A/R MAGAZINE n°70 - Page 1 - 70 HENNESSY.COM Réservez votre visite à 1h30 de Bordeaux en voiture, à moins de 3h de Paris en train. Découvrez nos chais traditionnels, nos cognacs emblématiques, notre expérience immersive en réalité virtuelle et notre atelier de tonnellerie. Bienvenue à Cognac, au cœur de la création L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION 3 MICHEL FONOVICH Directeur de la publication ÉDITO TRUMPERIES A ux dernières nouvelles, la grand méchant Trump, jamais fatigué de dire ou faire une connerie, menace d’appliquer des droits de douane de 200% sur tous les vins, champagnes et alcools en provenance de France et d’Europe. De justes représailles selon celui qui, entre autres actions révoltantes, a déclenché une guerre commerciale tous azimuts aussi inepte que néfaste. «Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît», disait Michel Audiard. Évidemment, dans les vignobles et les chais du côté de Cognac, on se fait du mouron, les États-Unis étant leur premier marché. Voyageur par nature, le cognac se verrait ainsi refoulé aux frontières à cause de taxes prohibitives. Un accroc de taille dans une longue relation d’amour. D’autres voyageurs ont d’ores et déjà décidé de ne pas se rendre au pays merveilleux de Donald, mais, eux, de leur proche chef. «Adieu, les States, on vous aimait bien, mais on vous aime plus», pense une part grandissante de touristes qui rêvaient d’Amérique. Une étude publiée en mars indique que les intentions de départ des Français vers les États-Unis ont chuté de 25%, et Trump n’y est pas pour rien. En remplacement, le Canada aurait leurs faveurs. À ce propos, les Canadiens, qui n’envisagent pas de devenir le 51e État américain contrairement aux aspirations du maboul de la Maison Blanche, boycottent leur voisin. Pour se réchauffer, plus de Floride au bord du golfe du Mexique, mais plutôt le Mexique tellement plus sympathique. Les mêmes se tournent aussi vers l’Europe. Qu’ils soient les bienvenus en Écosse! Dans les Highlands, un climat à tendance humide ne les empêchera pas de jouir de paysages à la beauté sauvage. Ils peuvent également passer chez le coiffeur, mais on leur déconseille l’auteur de la coupe grunge qui afflige la vache en couverture. Sous un ciel plus clément, ils apprécieront en France, le Centre-Val de Loire, ses châteaux, certains peu connus, ses jardins, ses routes buissonnières et même un village où on porte le kilt. Yes, Sir! Ils pourront également découvrir Cognac et ses environs, une grande maison de cognac et une pléiade d’artisans. Et si cela ne leur suffit pas, s’ils veulent aller encore plus loin, il y a la Zambie où l’extravagant oryctérope rôde dans la savane au clair de lune. Ses longues oreilles d’âne projettent une ombre démesurée qui effraie même les lions. Il n’a jamais entendu parler de qui vous savez. Il est heureux. Retrouvez-nous sur Insta: DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Fonovich mfonovich@ar-mag.fr RÉDACTRICE EN CHEF Sandrine Mercier smercier@ar-mag.fr DIRECTION ARTISTIQUE Florine Synoradzki & Julie Rousset GRAND-REPORTER Christophe Migeon cmigeon@ar-mag.fr JOURNALISTE MULTIMÉDIA Océane Wodzynski PARTENARIATS ET RÉSEAUX Jérémie Vaudaux DIFFUSION MLP CONTACT DIFFUSEURS ET DÉPOSITAIRES Société OPPER Tél.: 01 40 94 22 23 aabadie@opper.io RÉGIE PUBLICITAIRE Mediaobs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires 75002 Paris Tél.: 01 44 88 97 70 Tél.: 01 44 88 suivi de 4 chiffres pnom@mediaobs.com Directrice générale: Corinne Rougé (93 70) Directrice de publicité: Caroline Paris (89 03) IMPRIMEUR Imprimerie de Champagne A/R MAGAZINE VOYAGEUR Publication trimestrielle Édité par les éditions du Plâtre SAS au capital de 10000€ 1 rue du plâtre — 75004 Paris Tél.: 06 87 83 22 56 R.C.S: 523 032 381 ISSN: 2971-0804 CPPAP: 1025 K 90544 Dépôt légal à parution © A/R le nouveau voyageur La reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés dans ce magazine est interdite. IMAGE DE COUVERTURE Lac Moraine ©Shawn.ccf IMAGE DE SOMMAIRE © Jeremy Suyker MERCI À TOUS NOS CONTRIBUTEURS Katia Astafieff, Julien Blanc-Gras, Laurent Delmas, Clara Ferrand, Nicolas Le Blanc, Jennifer Lesieur, François Mauger, Tristan Savin, Jeremy Suyker, Jean-Claude Urbain, Albert Zadar. WWW.AR-MAG.FR 10-31-3162 8 YANN TIERSEN 14 ÉCOSSE 34 CENTRE-VAL DE LOIRE 50 ZAMBIE 72 COGNAC 90 CIRCULATION(S) focus Japon été 2025 71 À venir : Mais pas que… Pour les Dom-Tom, 44,60€ pour 6 numéros Europe ( dont Suisse): 51,60€ pour 6 numéros International: 56,60€ pour 6 numéros Une question? abo@ar-mag.fr ou 06 87 83 22 56 Je m’abonne ou j’abonne un ami pour 6 numéros soit 39,20€ Je souhaite m’abonner à partir du n°: _______ J’accepte de recevoir des newsletters de la part de AR par e-mail Nom Prénom Adresse Code Postal Ville Pays E-mail Téléphone Vous voulez soutenir le magazine, abonnez-vouspar courrier ou en ligne! AR 70 -14% 6 numéros 39,20€ au lieu de 45€ Photo : © Shoko Takayasu Envoyez le bulletin accompagné du chèque à: Éditions du Plâtre, 1 rue du Plâtre 75 004 Paris, ou abonnez-vous en ligne sur ar-mag.fr 7 ACTUS TRÉSORS SAUVÉS DE GAZA 5000 ANS D’HISTOIRE France / Paris Par une espèce de miracle, une précieuse collection de pièces archéologiques issues de fouilles franco-palestiniennes commencées en 1995 à Gaza a échappé à la destruction méthodique de l’enclave entreprise par Israël à la suite du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. Exposées en 2007 au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, les œuvres n’ont en effet jamais pu retourner chez elles malgré de multiples tentatives. Coups de chance. Elles sont ainsi restées à l’abri en Suisse. Une partie sera exposée du 2 avril au 2 novembre à l’Institut du Monde Arabe. Toutes témoignent du prestigieux passé de Gaza. Un espace sera dédié à la cartographie des bombardements. Il abordera les questions relatives au patrimoine en temps de guerre, et particulièrement à Gaza où plus des deux tiers du bâti ont été anéantis. www.imarabe.org Papiers, s’il vous plaît! À partir du 2 avril 2025, il faudra pour se rendre au Royaume-Uni se munir d’une autorisation de voyage électronique (AVE ou ETA, Electronic Travel Authorisation) en plus d’un passeport biométrique. Elle est valable 2 ans et permet de faire plusieurs séjours d'une durée maximale de 6 mois. La demande se fait en ligne ou via l’application mobile UK ETA avec un temps moyen de traitement de 3 jours. Cela coûte 10 £ (12 €). Si jamais les Britanniques réintégraient l’Union européenne, cette disposition deviendrait automatiquement caduque. Hypothèse pas si folle. Aujourd’hui, moins de 3 sur 10 estiment que le Brexit était une bonne décision, et une majorité se verrait bien de retour dans l’UE. SINGES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS Cambodge / Angkor Youtubeurs et influenceurs sont accusés de pervertir le comportement des singes qui vivent autour du temple d’Angkor Vat. Pour tourner une vidéo qui fera des vues et par ricochet de l’argent, ils n’hésitent pas à interagir de façon inappropriée avec ces animaux sauvages. Ainsi a-t-on vu l’un d’eux, du genre espiègle, tripoter les testicules d’un macaque au nom du buzz. Plus communément, ils leur donnent à manger à peu près n’importe quoi pour les attirer et les filmer sous toutes les coutures. En réaction, les macaques n’hésitent plus à attaquer les touristes dans le but de leur voler de la nourriture et quelquefois les mordent. Mais que fait la police? Photo : © IMA Photo : © DR 8 ENTRETIEN 1973 Naissance à Brest. 1998 Son album Le Phare devient disque d’or. 2001 Devient mondialement connu pour la composition de la musique du film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. 2 millions d’exemplaires vendus. 2003 S’installe à Ouessant où il venait enfant avec son père. 2015 Apprend intensément la langue bretonne et réalise l’album-concept EUSA (nom breton de Ouessant). 2023 Tournée à la voile avec son bateau et sa famille jusqu’aux îles Féroé. 2025 Sortie de l’album Rathlin from a Distance/The Liquid Hour, inspiré par sa tournée en bateau. 9 ENTRETIEN Ta dernière tournée en 2023, tu l’as faite en voilier. C’est original. Je ne veux plus tourner à l’ancienne, aller du Portugal en Angleterre en roulant toute la nuit dans le bus pour faire un concert à Londres, et ensuite filer en Espagne. Et pourquoi? Juste pour faire plus de pognon sans penser à l’empreinte carbone. Alors, j’ai décidé de tourner d’une nouvelle manière, à la voile ou bien dans mon van en ne faisant pas plus de 200 km par jour. C’est une volonté politique. Quelle route as-tu suivie? D’Ouessant où j’habite, on est parti vers les pays celtes et les îles Féroé en longeant la côte est de l’Irlande. On n’a pas pu rejoindre les Hébrides à cause d’une dépression, alors, on a mis le cap direct sur les Féroé. Après, on est redescendu par les Shetlands, l’Écosse, le Pays de Galles, puis, retour à la maison. Ton bateau s’appelle Ninnog. D’où vient ce nom? Ninnog, c’est un prénom qu’on aime bien avec ma femme, la chanteuse Émilie Quinquis. C’est aussi une sainte bretonne du ve siècle, un peu féministe et hyper indépendante. Elle apprenait aux gens à planter des arbres de manière raisonnée, et faisait de la permaculture sans le savoir. Ça collait bien avec notre projet et notre bateau de 13 mètres. Comment la mer t’a inspiré pour cet album? Le fait d’être en mer, sur un bateau face aux éléments plus forts que nous, c’est une super machine à déconstruction. Il n’y a aucune pression sociale, juste la nature et soi-même. Ça donne un album en deux parties. La première est pour piano, hyper minimale, comme une méditation, une introspection. Une fois passée l’exploration de soi, il y a la deuxième partie sur l’exploration de la société avec des morceaux aux sonorités électros, qu’on mettrait dans le casque en allant faire une manif, et qui donnent l’énergie pour commencer la révolution. YANN TIERSEN Quand il ne jette pas l’ancre à l’île d’Ouessant, Yann Tiersen hisse les voiles de son bateau et sur les flots s’en va en tournée. La dernière l’a porté jusqu’aux îles Féroé. Il en a ramené un plein sac d’émotions dans lequel il a puisé la matière de son dernier album Rathlin from a Distance|The Liquid Hour. TEXTE SANDRINE MERCIER PHOTO AURÉLIE SCOUARNEC Photo : © Aurélie Scouarnec 10 Dans la deuxième partie qui s’appelle The Liquid Hour, il y a l’urgence du changement. On approchait de Belfast au milieu de la nuit, j’étais tout seul à la barre et j’ai pensé à toute la violence du monde symbolisée par cette ville. Si la première partie de l’album concerne l’intime, la deuxième est politique. Allons-y, allons tout péter. Il faut se motiver sinon on va dans le mur! C’est une bande-son enragée, car le fascisme, on y vient, ça rigole plus du tout! Donc, il faut se mettre debout, il faut lutter. Évidemment, car la période est vachement dangereuse. Les réseaux sociaux sont en train de basculer dans le fascisme. L’écologie, ce n’est pas seulement parler de nature, c’est une lutte sociale c’est des gens au chômage, c’est des éleveurs de porcs en Bretagne qui se sont endettés pour rentrer dans le système, pour passer à l’intensif et maintenant, ils ne s’en sortent pas. On a dépassé le stade du capitalisme, maintenant on vit une forme d’asservissement et d’esclavage. On est tous à nourrir la machine et à bosser pour rien. Le titre de la première partie mentionne l’île de Rathlin, en Irlande du Nord. As-tu débarqué là-bas? Non, d’où le titre Rathlin from a distance (Rathlin au loin). En rentrant des Shetlands après des jours sans voir de lumières sur les côtes, Rathlin a signalé le retour à la civilisation avec ses éclairages, une civilisation qu’il faut savoir tenir à distance. Il y a des noms de lieux dans l’album. Bizarrement, le morceau Fastnet n’est pas très tempétueux. Oui, car on y est arrivé avec une belle pétole, pas un souffle de vent. Inimaginable dans les parages de cet îlot au sud de l’Irlande. Avec Bigtown, ça s’accélère! C’est un village aux Shetlands où une communauté a désacralisé une église pour y organiser des concerts et plein d’autres choses. On a joué là-bas, c’était un grand moment. Mais on a pu aussi jouer aux Féroé au G! Festival sur l’île d’Eysturoy avec deux amis musiciens de l’archipel. Ce qui n’est pas possible dans l’économie de tournée traditionnelle le devient avec un voilier. ENTRETIEN J’ai décidé de tourner d’une nouvelle manière, à la voile ou bien dans mon van en ne faisant pas plus de 200 km par jour. C’est une volonté politique. Yann Tiersen 11 Que trouves-tu dans tes tournées à la voile ou en van? D’abord, l’aventure est vachement plus belle quand je prends le temps de voyager parce que les tournées, au-delà de la conscience écologique ou de l’engagement politique, j’en pouvais plus! Être dans une loge, faire un concert et rentrer à l’hôtel ou dans un tour bus, jouer aux cartes ou picoler, franchement ce n’est pas super comme vie. On vit dans un monde qui est de plus en plus capitaliste, et parfois dans les grosses salles, je ne vais pas rencontrer un être humain, il n’y a plus rien de vivant. Le fait de tourner à la voile ou avec mon van, comme l’été dernier où j’ai fait la route jusqu’en Estonie avec ma chienne, ça remet de l’humain et des choses normales dans un monde assez artificiel et axé sur le pognon. La tournée devient un vrai voyage ponctué de concerts et de rencontres. C’est le principal, car faire de la musique pour moi, c’est rencontrer les gens! Est-ce que tu as découvert des nouvelles sonorités ou traditions musicales pendant ces voyages? En Hongrie, l’été dernier, j’ai été accueilli par une famille et en rentrant du concert, il y avait trente personnes qui faisaient chez eux une fête magnifique en jouant très bien. Ils m’ont offert une flûte sans trous, un instrument traditionnel qu’ils utilisent pour saluer le printemps ou enterrer les gens. Une sorte de rituel pour accompagner le passage des âmes. La sonorité est très belle. En tournée sur le bateau avec ta femme et ton fils, ce sont des vacances? On pourrait se dire ça, mais, pas du tout. Faire une tournée à la voile, ça veut dire jouer, ranger le matériel et rapporter cinq caisses au bateau vers une heure du matin et parfois repartir vers trois heures pour attraper la marée ou éviter un coup de vent qui arrive. Donc, c’est hyper crevant et ça demande dix fois plus de travail que d’être le cul dans un avion ou un tour bus. ENTRETIEN Photo : © Gorm
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