GUITAR PART n°359 - Page 1 - 359 3 ÉDITO GUITAR PART 359 - AVRIL 2024 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION MORGAN CAYRE morgan@bleupetrol.com ASSISTANTE DE DIRECTIONCOMPTABILITE-ABONNEMENTS MÉLANIE BORIE melanie@bleupetrol.com RÉDACTION contact@guitarpartmag.fr DIRECTEUR DE LA RÉDACTION BERTRAND LE PORT bertrand@bleupetrol.com RÉDACTEUR EN CHEF BENOÎT FILLETTE RESPONSABLE PÉDAGO VICTOR PITOISET RESPONSABLE MATOS GUILLAUME LEY SECRÉTAIRE DE RÉDACTION FLAVIEN GIRAUD RÉDACTEUR/CHEF DE SERVICE WEB OLIVIER DUCRUIX ENREGISTREMENT AUDIO BERNARD GIONTA / Studios La Mante www.studioslamante.com ONT ÉCRIT DANS CE NUMÉRO: GAEL LIGER, MANON MICHEL, VICTOR PITOISET, JEAN-PIERRE SABOURET, SWAN VAUDE DESIGN GRAPHIQUE WILLIAM RAYNAL - blackpulp.fr COMMUNICATION DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION TIMOTHÉ MENDES GONCALVES - timothe@bleupetrol.com PUBLICITÉ DIRECTRICE DE CLIENTÈLE SOPHIE FOLGOAS - 0662327501 sophie@bleupetrol.com ÉDITEUR GUITAR PART est un mensuel édité par: Raykeea, société à responsabilité limitée au capital de 2000 euros. GÉRANT: MORGAN CAYRE SIÈGE SOCIAL: 66, avenue des Champs-Élysées 75008 Paris PHOTO DE COUVERTURE: © ROSS HALFIN/SIVER ARROW RDS Siret: 793 508 375 00052 RCS PARIS - NAF: 7311Z TVA intracommunautaire: FR 25 793 508 375 Commission paritaire: n° 0129 K 84544 ISSN: 1273-1609 Dépôt légal: à parution. Imprimé en Communauté Européenne La rédaction décline toute responsabilité concernant les documents, textes et photos non commandés. SECRÉTAIRE DE RÉDACTION FLAVIEN GIRAUD RÉDACTEUR/CHEF DE SERVICE WEB OLIVIER DUCRUIX ENREGISTREMENT AUDIO BERNARD GIONTA www.studioslamante.com ONT ÉCRIT DANS CE NUMÉRO: GAEL LIGER, MANON MICHEL, VICTOR PITOISET, JEAN-PIERRE SABOURET, SWAN VAUDE DESIGN GRAPHIQUE WILLIAM RAYNAL - COMMUNICATION DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION TIMOTHÉ MENDES GONCALVES - timothe@bleupetrol.com PUBLICITÉ DIRECTRICE DE CLIENTÈLE SOPHIE FOLGOAS - 0662327501 sophie@bleupetrol.com ÉDITEUR GUITAR PART par: Raykeea, société à responsabilité limitée au capital de 2000 euros. 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L a tentation était trop grande et le titre tout trouvé avec cette chanson de Ringo (l’ex-mari de Sheila), adaptation du tube des Buggles, Video Killed The Radio Star, qui a bercé mon enfance (non, pas la version originale, mais la reprise…). Dites-moi qui est ce grand corbeau noir? D’ailleurs, je vous conseille de voir son passage télé (sur Antenne 2 en 1979, archives INA Chansons) où il s’excite en playback sur une Strat plexi non branchée avec Stéphane Collaro et sa fine équipe qui font les pitres en arrière-plan. Un grand moment de télévision. « Les corbeaux noirs » qui nous intéressent aujourd’hui sont les frangins Robinson, Chris au chant et Rich à la guitare, qui, en pleine effervescence grunge, punk-rock et neo-metal, ont réussi l’exploit de percer avec leur rock revival 70s et « Shake Your Money Maker » (1990), véritable machine à cash et à tubes, dont ils célébraient dignement les 30 ans (+ un bonus covid de 2 ans) à l’Olympia fin 2022, suivi de près par « The Southern Harmony… » (1992). La suite, c’est vrai, était moins convaincante (encore aujourd’hui à l’écoute des albums de la fin des années 90), avec des coups de gueule et des changements de personnel jusqu’au point de rupture. Rich a mené une belle carrière solo, renoué avec ses ex-compagnons de route sur Magpie Salute (Marc Ford, Sven Pipien, Eddie Harsch) et reformé les Black Crowes par intermittence (notamment avec Luther Dickinson qui joue aujourd’hui avec Cedric Burnside!). Et contre toute attente, les Heckle et Jeckle du rock ont réussi à se rabibocher malgré leurs divergences artistiques (Rich reprochant à Chris son délire Grateful Dead) et à écrire un excellent album « Happiness Bastards » qui relance la machine pour de bon, du moins on l’espère… Car les Black Crowes nous font du bien , tel un bon Remedy ! BENOÎT FILLETTE DÉCOUVREZ NOTRE NOUVEAU SITE! www.guitarpart.fr Gp 4 SOMMAIRE GUITAR PART 359 - AVRIL 2024 BACKSTAGE SOUNDCHECK 50 Les news d’avril… 50 Le Salon de la belle guitare 54 POWER TRIO 56 3 pédales type Suhr Riot EFFECT CENTER 58 VS Audio Aftermath // Keeley Moon Op Amp Fuzz // Tone City Heavenly Lake // Allpedal 1987 Steel Panther EN TEST 62 Fender American Professional II Stratocaster 70th Anniversary // Laney IRF-Dualtop // Zoom MS-G50+ // Michael Kelly Custom Collection Mod Shop Patriot Instinct Duncan CLASH TEST 70 Hagstrom Viking vs Epiphone ES-335 Figured DOSSIER 76 Baissez d'un ton… pour un plus gros son! PÉDAGO MAINSTAGE FEEDBACK 6 ACTU 12 CQFD: The Black Keys 12 EN COUVERTURE 16 The Black Crowes 16 Bands Of Brothers, frères ennemis… 24 INTERVIEWS 26 Le sélecteur: Leanwolf 26 Cedric Burnside 28 Fat White Family 32 Fred Chapellier 34 FESTIVALS 2024 36 Demandez le programme… CHRONIQUES 44 Disques, DVD, livres… 28 CEDRIC BURNSIDE 58 12 THE BLACK KEYS © Ross Halfi n - © Jim Arbogast - © Larry Niehues - © Fender 62 FENDER American Professional II Stratocaster 70th Anniversary 16 t h e B l a c k C r o w e s Debbie Gough, du groupe Heriot, joue sur une American Virtuoso Mystic Blue ©2023 Jackson/Charvel Manufacturing, Inc. Tous droits réservés. 6 6 © Gene Kirkland © Benoît Fillette FEEDBACK MAINSTAGE INTO DEEP Deep Purple sera à l’affiche de nombreux festivals cet été: Nancy HeavyWeekEnd (22/06), Retro C Trop (29/06), Cognac Blues Passions (4/07), Ecaussystème (28/07), Positiv Festival à Orange (30/07), plus une date au Zénith de Toulouse le 17 juin. Mais le groupe annonce déjà son retour à l’automne dans le cadre du « = 1 More Time Tour » avec Jefferson Starship en première partie, à Bruxelles le 28/10, au Luxembourg le 31/10 et au Zénith de Paris le 1/11. Ian Gillan a également annoncé la sortie d’un nouvel album en juillet, le premier avec le nouveau guitariste Simon McBride. S lash vient de dévoiler les détails de son album blues baptisé « Orgy Of The Damned » qui paraîtra le 17 mai prochain sur le label Gibson Records. Comme il l’avait fait sur son premier album solo en 2010, il s’est entouré de nombreux invités pour chanter (parce que ce n’est vraiment pas son truc) sur les reprises de Robert Johnson, Albert King, StevieWonders, MuddyWaters… Chris Robinson des Black Crowes, Gary Clark Jr., Demi Lovato, Paul Rodgers, Chris Stapleton, Beth Hart, Billy Gibbons ou encore Iggy Pop (qui chantait déjà sur We’re All Gonna Die) sur Awful Dreams de Lightnin’ Hopkins. En studio, le guitariste des Guns N’Roses était accompagné des musiciens de son projet Blues Ball. Un premier extrait, Killing Floor (Howlin’Wolf), vient d’être dévoilé avec Brian Johnson d’AC/DC au chant et Steven Tyler d’Aerosmith… à l’harmonica, et Slash qui fait rugir une hollowbody, Gibson évidemment. Le guitariste sera en concert (complet) au Zénith de Paris le 29 avril prochain avec ses Conspirators, puis il se lancera tout l’été dans une tournée US baptisée S.E.R.P.E.N.T., anagramme de Solidarity Engagement Restore Peace Equality N’ Tolerance, une célébration du blues dont une partie des bénéfices est destinée à des associations caritatives (contre le racisme, la pauvreté…). Un festival itinérant sur lequel il sera accompagné, selon les dates, deWarren Haynes, Samantha Fish, Eric Gales, Keb’Mo, Jackie Venson, ZZWard, Robert Randolph, Christone Kingfish Ingram et Larkin Poe! LE COUP DE BLUES DE SLASH PAZ VIRÉE DES PIXIES C’est l’incompréhension totale. Dans un bref communiqué (sur X le 4/03), le groupe de Black Francis a annoncé le départ de sa bassiste: « Paz Lenchantin, qui a rejoint les Pixies en 2014, a quitté le groupe pour se consacrer à ses projets personnels ». Sa remplaçante, Emma Richardson de Band Of Skulls assure la tournée anniversaire « Bossanova x Trompe le Monde » qui devait démarrer quelques jours après (trois concerts à l’Olympia). L’ennui, c’est que Paz (exZwan et A Perfect Circle) avoue avoir été la première surprise par cette annonce, elle qui a contribué brillamment à trois albums depuis le départ de Kim Deal (The Breeders) et le passage éclair de Kim Shattuck en 2013. DO YOU REED ME? Clean depuis bien longtemps, Keith Richards (80 ans) chante I’m Waiting For The Man en hommage à Lou Reed, disparu en octobre 2013 (déjà!), une chanson dévoilée sur YouTube qui figurera sur un album hommage au chanteur du Velvet Underground: « The Power Of The Heart » (20 avril). Rosanne Cash, Joan Jett, Rickie Lee Jones, Bobby Rush, The Afgan Wigs ou encore RufusWainwright (avec Perfect Day) y ont également participé. Associé à sa veuve, Laurie Anderson, le label Light In The Attic avait déjà sorti il y a deux ans des démos de Lou Reed, «Word & Music, may 65 », dont une version brute de cette chanson sur le deal d’héroïne… © DR - © Benoît Fillette LION EN CAVE Un Nick Cave peut en cacher un autre. Le chanteur australien a donné des couleurs sombres à La Vie en rose, une sublime interprétation de la chanson d’Edith Piaf qui illustre la série The New Look (Apple TV+), dressant le portrait des créateurs de mode Christian Dior et Coco Chanel dans Paris occupé. Après nous avoir mis la fièvre pendant des heures à Rock en Seine en 2022, Nick Cave annonce également son retour discographique avec The Bad Seeds, cinq ans après « Ghosteen »: « Wild God » sortira le 30 août (PIAS) suivi d’une tournée qui passera le 17 novembre à Paris AccorArena. Le titre éponyme est déjà en écoute. Alléluia! 7 Cinq ans après ses adieux, Slayer se reforme et annonce sa participation à deux festivals US en septembre, Riot Fest et Louder Than Live. Avant ça, Kerry King viendra défendre son album solo « From Hell I Rise » au Hellfest, avec Phil Demmel (exMachine Head) qui n’avait pas eu mot de cette reformation. Wilkommen ! Le Guitar Summit, le salon de la guitare européen, se tiendra cette année du 27 au 29 septembre, toujours à Mannheim, en Allemagne. LE FIL D’ACTU Korn fêtera cet automne le 30e anniversaire de son premier album (oui, déjà) lors d’un concert à Los Angeles (5 octobre) avec des invités spéciaux: Evanescence, Gojira, Daron Malakian qui réactive Scars On Broadway, Spiritbox et Vended (les enfants de Slipknot). Le groupe neo-metal passera à Cabaret Vert le 18/08. Slipknot avant Slipknot: Anders Colsefni, le chanteur d’origine, vient de réenregistrer le tout premier album (introuvable) « Mate.Feed.Kill.Repeat », avec les Néo-Zélandais de Kaosis. Quelques mois après sa sortie en 1996, il était remplacé par Corey Taylor. 8 8 © Fender MAINSTAGE FEEDBACK L’ANNÉE DE LA STRAT Cela ne vous a pas échappé, si vous avez lu le GP n° 357, la Stratocaster souffle ses 70 bougies cette année! Un joyeux anniversaire célébré en grande pompe par la famille Fender qui a réuni un casting de 10 guitaristes jouant le thème, que dis-je, l’hymne Voodoo Child: Forever Ahead in its Time, sur une petite scène installée dans un studio, rappelant celle du concert donné par The Jimi Hendrix Experience à Maui en 1970 avec son mur d’ampli… Pendant 3 minutes se succèdent donc Tom Morello, Nile Rodgers (Chic), Ari O’Neal (Beyoncé, Lizzo), le Brésilien Mateus Asato, la Japonaise Rei, l’Australienne Tash Sultana, Jimmie Vaughan, Simon Neil de Biffy Clyro, Rebecca Lovell de Larkin Poe et son époux Tyler Bryant. « J’ai eu ma Strat en 1973 quand j’ai compris que c’était ce qui manquait à mon son et dès lors, cela a changé ma vie à 100 % », a déclaré le guitariste de Chic. Cette vidéo promo est un régal. D’autres vidéos suivront, dont la série Icons of the Strat honorant quelques grands noms comme Bonnie Raitt, Buddy Holly, David Gilmour et Jimi Hendrix bien sûr! Ari O’Neal REI Mateus Asato Simon Neil Jimmy Vaughan Tash Sultana Tom Morello Rebecca Lovell (Larkin Poe) Tyler Bryant Nile Rodgers SUR LA ROUTE AVEC BRIAN ET MARK Décidément, Mark Knopfler est partout! La vente aux enchères de ses guitares, son single Going Home avec ses copains Guitar Heroes, un nouvel album qui sort ce mois-ci, « On Deep River », et le voilà maintenant au centre d’une série de documentaires avec le chanteur d’AC/DC: « Johnson and Knopfler’s Music legends ». Dans les six épisodes (de 60 minutes) de la série qui seront d’abord diffusés en Grande-Bretagne par SkyArts (à partir du 25 avril), les deux animateurs partiront à la rencontre d’autres artistes qu’ils apprécient, de Los Angeles à New York, pour évoquer leur carrière, leur passion pour la musique et quelques souvenirs (Sam Fender, Cyndi Lauper, Nile Rodgers…). Tom Jones évoquera son amitié avec Elvis Presley, Nile Rodgers avec David Bowie… Bien sûr, tout cela va se terminer par une jam avec les invités, le guitariste de Dire Straits et le chanteur d’AC/DC reprenant Black Magic Woman avec Santana ou jammant avec Emmylou Harris et le guitariste Vince Gill. On a hâte de découvrir ça. LE CULTE DE LEMMY Une statue de 2 mètres du chanteur de Motörhead (disparu en 2015) avec sa basse Rickenbacker en bandoulière, flanqué derrière son micro haut perché, sera installée sur la place du marché de Burslem, en Grande-Bretagne, où il est né la veille de Noël 1945. C’est sûr, elle paraîtra rikiki à côté de celle du Hellfest! D’ailleurs, un autre festival (britannique), le Bloodstock Open Air, vient de commander un buste de Lemmy pour son édition 2024 qui se tiendra du 8 au 11 août, dans le Derbyshire (Opeth, Amon Amarth, Clutch, Architects…). Il renfermera des cendres de Lemmy (comme au Hellfest), en accord avec le management de Motörhead, à l’issue d’une cérémonie en présence de son guitariste Phil Campbell. Après le festival, qui rendra hommage au bassiste avec de nombreuses animations (comme la recréation de sa loge de tournée, avec sa machine à sous!), le buste sera installé dans une salle de concert (Rock City) de Nottingham. © SkyArts/DR - © Benoît Fillette 9 HEIL! HEIL! ROCK’N’ROLL! Quand on parle de talk-box, on pense inévitablement à Peter Frampton, qui a popularisé cet effet avec sa Heil Sound sur son premier album « Frampton Comes Alive! » (1976), développée par un certain Bob Heil, qui vient de disparaître à 83 ans (4/03). Heil avait créé sa box pour la tournée de JoeWalsh et son groupe Barnstorm (avant les Eagles) en 1973, et accompagné le Grateful Dead, Jeff Beck et The Who dans leurs expérimentations sonores. Un Lemmy peut en cacher un autre MAINSTAGE FEEDBACK 10 10 WHAT THE FU##? Ne jamais dire jamais… C’est la leçon du jour, Neil Young annonçant le retour de son catalogue sur Spotify, deux ans après avoir claqué la porte à « la plateforme numéro 1 de streaming en basse-résolution » lui reprochant de faire de la « désinformation » (sur le covid) en hébergeant le podcast de Joe Rogan. La décision du Loner intervient alors qu’Amazon et Apple diffusent également le podcast dans son viseur, plateformes dont il ne peut se passer s’il veut continuer à s’adresser aux masses et aux amoureux de (sa) musique. Neil Young envoie malgré tout des recommandations à Spotify, l’invitant à améliorer la qualité du son: « les gens pourront alors écouter et ressentir la musique telle que nous l’avons créée », rappelant que son répertoire est disponible en haute résolution sur Qobuz et Tidal. On le retrouve également sur son site www.neilyoungarchives.com (à partir de 25$ par an) qui rassemble l’intégralité de ses enregistrements depuis 1963 (Buffalo Springfield, CSNY, solo, live…) jusqu’au dernier album avec Crazy Horse « Fu##in’ Up » qui sort ce mois-ci. FAB FOUR MOVIES Dans le GP 357, on vous parlait des biopics à venir sur AmyWinehouse, Michael Jackson ou encore Bob Dylan, A Complete Unknown, dont le tournage a repris à NewYork avec Timothy Chalamet dans le rôle du songwriter et Edward Norton interprétant Pete Seeger. Dans ce beau tableau, il manquait les Beatles. Après Birth of the Beatles (1979) sur la naissance du groupe, Backbeat (1994) sur ses débuts à Hambourg (avec une excellente BO!) et le départ de Suart Sutcliffe, et Nowhere Boy sur la jeunesse de John Lennon, sans oublier l’excellente uchronie Yesterday dans un monde qui n’a jamais connu les Beatles, Sam Mendes (American Beauty, James Bond Skyfall et Spectre) annonce quatre biopics dressant le portrait de chacun des Fab Four, John, Paul, George et Ringo. Quatre points de vue différents sur une même histoire, attendus en 2027 (Sony). Le monde de la guitare jazz pleure la perte de Sylvain Luc, décédé d’une crise cardiaque à 58 ans (13/03). Guitariste virtuose, il a accompagné Michel Legrand, Michel Jonasz, Charles Aznavour… Parallèlement, il menait une carrière en solo, avec diverses formations (avec Birelli Lagrène notamment) ou en duo avec sa compagne Marylise Florid. Blackberry Smoke vient de perdre son batteur Brit Turner, âgé de 57 ans seulement (4/03). Depuis deux ans, il se battait contre une tumeur au cerveau. Le groupe d’Atlanta défendra son album « Be Right Here » à l’Olympia le 28 septembre avec son remplaçant Khan Aberle. Le bassiste TM Stevens est décédé d’une longue maladie à 72 ans (10/03). Artiste solo, il n’avait aucune limite, funk, rock, jazz, mettant sa basse Warwick colorée et son groove impeccable au service de Steve Vai, Tina Turner, Cindy Lauper, Little Richard, Billy Joel, Joe Cocker, Al Di Meola, John McLaughlin, James Brown… Bass Part, petit frère de Guitar Part, lui avait consacré sa couverture en 2012. Marc Tobaly, le guitariste des Varitations est décédé d’une longue maladie à 74 ans (10 mars). Le groupe français (1966-1975) avait assuré la première partie des New York Dolls, Led Zeppelin, Steppenwolf… Le guitariste l’avait reformé il y a une dizaine d’années avec de nouveaux musiciens. Le chanteur-guitariste américain Eric Carmen, auteur du tube All By Myself (repris par Céline Dion) et Hungry Eyes qui figure sur la bande-son de Dirty Dancing est décédé à 74 ans. Vitalij Kuprij, claviériste de Trans Siberian Orchestra, d’origine Ukrainienne, est décédé à 49 ans (20/02). Steve Harley, ex-leader du groupe glam britannique Cockney Rebel, est décédé à 73 ans (17/03). Le corps de Frank Darcel (65 ans), guitariste de Marquis de Sade, a été retrouvé sans vie sur une place de Galice en Espagne. Reformé en 2017-2018, le groupe new-wave breton de la fin des années 70 s’était arrêté après le suicide du chanteur Philippe Pascal en 2019. Darcel a également collaboré avec Etienne Daho dans les 80s. Jim Beard, claviériste de Steely Dan depuis 2008, est décédé à 63 ans (2/03). Le groupe était en tournée avec les Eagles. De formation jazz, il a accompagné le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin, Wayne Shorter, John Scofield, Pat Metheny, et collaboré avec John Mayer, Steve Vai ou encore Bela Fleck. Greg Lee, le chanteur du groupe ska de LA Hepcat, est décédé à 53 ans d’une rupture d’anévrisme (18/03). NÉCRO, C’EST TROP © joey martinez - © DR 12 12 PLUS DE 20 ANS APRÈS LEURS DÉBUTS, LES BLACK KEYS SONT TOUJOURS LÀ, ET PAS LES MOINS ACTIFS DES SURVIVANTS DE LA SCÈNE BLUES/ROCK/GARAGE DES ANNÉES 2000. APRÈS UN VIRAGE STYLISTIQUE, UN DÉPAYSEMENT POUR NASHVILLE MUSIC CITY ET UN SUCCÈS PLUS « MAINSTREAM », LE DUO PROUVAIT IL Y A TROIS ANS AVEC « DELTA KREAM » QUE LA FIÈVRE BLUES NE L’AVAIT PAS COMPLÈTEMENT QUITTÉ. BILAN À L’HEURE DU 12E ALBUM, « OHIO PLAYERS ». F ormés en 2001, les Black Keys font alors partie de cette vague de duos dans l’air du temps et du rock indépendant. Une sorte de nouveau modèle économique: exit le bassiste, son minimaliste et sobriété logistique… Comme lesWhite Stripes, qui sortaient déjà leur troisième album à cette époque et attiraient tous les regards. Black Keys/White Stripes, deux duos garage aux racines bluesy, il ne fallait pas chercher bien loin pour établir des ponts, des comparaisons, voire un début de compétition. Un sujet « sensible », Dan Auerbach et JackWhite ne semblant guère s’apprécier. Alors qu’il est presque trop facile de mettre en parallèle le parcours du gars de l’Ohio (Akron, cité du pneu) et celui de l’esthète de Detroit (la ville de General Motors), tous deux relocalisés à Nashville, chacun dirigeant son petit business avec label, studio, voire plus, on imagine mal, aujourd’hui encore, les deux se retrouver en bons voisins autour d’une bière ou d’un barbecue. L’histoire ne dit pas si leurs managements font en sorte d’éviter qu’ils ne se croisent en (Nash)ville! Un pneu mon neveu Pour les Black Keys, cette installation à Nashville coïncide avec un renouveau, le début d’une « seconde carrière » et d’un succès à grande échelle. Mais en s’intégrant dans le décor de La Mecque de la musique qu’est Nashville, Dan Auerbach et Pat Carney abandonnaient au passage leur attachante image d’outsiders de l’Ohio sentant la gomme et l’asphalte, pour un statut, une reconnaissance, même si Easy Eye Sound continue de produire des groupes indé, voire à la marge, comme The Growlers, Sonny Smith, Shannon & The Clams, La Luz, Nightbeats… Mais aussi des figures de vétérans blues comme Leo BudWelch ou plus récemment Robert Finley; sans oublier des rééditions de pépites (Son House, LinkWray). Merci pour ça. Sortie de route Le groupe vient de publier son 12e album, « Ohio Players ». Avec pareil titre, on aurait pu espérer une sorte de retour aux sources dans la lignée de « Delta Kream » (2021) et « Dropout Boogie » (2022). Las, le duo retombe dans ses travers popy et accrocheurs, grosse basse chewing-gum qui colle aux semelles, refrains, chœurs, claps et compagnie (This Is Nowhere, Beautiful People). À défaut de renouer avec ses racines, on pense plutôt à l’aventure new-yorkaise de 2009 (« Blakroc » avec des pointures du hip-hop) sur des titres comme Candy And Friends ou Paper Crown, avec leurs invités Lil Noid et Juicy J. L’ensemble sonne fat et clinquant, avec la signature sonore Easy Eye Sound, mais aura peu de chances de réconquérir les fans de la première heure… © Larry Niehues THE BLACK KEYS UNE TOUCHE NOIRE (ET DES BÉMOLS) MAINSTAGE CQFD Dan Auerbach et Pat Carney, rescapés de la scène rock des années 2000 CE QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR 13 « THE BIG COME UP » (2002) + « THICKFREAKNESS » (2003) Les Black Keys débarquent à l’orée des années 2000, avec un peu de retard sur l’émergence du garage-blues dans les 90s (The Jon Spencer Blues Explosion, TheWhite Stripes) mais en pleine vague des « groupes en The » et du « retour du rock ». Signe qui ne trompe pas, ils sont signés sur le label Alive Records (monté en Californie dans les années 90 par le Français Patrick Boissel, et sur lequel émergeront par la suite d’autres groupes du genre: Black Diamond Heavies, Radio Moscow, Left Lane Cruiser… Et qui sortira également les disques du vétéran T-Model Ford). D’emblée le duo d’Akron s’inscrit dans une filiation blues revendiquée avec des reprises bien senties à valeur de déclaration (Burnside, Kimbrough, MuddyWaters…), et a pour lui un son brut authentiquement garage (ils enregistrent dans la cave du batteur Pat Carney) voire un côté terroir – quitte à passer pour des bouseux – par rapport à ses homologues plus « urbains », qu’ils viennent de New York, de Detroit ou d’ailleurs. À la guitare comme au chant, Dan Auerbach semble avoir maturé et digéré son blues à lui, avec une voix élimée et un son badass et fuzzy, et la paire touche du doigt le groove du blues à riff de ses idoles. Leur deuxième album paraît l’année suivante, chez Fat Possum cette fois: une forme d’adoubement, le label faisant autorité en matière d’excavation d’obscurs bluesmen du Mississippi… à commencer par R.L. Burnside (1926-2005) et Junior Kimbrough (1930-1998)! Le disque enfonce le clou et confirme ce savoirfaire en matière de blueseries au son cradingue. On y trouve par ailleurs une reprise aux petits oignons du Have Love Will Travel de Richard Berry, devenu un classique du répertoire des Sonics, les inventeurs du rock garage. Tout est dit. « THE MOAN » (EP, 2004), « RUBBER FACTORY » (2004) Creusant le même sillon, sortent en 2004 l’EP « The Moan », avec une reprise du morceau éponyme de T-Model Ford, mais aussi – mine de rien – de No Fun des Stooges; et surtout l’album « Rubber Factory », enregistré dans une ancienne usine de pneus désaffectée, et dont le morceau When The Lights Go Out figurera sur la BO du film Black Snake Moan, avec Samuel Jackson et Christina Ricci. L’ensemble est peut-être un poil plus rock, ou moins bluesy par instants (encore que), mais toujours aussi garage, et la vitalité brute et le son lo-fi du duo demeurent indubitablement. On y trouve des morceaux emblématiques (10 A.M. Automatic, Stack Shot Billy avec son solo de wah), mais le groupe élargit aussi le spectre, ralentit le tempo avec la douce ballade The Lengths, et reprend cette fois les Kinks (Act Nice And Gentle), pour en faire quelque chose d’autre. Dans la foulée, « Magic Potion », quatrième album qui sort deux ans plus tard (2006) et enregistré une fois de plus dans la cave de Pat Carney, ne décevra pas, conservant ce son poisseux qui fait de ces deux blancs-becs du nord d’improbables héritiers du blues marécageux du sud. Le Zénith (Paris) est encore loin et pourtant le Trabendo juste à côté est à genoux devant un Dan Auerbach barbu en chemise de bûcheron rappant une vieille copie de SG Ibanez blanche. « ATTACK & RELEASE » (2008) L’entrée dans la modernité. Les choses commencent à changer pour de bon avec ce disque autrement plus produit et enregistré dans un vrai studio avec le très en vogue Danger Mouse aux manettes. Le son du duo s’étoffe, se raffine… Mais les chansons sont bien là, sans tourner le dos aux intonations bluesy. Avec sa guitare acoustique et sa basse puis son explosion d’orgue finale, All You Ever Wanted donne d’entrée de jeu le ton d’un renouveau, même si les riffs fuzzy qui suivent sur I Got Mine ou Strange Times montrent que le groupe n’a rien perdu de sa puissance. Le producteur offre surtout un superbe écrin où les idées sonores ne manquent pas (clap, chœurs, claviers, effets reverse, banjo, piano, flûte…) mais sans jamais sembler plaquées artificiellement. C’est plus sophistiqué, oui, mais le duo n’a jamais aussi bien sonné et peut explorer de nouvelles ambiances (Lies, avec la présence de Marc Ribot à la guitare, Oceans And Streams, ou le magnifique Things Ain’t Like They Used To Be final, leur plus belle ballade à ce jour, avec le concours de la chanteuse country Jessica Lea Mayfield dont Auerbach produira le premier album la même année)…
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