L'OPINION n°250625 - Page 1 - 250625 2 l’Opinion 25 juin 2025 Toujours un œil sur Matignon. La semaine dernière,lavisitedeFrançoisBayrouausalondu Bourgetn’apaséchappédanslamacronieoùl’on s’amuse encore de la vidéo du Premier ministre ayant du mal à s’extirper du cockpit du Rafale. «Ilaréussiàsortirfinalement?demandeingénumentunvisiteurduprésident.Parcequesinon,il y a le bouton éjection… » Ce n’est pas l’envie qui manque. Depuis la nomination de chef du MoDem à Matignon, l’agacement du président de la République à l’égard de son Premier ministre n’a fait que croître. Au départ, Emmanuel Macron lui avait confié une mission: assurer la stabilité politique et poursuivre les réformes. La première s’est opérée au détriment de la seconde. Certes, le gouvernement n’est pas tombé. Mais en contrepartie, le pays s’est englué dans la mélasse parlementaire. Jusqu’à présent, Emmanuel Macron a laissé faire. « Le président préside et le gouvernement gouverne», serine-t-on quotidiennement à l’Elysée. C’est dans son coin que François Bayrou élabore son budget 2026, informant juste le chef de l’Etat de ses grandes orientations. C’est aussi dans son coin que François Bayrou tente de faire aboutir le conclave sur la réforme de la réforme des retraites, sans prévenir le Président de ses initiatives.C’estenfindanssoncoinqueFrançois Bayrou tente de maintenir son «socle commun» à flot, sans tenir compte des conseils d’EmmanuelMacron. Psychodrame. «Quand le Premier ministre voitleprésident,illuifaitduBayrou»,résumeun proche du chef de l’Etat. En clair, il noie le poisson dans un torrent de grandes considérations définitives et haut perchées. Souvent, personne n’y comprend rien, pas plus à l’Assemblée qu’à l’Elysée, et encore moins dans le pays. « Nous avonsprislepartidenepasêtreaudiblesetd’être incompris pendant quelques mois », plaide un proche de François Bayrou à propos de l’élaboration du budget. Encore faut-il réussir à tenir jusqu’au 15 juillet, date prévue pour dévoiler comment il compte réaliser 40 milliards d’euros d’économies. Car les limites de la méthode Bayrou commencent à apparaître. Au point de provoquer un discret rappel à l’ordre d’Emmanuel Macron. « Il nous faut de la stabilité ambitieuse, a plaidé le chef de l’Etat depuis la Norvège. La stabilité ne doit pas nous conduire à l’immobilisme. » Avec le psychodrame du conclave sur les retraites, la petite musique du « tout ça pour ça» a commencé à se faire entendre. Et avec elle, celle de la censure du gouvernement, donc de la chutedeFrançoisBayrou. Instabilité politique d’un côté, immobilisme de l’autre, ce serait donc un échec de la mission confiée à François Bayrou par le président de la République. « La situation politique est éruptive, la situation budgétaire est dangereuse, la situation internationale est explosive. Toutes les conditions sont réunies pour que le pays replonge dans l’instabilité», met-on en garde dans l’entourage de François Bayrou. Si ce dernier devait quitter Matignon, son successeur se retrouverait dans la même situation. Une Assemblée nationale ingouvernable sur laquelle deux Premiersministresseseraientdéjàcassélesdents. François-Xavier Bourmaud @fxbourmaud @fxbourmaud X X Lediscretrappelàl’ordre deMacronàsonPremierministre « La stabilité ne doit pas nous conduire à l’immobilisme », a prévenu Emmanuel Macron. SIPA PRESS l’opportunitédedébattredetoutelaréformedes retraites, y compris du retour à 62 ans ». Le chef du gouvernement ne dit ni oui, ni non: « Quel que soit le chemin législatif que nous prendrons, il est pour moi inacceptable de laisser détruire l’équilibrefinancier.»LaconclusiondeBorisVallaud claque: «Cela nous contraint à déposer une motiondecensure.» Le député PS Laurent Baumel résume l’état d’esprit général de ses camarades: «Nous avons été floués par ce type. On est parti négocier sous les ricanements de Mélenchon et des autres. On a négocié, on a arraché une clause de revoyure sur les retraites, on a avalé notre chapeau sur le budget. Au bout d’un moment, il se paye ouvertement notre tête. Il est normal de procéder à un soldedetoutcompte.» Jeu dangereux. Dans la tempête, le centristegardelaconfiance.Convaincudepouvoir aboutir à un accord, il pilote tout lui-même. Le dimanche 15 juin, il convoque, tard dans la soirée, le président de la CGPME, Amir Reza-Tofighi, persuadé qu’il possède une idée d’accord immanquable pour le patronat. « Le conclave, c’est un sujet PM-PM », évacue un conseiller ministériel. Se fâcher avec la gauche, OK. Tant qu’il reste en bons termes avec le Rassemblement national. Justement à ce sujet… La proposition de loi de programmation de l’énergie a été rejetée mardi après-midi par 377 contre et 142 pour. Charcutée par l’Assemblée nationale, celle-ci reprenait les revendicationsduRN. La clé de la non-censure de Marine Le Pen réside dans la date de publication du décret gouvernemental qui fixera la programmation pluriannuelle de l’énergie. Au ministère des Relations avec le Parlement, on continue de promettre que le décret ne verra pas le jour avant la fin du parcours parlementaire, même si cela le repousse de plusieurs mois. Dans l’entourage du lll Suitedelapage1 ministredel’Industrie,MarcFerracci,onaffirme qu’il « a toujours été dit qu’on laisserait le texte arriverauParlementpourqu’ilyaitdiscussionet que de ces discussions puissent être amendés le décret. Jamais qu’on attendrait l’adoption définitivedelapropositiondeloi». Attention, jeu dangereux. « Je pense que M. Bayrou est au courant de ce qui lui arrivera s’il publie le décret avant la fin de la navette parlementaire », confie le député RN, JeanPhilippe Tanguy. Le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen maintient la pression sur le Premier ministre. C’est bien l’objectif: se retrouver dans la position qu’il occupait avec Michel Barnier au moment de l’examen du budget. A ce titre, il avait obtenu plusieurs victoires, dont l’annulation du déremboursement des médicaments via un communiqué de presse diffusé quelques heures avant le vote du budget de la Sécurité sociale. Un conseiller ministériel voit dans l’allocution surprise de François Bayrou mardi au petit matin un air de famille avec cet ultime geste de Michel Barnier. LeSavoyardétaittombédeuxjoursplustard. @mdeprieck @mdeprieck X X @DinahCohen @DinahCohen X X @A_Oberdorff @A_Oberdorff X X @Chr_Ollivier @Chr_Ollivier X X Le RN maintient la pression sur le Premier ministre. C’est bien l’objectif: se retrouver dans la position qu’il occupait avec Michel Barnier François Bayrou à l’Assemblée nationale, le 18 juin. SIPA PRESS Avec la réforme d’Elisabeth Borne, quatre personnes sur dix n’étaient déjà pas concernées par le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans du fait des aménagements prévus. Privés d’un recul sur l’âge légal, leur principal cheval de bataille en 2023, les syndicats réformistes ont cherché d’autres leviers pour élargir les départs anticipés dans le cadre du conclave. Via la prise encomptedelapénibilité,notamment.LaCFDT exigeait le retour des trois critères écartés au débutdupremierquinquennatd’EmmanuelMacron (port de charges lourdes, vibrations mécaniques,posturespénibles). Pour ne pas ressusciter une usine à gaz en mesurant l’exposition de chacun, tous les salariés concernés par ces critères dans des métiers identifiés auraient eu droit, non seulement à des aménagements de carrière, mais aussi à des départs anticipés. A charge pour l’employeur de démontrer qu’il avait adopté des mesures de prévention suffisantes pour sortir ses salariés concernés de la liste. C’est là que le désaccord avec le patronat s’est cristallisé: ce dernier redoutait la résurgence, par la petite porte, de « régimes spéciaux ». Selon la CFDT, la mesure auraitbénéficiéàquatremillionsdesalariés! Tiraillé entre ses branches professionnelles, le camp patronal a fini par accepter que les salariés concernés puissent bénéficier de départs anticipés, mais avec le garde-fou d’un avis médical pour constater les conséquences réelles de l’exposition. Une méthode bien trop restrictive selon les syndicats, qui font valoir que la médecine du travail est déjà débordée. « C’est idiot, car si vous permettez à tout le monde de partir avant, vous n’inciterez jamais les employeurs à faire le job de la prévention. A terme, c’est infinançable»,considèrelenégociateurdelaCPME, EricChevée. Autrepierred’achoppement,lefinancement desaménagementsàlaréformede2023.Lespartenaires sociaux se sont entendus pour mettre à contribution les retraités, sous la forme d’une sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation (de 0,8 point en 2026 et 0,4 point en 2027 et jusqu’à 2030), ainsi que par un alignement du tauxdeCSGsurceluidesactifs. Forfait social. Sauf que ces recettes – censées permettre d’atteindre l’équilibre financier, ou quelque six milliards d’euros en 2030 – ne sont pas vraiment à la main des partenaires sociaux. Le Medef et la CPME craignent que les députés s’opposent à de telles mesures, compte tenu du poids politique des retraités, ce qui irait contre l’objectif de redressement des finances publiques. La droite a toujours affiché son hostilité à toucher au niveau des pensions, de même queleRN. C’est pour cette raison que le camp patronal n’était prêt à faire aucune concession sur la nécessité de ne pas dégrader la situation financière actuelle des retraites. Autrement dit, toutes les modifications (notamment pour les femmes ou sur la baisse de l’âge d’annulation de la décote à 66,5 ans, une mesure estimée à 600 millions en 2030...)devaientêtrefinancées. Les syndicats ont accepté de resserrer le dispositif « carrière longue », en excluant ceux qui ont commencé à travailler après 20 ans. Pas suffisant selon le patronat, qui cherche à économiser non pas 500 millions mais un milliard sur ce sujet, selon une source bien informée. Contrairementàuneidéereçue,lesbénéficiairesnesont ni les retraités les plus modestes, ni ceux qui ont eudescarrièresparticulièrementpénibles. Lessyndicatstenaient,eux,àfaireparticiper lesentreprisesàl’effort,viauneaugmentationde 20% à 22% du forfait social payé par l’employeur sur l’intéressement et la participation, à hauteur de 400 millions en 2030. Une ligne rouge que le patronatrefusedefranchir. Marc Vignaud @mvignaud @mvignaud X X Les«nouveauxrégimesspéciaux», unepierred’achoppement Retraites,énergie,municipales:Bayrouprivéd’oxygène Le conclave avance, recule et échoue. Tout celaàlafois.C’est,ensomme,cequ’onpeutretenir de l’opération sauvetage de la négociation sur les retraites lancée en urgence ce mardi à Matignon. Ledevenirdeceslongsmoisdediscussionsreste toujours aussi incertain. Et celui du Premier ministrequil’ainitié,avec. En invitant les partenaires sociaux à Matignon dans la journée, François Bayrou a trouvé un nouveau moyen de gagner du temps. Après que les négociateurs ont acté avoir échoué à s’accorder entre eux, le maire de Pau reprend le dossier en main. Mardi midi, il a demandé à la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, au président de la CFTC Cyril Chabanier et à la négociatrice de la CFE-CGC Christelle Thieffinne de lui transmettre une « liste des blocages ». Une heure plus tard, il formulait la même demande à Patrick Martin, le président du Medef, et se préparait à réitérer auprès d’Amir Reza-Tofighi, son homologue à la CPME, attendu plus tard dans la soirée. « Charge au Premier ministre de prendre acteetdedéciderd’icilafindelasemainecequ’il fait de ce qui est aujourd’hui sur la table », résumait une Marylise Léon qui semblait plutôt soulagée d’en avoir fini avec cette négociation cassetête. Au sein du gouvernement, on ne cache pas son pessimisme : « C’est hyper compliqué. Si on bouge un truc pour le Medef, la CFDT en bouge un autre… La CFDT part du principe qu’elle a accepté les 64 ans et que donc, le patronat doit se montrer souple. Mais Patrick Martin ne bouge pas. » Probabilité estimée du succès de l’opérationsauvetageduconclave:20%. Il s’agit de surmonter une divergence de vue profonde entre le patronat et les syndicats. Elle se cristallise sur la question de la pénibilité, cheval de bataille de la CFDT. La centrale de Belleville réclame d’intégrer des départs anticipés dans le dispositif de pénibilité. Des paysagistes, maraîchers, aides-soignants, Conclave:l’opération sauvetagedeMatignon exposés à des risques de troubles musculosquelettiques, doivent, eux aussi, pouvoir accumuler des points pour partir plus tôt à la retraite : telle est la demande syndicale. Compétitivité. Sauf que le patronat est peu friand de ces départs anticipés, soucieux notamment de soutenir le taux d’emploi en France. Il a finalement concédé, dans les derniers pourparlers, à en autoriser sur avis médical. Problème : du point de vue syndical, cela revient à constater l’usure du travailleur a posteriori, au lieu de l’en protéger en amont. De plus, les médecins du travailmanquent. Un autre obstacle concerne l’« équité des efforts », c’est-à-dire qui paie quoi. Le patronat refuse en bloc de relever le versement des entreprises du « forfait social » à la branche vieillesse de 20 % à 22 %, ce qui représente 400 millions à horizon 2030. « L’économie française est à l’arrêt, nos entreprises en prennent plein la figure de la part de nos concurrents étrangers », a – encore – martelé le patron des patrons, soucieux de « ne pas dégrader encore la compétitivité des entreprises françaises ». Il suggère plutôt de le financer en réduisant davantage le dispositif des carrières longues, qui permet à des personnes ayant travaillé jeune de partir plus tôt à la retraite. L’idée contrevient au projet des syndicats, qui est de faire partir un maximum de personnes à la retraite le plus tôt possible. Vu la somme en jeu, le gouvernement s’inquiète moins de ce point de blocage. Malgré ces embûches, François Bayrou continue d’y croire : « il existe un chemin qui peut permettre de sortir de cette impasse », a-t-il encore soutenu à l’Assemblée dans l’après-midi. La balle est désormais dans son camp. Il devra trancher…oureporter.Encore. Sarah Spitz @sarah_spritz @sarah_spritz X X 25 juin 2025 l’Opinion 3 30 000 concernent des unions mixtes. Parmi lesquelles, combien de complaisance? « Epsilon », répond un député (EPR) au fait du sujet. Saisines. Autre donnée manquante: les saisines des procureurs par des maires nourrissant des doutes sur la sincérité de l’engagement. Car, quand l’officier d’état-civil a des soupçons, il doit setournerversleparquetquiestcensédiligenter uneenquête.«Danslaréalité,saufsilesfaitssont gravissimes,lesparquetsrépondentsouventaux maires qu’ils n’ont ni le temps, ni les enquêteurs disponibles pour traiter l’affaire. Cela agace évidemmentnosélus»,noteEricVerlhac,directeur général de l’Association des maires de France. Ouimais... Une proposition de loi disposant que le mariage ne peut être contracté par une personne séjournant de manière irrégulière en France doit être discutée ce jeudi à l’Assemblée nationale dans le cadre d’une « niche » UDR (Union des droites pour la République), le parti d’Eric Ciotti. Marie-Amélie Lombard-Latune — « Pourquoi voulez-vous vous marier ? » — « C’est pour les papiers », répond benoîtement l’homme à l’officier d’état civil. Au tour de la future femme de ce ressortissant tunisien sans titre de séjour, d’être interrogée : — « Savez-vous où travaille Monsieur? » — « Bien sûr. Il fait du travail au noir. » L’échange est rapporté par Marlène Mourier, maire (LR) de Bourg-lès-Valence, dans la Drôme, qui, le 17 mai dernier, a refusé de célébrer cette union. « Mariage de complaisance » d’un étranger en mal de papiers, affirme l’élue qui dit vouloir « protéger Sylvie, 49 ans, très vulnérable, ayant six enfants, qui a été frappée ». Bilel, 35 ans, aurait été son quatrième conjoint. « Mensonge et racisme », réplique la quadragénaire. Ce lundi 23 juin, Madame la maire a reçu une plainte de SOS Racisme. Le parcours législatif de la proposition de loi qui vise à n’autoriser le mariage qu’aux personnes séjournant de manière régulière en France, discutée jeudi à l’Assemblée nationale, illustre bien l’imbroglio politico-juridique autour des « mariages blancs ». C’est l’UDR d’Eric Ciotti qui met le texte à l’ordre du jour, à la faveur de sa « niche ». Datant de 2023, la proposition du sénateur (Union centriste) Stéphane Demilly a été largement remaniée au Sénat avant de diviser Faute de données, le ministère de la Justice n’a aucune idée de l’ampleur de ces saisines. « J’en recevais entre cinq et dix par mois», dit l’ancien procureurd’unegrossejuridiction. A Bourg-lès-Valence, Marlène Mourier, malgré « un mail précis » sur le dossier litigieux de Sylvie et Bilel, a reçu la réponse du procureur – « Il faut marier » –, ce à quoi elle se refuse, tout ens’exposantàcinqansdeprison,75000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité. A Hautmont, dans le Nord, Stéphane Wilmotte a été menacé après avoir refusé d’unir un ancien président de mosquée, placé sous OQTF après des discourshaineuxetlafermeturedulieudeculte pour apologie du terrorisme. La plainte en référé contre le maire n’a pas prospéré, l’islamiste ayant été expulsé. Ancienne magistrate du parquet, déléguée du syndicat Unité Magistrats, Valérie-Odile Dervieux témoigne : « Hors des cas médiatiques, les saisines émanent de maires aux étiquettes politiques variées. La célébration d’un mariage n’est jamais anodine pour eux. Ils savent l’importance qu’elle revêt pour la population. Et ils n’aiment pas risquer d’être pris pour des “passeurs” [de clandestins]. » Dans son village de Lesches-en-Diois, le sénateur (RDPI, après avoir été socialiste), Bernard Buis a une fois refusé de marierl’undesesadministrés:« Iln’avaitjamais rencontré sa future femme mais lui envoyait de l’argent à fonds perdu depuis des mois. Il a fini par admettre la supercherie mais j’ai contribué à lui ouvrir les yeux ». Jeudi, à l’Assemblée nationale, il sera question de ces « brouteurs » (experts en escroquerie sentimentale, souvent localisés en Afrique). Mais aussi du respect de la liberté du mariage, défendue par un poids lourd de la majorité : « Même un assassin d’enfant peut se marier en prison. Attention à ne pas porter atteinte à cette liberté. » @malombard @malombard X X l’Assemblée. Les ministres Gérald Darmanin et Bruno Retailleau sont pour un changement de législation. Emmanuel Macron a jugé « la situation ubuesque parce que le droit est mal fait » et qu’on ne protège pas les maires, donnant presque le point à Robert Ménard le 13 mai sur TF1. Le sujet est biaisé, comme l’est le débat sur l’Aide médicale d’Etat, tant il est devenu un objet politique, loin de toute rationalité. Lamiseenscènedelaconvocationdumaire de Béziers par la justice pour avoir refusé de marier un Algérien visé par une OQTF (obligation de quitter le territoire français) en février n’a pas apaisé le débat. Faute de vouloir crever l’abcès, nombre de parlementaires s’abritent derrière le Conseil constitutionnel, pariant que toute interdiction serait frappée de censure, le mariage ayant le rang de liberté constitutionnelle. « Il y a un risque d’inconstitutionnalité », soufflait récemment un conseiller ministériel, passant rapidement à un autre sujet. Confusion. Juste après l’affaire de Bourglès-Valence et une tribune de maires dans le sillage de Robert Ménard, 73% des Français voulaient interdire le mariage des étrangers en situation irrégulière. La confusion étant entretenue entre ce type d’unions, qui peuvent être sincères, et celles qui relèvent davantage du mariage frauduleux, dans le seul but d’obtenir des papiers ou de spolier de ses biens le futur époux. La mention « OQTF » finit de brouiller les cartes, liée qu’elle est aujourd’hui à l’idée de menace pour la sécurité et de désordre migratoire. Or, une OQTF « simple » ne vise que le fait d’être en situation irrégulière sur le territoire. Mais le Rassemblement national marque des points quand il dénonce un « dévoiement du mariage » et « une pompe aspirante à l’immigration irrégulière ». A fortiori, quand personne n’est en mesure de quantifier le phénomène. Sur 247000 mariages célébrés en 2024, SIPA PRESS MariagesetOQTF,cetteunionexplosive quiexaspèrelesmaires Lephénomènemanquededonnéespourêtrevéritablementquantifié.Letexteexaminéjeudi àl’Assembléenationalevaraviverlesdébatssurlaquestionmigratoireetlesclandestins LemairedeBeziers,RobertMénard, aétéconvoquéautribunaljudiciairede Montpellierpouravoirrefusédecélébrerle mariageentreuneFrançaiseetunAlgérien ensituationirrégulière,le18fevrierdernier. Discordance Les députés de la Droite républicaine se sont abstenus mardi lors du vote sur la proposition de loi du sénateur LR, Daniel Gremillet, sur la programmation de l’énergie. Seuls deux d’entre eux ont voté pour. Le texte a été rejeté à l’Assemblée par 377 voix contre 142. Christine Ollivier Après l’élection triomphale de Bruno Retailleau à la tête des Républicains le 18 mai, il n’aura pas fallu longtemps pour que la droite renoue avec ses vieux démons: la cacophonie et les divisions. Depuis une semaine, députés et sénateurs LR enchaînent les prises de position contradictoires, sous les yeux de macronistes effarés. Ces derniers ont assisté la semaine dernière au dépeçage en règle de la proposition de loi du sénateur LR, Daniel Gremillet, sur l’énergie, avec la complicité active des députés LR. Rapporteur du texte, Jérôme Nury est ainsi à l’origine de l’amendement instaurant un moratoire sur les énergies renouvelables, adopté grâce au renfort du RN. De quoi mettre à bas le mix énergétique patiemment concocté par les sénateurs. Un élu LR de la Haute assemblée s’alarme ainsi de l’impact économique de ce moratoire. « Il y a des milliers d’emplois et toute une filière qui sont en cause, rappelle-t-il. On ne peut pas arrêter du jour au lendemain. » Ultime rebondissement, les députés LR ont finalement renoncé d’eux-mêmes à leur œuvre mardi, en s’abstenant lors du vote solennel sur le texte. Raison invoquée: la présence de dispositions portées par la gauche et le RN, sur la sortie du marché européen de l’énergie ou sur le statut d’EDF notamment. Reste à savoir si l’électeur de droite s’y retrouvera. « A force de dire tout et le contrairedetout,vousneditesplusriendutout», aironiséledéputéRN,Jean-PhilippeTanguy. « Ligne ». Le matin même, députés et sénateurs LR s’opposaient également sur un autre dossier: la réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille (PLM). Les troupes de Laurent Wauquiez soutiennent la proposition de loi, poussée en coulisse par Rachida Dati, adhérente LR et candidate à la mairie de Paris. Leurs collègues sénateurs, eux, ne veulent pas en entendre parler. Après l’échec du texte en commission mixte paritaire, le gouvernement a fait savoir qu’il comptait donner le dernier mot aux députés...augranddamdessénateurs. « Nous ne sommes pas cohérents et ça nous fragilise si on doit hausser le ton vis-à-vis du gouvernement», peste un sénateur LR, qui pointe le silence de Bruno Retailleau. « C’est à lui de donnerlaligne.Unpatrondepartidoitavoirlesyeux surl’agendalégislatif,sinononnevapass’ensortir. » Récurrentes à droite, les tensions entre députésetsénateurssesontaggravéesaveclepoids pris par la Haute assemblée dans le travail législatif, l’Assemblée nationale étant paralysée par ses divisions. «Il y a une petite tentation au Sénat de considérer que la lecture des textes au Sénat suffit, mais les députés ont aussi le droit d’avoir un avis », souligne un cadre LR, qui s’étonne lui aussidel’absenced’untravaildecoordinationde la part de Bruno Retailleau: « Depuis un mois et demi,ilnel’ajamaisfait». Message reçu. « Il est prévu d’instituer des rencontres régulières» pour aligner les positions entre les deux chambres, assure un proche du ministre de l’Intérieur, qui évoque la tenue d’un «dînerprochainement»pourlancercetravail.A droite,l’unitéresteuncombat. @Chr_Ollivier @Chr_Ollivier X X PLM,énergie:ladroiteLR renoueaveclacacophonie Depuisunesemaine,députésetsénateurs enchaînentlesprisesdeposition contradictoires.Retailleaurestesilencieux Inflation La crise immobilière frappe de plein fouet agences et mandataires indépendants. Selon les dernières données d’Altarès, 3000 entreprisesdusecteurontcesséleuractivité en deux ans, impliquant 15000 salariés. Sandra Mathorel Le 30 juin, le ministère du Logement va soumettreauConseilnationaldelatransactionetde la gestion immobilières (CNTGI) un projet d’arrêté rehaussant les plafonds des honoraires des agencespourlesmisesenlocation,quel’Opinion a pu consulter. Sauf revirement, ces derniers, payables par les locataires, seront revalorisés le 1er janvier selon l’indice de référence des loyers (IRL) constaté entre le troisième trimestre 2024 et le troisième trimestre 2025. Un soulagement pourlesprofessionnels. « Tout augmente, alors pourquoi pas les honoraires de location? interroge Alain Duffoux, président du Syndicat français de l’immobilier (SNPI). Comme n’importe quelles entreprises, les agences immobilières doivent faire face à la haussedescoûtsdesfournitures,desassurances, de l’énergie… Et pourtant, on ne leur permettait pas d’ajuster leurs honoraires en fonction de l’inflation. Depuis onze ans, ils sont gelés, tandis que les charges explosent. » A force de marteler le message, le syndicaliste et ses confrères de la Fnaim et de l’Unis espéraient se faire entendre de la ministre du Logement, Valérie Létard. C’est doncchosefaite,aumoinspour2026. Ces frais payés par les locataires ne peuvent aujourd’hui excéder 12 euros par mètre carré habitable en zone très tendue, 10 euros en zone tendue et 8euros dans le reste de la France. A celas’ajouteunfixede3eurosparmètrecarrépour l’établissement de l’état des lieux. Le décret de 2014 issu de la loi Alur prévoit que ces montants sont révisables chaque année au 1er janvier selon l’évolution de l’indice de référence des loyers si un arrêté ministériel en ce sens est publié… ce qui n’avait jamais été fait. Entretemps, l’IRL s’est envolédeplusde16%. « Charges ». « Outre les charges courantes, nousdevonsaussiabsorbercellesdelaformation continue que la loi oblige à faire, soit 1300 euros hors taxe par salarié, la carte professionnelle devenue payante, la rédaction de plus en plus technique des baux… alors qu’il y a de moins en moins de prises à bail », déplore Alain Duffoux. Leproblèmenevientpasdelademandelocative, toujours plus importante, mais de l’offre qui se raréfie.«Lesinvestisseursontdisparu.Etdeplus enplusdebailleursneveulentpass’embêteravec les travaux énergétiques ou n’ont pas les moyens de payer, donc ils vendent », constate-t-il. De fait, le nombre d’annonces de biens en location chute fortement depuis 2021: de 1,5 million au plus haut à moins de 900000 aujourd’hui pour les locations nues, selon la Fnaim. Forcément, le chiffred’affairesdesprofessionnelsenpâtit. Ces derniers ont tenté de faire valoir leur droit devant le Conseil d’Etat, sans succès. Les magistrats les ont débouté par deux fois, en décembre 2024 et mai 2025. Des décisions juridiquement bancales pour l’avocat Cyril Sabatié. « L’argument a été de dire que, selon le texte contesté, les honoraires ne sont que “potentiellement révisables”, alors qu’il est bien indiqué qu’il y aurait une indexation annuelle. On pourrait y voir une volonté anti-inflationniste. » Le coup de pouce du ministère aura une incidence limitéepourleslocataires:surlesdouzederniers mois,l’IRLn’aaugmentéquede1,4%. @MathorelS @MathorelS X X Agencesimmobilières:hausse deshonorairesdelocation Unprojetd’arrêtéministérielprévoitune revalorisationdesplafondsderémunération desprofessionnels,gelésdepuisonzeans 4 l’Opinion 25 juin 2025 Aularge Le dernier « Profil financier du CAC40 » du cabinet EY révèle des champions tricolores toujours plus actifs hors des frontières de l’Hexagone. L’un des enjeux majeurs des années qui viennent sera de les ancrer sur le Vieux Continent. Muriel Motte Il y a le feu à la maison Europe ! Dans une vaste enquête publiée le mois dernier par le Boston consulting group (BCG), 81% des dirigeants d’entreprise français craignent que le Vieux Continent ne se mette progressivement en retrait de l’Histoire, à défaut de disposer d’une base industrielle solide, et 89% pensent qu’il est nécessaire de protéger davantage les intérêts commerciaux de cette grande zone économique. Un sentiment globalement partagé par les 850 dirigeants de vingt pays européens sondés par le BCG, qui redoutent de voir leur continent foncer dans le mur s’il ne réagit pas rapidement face à l’adversité. Bruxelles tente de reprendre le manche, avec un programme de réarmement économique pour les cinq prochaines années présenté en janvier dans la foulée de l’inquiétant rapport Draghi. Mais depuis, Donald Trump a multiplié les coups de boutoirs justifiant les inquiétudes des patrons auscultés par le BCG: pour ne pas couler, selon eux, il faut impérativement faciliter l’émergence de grands champions, combler les écarts de compétence, alléger la fiscalité sur le travail, augmenter la compétitivité, faciliter l’accès au financement... Bref, ils énumèrent un immense programme au fond déjà connu et rebâché, le principal sujet étant de dépasser l’union sacrée (verbale) pour le mettre en pratique. Crises. Dans les faits, l’Europe demeure encore le principal débouché des géants mondialisés du CAC 40. La dernière édition du profil financier de l’indice français, réalisé par le cabinet EY, révèle même une certaine inertie depuis dix ans dans ce domaine. En 2015, les quarante plus grands groupes français (hors secteur financier) réalisaient 55% de leur chiffre d’affaires chez leurs voisins, un chiffre qui a peu varié l’an dernier (52%). En dix ans pourtant le Vieux Continent a accumulé les boulets. « En termes de croissance économique et de productivité notamment, l’Europe décline de manière très claire depuis 2008 vis-à-vis des Etats-Unis », note Antonin Bergeaud, meilleur jeune économiste 2025 et professeur à HEC. Il y voit les effets d’une moindre adoption des nouvelles technologies et d’une succession de crises profondes. « La productivité de la zone euro atteint aujourd’hui 70% à 80% du niveau de la productivité américaine », estime-t-il. Depuis cinq ans, le dynamisme de la première puissance mondiale, soutenu par la succession des plans Biden (IRA, Chips Act, Infrastructure Investment and Jobs Act...) a nettement tranché avec la déprime allemande, dont le PIB a pratiquement stagné sur la période. Et que dire du fardeau des normes et des « délires bureaucratiques » de Bruxelles, publiquement dénoncés par plusieurs dirigeants du CAC. D’ailleurs, c’est en Asie ou aux Etats-Unis, là où se trouve la croissance, que se succèdent les achats de Saint-Gobain, Schneider ou Sanofi. Pour autant, « les parts de marché et les bases installées des grands groupes en Europe sont telles que ce continent reste pour le moment prédominant, analyse Nicolas Klapisz, associé d’EY et responsable de l’étude. Les nouveaux investissements des membres du CAC40 hors du continent sont le fait de leur croissance marginale, ils ne feront pas basculer le poids de l’Europe en quelques années. » Celui-ci a déjà bien reculé – jusqu’en 2009, cette région représentait encore 70% des débouchés commerciaux de l’indice –, alors que la part des Etats-Unis a progressé récemment, passant de 20% à 25% ces dix dernières années. Résilience. La politique offensive de Donald Trump va-t-elle amplifier cette tendance ? Sa « big and beautiful » loi budgétaire pour 2026 prévoit notamment des dispositifs d’amortissement accéléré pour les efforts de recherche et développement réalisés aux Etats-Unis, ainsi que des allégements fiscaux ciblés sur l’ouverture de nouvelles usines. De quoi appâter quelques chefs d’entreprise supplémentaires, alors que le pays a déjà été champion toutes catégories l’an dernier en matière d’investissements directs étrangers selon le dernier rapport de la Cnuced. « L’environnement réglementaire et politique reste très incertain », tempère Nicolas Klapisz. Ce qui le frappe surtout, c’est la résilience des géants du CAC 40 l’an dernier, dont les bilans sont restés solides en dépit de chocs violents, en France (dissolution), comme à l’étranger. L’expert d’EY y voit « la conséquence des efforts de maîtrise des coûts engagés depuis plusieurs années, qui permettent à ces entreprises d’afficher, dans un contexte de résultats certes en retrait, des niveaux de marge opérationnelle à deux chiffres et des niveaux de résultat net largement supérieurs à ceux des années pré-Covid », souligne-t-il. Et la France dans tout ça ? « Trop de charges, trop de règlements, trop de contraintes, trop de taxes », résumait il y a quelques mois Guillaume Faury, le directeur général d’Airbus et président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. Comme un certain nombre de ses pairs, il redoute de « voir beaucoup d’entreprises aller faire ce qu’elles savent faire ailleurs, parce que cela devient invivable ». D’une certaine manière, le CAC 40 a déjà pris la poudre d’escampette: la France représente moins de 23% de ses ventes cumulées contre plus de 34 % il y a quinze ans. « En termes de patriotisme économique, la seule chose qui nous reste, c’est la nationalité des dirigeants », commente l’un des grands patrons de l’indice. Mais c’est le transfert de Renault chez Kering de l’Italien Luca de Meo qui a récemment secoué le landerneau parisien. @murielmotte @murielmotte X X L’Europe,terraindejeudu CAC40,maisjusqu’àquand? Malgrésacroissancemolleetsabureaucratie décriée,leVieuxContinentrestelazoneoùces groupesréalisentlamajoritédeleursventes Terranostra La ministre de l’Agriculture Annie Genevard assistait, lundi 23 et mardi 24 juin, à un Conseil des ministres de l’Agriculture européens à Luxembourg. Sur la table, deux sujets brûlants : le Mercosur et la prochaine politique agricole commune. Elle l’évoquera aussi à Rome vendredi, avec son homologue italien Francesco Lollobrigida. Interview Emmanuelle Ducros Depuis la signature de l’accord avec les pays du Mercosur, le 6 décembre, vous êtes engagée dans un combat contre sa mise en œuvre, au motif qu’il pourrait nuire à plusieurs filières agricoles (viande bovine, volaille, sucre, éthanol). Trouvez-vous des appuis en Europe? La position de la France est claire et constante. Le président l’a dit, le Premier ministre, le ministre des Affaires européennes et moi-même le répétons : le projet tel que conclu à Montevideo n’est pas bon, car il ne contient ni mécanismes de protection de nos agriculteurs, ni clauses de sauvegarde pour nos filières, ni garanties sanitaires pour les consommateurs, ni même études d’impact. Nous ne sommes pas contre les accords de libre-échange, qui, d’ailleurs, bénéficient à l’agriculture et à l’agroalimentaire européens. Ces secteurs génèrent un solde commercial positif de 64 milliards d’euros. Mais l’accord du Mercosur est daté. Il a été négocié à une époque où les exigences sociales, sanitaires et environnementales étaient moindres, et où les conditions économiques des filières étaient sans doute moins tendues. L’Europe veut repenser les principes généraux qui régiraient les accords commerciaux du futur, en sanctuarisant la protection des filières agricoles et sa vigilance sanitaire. Le Mercosur n’intègre rien de tel. Pensez-vous pouvoir faire bouger les lignes en Europe? Atteindre une minorité de blocage, soit au moins quatre pays et 35% de la population? Les lignes évoluent déjà. Je comprends des échanges que j’ai eus ces derniers jours à Luxembourg que la Pologne, l’Autriche, la Hongrie, l’Irlande ne veulent pas voter pour un tel accord. D’autres pays expriment des inquiétudes, demandent que les études d’impact soient généralisées – la Finlande, par exemple, s’inquiète des effets cumulés des différents accords, rarement pris en compte. L’Italie, grand pays agricole, émet maintenant des réserves ; je vais en rediscuter vendredi à Rome avec mon homologue. Nous pourrions donc obtenir une minorité de blocage. Mais il est aussi possible que des pays s’abstiennent finalement lors d’un vote. La majorité requise pour valider l’accord (65% de la population européenne) pourrait alors ne pas être atteinte. La France reste active et mobilisée. La Commission européenne devrait présenter le 16 juillet, en même temps que son cadre financier pluriannuel, les grandes lignes de la PAC 2027-2032. Quelle PAC la France défend-elle? D’abord, comme tous les autres pays européens, la France dit son inquiétude sur le devenir de ce qui reste le plus important budget de l’Union européenne et la politique commune la plus aboutie. Le commissaire à l’Agriculture, Christophe Hansen, nous dit qu’il y a d’importantes pressions sur le budget agricole, une réticence des Etats à fournir de nouvelles ressources. Il maintient aussi que la PAC doit rester une politique autonome, commune, indépendante des autres politiques de l’UE, et il pense l’obtenir. La France demande un budget doté de moyens à la hauteur des enjeux et des défis. Selon moi, le budget de la PAC doit être maintenu, en intégrant l’inflation, afin d’éviter une érosion continue, comme celle qu’on observe depuis plusieurs années. Mais il faut aussi renforcer la défense européenne, rembourser l’emprunt Covid de 600 milliards d’euros... Comment faire? Les choix budgétaires sont des choix politiques. Il y a des priorités : ce n’est pas chars ou nourriture, mais chars et nourriture, au même niveau. On aura beau défendre militairement l’Europe, si elle est dépendante de puissances potentiellement hostiles pour se nourrir, elle sera vulnérable. Le budget doit absolument intégrer la dimension stratégique de l’alimentation. Les enjeux sont vitaux: il s’agit de la sécurité et de la souveraineté alimentaires de l’UE, dans un monde beaucoup moins sûr qu’il y a cinq ans. Les relations internationales se sont tendues, avec le retour de barrières douanières imprévues en Chine, aux Etats-Unis. L’alimentation est devenue un enjeu géopolitique, une arme de guerre, comme le conflit russo-ukrainien le montre, un élément de déstabilisation, comme les printemps arabes l’ont prouvé, comme maintes fois dans l’histoire de l’humanité. Il faut un secteur agricole solide pour résister. Il doit aussi affronter le changement climatique, qui bouleverse les choix culturaux et fait peser de nouvelles menaces épizootiques sur les élevages. Il doit poursuivre une transition écologique de fond, en économisant l’eau, les intrants. Et il doit aussi affronter le vieillissement des agriculteurs et se renouveler. La perspective d’une « décommunautarisation » de l’agriculture, avec une latitude plus grande laissée aux Etats, pour contourner la baisse du budget, vous semble-t-elle souhaitable? Absolument pas. L’organisation de la PAC doit rester articulée autour de deux piliers qui garantissent le revenu des agriculteurs et les aspects communs de la politique. Une renationalisation de la PAC porterait atteinte à l’unicité du marché intérieur et créerait des distorsions de concurrence entre Etats. Ce serait une erreur politique majeure. La PAC doit se simplifier, trouver un équilibre entre la norme et la liberté d’entreprendre, et favoriser la sauvegarde de la compétitivité; elle doit inciter aux bonnes pratiques environnementales et climatiques. Pour cela, elle doit rester une œuvre européenne collective. Letravailsurlapolitiqueagricolecommune recèleunetrèsimportanteinconnue. Quefairedel’Ukraine?Lepaysdemande sonadhésionaccéléréeàl’Union,quipourrait interveniravantlafindelaprochainePAC. L’Europepeut-ellefaireface? La perspective d’adhésion de l’Ukraine à l’UE est effectivement un sujet de préoccupation important dans le cadre de la PAC... d’autant que la libéralisation des échanges pour soutenir le pays au début de la guerre a eu des effets importants sur certains marchés agricoles européens (volailles, céréales, sucre...), et sur les pays voisins. Il va déjà falloir revoir l’accord commercial actuel, en prévoyant des clauses de sauvegarde pour les productions européennes. Avec l’Ukraine, on parle d’un modèle agricole à très grande échelle, sans équivalent dans l’Union actuelle. Une éventuelle intégration rapide me semble soulever de nombreuses questions. Il faut évaluer précisément les conséquences, et s’assurer que les productions ukrainiennes respectent nos normes de qualité, sanitaires, environnementales et sociales. Avant l’échéance de la prochaine PAC, une telle intégration me semble inenvisageable. @emma_ducros @emma_ducros X X «LaPACdoitresteruneœuvre européennecollective» Pourlaministredel’Agriculture,Annie Genevard,lebudgetdelaprochainepolitique agricolecommune«doitêtremaintenu» « On aura beau défendre militairement l’Europe, si elle est dépendante de puissances potentiellement hostiles pour se nourrir, elle sera vulnérable », alerte Annie Genevard. XAVIER REMONGIN SOURCE : EY 2014 59 17 15 7 55 20 18 8 55 20 17 7 56 20 17 8 57 20 17 6 56 20 16 8 57 20 17 8 51 24 15 11 53 26 14 8 52 26 14 8 52 25 14 8 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Répartition géographique du chiffre d’affaires des groupes du CAC 40 En %, hors banques, assurances et foncières Europe Amériques Asie, Océanie, Afrique, Moyen-Orient Reste du monde SOURCE : EY Le poids de la France décroît dans les ventes du CAC 40 En % du chiffre d’affaires total – hors banques, assurances et foncières 2009 34,1 22,9 65,9 77,1 2024 Réalisé en France Réalisé hors France « En termes de patriotisme économique, la seule chose qui nous reste, c’est la nationalité des dirigeants » COMMUNIQUÉ Mobilisation pour l’optimisme Et pourtant, l’optimisme Dans une Europe traversée par les doutes, les conflits et la défiance, l’optimisme reste une valeur cardinale sur laquelle s’appuyer. Une posture volontaire, une énergie de transformation. Au repli, nous opposons l’engagement de tous ceux qui, chaque jour, bâtissent un futur commun – et nous en sommes. L’optimisme, une discipline du réel Face à un monde qui se recompose, des équilibres qui se déplacent, des certitudes qui vacillent, il serait tentant de baisser les bras. Dans une société saturée d’alertes, l’optimisme semble parfois déplacé. Et pourtant, il est plus que jamais nécessaire. Pas l’optimisme du confort ou du déni. Mais celui, lucide, de ceux qui regardent la réalité en face. L’optimisme comme un choix, une discipline. Un refus du cynisme. « L’optimisme est un acte volontaire. C’est une responsabilité, une énergie. Celle qui fait avancer la France et l’Europe. » Or, l’optimisme se nourrit de confiance tout comme la confiance se nourrit d’optimisme. Dans notre époque de défiance généralisée, là est la vraie richesse. La confiance est le socle de la résilience économique, de la stabilité sociale, de la viabilité environnementale. Elle est aussi, pour les entreprises, un impératif opérationnel. Leurs dirigeants sont d’ailleurs nombreux à établir une corrélation entre confiance, engagement et croissance. Un environnement positif et ouvert favorise la bonne santé des sociétés. Mais cet environnement ne se décrète pas, il se construit et s’entretient. Ainsi, les Français et les dirigeants d’entreprise interrogés par OpinionWay* pour PwC France et Maghreb ne voient pas l’optimisme comme un simple état d’esprit, mais comme une démarche volontaire. Un acte de pragmatisme qui permet de transformer les obstacles en opportunités et d’avancer collectivement, même dans l’incertitude. * Enquête sur l’optimisme menée par OpinionWay auprès des décideurs français L’Europe, terrain d’expression de l’optimisme en actes Si l’on veut donner leur chance aux scénarios d’avenir les plus favorables, c’est aussi à l’échelle européenne que les entreprises doivent envisager leur rôle, qui est majeur. Pas seulement pour créer de la valeur, mais pour contribuer à une société plus cohérente, plus équitable, plus durable. Les cabinets comme le nôtre se font une mission d’accompagner cette ambition avec compétence et exigence. Car dans un monde de plus en plus fragmenté, il est nécessaire de rétablir la confiance comme pilier de l’Europe. L’Europe n’est pas seulement une communauté d’intérêts : elle est une communauté d’intelligence et de destin. Une promesse d’harmonie dans la diversité, d’unité sans uniformité. Mais pour que l’Europe tienne ses promesses de solidarité et de souveraineté, elle a besoin d’optimistes actifs, capables de démontrer que le progrès, à l’image de la révolution de l’IA ou de la transition écologique, peut être une aventure collective. Ce qui nous rend optimistes ? Les faits. Les entreprises empruntent déjà cette voie. Elles investissent, forment, innovent. Elles se transforment, en France et en Europe. Notre rôle au quotidien est de rendre cela visible, de porter cet élan, de garantir que les transformations à l’œuvre sont solides, responsables, auditées, mesurées, durables. D’en faire un socle pour le futur. Mais pour aller plus loin, c’est tout un changement d’organisation et de culture qu’il nous faudra opérer. Considérer la compétitivité non seulement en termes de coûts ou d’innovation technologique, mais surtout de capacité à saisir de nouvelles manières de créer de la valeur. En collaboration avec d’autres parties prenantes, au-delà des frontières sectorielles traditionnelles. C’est cette logique collaborative que met en lumière notre initiative prospective Value in motion. Notre credo : c’est ensemble que nous relèverons les défis économiques, sociaux et environnementaux de notre siècle. « En invitant à transformer l’optimisme individuel en optimisme collectif, nous recherchons l’émergence des scénarios d’avenir les plus favorables. » Que chacun à son niveau – décideur public, dirigeant, collaborateur, entrepreneur, citoyen – s’engage donc à bâtir des ponts. C’est ainsi que l’optimisme deviendra la force motrice de notre compétitivité et de notre capacité à inventer l’avenir. Patrice Morot Président de PwC France et Maghreb © 2025 Aurore Baron Photographe / PricewaterhouseCoopers France et Maghreb. Tous droits réservés. Pour en savoir plus 6 l’Opinion 25 juin 2025 Bargaining Frustré par le viol du cessez-le-feu qu’il a négocié avec les belligérants, Donald Trump a manifesté mardi son mécontentement devant les journalistes. « Il faut qu’Israël se retire maintenant », a-t-il exigé. Il a aussi exprimé son courroux à Benjamin Netanyahu lorsqu’il a eu connaissance du vol d’avions de Tsahal pour frapper l’Iran, obtenant de son allié que sa flotte rentre à sa base. Pascal Airault et Lola Ovarlez Deux jours après des frappes sur le complexe nucléaire iranien, Donald Trump a de nouveau surpris son monde, y compris ses propres collaborateurs. A 18 heures, heure de Washington, il a subitement annoncé qu’un cessez-le-feu «completettotal»avaitété«conclu»entreIsraël et la République islamique alors que le monde s’attendait à une escalade régionale. Hormis J.D. Vance, Marco Rubio et Steve Witkoff, peu de personnes étaient dans la boucle. Même Tel-Aviv et Téhéran ont semblé pris de court par cette annonce précipitée, alors que des missiles étaient encorelancés,departetd’autre,mardimatin. Moins de vingt-quatre heures avant le départ du président américain pour le sommet de l’Otan à La Haye, cette trêve a été rapidement négociée en coulisses. Après la réplique iranienne sur des bases militaires américaines au Qatar et en Irak, Donald Trump a passé un coup de fil à Benjamin Netanyahu, durant lequel il lui a dit, franchement et sévèrement, que son objectif d’affaiblir l’Iran avait été atteint. « Plus de guerre, plus de combat », a-t-il ordonné au Premier ministre israélien. Pendant qu’il parlait à Israël, le vice-président Vance, le secrétaire d’Etat Rubio et l’émissaire Witkoff étaient chargés d’arracher une trêve aux Iraniens, via des médiateurs qataris et des lignes de communication directe avec Téhéran, ouvertes dès le début des négociations sur son programme nucléaire, en avril. Steve Witkoff,quimenaitcesdiscussions,avaitdéjàéchangé plusieurs fois par téléphone avec le ministre desAffairesétrangèresiranienAbbasAraqchiily a cinq jours, dans l’espoir de résoudre la crise de manièrediplomatique. Cette trêve a en effet nécessité une mise en scène au cordeau des médiateurs américains et qataris qui ont accepté de relayer à l’Iran les messages de l’administration. Le Qatar a surtout offert son territoire pour que Téhéran réalise une frappe symbolique sur la plus grande base américaine du Moyen-Orient. Ses diplomates se sont empressés de dénoncer cette attaque, pendant que leur Premier ministre, cheikh Mohammad ben Abdelrahmane alThani, finalisait le principe du cessez-le-feu avec les dirigeants iraniens. Certaines sources suggèrent même que cela avait commencé avec les frappes américaines de dimanche, les Etats-Unis ayant prévenu l’Iran pour éviter des pertes humaines. Cocasse. «En réponse à l’action agressive et insolente des Etats-Unis contre les sites et installations nucléaires iraniens », les forces armées iraniennes ont frappé « la base aérienne américaine d’al-Udeid, au Qatar », ont annoncé victorieusement les propagandistes iraniens lundi, non sans avoir averti auparavant les Américains et leur voisin. « Six missiles ont touché la base américaine d’Al-Udeid au Qatar », ont claironné ensuite les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime. En fait, un seul de ces projectiles a touché la cible sans faire de morts ni deblesséspourdesdégâtsminimes. La situation est aussi inédite que cocasse. « L’Iran a accepté un cessez-le-feu avec un pays qu’il ne reconnaît pas et avec lequel il ne parle pas directement [NDLR: Israël], grâce à la médiation d’un pays [NDLR: Qatar] qu’il vient de bombarder! », résume, un brin sarcastique, Ali Vaez, directeur du projet Iran de Crisis Group, sur X. En deux jours, Donald Trump est également passé de menacer Ali Khamenei de le tuer et de changer le régime à remercier les dirigeants de la République islamique pour leur retenue. Ubuesque. La trêve a été finement orchestrée et mise en scène pour permettre à l’Iran, Israël et Donald Trump d’apparaître comme des vainqueurs. « Trump peut crier sur les toits qu’il a détruit le programme nucléaire iranien. Netanyahu peut se targuer d’avoir empêché l’Iran d’acquérir la bombe atomique, détruit ses capacités balistiques et éliminé ses commandants militaires, même s’ils ont été immédiatement remplacés, résume Emmanuel Maged, consultant sur le Moyen-Orient. Enfin, l’Iran peut louer la résistance de son peuple, assuré d’avoir sauvé son droit au nucléaire civil et administré le dernier coupsansfaireaucuneconcession.» Scénographie. Néanmoins, cette scénographie relayée dans les médias ne résout pas les préoccupations à l’origine de la crise. Elle pose plus de questions qu’elle n’y répond. Malgré les injonctionstrumpiennes,lecessez-le-feuestdéjà fragile. Tel-Aviv comme Téhéran bravent leur patience respective. Personne ne veut perdre la face et arrêter le premier. Les tensions sont donc loin d’être apaisées: l’Iran continue de considérer Israël comme une menace existentielle à la survie de son régime, tandis que l’Etat hébreu affirme que sa sécurité ne sera jamais assurée tant que son ennemi s’accrochera à ses ambitions nucléaires. Quel est le réel bilan des frappes israéliennes et américaines (Bomb damage assessment -BDA) sur le complexe nucléaire iranien? Il n’est pas connu et ne le sera probablement pas, à moins que le régime ne réouvre ses installations aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Et l’administration Trump comme l’AIEA reconnaissent ne pas savoir ce qu’il est advenu du stock d’uranium hautement enrichi, que Téhéran aurait en partie déplacé en amontdel’interventionaméricaine. Et, pour les spécialistes français du nucléaire, l’Iran conserve une capacité de reproduire son programme en l’espace d’un an s’il y met les moyens. Il dispose de suffisamment de scientifiques pour remplacer ceux qui ont été tués. Et les connaissances et le savoir-faire accumulés ne sont pas perdus même si Tsahal a bombardéunepartiedesarchives. L’enjeu des Américains est aujourd’hui d’amener les Iraniens à conclure un nouvel accord pour encadrer strictement leurs programmesbalistiquesetnucléaires.Maislerisque est aussi important qu’après ces douze jours, Téhéran décide d’adopter une stratégie nordcoréenne en poursuivant cet objectif dans la clandestinité la plus totale, afin d’assurer la survie et la sécurité de son régime à l’avenir. Donald Trump aura alors accéléré la détermination des dirigeants iraniens à posséder la bombe atomique, seule véritable outil de dissuasion des grandespuissances. Momentanément, le président américain a offert une porte de sortie à Netanyahu dont près de la moitié des compatriotes pensent qu’il n’avaitpasdeplanpourconclurelaguerre,selon ladernièreenquêtedel’Institutd’étudesdesécurité nationale (INSS). Il a regagné des points dans lessondagesetpeutespérerdenouveautirerson épingle du jeu après l’échec politico-sécuritaire du7octobre2023. @P_Airault @P_Airault X X @lolaovarlez @lolaovarlez X X TrêveIsraël-Iran:cequecache lamiseenscènedeTrump Leprésidentaméricainaobtenuuncessezle-feumaisn’apasréglédéfinitivement laquestionnucléairedurégimedeTéhéran Pour un président américain qui assurait que les problèmes de la planète disparaîtraient s’il revenait aux affaires, le bilan est maigre. Le monde flambe. Vladimir Poutine n’a aucune intention de mettre fin à sa guerre ukrainienne. Benjamin Netanyahu bombarde Gaza, le Liban, la Syrie, et a réussi à entraîner l’Amérique dans son attaque contre l’Iran. Les nuages s’accumulent sur Taïwan, dont le président Lai Ching-te a déclaré dimanche 22 juin que l’île était « clairement un pays ». Dans ce contexte, les déclarations triomphales de Washington, selon lesquelles la « dissuasion américaine est de retour », la question ukrainienne va être réglée, le programme nucléaire iranien est « dévasté », et le monde est désormais « plus sûr » [depuis les frappes américaines sur l’Iran], laissent sceptique. Lesespritssontdésormaistaraudéspar plusieurs«knownunknowns»,cesfameuses questions–autrefoischèresàunautreDonald, Rumsfeld(secrétaireaméricainàlaDéfense desannéesnéoconservatrices,2001-2006)–, auxquelles«noussavonsnepasavoirencore deréponse».Desquestionsquidétermineront l’avenirdesrelationsstratégiques. L’USAGE DE LA FORCE EST À LA MODE: ABOUTIRA-T-IL À UNE CLARIFICATION OU AU CHAOS? Les«hommesforts»semblentadhéreràune violencejugéeefficace,permettantdesepasser denégociationsmultilatérales.Onlevoiten UkraineouauProche-Orient.Lesprincipaux adeptesdecepassageenforceontplusde70 ans,cequirendpeut-êtrenécessaireàleursyeux d’accélérerlecalendrierpouratteindreleurs objectifs:c’estlecasdeVladimirPoutine,de BenjaminNetanyahu,deXiJinpingoudeRecep TayyipErdogan.Lescoupsdeforcerécents, del’UkraineàGaza,del’Arménieàl’Iranou encoreàl’estdelaRDC,n’ayanttrouvéaucune oppositionsérieusedelapartdelacommunauté internationale,lesignalaétédonnéquecette méthodeétaitfructueuse.Nenousétonnons passionlavoitsereproduirebientôtàTaïwan ouailleurs.Maisqueproduira-t-elle?Une recompositiondumondeautourdepuissances qui«osent»etrèglerontàleuravantagedevieux dossierslancinants(questionspalestinienne, kurde,iranienne,ukrainienne,taïwanaise…)? Ouundésordrequenouspaieronslongtemps, commenousavonspayéla«diplomatie transformationnelle»del’administrationBush juniordesannées2000?Lesleçonsdel’histoire récenten’incitentpasàl’optimisme. LA POLITIQUE DU « REGIME CHANGE », APRÈS SES FIASCOS ANTÉRIEURS, POURRAIT-ELLE SOUDAINEMENT RÉUSSIR? Lestentativesdesannées1990-2000(Serbie, Irak,Afghanistan)et2010(Libye,Syrie)ont donnéledésastrequenoussavons:des«rogue states»(Etatsvoyousdanslaterminologieaméricaine)remplacéspardes«collapsedstates», Etatseffondrésdevenuschampsdebatailleinternationauxetsanctuairesterroristes.Fera-t-on mieuxauLibanoùleHezbollahaétéenpartie décapitémaisoùtoutresteencoreàconstruire? EtenIran,unpaysdepresque100millionsd’habitants?Souhaiterlafindurégimedesmollahs estunechose.Penserquedesfrappesaériennes transformerontlepaysenhavredestabilitéest hasardeux.L’administrationaméricainerelance cettequestionabsurde.UnIranmorceléet dévasténeferaitlesaffairesdepersonne.Dire celanesignifiepasabsoudrelerégime.C’est reconnaîtreunerèglequelegénéraldeGaulle avaitrésuméeàproposdelaguerreaméricaine auVietnam,depuisPhnomPenhen1966:«Il n’yaaucunechancepourquelespeuples[du paysoudelarégionconcernés]sesoumettent àlaloidel’étranger[…],quellesquepuissent êtresesintentionsetquellequesoitlapuissance desesarmes».Quiaujourd’huipourraitdiriger durablementl’Iranenapparaissantinstallépar TrumpouNetanyahu?Sichangementilya,ce quebeaucoupsouhaitent,ilviendradel’intérieur.Cesontlesleçonsdel’histoirerécente, quelesEtats-Unis,duVietnamàl’Afghanistanen passantparlabaiedesCochons(Cuba,1961),ont décidémentdumalàassimiler. LE PRÉSIDENT TRUMP EST-IL TOTALEMENT MALLÉABLE OU FAIT-IL SEMBLANT? Quelestl’objectif?Fairerespecterànouveaule shérifaméricainendémontrantqu’ilestprêt pourlabagarre?ObtenirleprixNobeldela Paix?Lesdeux?D’uncôtélaméthodepêche. Avecuneéquipediviséeetpeuexpérimentée,lesdécisionsprésidentiellessemblent erratiques,muesparlenarcissisme.Unecourse mondiales’estdoncengagéepourmanipuler DonaldTrump,parl’appâtdugain,sonegoet songoûtpourl’autoritarisme.Moscousemble avoirainsiréussiàluifaireadoptersonnarratif ukrainien,etTel-Aviv,àl’engagerdansune guerremajeureauProche-Orient.Del’autre, lamessen’estpasdite.Trumpvarieetdéroute. Aprèsavoirfrappéunefoisl’Iran(sansque l’onsacheencoreavecquellesconséquences exactes),ilparledepaix.Soufflelechaudetle froid.Stratégiehabilepoursortirdupiègetendu parNetanyahu,ouinconsistancechronique? L’EUROPE DOIT-ELLE SE TAIRE PROVISOIREMENT? Quiaencoredelaconsidérationpourl’Europe? L’administrationaméricaineafficheson méprishostile,etleSudsaitquelesdécisions seprennentailleurs.L’Europeexhorteenvain, appelleàlaretenuejusqu’àenfairesourire.Elle n’osecritiquerniWashington,nil’assassinat ciblédescientifiques.Nedevrait-ellepasplutôt seconcentrersursonenvironnementstratégiqueimmédiatetsurlaconstructionrapide d’unedéfensefiable,plutôtquededonner l’impressiondechercheràsimplementexister, pardescommentairesdevenusinaudibles? LE SENTIMENT DE TOUTE-PUISSANCE VA-T-IL CONDUIRE LE MONDE AU DÉSASTRE? DepuistrenteanslesEtats-Unisontconnu l’échecsomalien,lesenlisementsafghanet irakien.Le«rouleaucompresseurrusse»perd enUkraineentre1000et1500hommesparjour etruinelepays.Gareàlaguerredetroppour Israël.Désormaisplusieursrisquesémergent: l’essordecontre-stratégiesasymétriques (terrorisme,disruptionducommerce…)pour fairepièceautandemisraélo-américain;une nouvelleproliférationnucléaire,puisque chacundanslemondeauracomprisqu’ilvaut mieuxêtredéjàdotépoursepréserver;enfin, latentationpourMoscouetPékind’entretenir laprolongationduconflitiranienpoury«fixer» lesEtats-Unis,afind’avoirlechamplibreailleurs (Ukraine,Taïwan…).Jamaisleparide«lapaix parlaforce»,chantéparl’administration Trump,n’auraparuaussirisqué. @charillon @charillon X X « Qui aujourd’hui pourrait diriger durablement l’Iran en apparaissant installé par Trump ou Netanyahu? Si changement il y a, ce que beaucoup souhaitent, il viendra de l’intérieur » Retrouveztoutesnoschroniques surlopinion.fr «L’Europenedevraitellepasseconcentrer sursonenvironnement stratégiqueimmédiatet surlaconstructionrapide d’unedéfensefiable, plutôtquededonner l’impressiondechercher àsimplementexister, pardescommentaires devenusinaudibles?» L’airdularge Quelques questions surunmonde encrise Lachronique de Frédéric Charillon Le président américain, Donald Trump, et l’émir du Qatar, Sheikh Tamin ben Hamad Al Thani, à la base aérienne d’Al Udeid, à Doha, au Qatar, le 15 mai dernier. SIPA PRESS L’hôte de la Maison Blanche a offert une porte de sortie à Netanyahu dont près de la moitié des compatriotes pensent qu’il n’avait pas de plan pour conclure la guerre 25 juin 2025 l’Opinion 7 GrosseBertha L’Allemagne a envoyé un signal fort mardi pour l’ouverture du sommet de l’Otan. Le pays compte consacrer 3,5 % de son PIB aux dépenses militaires dès 2029, d’après sa planification budgétaire. Le chiffre, complété par un ratio de 1,5% du PIB dédiéàdesinfrastructuresàusageciviletmilitaire, doit être officiellement validé lors de la réunion annuelle de l’Alliance atlantique. Luc André (à Berlin) Sept semaines après son entrée en fonction, le nouveaugouvernementallemandaadopté,mardi en conseil des ministres, le projet de budget 2025. Son examen avait été interrompu fin 2024 par la crise politique qui a conduit à la prise de pouvoir du chrétien-démocrate Friedrich Merz etdesacoalitiondroite-gauche.Avecunendettement net quasiment multiplié par trois (143 milliards d’euros) par rapport à 2024, sa première copie profite à fond des nouvelles règles constitutionnelles. Introduites au mois de mars, elles permettent de faire filer la dette pour financer l’armée et la mise à niveau des infrastructures. Le projet de loi, que le Bundestag modifie d’ordinaire substantiellement, prévoit des dépenses de 503 milliards – une hausse de 6,1 % en glissement annuel – dans le budget classique auxquelles s’ajoutent 61,3 milliards pour les budgets annexesdéfenseetinfrastructures. Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine, la défense prend une place considérable. L’armée allemande va bénéficier de 86,5 milliards d’euros, une quinzaine de plus que l’an passé, en prenant en comptelesmoyenstirésdufondsspécialdéfense de 100 milliards introduit par le précédent gouvernement. D’après les prévisions présentées dans le même temps, la croissance spectaculaire des dépenses militaires va se poursuivre jusqu’à la fin de la législature. Elles doivent atteindre 152,8milliardsen2029,annéeàpartirdelaquelle laRussieseraitenmesured’attaquerl’Otanselon lesrenseignementsallemands. Signal fort. Ces chiffres gigantesques envoientunsignalfortpourl’ouverturedusommet del’OtanàLaHayecemardi.LaRépubliquefédérale atteindrait dès 2029, au lieu de 2035, l’objectifde3,5%duPIBconsacréàladéfensequeles32 paysmembresdoiventofficiellementvaliderlors de leur réunion annuelle. Ce ratio doit être complétéparuneenveloppede1,5%duPIBpourdes investissements dans des infrastructures à usage civil et militaire. « Je vais faire attention à ce que cet argent soit dépensé de manière efficace », promet le ministre allemand des Finances Lars Klingbeil,quis’estprononcépourplusdecoopération«auniveaueuropéen». Berlin fait la part belle également aux investissements dans les infrastructures, soutenus par l’enveloppe pluri-annuelle de 500 milliards. Ainsi, le gouvernement va débloquer 22 milliards pour la rénovation du réseau ferroviaire, dontlavétustépénaliseletransportdepassagers comme de marchandises. Dix milliards iront à la transition écologique, quatre milliards à la construction de logements à prix abordables, la même somme étant allouée au développement des réseaux numériques et à la numérisation de l’Etat. Lebudget2025concrétiseaussilavolontédu chancelier Merz de réduire le prix de l’énergie. L’ampleur de cette baisse est toutefois moins importante que prévu. Si tous les consommateurs bénéficieront d’un allègement du prix du gaz et d’une prise en charge plus importante par l’Etat du coût de l’extension du réseau électrique, la baisse de l’impôt sur l’électricité ne concernera quel’industriemanufacturière. La politique d’endettement à tout-va doit se poursuivre tout au long de la législature. La prise nette de crédit dépassera 170 milliards dès 2026 et culminera à 185,5 milliards en 2029. Le corollaire sera une augmentation drastique de la charge annuelle de la dette, d’environ 30 milliards actuellement à environ 62 milliards en 2029. Berlin devra notamment commencer à rembourser les emprunts issus de la crise sanitaireetdufondsspécialpourl’arméeallemande. « Rien n’est plus coûteux que l’immobilisme des dernières années », argumente Lars Klingbeil. A ses yeux, l’Allemagne, dont le ratio d’endettementestde62,5%duPIB,adequoivoirvenir. Si l’opposition écologiste salue les investissements dans la défense, elle voit une « occasion manquée » sur le plan des infrastructures. Les Verts dénoncent des « tricheries » pour évacuer des dépenses prévues dans le fonds spécial, à rebours des engagements donnés pour obtenir leur soutien à la dernière réforme constitutionnelle. Ils s’insurgent aussi du financement de nouvelles centrales à gaz via l’enveloppe destinéeàlatransitionénergétique. Pour boucler la partie recettes du budget 2025, la coalition droite-gauche a accordé une compensation aux Länder et aux communes pour les pertes de recettes fiscales liées à son plan de relance de l’investissement. L’échelon fédéral va rétrocéder temporairement aux communes plus de TVA. Les Länder obtiennent huit milliardspourfinancerhôpitauxetéducation. EnAllemagne,Merzfait parlerlapuissancedeladette Unprojetdeloimultipliequasimentpartrois laprisenettedecréditparrapportà2024 pourfinancerdesinvestissementsmassifs Impasse Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé qu’il prévoyait de rencontrer Donald Trump, mercredi en marge du sommet de l’Otan à La Haye, aux Pays-Bas. Sur le terrain, des combats violents se poursuivent en particulier dans le Donbass, alors que la Russie et l’Ukraine continuent leurs frappes à longue distance. Jean-Dominique Merchet « Enfin, sur la question ukrainienne... » Plus qu’un symbole, les derniers mots du compte-rendu officiel des propos du secrétaire général de l’Otan à la veille du sommet de l’Alliance atlantique, montrent combien la guerre en Ukraine est désormais tout en bas de l’agenda des Alliés. Elle était LE grand sujet de l’an dernier. L’élection de Donald Trump, puis la guerre entre Israël et l’Iran, sont venus bouleverser la donne. Le président Zelensky sera présent au sommet de l’Otan, mardi et mercredi à La Haye, mais uniquement pour le dîner officiel offert par le roi des Pays-Bas Willem Alexander. Il n’assistera pas à la grande séance du Conseil de l’atlantique Nord, mercredi matin, l’organe suprême de l’Alliance. Une réunion du conseil Ukraine-Otan se tiendra, mais uniquement au niveau des ministres. Certes, la déclaration finale du sommet de La Haye devrait confirmer l’engagement des Alliés envers Kiev, comme l’a indiqué le secrétaire général Mark Rutte – « Il faut continuer de s’assurer que l’Ukraine dispose des moyens nécessaires pour se défendre aujourd’hui et assurer la dissuasion demain. Notre soutien à ce pays est indéfectible et perdurera ». Mais, après plus de 1 200 jours de guerre, le cœur n’y est plus. Volodymyr Zelensky faisait déjà grise mine, la semaine dernière, à Kananaskis, lors du sommet du G7 au Canada: ni rencontre avec Donald Trump, ni communiqué final de soutien à l’Ukraine. Le constat qui s’impose est celui du blocage stratégique. La guerre se poursuit, mais sans perspectives militaires et diplomatiques. Offensive. Sur le front terrestre, la pression de Moscou s’intensifie depuis plusieurs semaines, sans que l’on sache s’il s’agit d’une offensive majeure. Les défenses ukrainiennes n’ont pas été percées, mais les Russes progressent légèrement. La semaine dernière, ils ont conquis 110 km2 . Leur effort principal porte toujours dans le Donbass, notamment vers Pokrovsk : s’ils contrôlent la quasi-totalité de la région de Louhansk, un gros tiers de celle de Donetsk leur échappe toujours. Le Kremlin considère ces deux oblasts, ainsi que ceux de Crimée, Kherson et Zaporijjia, comme partie intégrante de la Fédération de Russie. Au rythme actuel, il lui faudrait près de vingt ans de guerre pour s’assurer de la totalité de ces territoires... Et des dizaines de milliers de morts. L’autre front est celui des frappes stratégiques dans la profondeur. Les opérations ukrainiennes très spectaculaires, comme l’attaque le 1er juin des bases de bombardiers russes avec des drones lancés depuis des camions, ne suffisent pas à renverser le cours des choses. La Russie poursuit, elle, ses bombardements en Ukraine : dans la nuit de dimanche à lundi, 350 drones et seize missiles ont visé Kiev et d’autres villes. Si la défense aérienne ukrainienne est à la peine, les Russes n’ont pas les moyens de monter des attaques massives quotidiennes. Au cours des trente derniers jours, on en recense cinq, soit une tous les six jours en moyenne. Impasse militaire, mais aussi blocage diplomatique. Vladimir Poutine a refusé l’offre de paix de Donald Trump. Les discussions qui ont lieu en Arabie saoudite et en Turquie n’ont débouché sur rien de concret. Pour l’instant, la Maison Blanche semble se détourner du sujet, au profit de la guerre Israël-Iran. De leur côté, les Européens sont impuissants à peser sur le cours des choses, malgré les efforts franco-britanniques. L’horizon se bouche pour l’Ukraine. Son adhésion à l’Otan est exclue, à cause du veto américain ; celle à l’Union européenne, promise en 2022, s’avère ardue. Un temps envisagé, le déploiement de troupes européennes – notamment françaises – en cas de cessez-lefeu ne semble plus être d’actualité. Les Occidentaux s’accordent sur le fait que la principale garantie de sécurité de l’Ukraine passe par le renforcement de son armée. Faute toutefois d’être réellement passé en « économie de guerre », ils ont des difficultés à fournir à Kiev les systèmes de défense aérienne dont ils manquent. En trois ans, la guerre a changé de visage, avec l’usage massif de drones. Ils sont devenus la munition de base des batailles, dans un contexte très dur de guerre électronique. Des domaines où l’Ukraine et la Russie ont pris de l’avance sur les armées de l’Otan. L’Ukraine souffre par ailleurs d’une crise démographique très sérieuse, qui pèse sur sa capacité de mobilisation de nouvelles troupes. Selon les dernières estimations, il y aurait moins de 30 millions d’habitants dans le territoire contrôlé par Kiev – contre plus de 40 millions en 2021. Le taux de fécondité, 0,9 enfant par femme, est l’un des plus bas du monde : l’Ukraine a enregistré moins de 180 000 naissances en 2024. Certes, la situation russe n’est guère plus brillante, mais elle part de beaucoup plus haut, avec une population plus de quatre fois supérieure. @jdomerchet @jdomerchet X X L’Ukraine,grandeoubliée dusommetdel’Otan LeconflitcontrelaRussie,quisepoursuit dansunblocagestratégique,n’apparaît pluscommelaprioritédesAlliés Hémorragie La France devrait perdre cette année 800 millionnaires, un record qui représenterait 3,79 milliards d’euros d’actifs. Elle arrive ainsi au huitième rang mondial des pays enregistrant le plus de départs. Chloé Goudenhooft (à Londres) Le Royaume-Uni devrait perdre 16500 millionnaires en 2025, détenant 78 milliards d’euros d’actifs,selonunrapportdeHenley&Partners, un cabinet de conseil en migration d’investissement. Il s’agit du double des prévisions initiales. Sur les 59 pays étudiés, ce chiffre place le pays en tête. Sans surprise, les réformes fiscales du gouvernement travailliste — fortes hausses des impôts sur les plus-values et sur les successions — expliquent cette tendance. Les nouvelles règles ciblant les résidents non domiciliés au Royaume-Uni d’un point de vue fiscal (les non-dom), mises en place par les conservateurs, ont également été renforcées et sont entrées en vigueur en avril, alimentant le « Wexit » (« l’exode de la richesse », wealth en anglais). Bien que d’un impact plus limité, la fin de l’exemption de TVA sur les frais de scolarité dans le privé a aussi pesé dans la balance. Mais ce départ massif des millionnaires n’est pas seulement lié au retour des travaillistes au pouvoir, en 2024. Le Royaume-Uni est en fait passé d’aimant pour les millionnaires à celui d’exportateur depuis le référendum sur le Brexit, en 2016. « La sortie du marché européen a rendu le pays nettement moins attractif et moins flexible », souligne Trevor Williams, président et cofondateur de FXGuard, une fintech britannique spécialisée dans la gestion du risque de change pour les PME. Le départ de certaines activités d’Euroclear, infrastructure financière clé, a aussi contribué à faire fuir capitaux et acteurs du secteur vers d’autres places financières. » Et, en dépit de la promesse d’un « Singapoursur-Tamise » faite par Boris Johnson, aucune dérégulation radicale n’a vu le jour. Contraste. « En 2022, le gouvernement a aussi supprimé le programme britannique de visa pour investisseurs, éliminant ainsi une voie d’entrée privilégiée pour les millionnaires », poursuit Trevor Williams. Une situation qui contraste avec de nombreux autres pays qui mettent en place des visas dorés et des régimes fiscauxallégéspourattirerlesplusfortunés.Par ailleurs, la réputation britannique de destination accueillante pour les entreprises de la tech souhaitant accéder à des liquidités est aussi en déclin. Le Premier ministre Keir Starmer travaille cependant à inverser cette tendance, via des annonces censées attirer les investisseurs privés ou par la création d’une stratégie industrielle. Le gouvernement pourrait même réfléchir à annuler certaines des mesures du budget d’octobre 2024. De son côté, la France n’est pas à la fête. L’Hexagonedevraitperdre800millionnaires,un record qui représenterait 3,79 milliards d’euros d’actifs. Elle arrive ainsi au huitième rang mondial des pays enregistrant le plus de départs. «La France, comme l’Espagne et l’Allemagne, ont eu du mal à suivre le rythme des Etats-Unis et de l’Asie dans la course mondiale à la technologie », analyse Andrew Amolis, directeur de recherche à New World Health, le partenaire en analyse de données de Henley & Partners. Ces pays appliquent aussi des droits de succession élevés, ce quipeutêtreunfacteurdedépart,selonl’expert. « La plupart des destinations privilégiées par les millionnaires dans le monde, comme Singapour et les Emirats arabes unis, n’imposent pas de droits de succession, poursuit-il. En Italie, le taux est relativement bas, à hauteur de 4%. » Plusieurs cantons suisses maintiennent également des droits faibles ou négligeables. Or, avec les Etats-Unis, ces trois dernières destinations se trouvent en tête des pays les plus attractifs pour lesmillionnaires. @chloegouden @chloegouden X X LeRoyaume-Unisubit unexodedesmillionnaires Lataxesurlesrésidentsnon-domiciliésdans lepaysetlaréformedesdroitsdesuccession expliquentledésamourdestrèsriches Pour l’instant, la Maison Blanche semble se détourner du sujet, au profit de la guerre Israël-Iran Le projet de budget du gouvernement de Friedrich Merz prévoit une hausse des dépenses de 6,1 % en glissement annuel. SIPA PRESS 8 l’Opinion 25 juin 2025 BEY MEDIAS PRESSE & INTERNET SASU - 8, rue Bellini, 75116 Paris - www.lopinion.fr - Actionnaire : Bey Médias SAS. Président, directeur de la publication : Nicolas Beytout. Vice-président, rédacteur en chef : Rémi Godeau. Rédacteurs en chef adjoints : Olivier Baccuzat, Emmanuel Ginisty et Cécile Desjardins. BEY MEDIAS PUBLICITÉS - Tél : 01 40 69 46 96. Directrice générale adjointe, commerce : Cécile Colomb. 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Eutrophisation : Ptot 0,022 kg / tonne de papier Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique Voyage en absurdie 7H-9H EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique 7 EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko © CAPA Pictures / Europe 1 L’invitédu8Bellini D ans une décision de 2009, le Conseil constitutionnel a reconnu qu’« en l’état actuel des moyens de communication et eu égard au développement généralisé des services de communication au public en ligne ainsi qu’à l’importance prise par les services numériques pour la participation à la vie démocratique et l’expression des idées et des opinions, ce droit implique la liberté d’accéder à ces services ». En effet, notre façon de nous informer a changé : les réseaux sont la première source d’information des jeunes et une source importante pour les plus âgés. Le lieu de nos débats s’est déplacé de la table familiale ou du café du commerce à TikTok, X ou Discord. Nos débats ont perdu en sérénité : l’étude « Colère, polarisation et politique TikTok à l’Assemblée nationale » note une hausse de la polarisation des débats parlementaires, attribuée à la tendance des médias numériques à « amplifier le buzz ». D’autres études mettent en parallèle la progression des réseaux sociaux et la dégradation de l’état mental des jeunes, notamment des jeunes femmes. Du fait des progrès de l’intelligence artificielle, il devient difficile de distinguer les robots des personnes réelles, et surgissent dans le débat public des armées de trolls robotisés, qui visent à imposer leur récit (ils se multiplient autour des interventions sur l’Ukraine par exemple) ou à attaquer les auteurs de messages contraires à leur position. Il n’est pas nouveau que certains soient plus prompts que d’autres à utiliser des nouveaux médias dans leur campagne : Pulitzer utilisa son journal pour diffamer un candidat présenté contre lui. Sur Internet, Barack Obama fut l’un des premiers à gagner une élection, ayant su faire une meilleure campagne sur Internet que le camp républicain. En 2024, c’est Donald Trump, dans un style différent et aidé par Elon Musk, qui a pris l’avantage sur le web. Influence. Ceux qui organisent des opérations d’influence depuis l’étranger peuvent désormais réduire massivement le coût de ces opérations grâce à l’intelligence artificielle et à des comptes robotisés – bien meilleur marché et plus discrets que le recrutement d’agents. En France, le piratage des messageries en ligne d’En Marche entre les deux tours a cherché à influencer les résultats de la présidentielle de 2017. En Roumanie, en Pologne ou ailleurs, ces opérations ont fait basculer des élections. En Suède, elles ont contribué à attiser les tensions raciales. Or la façon dont nous organisons la démocratie n’évolue pas au même rythme que les opérations d’influence : seize ans après la décision du Conseil constitutionnel, et alors que 95% des Français ont accès à Internet, la majorité des électeurs n’a pas reçu les documents d’information électorale lors des européennes de 2024, envoyés par la Poste. L’action des députés s’organise autour de leur permanence physique mais peu disposent d’une plateforme Internet leur permettant de consulter leurs électeurs ou de recueillir leur avis autrement que par mail. Quand ils en ont une, ils ont dû l’improviser au lieu de disposer d’une plateforme commune, infiniment moins coûteuse et correctement sécurisée. La cellule de base de notre démocratie, la circonscription, reste définie depuis deux siècles comme la zone parcourue en une journée de cheval à partir de la préfecture. Plus généralement, le rapport récent de l’Observatoire du Long Terme (*) , montre que nos institutions vont au rythme du cheval quand ses ennemis prennent les autoroutes de l’information. C’est un problème à deux titres : d’abord ce retard crée des biais entre candidats ou partis. Or il serait préférable que les élections se gagnent sur les projets et la crédibilité à les mettre en œuvre, plutôt que sur la compétence du DSI ou du Community Manager. Car c’est précisément ce qui arrive: dans Les ingénieurs du chaos, Giuliano da Empoli signale plusieurs cas de « néocandidats » qui ont remporté des élections en utilisant de façon intensive des méthodes de marketing digital. Les raisons qui nous poussent à plafonner les dépenses des campagnes et à les rembourser, devraient nous pousser à réduire ce type de biais, probablement davantage en permettant à tous les candidats d’utiliser ces outils plutôt qu’en tentant de les interdire. Colères. L’autre problème est que nous sous-utilisons massivement le potentiel du numérique pour renforcer la démocratie. En effet, les campagnes de désinformation virtuelles prospèrent sur un défaut d’information, d’écoute ou de réponse à des problèmes réels – l’inquiétude des Gilets jaunes sur les prix de l’essence ou la multiplication de normes technocratiques par exemple. Ce sujet n’est pas nouveau : l’excès de centralisme de nos institutions et la défiance induite par ce centralisme ont déjà été largement commentés, comme le notaient il y a trente ans Alain Peyrefitte à droite dans La société de confiance ou Pierre Bourdieu à gauche dans La misère du monde. Désormais le numérique permet d’exprimer des problèmes mal traités par nos institutions de l’ère du cheval. Da Empoli montre ainsi comment des candidats trouvent un électorat en compilant ce type de revendications – de l’impact des normes environnementales jusqu’au prix de la nourriture pour animaux. Il n’y a rien d’anormal dans une démocratie représentative à ce que les électeurs mécontents se fédèrent autour d’un représentant. Or le numérique permet de fédérer des groupes que la géographie des circonscriptions ne suffit pas à représenter, ce qui est une bonne chose – sous réserve que l’on puisse ensuite avoir un débat sur la priorité à donner aux multiples enjeux catégoriels par rapport à des enjeux de plus long terme comme les déficits des comptes publics. De la même façon, la Covid nous a montré l’intérêt d’ouvrir largement et rapidement l’accès aux données : rien n’entretient plus le doute qu’une information opaque ou un ministère de la Vérité, seul autorisé à analyser ou à commenter. La réponse d’une démocratie libérale à un afflux de désinformation n’est pas de réduire la liberté d’expression, c’est d’assurer que le flux d’informations correctes est suffisant! Liberté. Pour qui croit à la liberté d’expression et au débat, il est difficile de ne pas être frustré de voir le numérique pointé comme un problème, alors que l’on attendait l’inverse d’une technologie qui facilite l’expression et y donne accès d’où qu’elle vienne dans le monde. Ceux qui ont connu Internet avant sa bulle noteront cependant que certaines de ces frustrations ne sont pas nouvelles. Perdue au milieu de normes techniques (la RFC1854 définit un protocole d’envoi de commandes de messageries multiples), la RFC1855 décrit ainsi la netiquette, les bonnes pratiques à adopter pour assurer la sérénité des échanges sur Internet (par exemple, éviter les messages insultants sous le coup de l’émotion, ou ne pas répondre à de tels messages). Oubliée depuis, elle répondait à une préoccupation qui reste d’actualité : éviter que la spontanéité des échanges numériques ne dégénère en torrents d’agressivité. Sans entrer dans le détail des recommandations du rapport cité plus haut, il est stérile de se focaliser sur les « ingénieurs du chaos ». Si certains excès doivent être sanctionnés (comme le soutien d’un candidat à la visibilité sur Internet par des moyens financiers non déclarés), l’enjeu est avant tout celui des raisons qui rendent ce chaos possible. Notamment le fait que ceux qui dirigent les plateformes ne se soucient plus des motifs qui avaient inspiré la RFC1855 – d’autres doivent donc le faire. Mais aussi le fait que nous utilisons trop peu les possibilités d’Internet pour renforcer la démocratie – ce qui laisse autant d’opportunités pour les ennemis des démocraties libérales. Olivier Champlain * « Manipulation et polarisation de l’opinion: réarmer la démocratie pour sortir du chaos », Observatoire du Long Terme. VincentChampain «Nousutilisonstroppeulespossibilités quenousoffreInternetpourrenforcer ladémocratie» Lafabriquede « Ceux qui organisent des opérations d’influence depuis l’étranger peuvent désormais réduire massivement le coût de ces opérations grâce à l’intelligence artificielle et à des comptes robotisés – bien meilleur marché et plus discrets que le recrutement d’agents » Longterme Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long Terme, think tank dédié aux enjeux technologiques et sociaux de long terme. JorgeLuisBorgesetsonœuvreontfait l’objetd’unHimalayad’étudesetde littératuresecondaire,unevéritablebibliothèquedeBabel,danstoutesleslangues. Enfrançaisexistentquantitéd’essaisetportraits,signésFrançoisTaillandier,Jean-Clet MartinouJean-PierreBernès.Bizarrement, iln’existaitcependantqu’uneseulebiographieausensstrict,celled’EmirRodriguez Monegal,traduitedel’espagnolen1983. OdileFelgineadoncdécidéd’enécrire unenouvelle,avecunevoix«différente, féminine,créatrice».Sonlivreserautile àtouslesadmirateursfrancophonesde Borges,àconditionqu’ilsfermentlesyeux sursesimperfections:coquilles,notespersonnellesoubliées,tournuresmaladroites («serendreenjustice»aulieude«porter plainte»,etc.),sansparlerdesinformations manquantes,outronquées.Page311, OdileFelgineexpliqueparexemplequele numérodedécembre1973deNewsweek, quicontenaitunetribunedeBorges,fut interditenArgentine.Etait-ceàcausedela tribune?Quecontenait-elle?Mystère. Ailleurs,évoquantlanotoriétéinternationalecroissantedeBorgesdanslesannées 1950,elleécrit:«Cependantilcommençait àfairel’objetd’attaquesassezviolentesde lapartdecertainsintellectuelsdesonpays, jugeantsalittératurepasassezenracinée oupasassezlatino-américaine.»Quels intellectuels?Etviolentescomment?Rien n’estprécisé.Sansdoutelaplaceétait-elle comptée,maislelecteur,àforce,estfrustré. Prisma.Lirecettebiographieenvautla peinemalgrétout.Lespagessurlesdébuts deBorges,notamment,sontcaptivantes. Lejeunepoètelanceunerevue,Prisma, impriméesousformed’afficheetcolléela nuitàBuenosAires.«Nousréjouissonsles mursavecdesvers.Nouscrucifionsnos poèmessousdesregardshypothétiques.» Passionnantesaussi,lespagessurles démêlésdeBorgesaveclepéronisme,oùil voyaitlesatanismeincarné.Lespéronistes, quienavaientautantcontrelui,nes’étaient pasprivésdel’humilieràleurarrivéeau pouvoiren1946,enl’éjectantdesonemploi debibliothécairepourlenommer…inspecteurdesvolaillesetlapins! S’agissantdesaspectsintimes,Odile Felgines’estlimitéeau«strictement nécessaire».Lepeuqu’elledévoilereste intéressant,entrel’omniprésenceétouffantedeMmeBorgesmère,lesépousailles catastrophiquesdeBorgesavecElsaAstete, etlestémoignagestardifsdesesanciennes liaisons.D’aprèsOdileFelgine,c’estenun sujetd’intérêtnational.«L’Argentineest, nel’oublionspas,undespaysaumondeoù ilyaleplusdepsychanalystes.»Voilàune remarquequiauraitpluàBorges. Jorge Luis Borges, d’Odile Felgine (Plon, 422 p., 26 euros). A noter aussi la parution de Vertiges, penser avec Borges, de Jean-Pierre Dupuy (Seuil, 272 p., 23 euros). Infolio Borges, leconteur dusiècle Lachronique de Bernard Quiriny GILLES ROLLE - REA En début d’année, le président russe, Vladimir Poutine, a rencontrésonhomologueiranien au Kremlin pour signer un nouveaupartenariatstratégiquedestiné à sceller l’alliance naissante entrecesdeuxpays,quiontpassé la dernière décennie à tenter de saper l’ordre mondial dirigé par les Etats-Unis. A présent, après plus d’une semaine de frappes aériennes punitives d’Israël et des EtatsUnis, ce traité ne s’avère guère utile à Téhéran. Lors de son entretien, lundi, avec le chef de la diplomatie iranien, Abbas Araghchi, le maître du Kremlin a rendu un verdict sans appel sur les attaques américaines. Il les a qualifiées d’injustifiées et non provoquées, et adéclaréquelaRussiesouhaitait aider le peuple iranien. Néanmoins, M. Poutine n’a pas évoqué de soutien militaire dans ses déclarations publiques avantleurentrevue.Enrevanche, il a proposé de discuter des solutionspossiblespourmettrefinau conflit. « Nous pouvons ainsi [...] réfléchir ensemble à la manière dontilseraitpossibledesortirde cette situation », a affirmé le président russe. Les frappes israéliennes ont visé le programme nucléaire iranien, des missiles et des hauts responsables militaires, et les Etats-Unis se sont joints à l’opération ce week-end en larguant leurs bombes anti-bunkers les plus puissantes. L’Iran, de son côté, n’a reçu guère plus qu’un soutien rhétorique de la part de sesplusgrandsalliés,notamment la Russie et la Chine. LepartenariatentreMoscou et Téhéran contrarie l’Occident, qu’il s’agisse de ses intérêts sur le Vieux continent ou au MoyenOrient.Lesdeuxpaysontcoopéré pendant près d’une décennie en Syrie pour maintenir le préLire SALAIRE en page II Lesalairehoraire minimumde30dollars révolteleshôteliers deLosAngeles Les propriétaires d'hôtels doiventdésormaiscomposeravec cequelesdirigeantssyndicauxde la région considèrent comme le salaire minimum le plus élevé du pays. Le conseil municipal a voté lemoisdernieruneaugmentation dusalairedesemployésdeshôtels d’unecapacitéde60chambresou plus. Le salaire horaire, actuellement à 20,32 dollars, sera relevé chaque année jusqu'à atteindre 30dollarsen2028. Le secteur se mobilise pour faire annuler la nouvelle loi sur ce salaire minimum. Les hôteliers de Los Angeles ont déposé une requête pour suspendre le nouvel arrêté municipal, et plusieurs d'entre eux ont également menacé de se retirer des accords Les hôteliers se révoltent ouvertement contre le nouveau salaire minimum de 30 dollars de l'heure imposé par Los Angeles,derniercoupdurpourl'un des marchés hôteliers les moins rentables du pays. Le moment semblait idéal pour posséder un hôtel à Los Angeles. La région va bientôt accueillir les plus grands événements sportifs mondiaux, avec huit matchs de la Coupe du monde de football l'année prochaine, puis le Super Bowl l'année suivante. En 2028, c'est àLosAngelesquesedérouleront les Jeux olympiques d'été. Cependant, le recul du nombre de visiteurs étrangers et d'autresproblèmesmalmènentde nouveau le secteur de l'hôtellerie deLosAngelescetteannée. Lire RUSSIE en page II PourquoilaRussieatournéledosàl’Iran aprèslesfrappesisraéliennes Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian, à Moscou, le 17 janvier. SIPA PRESS Lire FED en page II nepeutêtrevenduséparément DOW JONES 25 juin 2025 SIPA PRESS Jerome Powell doit naviguer entre risques de hausse des prix et de ralentissement de la croissance liés aux droits de douane. DonaldTrumpmetlepatrondelaFed dansunesituationimpossible an et que Trump pourrait établir un nouveau modèle, marqué par une influence présidentielle sur la banque centrale. Ses incessantes critiques servent en effet à la fois d'avertissement au constitue un revirement significatifpouruneresponsableauparavant très attentive à la crainte d'une hausse de prix. Christopher Waller, un des gouverneurs de la Fed, a, lui, déclarévendredidansuneinterview à CNBC qu'il pourrait soutenir une baisse des taux le mois prochain, car il a peur de voir le marché du travail se détériorer trop fortement. Powell sera entendu mardi par le Congrès dans le cadre de sonauditionrégulièresurlapolitique monétaire. La façon dont les parlementaires jugeront ses propos fournira une indication précieuse sur le soutien dont bénéficie l'indépendance de la Fed. Au cours des dernières décennies, la banque centrale a bénéficié d'une certaine liberté pour définir sa politique monétaire sans subir de contrôle politique direct. Un équilibre que Powell n'a cessé de défendre avec acharnement. Les enjeux dépassent largement les débats politiques actuels alors que le mandat de Powell expire dans moins d'un Le président Trump vient encore d'intensifier ses attaques publiques contre la Réserve fédérale. Il la met ainsi dans une situation perdant-perdant alors qu'elle doit naviguer entre risques de hausse des prix et de ralentissement de la croissance liés aux droits de douane. Cetteoffensive,quin'apratiquement pas de précédent dans l'histoire moderne, place la Fed devantunchoixcornélien:sielle baisse ses taux de manière drastique,commeleréclameTrump, ellerisqued'alimenterl'inflation etdenuireàsacrédibilitéauprès des marchés. Mais, si elle maintient son attentisme actuel, elle s'expose à de nouvelles pressions qui affaibliraient sa positionencasdefortralentissement de l'économie ou de concrétisation de l'analyse de l'administration—l'inflationneconstituepas une source d'inquiétude. La pression présidentielle s'exerce alors qu'un clivage se dessine au sein même des responsables de la Fed. Une situation qui pourrait encore compliquer les efforts de son président Jerome Powell pour trouver un équilibre entre risques politiques et économiques dans les mois à venir. Parmi les responsables de la Fed qui se sont exprimés depuis la réunion de la semaine dernière, les deux à avoir fait part deleurvolontédevoirbaisserles tauxlorsdelaprochaineréunion de la banque centrale fin juillet sont ceux nommés par Trump lors de son premier mandat. Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed chargée de la supervision bancaire, a déclaré lundi dans un discours qu'elle était plus préoccupée par les risques d'affaiblissement de l'emploi que par ceux liés à une poussée inflationniste, ce qui 25 juin 2025 l’Opinion I prévoyant la mise à disposition d'uncertainnombredechambres pendantlesJeuxolympiques. Certains hôteliers voulaient déjà quitter Los Angeles, à conditiondetrouveruneportedesortie. « Nous aimerions bien vendre » nos hôtels de Los Angeles, confie Jon Bortz, directeur général de Pebblebrook Hotel Trust,quipossèdedeuxétablissements dans la ville et sept autres enpériphérie.«Maispersonnene veutlesacheter.» D'autres affirment qu'en raison de la hausse des coûts de la main-d’œuvre, ils annulent leurs projets de rénovation, ferment leurs restaurants ou en réduisent les capacités, et n'excluent pas de supprimer leur service de voiturier. « La qualité du séjour va se dégrader », s'inquiète M. Bortz. « Le tourisme va en pâtir, et Los Angeles se retrouvera dans une situationcompliquéeàl'approche delaCoupedumondeetdesJeux olympiques.» Les manifestations contre la politique migratoire de Washington, qui se sont intensifiées lorsque le président Trump a envoyé la Garde nationale et les Marines américains, ne font qu'aggraver les incertitudes du marchéhôtelier.Danstoutlepays, les associations professionnelles du secteur font pression sur l'administration Trump pour que les employés des hôtels obtiennent des visas temporaires, afin de pallier la pénurie de personnel. La Maison Blanche a annoncé au débutdumoisqu'ellesuspendrait les arrestations d'immigrés dans les hôtels, les exploitations agricolesetlesrestaurants,maisellea ensuitepréciséquelesraidssurles lieuxdetravailsepoursuivraient. Selon la société de données immobilières CoStar Group, Los Angeles accuse déjà l'un des rythmes de reprise les plus lents depuis la pandémie parmi les 25 principauxmarchéshôteliersdes Etats-Unis. En tenant compte de l'inflation, le revenu par chambre disponible, un indicateur clé pour le secteur de l’hôtellerie, était en moyenneinférieurdeplusde15% à son niveau d'avant la pandémie au titre de la période de douze moisquis'estterminéeenavril. Le syndicat local des hôteliers, Unite Here Local 11, a mené la campagne pour augmenter les salaires.Représentant32000travailleursdel'hôtellerieetd'autres secteurs en Californie du Sud et en Arizona, il s'agit de l'une des organisations syndicales les plus puissantesdel’hôtellerie. Kurt Petersen, coprésident du syndicat, estime que les propriétaires d'hôtels peuvent se permettre d'augmenter les salaires,d'autantplusquelaCoupe du monde de football, le NBA All-Star Game, le Super Bowl et les Jeux olympiques devraient doper la demande. «Bien sûr qu'ils peuvent se le permettre », assure M. Petersen. « Les travailleurs doivent gagner suffisamment pour pouvoir vivre àLosAngeles.» Le loyer médian d'un appartement de deux chambres à Los Angeles s'élève à 2 383 dollars par mois, soit 72% de plus qu'à l'échelle nationale, selon le site Internet Apartment List. Le syndicat recueille actuellement des signatures pour qu'un référendum soit organisé sur la hausse dessalairesdetouslesemployés de Los Angeles. Les hôteliers soulignent qu'ils traversent déjà une période difficile, en raison notamment de la baisse de fréquentationdestouristesinternationaux après plusieurs cas de détention oud'expulsiondevisiteursétrangers aux Etats-Unis. Les voyageurs soucieux de leur budget se tournent vers les locations de courte durée et le nombre de chambres d'hôtel a augmenté de 3% depuis 2019, ce qui aggrave la situation, explique MichaelStathokostopoulos,directeur de l'analyse du secteur hôtelierchezCoStarGroup. Avant même l'entrée en vigueur du nouveau salaire minimum,lecoûtmensuelmoyentotal de la main-d'œuvre par chambre occupée cette année dans les hôtels proposant des services complets à Los Angeles a atteint un niveau record de 250 dollars en avril, indique M. Stathokostopoulos. Ce chiffre représente une haussede6%enunanetd'environ 36%parrapportauniveauderéférencede184dollarsenregistréen 2019,avantlapandémie. Les hôteliers ne pensent pas que les grands événements sportifsprévusgénérerontdesrevenus supplémentaires suffisants pour compenser l'augmentation des coûts du personnel. La Coupe du monde et les Jeux olympiques se dérouleront pendant la haute saisonestivaleàLosAngelesetne devraientdoncapporterqu'unlégersurcroîtd'activité,avertitMark Beccaria,propriétairedel'hôtelde charmeAngeleno. Il ajoute avoir suspendu un projet de rénovation de 10 millions de dollars, qu'il espérait terminer avant les Jeux olympiques, en raison notamment de l'augmentationdusalaireminimum. « De nombreux hôtels de Los Angeles vont se dégrader », déploreM.Beccaria. Pebblebrook est propriétaire du W Los Angeles, situé non loin de Rodeo Drive, et du Kimpton Hotel Palomar. Tous deux souffrent d'une baisse de rentabilitédepuis2016. Seuls ces deux hôtels de la société sont situés dans la ville de Los Angeles et seront tenus de respecter l'augmentation du salaire minimum. Mais le PDG du groupe, M.Bortz, affirme qu'il devra probablement revoir à la hausse les salaires des sept autres établissementsdelarégiondeLos Angelesafindecontinueràattirer desemployés. Il est déjà prévu que les salairesaugmententàLongBeach, unevillevoisine,oùlesélecteurs ontapprouvéunnouveausalaire minimum de 29,50 dollars d'ici à 2028. L'augmentation du salaire minimum à Los Angeles s'ajoute àunarrêtémunicipalde2022qui plafonne strictement la superficie que les femmes de chambre peuvent nettoyer pendant leur serviceetrendextrêmementcoûteux pour les hôteliers de recourir aux heures supplémentaires, expliqueM.Bortz. L'American Hotel & Lodging Association, une organisation professionnelle du secteur, participe à une initiative visant à obtenir l'annulation de l'arrêté sur le salaireminimum. Si les opposants parviennent à recueillir 93 000 signatures d'iciàlafindumois,lahaussedes salaires sera reportée d'un an et l'arrêté sera soumis au vote des électeursdeLosAngeleslorsd'un référendumenjuin2026. KateKing (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal sident Bachar al-Assad au pouvoir. Et après l’échec de Moscou dans les premières phases de son invasion de l’Ukraine, l’Iran a soutenu l’effort de guerre de la Russie en lui fournissant des munitions, des obus d’artillerie et des milliers de drones. Cependant, il est peu probable que Moscou tienne ses promesses. Alors que l’Iran n’a pas été confronté à un enjeu de cette taille depuis plusieurs dizaines d’années et que le président Trump appelle même à un changement de régime, l’aide militaire russe ne devrait pas se concrétiser, estiment les analystes. Si le partenariat stratégique conclu entre les deux pays ne prévoit pas de pacte de défense mutuelle, il renforce toutefois le partage des renseignements et interdit aux deux pays d’aider leurs ennemis respectifs en cas de conflit. « L’Iran peut certes demander à la Russie de le soutenir en représailles contre les EtatsUnis, mais Moscou n’acceptera jamais », affirme Nikolay Kozhanov, expert des relations russoiraniennes et professeur à l’université du Qatar. Cette situation met en évidence la nature purement transactionnelle des partenariats mêmelesplussolidesdeM.Poutine,alorsqueleKremlins’enlise en Ukraine et reste vulnérable aux sanctions occidentales. Le président russe veut éviter une escalade militaire qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’Iran et la Russie. Il souhaite également préserver ses relations avec Israël, déjà instables,ainsiquesesliensavec M. Trump, qui s’est abstenu de sanctionner la Russie malgré la réticenceduKremlinàs’engager dans des négociations de paix concrètes avec l’Ukraine. L’Iran ne devrait pas s’en satisfaire,nimêmes’enétonner, ayant déjà été déçu par son allié russe dans le passé. Le mois suivant l’assaut mené par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1 200 morts parmi les Israéliens, le gouvernement iranien a annoncé avoir conclu un accord avec Moscou prévoyant que la Russie lui fournisse des avions de combat Sukhoi Su-35, des hélicoptèresd’attaqueMi-28,des systèmes de défense aérienne S-400 et des avions d’entraînement Yak-130. Téhéran n’a reçu que les avions d’entraînement. Des problèmes de production et la pression diplomatique exercée par d’autres pays du Golfe ont incité laRussieàsuspendrelalivraison detechnologiesplussensibleset plus puissantes, explique Nicole Grajewski,chercheuseauCarnegieEndowmentforInternational Peace et auteure d’un ouvrage sur l’Iran et la Russie. L’andernier,lesfrappesisraéliennes ont détruit certains des meilleurs systèmes de défense antiaérienne de l’Iran, fournis par les Russes. Dans les mois qui ont suivi, Moscou n’a pas pu ou voulu les remplacer. Lundi, M. Araghchi a demandé à M. Poutinedenouveauxsystèmesde défense antiaérienne et de l’aide pour restaurer son programme nucléaire, selon une personne informée des discussions. La semaine dernière, interrogé par la presse sur les raisons pourlesquelleslaRussienefournissait pas d’armes à l’Iran pour l’aider à contrer les attaques israéliennes,M. Poutinearéponduquel’intérêtdelaRépublique islamique pour le matériel russe avait diminué et que Téhéran n’avait pas formulé de nouvelles demandes spécifiques. « Il n’y a vraiment rien à dire », a-t-il conclu. L’Irann’estpaslepremierpartenairequeMoscouabandonneen périodedecrise.L’Arménie,quia pourtant conclu un traité de défense mutuelle avec la Russie, n’a obtenu aucune aide du Kremlin lorsque ses forces dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan, ont été décimées par les troupes de Bakou en2020 et2023.Cettedéfaiteaaccéléréun viragefondamentaldel’Arménie, qui s’est détachée de son alliance aveclaRussiepourserapprocher desEtats-Unis. De même, lorsque le président syrien Bachar al-Assad a été renversé l’année dernière, M. Poutine s’est contenté de lui offrirl’asile,ainsiqu’àsafamille. « La Russie n’est pas aussi bonne amie des dictateurs qu’elle le prétend : M. Poutine tourne souvent le dos à ses amis autoritaireslorsqu’ilsontbesoin delui »,souligneFabricePothier, ancien haut conseiller des dirigeantsdel’Organisationdutraité de l’Atlantique Nord (Otan). Plutôtquedesoutenirl’Iran, M. Poutinechercheàsepositionnercommeunmédiateurpotentiel dans le conflit. M. Trump a rejetécettepossibilitélasemaine dernière, affirmant que le président russe devrait d’abord se concentrer sur la négociation d’un accord de paix en Ukraine. La guerre entre Israël et l’Iran pourrait, d’une certaine manière, profiter à Moscou, en contribuant à la hausse du prix du pétrole et en détournant l’attention de son invasion de l’Ukraine,alorsquelaRussiedevraitlanceruneoffensivecetété. Il est en réalité possible que l’Iran sorte du conflit plus isolé et dépendant de la Russie et de la Chine, qui pourraient tourner cette situation à leur avantage. « En Iran, on reproche souventàlaChineetàlaRussiedene pas être de véritables amis, mais plutôtd’exploiterl’isolementdu payspourobtenirdesressources naturellesbonmarchétoutenlui vendant du matériel militaire de seconde zone à des prix exorbitants,etparfoissansmêmelivrer le matériel promis », indique Tino Sanandaji, chercheur suédoiranien à la Stockholm School of Economics. D’aucuns avertissent que la crédibilité de la Russie en tant qu’alliée pourrait être remise en cause. « On ne peut ignorer que la Russie n’ait pas pu empêcher Israël de mener une frappe massive contre un pays avec lequel elle avait signé un accord de partenariat stratégique voilà cinq mois », écrit le politologue Andreï Kortounov. « Moscou n’est manifestement pas prête à aller au-delà des déclarations politiques. » ThomasGrove etBojanPancevski (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal II l’Opinion 25 juin 2025 MORGAN LIEBERMAN FOR WSJ LeconseilmunicipaldeLosAngelesavotélemois dernieruneaugmentationdusalairedesemployés deshôtelsd’unecapacitéde60chambresouplus. RUSSIE Suite de la page I SALAIRE Suite de la page I En2023,l’IranavaitannoncéunaccordaveclaRussieprévoyantlafournitured’avionsdecombat,d’hélicoptères d’attaqueetdesystèmesdedéfenseanti-aérienne.L’Irann’afinalementreçuquedesappareilsd’entraînement. SIPA PRESS «Letourisme vaenpâtir, etLosAngeles seretrouvera dansune situation compliquée àl’approche delaCoupe dumondeetdes Jeuxolympiques» Laguerre entreIsraëlet l’Iranpourrait profiteràMoscou, encontribuant àlahaussedu prixdupétrole etendétournant l’attention desoninvasion del’Ukraine Lesrobotssontsurlepointde remplacer les derniers manutentionnaireshumains. Lechargementetledéchargementdescamionssontdestâches éreintantes et répétitives, un problème que les distributeurs et les transporteurs de colis tentent de résoudre depuis de longues années. Les employés ne restent généralementpaslongtempsàces postes. Les étés et les hivers sont particulièrement difficiles pour ceux qui sont coincés dans une remorque métallique à soulever delourdscartons.Etlesblessures sontlégion.Depuislongtemps,automatiser ce processus fait figure de Saint Graal dans le domaine de la logistique d'entrepôt. Une fois chargés, les colis doivent être rangésdemanièreàcomblertout l'espace disponible et triés selon leur poids, les plus lourds en bas, afin qu'ils ne tombent pas et ne se cassentpas.Ledéchargementest également difficile, car le manutentionnaire doit faire des allersretours dans la remorque les bras chargés de colis de tailles et de poidsdifférents. De nos jours, dans un entrepôt classique, toutes les tâches sont en grande partie automatisées, à l'exception du chargement et du déchargement des camions. Les personnes qui ont exercé ces métiers indiquent qu'il leur faut rester de longues heures et soulever des cartons pesant jusqu'à 32 kg. Grâce aux dernières avancées en matière de robotique, le changement est en marche. L'amélioration des capteurs et des algorithmes, les progrès del'intelligenceartificielle(IA)et des technologies de traitement d'images plus rapides transforment ces robots en véritables experts capables d'effectuer des tâches qui ressemblent à un jeu de Tetris grandeur nature. Lesingénieursd'AmbiRobotics ont conçu un jeu vidéo pour former leur système automatisé d’empilage AmbiStack. Il simule des situations complexes, notamment la manipulation de colis lourds et de cartons aux dimensions inhabituelles, explique Jeff Mahler, cofondateur et directeur des technologies d'Ambi Robotics. Une autre entreprise, Boston Dynamics, a conçu un robot baptisé Stretch, en référence à son bras souple capable d'atteindre les recoins les plus hauts d'une remorque. Grâce à son préhenseur recouvert de ventouses, il peut soulever des cartons pesant jusqu'à22kg.DHLpossèdedésormais sept robots Stretch dans ses centres logistiques répartis dans trois Etats et a formé près de 100 employés à leur utilisation. A Columbus, dans l'Ohio, un robot Stretch que le personnel de DHL surnomme «Johnny 5» décharge environ 580 cartons par heure, soit près de deux fois plus qu'un manutentionnairehumain. En mai, DHL a signé un accordavecBostonDynamicspour l'achat de 1 000 robots supplémentaires.UnitedParcelService (UPS) accélère également l'automatisation de ses entrepôts, notamment pour le chargement etledéchargementdescamions, une initiative qui permettra à l'entreprise de réduire ses coûts, ont déclaré ses dirigeants en avril.FedExtesteetperfectionne depuis2023leprocessusdechargement des remorques dans l'un desesentrepôtsavecl'entreprise derobotiqueDexterity.Walmart a également commencé à utiliser des robots pour décharger les camions. DHL recherchait un robot capable de manipuler différents produits, de se déplacer à l'intérieur comme à l'extérieur d'une remorque et ne nécessitant pas un investissement initial important, indique Sally Miller, directrice mondiale des systèmes d'information chez DHL Supply Chain. « Ce sont des postes difficiles à pourvoir, en particulier pour le déchargement des remorques pendant les mois les plus chauds », précise-t-elle. Le robot Stretch a encore quelques difficultés à saisir les colis plats et ne peut pas encore déchargerlessacs.BostonDynamicsn'apassouhaitéencommuniquer le prix, mais l'entreprise estime que l'investissement sera rentabilisé en deux ans. Megan Diveley, manutentionnairedansuneentreprisede logistique en Virginie depuis environ trois ans, se souvient que, les premiers temps, elle avait de gros bleus sur les jambes. « Une fois que j'ai pris de la force, ça allait mieux, mais j'ai toujours des bleus partout », raconte l’Américaine de 44 ans. Mme Diveley craint de perdre son emploi, même sans la menace des robots. La baisse des volumes, la consolidation des installations et la réduction des coûts dans les entreprises de logistique sont autant de facteurs susceptibles d'entraîner des licenciements. Aux personnes qui exercent ce métier, elle conseille de s'hydrater régulièrement et de porter des chaussures de sécurité. EstherFung (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal successeur de Powell et d'appel à candidatures en faisant émerger de potentiels remplaçants désireux d'apaiser les relations entre l'institution et le locataire de la Maison Blanche. Si les futurs dirigeants de la banquecentralesesententdavantage contraints de tenir compte des considérations partisanes à côté des données économiques, la crédibilité de la Fed, acquise aufildesdécenniesetfondement de la confiance mondiale dans la politique monétaire américaine, se retrouverait écornée. Vendredi, Trump a demandé à Powell de réduire le taux directeurdelabanquecentrale,actuellementsituéautourde4,3%,àun niveaucomprisentre1%et2%afin de réduire le coût croissant lié au servicedeladettefédérale. Des conseillers de Trump, dont le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, ont relayé les critiques du président à l'égard de la politique monétaire en affirmant que les craintes d'une inflationinduiteparlesdroitsde douane étaient exagérées. Depuis sa réunion avec Powell dans le Bureau ovale le mois dernier, Trump a déversé un torrent d'insultes sur le président de la Fed. « Je ne sais pas pourquoi le Conseil ne passe pas outre ce crétin fini! », a écrit le président vendredi dans un message publié sur les réseaux sociaux. Trump a évoqué la possibilité de limoger Powell, une idée qu'il avait déjà agitée puis abandonnée. Powell a répondu que l'institutionprenaitsesdécisionssurla base de ses meilleures analyses économiques. « De mon point de vue, ce n'est pas compliqué. Ce que tout le monde [à la Fed] veut, c'est une économie américaine solide et performante », at-il déclaré la semaine dernière. Dansplusieursdiscoursprononcés ces deux derniers mois, un ancien gouverneur de la Fed, Kevin Warsh, a pointé la banque centrale comme responsable desattaquesdontellefaitl'objet. « J'ailuavecstupéfactiondansles journaux à quel point ces politiciensétaientméchantsenversla banque centrale. Eh bien, grandissez un peu ! Soyez forts », a notamment dit M. Warsh, l'un des principaux candidats à la présidence de la Fed, lors d'une table ronde le mois dernier. Les pressions de la Maison Blanche sur les dirigeants de la Fed ne sont pas nouvelles, mais elles se faisaient autrefois en privé. Dans les années 1960, le président Lyndon Johnson avait intimidé physiquement le président de la Fed, William McChesney Martin Jr., après l'avoir convoqué dans son ranch au Texas. Assis ensemble sous le porche de la propriété, les deux hommes avaient ensuite minimisé l'incident devant les journalistes. Dans les années 1970, le président Richard Nixon et ses conseillers avaient fait publier dans la presse une fausse information selon laquelle le président de la Fed de l'époque, Arthur Burns, réclamait une augmentationderémunération, toutenplaidantpouruncontrôle desprixetdessalaires.M. Burns avait finalement cédé aux pressions de la Maison Blanche. La forte inflation qui a suivi dans les années 1970 a été enrayée par de sévères récessions au début des années 1980. Depuis, les banquiers centraux américains et d'autres économies avancées ont cherché, avec succès dans l'ensemble, à obtenir le soutien de leurs gouvernements pour accroître leur indépendance, arguant qu'elle conduirait à de meilleurs résultats économiques. « Il est normal que les présidents exercent une pression sur le président de la Fed, mais celle deTrumpsembledifférente.Ses attaques sont plus virulentes, incessantes et publiques », a déclarédimancheMarkSpindel, gestionnaire de fonds et coauteur d'un ouvrage sur l'histoire del'indépendancedelaFed,lors d'une interview. Powell a été nommé président de la Réserve fédérale en 2018 par Trump, qui l'a ensuite souventcritiquépoursafrilosité àsoutenirl'économieenbaissant les taux d'intérêt. Les remontrances formulées par Trump la semaine dernière étaient d'un autre ordre. Les républicains du Congrès et l'administration Trump éprouvent plus de mal que prévu à réduire dépenses et déficits. Ce qui a conduit le président à réclamer une baisse des tauxd'intérêtafindediminuerles chargescroissantesliéesàladette fédérale,quipourraientdépasser cette année les dépenses militaires du pays. Les craintes que la banque centralenesuccombeàunetelle « domination budgétaire » ont été au cœur des tensions qui ont conduitlaFedàrevendiquerune plusgrandeautonomie,souvent qualifiée d'indépendance, vis-àvis du pouvoir exécutif au début des années 1950. Unebaisseagressivedestaux en l'absence de signes évidents d'affaiblissement de l'économie risque de se retourner contre l'institution, car elle pourrait faireremonterlestauxd'intérêtà long terme. Si la Fed contrôle les premiers, les seconds sont, eux, déterminés par la demande des investisseurspourlesobligations américaines. Trump a reconnu vendredi que ses « vives critiques » à l'égard de Powell « lui rendent plus la tâche plus difficile ». Ces attaques compliquent également la communication de la Fed. Si elle n'est pas perçue commeagissantdansl'intérêtdu pays,l'institutionauradavantage de mal à prendre des décisions parfois délicates mais nécessaires pour ralentir l'économie afin de contrôler l'inflation. Lesattaquesdeplusenplusvirulentes de Trump contre Powell montrentqueleprésidentdispose de peu d'options efficaces pour obtenir les mesures monétaires qu'il souhaite sans présenter d'argumentsplusconvaincantssurles risquesquipèsentsurl'économie. Le limogeage de Powell semble, lui, moins plausible qu'il yaquelquessemaines.LaCoursuprême s'est en effet montrée très claireensignifiantàTrumpquela Fed était hors du champ de compétence présidentiel lorsqu'elle a acceptélemoisdernierlelicenciement de commissaires fédéraux par l'hôte de la Maison Blanche, malgré une loi interdisant leur révocationdiscrétionnaire. UneautreoptionpourTrump serait d'annoncer le successeur dePowelldemanièreinhabituellement précoce. Une hypothèse qu'ilalaisséentrevoiraudébutdu mois. Un « président fantôme » serait alors chargé de saper l'autorité de Powell en amenant les marchés à accorder moins de poids à ses prévisions en matière de politique monétaire. Mais cette solution pourrait également mettre le successeur dans une position délicate: il se retrouveraitàcritiquerpubliquement ses futurs collègues de la Fed, dont il aura besoin une fois en fonction, et risquerait d'être perçu par les acteurs du marché comme un larbin du président. Autre hypothèse, le président fantôme pourrait choisir de défendre les mesures prises par la banque centrale. Mais, dans ce cas, il s'attirerait les foudres de Donald Trump... et perdrait son poste avant même d'avoir pris ses fonctions. L'éviction de Powell étant trèsimprobable,lacampagnede pression devrait se poursuivre. La Fed craint que l'inflation ne redevienne un problème pour la deuxième fois en cinq ans. MaisTrumpfaitcontrepoidsàce risque structurel en avertissant les responsables qu'ils seront tenuspourresponsablessil'économie plonge. « Les attaques de Trump “fonctionnent“. C'est pourquoi il les utilise », résume Spindel. Nick Timiraos (Traduit à partir de la version originale en anglais par Paul Julhiet) Edited from the original FED Suite de la page I DHL possède un robot capable de décharger environ 580 cartons par heure, soit près de deux fois plus qu’un manutentionnaire humain. BRIAN KAISER FOR WSJ LeGraaldel’automatisation:unrobotquidéchargetoutseuluncamion 25 juin 2025 l’Opinion III La pression mise par Donald Trump sur le patron de la banque centrale américaine a atteint un niveau jamais-vu dans l’histoire des Etats-Unis. SIPA PRESS FedExteste etperfectionne depuis2023le processusde chargement desremorques dansl’undeses entrepôtsavec l’entreprise derobotique Dexterity Unebaisse agressivedes tauxenl’absence designesévidents d’affaiblissement del’économie risquedese retournercontre laRéserve fédérale
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