TRIBUNE DE LYON n°997 - Page 1 - 997 vous souhaite une très belle année 2025 3 TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025 5 L’édito de LilianRenard 6 L’instantanédelasemaine Le nouvel antre des Lionnes Ça bouge 8 L’invité MatthieuForichon: «La SaintéLyon me parle vraiment. J’aime tellement cette course…» 12 Lebaromètre despersonnalitéslyonnaises 13 LesConfidentiels 14 Lieuxetgensdepouvoir. LR.Entre Gilles Gascon et Sébastien Michel, la droite balance et cherche sa stratégie pour la Métropole Enseignement.La vraie raison de la résiliation du contrat avec le lycée musulman Al-Kindi 18 Aménagement etenvironnement HallesPaul-Bocuse. Cinq nouvelles enseignes et un avenir à réimaginer Eau.Pipers, la « balle de tennis » qui diagnostique l’état des canalisations 20 Sciencesetsanté Diabète.Double greffe pionnière à Grange-Blanche 23 Économie Automobile.Point S et Christophe Rollet repartent à l’offensive tous azimuts Focus 24 Politique. Les pistes chocs de la Ville pour tailler dans ses dépenses Dossier 28 Société. La colline de Fourvière peut-elle s’effondrer? Sorties 38 Lesimmanquables Exposition. Gothique à capuche 40 Pêle-mêle Humour, théâtre, peinture… 42 Culture Festival. Nouveau lieu, nouvelles dates: Woodstower fait peau neuve 44 Cinéma LeDossierMaldoror. De Fabrice du Welz LesFeuxsauvages. De Jia Zhangke HiveràSokcho. De Koya Kamura 45 C’estpasduBergman CriminalSquad:Pantera. De Christian Gudegast 46 L’escapade Hauteurs du Puy-de-Dôme à l’heure d’hiver L’Instant T 48 LeLyonde… Romain Bagnard 50 Topgourmand Les livres de cuisine qui nous font saliver 51 Chauddevant Maison Safa 52 Lerestaurantdelasemaine Roliko 53 Surlepouce Quai des Oliviers Oùboireunverre Les Grévistes 55 Leportrait Anne-Laure Dimech 56 Patrimoine Ilétaitunefois… La place de l’Hippodrome 57 Lejouroù…Les Pennons ont été mis en place pour protéger Lyon Quiest-ce?Marcel Achard Parlonslyonnais. Cervelle de canut Annonces légales 58 Ventes aux enchères, appels à candidatures, annonces judiciaires et légales Détente 67 Bulles. Papiers de l’ombre - 9/10 Sommaire TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025 © HIPPOCAMPE FOU © PIERRE FERRANDIS © R. COUTINHO L A S E M A I N E P R O C H A I N E Municipales: la course est lancée Dossier. Environnement. LacollinedeFourvière peut-elles’effondrer? L’escapade. Hauteurs duPuy-de-Dôme àl’heured’hiver Pêle-mêle. Concert. Odyssée douce-amère Cela fait dix-neuf ans que nous écrivons ensemble l’histoire de Tribune de Lyon. En 2006, une petite équipe de journalistes passionnés s’est lancée dans l’aventure avec la volonté farouche de créer un hebdomadaire indépendant au service des Lyonnais. Le 6 février, 2025, dans moins d’un mois, nous ferons paraître le numéro 1 000 de votre hebdomadaire. Entre-temps, Tribune de Lyon a évolué et n’a cessé d’enrichir son contenu. Nous avons lancé en 2011 un mensuel dédié aux sorties dont la formule vient d’être complètement revue, puis repris le mensuel des familles lyonnaises Grains de Sel en 2015. Ces magazines accompagnent désormais chaque mois votre hebdomadaire et vous proposent de très nombreuses idées de sorties, que vous soyez célibataires ou en famille. Nous avons aussi renforcé notre présence en ligne. Notre vaisseau amiral Tribunedelyon.fr vous propose chaque jour une dizaine d’informations exclusives dédiées à notre territoire. Nous étions six aux premiers jours. Nous sommes aujourd’hui une trentaine à faire vivre ce projet. C’est grâce à votre fidélité et votre confiance que nous avons pu parcourir ce chemin. Cela nous a permis de conserver notre indépendance alors que la plupart des titres de presse lyonnais sont aujourd’hui détenus par des grands groupes. Merci. Pendant quinze ans, le tarif de notre formule papier est resté inchangé, à 65 euros par an. L’augmentation drastique des coûts de production nous oblige, à contrecœur, à revoir profondément ces tarifs, afin de pouvoir équilibrer nos comptes. C’est seulement à ce prix que nous pourrons conserver notre indépendance économique et éditoriale. Le tarif d’abonnement de la formule simple « papier » passera à 85 euros par an à partir du 21 janvier. Le tarif de nos autres formules d’abonnement reste inchangé ! La formule « web+papier », qui vous permet de recevoir votre hebdomadaire directement dans votre boîte aux lettres tout en accédant à tous nos articles en ligne, demeure à 99 euros par an. De même, notre formule d’abonnement numérique, offrant un accès complet à tous nos contenus sur le web, reste au prix attractif de 49 euros par an. Notre ambition est de continuer à investir dans le numérique pour vous proposer une expérience toujours plus enrichissante et des contenus disponibles à tout moment, où que vous soyez. En vous abonnant à Tribune de Lyon, vous contribuez à faire vivre un média local indépendant. Toute l’équipe de Tribune de Lyon vous remercie une nouvelle fois pour votre fidélité et vous souhaite une merveilleuse année. François Sapy · Directeur de la publication et de la rédaction Nos tarifs abonnés évoluent en 2025 Q ue faut-il amender, réduire ou abdiquer des ambitions écologistes? Le maire de Lyon, Grégory Doucet, tourne la question en boucle devant la feuille blanche de son budget, placé sous contraintes extrêmes et plombé par les probables coups de rabot de l’État. Même si François Bayrou a choisi d’alléger la facture et de ne pas aller jusqu’à soustraire les 25 millions que redoutait la Ville, l’exécutif demeure contraint à un périlleux exercice d’économies. Aussi, l’heure est à tailler dans les dépenses, à racler les fonds de tiroir et à gonfler ce qui peut l’être encore des recettes. L’engagement de ne plus toucher aux impôts sera en effet honoré. Quant aux autres… Faut-il faire une pause sur le bio dans les cantines, sortir les ciseaux pour le budget de la Culture et l’amputer de 5 %, raboter les grands événements, jusqu’à annuler les festivités du 14-Juillet, geler les dépenses sociales, durcir la politique du stationnement payant pour remplir les caisses, réduire les subventions aux associations sportives? Autant de pistes explosives creusées par les services municipaux et posées sur le bureau du maire de Lyon, qui devra les trancher dans les prochains jours. Toutes ces hypothèses ne seront pas retenues certes, mais aucun budget ne pourra être bouclé sans en appliquer certaines. Voilà donc les écologistes contraints d’en faire de même à la Métropole, plongés dans un douloureux exercice d’introspection politique comme dans un bain d’eau glacée et face au choix de Sophie. Il y a certes une forme d’injustice à devoir combler les déficits creusés par les gouvernements successifs, mais il serait impensable que les collectivités ne payent pas leur écot. L’heure est à la responsabilité et aux choix. En cela, Grégory Doucet et Bruno Bernard doivent dans l’urgence redéfinir leurs priorités, décider ce qu’ils conservent ou abandonnent, redire où ils placent leurs certitudes. Alors que la campagne électorale frémit déjà à 18 mois de l’échéance, l’exercice revient à présenter une nouvelle feuille de route, dans laquelle on évaluera ce que les écologistes ont appris du pouvoir et du quotidien, voir où ils veulent aller désormais que la tempête s’est levée. Cette crise servira au final de révélateur à leur logiciel politique. Mieux vaut-il défendre le bio ou les associations sportives, la végétalisation ou les dépenses sociales? L’alternative peut paraître caricaturale, mais elle définit la complexité des choix qui se présentent et le risque politique qui va de pair. Faut-il rester droit dans ses bottes vertes, maintenir prioritairement les engagements sur la transition écologique quitte à créer des mécontents ailleurs? La Métropole se souvient du tollé soulevé lorsqu’elle a atténué ses interventions dans l’hébergement d’urgence. Elle préfère depuis différer des chantiers pour contenir ses dépenses et les grognes. Il en serait de même si la Ville choisissait de taper aux portefeuilles des automobilistes ou de couper dans la Culture. C’est dire si le prochain budget ressemble à un exercice d’équilibriste à travers un champ de mines. ILS LE DISENT ICI Lesécologistes etlechoixdeSophie Édito © PIERRE FERRANDIS MATTHIEUFORICHON Illustrateur,auteurde DesBossesetdesbulles>P8 «J’aimisune planchesur unepage Facebook,et çaadécollé.» © PIERRE FERRANDIS «Lespremiers réseauxsouterrains lyonnaisdatentde l’époqueantique.» BENOÎTSOUVIGNET Présidentdel’Organisationpourla connaissanceetlarestauration d’au-dessous-terre>P36 ANNE-LAUREDIMECH Tufteuse>P55 «Audébut,je pensaislancer cetteactivité pourvoir,jem’en seraisvoulude nepaslefaire.» © PIERRE FERRANDIS Édité par Rosebud SA • 10 rue des Marronniers, CS 40215, 69287 Lyon Cedex 02 • Pour joindre votre correspondant, composez le 04 72 69 15 15. 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L’Asvel féminin entre dans une nouvelle ère. En cette rentrée 2025, le club de Tony Parker a troqué le plancher de son antre historique, le gymnase Mado-Bonnet, pour s’installer dans le mythique Palais des sports à Gerland. Ici en session d’entraînement avant le match de Ligue féminine contre Galatasaray, les Lionnes ont déjà inauguré en beauté leur nouveau fief le 12 janvier face à Villeneuve-d’Ascq (75-70). Une victoire serrée arrachée sous les applaudissements d’une salle à guichets fermés. 5405 spectateurs sont venus soutenir les basketteuses lyonnaises. Une jauge exceptionnelle, qui sera réduite à 3000 pour les prochains matchs, mais qui restera deux fois plus importante que celle de Mado-Bonnet… et qu’il ne sera pas forcément aisé de remplir à tous les coups. IRIS BRONNER L’instantané de la semaine PAR PIERRE FERRANDIS Matthieu FORICHON «LaSaintéLyon meparle vraiment.J’aime tellement cettecourse…» Êtes-vous descendu nous voir du 9e en courant? Car c’est en allant travailler en courant que vous vous êtes mis au trail… Matthieu Forichon: « Non, à vélo ! Au tout début, effectivement, je travaillais dans le 6e arrondissement, et j’y allais tôt avec le premier bus de 5h. En arrivant, j’allais faire un tour du parc de la Têted’Or, à l’ouverture des grilles. Je faisais du sport pour trouver des idées de dessin, réfléchir. C’était ma routine. Ensuite, j’ai fait deux tours, puis trois… Donc, au lieu de descendre en voiture, je posais mes enfants à l’école et je descendais en courant. Quais de Saône, Caluire, Tête-d’Or… ça faisait entre 16 et 20 kilomètres par jour. Le sentiment de liberté a toujours été important pour moi. J’ai fait ça deux ou trois ans, trois à quatre jours par semaine. C’est ce qui vous a donné l’idée d’aller vers le trail? On me disait : “Tu es monomaniaque, tu sais que tu peux sortir du parc ?” J’ai découvert les courses comme ça. J’en fais, j’aime bien, mais plus par défi. Je ne suis pas un passionné, mais ça donne une motivation. Mais vous découvrez à cette occasion la communauté de gens qui partagent cette activité étrange… À quel moment avez-vous réalisé que cela se prêtait à l’humour? Quand tu commences à ne pas trouver normal que des gens ne fassent pas ça! C’est un joli petit monde ultrafermé. L’essence du truc, c’est de se déplacer librement, c’est ce que j’aime. Ce qui m’ennuie, c’est le côté communautaire, justement. Des Bosses et des bulles est né sur les réseaux sociaux? Oui, j’en suis un peu une victime heureuse ! En 2012, à côté de mon taf de trucs “sérieux”, publicitaires, sous mon nom, pour rigoler, j’ai mis une planche sur une page Facebook, et ça a décollé. Je ne m’attendais pas, 13 ans plus tard, à être © PIERRE FERRANDIS L’illustrateur lyonnais est plus connu du grand public pour ses recueils Des Bosses et des bulles qui tirent avec humour le portrait de la communauté des traileurs. Alors qu’il s’apprête à sortir un best of et un nouvel album, ce Stéphanois de naissance confie à Tribune de Lyon sa défiance vis-à-vis des réseaux sociaux et ses envies d’un roman graphique intime sur la SaintéLyon. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART L’invité de la semaine 8 TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025 L’illustrateur-dessinateur semble comme chez lui au Café Bellecour. Il en est, il est vrai, un vieil habitué. «Je viens ici depuis de nombreuses années. En tant que dessinateur, c’est un lieu qui m’a tout de suite plu il y a 30 ans quand j’étais étudiant. Tous ces tableaux, la population qui vient… Je connais les patrons, les serveurs… Et comme j’aime travailler seul, je viens de temps en temps le matin, pour changer d’air, voir du mouvement, les gens passer. Je suis solitaire, mais j’aime quand ça bouge autour et être entouré de gens. Je ne pourrais pas bosser chez moi! J’ai essayé quatre jours pendant la Covid, je me suis fait vite mes autorisations pour aller au bureau.» Le rendez-vous avait été déplacé à plusieurs reprises, la dernière le matin même de notre rencontre par un message laissé à 5h40. «Je suis très matinal, pour dessiner comme pour courir. Depuis longtemps. Soit je vais courir, soit je vais au bureau où je dessine. C’est un moment propice à ce qui est créatif.» Matthieu est épris de liberté. Il préfère ainsi s’autoéditer «pour la liberté, même si c’est une liberté qui a un prix: réceptionner les camions de livres, en faire les commandes… Mais ça correspond à ce que je suis. Depuis le début, j’ai vendu entre 8000 et 10000 livres envoyés avec mes petites mains. Ce n’est pas rien!», confesse celui qui songe encore à tâter du dessin de presse. D’ailleurs, lorsque l’un des gérants du restaurant vient de s’effacer, il se penche vers nous pour nous glisser: «C’est le neveu de Dubouillon!», en référence au dessinateur historique du Progrès. Côté course, cet avaleur de kilomètres en nature et de D+ (dénivelé positif) se range en dehors de la case des fous du chrono. Il lui suffit de repartir avec sa médaille de finisher. Parmi ses plus grosses satisfactions: être venu à bout de la TDS (Sur les traces des ducs de Savoie), 148 kilomètres et 9300 mètres de D+. © PIERRE FERRANDIS Mon déjeuner avec Matthieu Forichon Café Bellecour 33 place Bellecour, Lyon 2e . —Notrerepas— Deux vol-au-vent. Deux volailles à la citronnelle. Deux bières et deux cafés. —L’addition— 59 € 9 TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025 encore là et à sortir un best of ! Les réseaux sociaux restent un espace de liberté. Par contre, ils sont la plus grosse plaie qui soit, et je rêve d’arrêter. J’y travaille, mais je n’en ai pas encore le courage. Je dois publier des images tous les jours… C’est bon pour l’ego, mais le revers, c’est que ça contraint la créativité. Il y a des tribus bien déterminées dans vos planches: le hipster, l’obsédé du matos coûteux… Oui, il y a le “c’était mieux avant”, le réac, le bobo des villes, le Haut-Savoyard qui regarde les autres s’agiter sur son rocher en affirmant : “Le trail, c’est que des cailloux.” Je pousse les curseurs, mais 99 % des gens vivent ça en étant heureux. Moi, je serais du genre à faire mon sac et à le défaire pour le refaire jusqu’au dernier moment. Je suis dans la case de ceux qui ont besoin de se rassurer : les inquiets, sous les radars, ceux qui ne font pas les marioles. Après, il y a toujours les mêmes relou, les mêmes premiers, les mêmes derniers. La forme change, le fond reste. Mais je m’amuse moins qu’avant car ça se “norme”, ça se professionnalise. Ce qui ressort des planches, c’est le caractère obsessionnel du traileur, quand même! C’est la caricature ! Je veux être drôle, mais pas au détriment de quelqu’un. Quand je fais tomber un gel par terre dans un dessin, peut-être un ultraécolo va venir râler, mais c’est anecdotique. Je me suis posé une ligne pour ne pas avoir à gérer d’autres choses. Je pourrais parler des traileurs, des influenceurs qui ont un discours sur l’écologie, qui me “surgavent”. Tu peux faire des choses sans avoir à le revendiquer tout le temps, surtout, quand bien souvent, tu fais exactement le contraire… Par ailleurs, vous êtes illustrateur. Vous avez par exemple réalisé une couverture du New Yorker en 2022, des campagnes pour des marques comme Lexus, Deloitte, et travaillé pour des journaux comme The Boston Globe, L’Express, Lire… Comment concilier les deuxunivers? Ces deux univers me permettent de ne pas être dépendant d’un seul. J’ai besoin des deux. J’aime celui des parfums, des spiritueux, des agences, des stations balnéaires… dans la veine des affichistes d’avant comme Sempé, Kiraz… L’un des deux mondes me calme quand l’autre m’excite trop, et inversement ! Le dessin de presse pourrait donc vous tenter? J’y pense. C’étaient les dix ans de Charlie il y a quelques jours… Ils sont forts, mais je n’ai pas leur courage. Je dis merci à ces gens-là. J’ai deux enfants et, quand il y a eu l’attentat, j’étais au restaurant en famille. L’un des deux m’avait dit : “Mais papa, tu dessines !” J’étais touché, mais je n’ai pu que lui répondre : “Oui, mais moi, je fais du dessin qui ne ‘craint’ pas.” J’aimerais, j’ai écrit des trucs sur des traileurs qui organisent un trail “là-bas”, à l’époque de Daesh. Mais je n’ai pas le courage de commencer. Mais l’idée n’est pas enterrée. Vous avez déjà réalisé plusieurs affiches officielles de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Jamais de la SaintéLyon? Non, mais j’aimerais bien. Et ils le savent ! C’est à eux de me dire oui… Pourquoi l’épreuve vous parle-t-elle particulièrement? Je suis né à Saint-Étienne. Et pendant toute mon enfance et mon adolescence, je suis allé voir ma famille là-bas. Je faisais les trajets en voiture, et cette autoroute… c’est interminable. En 2010, je me suis dit : “Et si tu faisais la SaintéLyon ?” Un gros défi. Ça me parlait. Ça coche toutes les cases pour les ayatollahs de l’écologie : je vais à Saint-Étienne en train et je reviens en courant ! J’aime cette course, vraiment, elle me parle énormément, même s’il y a trop de monde à mon goût. L’affectif prend le dessus. J’aime tout : qu’il fasse nuit, que ce soit en décembre, la météo… Au point que vous travaillez à un projet sur cette course. De quoi s’agit-il? Ça parlerait de la course, mais ce serait romancé, plutôt sous la forme d’un roman graphique cette fois-ci, sans être complètement autobiographique. En prenant la course comme cadre d’une histoire, un aller-retour entre générations, de gens qui ont vécu à Saint-Étienne au début du XXe siècle, avec la course comme axe, comme trait d’union. J’ai commencé à écrire, j’ai le pitch. Ma grand-mère paternelle était institutrice, pas loin du parcours, je veux raconter qu’elle marchait dans la neige, que c’était l’horreur. Et nous, on court là ! L’aspect purement sportif, les chronos, ça ne m’intéresse pas, mais les histoires derrière, si. Dans ce sport, ce qui m’intéresse, ce sont les gens et les histoires qui sont derrière. Je voudrais utiliser mon enfance, mon adolescence, mon âge adulte, pour dire comment les souvenirs naviguent sur un axe, entre ces deux villes reliées par une course. » «Dans ce sport, ce qui m’intéresse, ce sont les gens et les histoires qui sont derrière.» MATTHIEUFORICHON L’invité de la semaine BIOEXPRESS 04.12.1976 Naissance à Saint-Étienne. 2001 DEA de mathématiques appliquées à l’École des mines de Saint-Étienne. 2009 Premier trail: les Cabornis (monts d’Or). 2010 Première SaintéLyon. 2012 Création de ses dessins humoristiques Des Bosses et des bulles. 10 TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025 *RÈGLEMENT ET CONDITIONS DE PARTICIPATION SUR RFM.FR / © GETTY IMAGES Ça bouge LE BAROMÈTRE DES PERSONNALITÉS LYONNAISES +3 GILLES BONNET. Élection. Le professeur de littérature française moderne et contemporaine a été réélu à la présidence de l’université Jean-Moulin Lyon 3 le 7 janvier, après avoir pris la succession d’Éric Carpano, démissionnaire en juin dernier. Dans sa profession de foi, il s’est engagé à «conjuguer la culture de l’excellence de nos formations et de notre recherche, et la prise en compte du quotidien des personnels comme des étudiants». -2 FRANÇOIS BAYROU. Avion. On n’aura jamais autant parlé du conseil municipal de Pau! Après avoir été épinglé pour avoir rallié le Béarn en Falcon de la République française le 16 décembre, le nouveau Premier ministre avait pris soin de rejoindre les Pyrénées-Atlantiques sur un vol commercial le 10 janvier. Sauf que le lendemain, François Bayrou (MoDem) a pris le Falcon — venu à vide depuis Paris — pour se rendre aux obsèques d’Anne Marie-Comparini à Lyon. +5 PIERRIC POUPET. Révélation. Alors que Nando de Colo impressionne encore sur les parquets à 37 ans, Pierric Poupet n’en avait que 39 lorsqu’il a été propulsé entraîneur de l’Asvel en janvier 2024, après le limogeage de Gianmarco Pozzecco. Après un temps d’adaptation, Lyon-Villeurbanne propose un visage séduisant, y compris en Euroligue, terrassant le Real Madrid, le Partizan et l’Étoile rouge de Belgrade, le Zalgiris Kaunas et le Paris Basket. +1 POMME. Position. Avant ses prises de position racistes, antisémites et complotistes, Kanye West était l’un des plus grands rappeurs américains. On imagine le crève-cœur de la chanteuse caluirarde, obligée de se démarquer après l’utilisation de l’un de ses titres par l’artiste controversé: «Je n’ai jamais donné mon accord pour l’utilisation de ce sample (…) étant en profond désaccord avec les prises de position politiques de cet artiste que j’ai pourtant beaucoup admiré». -3 JOE MONTEMURRO. Désillusion. Après une première partie de saison porteuse d’espoir, l’OL féminin s’est pris les pieds dans le tapis en 16es de finale de Coupe de France, éliminé sur la pelouse de Reims aux tirs au but. On pourra à juste titre critiquer les installations, indignes du monde professionnel, mais cela ne devra pas occulter la pauvreté de la partition lyonnaise, inquiétante avant les quarts de Ligue des champions. -6 BASSEM BRAÏKI ET SOFIA BENLEMMANE. Déraison. Deux influenceurs lyonnais dérapent. Le premier, condamné à huit mois avec sursis pour des propos homophobes en 2018, persiste: «Des fois, quand je vois le comportement de ma communauté, j’ai envie d’être du IIIe Reich.» Condamnée à sept mois de prison avec sursis en 2001 pour avoir envahi la pelouse du Stade de France pendant France-Algérie, la seconde est poursuivie pour des propos haineux. TOP3 Cumuldes pointsdepuis le01.01.2025 +5 -2 +3 -3 +1 -6 FLOP3 12 TRIBUNE DE LYON NO 997 DU JEUDI 16 AU MERCREDI 22 JANVIER 2025
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