SO FOOT n°223 - Page 1 - 223 En novembre 2009, So Foot consacre sa une à la Juventus de Turin. Naturellement, Gianpaolo Ormezzano est sollicité pour écrire ce que bon lui semble à ce propos. Voilà comment débute son texte: “Un jour que j’étais invité à un talk-show sur l’une des chaînes de télé de Berlusconi, j’ai dû répondre à la question suivante: ‘Éprouvez-vous de la haine envers les téléphones portables?’ Ma réponse: ‘La haine est un sentiment complexe, engageant, que je préfère réserver à Hitler et à la Juventus.’ Après cela, on ne m’a plus donné la parole, hélas: je voulais m’excuser auprès du parti nazi, avec lequel j’avais été trop dur.” Gianpaolo Ormezzano est mort le 27 décembre, à l’âge de 89 ans. Il appartenait à l’aristocratie du journalisme sportif italien, du journalisme italien tout entier, du journalisme tout court. Il avait connu cette époque où l’on rentrait dans le vestiaire à peine le match terminé, pour recueillir les premières impressions autour d’une cigarette qu’on se partage. Ses articles parlaient ensuite du football et du sport comme de la littérature la plus sophistiquée. Et indiquaient une voie à suivre: ce qui comptait n’était pas tant le résultat que tout ce qui l’entourait –les joueurs comme les personnages d’une pièce de théâtre, la mauvaise foi érigée en principe, l’humour toujours là. So Foot l’avait rencontré pour la première fois à l’occasion d’un reportage sur le Torino de son cœur. Après cela, on avait continué à le croiser à Turin, ou à Paris. “GPO” a toujours fait tout ce qu’il pouvait pour nous aider. Avec lui, les portes s’ouvraient toujours. Ses mails se terminaient invariablement par la formule: “Vive nous.” La dernière fois qu’on lui a demandé son aide, c’était précisément pour parler du Brescia de Guardiola: un monde et un football qui n’étaient déjà plus le sien. “J’écris de mon passé plus que du passé d’autres”, avait-il répondu. Puis: “À bientôt quelque part du monde. Ciao et vive nous tous.” Vive lui. gPAR LDC ET SR Ciao “GPO” OURS SO FOOT, mensuel, édité par SO PRESS, S.A.S. au capital de 543344 euros. 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Quelqu’un a dit: “Et si on faisait un numéro 100% Pep?” en enfonçant sa main dans un paquet de chips. Un autre en a évidemment profité pour affirmer que Guardiola n’avait rien inventé, on a débattu plus longtemps que nécessaire sur la science tactique de Pep Genesio, et allez, c’était parti. À l’époque, Manchester City, quadruple champion d’Angleterre en titre, roule comme d’habitude sur tout ce qui s’aventure à se dresser sur sa route. Depuis, Rodri s’est pété le genou, De Bruyne, Gündogan et Bernardo Silva ont pris dix piges d’un coup, et Guardiola traverse la plus grosse crise existentielle de sa carrière d’entraîneur. Il se fait battre par Bournemouth, remonter par Feyenoord et le PSG (le PSG!). Il balance 80 millions d’euros sur un Égyptien recruté libre par Francfort, puis 50 de plus sur un Ouzbek qui jouait encore il y a quelques mois en Biélorussie. Il se mutile. Il divorce. Alors, on a changé d’avis: on ne fera pas un, mais deux numéros sur Pep Guardiola. Qui reste, et de loin, le meilleur entraîneur de football que ce siècle ait produit. Devant Pep Genesio. 8PAR LR édito sommaire Avant-match 8. Mister Frise. Les 25 dates pour devenir incollable sur Pep. 10. Radiographie. Le footballeur Guardiola passé au scanner. 12. Test comparatif. Qui de Busquets ou de Pedretti est le plus bel héritier du Catalan? Suspense. 14. Copains d’avant. Remember l’AS Rome 2002. Dream teen 18. Jan Mølby. L’homme qui aurait dû être Pep fait aujourd’hui des podcasts à Liverpool. 20. Le village. Virée à Santpedor, aux racines des Guardiola. 26. JO 1992. Retour sur l’été qui a changé la vie du Catalan. Et l’histoire de Barcelone. Pep show 32. Josep Guardiola. Entretien génial avec le meilleur entraîneur de l’époque, un homme qui en revient toujours à celui à qui il doit tout: Johan Cruyff. 38. Pep et le Barça. Récit d’une histoire d’amour qui a changé à jamais l’histoire de ce fucking game. Et qui évidemment s’est mal terminée. 56. Pedro. À 37 ans, l’ailier de la Lazio court toujours. Sans jamais oublier celui qui l’a sorti de l’anonymat. Rencontre avec un héros discret. 60. Coup de Mou. Et si le Special One était en fait l’homme qui a empêché son meilleur ennemi de dérailler? 66. Andrés Iniesta. Retraité des terrains depuis peu, le chouchou du Pep prépare sa reconversion comme coach. Pour reprendre le flambeau? On est allé lui demander. 70. Le French Barça. La Farmers League aussi a eu droit à son épisode tiki-taka. C’était en 2009, à Valenciennes. Si, si. Décrassage 96. Magic system. La révolution Guardiola expliquée par les lois de la cybernétique. 98. What would Pep do? Les tips du meilleur coach du monde pour vous faciliter le quotidien. Pep on Tour 74. Brescia. Pour sa première expérience hors de Catalogne, le métronome barcelonais s’est offert une aventure lombarde auprès de Roberto Baggio. La meilleure de sa vie, dit-il aujourd’hui. 80. Pépettes. Grosse tache sur son étiquette de romantique, Pep a lui aussi cédé à l’appel des pétrodollars du Qatar. Pas l’épisode dont il est le plus fier. 84. Le labo mexicain. C’est à Culiacan, en plein fief du cartel de Sinaloa et dans un club quasi inconnu, que le Catalan a bouclé sa carrière. Ou plutôt préparé sa reconversion. 90. Paco Seirul.lo. Ancien préparateur physique de Cruyff et Guardiola, le grand théoricien du jeu de position du Barça passe à table. Attention masterclass. ARCHIVES FC BARCELONE Période RPR. T-Shirt«Marseille93» AfficheGeorgeBest MugZidane SoFoot100%Pelé,éditiondorée TirageBernardTapie,1988 Totebag SoFoot«Socrates» T-Shirt«YazidZidane» TirageduParcdesPrinces,2021 Coffretcollector«Zidane» T-ShirtChrisWaddle TirageStevenGerrard,2010 TiragePogba,mondial2018 TiragePastorevsChelsea,2014 T-Shirt«RonnieGreatestHits» TirageDiegoBocajuniors,1981 Coffretcollector«DiegoArgentine» Le meilleur de So Foot en édition limitée 8 SOFOOT _ AVANT-MATCH LES 25 DATES DE PEP Naissance de Josep Guardiola i Sala à Santpedor. Il est le troisième des quatre enfants de Valenti Guardiola et Dolors Sala Carrio. Pep, licencié du Club Gimnastic de Manresa, est tout maigre, ne court pas vite, ne met pas beaucoup de buts et a un jeu de tête inexistant. Malgré tout, la Masia lui ouvre grand ses portes. Johan Cruyff le fait débuter contre Cadix, au Camp Nou. Malgré un carton jaune, le quotidien Sport lui donne la note de 6 et le qualifie de “joueur d’avenir”. Contrôlé positif à la nandrolone en 2001, il est finalement acquitté en appel par la justice italienne. Pour fêter ça, le nouveau coach du Barça B fait monter son équipe en troisième division espagnole. Johan Cruyff débouche le champagne: son Padawan est nommé coach de l’équipe première du Barça. Mieux: il s’offre un sextuplé historique dès sa première saison sur le banc. Jamais dans l’histoire du foot un coach n’avait gagné autant de titres en si peu de temps. 2010 Pep s’embrouille avec Zlatan, Raiola le surnomme “El Filosofo”, et l’Inter de Mourinho et de Samuel Eto’o élimine son Barça au Camp Nou. Prends ça, le tiki-taka. Le Barça de Pep soulève une deuxième ligue des champions, toujours contre le Manchester United de Sir Alex Ferguson, puis enchaîne avec une nouvelle coupe du monde des clubs contre Santos. Une masterclass qui convainc alors Neymar de déménager en Catalogne. Pep, “vidé”, quitte une deuxième fois son club formateur, avec 14 titres dans sa besace. Un record pour un coach blaugrana. Pour lui rendre hommage, la Roja remporte un troisième Euro avec Cesc Fabregas en faux 9. Pep débarque au Bayern Munich, où il devient le coach le mieux payé du monde. Au grand dam de Beckenbauer, qui s’énerve contre “des joueurs qui veulent absolument rentrer dans les cages avec le ballon”. Il quitte la Bavière en 2016, sans Champions League et sans avoir vraiment réussi à changer le mindset du foot allemand. Rodri est le premier Espagnol à soulever un Ballon d’or depuis 64 ans. Pour la peine, Vinicius Junior et le Real Madrid boycottent la cérémonie de France Football. Un caca boudin dont Pep n’est pas peu fier. Guardiola et Cristina Serra, la mère de ses trois enfants, se séparent, mais l’amour triomphe toujours. Malgré une saison de Premier League complicated, City prolonge le contrat de Guardiola jusqu’en 2027. – PAR JAVIER PRIETO SANTOS 1971 1984 1990 2007 2008 2010 2011 2012 2013 2024 2025 ARCHIVES FC BARCELONE MISTER FRISE Pep décroche une médaille d’or olympique avec la Roja, applaudit la Dream Team de son idole Michael Jordan aux JO de Barcelone et soulève la première C1 de l’histoire du Barça. Un bel été. Le Barça de Bobby Robson remporte une C2, en battant le PSG en finale grâce à un but de Ronaldo. Cette saison-là, Pep se lie surtout d’amitié avec le traducteur du coach anglais: un certain José Mourinho, futur responsable de sa chute de cheveux. Guardiola remporte son seizième et dernier titre avec le Barça. Un dernier sourire avant de voir son ami Luis Figo filer chez les Galacticos de Florentino Pérez. Les Blaugranas se font éliminer de la coupe du roi par le Celta Vigo. Le dernier des 384 matchs de Pep avec son club formateur et le début d’une traversée du désert pour les socios qui s’apprêtent à découvrir le football de plombier de Fabio Rochemback. Premier but en Serie A avec Brescia, un club où il signe après que la Juve lui a fait faux bond. Pep en profite pour discuter philosophie de jeu avec son coach, Carlo Mazzone: “Il me disait: ‘Ao, Pepe, l’Italie a trois coupes du monde, et l’Espagne?’ Quand il me sortait cet argument numérique, je l’embrassais, je le félicitais et j’allais voir ailleurs… J’ai été ingénu de penser que je pouvais lui imposer ma vision du football.” Après quelques une-deux avec Baggio, il fait un petit crochet par l’AS Rome. La pire décision de sa carrière de joueur, selon lui. Mais aussi selon son ex-coéquipier, Daniele De Rossi: “Il n’était pas dans son monde. Il parlait de beau jeu, alors que pour le club, l’important, c’était de gagner. Et ce le sera encore dans mille ans… Mais il a essayé de transmettre aux jeunes du club son idée du football.” Pep est élu meilleur joueur du championnat qatari. Celui qui est aussi le meilleur golfeur du désert a signé à Al-Ahli suite à la défaite de Luis Bassat à l’élection présidentielle du Barça. Si ce dernier avait gagné, Guardiola serait devenu directeur sportif et Juan Manuel Lillo, son entraîneur. Il signe aux Dorados de Sinaloa, entraînés par Lillo, son actuel adjoint à City. Après la relégation du club en deuxième division, il raccroche les crampons, passe son diplôme de coach à Madrid, et écrit de meilleurs textes que Vincent Duluc dans El Pais. Mauvaise nouvelle pour les supporters des Red Devils: Pep signe à Manchester City, qui ne va pas tarder à (re)devenir le meilleur club de la ville. Il demande aux Catalans de voter “oui” pour l’indépendance de la Catalogne, “même si l’État espagnol ne le veut pas”. Côté terrain, le William Wallace de Santpedor connaît la première et seule saison blanche de sa carrière en se faisant notamment éliminer de la LDC par l’AS Monaco de Falcao et Mbappé. City est sacré champion d’Angleterre en atteignant la barre des 100 points, le tout avec une différence de buts de +79. Son dauphin, Manchester United, termine 19 points derrière. Le Liverpool de Klopp empêche Pep de remporter sa troisième PL de suite. Pire, l’Olympique Lyonnais de Rudi Garcia élimine City en quarts de finale de ligue des champions. Putain de Covid. City dispute et perd la première finale de ligue des champions de son histoire contre le Chelsea de Thomas Tuchel (1-0). Après avoir dépensé plus d’un milliard d’euros sur le marché des transferts, les Citizens réalisent un triplé historique en remportant leur cinquième PL, la FA Cup, et surtout leur première C1 contre l’Inter. De quoi donner des idées à Guardiola: “Le Real est prévenu: nous ne sommes plus qu’à 13 Champions de les égaler!” 1992 1997 1999 2001 2002 2003 2004 2006 2016 2018 2020 2021 2023 2017 10 SOFOOT _ AVANT-MATCH Tête Miguel Angel Nadal, son coéquipier au Barça et en sélection: “Il faut bien distinguer son jeu de tête de son cerveau. Sa tête, Pep l’avait pour penser et non pour frapper.” Yeux Carles Rexach, ancien adjoint de Johan Cruyff: “La grande majorité des joueurs ne voient qu’une partie du terrain. Pep avait une vision panoramique. C’était une qualité unique. Le football, il le voyait en cinémascope.” Bras Paco Seirul·lo, préparateur physique historique du Barça: “Au gymnase, il soulevait parfois de la fonte avec les joueurs de la section handball, des types avec des biceps impressionnants. Un jour, il m’a demandé: ‘Tu penses que j’aurai les mêmes qu’eux un jour?’ Ça le complexait un peu… Mais il n’avait pas besoin de ça pour taper dans le ballon.” Pieds Nadal: “Pep n’était pas ambidextre de nature, mais son contrôle orienté et la transition rapide étant son fonds de commerce, il pouvait aussi bien se servir du pied droit que du pied gauche.” zPAR ANTOINE DONNARIEIX / PHOTO: DB Torse Nadal: “Il a toujours gardé un torse fin. D’un côté c’était bien parce qu’il gardait la ligne, mais de l’autre ça pouvait devenir problématique: il était parfois en insuffisance pondérale.” Cojones Fernando Redondo, ancien milieu de terrain du Real Madrid: “Chez moi, j’ai une photo où on le voit en train de me tirer le maillot. Il m’a toujours fait penser à un joueur argentin, il vivait le football comme nous. Ce jeu lui affectait le système nerveux et ça se voyait. Il avait du feu dans les veines!” Bassin Nadal: “Il se servait de son bassin non pas pour esquiver, mais pour anticiper l’action suivante. Guardiola ne dribblait pas le joueur, mais le temps.” PEP ANATOMIE RADIOGRAPHIE CHEZ TOUS LES MARCHANDS DE PRESSE LES HÉRITIERS DE GUARDIOLA PAR MAXIME CHAMOUX ET SYLVAIN GOUVERNEUR / ILLUSTRATIONS: SG TEST COMPARATIF Xavi fait partie, avec les Arjen Robben ou encore Kylian Mbappé, d’une catégorie très particulière de joueurs: ceux dont on peut regarder la tête pendant leur carrière et deviner sans l’ombre d’un doute celle qu’ils auront après leur carrière. Tête d’investisseur roublard dans Qui veut être mon associé? pour le natif de Bondy. Tête de prof de tennis qui baise ta femme au lieu de lui donner des cours pour le Batave. Tête d’installateur de pompes à chaleur donnant droit à des aides de l’État pour notre ami barcelonais. Quel rapport avec le Pep? Regardez les photos du jeune Guardiola. Admirez cette densité capillaire exceptionnelle, présentée dans une très exigeante buzz cut. Jamais “El Filosofo” n’aurait eu le mauvais goût d’être prévisible sur sa tête d’après carrière. Alors certes, pour le reste, on peut noter quelques similitudes qui font de Xavi l’un des plus évidents successeurs du chouchou de Cruyff. Les deux faisaient pas mal de passes avec leurs pieds. Les deux jouaient à Barcelone. Les deux ont gagné une palanquée de titres avec la Roja (sauf un des deux). XAVI HERNANDEZ Mimétisme physique: ★✩✩✩✩ Foncier: ★★★★★ Technique: ★★★★★ Quel personnage de Succession pour ce successeur? Roman. Note: 16/20 Sergio Busquets est, sans aucun doute, ce qui se fait de plus pur en matière de guardiolisme. Il y a quelques années, Pep lui-même en convenait d’ailleurs en conf’ de presse: “Je pense comme Del Bosque. Si je devais me réincarner en un joueur, ça serait Busquets.” Ce qui prouve deux choses: “Busi” est un joueur d’une valeur immense, et Guardiola a beau avoir gagné trois ligues des champions, il ne pige absolument rien au principe de la réincarnation. SERGIO BUSQUETS Mimétisme physique: ★✩✩✩✩ Foncier: ★★★★★ Technique: ★★★★★ Quel personnage de Succession pour ce successeur? Tom. Note: 16/20 Ah ça, pour gueuler ou pour faire des tweets, y a du monde: “Wesh c’est une dinguerie ce Ballon d’or, Vinicius est clairement le GOAT qu’il pense être, je vais câbler l’équipe.” Un petit conseil pour cette nouvelle année: posez votre album de 13’Organisé, buvez un thé vert et détendez-vous. Tous vos Vinicius, vos Bellingham, vos Pierre Lees-Melou, tout ça, c’est super et vraiment bravo à eux, mais où sont les vrais game changers? Et par game changers, on n’entend pas “ceux qui marquent des buts importants à des moments importants”, ça, pardon, mais même Samuel Umtiti, paix à son âme, l’a déjà fait. On parle d’un mec qui décide de porter ses cojones encima de la mesa et qui, un beau jour, rentre son putain de maillot dans son putain de short. Et pas à moitié, notez bien. Une vraie maman des années 80, le mec. Le résultat? Des purs cadors comme Endrick, João Neves ou Jean-Philippe Mateta suivent la tendance et se mettent aujourd’hui à suivre le règlement du football à la lettre après des décennies de chienlit débraillée permise par une Fifa à la solde des gauchos. Alors oui, muchos gracias, Môsieur Rodri. RODRI Mimétisme physique: ★✩✩✩✩ Foncier: ★★★★★ Technique: ★★★★★ Quel personnage de Succession pour ce successeur? Connor. Note: 16/20 Tous les cerveaux ne sont pas confinés dans la boîte crânienne. Chez la pieuvre, par exemple, le cerveau se prolonge à l’intérieur de ses huit bras, ce qui explique notamment son exceptionnelle faculté d’adaptation et sa grande sensibilité. Chez Benoît Pedretti, une partie non négligeable du lobe frontal a élu domicile dans la proéminence laryngée du cartilage thyroïde, plus connue sous le nom de pomme d’Adam. Le phénomène –rarissime– s’accompagne malheureusement de désagréments non négligeables au quotidien (pilosité rétive embarrassante, bannissement à vie de la ville de Montpellier), mais c’est là un bien maigre prix à payer compte tenu de ce qu’il offre, en contrepartie, comme atouts providentiels: une vision du jeu digne des meilleurs radiologues, un sens de la récupération à même d’anéantir Laurent Wauquiez, une capacité à trouver un partenaire libre qui pourrait faire de lui une star chez les mormons, une coupe de cheveux qui… Bref, vous l’avez compris, Benoît Pedretti, c’était le GOAT et le goitre sous un même maillot. Mimétisme physique: ✩✩✩✩✩ Foncier: ★★★ ✩ Technique: ★★★✩✩ Quel personnage de Succession pour ce successeur? Cousin Greg. Note: 16,5/20 BENOÎT PEDRETTI 12 SOFOOT _ AVANT-MATCH 12 SOFOOT _ AVANT-MATCH Qu’est-ce qui t’a pris de ne parier que sur des matchs nuls? En fait, j’en ai fait neuf. J’avais fait un système, donc il m’en fallait au moins huit sur neuf pour gagner. C’est quelque chose que je fais de temps en temps. Le but, c’est d’aller chercher de la grosse cote. C’étaient tous des paris en live, donc quand je vois par exemple que l’équipe à domicile ou la favorite est menée, et que théoriquement elle est censée au moins revenir et faire match nul, je réajuste. J’ai hésité pour le dernier match sur lequel j’ai parié, le Benfica Lisbonne contre Farense. Benfica était mené 1 à 0, mais j’étais persuadé qu’ils allaient en planter au moins deux. Mais pour ne pas déroger à la règle, j’ai fait comme pour tous les autres et j’ai mis match nul. Quel était le plus nul de tous ces matchs nuls? Je ne les ai pas tous regardés, pour être honnête. J’ai maté Manchester City, qui menait 2 à 0 contre Brentford. Vu que ces derniers temps, le City de Guardiola, ce n’est pas foufou et que Brentford à domicile, c’est très fort, je me suis dit qu’il y avait moyen qu’ils reviennent. Et c’est ce qu’ils ont fait. Pour les autres, je regardais juste les statistiques en live. Tu ne t’es donc pas infligé Plymouth-Oxford un mardi soir? Non (rires). Mais je suivais quand même les scores! Entre nous, tu ne regrettes pas un peu de n’avoir misé que 25 centimes? Non, non. De toute façon, je ne suis pas le type de parieur qui met des grosses sommes. Je ne fais que des petits paris avec des petits montants. Quand je gagne, je me dis évidemment que si j’avais mis 50 centimes ou un euro, j’aurais pu gagner beaucoup plus, mais c’est aussi le risque de perdre plus. Mon seul regret, c’est ce match de Benfica, qui m’aurait fait gagner 94000 euros. Même si bon, il y a quand même trois matchs où ça égalise à la dernière seconde. Dont celui de l’OM, avec ce but de Luis Henrique pour arracher les tirs au but contre Lille en coupe de France. Tu comptes t’acheter son maillot avec tes 8500 euros de gains? Moi qui suis supporter parisien, pour une fois, j’étais bien content que les Marseillais marquent! Mais non, je n’irai pas jusqu’à acheter leur maillot. Par contre, je ne parie jamais sur le PSG. On ne mélange pas le cœur et le business. Quels sont tes principes pour un jeu responsable? Miser des petites sommes. Et surtout, je me fais un suivi pour me permettre d’avoir un plafond de jeu hebdomadaire et mensuel. Depuis que je parie sur Winamax, je me fais tous les mois un bilan des dépenses et des gains. – PROPOS RECUEILLIS PAR JOSEPH BRIAT ET VICTOR JEZEQUEL / ILLUSTRATION: WINAMAX Le coin des parieurs Fidèle supporter du PSG, Florian s’est pour une fois trouvé très heureux de voir les Marseillais égaliser au bout du temps additionnel face à Lille. Car celui qu’on connaît sous le pseudo de LosFloccos a eu la drôle d’idée de ne parier que sur des matchs nuls. Avec succès: 25 centimes et huit matchs plus tard, il repart avec un joli chèque de 8521 euros, pour une cote à 30298,51. Une soirée pas si nulle que ça, finalement. “Je n’irai pas jusqu’à acheter le maillot de l’OM” “Je ne parie jamais sur le PSG. On ne mélange pas le cœur et le business” 2 7 1. Traianos Dellas. 1,96 m pour 88 kg. On n’avait pas vu un Grec plus balèze depuis Hercule. Ses douze travaux, Dellas va les accomplir dans des clubs horribles: Aris Salonique, Panserraikos Serrès, Sheffield United, AC Pérouse, Anorthosis Famagouste et AEK Athènes. C’est plus un CV, c’est un fugitif en cavale. Reste cette parenthèse romaine aussi enchantée qu’improbable pour le défenseur central qui réalise dans la foulée son plus beau braquage en 2004, un championnat d’Europe remporté avec son pays. Dellas > Hercule. 2. Gabriel Batistuta. “En très peu de temps, je me suis retrouvé dans l’incapacité de marcher, j’avais tellement mal que je n’arrivais même plus à me lever de mon lit. Parfois, je me suis même pissé dessus… Je n’ai plus de cartilage ni de tendon. C’était insupportable, à tel point que j’ai demandé l’amputation. Je me disais que c’était la solution.” Faux, la solution c’est une prothèse de la cheville posée en 2019 qui remet finalement sur pied la légende Batigol. Idole de la Fio, passée par la Roma et l’Inter mais aussi par Boca et River. Un 9 comme on n’en fait plus. 3. Vincent Candela. Oui, tous les chemins mènent à Rome. Ceux qui passent par Montpellier, Toulouse et Guingamp aussi. Défenseur, milieu, piston, attaquant, appelez ça comme vous voulez tant que ça déborde côté droit. Champion d’Italie 2001 avec la Roma, d’Europe en 2000 et du monde en 1998 avec les Bleus. Mais Vincent Candela c’est surtout l’homme grâce auquel la Sacem de Gloria Gaynor a explosé en France, faisant de son tube I Will Survive l’hymne d’une équipe et une chanson qui se dégaine à tous les mariages de province. La, lala, la, la, lalalala… 4. Jonathan Zebina. Veni, vidi, vici. Été 2000, Zebina signe à la Roma. Neuf mois plus tard il soulève le Scudetto. Il faut dire que le Z n’a pas le temps. Une descente avec Cannes, une autre avec Cagliari, le défenseur français a soif de succès. Petit protégé de Capello, le technicien italien l’emmène dans ses valises à la Juve où de nouveau il empoche deux titres de champions en 2005 et 2006. Retirés à la suite de l’affaire du Calciopoli. Un jeu que les Juventini adorent, c’est comme le Monopoly, mais à la place des rues, on achète des arbitres. 5. Ivan Pelizzoli. Peut-on remporter une supercoupe d’Italie avec la Roma, une coupe de Russie avec le Lokomotiv Moscou et une médaille de bronze aux JO avec la Nazionale? La réponse tient en deux mots: Ivan Pelizzoli. Gardien moyen au look douteux, Ivan c’est une carrière où les clubs ressemblent plus à ceux du championnat italien de volley qu’à ceux de Serie A: Delfino Pescara, Virtus Entella, AlbinoLeffe. Le volley, un sport où Pelizzoli aurait probablement plus laissé sa trace que dans le calcio. 6. Walter Samuel. Défenseur argentin dans la plus pure tradition. Dur sur l’homme. Mais sur tout l’homme, hein. Les genoux, les tibias, les chevilles. Derrière il y a R qui passe. D’où son surnom: le Mur. Érigé à Rome mais défoncé au Real Madrid où il ne reste qu’une saison avant de signer à l’Inter pour gagner tout ce qu’on peut gagner. Aujourd’hui, l’homme aux yeux revolver fait partie du staff technique de l’Argentine championne de tout. Comme chantait Abba: The Winner Takes It All. 7. Marco Delvecchio. Cheveux mi-longs, bouc et lacets dans les cheveux. Ce 2 juillet 2000, dans les alentours de 22h45, Delvecchio le sait, son grand moment est enfin arrivé. Lui l’attaquant formé à l’Inter, adopté par la louve romaine, savoure sous le maillot de la Nazionale. Quelques minutes auparavant, il a ouvert le score face à la France dans cette finale de l’Euro. 1-0, c’est écrit, il est le héros de ce match. L’Italie a fermé la boutique et attend le coup de sifflet final. Hélas pour lui, Wiltord est en train de déborder côté gauche… La suite on la connaît, lui pas encore. Porca miseria. En 2002-2003, la Roma est une équipe qui compte. Championne d’Italie deux saisons auparavant, profil poil à gratter en ligue des champions, la Louve emmenée par Fabio Capello vient même d’attirer la légende du Barça, Pep Guardiola. Mais hélas pour lui, la mode est aux cheveux longs mouillés et aux maillots élastiques près du corps. Quand on pèse 60 kilos et qu’on commence à perdre ses cheveux, tout porte à croire que la greffe ne va pas prendre. Bingo. AS ROME 2002 COPAINS D’AVANT 1 14 SOFOOT _ AVANT-MATCH IMAGO / ICON SPORT
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