LE NOUVEL OBS n°3169 - Page 1 - 3169 PAS VOS EXIGENCES. ALLÉGEZ VOS CHARGES, Pensez à covoiturer. #SeDéplacerMoinsPolluer (1)L’atteinte au score environnemental minimal (fixé à 60 points) est l’un des critères d’éligibilité aux dispositifs d’aide à l’acquisition de véhicules peu polluants, pour les voitures particulières neuves électriques. La liste des autres critères à respecter pour l’éligibilité aux aides est définie à l’article D. 2511 du code de l’énergie. Ce critère intervient également dans le calcul de la taxe annuelle incitative relative à l’acquisition de véhicules légers à faibles émissions et pour l’évaluation de l’avantage en nature lié à la mise à disposition d’un véhicule. La méthode de calcul du score environnemental ainsi que sa mise en œuvre dans le cadre de l’éligibilité aux aides susmentionnées sont définies aux articles D. 2511A et R.2511B du code de l’énergie et dans l’Arrêté du 7 octobre 2023 modifié. Certaines versions de ce modèle (BMW i4 eDrive35 et BMW i4 eDrive40) ont atteint le score environnemental minimal mentionné au c du 6° du I de l’article D. 2511 du code de l’énergie (après instruction par l’ADEME et prise d’un arrêté conjoint des ÉLIGIBLE AU SCORE ENVIRONNEMENTAL MINIMAL. (1) BMW i4 100% ÉLECTRIQUE. JUSQU’À 612 KM D’AUTONOMIE.(3) 70% D’ABATTEMENT FISCAL SUR L’AVANTAGE EN NATURE. (2) G F E C B D A 0g CO2/km ministres chargés de l’économie, de l’énergie, de l’écologie et des transports). (2)70% d’abattement fiscal dans la limite de 4 582€. (3) Consommation d’énergie électrique de la BMW i4 selon motorisations : 14,7 à 20,9 kWh/100 km. Autonomie en mode électrique : 433 à 612 km. Autonomie en mode électrique en ville : 504 à 729 km. Depuis le 1er septembre 2018, les véhicules légers neufs sont réceptionnés en Europe sur la base de la procédure d’essai harmonisée pour les véhicules légers (WL TP), procédure d’essai permettant de mesurer la consommation de carburant et les émissions de CO₂, plus réaliste que la procédure NEDC précédemment utilisée. BMW France, S.A. au capital de 2 805 000 € 722 000 965 RCS Versailles 5 rue des Hérons, 78180 MontignyleBretonneux. Editorial entouré de pays qui souhaitaient l’anéantir. Parce qu’il lui a fallu, plusieurs fois, riposter dans des conflits qui menaçaient son existence. Cela ne l’autorisait nullement à coloniser des territoires palestiniens sur lesquels il n’a aucun droit, mais, face à l’hostilité de ses voisins, il semblait acquis que l’Etat hébreu avait de justes raisons, avec le soutien de la communauté internationale, de se protéger et de répliquer quand on s’en prenait à lui. Son agression de l’Iran confirme qu’un nouveau chapitres’estouvertdanscetteépopéetragique.Bien sûr, personne de sensé n’ira pleurer sur le sort du très autocratique et antipathique régime de Téhéran,dontlacourageuseNargesMohammadi,lauréate iranienne du prix Nobel de la paix, disait en février dans « le Nouvel Obs » à quel point il est « fragilisé » d’un point de vue géopolitique et « largement désavoué » par un peuple qu’il ne parvient plus à « gouverner par la peur ». Netanyahou sait l’affaiblissement, l’isolement et l’impopularité de son vieil ennemi. Il parielà-dessus,pouràlafoisressouderdesIsraéliens très divisés à son sujet et remettre l’Occident de son côté alors qu’il poursuit son insupportable carnage à Gaza. Mais pour quel objectif, à long terme? Ce shérif autoproclamé du Moyen-Orient passe désormais à l’attaque, sans plus s’embarrasser d’aucune règle du droit international, avec sa force pour seule loi et cet objectif néo-impérialiste : sécuriser l’espace vital d’Israël en karchérisant ses abords. L ’argument majeur, ici, est la menace nucléaire que ferait peser l’Iran sur Israël s’il se dotait d’une arme de destruction massive de ce type. Il y a peu de doute que le guide suprême ait ce projet en tête. Sauf qu’à ce stade, toute guerre contre lui ne peut être que préventive. Et que déclencher un conflit pour l’empêcher d’avoir lieu reste un inquiétant paradoxe. Alors que des négociations entre Iran et Etats-Unis étaient en cours, sans feu vert d’un Donald Trump manifestement dépassé, c’est choisir la diplomatie du bazooka. Cette attaque unilatérale d’un Etat souverain rappelle hélas la catastrophique guerre d’Irak lancée par les Etats-Unis en 2003. Avec, à la clé, le cauchemar que l’on sait, au Moyen-Orient et au-delà. On a longtemps vu l’Iran comme la principale force de déstabilisation de la région. Israël, qu’on le veuille ou non, joue à présent ce rôle d’agent du chaos. « Qui serons-nous, Israéliens comme Palestiniens, quand cette guerre longue et cruelle aura pris fin? » se demandait en mars 2024 le grand écrivain israélien David Grossman. Quinze mois plus tard, il est à craindre que cette terrible question ne prenne de nouvellesdimensions,plusangoissantesquejamais. E t maintenant, « la tête de la pieuvre » iranienne. Après avoir vitrifié Gaza et tué plus de 50000 de ses habitants pour écraser le Hamas, après avoir pulvérisé une bonne partie du Hezbollahlibanais,aprèsavoirbombardé des infrastructures militaires en Syrie, Benyamin Netanyahou continue son impitoyable croisade, sans fin ni frein, contre les ennemis d’Israël. En frappant la République islamique d’Iran, il a lancé depuis le 13 juin une nouvelle guerre qui est d’abord le prolongement des autres. Le duel de Tel-Aviv avec Téhéran avait lieu par procuration, le voilà qui éclate au grand jour – avec déjà des destructions, des morts, des blessés, y compris civils, dans chacun des deux pays. L’opération « Rising Lion » est comme l’issue fatale de décennies pendant lesquelles le régime des mollahs jurait d’éliminer « le petit Satan » hébreu tandis que Tsahal se préparait méthodiquement au combat. C’était une guerre froide que personne n’avait intérêt à réchauffer. Elle menace aujourd’hui de tout brûler. Lemassacrecommisle7octobre2023parleHamas a, décidément, inauguré un funeste cycle de représailles. Mais il ne s’agit plus que de représailles, dans la fuite en avant belliciste de Netanyahou et de ses ministres d’extrême droite. C’est une autre histoire qu’Israël s’est mis à écrire, dans les bombes et le sang. Longtemps, on a pu raconter sa destinée comme celle d’un petit Etat démocratique qui, globalement, vivait en situation de légitime défense. Parce qu’il s’est trouvé, dès sa création en 1948, Au risque du chaos PAR GRÉGOI RE LEM ÉNAG ER, DIRECT EU R ADJ OIN T DE L A RÉDACTIO N Onalongtempsvul’Iran commelaprincipaleforce dedéstabilisation duMoyen-Orient.Israël, qu’onleveuilleounon,joue àprésentcerôle-là. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 4 Le Nouvel Obs nº3169 · 19/06/2025 Sommaire N° 3169 - du 19 au 25 juin 2025 En couverture Grands formats Idées 40 François Bayrou Un « roi fainéant » à Matignon 44 Retraites Le pari de la CFDT 48 Prisons de haute sécurité Les gardiens de l’ombre 52 Travail Le casse-tête parental 56 Moira Millán « Vous êtes un peuple domestiqué » Entretien avec la militante mapuche, née en Patagonie, qui publie « Terricide » 60 Essais Le trumpisme en quatre leçons 22 LE PLAN DE GUERRE DE NETANYAHOU En lançant, au mépris du droit international, une attaque d’une ampleur inédite contre l’Iran, le Premier ministre israélien a ouvert le septième front d’un conflit inextricable au Moyen-Orient. Peut-il vraiment détruire le programme nucléaire iranien et faire tomber le régime des mollahs ? Notre dossier EN COUVERTURE © PHOTOMONTAGE D’APRÈS GALI TIBBON/AP/SIPA Culture Tendances 62 Bambi-Paloma Reines de la nuit 66 Paul Cezanne Maison de maître 68 Cinéma Irish keffieh 70 Théâtre Star Lakadémi 72 Le bloc-notes de Jérôme Garcin 73 Le guide critique Livres, cinéma, musique, expos… Notre sélection 86 Tourisme Des guides à la page 90 Qobuz Le son haute couture 92 Rescha Métissage culturel 93 L’Observatrice par Sophie Fontanel 94 Spécial mobilité durable L’hybride, nouvelle star 102 Jeux par Gaëtan Goron 104 Le courrier des lecteurs Les solutions des jeux 105 Par ailleurs La BD de Lisa Mandel 106 Un dernier mot par David Caviglioli © ALBERT FACELLY/DIVERGENCE – AGLAÉ BORY POUR « LE NOUVEL OBS » – DORIAN PROST POUR « LE NOUVEL OBS » – GUILLAUME BLOT OUR « LE NOUVEL OBS » 6 Le Nouvel Obs nº3169 · 19/06/2025 Originedupapier:Suède.Tauxdefibresrecyclées:0%.CemagazineestimpriméchezNewsprint,certifiéPEFC.Eutrophisation:PTot=0.003kg/tonnede papier.Ouvrageimpriméavecdesencresconformesàlanorme«BlueAngel». 10-31-3364 / Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement, de sources recyclées et contrôlées. www.pefc-france.org Lapublicationcomporte108pages.Pourlesabonnés,uncahier«TéléObs»de24pagesestjoint.Chiffredetirage:155300exemplaires.ImprimeursNEWSPRINTetHELIOPRINT. Société éditrice : Le Nouvel Observateur du Monde. Directrice de la rédaction: Cécile Prieur. Président du directoire, directeur de la publication: Sandro Martin. Numéro CPPAP: 0525 C 85929. Numéro I.S.S.N: 2416-8793. Dépôt légal: à parution. Abonnements : France (un an) : 160 €. Etudiants : 109 €. Etranger et entreprises : nous consulter. Relations abonnés, 67, avenue Pierre-Mendès-France 75013 Paris – Tél : 01-40-26-86-13 / abonnement@nouvelobs.com. Vous pouvez consulter nos conditions générales d’abonnement à l’adresse suivante : https://www.nouvelobs.com/cgv. L’Obs (ISSN 2416-8793) is published weekly by Le Nouvel Observateur and distributed in the USA by UKP Worldwide, 3390 Rand Road, South Plainfield, NJ 07080. Periodicals postage paid at Rahway, NJ. and additional mailing offices. POSTMASTER : Send address changes to L’Obs (Publisher) C/O3390RandRoad,SouthPlainfieldNJ07080. Par téléphone au 01 40 26 86 13 Sur nouvelobs.com/abo12 Abonnez-vous au NouvelObs PA R C L AUDE SOUL A, JO URNALISTE AU SE RVICE ÉCO NO MIE Chronique Economie Emmanuel Macron juste après sa première élection : il avait nommé dès le 14 septembre 2017 un haut-commissaire à la réforme des retraites, JeanPaul Delevoye, afin de créer un nouveau « régime à points », qui aurait pu évoluer automatiquement au fil des ressources et des besoins. La piste s’est perdue dans les sables. Cette réforme, aux ambitions à la fois rabotées et durcies, vient de trouver sa conclusion avec le conclave imaginé par François Bayrou. Le nouvel âge légal de départ à 64 ans est ainsiconfirmédansl’amertumegénérale.Autrement dit, il a fallu huit ans de discussions violentes et de défilés syndicaux pour ne satisfaire personne. Pis, le résultat est déjà remis en question par de nombreux experts, à commencer par les auteurs du dernier rapport du COR, le Conseil d’Orientation des Retraites, qui réunit syndicats, élus et économistes. Ses prévisions soulignent que, même avec le recul à 64 ans, le régime ne sera équilibré ni à court ni à moyen terme, alors que toutes ses hypothèses de calcul (taux de natalité, chômage, productivité) sont déjà bien trop optimistes par rapport à la réalité. Cela n’a rien d’anormal : notre système par répartition, fondé sur le financement des retraités par la masse des actifs, est forcément en constante évolution. D’abord parce qu’il dépend de la natalité : s’il y a moins de naissances – et c’est le cas –, il y aura moinsdecotisantsvingtansplustard.Ensuite,parce qu’il dépend de l’allongement de la durée de la vie, qui continue, elle, sa progression. Les deux facteurs combinés conduisent soit à un alourdissement des cotisations, soit à un nouvel allongement de la durée du travail, soit à une réduction des pensions. I l existe une quatrième option : alourdir la fiscalité du pays, en visant l’ensemble de la population (TVA, CSG) ou une partie aisée (ISF). Mais les retraites pèsent « 13,9 % du PIB et 24,4 % de l’ensemble des dépenses publiques », selon le COR. C’est déjà énorme : seule l’Italie – parce qu’elle est plus âgée – dépense plus en Europe. Aller au-delà n’est pas souhaitable. Une cinquième option est promue, entre autres, par Edouard Philippe : sortir partiellement de la solidarité pour renforcer la « capitalisation », qui consiste à financer soi-même sa propre retraite. Ce qui supposerait d’avoir les moyens de payer à la fois la pension des retraités actuels et la nôtre. Dans tous les cas, la conclusion est identique : la réforme du système sera forcément au menu du prochain président et l’occupera autant qu’elle a occupé Emmanuel Macron. C’est cela, le plus grand échec : la réforme des retraites a réussi à cabrer le pays entier pendant des années, sans préparer l’avenir. L e22 mai,leParlementdanoisavotéà unetrèsgrandemajorité(81députés pour, 21 contre) le relèvement de l’âgedelaretraiteà…70ans.Depuis une loi de 2006, le Danemark suit des règles simples : l’âge légal du départ est indexé sur l’espérance de vie, et il est revu par les députés tous les cinq ans. Aucune contestation n’est ainsi possible. En 2030, les Danois prendront leur retraite à 68 ans, en 2035 à 69 ans et, en 2040, ce sera donc à 70 ans. Le Danemark est-il un pays si différent du nôtre? Pas sur le taux de fécondité, à peine inférieur – 1,46 enfant par femme, contre 1,62 chez nous.Quantàl’espérancedevie,elleestmoinsbonne qu’en France, selon les chiffres établis par l’Ined en 2023 : en France, on vit en moyenne quatre-vingttrois ans, contre seulement quatre-vingt-deux au Danemark.Cepaysadoncdécidédenepasfairepeser les retraites sur sa population jeune et active. La plupart des grands pays européens ont aussi remonté leur âge légal de départ : l’Allemagne ou l’Italie l’ont fixé à 67 ans, l’Espagne les suivra dès 2027. Faut-il s’en réjouir pour leurs citoyens? Bien sûr que non. Mais nos voisins ont fait un choix à la fois compréhensible – limiter la pression sur les non-retraités – et inéluctable, compte tenu de leur natalité très basse. Pendant ce temps, la France est incapable d’arriver à un consensus, comme si les parties prenantes prenaient un plaisir pervers à un affrontement qui n’en finit pas. Le débat actuel a été lancé par Une réforme sans fin Ilafalluhuitans dediscussionsviolentes surlesretraitesetdedéfilés syndicauxpournesatisfaire personne.Pis,lerésultat estdéjàremisenquestion pardenombreuxexperts. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 8 Le Nouvel Obs nº3169 · 19/06/2025 S I N C E 1 9 7 8 21. 07 07.08 2 0 2 5 > L 21/07 • SOPHIE ALOUR Le Temps Virtuose • ROBERT PLANT presents Saving Grace featuring SUZI DIAN Ma 22/07 • MADELEINE PEYROUX • MARCIAC CÉLÉBRATION ME 23/07 • CASUARINA • ANDREA ERNEST DIAS QUARTET J 24/07 • TYREEK MCDOLE • BEN HARPER & THE INNOCENT CRIMINALS V 25/07 • KENNY WAYNE SHEPHERD BAND • SANTANA Oneness Tour 2025 S 26/07 • VERONICA SWIFT • GREGORY PORTER D 27/07 • CASUARINA • CARLOS MALTA & PIFE MUDERNO L 28/07 • CHRISTIAN SANDS • WYNTON MARSALIS Ma 29/07 • OSCAR PETERSON CENTENNIAL CELEBRATION • HERBIE HANCOCK Me 30/07 • ADI OASIS • ROBERTO FONSECA Hommage à Ibrahim Ferrer J 31/07 • SALIF KEITA En concert acoustique • TIKEN JAH FAKOLY Acoustic Tour V 01/08 • RHODA SCOTT Ladies & Gentlemen • DEE DEE Bridgewater We Exist ! S 02/08 • DABEULL LIVE BAND • THE FEARLESS FLYERS D 03/08 • DELUXE • MEUTE L 04/08 • STOCHELO & MOZES ROSENBERG TRIO The Songs Of Charlie Chaplin… and More • BIRÉLI LAGRÈNE - MARTIN TAYLOR - ULF WAKENIUS The Great Guitars Ma 05/08 • STEFANO DI BATTISTA La Dolce Vita • JOSHUA REDMAN QUARTET Me 06/08 • HAMILTON DE HOLANDA TRIO • EGBERTO GISMONTI J 07/08 • AMARO FREITAS TRIO • HERMETO PASCOAL & GRUPO FNAC - CARREFOUR - GÉANT - MAGASINS U - E. LECLERC - AUCHAN - CULTURA jazzinmarciac.com / 05 62 09 33 33 Chronique Etranger Rien que sur nouvelobs.com C ’étaiten2016,unanaprèslasignature del’accordsurleprogrammenucléaire [pland’actionglobalcommun,PAGC ou JCPoA en anglais] entre l’Iran et la communauté internationale alors unie : Etats-Unis, Chine, Russie, trois pays européens, Allemagne,France,Royaume-Uni,et UE. La signature de l’accord avait fait descendre la population de Téhéran dans la rue pour célébrer un nouveau monde dans lequelleurpaysverraitlalevéedessanctions, l’abandonprogressifdesonstatutdeparia. En2016,jem’envolaisversTéhéranàbord du premier vol d’Air France, symbole de la findel’isolementdecegrandpays.JepasseraisunmoisenIran,desatentaculairecapitale jusqu’à Chiraz, la ville du poète Hafez, en passant bien sûrparIspahan,anciennecapitale de l’empire perse. A Ispahan, le vendredi, au bord du fleuve Zayandeh, les famillesétalentleurstapispour boirelethéetmangerdespâtisseriespendantquelesenfants jouent.Lavued’unétranger,en 2016,provoquaitlajoieetjefus souventinvitéàpartagerlethé,prendredes selfies, poser avec un bébé joufflu dans les bras. Les Iraniens avaient le sentiment que l’espoirnéen2015commençaitàseconcrétiser:lesinvestisseurs,lestouristes,lesarchéologues reprenaient le chemin de l’Iran. La classe moyenne iranienne, si éduquée mais appauvrieparquatredécenniesderévolution islamique, retrouvait foi en l’avenir. Las,deuxansplustard,Trumppremière mouture brisait cet espoir en quittant unilatéralementleJCPoAqualifiéde«catastrophique », mais surtout coupable à ses yeux d’avoir été conclu sous Obama ! En 2018, pourtant, l’Iran en respectait les clauses, et en particulier le gel de son programme nucléaire,placésoussurveillancedel’Agence internationale de l’Energie atomique. Ce geste fatidique, si peu réfléchi alors que Trumpetsonadministrationn’avaientpas grand-chose à proposer à la place, a déclenché une suite calamiteuse d’événements, jusqu’à l’attaque israélienne du 13 juin. Lerégimedesmollahsn’attirepaslasympathie,avecsarépressionsanglantedumouvement Femme, Vie, Liberté, sa déstabilisation régionale, ses prises d’otages d’Etat dontdeuxFrançaissontencorelesvictimes. Mais la guerre devrait être l’ultime recours lorsque tous les autres ont été épuisés. Le précédentde2015estd’autantmoinscontestable que Trump, ces dernières semaines, s’était remis à négocier avec l’Iran, dans un contexte internationalradicalementdifférent depuis l’invasion de l’Ukraine et le 7-Octobre. Dans cet environnement, le compromis est devenuungrosmot,lerapport de force la norme. Benyamin Netanyahou n’a jamaisaimél’idéed’unaccord avec l’Iran : il avait bataillé contreBarackObama.Ilprendsarevanche aujourd’hui, à un moment où l’hybris de la puissanceetdelasupérioritédesarmesl’emporte en Israël sur la raison. La politique a perdu la partie, même quand un nouveau contexterégionalpourraitseprofiler,dans lequel Israël aurait toute sa place, pour la première fois. Mais la détente au MoyenOrient passe par l’arrêt du massacre à Gaza, unmodusvivendiavecTéhéranetuneredéfinition des règles du jeu entre les grands acteurs. La logique de guerre est hélas plus forte.Jerepenseàcesfamillesd’Ispahanqui exprimaient en 2016 un espoir de « normalité ». Une aspiration à ranger au cimetière des occasions historiques manquées. Retrouvez la sélection de la semaine sur notre site : qrco.de/SurLeWeb ↓ Logement Comment les défenseurs de l’encadrement des loyers s’organisent pour pérenniser l’expérimentation Par Manon Bernard et Richard Godin Numérique Pourquoi interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans est compliqué… et même risqué Par Boris Manenti Entretien Michel Gondry, sous influence : « Je ne supporte pas qu’on dise du mal de Greta Thunberg » Par Nicolas Schaller Le cimetière des occasions manquées PAR PIE RRE HASKI,É DITO RIALISTE Lasignature del’accordsur leprogramme nucléaireiranien, en2015,avait suscitél’espoir. © J-M. BARRERE/HANS LUCAS VIA AFP - V. FEURAY/HANS LUCAS VIA AFP -PHOTOMONTAGE D’APRÈS ALAIN ROBERT/SIPA - ILLUSTRATION : STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 10 Le Nouvel Obs nº3169 · 19/06/2025 Chronique Société E n découvrant ce vêtement, dans une boutique, je reste perplexe. C’est une sorte d’écharpe qui pourrait faire office de petite laine. Il tient aussi du châle puisqu’il recouvre le haut du dos. En somme, il ressemble à un chandail, lorsqu’on le porte sur les épaules, sans l’enfiler. A peine l’ai-je repéré qu’un univers moyennement lointain s’invite dans mon esprit : lepantalonentoile,lemocassin,lachemise rayée, le blazer, la raie sur le côté. Il ressuscite le temps des « jeunes giscardiens ». J’oscilleentrel’attiranceféroceetlarépulsion viscérale. Ma garde-robe pourrait-elle survivre à une pièce aussi transgressive ? Elle serait, en effet, l’équivalent, pour quelqu’un de droite, d’un tee-shirt à l’effigie de Che Guevara. Mettons les choses au point. De quoi les « jeunes giscardiens » sont-ils le nom ? C’est assez flou, en réalité. Je me demande d’ailleurs si je ne les confonds pas avec les giscardiens jeunes. Ou avec d’antiques chiraquiens juvéniles. Faute d’avoir le temps de relire toute l’œuvre de René Rémond afin de savoir si le tricot auquel je m’intéresse n’aurait pas, sous ses airs orléanistes, quelque chose d’un peu bonapartiste, je m’en tiens à quelques critères simplistes. Outre le style, le « jeune giscardien », c’est un vent de modernité post-gaulliste, un engagement européen, un libéralisme tempéré, avec un petit supplément d’âme technocratique à l’ancienne. En somme, c’est le futur du passé. Donc kitsch. Me revêtir de cette écharpe améliorée ne m’expose que peu politiquement ; encore moins socialement (il faudrait le reste de l’attirail, que je ne possède pas). Elle symbolise, comme ne le dirait pas Marx, le retour, sous forme parodique, du sérieux giscardien.Leseulécueilseraitdoncunpossibletrop-pleindebranchitudevintage.Ou une forme de légèreté historique : je n’ose croirequemesarrière-petits-enfantsporterontunjouruntee-shirtàl’effigiedeBruno Retailleau en trouvant ça cool. Cet habit pourrait aussi, sous un angle différent, ressembler à une sorte de cape. Une cape qui vous conférerait les pouvoirs d’un«jeunegiscardien»,donc.Dansquelle mesure changerait-elle ma vie si j’usais de ses pouvoirs magiques ? Je m’imagine avoir une statistique de l’Inseeentouteoccasion,cequi me permettrait de demander à chacun de « raison garder ». Au lieu de visionner des séries anxiogènes, je me plongerais dansl’annuairedesanciensde l’école que j’aurais fréquentée. L’été, j’emmènerais mes enfants, eux aussi dotés de la caperaffarine,faireletourdes instituts politiques de France. En tant que professeure, j’aurais une conception bien plus macro des bulletins et des jets de bout de gomme. Comme chroniqueuse, je pourrais écrire des textes qui commencent par « ce que je crois », « trois solutions pour la France ». Même politiquement, je relativiserais la douloureuse question de l’irréconciliabilité des gauches (« bonnet blanc et blanc bonnet »). Adieu Xanax, dépression et tourments ! Adieu poncho ! Je dois absolument acheter ce produit miracle. Mais le vêtement est hors de prix. J’avais oublié la question budgétaire.Commequoi,onnedevientpas jeune giscardien du jour au lendemain. Du lendemain d’hier de surcroît. Les habits neufs d’un jeune giscardien PAR M ARA G OYET, ESSAYISTE Jen’osecroire quemesarrièrepetits-enfants porterontunjour untee-shirtà l’effigiedeBruno Retailleau. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 11 nº3169 · 19/06/2025 Le Nouvel Obs Fondateurs:JeanDaniel,ClaudePerdriel. 67,avenuePierre-Mendès-France,75013Paris. Standard:01.44.88.34.34. Pouradresserune-mailàvotrecorrespondant,ilsuffitdetaperl’initiale desonprénompuissonnomsuivide@nouvelobs.com DIRECTION Conseildesurveillance:LouisDreyfus(président),LouGrasser(vice-présidente), BéatricedeClermont-Tonnerre,FrédéricCurtet,Jacques-AntoineGranjon, VioletteLazard,XavierNiel,ClaudePerdriel,MatthieuPigasse. 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Sans majorité à Paris après le congrès du PS, les trois élus, soutiens respectifs de Nicolas MayerRossignol, Olivier Faure et Boris Vallaud, ont décidé de se rassembler en vue des municipales. « Qu’importe le candidat socialiste, on aura un appareil collectif », se félicite un adjoint à la mairie de Paris. En attendant, chacun revendique la paternité de ce dispositif jusqu’à Anne Hidalgo, la maire sortante, qui a assuré en être à l’initiative. z … ET FÉRAUD ET GRÉGOIRE FONT LEURS COMPTES Nicolas Mayer-Rossignol est tout de même arrivé en tête du suffrage de l’élection du premier secrétaire du parti dans la capitale. Un bon présage pour le sénateur Rémi Féraud, candidat pour les municipales à Paris, à la veille de la primaire du 30 juin? Celui-ci, qui compte sur les voix des partisans de Mayer-Rossignol, a aussi obtenu le ralliement de certains pro-Faure, comme la trésorière nationale Fatima Yadani ou l’exdéputé Pascal Cherki. « Un quart des partisans de Faure et Vallaud soutiennent Rémi », assure une proche. Mais ce décompte est contesté par l’entourage de son rival, le député Emmanuel Grégoire, qui souligne qu’une centaine de partisans de Mayer-Rossignol, comme Lionel Jospin, affichent leur préférence pour son champion. C’estuneaffaireembarrassante pour celui qui brigue l’Elysée. Alors que, depuis décembre 2023, le Parquet national financier (PNF) enquête sur un possible détournement de fonds publics au sein de la communauté urbaine du Havre, l’ancien Premier ministre tente de discréditer la haute fonctionnaire qui a alerté la justice. Au cœur de cette affaire : l’un des projets phares portés par le maire du Havre, une cité numérique censée accueillir un écosystème de start-up. Les enquêteurs s’interrogent sur les conditions dans lesquelles l’association LH French Tech s’est vu confier le pilotage de ce programme. L’attribution s’est faite par le biais d’un simple appel à projets – un procédé qui permetdecontournerlesobligationsclassiquesdela commande publique, notamment la mise en concurrence. Autre élément troublant : la présidence de l’association était assurée par Stéphanie de Bazelaire, proche d’Edouard Philippe, mais également adjointe au maire et conseillère communautaire… chargée du numérique. C’est une ancienne directrice générale adjointe de la communauté urbaine qui a signalé ces faits à la justice. Depuis, elle affirme avoirsubides« pressions particulièrement humiliantes » de sa hiérarchie et avoir été contrainte à la démission. Reconnaissant sa « bonne foi », la Défenseure des Droits lui a accordé le statut officiel de « lanceuse d’alerte ». Mais Edouard Philippe attaque cettedécisiondevantletribunaladministratif.« C’est une mesure dilatoire qui s’apparente à une procédure bâillon dans le seul but de fragiliser un peu plus ma cliente », dénonce Me Johann Guiorguieff, avocat de la haute fonctionnaire. La lanceuse d’alerte, elle, y voit « une étape supplémentaire franchie dans une stratégie méthodique de discrédit ». De son côté, la communauté urbaine conteste vouloir « retarder la procédure ». Et Edouard Philippe se dit « très serein quant à une affaire qui relève purement du règlement de compte de la part d’une ex-agente ». MatthieuAron Q JUSTICE PHILIPPE VEUT FAIRE TAIRE UNE LANCEUSE D’ALERTE EN BREF © MAXIME LE PIHIF/SIPA – FRANCK DEROUDA/SIPA – JM HAEDRICH/SIPA 12 Le Nouvel Obs nº3169 · 19/06/2025 Téléphone rouge Il étaIt là, discret mais bien présent, au Trianon, le 3 juin dernier, pour le lancement de la campagne municipale de Pierre-YvesBournazel.PhilippeGrangeon,stratègeencommunication passé par la CFDT et Capgemini, homme de gauche, cofondateur et ancien délégué général d’En Marche qui fut aussi conseiller spécial d’Emmanuel Macron, envoyait ce soir-là un message clair : Rachida Dati ne sera pas « sa » candidate à Paris. Tandis que le parti Renaissance hésite encore à se rallier à la candidature de l’ancienne sarkozyste, soutenue par l’Elysée, cette figure tutélaire du camp présidentiel a déjà tranché : « Rachida Dati n’incarne en rien la promesse du dépassement de 2017 », confie-t-il aujourd’hui au « Nouvel Obs ». Il soutiendra donc, de fait, Bournazel, conseiller de Paris, ancien député et bras droit d’Edouard Philippe, qui, à ses yeux, ferait un « maire solide et totalement dévoué à sa ville ». Sur l’actuelle ministre de la Culture, mise en examen depuis quatre ans pour « corruption passive », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de confiance » dans l’affaire Renault, PhilippeGrangeonestimequ’ellediviseradavantagesoncamp qu’elle ne le rassemblera : « Ce qui me paraît disqualifiant, ce ne sont pas tant ses affaires judiciaires. Bien sûr, sa mise en examen est une réalité évidemment défavorable, mais ce n’est pas une condamnation. Simplement, je ne crois pas que Rachida Dati, membre des Républicains, soit la bonne candidate pour rassembler face aux défis municipaux. Sa candidature diviserait d’emblée le bloc central et ses électeurs. Et elle continuerait de cliver : c’est sa marque de fabrique. » AlexandreLeDrollec z LES ZFE CLIVENT LA GAUCHE Les zones à faibles émissions (ZFE), sujet de fracture à gauche aux municipales? A l’Assemblée nationale, les insoumis ont voté contre ce dispositif prévoyant d’exclure les véhicules les plus polluants des centres urbains, et ils entendent mener campagne contre dans plusieurs villes concernées. « Pour nous, c’est une ligne rouge, prévient ainsi la cheffe de file insoumise pour les municipales de Nantes, Marina Ferreruela (photo). L’opposition aux ZFE est régulièrement revenue lors de notre consultation populaire. Les gens sont très attentifs aux injustices sociales. » A Lyon, le sujet divise déjà. Dans un message Facebook, le maire écologiste, Grégory Doucet, a dénoncé « les groupes populistes de tout bord à l’Assemblée nationale [qui] ont voté contre la santé ». « Inadmissible », pour la députée LFI du Rhône Anaïs BelouassaCherifi, qui menace déjà de ne pas former de coalition : « Je garde ça en tête et je saurai le faire valoir. Peut-être qu’on leur dira : avezvous envie de vous allier avec des personnes que vous comparez à l’extrême droite? » z PS ET LFI PEUVENTILS ENCORE S’ALLIER ? Olivier Faure (photo) a beau avoir répété sur tous les tons qu’il n’y aurait pas d’alliance entre le Parti socialiste (PS) et La France insoumise (LFI) aux prochaines élections municipales et présidentielle, certains continuent d’en douter. Selon plusieurs sources, le maire socialiste sortant des Ulis, Clovis Cassan, songerait bel et bien à intégrer des insoumis dans sa future liste. Tandis qu’à Niort une union de toute la gauche comprenant PS et LFI est déjà dans les tuyaux. « Le gars de LFI qui se fait élire, il fera quoi après? Il votera LFI aux sénatoriales et il retweetera Jean-Luc Mélenchon en campagne. On a vraiment envie de ça? » s’étrangle un député PS anti-Faure. Q MUNICIPALES GRANGEON NE VEUT PAS DE DATI À PARIS Les informés chaque mercredi avec de Jean-Rémi Baudot et Agathe Lambret, du lundi au jeudi à 20h EN BREF © RAPHAEL LAFARGUE-POOL/SIPA – SIMON TORLOTIN/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP – ISA HARSIN/SIPA 13 nº3169 · 19/06/2025 Le Nouvel Obs
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