LE SOIR MAG n°2423 - Page 1 - 2423 Vous êtes abonné(e)? Versez sur le compte : BE73 310-1200252-60 le montant de 10,85 € (frais d’envoi inclus). Communication : ALBERT II. Sans communication, votre paiement ne pourra être pris en compte. Le hors-série sera envoyé par la poste à l’adresse du donneur d’ordre en Belgique uniquement, dans la limite des stocks et par quantités normales. Délai de livraison : 10 jours ouvrables. Un document exclusif chez votre libraire ou sur www.soirmag.be/boutique HORS-SÉRIE 9,90€ Le roi Albert fête ses 90 ans! Toute une vie passée au service du pays et de ses concitoyens. Pour l’occasion, «Soir mag» consacre un hors-série exceptionnel au sixième roi des Belges. Avec notre album photo, parcourez en images la vie étonnante d’un petit prince de Belgique devenu Roi quand on ne l’attendait pas, au décès surprise de son frère, le roi Baudouin. Découvrez des images inédites en provenance des archives privées du Palais royal. Revivez aussi les plus beaux moments de sa vie, entre bonhomie et sens du devoir. Des événements qui l’ont fait entrer dans l’Histoire. Hors-série exceptionnel «Albert II, l’album photo de ses 90 ans» https://www.instagram.com/soirmag www.facebook.com/soirmag https://twitter.com/Soirmag Jour d’infamie pour les ÉtatsUnis. Jeudi 30 mai, l’ancien président Donald Trump a été déclaré hors la loi par la Cour criminelle de New York. À 34 reprises, les jurés l’ont déclaré « guilty », coupable, pour autant de faits liés à une fraude. En résumé, il a falsifié des documents comptables pour faire passer en « frais juridiques » un paiement de 130.000 dollars à une actrice porno, Stormy Daniels. Le camp Trump a acheté le silence de cette femme, évitant que le public n’apprenne que le candidat président (on est alors juste avant son élection de 2016) avait entretenu des relations sexuelles pimentées et extraconjugales (il était marié avec Melania depuis un an au moment des faits). On a aussi découvert que Trump avait payé un tabloïd américain pour ne pas que celuici révèle l’affaire. C’est donc bien lui qui a truqué son élection de 2016… Une honte pour l’Amérique. Et un espoir aussi pour ce pays. La justice a rendu un verdict historique. C’est la première fois qu’un président ou ancien président est condamné au pénal. Reste que, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, ce jugement n’est pas à même de stopper Trump. Il peut toujours se présenter à l’élection de novembre prochain, voire être élu et diriger le pays depuis une cellule… La moitié des Américains qui s’apprêtaient à voter Trump vontils ouvrir les yeux ? Trump, lui, ne s’arrêtera pas. Comme à son habitude, il dénonce un procès truqué et appelle ses partisans à lui verser plus d’argent pour sa campagne. Comment la plus grande démocratie du monde peutelle éviter de porter à sa tête, une nouvelle fois, cet homme dangereux ? Donald « Guilty » Trump Par Benoît Franchimont, rédacteur en chef L’édito © Couverture : BelgaImage D onald Trump ne perd jamais le nord. En quittant le palais de justice de Manhattan ce 30 mai, il a profité des micros tendus pour dénoncer un « procès truqué » dirigé par un « juge corrompu ». Une « honte ». « Le vrai verdict sera rendu le 5 no vembre par le peuple américain », atil déclaré, en référence au jour de l’élection présidentielle qui le verra opposé à Joe Biden. Avant le prononcé du verdict, qui lui a été largement défavorable, il avait évoqué « un tribunal de pacotille », or chestré par son adversaire à la Maison Blanche : « Je veux simplement dire que c’est un jour très triste pour l’Amérique. (…) Tout est truqué. » Une diatribe gê nante, dont il est coutumier du fait, des tinée à décrédibiliser l’institution judi ciaire américaine. SON BUT ? TROMPER L’ÉLECTEUR EN 2016 Douze jurés anonymes ont pourtant dé cidé à l’unanimité du sort de Donald Trump. Ils ont rendu un verdict inédit : en 248 ans d’histoire, jamais les États Unis n’avaient vu l’un de ses anciens pré sidents être condamné au pénal. Un séisme après plus de six semaines de dé bats hyper médiatisés. Le voilà donc cou pable. Coupable à l’ensemble des 34 chefs d’accusation retenus contre lui, pour des paiements dissimulés à Stormy Daniels. Avoir acheté le silence de l’ex actrice pornographique n’est pas illégal en soi. Pour rappel, elle avait reçu 130.000 dollars en 2016, à la veille de la présidentielle américaine qui voyait s’af fronter Donald Trump et Hillary Clin ton, l’empêchant de livrer son récit – ce lui de leurs ébats sexuels adultérins – aux médias. Cette somme, Stormy Daniels l’avait reçue des mains de l’avocat de Do nald Trump, Michael Cohen. Le problème, c’est que cette somme n’ap paraît pas dans les registres de sa société ou dans ses comptes de campagne. La justice a pu prouver que l’exprésident a maquillé le remboursement de Michael Cohen en « frais juridiques » dans les comptes de la Trump Organization. D’ordinaire, l’État de New York consi dère les falsifications comptables comme de simples infractions. Mais ici, ces pe tits arrangements entre un client et son avocat ont servi à « dissimuler » un autre délit : le procureur Alvin Bragg a ainsi affirmé que « les dizaines de fausses entrées dans des documents comptables » ont servi à tromper les électeurs en leur « cachant des informations compromet tantes ». La « subversion de la démocra tie » que représentait le fait de priver les électeurs d’informations sur le candidat Donald Trump, insiste « Le Monde ». MELANIA, LA GRANDE ABSENTE Une chose sûre, le verdict historique ren du par les jurés plonge la course à la MaisonBlanche dans un scénario inso lite. Quelle portée réelle aura cette condamnation ? Vatelle jouer en la dé faveur du candidat républicain de 77 ans ? Ce qui paraît assez clair, c’est que les soutiens de Donald Trump seront en core plus fervents qu’avant cette décision du tribunal newyorkais, tous persuadés que le milliardaire est victime d’un im mense complot étatique… Une première preuve ? Seulement 24 heures après sa condamnation, ses équipes de campagne affirmaient avoir levé pas moins de 50 millions de dollars, venus de ses suppor ters. Donald Trump, lui, se considère comme « un homme très innocent, se battant pour notre pays, pour notre Constitu tion », accusant l’administration Biden d’être à la manœuvre derrière ce procès, durant lequel il est par ailleurs resté muet. Ses avocats craignaient que ses éventuelles prises de parole ne jouent contre lui. Les observateurs savent que Donald Trump est capable de s’emballer dans des diatribes incontrôlées… Alors, il s’est juste plaint de la température trop basse de la salle du tribunal et de ses bancs inconfortables. Et a affirmé que Donald Trump est ressorti libre – mais condamné – de son procès l’opposant à l’État de New York. BelgaImage Condamné par la justice pénale, il encourt jusqu’à quatre ans de prison ferme, mais continue de dénoncer un « procès truqué ». Incorrigible ! Donald Trump: la honte américaine Actu Donald Trump est passé à la postérité ! Jamais un président américain n’avait été condamné au pénal… Un verdict historique dont les conséquences politiques sont pour l’heure très difficiles à analyser alors que le républicain est candidat à la Maison Blanche face à son actuel pensionnaire, le démocrate Joe Biden. L’élection aura lieu le 5 novembre prochain. Un premier élément d’abord : la condamnation pénale de Donald Trump n’invalide aucunement sa candidature à l’élection présidentielle. Une éventuelle peine de prison pas davantage – le verdict sur la peine doit être rendu le 11 juillet par le juge Juan Mer chan. En effet, s’il l’emporte face à Joe Biden, le milliardaire pourrait entrer en fonction en janvier 2025. Les conditions d’éligibilité fixées par la Constitution américaine pour les candidats à la présidentielle ne mentionnent aucunement l’impératif d’un casier judiciaire vierge… Il faut simplement être âgé d’au moins 35 ans, être citoyen américain de naissance et avoir vécu dans le pays pendant au moins 14 ans. UN PEU DE POLITIQUEFICTION Que se passeraitil, maintenant, si Donald Trump battait campagne derrière les bar reaux et était élu le 5 novembre ? Le scénario du pire. Et des migraines tenaces pour les experts… « Nous sommes si loin de tout ce qui s’est jamais produit. Nous ne pouvons qu’émettre des suppositions », admet Erwin Chemerinsky, spécialiste du droit constitu tionnel à l’Université de Berkeley, interrogé par le « New York Times ». Théoriquement, le milliardaire – s’il était emprisonné – pourrait tomber sous le coup du 25e amendement de la Constitution, qui permet de le démettre de ses fonctions de président s’il est « dans l’incapacité d’exercer ses pouvoirs et ses responsabilités », alors remplacé ad interim par son viceprésident… Encore faudraitil que le clan républicain, qui fait bloc derrière son candidat malgré sa condamnation pénale, entreprenne cette humiliante procédure démissionnaire ! Une gageure. Donald Trump devrait plutôt, dans ce cas de politiquefiction, demander sa libération car son emprisonnement l’empêche rait de remplir ses obligations constitutionnelles de président, comme l’indique « Ouest France ». Une certitude : l’élection d’un président incarcéré entérinerait une crise juridique sans précédent… L’hypothèse reste toutefois peu probable, car « la plupart des personnes condamnées dans l’État de New York pour des faits similaires (des falsifications de docu ments comptables, passibles de quatre ans d’emprisonnement au maximum, NDLR) n’ont pas été incarcérées », prévient Simon Grivet, maître de conférences en histoire des ÉtatsUnis à l’université de Lille, interviewé par BFMTV. D’autant que Donald Trump, septuagénaire, n’avait jamais été condamné au pénal avant ce verdict. Enfin, élu pré sident, il ne pourrait pas s’autogracier (il adorerait, c’est certain…) : pour cela, il aurait fallu que la procédure qui nous occupe soit fédérale, or elle émane de l’État de New York. R.J. Président et en prison ? Possible… 10 11 10 Saga Trump : le milliardaire américain est condamné, mais... crie au complot ! E n Normandie, la Seconde Guerre mondiale est partout. Encore plus les années qui se terminent par « 4 », puis qu’elles impliquent de symbo liques manœuvres en mémoire des centaines de milliers de soldats qui ont libéré l’Europe. « Ne jamais ou blier ! » : voilà le mantra de cette région du nordouest de la France, devenue lieu incontournable du tourisme de mé moire. Pour en découvrir les arcanes, « Soir mag » n’a pas fait les choses à moi tié. Si les trois quarts des touristes qui vi sitent les sites dédiés au DDay se dé placent en voiture et si « les mobilités douces restent d’un usage marginal » se lon un rapport des autorités régionales, nous avons opté pour le… vélo ! En ver sion électrique. Le long du littoral nor mand, le vent souffle fort et les kilo mètres à avaler peuvent fatiguer le cy cliste le plus aguerri. Alors, aucun regret, même s’il a fallu jongler entre les sen tiers glissants et un pneu crevé. CAEN, POINT DE DÉPART L’aventure démarre à Caen, cheflieu du Calvados et martyre de la Libération, ville ravagée par les bombardements stratégiques alliés. Le lieu propose au jourd’hui son mémorial, dont la visite re trace la sombre histoire du XXe siècle. Elle devrait servir de préambule à tout séjour mémoriel en Normandie. « Ça m’a mis la chair de poule. C’est d’autant plus fort comme visite avec la marche ac tuelle du monde », glisse Sylvie, venue de Reims pour montrer à sa fille de 12 ans ce pan de l’histoire mondiale. Le Mémorial de Caen attire près d’un de mimillion de visiteurs par an. Sa bou tique de souvenirs n’est pas en reste. « Par rapport à une année habituelle, nous avons déjà 25 % de stocks en plus », précisait une cadre du musée au « Figa ro » en mars. Dans les rayons, les édi tions limitées dédiées aux 80 ans du D Day pullulent : stylos, mugs, tapis de souris, plaques émaillées, bouteilles de cidre, bières locales… En 2022, le chiffre d’affaires des exploitants des sites de tou risme mémoriel a atteint 25,2 millions d’euros : 19,1 millions pour les billette ries des 32 sites payants et 6,1 millions pour les boutiques. Autant dire que le jeu des éditions limitées en vaut la chan delle. « C’est une plusvalue assurée. On a créé une nouvelle bière pour l’occasion, et elle cartonne déjà », nous disait fin avril Laurence Etasse, à la tête d’une brasserie artisanale, avec son mari, à SainteMèreÉglise. GRATIN MONDIAL En Normandie, 94 lieux de mémoire sont officiellement répertoriés. En vingt ans, « le tourisme de mémoire a doublé ». En 2022, les sites ont enregistré 5,52 millions de visites, pour 1,78 million de visiteurs uniques estimés. En 2024, les autorités régionales s’attendent à explo ser ces statistiques. Les plus optimistes espèrent entre 8 et 10 millions de visites, soit largement plus de 2 millions de visi teurs uniques en marge du 80e anniver saire du DDay. En plus des touristes qui affluent, des commémorations prévues en Norman die autour du 6 juin voient des person nalités du monde entier se bousculer au portillon de la mémoire. Emmanuel Ma cron accueille Joe Biden, le convalescent Charles III, l’Ukrainien Volodymyr Ze lensky ou encore 200 vétérans. Sans ou blier le roi Philippe et la reine Mathilde. Le 6 juin, le couple royal belge participe à la cérémonie internationale sur la plage d’Omaha Beach. MADAME ARLETTE ! Retour en selle. Depuis Caen, nous ga gnons Ouistreham en longeant le canal de l’Orne, sur un ancien chemin de ha lage reconverti en voie verte. L’itinéraire passe par Pegasus Bridge, haut lieu du Débarquement repris aux Allemands par la 6th Airborne Division britannique dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Comment ne pas en profiter pour siroter un thé au lait au café Gondrée, la première maison li bérée de Normandie ? Arlette, la tenan cière de 84 ans, avait 4 ans quand les Bri tanniques ont effacé la menace alle mande. « Papa a ouvert la porte. Là, ils sont entrés et lui ont dit : “Ne vous in quiétez pas, nous sommes arrivés” », re jouetelle volontiers. Aujourd’hui, les murs habillés du papier peint d’époque sont recouverts de souve nirs du Débarquement, entre les photos des régiments ou les médailles de vété rans. Dans son cafémusée, celle qui a déjà servi Charles III accueille chaque année des milliers de touristes venus d’outreManche. Le lieu est devenu un pèlerinage, voire davantage : les cendres de deux vétérans ont été dispersées dans le jardinet du café. LE D-DAY, ARGUMENT MARKETING Une fois à Ouistreham, il faut suivre les pictogrammes de la Vélomaritime, itiné raire cycliste qui longe le littoral nor mand. Cap vers l’ouest, avec la traversée de coquettes stations balnéaires où les Lieu chargé du poids de l’Histoire par excellence, le cimetière américain de CollevillesurMer est le site lié au DDay qui attire le plus de touristes. Eric Fenouil Le 80e anniversaire du DDay place la Normandie au centre du monde. Cette région française tourne au rythme du tourisme de mémoire. L’Histoire y tient une place hors norme, à michemin entre le sacré et le folklore. Reportage à deuxroues ! Pédaler sur les routes du souvenir Pour ce reportage, «Soir mag» a fait travailler ses guiboles. Au menu, plus de 220 kilomètres en trois jours. Ici, notre vélo le long de l’Orne. R.J. 6 juin 1944 14 15 De notre envoyé spécial en Normandie, Rodrigue Jamin 14 Débarquement : le tourisme mémoriel lié au DDay est une aubaine pour la Normandie. 34 A près avoir signé et joué des pièces qui ont touché un large public, vous vous lancez dans l’aventure du seulenscène avec « Stand Alone », que vous considérez comme un défouloir. Je ne compte plus les sujets d’actualité qui m’énervent. Il y a là la matière pour 200 pièces, que j’ai eu l’idée de traiter en une seule, sous la forme d’un spectacle dont je serais le seul interprète. Vous l’avez rodé pendant des mois avant d’entamer une tournée qui va vous conduire jusqu’au Québec. Je l’ai testé dans de petites salles où les réactions du public m’ont poussé à renoncer à certains sujets et à en développer d’autres. Vous vous emportez sur tous les sujets, par fois sans la moindre re tenue verbale. Je suis un râleur et je l’as sume ! J’ai l’impression de vivre en Absurdie. Tout m’insupporte dans la société d’au jourd’hui, à commencer par les vélos, les trottinettes et les réseaux sociaux. À cause d’eux, un crétin absolu a la même puissance de feu qu’un Prix No bel ! Vous vous déchaînez contre la connerie. Si on la mesurait à Sèvres, on n’aurait au cune difficulté à trouver un mètre étalon ! Michel Audiard l’a écrit il y a bien long temps, et c’est toujours d’actualité. Il y a par exemple un mot que je ne supporte pas, c’est « ressenti ». Je l’entends parfois à longueur de journée, et ça ne veut rien dire. Je pense souvent à JeanPaul Sartre assurant que « l’enfer, c’est les autres ». Vous traitez aussi de sujets plus légers en lançant, en particulier, une croisade pour le retour du slow. Cette danse demeure, à mon sens, un élément essentiel pour une séduction réciproque. Je défends l’idée que les féministes devraient la rendre obligatoire ! C’est joue contre joue que l’on peut mesurer la réalité des sentiments de l’un pour l’autre. Je parle en connais sance de cause pour avoir pris un certain nombre de râteaux tout au long de mon adolescence ! (Rire) Certains ne vont pas manquer de vous faire remarquer le risque de gestes dépla cés ! Tous les hommes ne sont pas des porcs, Dieu merci ! Je crois encore à la ga lanterie, au respect, à l’élégance d’ouvrir la porte de sa voiture à celle qui va monter à bord. De plus, régler la note quand on dîne avec une femme au restaurant, c’est toujours mieux. À condition, bien sûr, d’en avoir les moyens. En vous déchaînant contre ce qui est au jourd’hui considéré comme le « politique ment correct », vous ne craignez pas des repré sailles verbales ou médiatiques. Les réactions du public qui est dans ma tranche d’âge me per mettent de croire que je fais partie d’une majorité si lencieuse. Nous ne sommes pas nostal giques d’un passé lointain, nous attendons que le vent tourne. Ce qui finira par arri ver ! À l’origine, vous ne deviez pas être comé dien, mais travailler à la Poste. Pour mon père, devenir saltimbanque, c’était finir clochard. Il tenait pardessus tout à ce que Gilles, mon frère, et moimême exercions un métier « sérieux ». Il repère un jour l’annonce d’un concours pour le recrute ment de receveurs généraux des Postes. Nous y avons échappé, non sans difficulté. Votre mère, en revanche, ne manifestait pas autant d’inquiétude. Elle a été mon ange gardien. Quand j’ai passé le bac litté raire pour la première fois, je l’ai raté de deux points à l’oral. Elle a lu la peine dans mes yeux et m’a dit : « Avec ou sans ce di plôme, tu seras un grand bonhomme ! » Vous n’avez jamais fait partie de la catégo rie des bons élèves… Je me souviens du commentaire d’un professeur sur mon li vret scolaire : « Monsieur Lellouche dé laisse parfois le babyfoot pour venir en classe de mathématiques. » Vous avez finalement entamé des études de journalisme qui vous ont conduit à ef fectuer un stage à la télévision. On m’a confié un reportage sur le karaoké, qui ve nait d’arriver en France. Je tourne un soir une séquence chez Castel, un club privé légendaire. Quand la caméra s’éteint, je m’offre un petit plaisir : chanter devant l’assistance. Une femme que je ne connais pas me félicite et se présente : elle s’ap pelle Danielle Gain et est agent d’artistes. Elle est convaincue que je suis un acteur en puissance, et décide de me représenter. C’est ainsi qu’elle a décroché des rôles qui m’ont permis d’apprendre un métier que je n’aurais jamais pensé exercer. Vous n’aviez pas imaginé non plus l’aven ture que deviendrait votre première pièce, « Le jeu de la vérité ». C’est encore une histoire dingue ! Je décide un matin d’écrire une comédie avec deux motiva tions premières : offrir un rôle à Vanessa Demouy, ma femme de l’époque, et parta ger la scène avec mes grands copains, Christian Vadim et David Brécourt. Au départ, personne n’en a voulu. La pièce a été refusée par tous les directeurs de théâtre. En revanche, Frédéric Oudart, l’administrateur de la Comédie de Paris, y a cru. Il a fait passer le projet à l’arrache, en faisant croire à son patron qu’il n’avait rien d’autre sur son bureau. Le succès a été immense. Nous avons affi ché complet presque immédiatement et joué dans des salles de plus en plus grandes. Il y a eu ensuite les tournées, l’adaptation au cinéma et les adaptations à l’étranger. À ce jour, la pièce a été tra duite en quatre langues et est devenue un succès dans une dizaine de pays. Comment l’expliquezvous ? J’ai long temps cherché la raison, et je n’en vois qu’une seule : c’est une histoire où beau coup d’entre nous se reconnaissent. J’ai récemment découvert une citation de Paul Valéry qui conforte mon hypothèse : « L’homme se distingue par ce qu’il montre et se ressemble par ce qu’il cache. » Vous avez concrétisé tous vos rêves, y compris tourner au cinéma trois films sous la direction de Claude Lelouch. J’ai 20 ans quand je le rencontre pour la première fois. Avec la naïveté du débutant que je suis, je l’aborde en lui disant que j’adore ses films et que je souhaite jouer dans l’un d’entre eux. Je lui précise que régulière ment, on me prend pour son fils, et que mon père se prénomme Claude. Ça l’a fait rire, et il m’a promis qu’il me téléphone rait. En 2016, il m’a proposé de tourner dans « Chacun sa vie ». J’avais attendu cet appel pendant 20 ans ! Propos recueillis par J.P. BelgaImage « Je suis un râleur et je l’assume ! » 35 J’ai l’impression de vivre en Absurdie. Tout m’insupporte dans la société d’aujourd’hui. Rencontre De notre correspondant à Paris, Jacques Pessis Philippe Lellouche se raconte dans un seulenscène corrosif où il dézingue la société actuelle. Le politiquement correct, il l’emm… 34 Grand entretien : Philippe Lellouche se raconte dans un seulenscène corrosif. T eddy Schaffran travaille comme criminologue et détective à Lyon. Son monde s’effondre quand il apprend que le corps de sa fille Morgane a été retrou vé dans une ville minière du Grand Nord québécois, atrocement mu tilé. Il se rend alors sur place afin d’ap préhender cette réalité insoutenable. À Norferville, c’est Léonie Rock qui est chargée de l’enquête. La policière à moi tié autochtone redoute de revenir dans ce lieu isolé où elle est née, mais où elle a été violée à l’adolescence. Une descente aux enfers en milieu hostile et glacé pour ces deux êtres malmenés par la vie. Confidences. Le Grand Nord imprègne le récit. Vous aviez besoin de vous évader ? Mon livre précédent, « La faille », était empreint d’une grande noirceur et se déroulait en milieu urbain et souterrain. J’ai ensuite eu besoin de respirer le grand air en ex térieur. Je me suis alors rappelé un voyage effectué au Québec, qui m’avait marqué par ses territoires immenses et sa nature infinie, mais hostile et dange reuse. En débutant mes recherches, j’ai appris la réalité des villes minières iso lées, et j’ai pensé que cela ferait un décor de roman incroyable. En poursuivant mon enquête, j’ai ensuite découvert le phénomène de société que représentent les violences accrues envers les femmes autochtones. Tout est donc parti d’une envie de nature, et puis l’idée s’est étoffée au fil des recherches et de mon intérêt. Êtesvous retourné sur place ? J’y ai pen sé, mais les conditions n’étaient pas bonnes. Je suis donc passé par d’impor tantes recherches : lecture comme vi sionnage de films et reportages. Je me suis aussi mis en relation sur les réseaux sociaux avec des Québécois vivant dans ces régions re culées, afin d’être le plus précis et cré dible possible sur leur mode de vie particulier, qui nous est peu fami lier. Pourquoi créer une ville fictive ? Je me suis basé sur Schef ferville, localité existante, mais j’ai choisi de créer une ville de toutes pièces pour deux raisons. D’abord pour ne pas stigmatiser les habi tants d’une région isolée, peu nombreux, puisque je mets en scène des événements terribles à Norferville. Je n’aurais pas voulu que les gens se sentent visés. Puis, cela permettait d’ajouter des éléments au service de mon intrigue. J’aime créer des lieux, comme Stephen King qui arrive à imaginer des villes mystérieuses et malé fiques. C’est ce que j’ai voulu faire ressen tir comme ambiance ici. Norferville et sa nature sont d’ailleurs des personnages à part entière du roman. C’est en effet une volonté de ma part. Dans les thrillers, les atmo sphères sont des éléments centraux. Il faut y apporter beaucoup de soin pour que le lecteur puisse s’immerger totale ment dans l’ambiance. Le froid est aussi omniprésent, pour montrer que la na ture représente un danger, et même par fois une arme. En dehors du criminel, la nature est elle aussi hostile. J’ai essayé de faire ressentir cette ambiguïté entre l’émerveillement face à la beauté des paysages du Grand Nord, comme figés dans le temps, et les moments de terreur absolue, car le danger y est permanent. Ces endroits ne sont pas réellement faits pour les hommes, et la nature essaie par fois de le faire comprendre en se ven geant. J’aime raconter des histoires qui font peur, avec du suspense. Mais j’ap précie d’y ajouter une dimension réaliste et sociétale permettant d’aller à l’en contre des préjugés du monde. C’est pourquoi, dans mes romans, il est tou jours question d’actualité et de sujets contemporains. Selon moi, le polar est la photo parfaite d’une époque, dans la re présentation de ses enjeux. Le thriller vous aide donc à comprendre notre société complexe. Cela me permet en tout cas de creuser des sujets que je ne maîtrise pas à la base, tout en ayant le temps de le faire. Cette partie du travail, l’investigation, m’en apprend plus sur le monde, les gens, la psycholo gie humaine, tout en me question nant sur ce qui fait que les crimi nels passent à l’ac tion. L’écriture est un vrai enrichisse ment personnel sur la nature humaine. Quelles sont selon vous les attentes de vos lecteurs ? Le frisson avant tout ! Ils recherchent le pic d’adrénaline, mais aussi des histoires complexes, bien construites, documentées, crédibles, sé rieuses et réalistes. C’est pour cela que je consacre beaucoup de temps à la phase de recherche. Je pense que les lecteurs aiment que l’histoire ne soit pas gratuite, qu’ils puissent découvrir des sujets socié taux susceptibles de les intéresser. C’est pour quoi j’essaie d’aborder des thèmes qui les concernent. Je crois aussi que dans les thrillers en général, une forme de trans gression est recher chée, une envie de sortir des rails et de satisfaire des pul sions lointaines, mais sans se mettre en danger. Chaque auteur a ses habitudes. Comment aimezvous travailler ? J’écris toujours en silence, dans mon bureau, entouré de mes livres, un environnement qui me rassure. Je n’ai pas vraiment de rituel journalier. Quand je suis en phase d’écriture, j’ai toutefois l’habitude, chaque lundi, de relire ce que j’ai écrit la semaine précédente, pour me remettre dans l’ambiance après le weekend. Je dois connaître mon livre par cœur, afin de rester cohérent. Au début, cela ne prend pas beaucoup de temps, mais au fil de l’écriture, un peu plus (rire) ! Et de manière générale, pour chaque roman, mon temps est scindé en trois phrases égales : trouver l’idée, recherches, écri ture. L’écriture de scénarios (la série « Vor tex » par exemple) estelle complémen taire à celle de thrillers ? C’est très diffé rent, mais cela se complète. L’écriture de scénarios est un monde rempli de contraintes, car on est un maillon d’une chaîne, contrairement à la liberté abso lue des livres, mais où la solitude est pré sente. Les deux me servent en tout cas. L’écriture de scénarios m’aide par exemple à apprendre à créer des dia logues de qualité, ou à raisonner par images, ce qui est utile pour les romans. Comment vivezvous votre succès ? Très bien. J’ai une chance incroyable de pou voir vivre de ma passion. Les lecteurs me procurent beaucoup de bonheur. Je n’ou blie pas que c’est grâce à eux que j’en suis arrivé là. Je veux continuer à raconter de bonnes histoires, en gardant mon au thenticité et ma rigueur. Le fait d’avoir connu un succès progressif m’a permis de garder la tête froide. Conserver un lien avec le monde réel est primordial, c’est même la base du polar ! Un écrivain atil encore le temps de lire ? J’essaie, quand c’est pos sible. Je reste souvent dans le genre du polar, que j’ai toujours aimé. Je lis le plus souvent après avoir terminé l’écriture d’un roman. Cela permet de stimuler l’imagi nation pour la recherche d’idées. Je m’en nourris, comme c’est le cas aussi avec les séries et les films. Propos recueillis par Éloïse Dewallef « Norferville », par Franck Thilliez, éd. Fleuve noir, 456 p., 22, 90 euros. Authenticité, crédibilité, sérieux et réalisme sont la marque de fabrique de Franck Thilliez. Sans oublier une bonne dose de noirceur et de frayeur ! © Hannah Assouline / Fleuve Noir édition Véritable phénomène littéraire aux millions d’exemplaires vendus, Franck Thilliez embarque cette fois les lecteurs pour une virée glaçante dans le Grand Nord. Frissons garantis ! «Le danger est perma nent dans la nature» Rencontre Dans le thriller, une forme de transgression est recherchée, une envie de sortir des rails et de satisfaire des pulsions lointaines. 38 39 38 Rencontre : Franck Thilliez, véritable phénomène littéraire, se projette dans le Grand Nord. 18 Histoire : OradoursurGlane, le village supplicié, symbole de la barbarie nazie. 20 Élections 2024 : petit rappel des modalités pratiques pour voter dans les règles. 22 Carla Bruni révélait en octobre être atteinte d’un cancer du sein. On en sait plus... 24 Changement de vie : il était fonctionnaire, il a décidé de devenir horloger par passion. 26 Transmission : une association se charge de récolter bénévolement le souvenir des anciens. 28 Pradel raconte : le dépeceur de Mons n’a jamais été identifié. Une énigme macabre. 30 Argent : les dons fiscalement déductibles, ou comment faire rimer solidarité et impôts. 56 Dossier TV : le dimanche 9 juin, ce sera une journée marathon pour les rédactions télé. Tour d’horizon à la RTBF et chez RTL. Sommaire 100 rue Royale 1000 Bruxelles. Tél. 02225.55.55. email : redaction@soirmag.be ■ Editeur responsable et directeur général : Olivier De Raeymaeker, rue Royale, 100 1000 Bruxelles. ■ Rédacteur en chef : Benoît Franchimont. ■ Rédacteur en chef suppléant : Pierre De Vuyst (02225.57.84). ■ Chef d’édition : Philippe Cools. ■ Révision : Éloïse Dewallef. ■ Secrétariat : Sylvie Delecosse (02225.52.36). ■ Rédaction : Myriam Bru (02225.57.01), Rodrigue Jamin (02225.55.66), Axelle Noirhomme (02225.52.38). ■ Mise en pages : Bernard Fiévet (02225.52.39), Thierry Wartel (02225.52.77). ■ Collaborateurs : Bertrand Deckers, Margo De Croÿ, Dominique Deprêtre, Philippe Desalle, Sigrid Descamps, Éloïse Dewallef, Frédéric du Bus, Vincent Hayez, Stanislas Ide, Sophie Lagesse, Deborah Laurent, Stéphane Lémeret, Bernard Meeus, Jacques Pradel, Jacques Pessis, Marc Ysaye. ■ Marketing : Silvia Schillaci (02225.57.96). ■ Diversification : Sabine Levy (02225.52.76). ■ Régie publicitaire : Rossel Advertising, 100, rue Royale, 1000 Bruxelles. ■ Cross Media Account Manager : Silvia Miceli (047474.70.92, silvia.miceli@rossel.be). ■ Vente : ROSSEL et Cie s.a., 100, rue Royale, 1000 Bruxelles (07022.10.10), CCP IBAN : BE13 0000 0146 8639 BIC : BPOTBEB. Abonnements : ROSSEL et Cie s.a., 02616.20.00 , abonnements@soirmag.be, compte ING IBAN : BE61 3100 4963 7717 BIC : BBRUBEBB. Prix des abonnements Belgique et Luxembourg 3 mois : 52 € 6 mois : 81 € 12 mois : 155 € (livraison à domicile) 12 mois : 175 € (chèqueséchange) Prix de vente au numéro Belgique : 3,70 € Luxembourg : 3,70 € ■ Imprimé chez RemyRoto S.A. à Beauraing (Belgique). Le présent numéro est destiné à la vente au prix imposé et ne peut en aucun cas, ni pour quiconque, être donné en location ou figurer dans une farde de lecture. Les textes, photos, dessins et toutes œuvres publiés dans “Soir mag” sont protégés par le droit d’auteur. Tous droits réservés. Toute reproduction et/ou rediffusion de contenu par quelque moyen que ce soit doit faire l’objet d’une autorisation spécifique auprès de Copiepresse au Tél. 02558.97.80 ou via info@copiepresse.be. Le spécialiste en VIAGER à votre service depuis 1976 ◆ Rente maximum indéxée ◆ Sans impôt ◆ Non taxée - Bouquet élevé ◆ Opération avantageuse pour les 2 parties vendeur et acquéreur VIAGERIM Jean-François Jacobs SPRL Rue Solleveld, 2 - 1200 Bruxelles - 02/762 35 17 Chée de Tervuren 155 bte 5 - 1410 Waterloo - 02/762 78 12 www.viagerim.eu Brochure gratuite sur demande viagerim@skynet.be - www.viagerim.eu * En vente en librairie du 7/06 au 13/06/24. www.lesoir.be/histoiresmerveilleuses nouvelle collection Cette semaine Le saule vert SEULEMENT! 10,99 LE LIVRE 14 * V.I.P. D epuis le mois de février et l’annonce du cancer du Sou verain britannique, l’agenda de Charles III a été aménagé afin qu’il puisse concilier sa fonction royale avec le traite ment de sa maladie. Très optimiste quant aux résultats des traitements, son équipe médicale lui a donné le feu vert pour son retour sur le devant de la scène. Le 30 avril dernier, il assurait son pre mier engagement officiel depuis l’an nonce de sa maladie, trois mois plus tôt. Malgré les nouvelles rassurantes sur son état de santé, quelques aménagements ont cependant été apportés aux festivités du 15 juin, le « Trooping the colour », un événement marquant l’anniversaire du souverain anglais. Si l’an dernier, pour sa première édition en tant que Roi, Charles III avait assuré le défilé militaire à cheval aux côtés de son fils et de sa sœur, la princesse royale Anne, il ne ré itérera pas l’expérience cette année. Il a été annoncé que c’est en carrosse, aux cô tés de son épouse Camilla, qu’il assurera le passage en revue des troupes mili taires. Après la parade, c’est sur le balcon de Buckingham Palace que la foule pour ra saluer le clan royal. Un des piliers des Windsor pourrait cependant manquer à l’appel. Également atteinte d’un cancer, et ne devant pas reprendre ses activités officielles avant l’automne, la princesse Kate pourrait faire l’impasse. Certains tabloïds anglais affirment cependant qu’elle devrait y faire une apparition sur prise. Une information que le Palais n’a pas confirmée… ou démentie. Afin que le balcon ne paraisse pas trop tristounet, les Windsor auraient appelé en « ren fort » certains de leurs proches. Si elles n’avaient plus été conviées sur la terrasse royale depuis cinq ans, les princesses Eu genie, Beatrice et leur cousine Zara Tin dall seront peutêtre aux côtés du prince William pour lui tenir compagnie. Évi demment, le prince Harry, toujours en froid avec les siens et ayant quitté ses fonctions de membre senior de la famille royale, ne figurera pas sur le traditionnel cliché annuel. Tout comme le prince An drew, persona non grata à la suite de son implication dans l’affaire Jeffrey Epstein. De plus, le frère du Roi n’aurait toujours pas accepté de quitter sa résidence du Royal Lodge située sur le domaine de Windsor. Un entêtement qui agace le Roi, qui serait prêt à « couper les ponts » avec son frère s’il ne déménage pas au plus vite à Frogmore Cottage, l’ancienne résidence de Harry et Meghan. Sophie Lagesse Un «Trooping the colour» aménagé Malgré son cancer, Charles III sera présent lors des festivités du 15 juin. BelgaImage 6 Portrait express 1.DES PILIFS À CANNES Sorti le 1er mai, le feelgood movie d’Artus s’est imposé comme le succès de 2024, dé passant les 4,5 millions d’entrées en France. « Un p’tit truc en plus » raconte le parcours de deux braqueurs en cavale, le fils Artus et le père Clovis Cornillac, qui se réfugient dans une colonie de vacances avec des per sonnes en situation de handicap pour échapper à la police. Le casting mêle comé diens valides et acteurs en situation de han dicap. Parmi eux, Benjamin Van De Walle, star de Cannes et employé à la ferme « Nos Pilifs » de NederoverHeembeek ! 2.DE REFUS EN REFUS L’arrivée au cinéma du film « Un p’tit truc en plus » n’a rien eu d’une sinécure. Aucun producteur n’a d’abord voulu de ce film sur le handicap, malgré la présence d’Artus, humoriste reconnu et acteur crédible de puis son rôle remarqué dans la série « Le bureau des légendes ». Le succès du projet a pourtant permis à l’équipe du film de monter les marches du Festival de Cannes ! Et ce même si les marques de luxe ont – là aussi dans un premier temps – refusé de prêter des tenues de soirée aux comédiens du longmétrage… 3.AMBASSADEUR Parrain des Jeux paralympiques et de Han dicap International, Artus pointe le manque d’infrastructures dédiées aux per sonnes en situation de handicap ou la ques tion de leur sexualité. Il a d’ailleurs révélé avoir emmené un des acteurs à Amsterdam pour y « voir des prostituées ». Il n’hésite pas non plus à mêler handicap et humour, son personnage de Sylvain revenant dans plusieurs sketchs. Tandis que ses vannes sur le « handisport » méritent aussi le dé tour. 4.EN RANG D’OIGNON(S) Né Victor Artus Solaro, l’humoriste aurait un aïeul notoire, baron d’Ognon et placeur à la table de Louis XIV. Selon la légende fa miliale (et controversée), l’homme serait à l’origine de l’expression « en rang d’oi gnons ». Artus, lui, s’imagine d’abord der rière les fourneaux et obtient un bac pro cuisine. Puis, il comprend qu’il aime faire rire. Alors, il suit les leçons du Cours Florent et écrit son premier spectacle, « Va jouer sur l’autoroute ». En juillet 2010, ses parents lui louent une salle de 42 places au Festival Off d’Avignon pour qu’il s’y pro duise un mois entier. Fameux coup de pouce. 5.LE TREMPLIN RUQUIER Des professionnels du secteur audiovisuel le repèrent. Il rejoint alors l’émission « On n’demande qu’à en rire » sur France 2. Ar tus y jouera 86 sketchs de 2011 jusqu’à l’ar rêt de l’émission en 2014. Voilà sa carrière lancée. Son humour ? Noir, absurde, sans limite. Il multiplie alors les spectacles, les apparitions au cinéma ou à la télé. En 2016, il participe à l’émission « Le meilleur pâtis sier, spécial célébrités », puis à la 7e saison de « Danse avec les stars ». Il finit 3e , mais y rencontre en coulisses celle avec qui il est désormais marié. 6.LE CHOIX DE LA SOBRIÉTÉ À 36 ans, Artus a perdu 35 kilos en quatre mois grâce à du sport intensif et une ali mentation contenue. Il a aussi arrêté le ta bac et l’alcool. Ce qui a eu le don de sur prendre Léa Salamé sur le plateau de « Quelle époque ! » : « Vous êtes devenu chiant ! » Tollé. Artus a dû lui expliquer que sobriété ne rime pas avec ennui. Rajou tez à cela un corps quelque peu recouvert de tatouages. Le dernier en date, sur son bras ? Le titre de son film, écrit par les co médiens qui ont partagé l’affiche avec lui. Seul problème, l’un d’eux a confondu la lettre « i » avec le « p ». Voilà à jamais gravé sur sa peau « Un p’tpt truc en plus ». Hila rant ! Rodrigue Jamin BelgaImage Artus L’humoriste français de 36 ans voit son premier film en tant que réalisateur, « Un p’tit truc en plus », cartonner au box office. Après une montée des marches remarquée à Cannes ! 7 Sur la pelouse de Wembley, durant de longues minutes, le gardien de but belge est resté à genoux juste après la finale de la Ligue des cham pions, ce 1er juin. Il vient de graver son nom dans l’his toire du football en devenant le seul joueur belge à rem porter à deux reprises cette compétition européenne et à soulever la Coupe aux grandes oreilles. Au coup de sifflet final, consacrant la victoire du Real Madrid sur le Borussia Dortmund (02), le portier a pensé à tout son travail de rééducation, « des mois durant lesquels j’ai travaillé seul, dans la salle de sport », pour arriver à ce résultat. De retour sur les terrains début mai après une lourde blessure aux liga ments croisés, Courtois n’a laissé aucune chance aux Allemands malgré la férocité dont ils ont fait preuve et les nombreuses frappes cadrées qu’il est parvenu à arrêter avec brio. Le gardien termine ainsi sa saison sur une très belle victoire. Il ne sera tou tefois pas présent à l’Euro (14 juin14 juillet) suite à un triste désaccord avec le sélec tionneur des Diables Dome nico Tedesco sur le capitanat de l’équipe, qu’il estimait lui revenir de droit. Le Real Madrid, lui, au len demain de sa 15e victoire européenne, s’offre une nou velle recrue de taille. Le La semaine L Le e B Be el lg ge e T Th hi ib ba au ut t C Co ou ur rt to oi is s m ma ag gi is st tr ra al l ! ! 8 Français Kylian Mbappé, capitaine des Bleus et ex joueur star du PSG, a signé dans le club madrilène pour 5 saisons avec une coquette prime de 100 millions d’eu ros à la clé. Il devrait être présenté officiellement après l’Euro. Axelle Noirhomme BelgaImage P. Palmade renvoyé en correctionnelle L’acteur devra répondre de coups et blessures involontaires et usage de produits stupéfiants avec une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans de prison. L’humoriste avait provo qué un grave accident de la route le 10 février 2023, blessant 3 personnes, dont une femme enceinte qui a perdu son bébé suite à l’accident. BelgaImage Vase chinois de Mariemont retrouvé Cette jarre à vin impériale à la valeur inestimable, volée le 20 avril dernier, a été récupérée lors d’une demande de rançon. Les malfaiteurs ont en effet été interpellés le 28 mai après avoir tenté de rendre la pièce au musée en échange de plusieurs millions d’euros. Le couvercle du vase a été endommagé, mais l’objet a pu retrouver sa place au musée de Mariemont. BelgaImage Record de pluie en mai en Belgique Les précipitations n’en finissent pas depuis près de 8 mois, plongeant les Belges dans une morosité météorologique. Ce printemps 2024 a été le 2e le plus pluvieux depuis 1833 ! Rien que sur le mois de mai, il a plu 22 jours, ce qui représente 8 jours de plus que la normale. 19 jours d’orage ont également été enregistrés sur l’ensemble du territoire. BelgaImage Violoniste ukrainien à l’honneur « C’est le moment le plus impor tant de ma vie », a déclaré Dmytro Udovychenko, le violo niste ukrainien qui a remporté le Concours Reine Elisabeth ce 1er juin. Le 2e lauréat est l’Américain Joshua Brown suivi de sa compa triote Elli Choi. L’année pro chaine, ce sera au tour du piano d’être mis à l’honneur. BelgaImage D onald Trump ne perd jamais le nord. En quittant le palais de justice de Manhattan ce 30 mai, il a profité des micros tendus pour dénoncer un « procès truqué » dirigé par un « juge corrompu ». Une « honte ». « Le vrai verdict sera rendu le 5 no vembre par le peuple américain », atil déclaré, en référence au jour de l’élection présidentielle qui le verra opposé à Joe Biden. Avant le prononcé du verdict, qui lui a été largement défavorable, il avait évoqué « un tribunal de pacotille », or chestré par son adversaire à la Maison Blanche : « Je veux simplement dire que c’est un jour très triste pour l’Amérique. (…) Tout est truqué. » Une diatribe gê nante, dont il est coutumier du fait, des tinée à décrédibiliser l’institution judi ciaire américaine. SON BUT ? TROMPER L’ÉLECTEUR EN 2016 Douze jurés anonymes ont pourtant dé cidé à l’unanimité du sort de Donald Trump. Ils ont rendu un verdict inédit : en 248 ans d’histoire, jamais les États Condamné au pénal, il encourt jusqu’à quatre ans de prison ferme, mais continue de dénoncer un « procès truqué ». Incorrigible ! Donald Trump: la honte américaine Justice 10 Unis n’avaient vu l’un de ses anciens pré sidents être condamné au pénal. Un séisme après plus de six semaines de dé bats très médiatisés. Le voilà donc cou pable. Coupable de l’ensemble des 34 chefs d’accusation retenus contre lui, pour des paiements dissimulés à Stormy Daniels. Avoir acheté le silence de l’ex actrice pornographique n’est pas illégal en soi. Pour rappel, elle avait reçu 130.000 dollars en 2016, à la veille de la présidentielle américaine qui voyait s’af fronter Donald Trump et Hillary Clin ton, l’empêchant de livrer son récit – ce lui de leurs ébats sexuels adultérins – aux médias. Cette somme, Stormy Daniels l’avait reçue des mains de l’avocat de Do nald Trump, Michael Cohen. Le problème, c’est que cette somme n’ap paraît pas dans les registres de sa société ou dans ses comptes de campagne. La justice a pu prouver que l’exprésident a maquillé le remboursement de Michael Cohen en « frais juridiques » dans les comptes de la Trump Organization. D’ordinaire, l’État de New York consi dère les falsifications comptables comme de simples infractions. Mais ici, ces pe tits arrangements entre un client et son avocat ont servi à « dissimuler » un autre délit : le procureur Alvin Bragg a ainsi affirmé que « les dizaines de fausses entrées dans des documents comptables » ont servi à tromper les électeurs en leur « cachant des informations compromet tantes ». La « subversion de la démocra tie » que représentait le fait de priver les électeurs d’informations sur le candidat Donald Trump, insiste « Le Monde ». MELANIA, LA GRANDE ABSENTE Une chose sûre, le verdict historique ren du par les jurés plonge la course à la MaisonBlanche dans un scénario inso lite. Quelle portée réelle aura cette condamnation ? Vatelle jouer en la dé faveur du candidat républicain de 77 ans ? Ce qui paraît assez clair, c’est que les soutiens de Donald Trump seront en core plus fervents qu’avant cette décision du tribunal newyorkais, tous persuadés que le milliardaire est victime d’un im mense complot étatique… Une première preuve ? Seulement 24 heures après sa condamnation, ses équipes de campagne affirmaient avoir levé pas moins de 50 millions de dollars, venus de ses suppor ters. Donald Trump, lui, se considère comme « un homme très innocent, se battant pour notre pays, pour notre Constitu tion », accusant l’administration Biden d’être à la manœuvre derrière ce procès, durant lequel il est par ailleurs resté muet. Ses avocats craignaient que ses éventuelles prises de parole ne jouent contre lui. Les observateurs savent que Donald Trump est capable de s’emballer dans des diatribes incontrôlées… Alors, il s’est juste plaint de la température trop basse de la salle du tribunal et de ses bancs inconfortables. Et a affirmé que Donald Trump est ressorti libre – mais condamné – de son procès l’opposant à l’État de New York. BelgaImage ➽ Donald Trump est passé à la postérité ! Jamais un président américain n’avait été condamné au pénal… Un verdict historique dont les conséquences politiques sont pour l’heure très difficiles à analyser alors que le républicain est candidat à la Maison Blanche face à son actuel pensionnaire, le démocrate Joe Biden. L’élection aura lieu le 5 novembre prochain. Un premier élément d’abord : la condamnation pénale de Donald Trump n’invalide aucunement sa candidature à l’élection présidentielle. Une éventuelle peine de prison pas davantage – le verdict sur la peine doit être rendu le 11 juillet par le juge Juan Mer chan. En effet, s’il l’emporte face à Joe Biden, le milliardaire pourrait entrer en fonction en janvier 2025. Les conditions d’éligibilité fixées par la Constitution américaine pour les candidats à la présidentielle ne mentionnent aucunement l’impératif d’un casier judiciaire vierge… Il faut simplement être âgé d’au moins 35 ans, être citoyen américain de naissance et avoir vécu dans le pays pendant au moins 14 ans. UN PEU DE POLITIQUEFICTION Que se passeraitil, maintenant, si Donald Trump battait campagne derrière les bar reaux et était élu le 5 novembre ? Le scénario du pire. Et des migraines tenaces pour les experts… « Nous sommes si loin de tout ce qui s’est jamais produit. Nous ne pouvons qu’émettre des suppositions », admet Erwin Chemerinsky, spécialiste du droit constitu tionnel à l’Université de Berkeley, interrogé par le « New York Times ». Théoriquement, le milliardaire – s’il était emprisonné – pourrait tomber sous le coup du 25e amendement de la Constitution, qui permet de le démettre de ses fonctions de président s’il est « dans l’incapacité d’exercer ses pouvoirs et ses responsabilités », alors remplacé ad interim par son viceprésident… Encore faudraitil que le clan républicain, qui fait bloc derrière son candidat malgré sa condamnation pénale, entreprenne cette humiliante procédure démissionnaire ! Une gageure. Donald Trump devrait plutôt, dans ce cas de politiquefiction, demander sa libération car son emprisonnement l’empêche rait de remplir ses obligations constitutionnelles de président, comme l’indique « Ouest France ». Une certitude : l’élection d’un président incarcéré entérinerait une crise juridique sans précédent… L’hypothèse reste toutefois peu probable, car « la plupart des personnes condamnées dans l’État de New York pour des faits similaires (des falsifications de docu ments comptables, passibles de quatre ans d’emprisonnement au maximum, NDLR) n’ont pas été incarcérées », prévient Simon Grivet, maître de conférences en histoire des ÉtatsUnis à l’université de Lille, interviewé par BFMTV. D’autant que Donald Trump, septuagénaire, n’avait jamais été condamné au pénal avant ce verdict. Enfin, élu pré sident, il ne pourrait pas s’autogracier (il adorerait, c’est certain…) : pour cela, il aurait fallu que la procédure qui nous occupe soit fédérale, or elle émane de l’État de New York. R.J. Président et en prison ? Possible… 11 Justice son procès a été « très dur » pour sa femme Melania, qui a brillé par son ab sence au tribunal. « MONTAGNE DE PREUVES » En théorie, le milliardaire encourt jus qu’à quatre ans de prison ferme et une amende. Le juge Juan Merchan peut aussi, le 11 juillet prochain, prononcer du sursis ou des travaux d’intérêt général. La défense de Donald Trump, de son cô té, a déjà annoncé qu’elle faisait appel du verdict de culpabilité contre son client, qui plaidait non coupable. Ses avocats, lors de leur ultime plaidoirie, avaient même demandé l’acquittement « vite fait bien fait » de leur client dans cette simple « affaire de papier ». Quand l’accusation avait pointé « la montagne de preuves et témoignages concordants qui connectent l’accusé au crime ». Les jurés ont suivi cet avislà. Mais leur décision ne devrait pas empê cher Donald Trump de poursuivre sa campagne contre Joe Biden. D’autant que l’application du verdict qui sera ren du le 11 juillet devrait être gelée jusqu’au jugement de l’appel de la condamnation, attendu dans les six à douze mois. En no vembre, les électeurs américains auront donc le choix entre un président sortant et un repris de justice. Rodrigue Jamin À peine son procès terminé, le candidat à la MaisonBlanche est reparti en campagne, dénonçant un procès «truqué» et une tentative de le miner en vue des élections. BelgaImage 12 Sa réaction était très attendue. Après quelques jours de silence, Stormy Daniels, ancienne actrice pornographie américaine qui a provoqué la condam nation de l’exprésident américain, a déclaré ceci au « Daily Mirror » : « Met tezle en prison. Je crois qu’il devrait aussi être condamné à des travaux d’intérêt général pour les moins favorisés. » Avant de tacler le repris de justice milliar daire : « Ou bien il pourrait servir de sac de boxe bénévole dans un refuge pour femmes. » Celle qui juge le candidat républicain à la MaisonBlanche « totalement décon necté de la réalité » avait témoigné le 7 mai dernier face aux jurés du tribunal pénal de Manhattan à New York. Ste phanie Clifford (son vrai nom), mèches décolorées et débit mitraillette, avait livré moult détails sur sa propre vie décousue et sur sa relation supposée avec Donald Trump en 2006. Née à Baton Rouge en Louisiane il y a 45 ans, l’exactrice X charrie une histoire com pliquée, celle d’une enfant élevée par une mère « très négli gente » et violée par un voisin alors qu’elle n’avait que 9 ans. Bonne élève, elle avait tiré un trait sur l’université pour se tour ner vers le striptease, plus rémunérateur. À 24 ans, elle avait décidé de se faire refaire les seins, baptisés « Thunder et Light ning » – « tonnerre et foudre » en français –, pour récolter plus de dollars auprès de ses clients. En paral lèle, elle s’est lancée dans une carrière d’actrice et réalisatrice pornographique, son talent ayant fréquemment été salué par la critique X. Puis vient la rencontre avec Donald Trump en juillet 2006. Il a 60 ans, elle 27. Elle participe, pour le compte de la maison de production qui l’emploie, à un tournoi de golf en Californie. Donald Trump est de la partie. Il la repère et l’invite dans sa chambre d’hôtel. Réticente, elle finit par le rejoindre. Et le récit qu’elle fait de cette soirée est stupéfiant. Elle le découvre en pyjama de soie noire, le trouve arrogant. Elle le lui dit : « Vous êtes peu sûr de vous que vous crânez tout le temps ou vous êtes juste un énorme connard ? » Elle trouve qu’il mérite une bonne fessée, avec comme instrument de torture un magazine dont il fait la couverture. Donald Trump se retourne, abaisse légèrement son pantalon et reçoit son dû. Après plusieurs heures de discussion orientées « business », Donald Trump et Stormy Daniels auraient eu une relation sexuelle, consentie mais adultérine – il était déjà marié avec Melania Trump. Il a toujours nié les faits. R.J. Stormy Daniels aurait eu une relation charnelle avec Donald Trump en 2006. Il a toujours nié. Content Curation Stormy Daniels, l’actrice X qui a fait chuter Trump
LE SOIR MAG n°2423 - Page 1
LE SOIR MAG n°2423 - Page 2
viapresse