TRIBUNE DE LYON n°1005 - Page 1 - 1005 3 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 Sommaire TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 5 L’éditodeLilianRenard 6 L’instantanédelasemaine Vague violette Ça bouge 8 L’invitée.Morgane Soulier: «Elles on Board veut féminiser les comités de direction d’entreprises» 12 Lebaromètre despersonnalitéslyonnaises 13 Lesconfidentiels 14 Lieuxetgensdepouvoir Décines.Devant la justice, l’État dénonce l’influence des Frères musulmans sur l’école Al-Kindi Salaires.Les inégalités femmes-hommes diminuent mais demeurent ParcdelaTête-d’or.Lestravaux de réhabilitation vont pouvoir commencer au Chalet du parc 18 Aménagement etenvironnement Saint-Laurent-de-Mure. Le projet géant de la SPA de plus en plus incertain Numérique.L’accélérateur H7 vas’agrandirpouraccompagner des entreprises plus mûres 20 Sciencesetinnovation Chimie.Une étudiante invente l’antivol qui pue la mort 22 Économie Marketing.Moggo, la plateforme des créateurs de contenu en plein décollage 23 Laviejuridique Étudiants.Concours de plaidoirie: cap sur La Haye! Focus 24 Société Santémentale.Ouvert depuis un mois, le centre pour étudiants déborde déjà Dossier 26 Patrimoine.Lumière! 130 ans de magie et de cinéma Sorties 36 Lesimmanquables Exposition.Retour vers le futur 40 Pêle-mêle Concert, exposition, opéra... 42 Cinéma Parthenope. DePaoloSorrentino 43 Onira. D’Enya Baroux BlackDog. De Hu Guan C’estpasduBergman InTheLostLands. De Paul W.S. Anderson 44 L’escapade La Bresse, terre d’histoire et de culture L’Instant T 46 Larencontreavec… Last Train 48 Topgourmand Les bonnes tables du 7e - 1/3 49 Chauddevant LaPéro 50 Lerestaurantdelasemaine ÔGonesdeSaône. Grenouilles et pétanque 51 Surlepouce Vivants. Gnocchis et rock’n’roll Oùboireunverre Tic&Tac.Cocktails et graffitis 53 Leportrait GillesTavernier. Ferronnier d’art 54 Patrimoine Ilétaitunefois… La tour métallique de Fourvière 55 Lejouroù… La chapelle Saint-Alban est sacrifiée pour la circulation Quiest-ce? Maurice Jarre Parlonslyonnais Faire peter la miaille Annonces légales 56 Ventes aux enchères, appels à candidatures, annonces judiciaires et légales Détente 63 Bulles Les funiculaires 4/10 © L. RAULT © MAXIME GRUSS © MASSIMO RIPANI L A S E M A I N E P R O C H A I N E Polluantséternels:qui va payer la facture d’eau? Dossier. Patrimoine.Lumière! 130ansdemagie etdecinéma L’escapade. LaBresse, terred’histoire etdeculture Lesimmanquables. Exposition. Retourverslefutur C omment, dans un coupable déni et par une superbe arrogance, oser évoquer la naissance du cinéma sans citer Lyon, berceau des Lumière et du premier film tourné en 1895 à la sortie de leur usine de Monplaisir? La ministre de la Culture, Rachida Dati, vient d’assumer cet oubli effronté, dans le cénacle très parisien et parfois vaniteux de la Cinémathèque française, lors de la cérémonie célébrant les 130 ans du cinéma. Quinze pages de discours et d’une déclaration d’amour convenue, sans une seule fois évoquer la ville qui a donné vie à l’image et enfanté sa magie éternelle. On était là pourtant, ce lundi soir, devant le gratin du cinéma français, convié à la projection du dernier film de Thierry Frémaux sur les frères Lumière et leur legs incommensurable. L’omission n’en paraît que plus inélégante… Cette mauvaise manière va d’ailleurs au-delà de la meurtrissure égotique ou du chauvinisme inepte alors que s’esquisse la création prochaine d’un musée national du Cinéma. Car la ministre, par-delà son indélicatesse, a aussi chargé la Cinémathèque et le CNC de préfigurer ce projet, semblant encore tout promettre à la capitale et ignorer l’hypothèse lyonnaise. Après la forfaiture patrimoniale, il y aurait là comme une captation d’héritage! Il faut donc rappeler à l’ambitieuse ministre que le cinéma est né à Lyon et qu’il mérite d’être honoré en ces lieux. Le musée national du Cinéma doit voir le jour entre Rhône et Saône et se défaire de cet incorrigible centralisme germanopratin. Ce plaidoyer peut fédérer au-delà des amoureux du septième art, mobiliser acteurs culturels, économiques et politiques afin d’imposer l’évidence à Paris, trop souvent jacobine et prédatrice, et dont l’une des figures, sans doute très pressée d’être candidate à sa Mairie, balaye d’un revers l’histoire et l’idée qu’il se passe des choses loin de la Seine. Pour accueillir ce musée à Lyon, les possibles ne manquent pas, de l’extension déjà en projet de l’Institut Lumière jusqu’au musée Guimet dont on ne sait toujours que faire. À la fin du XIXe siècle, l’État et Paris avaient accaparé les collections d’Émile Guimet, certes à l’époque déçu par la fréquentation de son musée et l’accueil que lui réservaient les élus lyonnais. À ces derniers de démontrer qu’ils sont déterminés à défendre leurs trésors désormais, aux autres de réparer cette indélicatesse et de financer un ambitieux musée national à Lyon. Il est des villes où l’on a érigé des totems coûteux pour pas grand-chose, célébré sans modestie la moindre spécialité locale, vanté la plus éphémère et insigne invention. Lyon, elle, alanguie dans une étrange discrétion, sinon dans un coupable désintérêt, s’est souvent gardée d’affirmer trop fort qu’elle fut à l’origine de l’une des plus grandes révolutions culturelles et sociales de l’histoire: l’invention du cinéma. Il est temps de le rappeler au monde entier. Et d’abord à Madame Dati. ILS LE DISENT ICI MadameDati,c’estàLyon qu’estnélecinéma,c’estlà qu’ilfautl’honorerd’unmusée Édito © PIERRE FERRANDIS MORGANESOULIER Consultanteetcofondatrice d’EllesonBoard>P10 «Plusilyade femmes,plus l’entrepriseprend consciencede certaineschoses.» © MAXIME GRUSS «Nousavions lerêvedefaire revenirles filmsLumière ensalle.» THIERRYFRÉMAUX Directeurdel’InstitutLumière>P28 GILLESTAVERNIER Ferronnierd’art>P53 «Onestartisan, maisavecune sensibilité artistique.» © PIERRE FERRANDIS Édité par Rosebud SA • 10 rue des Marronniers, CS 40215, 69287 Lyon Cedex 02 • Pour joindre votre correspondant, composez le 04 72 69 15 15. 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En réponse à l’appel du collectif Droits des femmes 69, plusieurs milliers de personnes ont déferlé le long du Rhône, samedi dernier, pour célébrer la Journée internationale des droits des femmes. Côté pancartes, c’était le festival de la punchline. «Moins de casseroles, plus de wokes», pouvait-on lire sur l’une d’entre elles. Malgré la joie ambiante, les notes de fanfares et les rayons du soleil, une inquiétude planait: cette année, les regards étaient tournés vers l’Atlantique et le chef d’État au teint orange, qui a inspiré aux manifestants autant de craintes que de slogans. NINA LACOUR L’instantané de la semaine PAR PIERRE FERRANDIS MorganeSOULIER «EllesonBoard veutféminiser lescomités dedirection d’entreprises» Comment le projet Elles on Board s’est-il présenté à vous? Morgane Soulier: «Après 15 ans passés à Paris, je suis revenue vivre à Lyon il y a 2 ans, et je ne connaissais plus personne, à part mes parents. Je me suis donc dit qu’il fallait que je m’intègre dans des associations, des réseaux et j’ai rencontré Carole Dufour*, qui était à l’International Women’s Forum (IWF)**. Elle m’a proposé d’intégrer ce réseau. Et ensemble, on a eu l’idée de créer cette association. Pourquoi avoir besoin d’une autre structure dédiée, l’IWF ne pouvait-elle pas convenir? Les autres associations qui existent ne sont pas spécifiquement dédiées à ces instances de gouvernance, et on a voulu être porteuses de cette idée. Car si l’IWF est effectivement mobilisée sur ce sujet, ses critères ont une vraie “verticale” internationale. Or, on voulait être plus inclusives. Il y a beaucoup de femmes qui ont vocation à se trouver dans des instances de gouvernance ou des conseils d’administration (CA), mais qui n’ont pas cette casquette. Et on voulait s’ouvrir à beaucoup plus de secteurs d’activité — le sport, les domaines associatifs et culturels — et ne pas se restreindre aux entreprises industrielles ou bancaires. Quelles missions vous fixez-vous? Sensibiliser sur l’enjeu de féminiser les instances de gouvernance et les comités de direction d’entreprises. Ona,parminosadhérentes,desfemmesdéjàprésentes en CA qui peuvent aider celles qui n’y ont pas encore accédé.Onveutaider lesfemmesà prendreconscience qu’elles peuvent accéder à ces postes. On a cette ambitiondecréerunecommunautéd’entraideetdepartage d’expérience, et de sensibiliser les grands acteurs régionaux. On s’adresse aux femmes d’influence, comme Marie-Christine Plasse, qui va diriger le Cojop (Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques); on a Emmanuelle Durand, la directrice de programmationdesNuitsdeFourvière.EtKathieWerquin-Wattebled, qui est à la tête de la Banque de France. Quelle est la différence entre instance de gouvernance et conseil d’administration? Dans les comités de direction, on est interne à l’entreprise, salarié. On fait intégralement partie © PIERRE FERRANDIS Morgane Soulier est consultante et conférencière spécialisée en intelligence artificielle et en transformation numérique des entreprises. Elle fait aussi partie des huit fondatrices de l’association Elles on Board, créée début février pour agir en faveur d’une féminisation des instances de gouvernance des entreprises. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART L’invitée de la semaine 8 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 MorganeSouliern’estpasseulement conférencièresurlethèmedel’intelligence artificielle:ellemetaussidirectement lesmainsdanslecambouis.Ouplutôtles pinceauxdansMidjourney,legénérateur d’imagesparIA.LaLyonnaiseestd’ailleurstout enthousiastepuisque,quelquesjoursaprès notrerencontre,ellepartpourNewYork,à Chelsea,oùsesœuvresserontexposéesdans unegaleried’art.Sontravail,onirique,poétique, symboliqueetludique,neserangepasdans lacatégoriedesimagesquiveulenttromper leurmonde.«Audébut,j’aivoulu,commetout lemonde,fairedestrucsréalistes,Macronen doudoune,etc.Maisplusj’aicréé,plusjesuis alléedanslaféerie.Pourtant,jen’aijamaissutenir unpinceau!J’airéalisé100,200,300créations etj’aiétécontactéepardesgaleriesd’artdans lemondeentier.»Maisréaliserdesimagespar IA,est-cedel’art?Undébatqu’elleaccueille avecgourmandise.«J’aivendudescréationsà degrandscollectionneursetladémarcheest artistique.Çapeutprendrepresqueunmois,je rédigeunprompt(indicationspourl’IA,NDLR), puisjemodifie...Jepensequel’onenestaumême momentqueceluioùlespeintrescritiquaientles photographes.C’estjusteunenouvelleforme d’art.»Undébouchélogiquepourcellequise définitautourdedeuxtraits:lapassiondes rencontresetlacuriositéautourdel’innovation. Aufildesacarrière,elleacréélapremièrepage Facebookd’Orangeetgérél’intégrationde NetflixenFranceparl’intermédiaired’Orange justement,avantdebasculerdansunejeune entreprisedesantéconnectée.Ellesefaiten parallèlelaporte-paroled’EllesonBoard,dont leshuitcofondatrices(àsescôtés:Virginie Boissimon-Smolders,CaroleDufour,Céline GasconGuénault,VanessaGirardet,Isabelle Grosmaitre,SéverineHervetetMarie-Sophie Obama)s’apprêtentdanslessemainesetmoisqui viennentàorganiserrencontresetconférences. © PIERRE FERRANDIS Mon déjeuner avec Morgane Soulier Zucca 70 quai Charles-de-Gaulle, Lyon 6e . —Notrerepas— Un filet de daurade. Une quenelle de brochet. Deux salades de fruits. Une eau gazeuse. Un café et un déca. —L’addition— 71,10 € 9 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 de l’entreprise. En CA, c’est quelqu’un d’externe qui participe aux réflexions : associés, représentants des salariés... Le plafond de verre est-il le même dans les deux cas? En 2011, la loi Copé-Zimmermann a demandé 40 % de représentation des femmes dans les CA des grandes entreprises. Aujourd’hui, on en est à 46 % dans les entreprises du CAC 40. Mais on tombe à 17 % dans les comités de direction, ce qui est très bas ! Dans le milieu de la tech, du numérique, on est à 12 %. On est par contre un peu mieux représentées dans le domaine de la santé. Est-ce que les choses s’améliorent? Je pense que les mentalités évoluent. Au départ, je ne suis pas du tout féministe, je suis contre les quotas... Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose d’imposer une femme parce que c’est une femme, mais quand on voit les résultats de la loi... Les quotas permettent à des femmes d’être nommées, pas forcément par méritocratie. Mais le constat est qu’elles sont aussi bonnes, voire meilleures, que les hommes. Il faut s’entourer de meilleurs que soi. Cela participe à changer les mentalités petit à petit. La société évolue, mais c’est lent. Je suis pour la mixité, mais pas uniquement entre les hommes et les femmes: origine ethnique, sociale... Mais on en est loin! Vous le ressentez-vous même au quotidien? Je suis consultante conférencière... Récemment, on m’a appelée pour me dire: “On a besoin d’un conférencier et en plus, comme vous êtes une femme, ça fera du bien!” Je pourrais mal le prendre. Mais quand je donne des conférences, systématiquement, les clients sont contents. J’arrive à un moment où c’est une chance, pour la pluralité des points de vue. La semaine dernière, j’ai donné une conférence dans une grande banque. Il y avait une table ronde et, sur sept personnes, j’étais la seule femme à parler. Cela dit quelque chose. À la fin, la première personne à prendre le micro a fait la remarque qu’au niveau de la parité, on n’y était pas. Et c’est un homme qui l’a dit. Certaines cheffes d’entreprise reconnaissent que, parfois, les hommes «réseautent» mieux, osent plus. Le constatez-vous vous aussi? Pourquoi les femmes n’évoluent pas dans l’entreprise et les CA? Il y a certes le plafond de verre, mais elles accordent aussi beaucoup moins de temps au réseau. Alors que les hommes vont plus facilement à des dîners, rencontrer du monde. Pour de nombreuses raisons, dont la première est familiale. Les clichés perdurent, malheureusement. J’ai un exemple très concret: ma sœur a eu beaucoup de responsabilités dans plusieurs sociétés(Google,Canal+)etaujourd’hui,elleestàlatête d’un grand cabinet de recrutement de hauts dirigeants. Quand elle avait 35 ans, elle a été approchée pour faire partied’unCA.Ellem’aexpliquéavoirrefuséàl’époque parce que cela aurait été trop compliqué. Participer à un CA demande du temps, de la préparation, et elle avait déjà tellement de travail à plein temps. Cela aurait dégradé d’autres choses, comme le temps avec son fils, sesamis,etc.OnavoulucréerEllesonBoardaveccette idée en tête: intégrer un CA demande de se préparer, et les femmes se posent beaucoup de questions qu’elles n’osentpasposer.Onavouluimaginerunlieuconvivial et confidentiel pour partager ses doutes sur sa carrière. Avec l’idée de mettre en avant chacune pour prendre la parole et être identifiée. L’idée est aussi de faire office de passerelle? Oui, les femmes qui nous rejoignent ont passé un stade qui leur donne envie de progresser encore. On va pouvoir être une passerelle, effectivement. On a créé l’association début février et on a déjà des entreprises qui nous ont contactées, car elles cherchaient des administratrices de tel ou tel profil. On a été identifiées rapidement. Et on a déjà pu donner cinq ou six noms. Une étude montrait récemment que les femmes apportent aussi un regard différent, par exemple vis-à-vis de la RSE... Tout cela montre avec le recul que, plus il y a de femmes, plus l’entreprise arrive à prendre conscience de certaines choses, et à se développer différemment. Je vais vous donner un exemple: un jour, dans une entreprise, quelqu’un m’a raconté qu’on se demandait pourquoi il n’y avait pas plus de femmes dans le comité de direction. Une femme du CA a regardé les critères. Il y avait, entre autres: avoir passé tant de temps à l’étranger entre 30 et 40 ans. Or, ce critère-là est très difficile à remplir pour une femme, car c’est à cet âge-là qu’elle fonde une famille, qu’elle fait des enfants... Parce qu’elle l’a vécu, cette femme a pu dire au CA: ne vous étonnez pas si aucune femme ne peut remplir les conditions! Et ce critère a été retiré. On part de loin, donc... Mais on avance! Je préfère voir le verre à moitié plein. C’est symbolique et signifiant, même si c’est un peu triste.» *PDG de l’agence de communication ID en Tête, ancienne directrice de la communication de la Ville de Lyon et du Grand Lyon. **Un réseau mondial de femmes dirigeantes, dont les dernières présidentes auralpines sont Valérie Lorentz-Poinsot (ex-Boiron) et désormais Vanessa Girardet, associée chez Deloitte. «Des entreprises nous ont contactées, car elles cherchaient desadministratrices.» MORGANE SOULIER L’invitée de la semaine BIOEXPRESS 17.03.1984 Naissance à Lyon. 2007 Entrée chez Orange où elle reste jusqu’en 2011. 2015 Création d’une première structure de conseil en stratégie des réseaux sociaux. 2019 Lancement de Feeleat, une entreprise dans le domaine de la santé connectée. 2021 Lancement de Now Futures, société de conseil et de conférences spécialisée en IA générative. 10 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 Ça bouge LE BAROMÈTRE DES PERSONNALITÉS LYONNAISES +3 MÉLINA ROBERT-MICHON. Terminator. Les superlatifs manquent pour qualifier la carrière de Mélina Robert-Michon. Vice-championne olympique à Rio en 2016, médaillée d’argent aux Championnats du monde en 2013, et de bronze en 2017, la discobole vient de remporter un 41e titre de championne de France avec un meilleur lancer que celui réalisé aux JO de Paris. À 45 ans, la pensionnaire du Lyon Athlétisme n’a pas dit son dernier mot. -2 THIERRY TÉODORI. Tort. Poursuivi pour prise illégale d’intérêts, l’ancien directeur de la Halle Tony-Garnier de 1996 à 2021 vient d’être condamné à 25000 euros d’amende, dont 12000 euros avec sursis, d’après nos confrères du Progrès. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique avait saisi le procureur après avoir découvert que Thierry Téodori avait, quand il dirigeait la Halle, travaillé pour la société de production TS3 et sur la tournée de Mylène Farmer. +5 OLIVIER GINON. Record. GL Events a le vent en poupe. Après des JO de Paris réussis, le géant lyonnais de l’événementiel affiche un chiffre d’affaires record avec 1,6 milliard d’euros, 15 % de plus qu’en 2023. Et 2025 pourrait être un autre grand cru puisque le no 1 mondial du secteur a récupéré l’exploitation des lieux d’exposition de Marseille, Canton et Santiago, en attendant celle du Stade de France une fois les recours du consortium Vinci-Bouygues purgés. +1 LUCAS PERRI. Cador. Après une première partie de saison satisfaisante mais déstabilisée par la cohabitation avec son prédécesseur Anthony Lopes, le gardien de but brésilien s’épanouit à Lyon. Si l’OL reste sur trois victoires consécutives, dont l’une sans prendre de but, c’est grâce à lui. Présélectionné pour disputer les qualificatifs de la Coupe du monde 2026 avec la Seleção, le portier n’a finalement pas été retenu mais postule plus que jamais. -4 CÉDRIC FECHTER. Aéroport. Le président du directoire de l’aéroport Saint-Exupéry se retrouve avec un épineux problème sur les bras: plusieurs sous-traitants sont soupçonnés de surveiller illégalement leurs salariés. Nos confrères de Mediacités et du Progrès ont révélé que les prud’hommes avaient condamné à cinq reprises ces sociétés pour des licenciements sans cause réelle et sérieuse, intervenus après usage de la vidéosurveillance. -6 YOUCEF BENZEMMA. Retors. Ces septuagénaires, octogénaires et nonagénaires de la Loire, du Rhône et de l’Ardèche pensaient faire une bonne affaire en achetant de grands crus auprès d’un représentant en vin affable. Sauf que l’homme profitait de leur faiblesse — âge, maladie, isolement — pour surfacturer les bouteilles pour un préjudice de 220000 euros, rapporte Le Progrès. Sa sanction: trois ans de prison ferme et 50000 euros d’amende. TOP3 Cumuldes pointsdepuis le01.01.2025 +5 -2 +3 -4 +1 -6 FLOP3 12 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 PS. À Lyon, François Hollande laissé à la porte de la fédé Lyon 8e. Handicap International s’apprête à quitter Monplaisir Fondée à Lyon en 1982, Handicap International va quitter ses locaux trop grands de Monplaisir. Les plus de 400 collaborateurs du siège de l’ONG devraient s’installer au Tonkin, à Villeurbanne, au sein du projet qui va remplacer l’ancienne clinique. Icade en a commencé les travaux en début d’année. Le bâtiment de la médiathèque sera livré en décembre 2026, au-dessus de laquelle s’installerait l’association. Non loin, Cegid, fondée par Jean-Michel Aulas, va quitter le 9e pour gagner le nouvel immeuble qui remplacera l’Espace Tête-d’Or, boulevard Stalingrad. D.G. On a beau avoir été président de la République, les portes vous sont quand même parfois claquées au nez… C’est ce qui est arrivé à François Hollande, boudé par la fédération PS du Rhône qui n’a pas jugé nécessaire de l’accueillir à Lyon jeudi dernier. Après une séance de dédicaces de son livre, Le Défi de gouverner, l’ancien Président souhaitait rencontrer des militants à la fédération. Or, les instances locales du PS, plutôt proches d’Olivier Faure, ont ostensiblement esquivé sa demande, expliquant que les locaux étaient occupés. De quoi faire bondir d’autres élus socialistes. «La fédération n’a été prévenue que tardivement et une réunion était d’ores et déjà prévue ce soir-là», justifie Fabrice Matteucci, secrétaire fédéral du PS. «Quand un ancien Président propose de rencontrer les militants, la courtoisie républicaine et socialiste voudrait que la réunion soit décalée», tance en retour un cadre socialiste. Ambiance… L.R. Ordures ménagères. La Métropole va construire un nouvel incinérateur à 250 millions Dans le budget que la Ville de Lyon s’apprête à voter, une ligne ressort comme particulièrement douloureuse: la nécessaire reconstruction de l’UTVE Lyon Sud. Autrement dit l’unité de traitement et de valorisation énergétique mise en fonctionnement en 1989 à Gerland, comme sa petite sœur de Lyon Nord d’ailleurs, située à Rillieux-la-Pape. Un «fonctionnement acceptable» des deux installations est envisagé jusqu’à l’horizon 2030-2032. Après étude de faisabilité, il a été décidé que le choix le plus pertinent consistait à envisager la reconstruction de l’UTVE Lyon Sud sur la parcelle mitoyenne à l’actuelle, et à prévoir la rénovation du traitement des fumées de celle de Lyon Nord pour prolonger sa durée de vie jusqu’en 2040. Le dossier prioritaire étant la reconstruction de l’incinérateur de Gerland, chiffrée à quelque 248 millions d’euros. D.G. © ÉLISA HILAIRE Ça bouge DANS L’ANTICHAMBRE Les confidentiels 13 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 A près l’annonce par la PréfectureduRhônele10 janvierdelarésiliationducontrat d’association avec l’État d’Al-Kindi, l’établissement scolaire musulman privé a saisi le tribunal administratif de Lyon en référé afin d’obtenir la suspension de cette décision, lundi 10 mars. Pour l’institution (école, collège et lycée) installée à Décines depuis 2007, la perte économique serait de l’ordre de 1,7 million d’euros, entre la fin des financements étatiques, la perte d’attractivité et l’incertitude pour l’avenir, justifiant à ses yeux l’urgence à suspendre la décision préfectorale. Estimant sa réputation entachée par les accusations de l’administration, l’école a également abordé le fond du dossier afin de « rétablir son honneur » : « Ce que le ministère de l’Intérieur conteste, c’est qu’Al-Kindi développe une élite musulmane, a dénoncé son avocat Me Sefen Guez Guez à l’issue de l’audience. C’est une décision injuste, discriminatoire, islamophobe et complotiste. On nous explique que, pendant des années, l’État aurait financé les Frères musulmans.» La représentante de l’État, Pascale Léglise, avait quelques minutes plus tôt considérablement haussé le ton par rapport aux éléments qui avaient initialement motivé la résiliation du contrat. Alors qu’étaient jusqu’ici reprochés à l’établissement une confusion dans sa comptabilité entre sous contrat et hors contrat, des manquements pédagogiques et des atteintes aux valeurs de la République, la directrice des Libertés publiques et des Affaires juridiques au ministère de l’Intérieur est allée beaucoup plus loin. Rappelant plusieurs faits admis par Al-Kindi — la mise à disposition dans le CDI d’ouvrages problématiques, les propos équivoques d’un enseignant en éthique de l’islam, la non-transm i s s i o n d e p u i s 2 0 2 2 d e s bilans comptables de l’école —, Me Léglise a estimé que ces faits n’étaient pas à prendre isolément mais qu’« ils font système. Le contenu pédagogique, la ligne éditoriale, illustrent la pensée des Frères musulmans ». Pire, l’établissement dispenserait, selon elle, « une vision fondamentaliste et séparatiste de la société». Mais alors, et ce fut la ligne de défense d’Al-Kindi, pourquoi ne pas avoir réagi plus tôt, après neuf contrôles du rectorat depuis 2013? «Ces décisions administratives sont prises en fonction de l’ordre public, a-t-elle justifié. On s’est aperçus que le lycée formait ses élèves avec cette pensée, des citoyens qui auront un biais dans leur raisonnement, des citoyens séparatistes.» Et la représentante de Beauvau d’insister sur l’urgence de la mesure : « Il y a le feu. Il faut stopper les visées séparatistes et la pensée frériste.» Autant de signaux alarmants selon elle « pour que l’intérêt général justifie l’absence de suspension de la décision de la Préfecture». RODOLPHE KOLLER Décines. Devantlajustice,l’Étatdénoncel’influence desFrèresmusulmanssurl’écoleAl-Kindi © SUSIE WAROUDE Ça bouge LIEUX ET GENS DE POUVOIR Calendrier. L’un des fondateurs d’Al-Kindi, Hakim Chergui, s’est étonné du timing de cette charge violente et inédite des autorités: «On a appris qu’on nous reprochait une proximité avec les Frères musulmans dans la presse, à l’issue de la procédure», a-t-il fait remarquer, regrettant que l’on fasse «d’Al-Kindi le Poudlard de l’islamisme». Le tribunal a indiqué réserver son jugement — sur l’urgence à statuer uniquement — pour la fin de la semaine. Puis la chambre régionale des comptes rendra sous un mois un rapport également très attendu. Retrouvez l’actualitépolitique lyonnaisesur tribunedelyon.fr Le tribunal administratif de Lyon. 14 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025 Le marchepied fait à l’extrême droite, ce n’est pas mon truc» C’est,enmillionsd’euros, lasubventionqueleconseil delaMétropoledeLyon alloueraàOnlyLyon&Co (ex-Aderly)lorsdela séancedu17mars,en baissede10%.En2024, 61projetsd’implantation ontétéaccompagnés pour1259emplois créésàtroisans. The Village. Le village de marques de Villefontaine aimerait ouvrir le dimanche et a pour cela obtenu le feu vert des collectivités du NordIsère, en attendant celui de la Préfecture. Le maire de Lyon Grégory Doucet (Les Écologistes) s’est dit «résolument défavorable», pointant la disparition d’un millier d’emplois dans le commerce de détail dans la métropole en 2024 et un taux de vacance commerciale passé de 4,2 à 6,2 % en trois ans en Presqu’île. D.G. Selon un rapport de l’Insee, si les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail en AuvergneRhône-Alpes, elles demeurent moins bien rémunérées que les hommes. Ainsi, en 2022, parmi les salariés du secteur privé, les femmes touchaient en moyenne 1515 euros net mensuels soit 24,6 % de moins que les hommes (2008 euros). Le volume de travail est la première explication de cet écart puisque 72,3 % des femmes occupent un emploi à plein temps contre 92 % des hommes. Ces derniers travaillent en moyenne 188 heures mensuelles contre 106 heures pour les femmes. À temps de travail comparable, «les écarts de salaires se réduisent mais persistent». Ainsi, en 2022, le salaire net mensuel d’une femme à temps plein s’élève en moyenne à 2289 euros, tandis que son homologue masculin touche 2702 euros, soit une différence de 15 % contre 19 % en 2017. Le rapport pointe également une surreprésentation des femmes parmi les bas salaires. Les disparités sont fortement prononcées dans le secteur des activités financières et d’assurance, où les femmes gagnent en moyenne 32 % de moins que les hommes. À l’inverse, ces écarts sont moins importants dans le secteur de la construction (1,8 %) et les industries extractives de l’énergie, de gestion des déchets et de dépollution (1,4 %), mais ces secteurs sont majoritairement masculins. JULIA PARET Salaires. Lesinégalitésfemmes-hommes diminuentmaisdemeurent L’adjoint au maire de Villeurbanne, Jonathan Bocquet (Place publique), s’est mis LFI à dos après sa sortie critique chez nos confrères de Lyon Première. «Inacceptable de la part d’un membre de la majorité à laquelle nous appartenons», répliquent les insoumis. D.G. Région. Wauquiez à nouveau sommé de fournir les factures Laurent Wauquiez et la Région vont-ils enfin se conformer aux injonctions de transparence qui leur sont adressées? Après le Conseil d’État, qui avait rejeté le pourvoi de la collectivité s’opposant à l’obligation qui lui était faite de communiquer certaines pièces relatives au fameux Dîner des sommets, c’est cette fois la Cada qui impose à la Région d’ouvrir ses registres. La Commission d’accès aux documents administratifs, saisie par le groupe socialiste au conseil régional, estime en effet que les demandes de l’opposition sont fondées, tant pour le Dîner des sommets que pour les dépenses de communication de la Région pointées par la chambre régionale des comptes, entre déjeuners d’affaires coûteux et sondages d’opinion centrés sur la personnalité de Laurent Wauquiez. L.R. Désavoué par la Préfecture du Rhône, qui lui avait ordonné le 10 février de suspendre le dispositif de congés menstruels expérimenté depuis octobre 2023 par la Métropole de Lyon, le président de la collectivité Bruno Bernard (Les Écologistes) appelle dans un courrier à une «sécurisation du dispositif». À l’instar des tribunaux administratifs de Toulouse et de Grenoble, qui avaient constaté l’absence de cadre législatif, et après le rejet en février 2024 par le Sénat d’un texte de loi instaurant un tel congé, Bruno Bernard en appelle à une «intervention rapide du législateur». 125 des 9800 agentes de la Métropole avaient eu recours au dispositif. N.L. Congé menstruel. La Métropole en appelle au gouvernement © FRANCK CRISPIN En bref 3 © SUSIE WAROUDE Çavase passerici © DR 15 TRIBUNE DE LYON NO 1005 DU JEUDI 13 AU MERCREDI 19 MARS 2025
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