DIAPASON n°741 - Page 1 - 741 A12 Classic AMPLIFICATEUR INTÉGRÉ HYBRIDE DOUBLE-MONO 2X190W Advance Paris - 13, rue du Coq Gaulois - 77170 Brie-Comte-Robert - France - www.advanceparis.com AMPLIFICATEUR HYBRIDE CONVERTISSEUR NUMÉRIQUE - ANALOGIQUE USB POUR ORDINATEUR / BLUETOOTH (OPTION) / PHONO MC-MM ENTRÉES - SORTIE XLR / DOUBLE SORTIES SUBWOOFERS SORTIES CASQUES CONFIGURABLES I 3 © COUVERTURE : SONY CLASSICAL - GETTY IMAGES/ MICHAEL OZERSKY Ce numéro comporte sur tout ou partie de sa diffusion : un CD Reworld Diapason d’or et un CD Indispensables de Diapason jetés sur la couverture. sommaire FÉVRIER 2025 n° 741 ILS FONT L’ACTUALITÉ PAGE 32 PAGE 66 PAGE 28 En festival Nourri de multiples influences, son univers musical révèle ses secrets à mesure qu’il nous devient plus familier. La compositrice autrichienne OLGA NEUWIRTH est l’invitée d’honneur du prochain Festival Présences de Radio France. En disque Nouvelle victoire pour HERVÉ NIQUET dans sa défense de la tragédie lyrique. Entre Racine et Gluck, un opéra commencé par Desmarest et achevé par Campra revit grâce à un Concert Spirituel superlatif et une distribution sans faille. En fosse L’ensemble Utopia, sous la conduite de son directeur musical TEODOR CURRENTZIS, fait ses débuts à l’Opéra de Paris dans une nouvelle production de Castor et Pollux de Rameau. Au résultat artistique de valider la pertinence d’un engagement qui n’est pas sans poser question. RECEVEZ DIAPASON CHEZ VOUS! Votre bulletin d’abonnement se trouve page 85. Pour commander d’anciens numéros, rendez-vous sur www.kiosquemag.com Vous pouvez aussi vous abonner par téléphone au 01 46 48 47 60 ou sur www.kiosquemag.com © CHRISTOPHE ABRAMOWITZ © HENRI BUFFETAUT © STAS-LEVSHIN ACTUALITÉ 4 L’éditorial d’Emmanuel Dupuy 7 Coulisses MAGAZINE 16 Histoire DIMITRI CHOSTAKOVITCH 28 Tête d’affiche TEODOR CURRENTZIS 32 Portrait OLGA NEUWIRTH 36 L’œuvre du mois LES SEPT DERNIÈRES PAROLES DU CHRIST de HAYDN 40 Mythologies DINU LIPATTI 42 L’air du catalogue LE VIOLON SEUL 44 Les soirées de Garnier 46 La chronique d’Ivan A. Alexandre SPECTACLES 47 A voir et à entendre 52 Festival Classiquicime 54 Vu et entendu 58 LEDISQUE LE SON 105 Echos 107 Câbles & accessoires 108 Banc d’essai 12 AMPLIS DE 399€ À 14500€ LEGUIDE 119 Radio 120 Livres 122 La playlist de ma vie CHRISTIAN DE PORTZAMPARC 4 I L’éditorial D’EMMANUEL DUPUY Notre musique est élitiste. La preuve : elle coûte cher. Maintes fois entendue, l’assertion ne résiste pas dix secondes à l’examen de la réalité. D’après une étude récente publiée par le ministère de la Culture*, le prix moyen d’uneplacedeconcertclassiqueétait,en2023,de23euros, contre 50 euros pour la pop, le rock et la chanson. Du simple au double. Totalement imaginaire, la barrière du prix n’est donc qu’une mauvaise excuse brandie par ceux qui ne veulent faire l’effort de découvrir un univers qu’ils ne connaissent pas – seul cas particulier : l’opéra, où le prix moyen du billet reste sensiblement plus élevé (67 euros). Est-ceunesibonnenouvelle?Pasvraiment,caralorsque le nombre de concerts classiques augmente légèrement (+2% de 2022 à 2023), la quantité de billets vendus diminue (−3%) et, plus grave encore, les recettes s’effondrent (−18%). En économie un tel tableau a un nom : déflation, fléauredoutéquiadvientencas de discordance entre l’offre et la demande. C’est en fait pour attirer le chaland que les responsables de nos salles, de nos festivals et de nos orchestres proposentdestarifssibas,voire cèdent à la gratuité : dans le domaine qui nous intéresse, 14% des billets sont donnés, deux fois plus que pour les musiquesactuellesrégiesavecdavantagedelogiquecommerciale. Attention d’ailleurs à cet usage de la gratuité, armeàdoubletranchant:siellepeutpermettred’amener dans les salles des publics a priori réticents, elle risque aussi de déprécier la pratique culturelle que l’on cherche ainsiàpromouvoir–lespectacle,c’estcommelepsy,ilfaut payer pour en profiter pleinement. Cette politique de prix cassés est-elle le symptôme d’une suroffredeconcertsclassiques?C’esthélas!laconclusion que s’empresseront de tirer nombre de responsables politiques pour justifier les baisses de subventions qui menacentunpeupartout.Pourtant,leclassiquenereprésente que 3,2% du total des spectacles dans notre pays (3,9% en incluant l’opéra), contre 18,1% pour tous les autresgenresmusicaux.Etdansl’absolu,yaura-t-iljamais tropd’occasionsdejouerlesœuvresdupatrimoineetd’en créerdenouvelles?tropd’opportunitésoffertesaupublic de les entendre ? trop de possibilités pour l’emploi de musiciens de mieux en mieux formés ? 23 euros _Le spectacle, c’est comme le psy, il faut payer pour en profiter. _ Si l’on se refuse donc à parler de suroffre, c’est que la demande est insuffisante. Sans surprise : ce n’est là que la conséquence d’un processus de déculturation souvent évoqué sur cette page, et que l’on ne réglera pas d’un coup de baguette magique – ni même, sans vouloir paraître trop pessimiste, par des moyens plus rationnels, tant le mal est profond. Toutceci,quoiqu’ilensoit,nefaitpaslesaffairesdenotre secteur.Carlachutedesrecettesdebilletterieseconjugue à une augmentation des coûts de production et à des restrictions dictées par un pesant contexte de disette budgétaire – et par les oukases de décideurs peu scrupuleux. A terme, un tel cocktail pourrait finir par avoir des effets délétères sur de multiples structures. L’année commence sous de bien mauvais auspices. Des raisons d’espérer ? Malgré les mois d’enfermement pendant la pandémie, malgré l’essor des plateformes de streamingaudioetvidéo,noscontemporainsnedélaissent paslespectaclevivant.En2023, toujours selon l’étude précitée, 62 millions de personnes ont assistéàquelque200000représentations, toutes disciplines confondues (musique, mais aussi théâtre, cirque, danse, etc.)Laquantitéglobaledebilletsprogressaitde11%,générant une recette en hausse de 17%. Champion toutes catégories : le théâtre parlé qui, en nombre de levers de rideau, concentre à lui seul 43,7% du total – loin, très loin devantsonhomologuelyrique(0,7%).Maisc’estl’humour qui enregistre la progression la plus notable : +15% en nombre de représentations. Nos contemporains ont envie de se marrer. A défaut, on pourra leur proposer de faire la fête avec nous tout au long de 2025, grâce à la kyrielle d’anniversaires annoncés:bicentenairepourJohannStrauss,centcinquanteans pourlepalaisGarnier,pourlanaissancedeRavel,pourla mortdeBizet(etpoursonplusillustrechef-d’œuvre),cent ans pour la mort de Satie, pour la naissance de Boulez, cinquante ans pour la mort de Chostakovitch, trente ans pour la Cité de la musique, dix ans pour la Philharmonie de Paris… n’en jetez plus ! Avec un peu de chance, ces célébrations inciteront le public à revenir dans nos salles. Et à en payer le prix ? On se rassure comme on peut. *Billetterie du spectacle vivant en 2023 par Thibault Caïe, Amandine Schreiber et Laure Turner. Téléchargeable sur www.culture.gouv.fr OPÉRA DON GIOVANNI MOZART LOUISE CHARPENTIER LA CALISTO CAVALLI THE NINE JEWELLED DEER SIVAN ELDAR-GANAVYA DORAISWAMY CRÉATION THE STORY OF BILLY BUDD, SAILOR D’APRÈS BRITTEN CRÉATION OPÉRA EN CONCERT LES PÊCHEURS DE PERLES BIZET LA FORZA DEL DESTINO VERDI OPÉRA CONCERTS INCISES MÉDITERRANÉE AIX EN JUIN ACADÉMIE 4 — 2 1 J U I L L E T 2 2 5 © IRMA BOOM GRAND PARTENAIRE Et maintenant, en français… Découvrez le Digital Concert Hall et tout l’univers des Berliner Philharmoniker – désormais disponible en français. Venez donc, jeter un coup d’œil ! Enregistrez-vous gratuitement et testez-nous à digitalconcerthall.com/fr I 7 PAR BENOÎT FAUCHET Leur parole est d’or Les nouveaux disques de l’ensemble Le Poème Harmonique dirigé par Vincent Dumestre et de la pianofortiste Lucie de Saint Vincent ont été couronnés d’un Diapason d’or le mois dernier. Vous voulez savoir comment furent conçus ces joyaux ? Les heureux élus lèvent un coin du voile. ACTUALITÉS coulisses Vincent Dumestre DIRECTION D’ENSEMBLE « Monteverdi testamento, Vespro della Madonna, 1643 ». Solistes, Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre. CVS. Lucie de Saint Vincent PIANOFORTE Montgeroult, Bigot : œuvres pour pianoforte. Lucie de Saint Vincent (pianoforte). Présences Compositrices. « L’histoire de ce disque doit beaucoup à une visite sur la tombe de Monteverdi il y a quelques années, aux Frari à Venise. J’étais resté longtemps dans cette basilique, à imaginer ce qu’avait pu être un office à la Vierge dans l’église qui lui était consacrée. Et j’avais pris conscience de ce paradoxe historique : la longévité unique de Monteverdi – soixante années de composition – comparée au nombre infime d’œuvres sacrées qu’il nous laisse, notamment ses Vêpres à la Vierge [de 1610]. Ses autres Vêpres, en dehors de toutes celles perdues, ne se trouvaient donc pas sous une forme fixée par lui, mais plutôt en puissance dans son testament musical, la Selva morale. Nous avons donc tenté de mettre en lumière, dans le cadre d’un office de vêpres mariales, un Monteverdi plus tardif, moins archaïque peut-être (en tout cas moins tributaire du cantus firmus), en visant la singularisation sonore du rapport voix-instruments. L’occasion pour nous d’expérimenter un travail nouveau sur le son choral avec un ensemble de chanteurs inspirés formant le chœur du Poème Harmonique, dont c’est ici le premier enregistrement. Et bien sûr, forts des expériences menées depuis plus de dix ans avec la preneuse de son Laure Casenave dans cette acoustique unique et inspirante de la Chapelle royale de Versailles, que nous connaissons bien mais qui nous surprend toujours par sa manière complexe de réagir aux effectifs, aux équilibres, à la projection du son. » « Depuis plus de dix ans, je cherche à faire découvrir le répertoire classique français oublié, en lien avec le son spécifique des pianoforte de facture française. J’ai découvert avec fascination en 2016 de nombreuses compositrices de cette période lors d’un projet porté par Claire Bodin, directrice du centre Présences Compositrices. Redonner à ces femmes une place dans l’histoire musicale occidentale m’a alors semblé essentiel. Cet album comprend des pages de Marie Bigot de Morogues qui, malgré sa courte vie, a laissé une œuvre pianistique riche. La faire dialoguer avec Hélène de Montgeroult a été une évidence. Elles se connaissaient, s’admiraient et étaient toutes les deux saluées pour l’expressivité de leur jeu. J’ai voulu plonger l’auditeur au cœur du son qu’elles avaient sous les doigts. Marie Bigot composa ses deux premiers opus à Vienne. Ils sont interprétés sur un merveilleux piano viennois du facteur Andreas Stein 1804 de la Collection Geelvinck (Pays-Bas). Le son français était plus difficile à capturer. Peu d’instruments de cette facture sont encore en état de jeu. Le Musée de la musique détient le fac-similé d’un Erard de 1802 exceptionnel, similaire à un des pianos d’Hélène de Montgeroult. Sa sonorité singulière, mêlée à ses registres, permet de recréer des tableaux musicaux de différentes textures, notamment dans la fantaisie, accentuant la vocalité et la dramaturgie typique de l’esthétique française classique. » © FRANÇOIS-BERTHIER © CLOSE-AAN-GRAF-VIERK 8 I I l a grandi dans une famille de musiciens amateurs à Thann, gros bourg d’Alsace qui cultive une tradition culturelle encore vivace, celle de l’orchestre d’harmonie. Ses parents, sa sœur et son frère en sont. Arthur aussi, qui se met à septansàlaclarinette,quejoueGuyEgler, chef de l’harmonie à la passion communicative. Le garçon se prend vite d’amour pour cet instrument qui permet de concilier classique et jazz, l’adolescent s’illustre avec entrain dans les deux répertoires. A Colmar, il profite de l’enseignement d’Alain Toiron, alors première clarinette du Symphonique de Mulhouse. AParis,ilpasseparlaruedeMadridavant d’entrer au CNSM dans la classe de Pascal Moraguès, où il obtient un master – un autre lui est promis à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin, auprès de Martin Spangenberg. Mais le musicien d’orchestre n’a pas attendu la fin de ses étudespourserévélerets’épanouir.SélectionnépourlessessionsduGustavMahler Jugendorchester et de la Mahler Chamber Orchestra Academy, Arthur Stockel est pris à l’essai par le London Symphony Orchestra puis est nommé, à vingt et un ans, clarinette solo du Philharmonique du Luxembourg. Quand lui est venue l’idée d’enregistrer son premier disque, c’est très logiquement qu’il a voulu être accompagnépar«son»orchestre.Leprogramme trouve sa source au Concours de Gand, remporté en 2022. Producteur-interprète « J’y ai joué principalement du Weber. Ce répertoire m’a paru très naturel mais en le travaillant, j’ai été frustré de ne pas trouver mon compte dans les versions existantes », explique le musicien. Avec sa clarinette de facture française, Arthur Stockel a donc voulu projeter une nouvelle lumière sur les deux concertos et le Quintette. Grâce à des mécènes, il a luimême produit son enregistrement, paru le 24 janvier chez Aparté, après avoir choisi ses partenaires de jeu – le jeune chef Leo McFall, le Quatuor Hanson dont il connaît bien le deuxième violon Jules Dussap, avec qui il a beaucoup « jazzé »… Il songe déjà à un nouvel album – ce devrait être un double –, une nouvelle fois centré « sur un compositeur pour aller à l’essence de son langage » : Brahms, ses deux sonates, son Quintette et son Trio avec clarinette B.F. • coulisses Bénéficiaire d’une carrière enviable de Munich à Montréal, KENT NAGANO a été désigné pour cinq saisons, à compter de septembre 2026, à la tête de l’Orchestre national d’Espagne (OCNE), avec un titre de directeur artistique qui concernera aussi le chœur qui lui est associé. C’est une belle opération pour l’institution madrilène, qui ne s’était pas attaché un nom aussi célèbre depuis le règne de Rafael Frühbeck de Burgos entre 1962 et 1978. Et c’est une marque de confiance à l’égard du chef américain, qui n’a dirigé la formation que lors de trois programmes. Présenté par l’OCNE comme un « grand transformateur d’orchestres internationaux », le Californien s’est dit honoré d’être choisi par cet « ambassadeur culturel » décidé à « faire entrer (la) grande tradition » espagnole « dans le XXIe siècle ». CRESCENDO DECRESCENDO Basse russe persona non grata sur les grandes scènes occidentales (de New York à Milan) pour son soutien à Vladimir Poutine dans le contexte de la guerre d’agression en Ukraine, ILDAR ABDRAZAKOV s’enfonce dans une posture d’artiste officiel du maître du Kremlin. Admis au Conseil présidentiel des arts et de la culture de la Fédération de Russie en octobre dernier, le chanteur vient d’être désigné directeur général du Théâtre national d’opéra et de ballet de Sébastopol, en Crimée. Sa trajectoire consonne avec celle de Valery Gergiev, qui coiffe désormais non seulement le Mariinski de Saint-Pétersbourg mais aussi le Bolchoï de Moscou – une concentration des pouvoirs qui témoigne de la chape de plomb qui s’est abattue sur la vie culturelle russe, et du rétrécissement de la carrière du chef ossète. © DR © DR © DR Nom : Stockel Prénom : Arthur Né en : 1996 Profession: clarinettiste JEUNE TALENT 10 I S aut générationnel au pupitre du Concert du nouvel an des Wiener Philharmoniker. A Riccardo Muti, qui vient de dirigeràquatre-vingt-troisans son septième Neujahrskonzert, succédera, le 1er janvier 2026, un tout jeune quinquagénaire, Yannick Nézet-Séguin. Ce sera une première à cette occasion pour un Canadien et pour le fringant Québécois. « En choisissant Yannick Nézet-Séguin, nous souhaitons remplir notre objectif de travailler davantage avec la jeune génération de chefs », a commenté dans un communiqué le violoniste Daniel Froschauer, président de l’orchestre. Unecheffesera-t-ellebientôtconviéeàconduire le concert symphonique le plus médiatisé du monde, comme certains le réclament ? Ce n’est vraisemblablement pas pour demain : les « Wiener » sont réputés ne pas aimer évoluer sous la contrainte, et leurs invités du nouvel an sont toujours des fidèles avec lesquels une relation étroite s’est nouée – c’est le cas de Yannick Nézet-Séguin,quifréquentelePhilharmonique depuis 2010 et l’a régulièrement dirigé à Salzbourg,Vienneetentournée.Orlesfemmes demeurent rares devant les Viennois depuis la pionnière Simone Young il y a vingt ans. Etilfaudraattendremaiprochainpourqu’une de ses consœurs, Mirga Grazinyte-Tyla, se voit confier des concerts d’abonnement… Enjeu de la féminisation Au pupitre ou dans les rangs des Philharmoniker, l’enjeu de la féminisation avance cependant, fût-ce lentement. Une compositrice, Constanze Geiger, a été jouée pour la première fois le 1er janvier dernier. La phalange viennoise, qui n’en comptait aucune avant 1997, dénombre désormais 24 femmes, sur un effectif de 145 musiciens et musiciennes. Et sept d’entre elles – notamment la bassoniste française Sophie Dervaux – ont interprété un programme constitué à 50/50 d’œuvres de compositrices et de compositeurs à l’Ehrbar Saal de Vienne, quelques heures seulement après les derniers accords de la MarchedeRadetzkysouslesorsduMusikverein. Le nom de leur formation chambriste pourrait sonner comme un manifeste : La Philharmonica. B.F. Philharmoniker, Philharmonica La féminisation progresse à pas lents, mais sûrs, dans les rangs et la programmation des musiciens viennois. Pas au point, pour le moment, de confier à une cheffe le Concert du nouvel an : Yannick Nézet-Séguin y fera ses débuts en 2026. © RICHARD KOVACS © FILIP WALDMANN © S.BRION ENTRÉE DES ARTISTES L’Orchestre philharmonique du Luxembourg a choisi un Hongrois de vingt-neuf ans, Martin Rajna, chef principal à l’Opéra de Budapest, pour succéder à Gustavo Gimeno au poste de directeur musical, pour une durée initiale de quatre ans à partir de septembre 2026. Julien Caron, délégué général des Musiciens du Louvre, a succédé à Vincent Morel à la direction artistique du festival Bach en Combrailles, dont il programmera la prochaine édition, du 4 au 9 août. La soprano brésilienne Luiza Willert, âgée de vingt-cinq ans, a remporté à Vendôme la 13e édition du Concours Vincenzo Bellini, compétition dédiée au bel canto romantique. Depuis 2023, James Gaffigan est directeur musical de deux grandes institutions lyriques européennes, et c’est peut-être une de trop : après un mandat de quatre saisons, le chef américain quittera le Palau de les Arts de Valence l’été prochain tout en restant Generalmusikdirektor du Komische Oper de Berlin. Désormais en charge des nouveaux projets à la Philharmonie de Paris, Sarah Koné a quitté la direction de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique, dont la programmation artistique sera assurée pour les prochaines saisons par Louis Langrée en personne. • coulisses MÉCÈNE DES RETRANSMISSIONS AUDIOVISUELLES DE L’OPÉRA MÉCÈNES DE L’AUDIOVISUEL ET DU NUMÉRIQUE VOITURE OFFICIELLE DE L’OPÉRA DE PARIS play.operadeparis.fr Regardez les spectacles de l’Opéra de Paris au rythme qui vous chante 9,90€ / mois 7 jours d’essai gratuit Opéras, ballets, concerts, retransmissions en direct, masterclasses et documentaires inédits vous attendent sur POP. 12 I • coulisses R ichard Wagner considérait que dix de sestitresétaientdignesd’êtrereprésentés en son Festspielhaus de Bayreuth, inauguréen1876:LeVaisseaufantôme, Tannhäuser, Lohengrin, Tristan et Isolde, LesMaîtreschanteursdeNuremberget,biensûr, lesquatrevoletsdeL’AnneauduNibelungainsi queson«festivalscéniquesacré»Parsifal.Pour le cent-cinquantième anniversaire du festival, en2026,KatharinaWagner,arrière-petite-fille du compositeur, avait prévu exceptionnellement de réunir les dix œuvres et d’y ajouter le«grandopéra»exclu,Rienzi.Soitonzetitres! Mais la directrice devra en rabattre. « L’évolution actuelle des coûts pose des défis majeurs au Festival de Bayreuth », expliquait début décembrelamanifestationdansuncommuniqué. Les dépenses de personnel augmentent, et la « Colline sacrée » ne peut compter ni sur ses ressources propres ni sur une hausse des subventions pour y faire face. Il faut donc réduire la voilure : l’attraction Rienzi sera conservée, ainsi que Le Vaisseau fantôme, un Ring entier etParsifal,maislesquatreautresouvragessont sacrifiés sur l’autel des économies à consentir. Résidence chinoise Si l’été 2026 s’annonce un peu moins florissant qu’attendu sur la Colline Verte, le Festival Richard Wagner rayonnera ailleurs : quelques jours après les mauvaises nouvelles du front financier, l’institution lyrique bavaroise annonçait une résidence de trois ans au Grand Théâtre de Shanghai. La maison chinoise va accueillir le nouveau Tristan de Roland Schwab (en 2025), une Walkyrie inédite signée Katharina Wagner (2026) et le Tannhäuser « circulaire » régi dans les années 1980 par son père Wolfgang (2027) – chaque titre étant donné en outre dans une version réduite pour toucher un large et jeune public. B.F. Anniversaire amer Le Festival de Bayreuth, fragilisé par l’augmentation de ses charges, fêtera ses 150 ans en 2026 avec un programme pas aussi fastueux qu’envisagé. © OLGA RUBIO DALMAU © MARKUS GÖGELEIN/ WIKIPÉDIA © GORZEGNO ENTRÉE DES ARTISTES Le surintendant français du Teatro Regio de Turin, Mathieu Jouvin, a placé Andrea Battistoni, chef italien, à la direction musicale de la maison d’opéra piémontaise, avec effet le 1er janvier dernier. Comme d’autres prestigieuses maîtrises anglaises l’ont fait avant lui (St John’s College à Cambridge, St George’s Chapel à Windsor…), le Chœur de la cathédrale Saint-Paul de Londres a accueilli dans ses rangs des filles lors des derniers offices de Noël, pour la première fois en 900 ans d’histoire. Madame Lidoine et les quinze autres religieuses de Compiègne guillotinées sous la Révolution française, et immortalisées par Bernanos et Poulenc dans Dialogues des carmélites, ont été canonisées par le pape François le 18 décembre. Le parquet de Cologne, ville dont François-Xavier Roth était le Generalmusikdirektor avant la rupture de son contrat en juillet dernier, a classé sans suite, pour infraction insuffisamment caractérisée, une enquête pour agression et harcèlement sexuels ouverte après la révélation que le chef avait envoyé à des artistes des messages et images à caractère intime non sollicités. L’année 2024 s’est bien terminée pour Anna Netrebko, qui a eu la joie et l’honneur de recevoir le Prix Puccini l’année du centenaire de la mort du compositeur, mais la suivante a moins bien débuté : la soprano austro-russe a dû renoncer à ses débuts dans le rôle-titre d’Ariane à Naxos de Richard Strauss au Staatsoper de Vienne, pour des problèmes de santé dont on ignore la gravité.
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