey. Là aussi, côté réglementation, nous sommes dans l’attente des dispositions réglementaires pour la taille minimale de capture du homard, à savoir 9 cm. Côté pêche du bord, peu de pratiquants de la pêche à rôder, sans doute du fait des tergiversations sur la pêche du bar du bord. En revanche, la pêche en surfcasting semble attirer nombre de pêcheurs tout simplement pour la simplicité de sa pratique, des créneaux horaires possibles, de sa diversité dans la recherche des espèces et de son coût. Les «surfcasteurs» ont pu remonter du bar, de la dorade grise, quelques dorades royales, mais de petite taille, et quelques poissons plats. Côté club de Granville, le mois a été actif avec un concours interne de surfcasting qui a réuni 13 pêcheurs qui ont passé un bon moment au lever du jour et ont pêché 52 poissons. Une animation d’une journée sur le surfcasting a été faite sur une journée avec les amis du club de Saint-Vaast-la-Hougue. Le prochain cycle de surfcasting débutera vers la mi-septembre et nécessitera une nouvelle organisation pour faire face aux nombreuses demandes enregistrées, ce qui traduit l’engouement pour cette discipline et ne peut que nous ravir. Enfin, le club finalise le concours de surfcasting du 12 octobre prochain, sur 8 heures de pêche par équipe de deux pêcheurs où il ne reste plus que quelques places disponibles. Le concours annuel bateau, le Challenge du Loup, quant à lui, a été annulé pour des raisons météorologiques et a été reporté au 28 septembre prochain. De notre correspondant Patrick Alves CALAIS ET RÉGION La patience est une qualité que l’on retrouve chez la plupart des pêcheurs, mais, actuellement, elle fait place à de l’inquiétude ! Que ce soit du bord de mer ou en bateau, les conclusions sont souvent identiques ou presque : le poisson n’est pas là ! Il y a, bien sûr, quelques exceptions, comme cette belle sole de 43 centimètres (que les habitués nomment plutôt « cachoire »), prise au large de Calais, depuis le bateau Gadus, par Gilbert Lefebvre (photo du haut) ou le bar de 67 centimètres qui permettait à Raphaël Thonnellier (photo du bas) de s’imposer lors du concours organisé au large de Dunkerque par le Turbot Club de Flandre maritime, mais, plus généralement, les poissons d’été se font attendre. Que pensez-vous, par exemple, du résultat d’un concours disputé en quatre heures en bord de mer par vingt compétiteurs et remporté grâce à un unique flet ? Devant cet état de fait, les pêcheurs s’interrogent, mais ne trouvent pas de réponse. Certains osent prétendre que la surpêche industrielle en est la cause principale, tandis que d’autres argumentent sur la pollution. Peut-être que les deux camps ont simultanément raison… Quoi qu’il en soit, il faut également ajouter à ces interrogations une météo qui est loin d’être estivale, d’où, très certainement aussi, la raison de l’absence des maquereaux et des orphies qui n’apprécient sûrement pas, comme les pêcheurs, une température de 14°C relevée le 6 juillet dernier en soirée ! Les deux trophées importants de pêche en mer en bateau, prévus en début de saison, n’ont pu être organisés. « Espérons, nous disait Martial Leclercq, que la date du samedi 31 août sera plus favorable pour le Trophée Marcel-Clément qu’organisera le Boulogne Espadon Club.» Cet espoir de voir les « choses » s’améliorer se retrouve également du côté des pêcheurs occasionnels qui profitent des vacances estivales pour « tremper » un peu de fil, en espérant mettre au sec un poisson maillé. Du côté des jeunes, les activités des écoles de pêche sont un peu en sommeil, mais, pour les licenciés FFPS, l’objectif se concentre sur les championnats de France de pêche en « bord de mer » et de lancer que l’équipe calaisienne du président Alain Maka organisera du 20 au 24 août. De notre correspondant Christian Duhaut On continue de s’interroger! 12 BAROMÈTRE DES CÔTES Après un mois de juin très mauvais en météo, on bénéficie d’un mois de juillet un peu meilleur. Dans la rade, le matin, on peut voir de magnifiques chasses. Les pêcheurs sont inexorablement attirés par ces rassemblements d’oiseaux sous lesquels les bars et les maquereaux chassent impitoyablement les sprats et les sardines. Certains jours, cela dure quelques minutes et d’autres plusieurs heures. Une fois la frénésie terminée, il ne faut pas quitter la zone trop tôt, car les belles dorades grises et même quelques petits pagres viennent se délecter des pauvres petites proies agonisantes. En fond de rade, les émissoles sont très présentes, plus de 200 individus ont déjà été marqués au profit du projet Mustellus de l’APECS. Il y a quelques jours, j’ai pu en marquer 24 en une seule journée de pêche, et quand les touches se succèdent, ça devient vraiment sportif ! Croisons les doigts pour que la période estivale soit riche en poissons. Bonnes vacances à tous et à bientôt… sur l’eau, naturellement ! De notre correspondant Vincent Ottmann Émissoles et bars dans la rade BREST ET RÉGION
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