INFO PÊCHE n°93 - Page 1 - 93 4 - INFO PÊCHE n° 93 D ans son dossier, David revient en détail sur les découvertes qu’il a pu faire lors du dernier SIPAC. Cette troisième édition a été un immense succès et je me devais avant tout de remercier les milliers de visiteurs qui n’ont parfois pas hésité à faire des centaines de kilomètres pour nous rejoindre. Par leur bonne humeur, leur passion partagée, ils ont surtout donné au salon cet esprit de convivialité et de partage qui était l’un de ses principaux objectifs. Pour parvenir à ce résultat, nous avons pu compter sur des professionnels très compétents - merci encore à toute l’équipe de GL Events -, sur le soutient indéfectible des élus de la région et de la ville, mais aussi de tous les échelons de la machine halieutique. Depuis les bénévoles de « l’Union des Pêcheurs Amienois » et du Comité sportif départemental jusqu’à la mobilisation générale de la fédération de la Somme. Pendant plus d’un an, nous avons multiplié les réunions et travaillé main dans la main avec comme seul objectif la réussite de ce grand week-end consacré au développement et à la promotion de la pêche. Vous me direz que c’est bien la moindre des choses venant de structures qui ont justement comme mission principale dans leurs statuts « le développement durable de la pêche amateur, la mise en œuvre d'actions de promotion du loisir-pêche par toutes mesures adaptées et de concourir au développement du tourisme et de l'activité économique du département ». Mais, visiblement, ce n’est pas le cas partout… À peine rentré d’Amiens, je n’ai pas vraiment eu le temps de souffler. Je me suis immédiatement attelé à la tâche pour mettre sur pied un autre grand évènement qui me tient particulièrement à coeur, à savoir la finale du Specimen Trophy qui se déroulera au printemps prochain. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer, là encore le but est de mettre en lumière une nouvelle manière d’aborder la pêche au coup, accessible au plus grand nombre, moins onéreuse et correspondant sans doute mieux aux attentes des jeunes générations. Pendant toute l’année 2024, avec Christian et David nous avons sillonné la France afin de repérer les meilleurs parcours possibles. Notre choix s’était finalement porté sur la Meuse aux environs de Monthermé et au lac des Vieilles Forges dans les Ardennes. Outre sa population de beaux poissons (brèmes, tanches, ides, carassins…) BIENVENUE INFO PÊCHE N°93 - JANVIER/FÉVRIER 2025 TROP DE PÊCHEURS Pêche à la chinoise Voir page 74 www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ INFO PÊCHE n°93 - 5 ce plan d’eau présentait l’avantage de disposer d’une base de loisirs avec des gites et même un centre des congrès facilitant la logistique. Lui ayant déjà exposé le projet six mois plus tôt, c’est très confiant que j’ai donc repris contact avec le président de l’association de pêche locale, « les Triages de Renwez », Pierre Dewoitine, par ailleurs secrétaire de la fédération départementale des Ardennes. Mais, dès le début de notre entretien, j’ai senti une gêne inhabituelle qui s’est finalement transformée en refus. J’avoue que j’étais pour le moins abasourdi. Je lui apportais sur un plateau une épreuve à portée nationale - voire internationale - mettant en valeur son parcours et la pêche dans son département et il ne voulait pas en entendre parler ! Je lui ai bien entendu demandé quelles étaient ses motivations et là je suis carrément tombé à la renverse. Un peu penaud, il a bafouillé que « il y a déjà trop de pêcheurs sur le lac ». Venant d’un élu dont la principale mission est la promotion et le développement de la pêche, c’est le pompon ! Passons sur le fait que, devant mon incompréhension et ma demande d’explications un peu plus argumentées, il ait fini par me raccrocher au nez, ce n’est pas le plus important. La réponse, je l’ai finalement eue en parlant directement avec le président de la fédération départementale, Michel Adam. Visiblement embarrassé par le comportement de son secrétaire, il a cherché à m’expliquer qu’il faisait sans doute partie de cette catégorie de présidents d’AAPPMA qui ont tendance à considérer que « leurs » poissons sont réservés aux pêcheurs du cru. Qu’il faut absolument éviter de voir des « étrangers » - fussent-ils du village d’à côté - en profiter. Désolant. Laissons donc Pierre Dewoitine dans son coin et allons voir ailleurs. Heureusement, il existe en France bien d’autres parcours poissonneux et, surtout, des responsables qui ont une vision un peu moins étriquée de la pêche. Comme le dit Jeff Bezos, « la vie est trop courte pour passer du temps avec des gens qui n’ont pas d’envie ». 64 ÇA SE PASSE À L’EST 70 FRITURE SUR LA PÂTE 84 CANNES DE 11,50 ET 13 M : TOUTES LES NOUVEAUTÉS 2025 QUESTIONS&RÉPONSES P. 06 Nos spécialistes répondent à toutes vos questions. PROFESSEUR EWING P. 12 Retour sur le SIPAC P. 28 Comment ils ont gagné le All Star Game BONS COUPS P. 33 16 coins de pêche pour remplir vos bourriches. COUP P. 42 Fabrication des flotteurs à la Belge. COUP P. 52 J’ crois… ou pas ! ANGLAISE P. 58 Pêche dans le brouillard. FEEDER P. 64 Ça se passe à l’Est. COUP P. 70 Friture sur la pâte. COUP P. 74 Pêche à la chinoise. À LA UNE P. 79 Canne feeder Overline de chez Colmic. NOUVEAUTÉS P. 80 Notre sélection de produits innovants. PANOPLIE SPECIMEN TROPHY P. 83 Notre sélection de produits pour les ides. TEST P. 84 Cannes de 11,50 et 13 m : toutes les nouveautés 2025. P. 92 Pains essentiels. P. 97 GAGNANTS DU SPECIMEN TROPHY PÊCHES D’ANTAN P. 98 Récits de pêches d’autrefois. TECHNIQUES & TACTIQUES SOMMAIRE TESTS & MATÉRIELS 42 FABRICATION DES FLOTTEURS À LA BELGE 58 PÊCHE DANS LE BROUILLARD SPÉCIMEN Editeur : B&D Editions - 20 avenue des Lauriers Roses - 13600 La Ciotat redaction@info-peche.fr - www.info-peche.fr DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-François Darnet - RÉDACTEUR EN CHEF : Nicolas Béroud FABRICATION : B&D Éditions - AUTEURS ET COLLABORATEURS : Didier Delannoy David Ewing - Christian Monget - François Raizin - Sébastien Rousseau - Ekaterina Aseeva Alan Scotthorne - Jan Van Schendel IMPRIMEUR : BLG Toul - France - TYPE PAPIER : PERLENTOP brillant - 60 grammes TAUX DE FIBRES RECYCLEES : 58% - EUTROPHISATION PTot (Kg/t) : 0,006 Publicité : 06 73 69 47 33 - jeanfrancois.darnet@info-peche.fr Dépôt légal : décembre 2024 - Prix au numéro : 5,90 € - ISSN : en cours - Commission paritaire : 0426 K 90175 Imprimé en Europe - Printed in Europe Pourquoi donc ne faut-il pas rapprocher le feeder trop près du scion ? Il y a trois raisons principales. Effet pendulaire. Si vous avez un enfant à l’école, penchez-vous sur ses cours de physique. Vous y trouverez sans doute un paragraphe sur « l’effet pendulaire » qui explique pourquoi un poids attaché à une courte chaine se balance plus qu’au bout d’une longue. Et bien c’est la même chose avec un feeder ! Si vous le ramenez trop près du scion, il va avoir beaucoup plus tendance à se balancer vous faisant perdre beaucoup en précision. Compression. C’est la compression du blank qui permet d’avoir la puissance nécessaire au lancer. Elle doit se produire sur l’ensemble de la canne de façon homogène. Si le feeder est trop près du scion, alors la pression est trop grande sur l’extrémité de la canne et ce phénomène de compression ne se fait pas bien. Casse. Si pour une raison ou une autre vous avez un problème au moment du lancer (l’hameçon pris dans un anneau, un problème de pick-up, la ligne faisant une clé autour du scion…) et que le feeder est à seulement quelques centimètres du scion, vous pouvez être certain de tout casser ! QR & Pour poser vos questions… redaction@info-peche.fr infopechemagazine PAR COURRIER : Info Pêche, 20 avenue des Lauriers Roses 13600 La Ciotat NOS EXPERTS RÉPONDENT À VOS QUESTIONS QUESTIONS RÉPONSES & 6 - INFO PÊCHE n° 93 Dans vos articles, vous dites qu’il faut laisser une distance assez importante entre le scion et le feeder avant de lancer. Mais j’ai vu plusieurs pêcheurs de concours faire l’inverse. Alors, qui a raison ? MAËL JAQUARD, SUR FACEBOOK Q R www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Beaucoup de champions utilisent une petite potence sur laquelle il fixe le feeder. Est-ce que ça fait vraiment une différence et, si oui, dans quelles conditions est-ce préférable au montage qui consiste à simplement faire coulisser le feeder sur le corps de ligne ? SYLVAIN CHAMARD, SUR FACEBOOK Ce type de petite potence permet simplement d’éloigner le feeder du corps de ligne. A la touche, le montage est donc moins direct et brutal, ce qui est un avantage si vous recherchez des poissons de taille moyenne comme les gardons ou les plaquettes. C’est d’autant plus vrai que la descente du bas de ligne est aussi plus lente avec un montage à potence, ce qui permet de prendre des poissons à la descente, juste avant que l’esche touche le fond. A l’inverse, avec un montage à plat l’esche est rapidement plaquée sur le fond, ce qui est préférable lorsqu’on recherche les plus beaux spécimens. RENDEZ-VOUS AVEC NICO Afin de répondre encore plus précisément à vos demandes et vos questions, nous avons décidé de vous donner la possibilité de discuter directement avec Nicolas pendant une heure lors de Live sur nos pages Facebook et YouTube. Pour chaque numéro, nous sélectionnerons trois sujets sur lesquels vous pourrez échanger avec Nicolas. Les rendez-vous pour ce numéro 93 de janvier/février 2025 sont les suivants : Pour participer, c’est très simple ; il vous suffit de vous abonner à notre chaine YouTube Info Pêche. Vous pourrez alors participer au Live et poser vos questions sur le thème du jour directement à Nicolas. Date et horaire Thème Vendredi 17 janvier Pêche à la chinoise. de 18 à 19 h Vendredi 31 janvier Halte aux idées reçues ! de 18 à 19 h Vendredi 21 février Tribune libre. de 18 à 19 h Est-ce qu’il y a une différence entre les pinkies congelés vivants ou préalablement noyés ? GILLES AURELLE, PAR EMAIL Aucune différence entre des asticots congelés vivants ou noyés au préalable. La seule chose importante, c’est qu’une fois sortis du congélateur ils soient immédiatement conservés dans de l’eau afin d’éviter qu’ils ne soient en contact avec l’air libre. Dans ce cas, ils risqueraient de s’oxyder et noircir. Quand est-il préférable d’utiliser du chènevis moulu cru plutôt qu’ébouillanté ou grillé ? PAUL CHAZARD, PAR EMAIL Moulu et cru, le chènevis conserve une forte proportion d’huile. Il n’est pas a proprement parler dispersant, mais en revanche il fait beaucoup travailler l’amorce une fois sur le fond. Il a donc alors surtout un rôle mécanique. Si on l’ébouillante, on augmente considérablement son attrait gustatif en libérant non seulement les saveurs de la graine, mais en la rendant aussi plus digeste pour le poisson. La cuisson permet également d’obtenir un jus laiteux réputé depuis très longtemps comme l’un des plus appréciés de tous les cyprinidés. Pourtant, il peut parfois être intéressant de l’éliminer en rinçant le chènevis à l’eau claire avant de l’incorporer aux farines. C’est le cas en présence de trop nombreux petits poissons. Pour sélectionner les plus beaux sujets, il est préférable alors d’utiliser une amorce inerte et, surtout, ne formant aucun nuage. Grillé, le chènevis moulu prend une teinte marron foncé et perd une bonne partie de son huile. On obtient alors un composant très parfumé, mais peu calorique et avec un fort pouvoir dispersant. C’est donc un produit idéal dans les eaux froides, à condition qu’il n’y ait pas trop de mouvements d’eau. Q R Q R INFO PÊCHE N° 93 - 7 Q R Combien doit-on faire de tour sur la tige pour obtenir un nœud d’hameçon solide ? BERTRAND BRUGUEIL, PAR EMAIL Il semble bien que chaque pêcheur ait son propre avis sur la question, le choix se faisant d’ailleurs de manière souvent totalement empirique. Après avoir effectué des tests, il est possible d’affirmer qu’à partir de 5 tours sur la tige, la résistance du nœud ne diminue quasiment plus. Que vous fassiez 6, 8 ou 10 tours, cela n’influence donc pas vraiment la solidité générale de votre montage. En revanche, le nombre de spire influe sur deux autres points importants : le poids de l’hameçon et sa continuité avec le bas de ligne. Si vous faites très peu de spires, alors l’hameçon sera plus léger, mais il risque de faire un angle plus ou moins prononcé avec la bas de ligne, ce qui ne favorise pas une bonne présentation de l’esche. En revanche, si vous faites beaucoup de tours sur la hampe, alors l’hameçon sera parfaitement dans la continuité du bas de ligne, mais il sera aussi beaucoup alourdi (surtout si vous utilisez un diamètre de Nylon important). Pour toutes ces raisons, le nombre idéal de spires semble donc être compris entre 7 et 9. QR & 8 - INFO PÊCHE n° 93 Y a-t-il une règle en termes de taille et de nombre en ce qui concerne les petits plombs Styl d’équilibrage placés au-dessus de la masse principale pour peaufiner l’équilibrage de mon flotteur à mi-antenne ? DANIEL SWIETLIK, PAR EMAIL Par définition, il n’y a pas de règle en ce qui concerne ces petits plombs, car ils permettent d’ajuster au millimètre l’équilibrage d’un flotteur qui peut varier en fonction du modèle, mais aussi de nombreux autres paramètres, en particulier la température de l’eau (qui joue sur sa densité), la présence de vague ou même le degré de pollution. Il est d’ailleurs fréquent de devoir ajouter ou enlever l’un de ces petits plombs en cours de pêche pour s’adapter aux changements de conditions extérieures. Je précise toutefois que la présence de ces plombs d’équilibrage ne s’impose guère que lorsqu’on utilise des flotteurs ultra sensibles équipés d’antennes en métal ou en fibre de verre très fine. Pour ceux équipés d’antennes en plastique, des cendrées classiques sont suffisantes pour obtenir un équilibrage précis. LES POIDS DES PLOMBS TYPE DE PLOMB Styl classiques Styl carrés Cendrées sphériques Taille Poids N° 2 - 0,243 g 0,24 g N° 4 - 0,153 g 0,16 g N° 6 - 0,106 g 0,11 g N° 7 0,01 g - 0,09 g N° 8 0,017 g 0,072 g 0,07 g N° 9 0,025 g 0,052 g 0,055 g N° 10 0,035 g 0,042 g 0,04 g N° 10,5 - 0,035 g - N° 11 0,048 g 0,028 g 0,03 g N° 11,5 - 0,023 g - N° 12 0,064 g 0,018 g 0,02 g N° 13 0,082 g 0,01 g 0,01 g N° 14 0,102 g 0,004 g - N° 15 0,126 g - - N° 16 0,152 g - - N° 18 0,219 g - - N° 20 0,302 g - - Lorsqu’on regarde les montages décris par les champions et les spécialistes sur Info Pêche, je remarque qu’ils n’utilisent plus jamais les plombs Styl. Pourtant, ils permettent d’obtenir des lignes souples et très efficaces pour le gardon ! Est-ce une question de mode ? UN LECTEUR RENCONTRÉ SUR LE SIPAC S’il est vrai que les montages pour le gardon avec des Styl sont de moins en moins utilisés, il faut préciser que les plombs cylindriques rencontrent en revanche un grand succès auprès des pêcheurs de carpes au coup, en grande partie parce qu’ils acceptent des diamètres de nylon assez forts. Contrairement à ce qu’on entend parfois, les plombs Styl ne provoquent pas plus d’emmêlements que les cendrées classiques, en revanche, ils sont plus difficiles à placer sur des fils fins. Ils sont certes bien calibrés et parfaitement centrés mais, comme ils sont plus longs, il est plus difficile de réussir à obtenir un coulissement dur sur la ligne. Il est aussi très difficile de les retirer de la ligne facilement sans abimer le nylon. Le principe des tailles est quasiment le même que pour les plombs ronds, avec même des tailles supplémentaire pour les plus petits plombs, puisqu’il existe des n° 10,5 et des 11,5 ! A l’inverse, la numérotation des Styl classiques augmente au fur et à mesure de leur taille. Elle commence au n° 7 pour atteindre le n° 20. R www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Q R Q Q R Vous parlez souvent de fouillis français ou russe et de vers de vase. J’ai une question qui pourra vous sembler bête, mais est-ce que ce sont des animaux différents ? Un ver de vase est-il simplement un fouillis qui a grossi ? PIERRE CHARRIER, PAR EMAIL Rassurez-vous, il n’y a pas de question « bête », surtout en matière de pêche. Fouillis de toutes sortes et vers de vase sont des larves aquatiques de diptères (dans lesquels on retrouve mouches et moucherons), de la grande famille des chironomidés. Bien qu’ils ressemblent à des moustiques, ils ne sont pas piqueurs. Cependant, si tous appartiennent à la même grande famille, il existe des centaines d’espèces et sous-espèces différentes qui se distinguent soit par leur taille, de petits détails morphologiques ou le milieu dans lequel ils vivent. Ainsi, s’il est possible de trouver des vers de vase (genre chironomus et espèce plumosus) aussi bien dans des mares que des rivières à courant lent, le fouillis dit « français » vit essentiellement dans des eaux courantes polluées, alors que le « russe » est ramassé dans des lagunes aux eaux assez propres. L’une des zones de ramassage la plus importante se trouve d’ailleurs à la frontière de la Crimée, dans un bras de 200 km de long sur 35 km de large et des fonds recouverts d’une épaisse couche de vase. A la période faste, c’est près d’une tonne de larves par jour qui pouvait y être ramassée ! La guerre entre Russie et Ukraine a bien entendu limité considérablement les récoltes sur cette zone, ce qui explique les difficultés d’approvisionnement rencontrés ces dernières saisons dans toute l’Europe. 10 - INFO PÊCHE n° 93 QR & J’ai entendu parler de colle dite « arabique » pour coller les asticots. Est-elle meilleure que les autres et, si oui, comment l’utiliser ? BASTIEN CAHORS, SUR FACEBOOK Ce sont les Italiens qui ont été les premiers à utiliser ce type de colle. En fait c’est un composant issu de résines d’acacia déshydratées employé communément en pâtisserie - alors connu sous le terme de E414 -, aussi bien dans les glaçages que les Shamallows ou les Chewing gums. Cette colle présente l’avantage d’être très stable et de se dissoudre facilement dans une eau même froide. Son pouvoir collant est aussi nettement supérieur à celui du traditionnel Maggot Fix. Il en faut donc moins et cela permet d’ajouter plus facilement des graviers si nécessaire. A noter que deux types de préparations sont alors possible : mélanger la colle avec des asticots secs puis ajouter du gravier humide ou vaporiser de l’eau sur le mélange de graviers, d’asticots et de colle secs. La colle arabique permet de mieux contrôler la vitesse de dispersion des larves, ce qui est très important pour les Italiens. Tout dépend de la quantité de colle utilisée. • 20 g/litre : il est possible de former des boulettes qui peuvent être lancées à la main ou à la fronde mais qui vont commencer à se déliter en traversant la couche d’eau. • 40 à 60 g/litre : les boulettes peuvent être lancées à la main ou à la fronde mais ne commencent à se déliter progressivement qu’une fois le montage arrivé sur le fond. • 70 à 80 g/litre : les asticots se délitent encore plus lentement. L’un des rares problèmes de la colle arabique, c’est qu’elle réagit assez mal aux conditions de fortes chaleurs. C’est pour résoudre ce problème que Colmic a développé un produit appelé Stabilix à mélanger avec la colle arabique (compter 1/3 de Stabilix pour 2/3 de colle). De couleur blanche, c’est une poudre très fine qui n’a pas de pouvoir collant - au contraire, on pourrait même considérer que c’est un dispersant. Le Stabilix évite surtout aux asticots de trop suer. J’ai entendu dire que si le chènevis était aussi efficace c’est parce qu’il ressemblait à des petits escargots d’eau. Est-ce vrai ? FLORIAN KABERLÉ, SUR FACEBOOK On trouve en effet dans de nombreuses rivières et plans d’eau des tout petits escargots d’eau de couleur noire (de la famille des limnées) collés aux rochers ou aux plantes aquatiques. Il suffit d’en prendre un dans la main pour immédiatement réaliser à quel point il ressemble à un grain de chènevis. Même si on ne peut pas en être certain, cette ressemblance joue sans doute un rôle dans l’attractivité et l’efficacité du chènevis. D’ailleurs certaines marques proposent aujourd’hui des mélanges tout prêts de chènevis cuit et de petits escargots d’eau qui se révèlent très efficaces sur de nombreuses espèces de poissons. Les italiens ont l’habitude de préparer de grandes quantités d’asticots collés, on peut donc leur faire confiance. www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Q R Q R Q R J ’ai commencé à écrire ce dossier les portes du SIPAC à peine fermée, en attendant mon train pour Londres à la gare de Lille Europe. De l'excitation des deux pesées lors du All Star Game à la qualité et à la diversité du matériel présenté sur le salon, c’est un événement que je ne manquerais pour rien au monde et qui ne cesse de s'améliorer. Je pense que c’est quelque chose dont nous devrions tous être fiers, car c’est le meilleur moyen de mettre en lumière la pêche au coup en France. D’autant qu'il n’existe tout simplement rien de comparable ailleurs en Europe ! Au cours du week-end, j'ai discuté avec certains des pêcheurs étrangers invités - Milo, Jan van Schendel, Tamas Walter, Steve Ringer, Darren Cox, Simon Fry et James Robbins - qui tous m’ont avoué avoir été stupéfaits par l'ampleur d’un tel événement exclusivement consacré à la pêche au coup. Les salons italiens, hollandais et belges sont bien plus modestes et sont généralement organisés par de grands magasins d'articles de pêche. En Angleterre, il y a bien deux grands salons, mais ils sont surtout destinés aux carpistes et aux pêcheurs de carnassiers. Les pêcheurs au coup ont du mal à y trouver un ou deux pauvres stands qui pourraient les intéresser. Pour reprendre un terme à la mode, c’est comme s’ils LES GRANDES TENDANCES DU SIPAC 2024 Pendant les deux jours du SIPAC 2024, David a arpenté les allées et visité chaque stand, pris en main et soupesé chaque nouveauté, discuté avec leurs concepteurs. Il nous livre ses coups de coeurs et les grandes tendances qui se sont dégagées pour la saison future. PROFESSEUR EWING 12 INFO PÊCHE n° 93 www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Ne nous y trompons pas, un salon comme le SIPAC est unique en Europe ! • Le SIPAC bénéficie du support des autorités politiques de la ville et du département. La fédération de pêche départementale est aussi partie prenante. étaient « invisibilisés ». Pourtant ils existent et, ce week-end du 1er novembre, ils sont bel et bien venus en masse à Amiens, dans un grand hall d'exposition, entourés de stands magnifiques présentant les plus grandes marques européennes. Encore une fois, croyez-moi, ce type de salon est unique en Europe. Mais pourquoi ? Il y a plusieurs raisons à cela. • Le SIPAC est organisé de manière très professionnelle grâce à un partenariat entre Info Pêche et Gl Events, un acteur mondial spécialiste de l’évènementiel. • Il se déroule à Amiens, en plein coeur du royaume de la pêche au coup et reste facilement accessible pour les pêcheurs belges, anglais ou hollandais. • Les visiteurs peuvent voir et essayer le matériel, mais aussi l’acheter. • La compétition All Star Game en lever de rideau du salon offre une occasion unique de voir les meilleurs pêcheurs du monde en action. Et comme la plupart reste ensuite sur le salon, il est facile d’aller à leur rencontre. Chacun de ces éléments est important et c'est sans doute la combinaison de ces facteurs qui explique le succès du SIPAC. Mais je pense qu'il y a quelque chose de plus… Une sorte de synergie entre le public, les exposants, les élus, la fédération et Info Pêche qui donne à tous le sentiment d’être engagés dans une entreprise commune. C'est difficile à expliquer, mais j'ai l'impression que toutes les personnes impliquées dans le salon s'investissent à fond dans son succès. De l'enthousiasme de la foule lors du All Star Game à la passion sincère manifestée par tous ceux qui ont participé aux nombreuses conférences, en passant par le professionnalisme de tous les exposants et la qualité de leurs stands, le SIPAC offre une vitrine de grande qualité pour la promotion de la pêche au coup en France. Les lecteurs qui ont visité le salon par milliers savent de quoi je parle. Outre les stands prestigieux des grands fabricants, le SIPAC offre l’occasion de découvrir des marques moins connues, comme par exemple Lai Fishing, qui propose du matériel pour la pêche à la pâte « à la chinoise ». Partout, il y avait des cannes à pêche très chères à essayer, de nouvelles saveurs d'amorces à sentir… Pendant deux jours, j’ai examiné de près les nouveaux produits proposés et j’ai essayé de dégager les grandes tendances qui devraient se dégager pour 2025. L’AVÈNEMENT DU FEEDER INFO PÊCHE N° 93 - 13 En ouverture du salon, la compétition All Star Game a aussi attiré les foules. Pour moi, il ne fait aucun doute que, pour les fabricants, le feeder est aujourd’hui arrivée à un point où il est tout aussi important - si ce n’est plus - que la pêche à la grande canne. Il suffisait de regarder la diversité de cannes quiver proposées sur chaque stand pour s’en rendre compte. Voici ce que j’ai pu remarquer : 1. Des cannes à tous les prix A l’issue de la deuxième édition du SIPAC, en 2022, je m’étais demandé pourquoi les fabricants ne proposaient pas plus de cannes haut de gamme pour le feeder. Deux ans plus tard, les choses ont bien changées ! En 2024, il était possible de voir et d’acheter des Daiwa Tournament, des Free Spirit Hi’S, des Milo Silent ou des Guru Aventus fabriquées par Daiwa UK. Ce sont des modèles qui coûtent entre 350 € et 600 €. Un montant élevé pour une canne feeder, mais qui reste bien en dessous de ce qu’on doit dépenser pour avoir une canne à emmanchements haut de gamme. Il faut dire que développer une canne quiver demande beaucoup de temps ; selon l’espèce et la taille des poissons recherchés, le lieu (lac, rivière, canal…) et la distance de pêche, les caractéristiques du blank, la taille et la position des anneaux demandent à être parfaitement ajustés. N’oublions pas également qu’une bonne canne feeder dure des années, voire des décennies. Paradoxalement, c’est pourquoi je pense que ces cannes haut de gamme sont plutôt destinées aux passionnés du feeder, mais pas forcément aux compétiteurs qui ont besoin d’un grand nombre de modèles différents et qui aiment souvent changer de matériel. Au-delà de ces modèles onéreux, les visiteurs pouvaient trouver une ribambelle de cannes à des prix compris entre 50 € et 100 € d’une qualité nettement supérieure aux meilleurs modèles qu’on pouvait trouver il y a seulement 5 ou 6 ans. Je pense ici aux cannes Nytro et Cresta qui offrent un rapport qualité/prix vraiment exceptionnel ! Entre ces deux créneaux de prix - disons entre 150 € et 250 € - on trouve également aujourd’hui un vaste choix chez quasiment toutes les marques présentes au SIPAC. Ce sont à mon avis des modèles surtout destinés aux compétiteurs qui peuvent ainsi disposer de 5 ou 6 cannes différentes et performantes, sans exploser leur budget. Avec le développement des épreuves et championnats spécifiques, la plupart des marques se sont attachées les services de grands champions qui les conseillent afin de développer des produits qui correspondent parfaitement aux conditions de pêche rencontrées dans leur pays, plutôt que de chercher à copier ce qui se fait en Angleterre. Ainsi, Sensas s’est servi de l’expertise d’un Christophe Cathelin pour concevoir une très belle gamme de cannes feeder. De la même façon, Milo a pu s’appuyer sur Yoann Houssais et Rive bénéficie des compétences de Benjamin Fruit et de sa toute nouvelle recrue Fabien Audouart-Combe. 2. Et les moulinets ? Il y avait de très nombreux moulinets pour le feeder au SIPAC mais, contrairement aux cannes, j’ai encore vu peu de modèles haut de gamme. Il existe pourtant et sont assez largement utilisés au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. C’est bien dommage car, lorsqu’on dépense 200 € et plus pour une canne, autant l’utiliser avec un moulinet performant. En discutant avec les visiteurs, je me suis rendu compte que beaucoup de pêcheurs français étaient très exigeants sur les cannes, mais beaucoup moins sur les moulinets. C’est une erreur ! Au feeder, le moulinet est soumis à des contraintes mécaniques bien plus importantes que lorsqu’on pêche à l’anglaise, par exemple. Ils doivent être à la fois puissants mais très fluides afin de pouvoir lancer de lourds feeders tout en limitant les risques de casses ou de décrochages avec un bas de ligne fin. Le frein doit aussi être très progressif pour travailler aussi bien des plaquettes à la bouche assez tendre que des carpes ou des barbeaux. Les moulinets bas de gamme ne disposent tout simplement de matériaux de qualité suffisante pour avoir une mécanique aussi précise. Dans le magasin, ils donnent l’impression de tourner comme des horloges, mais se dégradent ensuite rapidement à l’usage. Si vous pêchez au feeder seulement de temps à autre ils feront l’affaire, mais si vous allez comme moi à la pêche chaque semaine, soyez aussi exigeant sur la qualité de votre moulinet que pour votre canne ! 3. Accessoires Ils étaient aussi largement présents sur la plupart des stands. Le choix LES GRANDES TENDANCES DU SIPAC 2024 14 INFO PÊCHE n° 93 www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Cette fois, les cannes feeder très haut de gamme étaient bien présentes sur le salon. Beaucoup de pêcheurs au feeder sont très scrupuleux sur le choix de leurs cannes, mais beaucoup moins de leurs moulinets. C’est une grossière erreur ! PROFESSEUR EWING a été difficile, mais voici ceux qui ont le plus attiré mon attention. - Hybrid feeders à plombs interchangeables Daiwa N’Zon. La gamme d’accessoires N’Zon a immédiatement rencontré un grand succès en Angleterre et dans de nombreux pays européens. Au SIPAC, j’ai pu découvrir les nouveaux method feeders de type Hybrid sur lesquels il est possible d’ajouter en cours de pêche des plombs de 5 ou 10 g sur la partie avant. Les feeders eux-mêmes sont très bien conçus, avec un corps un peu plus large que les modèles traditionnels, en particulier dans les plus petites tailles. Ils contiennent donc plus d’appât et, surtout, permettent d’utiliser plus facilement des esches assez volumineuses comme des wafters ou des mini bouillettes. Les plombs additionnels se placent très facilement et permettent d’alourdir rapidement un montage si vous devez lancer un peu plus loin ou si un vent défavorable commence à souffler. - Method feeders slow sinking et pop up Cralusso. Nicolas a réalisé un article sur le sujet dans notre précédent numéro, je ne vais donc pas revenir en détail dessus. Je voulais simplement les citer, car ce sont vraiment des produits très originaux et innovants qui ouvrent de nouveaux champs d’applications pour la pêche au feeder. J’ai eu l’occasion d’en parler avec Steve Ringer pendant le salon et il m’a avoué qu’il était très impressionné par le niveau des pêcheurs et la qualité du matériel proposé par les pays de l’est de l’Europe, à commencer par la Hongrie et la Roumanie. C’est sans doute de ce côté là qu’il va falloir nous pencher ces prochaines années… - Fil Dry FX Soft Fluorocarbon Colmic. Au feeder, il y a souvent deux écoles ; les inconditionnels de la tresse et ceux qui ne jurent que par le nylon. On le sait, chacun a ses avantages et ses défauts. La tresse permet une très bonne détection des touches et assure des lancers plus longs, mais elle se noie plus difficilement que le nylon et son absence d’élasticité augment les risques de casses ou de décrochages. Mais, avec son nouveau fil Dry FX, Colmic pourrait mettre tout le monde d’accord ! En fait, il s’agit d’un fluorocarbone souple avec peu d’élasticité, une grande résistance à l’abrasion et une densité bien supérieure à celle de la tresse mais aussi du nylon, ce qui lui permet de couler rapidement. Disponible en bobines de 200 m du 20,5 au 38/°°, ce fil révolutionnaire peut être utilisé aussi bien pour des pêches classiques au feeder que pour la traque des spécimens. - Moules Nytro. Nytro est une marque relativement nouvelle qui propose des produits variés avec un excellent rapport qualité/prix. Il ne lui aura pas fallu bien longtemps pour faire parler d’elle, mais ce n’est guère une surprise car elle compte dans ses rangs des champions comme Tom Pickering et Jan Verbruggen et un dirigeant très expérimenté en la personne de Pascal Vermeulen. Tous savent parfaitement de quoi ils parlent ! Ils ont par exemple développé des supports de canne très ingénieux qui permettent de régler facilement et avec précision la tension du scion d’une canne feeder ou encore une petite desserte destinée à recevoir des bas de ligne eschés quand on pêche au method. Mais le produit qui m’a tapé le plus dans l’oeil, c’est leur moule. Il est fabriqué dans le même matériau anti adhérant que la plupart des autres marques mais, une fois les appâts placés sur le method, le moule s’ouvre en deux. Il est ainsi possible d’utiliser des mélanges collants et de les serrer beaucoup plus sans risque de voir l’amorce accrocher dans le fond du moule. Simple, mais super efficace ! - Support 4 cannes Sensas. Les pêcheurs de concours au feeder transportent de nombreuses cannes LES GRANDES TENDANCES DU SIPAC 2024 16 INFO PÊCHE n° 93 www.info-peche.fr www.youtube.com/infopeche www.facebook.com/infopechemagazine/ Développés par William Raison, les nouveaux method feders Daiwa N’Zon sont très fonctionnels. Le nouveau moule Nytro permet de serrer fortement l’amorce sans qu’elle colle au method. Le nouveau fil Dry FX de chez Colmic pourrait réconcilier les inconditionnels de la tresse et du nylon. PROFESSEUR EWING
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