ROCK AND FOLK n°691 - Page 1 - 691 Mars 2025 R&F 005 Edito L’Eternel Retour Le rock a-t-il encore une mémoire ou n’est-il plus qu’un écho perpétuel de lui-même ? Chaque époque croit être la dernière à porter la flamme avant de voir surgir une nouvelle génération qui vient la raviver. C’était l’idée, non ? Ce numéro oscille entre les figures historiques et les nouvelles réincarnations du genre, entre les survivants et les héritiers, entre mémoire et réinvention. Entre la vie et la mort, aussi. Marianne Faithfull… L’icône brisée. Puis ressuscitée. Cette voix qui a traversé les âges comme un spectre magnifique. Elle n’a jamais cherché à se racheter, elle a juste continué à avancer, laissant derrière elle des merveilles. Et des abjections sans doute aussi. Mais aujourd’hui encore, Marianne Faithfull incarne ce que peu de musiciens, d’artistes, osent : la beauté de l’imperfection, l’élégance du chaos. A l’autre bout du spectre, The Limiñanas, alchimistes d’un rock garage et cinéastes d’un psychédélisme à la française. Ils ne rejouent pas l’Histoire, ils la transforment, la réarrangent à coups de guitares fuzz et de récits hypnotiques. Des passeurs d’ombres, des artisans d’un rock en Super 8 qui aurait sa place dans l’œuvre de David Lynch. Lynch, justement. Il n’est pas musicien, mais son œuvre est profondément musicale. Ses films et séries sont hantés par ces sonorités étranges, ces ballades spectrales et ces explosions de bruit blanc. Le rock est dans sa mise en scène, dans la manière dont il capte le mystère d’une note suspendue, l’écho d’une guitare qui s’efface dans l’obscurité. On imagine sans mal un morceau des Limiñanas dans une scène de Twin Peaks, bien sûr. Moins une ballade de Led Zeppelin. Un coup d’archet de Jimmy Page tout au plus… Led Zeppelin… eux, sont toujours là, enfin au sens vivant du terme. On ne parle pas de John Bonham, bien sûr. Et ils se racontent enfin dans un film. Chaque riff de Jimmy Page, chaque cri de Robert Plant. Qui émergent des temps anciens… Très anciens… Pourtant, certains jeunes artistes tentent l’exercice avec sincérité semble-t-il, à l’image de Gyasi, nouveau guitar hero rétrofuturiste qui fusionne, posture et vêtements, Bowie, T. Rex et tout ce que le glam rock a produit de plus incandescent. Sans être dupe. Et puis, les Rolling Stones annulent leur tournée. Quoi ? Un contretemps ou le début d’une fin inéluctable ? Ils ont défié le temps mais le temps finit toujours par rattraper même les immortels. Mick Jagger a toujours chanté comme si demain n’existait pas. Mais maintenant que demain se fait incertain, que reste-t-il ? Et au milieu de tout ça, Ringo Starr. L’éternel optimiste, le batteur copain, celui qu’on oublie parfois dans la mythologie des Beatles et qui fait depuis soixante ans un V avec les doigts… paradoxalement, peut-être le plus libre de tous. Et le meilleur client des barmen de palaces. Il continue à jouer, à tourner avec ses potes et à sortir des disques comme si la musique était un terrain de jeu infini. Et après tout, n’est-ce pas ça, un des secrets de cette musique ? Survivre, se réinventer, disparaître et renaître. Faithfull, The Limiñanas, Ringo, les Stones aux abois mais pas Biche, Led Zeppelin, Gyasi… Tous participent à cette même boucle temporelle où chaque accord, chaque voix, chaque visage finit par s’effacer pour mieux revenir. Chacun appartenant à une scène du grand film. Un film mêlant réalité et fiction, un peu comme la scène finale de “Dune” dans laquelle on voit Timothée “Bob Dylan” Chalamet affronter au couteau Austin “Elvis Presley” Butler… Vincent Tannières Parution le 20 de chaque mois Mes Disques A Moi Nicolas Ungemuth AMELIE Nothomb 12 In memoriam Alexandre Breton DAVID LYNCH 16 Tête d’affiche Charles Ficat LARKIN POE 20 Bertrand Bouard STURGILL SIMPSON 22 En vedette Jérôme Soligny GYASI 24 Olivier Cachin CERRONE 28 Basile Farkas BICHE 32 Jérôme Soligny Ringo Starr 36 Jonathan Witt BECOMING Led Zeppelin 48 Story Thomas E. Florin & Isabelle Chelley MArianne Faithfull 40 En couverture Eric Delsart The LIMIÑANAS 54 RUBRIQUES edito 005 Courrier 008 Telegrammes 010 Disque Du Mois 061 Disques 062 Reeditions 070 REHAB’ 074 vinyles 076 DISCOGRAPHISME 078 HIGHWAY 666 REVISITED 080 Qualite France 081 Erudit Rock 084 Et justice pour tous 086 FILM DU MOIS 088 Cinema 089 SERIE du mois 091 IMAGES 092 Bande dessinee 094 LivRes 095 Live 096 PEU DE GENS LE SAVENT 098 Sommaire 691 54 The Limiñanas www.rocknfolk.com Photo Watford/ Mirrorpix/ Getty Images 48 Becoming Led Zeppelin Couverture : photo Titouan Massé Rock&Folk Espace Clichy - Immeuble Agena 12 rue Mozart 92587 Clichy Cedex – Tél : 01 41 40 32 99 – Fax : 01 41 40 34 71 – e-mail : rock&folk@editions-lariviere.com Président du Conseil de Surveillance Patrick Casasnovas Présidente du Directoire Sophie Casasnovas Directeur Général Frédéric de Watrigant Editeur Philippe Budillon Rédacteur en Chef Vincent Tannières (32 99) Rédacteur en Chef adjoint Eric Delsart Chef des Infos Yasmine Aoudi (32 94) Chef de la rubrique Live Matthieu Vatin (32 99) Conseiller de la Rédaction Jérôme Soligny Maquette Christophe Favière (32 03) Secrétaire de rédaction Manuella Fall Publicité : Directeur de Publicité Olivier Thomas (34 82) Assistant de Publicité Christopher Contout (32 05) PHOTOGRAVURE Responsables : Béatrice Ladurelle (31 57), Flavien Bonanni (35 29) Chromiste : Hugues Vuagnat (3489) VENTES (Réservé aux diffuseurs et dépositaires) : Emmanuelle Gay (56 95) ABONNEMENTS : Promotion Abonnements : Carole Ridereau (33 48) Abonnement : France 1 an 12 numéros version papier + DIGITAL OFFERT : 76 €, Prélèvement mensuel 2025 : 6 € Suisse et autres pays et envoi par avion : nous contacter au (33) 03 44 62 43 79 ou sur : abo.lariviere@ediis.fr VENTE PAR CORRESPONDANCE : Accueil clients 03 44 62 43 79 Commande par Carte Bancaire ou sur www.rocknfolk.fr COMPTABILITé (32 37) Fax : 01 41 40 32 58 Directeur de la Publication et Responsable de la Rédaction : Patrick Casasnovas IMPRESSION : Imprimerie de Compiègne Zac de Mercières 60205 Compiègne Cedex. Papier issu de forêts gérées durablement, origine du papier : Allemagne, taux de fibres recyclées : 63%, certification : PEFC/ EU ECO LABEL, Eutrophisation : 0,003 kg/ tonne. Diffusion : MLP – Rock&Folk est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 euros. Dépôt légal : 1er trimestre 2025. Printed in France/ Imprimé en France. Commission paritaire n° 0525 K 86723 ISSN n° 07507852 Numéro de TVA Intracommunautaire : FR 96572 071 884 CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884 Administration : 12, rue Mozart 92587 Clichy Cedex – Tél : 01 41 40 32 32 Fax : 01 41 40 32 50. Les manuscrits et documents non insérés ne sont pas rendus. Ce numéro contient le programme Rock The Pistes collé, sur diffusion kiosques et abos, régions Auvergne-Rhônes-Alpes/ IDF/ Grand-Est/ Borgogne-FrancheComté/ PACA/ Suisse/ Belgique Courrier des lecteurs Le jean et les santiags Magazine de niche Mauvaise pâtée, un disque plaisant dit-il, où est le rock, où est le folk ? Où allons-nous ? Où sont les Paringaux, Vassal, Muller et les autres ? Déjà, Daft Punk, gros malaise. Hélas, les temps n’ont pas changé, disait un poète, un autre disait autrement. La goutte d’eau, la larme, rien n’y fera. Désolé, comme un enfant de 62 ans, je me rends. L’éponge est souillée, j’arrête. Lecteur en berne : 1. Fallait pas parler de Snoop Dogg. Philippe 008 R&F Mars 2025 Sacro Saints Merci à Nicolas Ungemuth de nous rappeler l’existence de ce groupe exceptionnel, The Saints. Alors, bien sûr, leur premier album culte “(I’m Stranded”) est extraordinaire mais on le sait, et c’est presque dit clairement dans l’article, le vrai moment insurpassable est bien l’album suivant. Quand on écoute “Eternally Yours”, il y a un avant et un après. Comment ce chef-d’œuvre est finalement si peu connu ? Dès la première minute, tout est en place et on est emporté. Le rythme, les cuivres fabuleusement pertinents et (Nick Cave a tellement raison) Chris Bailey qui chante comme un dieu du rock, avec toute sa gouaille, toute sa hargne, toute sa rage... parfois contenue (“A Minor Aversion”) ou qui explose (“No, Your Product”). La reconnaissance a été assez discrète de son vivant. Reste donc maintenant le panthéon du rock pour que cet album ait (enfin) sa place tout en haut de la pile... Bruno Swiners Crush Ravi de livre votre article sur les nineties et ravi de voir que les Smashing Pumpkins y sont réhabilités. Pour l’anecdote, j’avais implosé quand, il y a plusieurs numéros de ça, Nicolas Ungemuth avait défini le groupe de musique pour les ploucs, signant l’arrêt de notre histoire d’amour. Bon, après, vous dites que “personne n’avait envie de ressembler à l’un de ces gus” et qu’on n’a “jamais loué la beauté des membres”... D’Arcy était mon plus gros crush de l’histoire de la musique et James Iha a été un modèle. Merde ! En plus, on avait dit pas le physique ! Spiderflush Allô ? Allô, Rock&Folk, what’s going on? Plus de dessin d’humour dans le courrier des lecteurs depuis plusieurs mois, ça ne rigole plus ! Même Alex en couverture tire la tronche. Bertrand Burgalat, je l’ai vu à la télé, il ne ressemble plus à ça et il s’habille bien mieux ! Pas de nouvelle rubrique depuis belle lurette, il serait temps de remettre un peu de piment dans le magazine. Bon, l’esprit du rock est toujours là, avec sa subversion et son irrévérence, ça fait du bien de lire que Zoom, l’IA et les réseaux, c’est nul. La qualité littéraire est toujours là et résiste à l’envahisseur. Merci au Film Du Mois, Cinéma et Absolutely Live, qui donnent envie de sortir, et rééditions, Réhab’... qui permettent de découvrir des pépites oubliées. Bref, je me rends compte que j’ai du mal à critiquer Rock&Folk car il reste le zombie que j’ai envie de secouer pour qu’il continue à cracher sa bile jouissive. Philippe Viva Argentina ! Quelle découverte que Capsula ! Ce groupe présente du rock comme on l’aime, guitare, basse et batterie qui envoient. La production est bien léchée et donne envie. Au Nouvel An, tard dans la nuit, j’ai remis à Yannick, un ami, l’album “Bestiarium” que je m’étais empressé d’acquérir. Yannick passe chez moi quelques jours plus tard avec une poignée de CD et il me propose d’écouter un album de The Lords Of The New Church. Quelle découverte, “Russian Roulette” est une reprise de Lords Of The New Church qui mériterait un article. Je vais bien sûr m’offrir le dernier album de Capsula ! Laurent Rendre à Dylan… On ne va pas se mentir, avant l’arrivée de La Coccinelle sur Internet, tous les gens qui, comme moi, avait un niveau 3ème B en anglais croyaient que le seul talent de Bob Dylan — ce chanteur que beaucoup d’entre nous trouvaient soporifique et ennuyeux — était d’avoir inventé l’harmonica, seul instrument capable à l’époque de couvrir l’insupportable voix de Joan Baez (dont le nom nous a bien pourri l’adolescence, pire encore que celui de la petite Bonnie Bramlett). Ce n’est que longtemps après qu’on a compris l’apport incommensurable de Dylan à la chanson française et au mouvement scout puisque, faute d’avoir inventé les protest songs, il avait inventé Hugues Aufray (qui a lui-même inventé, si on l’écoute, le jean et les santiags). Honneur donc à Bob Dylan qui, décidément, n’avait pas une tête à s’appeler Robert. Phil (L’Autre) Le Ko Ko Mo le plus long Bonjour et bonne musique pour cette nouvelle année ! Pourquoi Ko Ko Mo le nom, Ko Ko Mo le groupe ? Parce que ça sent le crying blues à plein nez de James Arnold Kokomo. C’est le chef indien amérindien sous un nuage de fumée et une voix haut perchée, et pourquoi pas une chanson des Beach Boys à qui on aurait piqué leurs surfs. C’est du Marc Bolan sans T-Rex, du Robert Plant sans Led Zeppelin. Du Jimmy Page d’un autre chapitre. Du riff et de la caisse claire qui résonne tantôt à l’électro, du revival et du hip-hop, et tout ça dans une belle dualité pour nos tympans estomaqués. C’est de la SG Gibson qui baise avec Marshall, ça fuzze et ça delay au bonheur d’un Octaver qui roule une pelle à une Whammy sous un réverbère kaléidoscope. Ça monte dans les aigus et c’est l’orgasme planétaire sans jouer à touche-pipi. Quand Jim Morrison se prend pour Warren Mutton et quand Kevin Grosmolard regrette de ne pas avoir un nom anglo-saxon. N’est-ce pas Kevin Bigspit ? Philippe MAhié Chaud comme la Breizh “Ko Ko Mo, duo breton de Nantes.” De quoi raviver les querelles de clocher avec des risques de vols de galettes saucisses, voire de chutes de menhirs, ripostés à coup de p’tis LU ! Fred Nazaire Banane et gin tonic Bonjour, je me délecte (avec du retard, je sais) de l’article d’Eric Delsart sur Oasis qui ne se réfugie pas dans la paresse habituelle de critiquer “Be Here Now” de A à Z mais qui le résume parfaitement : des tubes mais trop longs et en décalage avec l’attente du moment. La conclusion, “Oasis est de retour, enfin”, m’a mis la banane pour toute la journée ! Hasard, je m’étais envoyé un gin tonic la veille avant de rentrer de Londres. Jacques-Olivier Divination En mars 1975, Rock&Folk titrait : L’Adieu des Stones. Un journal inspiré. Patrick Moalic Question Est-ce que les Rolling Stones vont attaquer leurs concerts par “As Tears Go By” ? Yves DUmas Ecrivez à Rock&Folk, 12 rue Mozart, 92587 Clichy cedex ou par courriel à rock&folk@ editions-lariviere.com Chaque publié reçoit un CD Le grand nulle part Comme un peu d’adolescence qui s’en va, encore... Cette atmosphère mélancolique que l’on retrouvait dans certains de ses films. Je me revois recroquevillé sur le canapé avec toi, blottie, les vendredis comme une cérémonie attendue : “Twin Peaks”. Ces images léchées comme sorties d’un tableau d’Edward Hopper, une mélodie envoutante s’élève comme une brume, peut-être est-ce un songe. De la profondeur des forêts de sequoia si sombre, le vent gémit dans les feuillages comme des doigts amoureux s’attardant dans les longs cheveux, des murmures mystérieux comme un souffle chaud sur la nuque, et soudain un cri déchiré, le bizarre des choses que l’on ne comprenait pas mais que l’on trouvait géniales puisque c’était génial, des moments de poésie comme le duvet qui s’électrise sur le bras de cette femme, je t’embrasse, des souvenirs... Je t’imagine t’éloignant pieds nus un peu hagarde vers le grand nulle part, poursuivie par les flammes de cet incendie gigantesque qui dévore Los Angeles punie de ses pêchés, une cigarette incandescente, tu t’éloignes, pieds nus sur Mullholland Drive. Bruno BAstide 010 R&F Mars 2025 AIR Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel joueront à guichets fermés l’intégralité de “Moon Safari” du 25 au 28 mars à la salle Pleyel (Paris). BACKSTAGE DREAMS “Backstage Dreams”, premier livre photos d’Eric James Guillemain, revient sur les quinze années de la carrière photographique du Français installé à New York. En librairie fin mars, il comprendra des portraits de Wim Wenders, Nick Cave, Jesse Malin, Marianne Faithfull, Johnny Depp… BARCLAY En 2025, le légendaire label parisien créé par Eddie Barclay fête ses 70 ans. BAD RELIGION Greg Graffin, chanteur auteurcompositeur du combo punk californien, se confie dans l’ouvrage “Punk Paradox”. Retour sur sa vie et sur l’ascension du gang et du mouvement punk à Los Angeles au milieu des années soixante-dix. A lire dès le 9 avril prochain. BEATLES Deux modèles de Crocs (sabots) inspirés du film “Yellow Submarine” ont été dévoilés sur le compte Instagram @beatlesstore. ADRIAN BELEW A la tête du supergroupe Beat, le guitariste reprend sur scène le catalogue de son excombo, King Crimson, avec la bénédiction de Robert Fripp qui, souffrant du syndrome du canal carpien, a dû subir une opération de la main. BLACK KEYS Dan Auerbach et Patrick Carney ont annoncé la reprise en mai de la tournée nord-américaine qu’ils avaient été contraints d’annuler l’an passé faute de vente de billets. Pendant cette pause forcée, le duo s’est attelé à un nouvel album, dont le premier single “The Night Before” a été dévoilé début février. BLUES AUTOUR DU ZINC Du 25 au 30 mars, la région Hauts-de-France célébrera la 30ème édition du festival. Delgres, The Courettes, Dynamite Shakers, Johnny Montreuil, font partie des trente artistes qui assureront le show. DAVID BOWIE Double actualité pour le Thin White Duke : à partir du 22 mars et jusqu’au 22 juin, la Galerie MR8 (8 rue des Francs Bourgeois - 75003 Paris) accueillera l’exposition “David Bowie, Mr Jones’ Long Hair”. Avec une centaine de photos inédites pour la plupart, l’auteur David Lawrence s’est penché sur son univers par le biais de la mode, le cinéma, la littérature, la musique, le théâtre et la peinture… Et pour le disquaire Day, Parlophone publiera, en doubles vinyles et CD, “Ready, Set, Go! (Live, Riverside Studios’ 03)” capté à Londres en 2003, au moment de la sortie du disque “Reality”. JOHN CALE Le 3 mars, l’ex-Velvet Underground soutiendra sur la scène du Trianon à Paris, son dernier-né “POPtical Illusion” paru en juin 2024. CAN Des morceaux inédits du cofondateur du combo allemand Holger Czukay figureront sur le nouvel album “GvoonBrennung 1”. Enregistrés dans les années 1990, ils ont été masterisés par Dirk Dresselhaus pour célébrer ce qui aurait dû être le 87ème anniversaire du musicien disparu en 2017. Ils verront le jour le 28 mars prochain. COCOROSIE Le label Joyful Noise sortira le huitième microsillon des sœurs Casady, Sierra et Bianca. “Little Death Wishes” est attendu pour le 28 mars . DARKNESS Précédé du simple “The Longest Kiss”, le groupe de l’excentrique leader Justin Hawkins, revient avec un huitième opus. Alors que le 7 mars débutera leur tournée à travers l’Angleterre, “Dreams On Toast” sera en vente le 28 mars. DYNAMITE SHAKERS Le quatuor vendéen se produira au festival Aucard d’Hiver à Tours le 28 février, les Dublinois de Yard, seront également présents. Télégrammes par Yasmine Aoudi The Darkness Photo Simon Emmett-DR Photo Anne-Laure Etienne-DR GLORIA Le quatuor lyonnais revient avec un nouvel album. Le bien nommé “III” est attendu pour le 4 avril prochain. FESTIVAL BORDEAUX ROCK L’Anglais Peter Perrett sera à l’honneur de la 21ème édition aux côtés des Memorials, Astéréotypie, Bruit Noir, Bryan’s Magic Tears, La Force… les 14, 15 et 16 mars dans différents lieux. THOMAS FLORIN Dans “Autodafé : Comment Les Livres Ont Gâché Ma Vie”, notre collaborateur explore l’apport démesuré des livres dans sa vie. Déjà en librairie, 96 pages aux Editions Le Gospel. GENESIS “The Lamb Lies Down On Broadway”, sixième album studio des Britanniques paru en novembre 1974, ressortira en édition Super Deluxe 50ème anniversaire (coffret 4 CD + Blu-Ray audio) le 28 mars. GOJIRA Grâce à “Mea Culpa (Ah ! Ça Ira)” exécutée lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le groupe landais, avec la chanteuse lyrique Marina Viottia, a remporté le Grammy Award de la meilleure performance Metal de l’année. JACKETS Dans le cadre du Bang Club #13, l’intrépide trio de garage-punk basé à Berne (Suisse) sera sur la scène de la Manufacture à SaintQuentin, en compagnie de Black Viiolet, nouveau projet solo de l’américaine Nicole Laurenne (The Love Me Nots…), et du duo hexagonal de blues Darling Buds Of May, le 8 mars. JUSTICE “Neverender (feat. Tame Impala)” remporte le Grammy Award du Meilleur single Dance/ Electronic, permettant au duo parisien de décrocher un troisième Grammy. ALISON KRAUSS Après quatorze ans, la chanteuse américaine met sur pause sa collaboration avec le chanteur de Led Zeppelin et reprend du service auprès du collectif Union Station. “Arcadia”, aux sonorités d’americana et de bluegrass, sera en vente le 28 mars. FREDERIC LO Le 21 mars, Frédéric Bonnet à la ville reviendra en solo avec un quatrième disque plus intimiste. “L’Outrebleu” renferme douze mélodies. Certaines comme “You Look Fresher Now” sont dédiées à des proches disparu(e)s (sa mère et sa sœur en 2023). LOFT Alors que leur tournée UK affiche complet, trente-neuf ans après sa séparation le combo britannique annonce un nouvel album. Enregistré à Hackey (Londres) et produit par Sean Read, “Everything Changes, Everything Stays The Same” est attendu pour le 14 mars. LOS ANGELES King Gizzard & The Lizard Wizard, Mac Demarco, Ty Segall, The War On Drugs font partie de la longue liste d’artistes figurant sur l’album “Super Bloom: A Benefit For Los Angeles Fire Relief” qui renferme 62 titres. Tous mobilisés pour venir en aide financièrement aux habitants touchés par les incendies, le disque est déjà disponible sur Bandcamp au prix minimum de 10 $… JOHN MAYALL Le coffret “The Second Generation (Live, 1968-1993)” retracera en 30 CD la carrière du musicien britannique à travers des concerts inédits issus d’une trentaine de représentations dans le monde durant vingt-cinq ans. Dans les bacs le 7 mars. MY MORNING JACKET Précédé du single “Time Waited”, “Is”, dixième album du quintette américain originaire du Kentucky, fêtera leurs vingt-cinq ans de carrière. Produit par Brendan O’Brien, il sera disponible le 21 mars. ROCK THE PISTES Le festival franco-suisse se tiendra cette année du 16 au 22 mars toujours au sommet des Portes du Soleil. Avec une programmation éclectique : La Femme, Mc Solaar, Royal Republic, Howlin’ Jaws, The Inspector Cluzo… SEX PISTOLS Alors qu’une tournée de PiL pointe son nez pour 2025, “Sex Pistols – Live In The USA 1978, Dallas” capté au Longhorn Ballroom le 10 janvier 1978, bénéficiera d’une réédition vinyle en tirage limité et en CD. Elle sera en vente le 28 mars. TINA TURNER Parlophone annonce la sortie d’une édition 40ème anniversaire du cinquième album de la Mars 2025 R&F 011 diva disparue en mai 2023. “Private Dancer”, renfermera un inédit “Hot For You Baby” et sera à découvrir le 21 mars. VERVE Le groupe de Richard Ashcroft a réuni ses titres majeurs sur vinyle 2 LP. “The Verve This Is Music: The Singles” est déjà disponible. WIMFEST Le festival associant rock et littérature aura lieu les 7 et 8 mars à l’Espace Agora de Maussane-les-Alpilles. Pour sa deuxième édition, au programme côté musique : concerts de Nada Surf, Ko Ko Mo, Howlin’ Jaws… côté littérature : tables rondes avec entre autres Emilie Mazoyer, Stan Cuesta, Franck Margerin… Condoléances Daniel Colling (directeur artistique français, cofondateur du Printemps de Bourges, MaMa Festival), Marianne Faithfull, Barry Goldberg (auteurcompositeur américain de blues et de rock, The Electric Flag), Irv Gotti (producteur américain et fondateur du label The Inc. Records), Garth Hudson (multi-instrumentiste canadien, The Band), David Lynch, Melba Montgomery (chanteuse américaine de country), Naâman (auteurcompositeur, chanteur français de reggae…), Linda Nolan (chanteuse, actrice irlandaise, The Nolans), Mike Ratledge (musicien britannique, claviériste, Soft Machine), Johan Slager (musicien néerlandais, guitariste de Kayak), John Sykes (guitariste britannique, de hard rock, Thin Lizzy, Whitesnake), Unk (rappeur et disc-jockey américain), Gabriel Yacoub (chanteur, auteur-compositeur-interprète français de folk, Malicorne). Photo Sarah Piantadosi-DR HORRORS Emmené par le chanteur britannique Farris Badwan, le combo annonce un sixième opus. “Night Life”, neuf titres, sera à découvrir dès le 21 mars. D’elle, on sait plusieurs choses. Elle aime le champagne et les chapeaux. Elle se lève tous les matins à 4 heures pour écrire. Un livre par an depuis 1992, qui se retrouve systématiquement numéro un des ventes au mois d’août. Des centaines de milliers d’exemplaires vendus. Après sa séance d’écriture, elle se rend chez son éditeur, Albin Michel, où elle a un petit bureau qui ressemble à un capharnaüm. C’est là qu’elle passe de longues heures à répondre au courrier imposant de ses lecteurs et de ses lectrices. Par générosité. C’est là aussi qu’elle nous reçoit pour évoquer l’un de ses aspects que peu de gens connaissent : son amour inconditionnel du metal. Catharsis et jouissance ROCK&FOLK : Premier disque acheté ? Amélie Nothomb : Ça va sans doute vous décevoir mais c’était un disque de Nana Mouskouri. Je l’aimais beaucoup et je le chantais en rentrant à l’école. Mes goûts ont beaucoup évolué depuis… R&F : Et ensuite ? Amélie Nothomb : J’ai commencé à m’acheter sérieusement des disques vers l’âge de 17 ans. R&F : Pas avant ? Amélie Nothomb : Avant, j’écoutais les disques de mon frère aîné. Il y avait Led Zep, que j’adorais, Pink Floyd, que j’ai énormément écouté, et Queen, qui a été très important pour moi. Mon frère a décrété qu’un jour, le groupe est devenu mauvais. Je ne suis pas du tout d’accord : je trouve que Queen est resté excellent jusqu’à la fin, même si mon préféré est “A Night At The Opera”. Et puis mon frère a fait comme beaucoup : devenu adulte, il a cessé d’écouter de la musique. C’est une évolution que suivent beaucoup de gens et que je ne m’explique pas. La musique n’est pas réservée à une période donnée de la vie. R&F : Donc, à 17 ans, vous vous débrouillez toute seule. Amélie Nothomb : Oui, c’est là que j’ai pris ce que j’appelle mon autonomie musicale, qui a commencé en tâtonnant. J’étais une ado des années quatre-vingt donc j’écoutais des choses comme DepecheMode.Etpuisj’aidécouvertIron Maiden et Metallica, que je considère comme des classiques. J’ai immédiatement accroché, mais le vrai déclic est arrivé plus tard. R&F : Quand ? Amélie Nothomb : Lorsque j’ai entendu pour la première fois “Killing In The Name” de Rage Against The Machine. Je suis une personne capable d’être très colérique mais ma colère ne sort pas. Sans doute est-ce dû à mon éducation ou à mes années au Japon. Et lorsque j’ai découvert Rage Against The Machine, pour moi, cela a été une véritablecatharsis,totalementincroyable que grâce à “Killing In The Name”, j’allais cesser d’avoir envie de tuer un millier de personnes, ce qui est toujours La prolixe romancière, femme douce, aimable et rieuse, évoque sa passion pour les musiques extrêmes. Les surprises sont nombreuses. Amélie Nothomb recueilli par Nicolas Ungemuth 012 R&F Mars 2025 Mes disques à moi “J’écoute cinq heures de metal par jour” Photo Charlotte Abramow-DR Mars 2025 R&F 013 014 R&F Mars 2025 bon à prendre. Et c’était une véritable jouissance. Catharsis et jouissance, ça ne se refuse pas. R&F : Et là, vous êtes devenue une véritable fan de metal… Amélie Nothomb : Oui,àtelleenseigne qu’à mon enterrement, auquel je vous convie d’avance car ce sera une très belle cérémonie, on jouera Tool. Tool, pour moi, est un groupe extraordinaire. C’est d’ailleurs mon groupe préféré. Je trouve ce qu’ils font grandiose. J’y suis venue tardivement. D’ailleurs, je suis étonnée qu’on réduise le metal à une musique d’adolescents parce que c’est un genre qui fait énormément de bruit, alors qu’on peut très bien adorer le metal en étant adulte. On le voit bien au Hellfest : il y a des gens de tous les âges. Mais j’en reviens à Tool. J’adore tous les albums, j’ai vu tous leurs concerts. Quand j’écoute Tool, sans métaphore, je convulse. C’est peu de dire que je suis en transe à un concert de Tool. Transe R&F : Vous n’écoutez que du metal ? Amélie Nothomb : Non, j’adore Schubert et Beethoven, Radiohead, surtout ce qu’ils ont fait après 2000, et je trouve The Smile extraordinaire. L’un de mes livres qui s’appelle “Journal D’Hirondelle” est écrit en hommage à cette musique. J’ai toujours été fan de Björk depuis son apparition, appréciant toutes ses révolutions musicales. Enfin, j’écoute énormément d’électro. R&F : Comme quoi ? Amélie Nothomb : Beaucoup de trucs allemands vraiment formidables comme Overwerk ou un groupe suédois à la frontière entre le metal et l’électro qui s’appelle Rishloo, ils ont une chanson que j’adore, “Alchemy Alice”. Rammstein, c’est extraordinaire, même si le chanteur est peu recommandable. On parle d’affaires de mœurs. Pareil pour Marilyn Manson, que j’adore. R&F : Et Nine Inch Nails, qui a découvert Marilyn Manson ? Amélie Nothomb : J’adore Nine Inch Nails. Pour moi, Trent Reznor est un génie. Ce qu’il fait est vraiment sublime. Là, on est presque à 100% dans l’électro. R&F : Et le gothique ? Amélie Nothomb : Là aussi, c’est très limitrophe. Il y a une grosse porosité entre le gothique et le metal. Moi, c’est parce que j’ai commencé comme gothique que j’ai été approchée par des metalleux. Au Hellfest, on voit beaucoup de gothiques. J’aime beaucoup Helium Vola, mais c’est du gothique électro. R&F : Vous écoutez tout cela fort ? Amélie Nothomb : Très fort. Ces musiques sont faites pour cela. Il faut faire une croix sur l’amitié avec les voisins. J’ai des enceintes énormes. Parfois je danse, mais je peux écouter de la transe goa hyper dansante dans mon lit. Ça danse pour moi. R&F : Vous avez des goûts très pointus. Amélie Nothomb : Oui, très. R&F : Comment avez-vous découvert tout cela ? Amélie Nothomb : Souvent par mes lecteurs. C’est une chance incroyable. Je garde mon enthousiasme. Je suis allée au concert d’Infected Mushroom, un groupe que j’adore, pour la nuit d’Halloween, j’ai dansé de 21 h 30 à 4 heures du matin. Lorsqu’on fait cela, on atteint une forme de transe. R&F : Aux concerts, les gens vous abordent ? Amélie Nothomb : Bien sûr. A un concert de Tool, ils se disent : “Amélie Nothomb aime le même groupe que nous, elle fait partie de la famille”. Pareil pour Infected Mushroom. Ils me disent : “Ça nous fait plaisir que vous aimiez cette musique, on n’aurait pas cru ça de vous”. R&F : C’est vrai que vous avez une image douce, presque zen… Amélie Nothomb : Mais c’est sans doute grâce à cela que j’aime cette musique. Elle est tellement cathartique… Metal et champagne R&F : Vous écoutez sur quel support ? Amélie Nothomb : Sur l’ordinateur relié aux énormes enceintes, mais le tout est acheté de manière parfaitement honnête ! Tout cela est géré par la personne avec qui je vis. MES DISQUES A MOI Amélie Nothomb “Si vous avez un problème avec les grandes salles, faites-vous aider : prenez des champignons” Photo Pascal Ito-DR Mars 2025 R&F 015 R&F : Cette personne aime le metal ? Amélie Nothomb : Si elle n’aimait pas le metal ni le champagne, il n’y aurait tout simplement pas de vie commune. R&F : Vous consommez beaucoup ? Amélie Nothomb : Je pense que j’écoute en moyenne cinq heures de metal par jour. Et du gros son ! Et puis je vais voir un maximum de concerts. Certains concerts peuvent changer votre vie. R&F : Les grandes salles, c’est un peu particulier. Amélie Nothomb : Si vous avez un problème avec les grandes salles, faites-vous aider : prenez des champignons. R&F : Pour finir, la musique tient une part importante dans votre vie. Amélie Nothomb : Je place la musique plus haut que tout. Bien au-dessus de la littérature. Mais je n’ai pas de compétences musicales, alors j’écris. H Photo Wally Skalij/ Los Angeles Times/ Getty Images in memoriam David Lynch Le dernier génie du septième art est mort alors que Los Angeles était ravagée par un incendie historique. Ce deuil est aussi, étrangement, un deuil personnel. 1946-2025 Il ne nous a pas seulement fascinés, il a créé le monde fictif dans lequel nous avons d’abord tenté de vivre contre le monde réel, avant que ce monde réel n’en devienne l’incarnation, sous la forme du mal qui vient. Le grand incendie Début janvier 2025. Des murailles de feu qui fouettent le ciel comme des voiles déchirées avancent et dévalent les collines à la vitesse d’un puma, calcinent demeures, routes et monuments de ce flanc richissime de la mégalopole : rien ne semble pouvoir stopper le grand incendie qui réduit en cendres des milliers d’hectares de la Cité des Anges. Lorsque le panneau d’Hollywood est léché par les flammes, on est saisi par le miroitement de la métaphore. Des signes, qui affluent. La mort rougeoyante étend son empire et choisit comme cible la Babylone du septième art dont se trouvent ici les industries. Des souvenirs se télescopent. On pense aux rideaux de flammes de “Blue Velvet”, de “Sailor & Lula”, de “Lost Highway”. “Fire: Walk With Me”. On réagit à l’intérieur de l’univers imaginaire conçu par David Lynch, on est tenté de dire “c’est du Lynch”. Les forces du Mal se déchaînent, escortées dans leur fureur par les masques de mort des gesticulants ploutocrates qui dominent le monde. Le Mal terrasse les Anges et ceux qui y croient. David Lynch lui-même, gravement fragilisé par un autre feu qui a carbonisé ses poumons, est évacué. Puis, le 15 janvier, la nouvelle tombe : David Lynch est mort. Communiqué de la famille : “Il y a un grand trou dans le monde maintenant qu’il n’est plus parmi nous”. “David Lynch est mort” : phrase sidérante, inassimilable. Phrase-trou qui inspire un sentiment troublant et paradoxal, assez semblable à ses films qui ont accompagné nos existences et travaillé notre imaginaire pendant quatre décennies. La mort de Lynch, dans ce gigantesque brasier d’Hollywood, c’est encore du Lynch. Un film, un cauchemar — notre réalité. Les variations d’un même cauchemar Au commencement, un cauchemar. A la fin, le même cauchemar, reprenant les matériaux, énigmes, angoisses et apories du premier. Les histoires changent, le sujet, au fond, est le même, les obsessions qui les animent sont les mêmes. Sur dix films, depuis “Eraserhead” (1977) jusqu’à “Inland Empire” (2006), de nombreux courts-métrages et une série cultissime, “Twin Peaks” (1990-1991 et 2017), David Lynch n’a fait que décliner les variations possibles d’un même cauchemar, y plongeant autant ses personnages que ses spectateurs, suscitant systématiquement, par de géniaux effets de mise en abyme, un doute interminable, laissé béant comme un trou, sur la distinction entre rêve et réalité, chacun contaminant l’autre. Cela donnera, de son vivant, un adjectif, lynchien, comme on dit machiavélique ou dantesque. David Lynch, plus que tout autre artiste de la seconde moitié du XXème siècle, radicalisait une hantise séculaire.
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