TÉLÉRAMA n°3937 - Page 1 - 3937 3 Télérama 3937 25/06/25 CAPTURE D’ÉCRAN FRANCE TÉLÉVISIONS PREMIER PLAN Échange tendu sur le plateau de C à vous le 18 juin, entre AnneÉlisabeth Lemoine, Rachida Dati et Patrick Cohen. Par Richard Sénéjoux C’estdujamais-vuen direct à la télé française. Invitée de C à vous sur France 5 le 18 juin, Rachida Dati a multiplié attaques personnelles et propos menaçants envers Patrick Cohen. Son tort: oser interroger la ministre de la Culture sur les différentes affaires qui la touchent (elle est notamment mise en examen pour « corruption passive » dans l’affaire Renault) et qui ont fait l’objet d’un récent Complément d’enquête sur France 2. Accusant le journaliste d’être lui-même visé par une enquête de Mediapart pour harcèlement moral, en confondant au passage enquête journalistique et enquête judiciaire — un comble pour une ex-garde des Sceaux —, Rachida Dati l’a menacé de saisir l’article 40 du code de procédure pénale pour intenter une action en justice contre lui. Pour avoir voulu venir au secours de son collègue, la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine en a aussi pris pour son grade, Rachida Dati lui demandant «si [c’était] vrai» que l’ambiance à C à vous était épouvantable, comme cela a pu être écrit dans la presse, et qu’elle «[pleurait] toute la journée». La séquence a déclenché un profond malaise et une forme de sidération, tant sur le plateau que chez le téléspectateur. Pendant le tournage du Complément d’enquête, la ministre avait aussi traité les reporters de «voyous» et les avait accusés de monnayer leurs témoignages, sans la moindre preuve. Dans un court communiqué, la direction de France Télévisions a apporté «tout son soutien aux équipesdeCàvousainsiqu’àl’ensemble des journalistes qui continueront à exercer sereinement leur métier en toute liberté». C’est bien le moins. Et aussi un signe d’indépendance face à sa ministre de tutelle. Car oui, Rachida Dati a bien dans son portefeuille l’audiovisuel public. Pour lequel elle porte un projet de réforme très controversé, qui prévoit le regroupement dans une holding des différentes entités (France Télévisions, Radio France, INA). Les syndicats de France Télévisions et de Radio France ont d’ailleurs lancé un appel à une grève illimitée pour contester cette loi, qui doit être examinée le 30 juin et le 1er juillet à l’Assemblée nationale. Rachida Dati, elle, donne une nouvelle fois l’impression, avec ces attaques contre la liberté de la presse, d’être en pleine voie de «trumpisation», à l’image d’une part croissante du paysage politique français • Une ministre ne devrait pas dire ça Télérama 3937 25/06/25 4 JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR TÉLÉRAMA, 2024 | EDDY MOTTAZ | JEAN-LOUIS FERNANDEZ | OLIVIER MONGE POUR TÉLÉRAMA (JEAN-MICHEL OTHONIEL ADAGP, PARIS 2025) SOMMAIRE EN COUVERTURE La chorégraphe Marlene Monteiro Freitas, le 16 juin 2025, entourée de ses danseurs et musiciens pendant les répétitions de NÔT, présenté en ouverture du Festival d’Avignon. Photo Caroline Chevalier pour Télérama Ce numéro comporte pour la totalité des kiosques: une couverture spécifique «Paris-IDF» pour les abonnés et les kiosques de Paris-IDF, et une couverture nationale. Posés sur la 4e de couverture pour les abonnés de la France métropolitaine: un flyer de 2 p. Beaux-Arts en aléatoire; une brochure de 8 p. Festival d’Avignon Off pour les dép. 13-30-84 et en aléatoire pour le dép. 75. Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 56, jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. 16 26 38 30 Événement La grande valse du 20heures Spécial Avignon Entretien avec Milo Rau Spécial Avignon Marina Hands dans Le Soulier de satin Spécial Avignon La master class de Jean-Michel Othoniel Découvrir toutes nos AOP de Bourgogne accessibles et nos terroirs sur vins-bourgogne.fr Un cépage à part pour un vin blanc tout en fraîcheur. BourgogneAligoté, une valeur sûre dans votre panier. L’ABUSD’ALCOOLESTDANGEREUXPOURLASANTÉ,ÀCONSOMMERAVECMODÉRATION. - Crédit photos : KP-Production - 028755 Télérama 3937 25/06/25 6 MAYBE MOVIES/IKKI FILMS/PUFFIN PICTURES | AKG –IMAGES/ERICH LESSING | GASTON PARIS/BHVP/ROGER-VIOLLET DU 28 / 6 AU 4 / 7 62 Cinéma Amélie et la Métaphysique… 70 Musiques Karajan, Live in Berlin 89 Télévision Handicap, une si longue lutte MAGAZINE CRITIQUES TÉLÉVISION & PLATEFORMES RADIO & PODCASTS 3 Premier plan 8 L’instant T Le scénariste Dennis Lehane 10 L’œil sur l’actu 14 Story-board Vivian Wilson, la fille d’Elon Musk, s’engage à L.A. L’ÉVÉNEMENT 16 Un fauteuil très convoité Anne-Sophie Lapix écartée du JT de France2, Caroline Roux hors course, Léa Salamé entre en piste SPÉCIAL AVIGNON 22 Les nuits folles La chorégraphe Marlene Monteiro Freitas ouvre le bal avec NÔT 26 Un procès pour l’exemple Milo Rau sans concession sur l’affaire Gisèle Pelicot 30 Les prouesses de Prouhèze Marina Hands dans Le Soulier de satin, un rôle sur mesure 32 Dans le In et dans le Off Quatre talents à découvrir 36 Seuls en Palestine Yes Daddy, du metteur en scène Bashar Murkus 38 Master class Jean-Michel Othoniel investit la Cité des papes avec ses sculptures 45 Mouv’ de là La fin de la radio jeunes de Radio France, créée en 1997 48 La mémoire de Massoud Cinq mille heures d’images en traitement à l’INA 50 Fin de malaise à Malaquais Sortie de crise pour les BeauxArts et l’école d’archi? IDÉES 52 Les mots de Mazan Quatre autrices reviennent sur ce fait divers devenu fait de société VOYAGE 56 Dublin, la curieuse Dans les pas de l’écrivaine Sally Rooney BEAU GESTE 58 Vélos en bois Chez un fabricant de la Drôme 62 Cinéma Amélie et la Métaphysique des tubes, pépite pop d’après Amélie Nothomb EN LUMIÈRE 70 Musiques Vingt-trois concerts du grand Herbert von Karajan, captés entre 1953 et 1969 76 Livres À quatre pattes, une comédie débridée signée Miranda July 82 Arts Hommage aux femmes artistes de la Vallée de la Creuse 86 Scènes 360, la dernière création du chorégraphe Mehdi Kerkouche 89 Les combats du handicap 92 Zénithal, les maux du mâle 93 Qui regardera Tout pour la lumière? 94 Cynthia Erivo en cinq chansons 95 Le quotidien des 8-12 ans 96 The Gilded Age, saison 3 97 En léger différé 98 Les sélections 104 Programmes et commentaires 146 Le meilleur de la semaine La sélection de l’été; la French Touch; avoir le pied marin; Simeoni, une vie de militant 151 Les programmes 156 Talents 157 Mots croisés 158 Conversation 8 Télérama 3937 25/06/25 STEVE EICHNER/SHUTTERSTOCK/SIPA L’INSTANT T L’ÉCRIVAIN ET SCÉNARISTE Dennis Lehane Propos recueillis par Caroline Veunac Créer un périmètre de sécurité « La première série que j’ai créée, Black Bird, m’a permis de découvrir quel leader j’étais. Je n’avais jamais aspiré à être chef, et je me suis rendu compte que je n’étais pas doué pour le micro-management. Je préfère superviser l’ensemble et m’entourer des meilleurs collaborateurs possibles. Je leur laisse beaucoup d’autonomie et je suis toujours ouvert à leurs idées. La scène d’ouverture de Smoke [un impressionnant incendie, ndlr] est un bon exemple: je ne voulais pas d’effets spéciaux numériques, et ce sont les suggestions de mon équipe qui ont permis de mettre en scènedevraiesflammes,etdedonner l’impression que le personnage est au cœur du brasier. Je cultive aussi cette réciprocité dans ma relation avec Taron Egerton. C’est notre deuxième série ensemble, il n’hésite pas à me bousculer en me proposant des choses. Je ne dis pas toujours oui, mais nous explorons ensemble.» Pas de Smoke sans feu «Kary Antholis est venu me voir avec son podcast Firebug [l’histoire vraie de deux pyromanes dans la Californie des années 1980, ndlr], en pensant que ça ferait une bonne série. L’époque et le lieu ne me parlaient pas vraiment,maisj’airetenuuneidéequi est devenue le point de départ de Smoke: celle d’un homme blanc qui se voit comme une victime, qui se voudrait supérieur à ses semblables, et qui allume des feux pour exercer une forme de contrôle qu’il n’a pas dans sa vie. Comme la plupart des gens, j’ai toujours eu peur du feu, tout en trouvantfascinantecetteforceaveugle.Un jour, je me suis retrouvé dans un immeuble en flammes, et j’ai ressenti dans ma chair qu’il n’y a aucun moyen de contrôler cet élément, il faut juste prendre ses jambes à son cou. J’ai été sauvé par des SDF… Le feu se fiche de savoir quel est votre salaire ou combien de followers vous avez.» Aller où le vent le mène «Je ne me préoccupe pas du genre, de savoir si Smoke est un polar ou pas… La seule chose qui m’importe est de raconter une histoire qui me surprend d’abord moi-même, et qui surprendra le public. À part ça, franchement, je n’ai pas de méthode. Je navigue d’une idée à l’autre, et peu importe le médium, que ce soit un roman ou une série, tant que je peux raconterdeshistoires.Là,jetravaillesur une adaptation en minisérie de mon dernier roman, Le Silence. Et si mes vœux sont exaucés, Smoke aura une deuxième saison… J’ai eu une carrière très variée, et depuis que je ne suis plus obligé de faire des boulots alimentaires comme garer la voiture des autres, je suis heureux de me lever pour aller travailler. Mais je ne sais toujours pas pourquoi je fais les choses et, en vieillissant, je sais que je ne veux pas le savoir. C’est ainsi que je peux être cueilli par la prochaine idée etmeprendredepassionpourelle.»• 2010 Martin Scorsese adapte son roman Shutter Island. 2004 Il devient scénariste en signant un épisode de The Wire. 1965 Naissance à Boston, théâtre de la plupart de ses romans. l’actu Après Black Bird, en 2022, Dennis Lehane retrouve l’acteur Taron Egerton dans Smoke, sa deuxième série en tant que créateur. Un polar très sombre sur un duo de flics spécialisés dans les incendies volontaires (lire p. 101). 10 Télérama 3937 25/06/25 L’ŒIL SUR L’ACTU JEAN-LOUIS FERNANDEZ Pour transporter matériel et comédiens, des dizaines de compagnies ont choisi cette année le train. À gauche, Les Incrédules, produits par l’Opéra de Nancy. LE DÉCRYPTAGE Avignon se met au fret Près de quatre-vingts compagnies du Off d’Avignon vont transporter cet été le matériel nécessaire à leurs spectacles par train — une expérimentation avaiteulieuen2024avecunevingtaine de compagnies. Et pour la première fois, deux productions du In utiliseront aussi le fret ferroviaire: LeSoulier de satin, par la Comédie-Française, et Les Incrédules, par l’Opéra de Nancy. L’amorce d’un changement majeur dans la logistique du spectacle vivant. Quel impact? Le transport est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre associées aux festivals. Il englobe le déplacement des spectateurs, mais également des artistes et de tout leur décor. « Les festivals se sont con centrés d’abord sur les petits gestes, comme le tri des déchets. L’impact du fret se fait à une autre échelle, avec, cette année au Festival d’Avignon, une centaine de tonnes de CO2 écono misée», observe le metteur en scène Samuel Valensi, responsable culture du think tank The Shift Project. Le train change les habitudes des compagnies de théâtre: jusqu’alors, chacune d’elles louait son camion, tandis qu’avec le fret ferroviaire elles sont en moyenne sept à se partager un conteneur. Quel coût? Les rames partent de deux gares de marchandises, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France. Les compagniesduOffpaient100eurosparmètre linéaire (elles en utilisent en moyenne trois ou quatre) pour le voyage allerretour.Unesommebienplusfaibleque la location d’un camion (1500 euros environ). Pour obtenir ces tarifs, le Off bénéficie de différents soutiens (Ademe, Région Sud…). Mais même sans recouriràcesaides,leInafaitlecalcul.«Pour des grandes productions, remplissant parfois deux conteneurs, le coût est plus réduit que le transport routier, d’autant plus avec le prix actuel de l’essence», explique Clara Moulin-Tyrode, directrice de production adjointe du Festival. Quels freins? L’undesfreinsestpsychologique:«Les compagnies craignent pour la sécurité desdécors.Or,avecunconditionnement adéquat, il y a moins de risques qu’en ca mion», rappelle Chloé Suchel, chargée de la stratégie RSE au Off. Pour le In, la difficulté réside dans les trajets internationaux,nécessitantdelamanutention à chaque frontière. Reste aussi à espérer que l’attaque, rarissime, d’un train de marchandises en Ardèche en avril dernier ne refroidisse pas les ardeurs! ▶ Propos recueillis par Antoine Pecqueur LE GRAND ÉCART Injonctions paradoxales pour la musique Dissonances au ministère de la Culture. La semaine dernière, Rachida Dati a annoncé 500 millions d’euros pour financer la filière musicale française. Chic, se dit-on, de l’argent pour un modèle françaisquis’estexportéavecsuccèset a réussi, jusqu’ici, à protéger les spectateurs de concerts et festivals des dérives inflationnistes du modèle anglosaxon. Comment? Grâce au soutien de structures indépendantes, à l’émergence et au maintien d’une grande diversité musicale. «Ce n’est pas simple ment un chiffre. C’est une ambition», a précisé la ministre. Bigre! Mais quelle ambition a donc guidé la réduction brutale d’importantes subventions à deux prestigieux établissements musicaux du pays? Car au même moment, les Conservatoires supérieurs nationauxdeLyonetdeParisontapprisque le ministère ne leur verserait pas une partie de leur subvention — 1,8 million à Paris, 789000 euros à Lyon. Cela paraît dérisoire en comparaison des 500 millions cités plus haut, mais cela les oblige à supprimer des formations. À Lyon, le concours d’entrée au certificat d’aptitude de danse a même été annulé précipitamment. Les effectifs des promotions au diplôme d’État de musique? Réduits de moitié, à neuf élèves… Drôle d’idée d’hypothéquer l’avenir, alors que la transmission et la démocratisation des pratiques culturelles sont des priorités affichées par le ministère. Et que l’on manque d’enseignants qualifiés en musique et en danse partout surleterritoire.Biensûr,ilnes’agitpas des mêmes budgets. Les 500 millions, avancés par la Banque publique d’investissement, ne sont pas pris dans les caisses d’un État endetté, contrairementaux3millionsdesconservatoires. Mais prévoir en même temps un grand plan à l’international et une peau de chagrin nationale… le signal est contradictoire. ▶ Odile de Plas PUBLICITÉ Explorez Paris autrement AVEC BLOOMBERG CONNECTS L’application permet de découvrir en détails, et à l’aide de contenus dynamiques, des lieux iconiques ou moins connus. Zoom sur cinq espaces parisiens à travers la loupe précise de la plateforme. Hôtel de la Marine, Centre des Monuments nationaux (CMN) Après un accueil chaleureux sur la page d’ouverture, un clic sur « Démarrez le guide » entraîne vers un ensemble de contenus aussi divertissants que passionnants. Une vidéo pour appréhender les coulisses de la restauration de ce lieu d’exception, une série de (courts) textes pour en expliquer quelques-uns de ses éléments clés ou encore une immersion dans la collection du moment sont autant de documents que l’on prend plaisir à fouiller. Colonne de Juillet (CMN) Elle trône sur la place de la Bastille mais pour autant, la connaît-on réellement? La Colonne de Juillet recèle bon nombre de secrets que Bloomberg Connects se plaît à révéler à travers 5 faits insolites en vidéo, mais aussi grâce à des zooms sur de petits (et grands) détails. Une plongée dans l’Histoire ! Château de Vincennes (CMN) La navigation sur la page dédiée au château de Vincennes est un préambule délicieux à la visite ! Entre leçons d’Histoire, entrée dans la chambre du roi et excursion en réalité augmentée, Bloomberg Connects est une parfaite introduction avant la découverte de ce monument de l’Est parisien… Ou pourquoi pas directement sur place ? Maisons de Victor Hugo Paris – Guernesey (Paris Musées) Si vous avez toujours rêvé de savoir où Victor Hugo écrivait, dormait, vivait, bienvenue dans sa maison, ou plutôt ses maisons! Bloomberg Connects embarque place des Vosges, mais aussi à Hauteville House, sa maison d’exilàGuernesey,quiluiinspiranotammentLesMisérables. Une promenade dans l’intimité de l’un des plus grands auteurs de tous les temps. Musée des Arts décoratifs Du mobilier aux objets d’art, en passant par des photographies ou du design, l’application propose de « réviser ses classiques » avant ou pendant sa visite du musée des Arts décoratifs. L’occasion aussi de connaître les différentes activités proposées ‒ pour touslesâges‒,maiségalementlesprochainesexpositions enthousiasmantes comme « Paul Poiret, la mode est une fête » et « 1925-2025. Cent ans d’Art déco ». Pour s’initier à l’art ou plonger dans la culture, Bloomberg Connects est l’alliée des visites, avec un catalogue dense et une navigation instinctive. DÉAMBULATION NUMÉRIQUE DANS 5 LIEUX HISTORIQUES, CULTURELS ET ARTISTIQUES DE LA CAPITALE. Créée par Bloomberg Philanthropies, cette application ‒ gratuite ‒ est une sorte de passeport culturel adressé à tous. Lors des jeux Olympiques de Paris, en 2024, Bloomberg Connects proposait déjà 39 guides numériques en France pour faire vivre l’effervescencedel’événementavecdesvidéos, anecdotes et autres informations précieusessurdifférentesinstitutions et lieux culturels parisiens. Aujourd’hui, le catalogue de Bloomberg Connects s’est encore enrichi, avecplusde900guidesdanslemonde entier, disponibles en plus de 45 langues. Conçues en collaboration avec les espaces culturels eux-mêmes, les pages dédiées à chaque lieu donnent à voir des interventions d’experts ou d’artistes, des contenus ‒ écrits, audio ou vidéo ‒, des éléments de coulisses et des détails d’une grande richesse et d’une fiabilité absolue. À la manière d’un compagnon de visite idéal, l’application permet de se familiariser d’une autre manière avec des espaces au patrimoine immense, et de pousser le curseur de la curiosité à son maximum. À portée de main, les monuments, musées et institutions que l’on croit connaître révèlent des secrets insoupçonnés à travers l’écran, pour mieux les (re)découvrir. © Benjamin Gavaudo © Pierre Antoine 12 Télérama 3937 25/06/25 L’ŒIL SUR L’ACTU JOHN HEDGECOE/POPPERFOTO LA PHRASE «Onvoudrait libérernotrepays nous-mêmes.» LA COMÉDIENNE FRANCO-IRANIENNE MINA KAVANI, LE 19 JUIN, SUR LE PLATEAU DE «C CE SOIR», SUR FRANCE 5. L’actrice, opposée au régime des mollahs, a dénoncé les bombardements israéliens. Un «enfer» de plus pour les Iraniens qui ne veulent pas «être libérés par un autre pays». Alfred Brendel, en 1982. Grand interprète de Mozart, Liszt, Beethoven et Schubert, le pianiste autrichien est mort le 17 juin. LE CHIFFRE 1,5 C’est, en degré Celsius, la hausse des températures maximale, par rapport à l’ère pré-industrielle, que s’était fixée le monde à la COP de Paris. Dix ans plus tard, cet objectif n’est «plus atteignable», estime un consortium international de chercheurs. Leur étude alerte: franchi pour la première fois en 2024, ce palier sera certainement dépassé sur plusieurs années. L’HOMMAGE Ledernierdesromantiques Héritier des grandes figures du piano romantique, l’Autrichien Alfred Brendel sut perpétuer leur art tout en l’épurant. Sous ses doigts, Beethoven, Schubert ou Mozart ne paraissaient plus lointains, inaccessibles, mais humains, vivants, presque proches. Tel était le génie tout intérieur de ce pianiste raffiné, toujours prêt à remettre son ouvrage sur le métier. Né le 5 janvier 1931 en Moravie du Nord (ex-Tchécoslovaquie), il n’avait pas suivi un parcours académique. Mais doté d’une grande intelligence, sûr de lui, il était parvenu à se faire un nom avant d’avoir 20 ans, puis à tourner avec Karajan ou Ormandy. Un défi insensé lui était bientôt proposé: enregistrer l’intégrale des trentedeuxsonatesdeBeethoven.Ilfitmieux que le relever et devint le premier musicien à graver la quasi-totalité des œuvres pour piano du titan allemand. Élevé au rang de vedette, Brendel impose un profil atypique. Sobre, limpide, convaincu de la primauté de l’œuvre sur l’interprète, il ne fanfaronne pas dans les médias, quitte à paraître froid, détaché. Multipliant à partir des années 1970 les tournées et les séances d’enregistrement, il livre à Philips jusqu’à cinq albums par an, la plupart consacrés à Liszt, Mozart, Beethoven ou Schubert. Il prend en outre l’habitude de réenregistrer les mêmes pièces et de doubler, voire tripler ses intégrales. L’arthrite, la vieillesse seules auront raison de ces éternels retours. Ayant cessé en 2008 de se produire, Brendel s’adonnait à son autre passion, l’écriture de poèmes ou d’essais, et demeurait un homme charmant, plein d’humour. Mort le 17 juin à 94 ans, il laisse une discographie colossale, exemplaire par sa qualité comme par sa constance. ▶ Louis-Julien Nicolaou 14 Télérama 3937 25/06/25 MEGA/KCS PRESSE | AFP | XXXXXXXX STORY-BOARD Une drag-queen contre Trump Par Élise Racque nacées par Trump : les recettes soutiendront la défense des immigrés, de plus en plus réprimés par la police fédérale. Un acte de résistance artistique et queer, qui s’ajoute aux manifestations de ces dernières semaines dans les rues de Los Angeles • Le 13 juin, la scène du Bellwether, à Los Angeles, a vu naître une nouvelle drag-queen. La débutante Vivllainous a proposé, sur la chanson gagnante de l’Eurovision, Wasted Love, une performance de lip sync — interprétation en playback incluant de la danse. À la ville, l’artiste se nomme Vivian Wilson et est aussi la fille d’Elon Musk. Face à la transphobie de son père, elle affirme à 21 ans son identité transgenre — elle arborait au Bellwether un grand drapeau trans. Le drag show portait aussi la cause d’autres personnes meVivian Wilson, la fille transgenre d’Elon Musk, fait ses débuts sur une scène de Los Angeles, sous le nom Vivllainous. Une soirée organisée en soutien aux migrants et aux minorités discriminées. En haut: l’arrestation d’un manifestant par la police de Californie. Dessous: Vivllainous avec l’artiste Noxxia Datura. Cet encart d’information est mis à disposition gratuitement au titre de l’article L. 541-10-18 du code de l’environnement. Cet encart est élaboré par CITEO. TRIONS SYSTÉMATIQUEMENT
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