LYON DÉCIDEURS n°61 - Page 1 - 61 LYON DÉCIDEURS. N°61. JUILLET/AOÛT 25. 3. JEAN-PIERRE VACHER DIRECTEUR DE LYON DÉCIDEURS jpvacher@lyondecideurs.com REJOIGNEZ-NOUS SUR D e l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace.» Les mots célèbres de Danton en 1792 s’appliquent à merveille à quelquesunes des figures auxquelles Lyon Décideurs s’intéresse ce mois-ci. De l’audace, il en fallait à l’autodidacte Michel Vieira, technicien, devenu patron du groupe MDA quand il a décidé de racheter le grossiste GPdis plus gros que lui. Il n’en manque pas non plus quand il place son groupe en sauvegarde au début du confinement pour mieux rebondir. Aujourd’hui, il s’offre la marque Faure auprès d’Electrolux, vise encore trois autres acquisitions et prépare des développements internationaux. Parcours différent que celui de François Thuilleur. Il s’est mis en tête de construire le numéro 1 français de l’hygiène professionnelle en fusionnant Paredes et Orapi. À ceux qui parlent de réindustrialisation, le PDG de Paredes Orapi répond par la preuve: «Nous avons créé des emplois d’ouvriers.» L’audace, c’est aussi de viser désormais la place de leader en Europe en travaillant d’arrache-pied cet été à des acquisitions. ETQUEDIREDEPHILIPPERIVIÈRE,L’IMPRESSIONNANTPATROND’ACIGROUP, qui n’en finit pas de racheter des entreprises en panne dans des secteurs stratégiques. Trop vite, trop rapide, trop important, s’interrogent certains? Philippe Rivière n’est pas du genre à hésiter. Il croit à son projet. Conforter des entreprises industrielles, à coup sûr, c’est audacieux. Jouer la carte de la Bourse quand les introductions ont presque disparu, ça l’est tout autant. Audacieux encore le rachat de High Connexion par Guillaume Guttin, figure lyonnaise de la communication et de la publicité, mais aussi l’aventure de l’atelier de parfum 100Bon de Christophe Bombana, passé par L’Oréal, Hermès, Infogrames et entrepreneur dans l’âme. «Un entrepreneur, c’est aussi un tas de cicatrices», avoue-t-il. Des cicatrices qui sont les plus belles des décorations pour les audacieux. Ils les portent discrètement sans avoir besoin de les afficher. ÉDITO www.lyondecideurs.com redaction@lyondecideurs.com @lyondecideurs LyonDecideurs Édité par Lyon Décideurs, 10 rue des Marronniers, 69002 Lyon. Tél. 04 72 69 15 15 • www.lyondecideurs.com Directeur de la publication: François Sapy Directeurs généraux délégués: Stéphanie Liogier et Thomas Grim Directeur: Jean-Pierre Vacher (jpvacher@lyondecideurs.com) Rédacteur en chef: Vincent Lonchampt (vlonchampt@lyondecideurs.com) Rédaction: Maxime Feuillet (mfeuillet@lyondecideurs.com), Adrián Galván (agalvan@lyondecideurs.com) et Cyril Michaud Ont collaboré à ce numéro Cyril Michaud et François Mailhes Responsable communication et marketing digital: Éline Dany (edany@lyondecideurs.com) Photographies: Marie-Ève Brouet, Maxime Gruss, Susie Waroude et Pierre Ferrandis (photo de une), Noa Thevenin Graphisme: Véronique Martin Conception graphique & couverture: ProEdito Relecture: Delphine Pyrek Chef de publicité: Benjamin Sauvage Responsable diffusion et Service abonnement: Camille Chrysostome (camille@lyondecideurs.com). Chargée d’abonnements: Mylène Rion Chargé de diffusion: Loris Rodriguez Diffusion, Abonnements: Faustine Cornu Communication et événementiel: Clara Alonzi, Fanny Andriamaroandraina, Amaël Lacroix-Magnin, Camille Paris. Toutes les photos non créditées de ce magazine sont «droits réservés». La rédaction n’est pas responsable des documents qui lui sont spontanément adressés. Numéro ISSN: 2778-8512. Numéro de commission paritaire: 0924 T 94234. Imprimé en France – Imprimerie Chirat. Origine du papier France. Taux de fibres recyclées 100 %. Réchauffement climatique par exemplaire 214,5 g de C02. Diffusion Rosebud Éditions. Toute reproduction, textes et créations graphiques, est strictement interdite. Nepasjetersurlavoiepublique.CenuméroestvenduavecLeGuidedesacteursdelaRSE,édition2025. «Les cicatrices sont les plus belles des décorations pour les audacieux» « La preuve par l’audace 4. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. SOMMAIRE LYO N D É C I D E U R S • N ° 6 1 • J U I L L E T/AO Û T 2 5 LES INDISCRETS 8 GRAND ENTRETIEN 10 François Thuilleur: «Notre projet, c’est de créer un leader européen» LE FAIT DU MOIS 14 Les ONG lyonnaises à bout de souffle LE PORTRAIT 16 Charles Couty: La gloire de son père ACTUALITÉ LES DÉCIDEURES DU MOIS 21 Denise Hoblingre et Maud Charaf : La French Tech en tandem LES INFOS DU MOIS 22 Guillaume Guttin (High Connexion), John Textor (Olympique lyonnais), Philippe Rivière (ACI Group), Olivier Ginon (GL Events), François Pralus (Maison Pralus), Richard Ducret (L’Anis des Gones), Hubert de Boisse (Barreau de Lyon), Patrick Maurice (Dougs), Thibaut du Fayet (Phaxiam)… BOURSE 30 Olivier de la Clergerie (Groupe LDLC), Olivier Estèves (Abéo) ACTU POLITIQUE 32 Trois questions à Samuel Soulier : «La candidature de Jean-Michel Aulas est providentielle» Laurent Wauquiez Jean-Michel Aulas Cédric Van Styvendael… START-UP 34 Samuel Revenu (Abraxio), Yannick Ricol (Steps Ortho), Laure Claquin (Thorizon), Océane Camus et Fabien Poulenas (Leggun) PARCOURS 36 Christophe Bombana ARRIVÉES/DÉPARTS 38 Jean-Marie Martino (CCI LyonMétropole), Stéphane Gouezec (SDMIS), Marine Descombe (Anivin) 10 Charles Couty. 16 François Thuilleur. Denise Hoblingre et Maud Charaf. © Noa Thevenin © Pierre Ferrandis 21 6. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. SOMMAIRE ESPACE DÉCIDEURS LA GALAXIE DE… 50 Norbert Fontanel (Fontanel) LES LOCAUX… 52 DHL Express, un nouveau site logistique XXL L’OBJET DE… 54 Jean-Claude Lavorel (Lavorel Hotels): «Une bague très chère à mes yeux» LE RÉSEAU DU MOIS 56 Bertrand Barré lance le cercle européen de prospective R&P 50 L’ÉTAT-MAJOR DE… 58 Boiron AFTERWORK OÙ SORTIR À LYON 60 On vous conseille… Pour déjeuner, pour dîner LES 4 COUPS DE CŒUR DE… 62 Laurent Courtial (Rouge Granit) LES BONNES ADRESSES DE… 64 Maître Gabriel Versini L’HISTOIRE D’UNE ENTREPRISE FAMILIALE 66 Le Groupe Mazaud fête ses 100 ans 40 — 48 Jean-Claude Lavorel. Norbert Fontanel. Maître Gabriel Versini. 54 64 50 LE DOSSIER Michel Vieira: «C’est dans mon ADN d’avoir un ou deux ans d’avance sur les autres» Patron emblématique du groupe MDA Company, Michel Vieira vient d’annoncer, fin juin, le rachat de la marque Faure auprès d’Electrolux. Une opération stratégique pour le groupe installé à Lozanne (1000 collaborateurs, autour de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires), cinq ans après être passé par la case sauvegarde. © Susie Waroude 2025 Reli[AI]f by Nouveau Monde 8. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. ACTU. LES INDISCRETS PAR LA RÉDACTION La succession de Philippe Valentin à la présidence de la CCI Lyon-Métropole commence à susciter des convoitises. Le renouvellement de la chambre consulaire n’est prévu qu’à la fin de l’année 2026,dans18 mois,maisdeuxélussortantssemblentd’oresetdéjàs’intéresserausujet. Il s’agit, d’une part, de Thomas San Marco (à gauche),ledirecteurexécutifdeCNR,trèsactifau seindubureauet,d’autrepart,deGuyBaculard (à droite), directeur général adjoint chargé du développement régional du groupe de communicationRougeVif,installéenrégionparisienne et présent à Lyon depuis 2021. Guy Baculard a été auparavant directeur marketing de la CCI deTouraineavantderejoindrelegroupeRouge Vif, créé par son cousin. «À la tête de la CCI, à Lyon,onaimebienavoirunpatronpropriétaire, plutôt qu’un cadre supérieur», lâche un ancien élu. D’ici à ce que Philippe Valentin mette tout le monde d’accord en se représentant, il n’y a qu’unpasquecertainsfranchissentsanshésiter. Thierry Rouquet n’en finit pas d’entreprendre dans l’univers de la cybersécurité. Après Arkoon transmis à Pierre-Yves Hentzen et devenu Stormshield (racheté par Airbus), il avait créé Sentryo, racheté en 2019 par Cisco. Avec trois autres entrepreneurs passionnés, il crée ensuite le fonds d’investissement Auriga Partners. Objectif: «faire émerger les entreprises de la cybersécurité les plus prometteuses». À la clé, il lève 60 millions d’euros autour d’un premier fonds Auriga Cyber Ventures. Fort d’une douzaine de participations, Thierry Rouquet travaille actuellement à la levée d’un deuxième fonds, de 120 millions d’euros cette fois-ci. Après trois ans à la présidence de Handicap International, Xavier du Crest passe le flambeau. Celui qui avait également dirigé Handicap International France jusqu’en 2022 met fin à un long engagement au sein de l’ONG qui œuvre aux côtés des personnes handicapées et vulnérables, dans des contextes de pauvreté, de conflits ou de catastrophes. C’est Pauline Restoux qui lui succédera à la tête du conseil d’administration. Forte d’un long parcours au sein de la structure, elle a notamment été, en 1997, directrice déléguée de publication du magazine Déclic, édité par Handicap International, avant de fonder en 2005 à Lyon l’agence de conseil en communication In Medias Res. «Pauline Restoux est une femme de talent. Et du talent, il en faudra pour relever les défis qui se dressent devant le monde humanitaire», considère Xavier du Crest. Grande émotion mardi 24 juin lors du conseil d’administration de la FondationHCLaucoursduquelPierre Luzeau a été élu président à la suite de Bruno Lacroix, figure emblématique du monde patronal lyonnais, qui était à la tête de cette fondation depuis sa création, il y a 12 ans. Pierre Luzeau, le fondateur de l’entreprisedechimiefineSeqens,avait intégré le conseil d’administration de la Fondation HCL en 2021, par le collègedespersonnalitésqualifiées. Élu à l’unanimité, il a rendu hommageau«travailconsidérableréalisé sous l’impulsion de Bruno Lacroix». Sous les trois mandats successifs de ce dernier, la Fondation HCL a permis de financer plus de 13 millions d’euros de projets. CCI LYON-MÉTROPOLE La succession de Philippe Valentin intéresse au moins deux candidats CYBERSÉCURITÉ Thierry Rouquet voit encore plus grand FONDATION HCL Pierre Luzeau succède à Bruno Lacroix HANDICAP INTERNATIONAL Pauline Restoux prend la suite de Xavier du Crest Ici, Ici, sedessine sedessine lavillebas lavillebas carbone carbone dedemain dedemain Chez Vicat, nous croyons en la force de l’innovation. Celle qui, depuis 1817 et l’invention du ciment moderne par Louis Vicat, améliore le quotidien de chacun. C’est pourquoi, nous poursuivons sans cesse nos efforts de recherche et développement en vue d’imaginer les ciments et bétons de demain pour réduire l’empreinte environnementale de nos activités. Anticipant les demandes de nos clients, nous cultivons notre ancrage territorial et développons un modèle d’économie circulaire pour garantir la durabilité et la recyclabilité de nos matériaux. Car bâtir le vivre ensemble c’est imaginer un avenir qui nous rassemble. www.vicat.fr Logements sociaux du clos des fleurs sur la Presqu’île de Grenoble (38) © Photographe : Julien MIGNOT 10. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. © Noa Thevenin LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. 11. Près de deux ans après l’annonce des premiers rapprochements entre Paredes et Orapi, êtes-vous satisfait de la façon dont s’est passée cette fusion? François Thuilleur : Je suis très satisfait du déroulé de cette fusion. Nous avons réussi à créer un groupe avec une belle culture d’entreprise régionale et c’est une vraie satisfaction. L’OPA (offre publique d’achat) a eu lieu en mars 2024 et nous nous sommes installés dans notre nouveau siège à la Part-Dieu, entre juillet et septembre 2024. On a donc déménagé très rapidement, et le fait de rassembler les collaborateurs au même endroit – et non pas d’être répartis sur deux sites, à Genas pour Paredes et à Saint-Vulbas pour Orapi –, ça nous a permis de briser la glace entre les équipes, d’avoir des moments de convivialité, d’apprendre à nous connaître. Et ça a tout changé. Si bien qu’aujourd’hui, on ne sait plus qui est un ancien Paredes et qui est un ancien Orapi. En interne, on dit que l’on est GPO, parce que Groupe Paredes Orapi, ça fait un peu long. Vous avez choisi de vous doter d’un nouveau siège social à Lyon–Part-Dieu, dans le deuxième quartier d’affaires du pays après La Défense. Combien de personnes travaillent ici? Legroupeemploieunensemblede1500 collaborateurs, dont 1200 en France, 500 dans la région, et 150 dans notre siège à Lyon. Nous avons choisi de fusionner les fonctions centrales, comme la direction financière, la direction marketing achats, la direction des ressourceshumainesetladirectioninformatique.Etnous nous sommes rendu compte que le plus simple pour tous les collaborateurs, c’était de s’installer dans un quartier desservi par le train, le métro, le tramway, les bus… La Part-Dieu, c’est l’endroit le plus central. Cette localisation permet à nos collaborateurs qui habitent loin, comme à Valence ou à Villefranche, de venir rapidement, et c’est aussi le parfait trait d’union entre Genas et Saint-Vulbas. Avec ce rapprochement, vous vouliez justement créer des passerelles entre les usines de Genas et de SaintVulbas, pour conforter le potentiel industriel de chaque site. Comment cela se traduit-il aujourd’hui? Les usines sont pleinement intégrées GPO et produisent indifféremment pour les deux réseaux commerciaux. Donc Saint-Vulbas produit aussi pour les réseauxParedes,commeGenasproduitpourlesréseaux Orapi. Nous avons d’ores et déjà créé 5 millions d’eurosdesynergie,enaugmentantdèslapremièreannée la production de ouate de 3 millions d’euros, et celle de chimie de 2 millions d’euros. On table à terme sur un surplus d’activité de 20 millions d’euros pour ces deux sites. On ira sans doute moins vite sur la partie chimie que sur la ouate, puisque les spécificités sur ce volet diffèrent beaucoup selon la nature des clients. Les normes et réglementations ne sont pas les mêmes si vous fabriquez du gel hydroalcoolique «Notre projet, c’est de créer un leader européen» Numéro 1del’hygièneprofessionnelleenFranceaprèslarepriseenmars 2024d’Orapi,leGroupe ParedesOrapi(50000 clients,443 millionsd’eurosdechiffred’affaires,1500 collaborateurs) veutaujourd’huis’étendresurlesoleuropéenpourrépondreàlademandedesesgrandsclients internationaux,etserapprocherdumilliardd’eurosd’activité. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE VACHER ET MAXIME FEUILLET LE GRAND ENTRETIEN «Jesuistrèssatisfaitdecettefusion. Aujourd’hui,onnesaitplusquiestun ancienParedesetquiestunancienOrapi» FRANÇOISTHUILLEUR 12. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. pourdeshôpitaux,desgéantsdel’agroalimentaireou des collectivités publiques. Cela nous oblige à modifier nos formules, à obtenir les accords de mise sur le marché, et cela peut prendre jusqu’à 18 mois. On imagine que vous avez des besoins de recrutement pour augmenter la production? Exactement. Nous avons créé 30 postes d’ouvriers sur nos trois sites à Saint-Vulbas (produits chimiques liquides), à Genas (ouate) et à Vénissieux (lessive et tablettes de lave-vaisselle). Nous faisons ainsi partie des rares acteurs à créer des postes d’ouvriers dans la région. Mais on ne se staffe pas seulement pour des raisonsd’intégration.Nousrecrutonsaussiparceque nous avons remporté de gros comptes, comme un contrat à 4,5 millions d’euros avec un gros acteur de lagrandedistributiondontonnepeutpasciterlenom. Avec cette fusion, vous souhaitiez donner naissance au leader français de l’hygiène professionnelle. Est-ce désormais le cas? Oui, ça y est, nous y sommes et la presse professionnellelevalidedanssesclassements.Nousavonssigné 350 millions d’euros d’activité en France en 2024, quand le numéro 2, PLG, qui appartient à la multinationale anglaise Bunzl, est autour de 300 millions d’euros. Donc c’est un premier objectif atteint. Le prochain sera d’atteindre les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial? En2024,nousétionsà443 millionsd’eurosdechiffre d’affaires au global. Nous aimerions franchir cette barre des 500 millions d’euros d’activité d’ici 2027. Il nous faut donc une croissance de l’ordre de 15 points d’ici là. La moitié devrait se faire par des acquisitions, avec plusieurs négociations en cours et bien enclenchées,etl’autremoitiépardelacroissanceorganique. Maisleclimatestassezcompliquéaujourd’hui,notamment du fait de l’instabilité politique et des incertitudes économiques qui pèsent chez nos clients. Donc le marché de l’hygiène professionnelle est en baisse pour la première fois. La presse spécialisée parle d’un recul d’environ 7 %. On arrive chez Paredes Orapi à compenser cette baisse en gagnant d’importantes parts de marché, mais c’est aussi dur pour nous. On espère stabiliser l’activité, mais on devrait finir l’année entre -2 % et 0 % par rapport à 2024. Donc si la croissance organique flanche dans un contexte de marché baissier, on fera sans doute plus d’acquisitions pour atteindre les 500 millions en 2027. Vous pourriez reprendre d’autres entreprises en France dans votre secteur? Le secteur est très atomisé, donc il pourrait y avoir quelquesrapprochementssupplémentaires.Lecontexte économique fait que certains vont être en difficulté financière,nousregarderonsalorssicelafaitsenspour nous.Noussommesprésentsdans14 villesenFrance, donc nous n’avons pas de trou dans la raquette, mais on reste toujours ouverts. S’il y a une belle affaire qui passe, on pourra l’étudier. Mais aujourd’hui, on regarde surtout ce qu’il se passe à l’étranger. Vous avez des cibles privilégiées? On vise le Benelux, mais on discute aussi avec deux acteurs suisses. Nous sommes également en discussion avec un acteur espagnol et on observe l’Allemagne et le Portugal. Notre projet, c’est de créer un leader européen. C’est notre priorité dans les années qui viennent. Non pas parce que nous voulons grossir pour grossir, mais parce que c’est une demande de nos clients. Aujourd’hui, nous avons de grands clients internationaux qui sont contents de notre service en France, et qui nous demandent pourquoi nous ne sommes pas présents en Suisse, au Benelux ou en Allemagne. Si, un jour, l’un de nos concurrents à l’étranger décide de proposer des prestations avec les mêmes produits partout en Europe, le même e-shop, les mêmes prix et un responsable grands comptes unique, je peux vous dire qu’il nous prendra beaucoup de clients. Donc je nous ai laissé deux à trois ans avec mes équipes pour être présents dans tous les pays d’Europe de l’Ouest, de manière à accompagner nos gros clients. C’est obligatoire. Le Groupe Paredes Orapi prévoit-il d’autres investissements en R&D, ou sur la partie industrielle? Nous prévoyons d’investir 15 millions d’euros cette année. On va continuer de se renforcer sur le digital pour notre site paredes.fr qui représente 42 % de nos commandes aujourd’hui. Ce ratio devrait encore grimper pour atteindre 70 % à horizon 2027. Nous avons deux exclusivités sur le site aujourd’hui: l’instauration d’un écoscore basé sur des méthodes de la Commission européenne pour 5000 références de produits; et l’indication du poids en CO2 de chaque produit ajouté dans le panier du client. Ces outils vont nous permettre d’orienter les clients vers les produits les mieux-disants au niveau écologique. En parallèle, nous avons aussi d’autres investissements prévus en R&D. Nous avons recruté des chercheurs et des experts en réglementation pour le site de SaintVulbas, et nous cherchons aussi à investir pour automatiser quelques process sur ce site. Quelle est l’ambition de Paredes Orapi pour 2030? On veut atteindre les 500 millions pour 2027, mais quand on y sera, on se mobilisera ensuite pour aller chercher le milliard. Est-ce que ce sera pour 2030, 2031? On ne le sait pas, parce que l’on n’a pas encore construitlavisionjusque-là.Nousfaisions173 millions LE GRAND ENTRETIEN «Nos grands clients internationaux nous demandent pourquoi nous ne sommes pas présents en Suisse, au Benelux ou en Allemagne» 15 JUILLET 1969 Naissance. 1993-2016 Occupe plusieurs postes de direction à travers l’Europe pour RenaultNissan. 2016-2017 Vice-président opérations chez Rexel, numéro 2 mondial de la distribution de produits et services électriques. 2017 Nommé directeur général de Paredes. 2024 Reprise du groupe Orapi pour donner naissance au Groupe Paredes Orapi. LYON DÉCIDEURS. N° 61. JUILLET/AOÛT 25. 13. © Maxime Gruss en2018etnoussommesaujourd’huià443 millionsau niveau mondial. On vient de multiplier l’activité par 2,5.Donc,lorsquel’onannonceànosbanquiersquela prochaine étape, c’est le milliard, ils savent que c’est crédible. D’autant que tout s’accélère. C’est plus dur quand vous êtes petit que lorsque vous êtes moyen. Aujourd’hui, nous sommes connus. Nous sommes consultés sur tous les appels d’offres en France, et notredirecteurfinancierestquasimentsollicitétoutes les semaines pour des rachats de société à l’étranger. Donc, on a des possibilités. On va se battre pour entrer dans le top 3 européen, en visant à terme la premièreplaceetleleadershipeuropéen,etcelanous rapprochera du milliard. La particularité du Groupe Paredes Orapi, c’est d’être à la fois industriel et distributeur. C’est un positionnement unique sur votre marché? Oui,nousavonsunprofiltrèsparticulier.Onsedéfinit comme «industributeur», la contraction d’industriel et de distributeur, et nous avons d’ailleurs déposé ce nom à l’INPI. C’est un concept unique sur le marché, qui nous permet d’assurer du made in France, la sécuritéd’approvisionnementetlaqualitédenosproduits qui sortent de nos usines. Nous avons aujourd’hui 35 % de notre chiffre d’affaires qui sort de nos usines et l’objectif de générer, dès 2027, 50 % de notre activité grâce à des produits fabriqués en interne. On marche donc sur ces deux jambes, ce que personne ne fait en France, au Benelux, en Italie, en Angleterre ou en Allemagne. Le challenge, c’est d’être très bon dans les deux domaines. Donc on a des équipes très qualifiées, avec des ingénieurs et des commerçants de qualité, et mon job, c’est de faire en sorte qu’ils travaillent bien ensemble. C’est un rôle dans lequel vous vous épanouissez toujours autant? J’ai la chance d’être aux manettes d’une belle boîte familiale depuis plus de 80 ans, qui est aujourd’hui la septième ETI de la région. Je peux m’investir sur un projet à très long terme avec des actionnaires qui ne sont pas pressés de vendre. Cette entreprise, c’est avant tout une très belle aventure collective. En 2017, nous étions une petite boîte en difficulté financière qui devait disparaître, et voilà que l’on rachète quelques années plus tard Orapi pour devenir numéro 1 du marché français. Nous sommes rentables, l’Ebitda continue de croître et nous voulons maintenant devenir un champion européen. Ce ne sera pas facile, mais si on se fixait des objectifs plus modestes, on s’ennuierait. Ce serait plus plan-plan… «On veut atteindre les 500 millions d’euros d’activité pour 2027, et quand on y sera, on se mobilisera pour aller chercher le milliard» UNE ENTREPRISE FAMILIALE DE PLUS DE 80 ANS Fondée en 1942 à Villeurbanne, l’entreprise est toujours détenue aujourd’hui par la famille Paredes. «Avec la holding familiale dans laquelle on retrouve la famille Paredes, mon épouse et moi détenons 83 % du capital», renseigne François Thuilleur, deuxième actionnaire de la société. En reprenant le groupe Orapi en 2024, Paredes a fait entrer la banque BNP, à travers son fonds BNP Développement, dans le capital à hauteur de 13 %. Les 4 % restants sont détenus par le personnel (ouvriers, vendeurs, personnel administratif et membres du Comex). Retrouvez l’intégralité de cette interview en vidéo et en podcast sur le site .com
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