DIAPASON n°746 - Page 1 - 746 I 3 © COUVERTURE : WIKIMÉDIA COMMONS / MICHAL NOVAK Ce numéro comporte sur tout ou partie de sa diffusion un CD Reworld Diapason d’or et un CD Indispensables de Diapason jetés sur la couverture ; un Guide des festivals posé au dos du magazine. sommaire ÉTÉ 2025 n° 746 ILS FONT L’ACTUALITÉ PAGE 28 PAGE 95 PAGE 16 En disque et en scène Architecte avec Mathilde Etienne d’enregistrements remarqués, le ténor et chef d’ensemble EMILIANO GONZALEZ TORO cherche à se libérer des diktats de la direction. Avec un double objectif : approfondir les œuvres et remettre la voix au centre. Et une règle : zéro compromis. En disque Réunis pour la première fois au disque, LUCAS GENIUSAS et ANNA GENIUSHENE dressent un irrésistible panorama américain (de Gershwin à Adams), conjugant virtuosité et alchimie à un vrai talent de conteurs ! En scène La soprano ELSA DREISIG retrouve Aix, où elle avait fait sensation il y a trois ans en Salomé de Richard Strauss. Et entend bien nous révéler un autre visage de Louise, l’héroïne de Charpentier… RECEVEZ DIAPASON CHEZ VOUS! Votre bulletin d’abonnement se trouve page 15. Pour commander d’anciens numéros, rendez-vous sur www.kiosquemag.com Vous pouvez aussi vous abonner par téléphone au 01 46 48 47 60 ou sur www.kiosquemag.com © MICHAL NOVAK © AIVARAS RUGINIS © PARLOPHONE RECORDS LTD ACTUALITÉ 4 L’éditorial 9 Coulisses MAGAZINE 16 Tête d’affiche ELSA DREISIG 18 Histoire MOZART ET SALIERI 28 Rencontre EMILIANO GONZALEZ TORO 34 Histoire MARIE JAËLL 38 L’œuvre du mois LOUISE DE CHARPENTIER 42 Mythologies WILHELM KEMPFF 44 L’air du catalogue LES ENSEMBLES À VENT 46 Les soirées de Garnier 48 La chronique d’Ivan A. Alexandre SPECTACLES 49 A voir et à entendre 56 Vu et entendu 60 LEDISQUE LE SON 101 Echos 104 Ecoute câbles & accessoires 106 Banc d’essai 21 CASQUES, BALADEURS ET AMPLIS DAC LEGUIDE 118 Radio 120 Livres 122 La playlist de ma vie LEILA SCHAYEGH 4 I L’éditorial DE LOÏC CHAHINE (PAR INTÉRIM) La Chaumière à Musique était ouverte le dimanche. Pour l’étudiant que j’étais, débarquant d’une petite ville où tout observait le repos dominical, c’était une aubaine : un disquaire spécialisé dans le « classique », vendant de l’occasion, sept jours sur sept ! C’était l’époque où internet, ne passant pas par la fibre optique, n’était pas aussi rapide qu’aujourd’hui, où le streaming était sinon inexistant du moins balbutiant, et où le CD était le moyen principal d’écouter de la musique. Je fréquentais donc assidûment La Chaumière (comme on disait) et les médiathèques. Et après avoir quitté (temporairement) Paris, La Chaumière était un point de passage obligé lors de mes brefs séjours dans la capitale. Une sorte de rituel. Les années ont passé, le magasin a déménagé de la rue de Vaugirard au boulevard Saint-Germain, a changé de nom pour Melomania. Le principe et les clients sont restés. Mais le marché, lui, s’est peu à peu délité. L’écoute en ligne s’est développée : plus besoin d’acheter pour se faire une idée, en quelques clics on a accès à presque tout (pour cette fois, nous ne nous appesantirons pas sur ce « presque »). Histoire connue : la mort du disque est prédite depuis… longtemps. Les disquaires ont été parmi les premiers à tomber. Les indépendants d’abord, devenus tellement rares qu’ils font figure d’exception – qui se rappelle qu’Harmonia Mundi eut un temps des boutiques ? Et si les grandes enseignes, Fnac en tête, ont tenu le coup, c’est au prix d’une réduction parfois drastique des rayonnages allouésaudisqueengénéral,àlamusiquedite«classique» en particulier. Quelques irréductibles adresses, donc, tenaientetoffraientauxpassionnésdesrayonsbienremplis – Melomania était de ce petit nombre. « Etait », oui, car il y a peu, le couperet est tombé : Melomania va fermer – tristesse ! Au moment où vous lirez ces lignes,lerideausansdouteserabaissé.Lechiffred’affaires a diminué continuellement. Les frais pour tenir boutique sont trop élevés, à commencer par les loyers. On en a vu d’autresdisparaîtrecesdernièresannées–neserait-ceque, dans le même quartier ou peu s’en faut, les enseignes GibertJeunesurlaplaceSaint-Michel,levasteBouliniersur le boulevard du même nom. Tous victimes, entre autres, d’unimmobilierdontlecoûtestdésormaisprohibitifpour de tels commerces. Mais aussi d’un renouvellement des modes d’accès aux biens culturels – d’aucuns disent « de consommation des produits culturels ». Le monde d’hier _ Ne nous hâtons pas de vilipender le streaming ! _ Ne nous hâtons pas de vilipender le streaming ! N’aurions-nous pas rêvé, plus jeunes (pour ceux qui sont, disons,moinsjeunes),d’unaccèssiaiséàtantdemusique, d’œuvres, d’interprètes ? Nombre d’entre nous devions économiserpouracheteretenfinplongernosoreillesdans tel opéra, telle rareté, telle version… Au risque, parfois, de la déception. Certes, le fait d’avoir dépensé induisait peut-être davantage de persévérance : on réécoute, pour être sûr que vraiment on n’aime pas – ce qui demeure un droit imprescriptible de l’auditeur, même face à un chefd’œuvre ! Aujourd’hui, avec l’abonnement de streaming, on n’aime pas, on zappe. Mais on prend peut-être aussi davantagele«risque»dedécouvrir,parcequeçanecoûte rien?Lesusagessontmultiples…Sansparlerdeceuxqui n’auraient jamais acheté un CD de musique classique et qui, occasionnellement, parce que c’est maintenant compris dans l’abonnement, en écoutent un peu. L’immobilier, dont la part a augmenté dans le budget des ménages, pèse aussi sur le mélomane peu fortuné : proportionnellement,ilpaiepluscher pourunesurfaceplusmodeste.Cequi lui impose de choisir ce qu’il aura la possibilité de thésauriser dans ce petitchez-soi.Toutlemonde,d’ailleurs, n’a pas une âme de collectionneur, et pourvu que la qualité du son soit au rendez-vous, écouter un CD ou écouter des fichiers (avec le matériel adéquat), c’est toujours écouter de la musique. Tout cela n’enlève rien à la nécessité de la pédagogie – du grecagô, «conduire, guider ».Pour seretrouver au milieu de cette surabondance, il faut s’y connaître un peu, ou connaître quelqu’un qui s’y connaît – et tout le monde ne baigne pas dans un entourage d’experts. Avec la disparitiondel’undesderniersdisquairesspécialisés,cen’estpas seulement un banal commerce qui s’en va. Le disquaire, c’est un lieu ; c’est aussi un métier. Quand on va chez son disquaire,onsaitqu’ilpeutfaireplusquevendre:conseiller, éclairer, informer. « C’est vous qui avez fait de moi le mélomane que je suis devenu », confessait un habitué de Melomania après la triste annonce. Le disquaire, comme le critique (du grec krinô, « trier, juger, choisir »), partage le savoir et l’expérience qu’il a acquis. Le streaming est une aubaine à condition de pouvoir réellement en tirer profit ; face à la profusion qu’offre ce mode d’écoute, les conseilsetlapédagogiesontplusquejamaisnécessaires! C’est aussi le rôle de Diapason. Pas de panique : pour cela, nous maintenons le cap. Schumann musique de chambre / lieder Des enregistrements rares et légendaires sélectionnés par Diapason. LADISCOTHÈQUEIDÉALEDEDIAPASON VOLUMEXXXIII Isabelle Faust, Alexandre Melnikov, Cédric Tiberghien, le Quatuor Hanson et le Trio Wanderer se sont joints à six critiques de Diapason pour passer au crible la discographie des chefs-d’œuvre chambristes et des lieder de Schumann. Près de 14h de musique Edition limitée ! NOUVEAU 34€90 +Livret20pages Coffret 10 CD en partenariat avec en partenariat avec Visuels non contractuels. DÉJÀPARUS DANS LA DISCOTHÈQUE IDÉALE DE DIAPASON : Votre coffret Schumann comprend : POUR COMMANDER ET S’INFORMER # M091 # V1660182 A compléter et à retourner avec votre règlement à : La boutique Diapason - 59898 LILLE CEDEX 9 BON DE COMMANDE Renvoyez le bon de commande avec votre règlement à : La Boutique Diapason 59898 LILLE Cedex 9 01 46 48 48 03 du lundi au samedi (paiement par carte bancaire uniquement) Connectez-vous sur notre site : www.kiosquemag.com/boutique Vous pouvez commander d’autres coffrets sur www.kiosquemag.com/boutique > J'INDIQUE MES COORDONNÉES : (*Aremplirobligatoirement) Nom*: Prénom*: Adresse*: CP*: Ville*: Email: Votre email nous sera utile si besoin pour le suivi de votre commande. N°detéléphone Dateanniversaire: Portabledepréférencepourenvoidesmssiproblèmedelivraison Pour fêter votre anniversaire CDI-II Quatuor avec piano. Festival Quartet 1957. Kolisch, Lehner, Heifetz & Monath 1937. Quintette avec piano. Hollywood String Quartet & Aller 1955. Quatuor Pro Arte & Schnabel 1934. Quatuor à cordes n°1. Curtis String Quartet 1952. Quatuor à cordes n°2. New Music String Quartet 1954. CD III Quatuor à cordes n°3. Quartetto Italiano 1959. Adagio et allegro op.70. Schwabe & Vogt 2017. Fantasiestücke op.73. Piatigorsky & Berkowitz 1949. Sonate pour violon et piano n°2. Ferras & Barbizet 1959. CD IV Sonates pour violon et piano nos 1 et 2. Busch & Serkin 1937 et 1943. Sonate pour violon et piano «F.A.E.». Stern & Zakin 1954. Spanisches Liederspiel. Petersen, Vondung, Güra, Jarnot & Berner 2009. CD V Trio avec piano n°1. Oïstrakh, Knouchevitzki & Oborine 1948. Trio avec piano n°2 Oïstrakh, Knouchevitzki & Goldenweiser 1952. Märchenbilder. Barchaï & Shraibman 1955. Romances op.94. Temianka & Reizenstein 1939. CD VI Trio avec piano n°3. Merckel, Tortelier & Hubeau 1960. Pièces dans le style populaire op.102. Rostropovich & Britten 1961. Trio avec piano n°1. Thibaud, Cortot & Casals 1928. CD VII Märchenerzählungen. Wlach, Weiss & Demus 1950. Adagio et allegro op.70. Brain & Britten 1956. Fantasiestücke op.73. Kell & Moore 1940. Romances op.94. Tondre & Dörken 2020. Quatuor à cordes n°3. Quatuor Amadeus 1962. CD VIII-X Liederkreis op.39. Prey & Engel 1962. Frauenliebe und - leben. Jurinac & Holetschek 1954. Dichterliebe. Schiøtz & Moore 1946. Liederkreis op.24. Fischer-Dieskau & Klust 1955. Kerner-Lieder op.35. Fischer-Dieskau & Moore 1954. Gedichte der Königin Marie Stuart op. 135. Seefried & Werba 1960. Lieder. Grümmer & Dietz 1958, Streich & Werba 1961, Fischer-Dieskau & Klust 1956, Seefried & Werba 1956, Souzay & Baldwin 1961, Forrester & Raucheisen 1955, Haefliger & Bonneau 1959, Höngen & Zipper 1946, Anders, Lemnitz & Raucheisen 1944. RETROUVEZ CES COFFRETS SUR www.kiosquemag.com/boutique Rapide, simple et 100% sécurisé, réglez par carte bancaire sur www.kiosquemag.com/boutique LaBoutique > Je joins mon chèque ci-joint libellé à l’ordre de La Boutique Diapason. Je ne souhaite pas recevoir les offres Privilège de Diapason et Kiosquemag sur des produits et services similaires à ma commande par la Poste, e-mail et téléphone. Dommage! Je ne souhaite pas que mes coordonnées postales, mon e-mail et téléphone soient communiqués à des partenaires pour recevoir leurs bons plans. Dommage! ■ ■ OUI, JE COMMANDE RÉF QTÉ PRIXUNIT. TOTAL Coffret n°33 Schumann musiquedechambre/lieder 432693 34,90€ € Envoi en Colieco ■ ■ 5,00€ Envoi en Colissimo suivi ■ ■ 7,90€ TOTAL DE MA COMMANDE € Cet emblème garantit notre adhésion à la fédération du e-commerce et de la vente à distance et à ses codes de déontologie fondés sur le respect du client. Offre valable France Métropolitaine valable jusqu’au 31/12/2025 dans la limite des stocks disponibles. 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Vous pouvez introduire une réclamation auprès de la CNIL - www.cnil.fr. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données personnelles, vos droits et nos partenaires, consultez notre politique de confidentialité sur www.kiosquemag.com. ÉVÉNEMENT! Vendredi 16 janvier 2026 Paris, Théâtre des Champs-Élysées • La soprano Amina Edris, qui triomphe sur les plus illustres scènes de la planète (Opéra de Paris, Met de New York, Scala de Milan, Covent Garden…). • Le pianiste Lukas Geniušas, qui affronte les pages les plus virtuoses du répertoire, comme en témoignent ses sensationnels albums consacrés à Chopin ou Rachmaninov. • Jean-Guihen Queyras, star des violoncellistes, fêté dans le monde entier, en particulier pour ses deux enregistrements des Suites de Bach, couverts de récompenses. Et les lauréats des Diapason d’or de l’année 2025. Concert accompagné par l’Orchestre Pelléas, direction Benjamin Levy. Avec des artistes prestigieux : © Crédits photos : Capucine de Chocqueuse, Ira Polyarnaya et Jean-Guihen Queyras. Billetterie ouverte, réservez vos places ! www.theatrechampselysees.fr ou au 01 49 52 50 50 Production : Céleste Productions Une soirée proposée par le magazine Diapason, mêlant répertoire lyrique, musique de chambre et symphonique, avec des rencontres inédites et des invités surprises ! 2025 LE CONCERT I 9 PAR BENOÎT FAUCHET Leur parole est d’or Les disques du pianiste Alexandre Tharaud et de l’ensemble Les Kapsber’Girls ont été couronnés d’un Diapason d’or le mois dernier. Vous voulez savoir comment furent conçus ces joyaux ? Les heureux élus lèvent un coin du voile. ACTUALITÉS coulisses Alexandre Tharaud PIANO Concertos pour piano de Pécou, Lazkano et Nante. Orchestre national de Lyon, Jonathan Stockhammer, Orchestre symphonique de la WDR, Sylvain Cambreling, Orchestre national de Lille, Emilia Hoving. Erato. Albane Imbs CORDES PINCÉES ET DIRECTION « Vox feminae » : Œuvres de Strozzi, Bembo, Leonarda, Campana, Quinciani, F. Caccini, Kapsberger et Pasquini. Les Kapsber’Girls. Alpha. « C’est autour d’un verre, en fin de soirée si possible, que naissent les meilleurs projets. Je vous souhaite de dîner chez Ramon Lazkano, tant la cuisine y est délicieuse ; d’écouter pendant des heures, à la nuit tombée, la voix douce de Thierry Pécou vous parler de ses voyages ; ou de prendre un digestif avec Alex Nante, vers deux heures du matin, entre Paris et Buenos Aires. Il y a quelques années, en ces instants d’apesanteur, trois nouveaux concertos ont pris corps. Celui de Pécou, concerto-volcan, s’inspire de la musique javanaise et de ses instruments traditionnels. Le piano se mue ici en gamelan démoniaque, on semble transporté dans une forêt tropicale, et, comme souvent chez Thierry, tout paraît nous surpasser. Celui de Lazkano palpite d’invention. Une partition exigeante, aux mille détails. Ce qui frappe chez Ramon, c’est la découverte de sons inédits, à tous les pupitres de l’orchestre, jusqu’au piano. Enfin, celui de Nante, tout en lumière et perspective. Six courts mouvements, en miroir, où le clavier répond amoureusement au cor, à la harpe, à la flûte… Un concerto de chambre, en quelque sorte, qui ressemble à Alex : juvénile, pétillant, généreux, au cœur large. Il ne manquait que trois chefs et orchestres d’exception pour en faire un disque. » « Le projet d’un programme sur les compositrices italiennes débute en 2018 avec la préparation d’un concert pour le festival Les Nuits de septembre à Liège. Hormis la grande figure de Barbara Strozzi, la plupart des noms nous étaient alors inconnus (!), mais l’idée de se pencher sur tout un pan injustement délaissé de notre histoire musicale occidentale et peut-être d’en exhumer quelques pépites nous a évidemment tout de suite séduites et la promesse de ce que nous allions y découvrir, fascinées… Nous ne nous étions pas trompées ! S’en est suivi un long et passionnant travail d’écrémage des catalogues de bibliothèques, de demandes de microfilms et de sélection de matériel adapté à notre formation… pendant que germait l’idée d’en faire un jour un disque. A l’hiver 2023, nous nous retrouvions pour la troisième fois en plein cœur de la forêt norvégienne enneigée dans le studio de Rolf Lislevand pour enregistrer sous ses précieux conseils et son oreille affûtée. Avec ce programme, c’est la première fois que notre quatuor s’élargit, avec la présence de la harpe triple, offrant une nouvelle couleur à notre continuo, qui se devait de gagner en densité pour servir avec justesse la richesse et la puissance de ces voix oubliées. » © JEAN-BAPTISTE MILLOT. © DR 10 I I lestvioloncelliste,aungrandfrèrevioloniste, et tous deux sont promis à – et mêmedéjàengagésdans–unbeauparcoursprofessionnel:GautierCapuçon? Non, mais l’un de ses protégés : Léo Ispir. Il s’est mis à son instrument en « amoureux de Jacqueline du Pré » d’abord, si on l’écoute,sansprendrelachoseausérieux. Avecl’aînéLuka,«onacommencéàjouer dans la rue ensemble pour se faire de l’argent de poche », se souvient Léo, natif deRouenquitrouvait«marrant»depratiquer le violoncelle. C’est le travail avec Hélène Dautry, sa professeure au conservatoire régional de la rue de Madrid à Paris,quichangerasaperspective:«Elle m’afaitressentirl’importanceetlabeauté delamusique,j’aicomprisquec’estceque jevoulaisfaire.»PuisceseraleCNSMDP dans la classe de Jérôme Pernoo, parallèlementàl’AcadémieJarousskypourybénéficier des conseils d’Anne Gastinel. Tournée de refuges 2023 est l’année de la révélation : il remporte le Concours Gustav Mahler de Jihlava(Républiquetchèque),estnommé « talent Adami classique », entre en résidenceàlaChapellemusicaleReineElisabethavecpourmaîtreGaryHoffman,est lauréat, en même temps que son frère, de la Fondation Gautier Capuçon. Cette dernière a permis aux frères Ispir d’enregistrer leur premier album en duo, qui vient de paraître chez Erato. Son programme fait la part belle au XVIIIe siècle (Bach, Handel, Mozart), s’articule autour de la sonate de Ravel et tutoie les origines franco-turques de la fratrie avec le premierenregistrementdeStreetofMemories de Fazil Say. Et c’est avec le soutien de cette même fondation que Luka et Léo s’apprêtent à multiplier les concerts cet été, pour certains dans un cadre moins formel que le Festival de Colmar qui les accueillera le 4 juillet. « Nous sommes très sensibles à la cause écologique ; d’où l’idée de bâtir une tournée de refuges à pieddanslamontagne,complétéepardes concerts plus traditionnels », précise le jeune violoncelliste. Un deuxième disque en tandem devrait paraître en 2026 sous étiquette Berlin Classics, autour de La Muse et le Poète de Saint-Saëns, avec l’Orchestre de la Radio de Vienne. Mais le duo « ne veut pas être un groupe fixedefrèresquifontcarrièreensemble», chacun envisageant plutôt de retrouver l’autre régulièrement tout en traçant son propresillonartistique.PourLéo,cesera donc le violoncelle, mais encore la viole de gambe, « présente dans (sa) vie », elle aussi. « J’en ai commandé une, je l’attends ! » B.F. • coulisses Une nomination importante à un premier poste de chef titulaire : PIERRE DUMOUSSAUD a été désigné directeur musical de l’Opéra Orchestre Normandie Rouen (OONR), où il succédera en 2026-2027 au Britannique Ben Glassberg, qui y aura accompli deux mandats de trois ans. La maison normande parie de nouveau sur un chef de la jeune génération, ancien assistant de Marc Minkowski aux Musiciens du Louvre et à l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, révélé sur la scène lyrique depuis son sacre au Concours de chefs d’orchestre d’opéra de Liège en 2017, puis aux Victoires de la musique classique 2022. Depuis, le Français a brillé dans de nombreuses fosses européennes, jusqu’à Bastille dans Manon et au Bayerische Staatsoper pour Mignon. « Nous avons hâte de faire découvrir à tous les Normands l’ingéniosité et la générosité d’un chef attaché à se produire sur toutes les scènes », s’est réjoui le directeur de l’OONR, Loïc Lachenal. CRESCENDO DECRESCENDO Une brillante carrière de directeur d’opéras… mais une condamnation en justice au bout du chemin. ALEXANDER PEREIRA s’est vu infliger fin mai 22 semaines d’emprisonnement avec sursis, 26000 euros d’amende, 1500 euros de dommages et intérêts et cinq ans d’interdiction d’exercer une fonction publique, pour détournement de fonds à des fins personnelles alors qu’il était surintendant du Mai musical florentin – pour couvrir un déménagement, des frais de bouche et de déplacements… L’ancien directeur de l’Opéra de Zurich, du Festival de Salzbourg et de La Scala de Milan échappe cependant à une sanction bien plus lourde : il a été relaxé de l’accusation d’avoir utilisé abusivement près de 35 millions d’euros pour régler salaires et impôts, soupçons pour lesquels le parquet avait requis quatre ans et quatre mois de prison, tandis que le ministère de la Culture italien et la Fondation du Maggio Musicale demandaient à être indemnisés à hauteur de plus de 9,5 millions d’euros. © MAGGIO MUSICALE FIORENTINO © NATACHA COLMEZ © AMANDINE LAURIOL Nom : Ispir Prénom : Léo Né en : 2002 Profession : violoncelliste JEUNE TALENT I 11 © QUEEN ELISABETH COMPÉTITION / THOMAS LÉONARD+ H istorique ! Pour la première fois en près de quatre-vingt-dix ans d’existence, le Concours Reine Elisabeth deBelgique,consacréaupianocette année, a été remporté par un musicien originaire des Pays-Bas voisins. Lors de sa finale le 28 mai, Nikola Meeuwsen, vingt-trois ans, a marqué le jury de la prestigieuse compétition bruxelloise dans le Concerto no 2 de Prokofiev et la pièce concertante inédite imposée, Music for the Heart de Kris Defoort, devançant le Japonais Wataru Hisasue (2e Prix). Le Néerlandais n’est pas un inconnu localement, lui qui se perfectionne à la Chapelle musicale Reine Elisabeth de Waterloo, tout comme le Belge Valère Burnon (3e Prix), le Français Arthur Hinnewinkel (4e Prix) ainsi que ses compatriotes Mirabelle Kajenjeri et Nathalia Milstein, finalistes non classées. La Chinoise Jiaxin Min elle aussi s’est retrouvée reléguée parmi les lauréates sans prix. Un sort incompris, si l’on en croit l’ovation que lui a réservé le public de la salle Henry Le Bœuf du Palais des beaux-arts, émaillée de quelques huées visant manifestement le jury, lors de la proclamation du palmarès dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Tout en se réjouissant que « le concours ait consacré un musicien aussi magnifique et attachant que Nikola Meeuwsen », le pianiste Florian Noack a jugé « amère » l’absence de l’artiste asiatique, formée à la Juilliard School de New York puis au Royal College of Music de Londres. « Pensée pour cette pianiste qui aura marqué le concours par son investissement total, son énergie, sa façon absolue d’habiter le Concerto no 3 de Prokofiev », a écrit le musicien belge sur ses réseaux sociaux. Pour Aurélie Moreau, productrice à France Musique « épatée par chacune de ses prestations », Jiaxin Min « faisait l’unanimité ». « Que s’est-il passé dans la tête du jury […] pendant ces deux heures de délibération ? », s’interroge-t-elle. Avant de tirer l’immanquable parallèle : « On se croirait revenus au Concours Chopin de 1980, quand Ivo Pogorelich avait été éliminé au troisième tour », ce qui avait entraîné la démission du jury d’une Martha Argerich criant au génie bafoué. Pas de délibération Sauf qu’au Reine Elisabeth, le jury ne délibèrepas:chacundesesmembres,quinesont logiquement pas autorisés à voter pour leurs élèves, transmet ses notes à un huissier de justice, et le résultat est obtenu à partir de la moyenne de leurs évaluations. Ce qui ne suffit pas à expliquer, estime Pierre Solot, animateur à Musiq3, la chaîne classique de la RTBF, comment les cinq femmes finalistes de 2025 aient pu toutes se retrouver non primées.Cen’étaitpasunaccidentdel’histoire, souligne le commentateur dans son billet d’humeur, puisque « sur les trente derniers lauréats du concours de piano, il n’y eut qu’une seule femme… qui reçut le 5e Prix en 2013 ». Comme tout le monde, le jury (sept femmes,neufhommescetteannéeparmiles votants)est«perclusdebiaiscognitifs»etde « distorsions de jugement », tranche le chroniqueur. Lequel suggère de publier les notes de chaque juré sur chaque candidat, « pour y voir plus clair » sur le processus menant à l’établissement du palmarès et préserver « la crédibilité du concours ». B.F. Rois sans reine Elisabeth Six hommes se sont partagé les prix de l’édition 2025 du grand concours de piano bruxellois, quand aucune des femmes finalistes n’a obtenu de récompense. Pas même la Chinoise Jiaxin Min, qui avait pourtant fait forte impression. Nikola Meeuwsen, vainqueur du Concours Reine Elisabeth. 12 I L’ annonceimmobilière,repéréeparnotre consœur Alice de Chirac, évoque une « jolie demeure » qui « allie le charme historique et le confort moderne » : la « Maison Wagner » à Meudon a été mise en vente il y a quelques semaines. C’est là qu’un Richard Wagner âgé de vingt-huit ans et sans le sou, quittant le centre de Paris avec sa premièreépouseMinnapourmettresescréanciers à distance, a écrit le livret du Vaisseau fantôme, d’abord esquissé en français puis rédigé en allemand en avril-mai 1841, avant d’en achever la musique entre l’été et novembre de la même année. Derrière l’élégante façade d’époque sur laquelle une plaque a été apposée pour rappeler le séjour fructueux du génie des lieux, tout a été métamorphosé en 1993 par un architecte réputé, Jacques-Emile Lecaron. A un siècle et demi d’écart, son geste créatif est entré en résonance poétique avec le quatrième opéra wagnérienetlepremierjugédignedeBayreuth, filant la métaphore d’un navire en mouvement voire«volant»commeleHollandais–unebaie vitréeenformedevoile,unemezzanineenbois ressemblant à une proue, des piliers à la façon de mâts rythmant le beau volume de la pièce de vie d’une « hauteur cathédrale »… A la barre, la propriétaire, Agnès Soulez Larivière,conteuseetautricepourenfants,yorganisaitdepuisdesannéesquelquesvisitesguidées, lectures et concerts chambristes. En 2020, elle confiait au journal Le Parisien son vœu que le lieu soit labellisé « Maison des Illustres » par le ministèredelaCulture.Onseprendraitpresque à imaginer cet endroit inspirant transformé en résidence pour artistes et chercheurs éclairant l’histoireetlapostéritésurWagneretlaFrance, ou bien explorant la relation entre mer et musique.Amoinsquecettemaisondecaractèrede 231m²etcinqchambres,«idéalementsituéepar rapportauxcommerces,auxécolesetauxtransports » sur l’avenue cossue menant au château de Meudon, ne trouve plus prosaïquement preneurauprixdumarché–1,820milliond’euros, honoraires inclus, selon l’annonce. B.F. Vaisseau à vendre Musée du monde Héritier du « cabinet d’instruments » issus de confiscations révolutionnaires sous les derniers feux du XVIIIe siècle, le Musée de la musique à Paris réunit l’une des plus belles collections instrumentales au monde, avec près de 9000 pièces. Pour les trente ans de la Cité de la musique, qui l’a accueilli Porte de Pantin en 1997, le lieu dévoile depuis la mi-mai une nouvelle présentation de sa collection permanente. Avec l’ambition de renouveler « le discours sur le patrimoine instrumental d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et des Amériques » par une démarche muséographique qui se veut « plus inclusive » dans un « monde globalisé et postcolonial ». Il s’agit notamment de dépoussiérer l’organisation des vitrines par continent : l’approche est moins strictement géographique et ethnographique, plus ouverte aux « processus d’hybridation ». Dans un nouvel espace comprenant deux salles et baptisé « Des musiques et des mondes », des « récits » peuvent ainsi raconter « l’histoire du banjo connectant l’Afrique et les Amériques au destin planétaire de la guitare hawaïenne », ou encore relier « la trajectoire diasporique des musiciens gnawa du Maroc à celle des griots d’Afrique de l’Ouest ». Et c’est l’ensemble de l’accrochage qui est repensé, dès le début du parcours intitulé « Polyphonie », qui rassemble une soixantaine d’objets de provenances variées. Plus loin, à l’heure de l’Ancien Régime, le musée s’attache à montrer la circulation des motifs et matériaux (ivoire, ébène, nacre, écailles…) qui embellissent violes et guitares européennes. Ou encore, à l’âge romantique, à mettre en lumière l’apparition de l’orientalisme à l’opéra. Le cheminement du visiteur est balisé de « carrefours » qui témoignent des connexions entre les différentes aires culturelles. L’inspiration est clairement revendiquée par les responsables du musée et de la Philharmonie : c’est celle du « Tout-Monde » théorisé par le penseur antillais Edouard Glissant. B.F. © MARCUS HÖHN © FLORIAN SCHROETTER © WIKIMEDIA COMMONS ENTRÉE DES ARTISTES Violon solo du West-Eastern Divan Orchestra, professeur à l’Académie Barenboim-Saïd fondés par son père, le Berlinois Michael Barenboim a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de voyager en Israël avant longtemps, alors qu’il est l’une des principales voix en Allemagne dénonçant l’intervention militaire israélienne à Gaza. La scénariste et réalisatrice italienne Ivana Massetti prépare un film de fiction sur Luciano Pavarotti intitulé Vox Divina, qu’elle espère sortir dans les salles en 2027, pour le vingtième anniversaire de la disparition du tenorissimo. Pour la première fois depuis son lancement en 2009, le Prix Birgit Nilsson sera remis le 21 octobre à Stockholm à une institution lyrique, le Festival d’Aix-en-Provence, récompensé « pour ses réalisations artistiques exceptionnelles », avec une « reconnaissance particulière » pour la création en 2021 de l’opéra Innocence de la Finlandaise Kaija Saariaho. Fertile pépinière de jeunes musiciens du monde entier désireux de servir la musique de leur temps, l’Académie du Festival de Lucerne, fondée en 2004 et dirigée jusqu’en 2015 par Pierre Boulez, relayé par Wolfgang Rihm de 2016 jusqu’à sa mort en 2024, sera placé sous la direction de Jörg Widmann à partir de 2026. L’intendant de l’Opéra de Vienne, Bogdan Roscic, a félicité le vainqueur à Bâle du concours Eurovision de la chanson 2025, le contreténor Johannes Pietsch dit JJ, un ancien membre du chœur d’enfants de la maison sur le Ring, qui concourait pour l’Autriche. • coulisses I 13 A près l’annonce de sa nomination au poste de directeur de l’Orchestre philharmonique de Radio France à compterdu1er septembre2026,Diapason présentait Jaap Van Zweden comme un chef au « bras sûr » mais aussi « exigeant voire difficile dans le travail » (cf. Coulisses d’avril 2024). Jusqu’à quelles extrémités ces traits de caractère connus peuvent-il conduire le maestro amstellodamois, soixante-quatre ans aujourd’hui ? Pointer, la plateforme d’investigation du groupe audiovisuel public néerlandais KRO-NCRV, a diffusé en mai une enquête vidéo aussi fouillée quetroublante,produiteàpartir d’entretiens réalisésauprèsdedizainesdemusicienneset musiciens d’orchestres que le chef a dirigés ce dernier quart de siècle, aux Pays-Bas et de Dallas à Hong Kong. Aucune plainte n’a vraisemblablement été déposée mais les témoignages, le plus souvent anonymes, dessinent un « modèle » de management par la « peur », qui se caractérise par un comportement potentiellement violent lors des séances de travail. « Après un conflit avec lui, j’ai dû suivre une thérapie pendant six mois », raconte une instrumentistenéerlandaise,quandunautre rapporte avoir « perdu le sommeil pendant plusieurs semaines » et avoir « dû être suivi par un psychologue à cause d’un syndrome post-traumatique».«Ilpeutvousprendreen grippe au milieu d’une répétition, alors que tout est calme. Il vous hurle dessus comme si vous aviez quatre ans », détaille un musicien américain. « Il n’y a pas que l’orchestre : tout le monde a peur de lui, y compris la direction », relève une autre source. Des musiciens ont confié prendre des calmants avant la venue de Jaap Van Zweden au pupitre de leur orchestre, quand d’autres préféraient se faire porter pâle. Gant de velours Le mis en cause n’a pas souhaité répondre en direct aux questions des journalistes mais a enregistré une déclaration relayée à lafindudocumentaire,danslaquelleonpeut entendre un début de mea culpa. « Il m’arrive d’employer un ton vif, et si cela arrive devant 120 personnes, c’est vrai que ce n’est pas agréable », admet-il, après avoir rappelé avoirdirigéentrenteansquelque«cinqmille musiciens de plus de cinquante orchestres dans trente-deux pays ». « Je sais que je peux être exigeant », reconnaît-il encore, en relevant que le perfectionnisme « ne devrait jamais justifier un climat de tension menant à l’usage de tranquillisants », à un « stress malsain » et à des « nuits sans sommeil ». « Touché » par certains témoignages, l’ancien violon solo du Concertgebouw assure être « ouvert à la critique » et conclut en déclarant : « Si ma façon de travailler doit être améliorée, s’il vous plaît, dites-le-moi. » Nul douteque les musiciens du Philharmonique de Radio France ne manqueront pas de signaler tout incident quand ils auront l’occasion demieuxfaireconnaissanceavecleur chef « désigné » en octobre prochain, pour des concerts à la Maison ronde et en tournée européenne. Si elle veut durer à Paris, la main de fer de « JvZ » va devoir se glisser dans un gant de velours, et vite. B.F. Main de fer Le futur directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Jaap Van Zweden, a dû répondre à des témoignages de musiciens mettant en cause son leadership, jugé autoritaire voire toxique. « L’Opéra Bastille, c’est 400 millions d’euros nécessaires à des travaux, parce que la scène peut s’écrouler » : tel est l’avertissement lancé par la ministre de la Culture, Rachida Dati, le 20 mai lors d’une audition devant la commission des finances de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas une totale surprise, puisqu’on savait que le bâtiment de Carlos Ott aurait besoin d’un grand carénage (étanchéité des toitures, machinerie, cintres, fosse, cadre de scène) après trente ans d’exploitation. En mars dernier, le directeur général de l’Opéra de Paris, Alexander Neef, avait évoqué la mobilisation d’une enveloppe de 600 millions d’euros d’investissements jusqu’en 2037. Mais son évaluation portait alors sur l’ensemble des sites de l’établissement : Bastille, fermé pour deux ans à partir de l’été 2030, mais aussi le palais Garnier, inexploité également durant vingt-quatre mois et ce dès 2027, les ateliers de décors et costumes du boulevard Berthier et l’Ecole de danse à Nanterre. L’estimation est-elle déjà dépassée ? La « Grande Boutique » se trouve plus que jamais devant un « mur d’investissements » qu’elle va devoir gravir certes avec l’aide de l’Etat, mais essentiellement par elle-même, en puisant dans ses réserves, en mobilisant ses capacités d’autofinancement et en développant ses ressources de mécénat. B.F. 400 © BRAD TRENT © WIKIMÉDIA
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