L'HISTOIRE n°529 - Page 1 - 529 Année zéro L aguerren’étaitpasfinie.Aprèslesbombardements de l’été, Brest, Caen, Le Havre étaient en ruine. Partout, les ponts, les gares, étaient à reconstruire. Au début du mois de février 1945, les Allemands en repli déclenchaient à Colmar une dernière bataille sur le sol français qui fit encore des milliers de morts. Dans les villes, on manquait de tout, et d’abord de lait, de pain, de charbon. Il faudrait dix ans pour retrouver le niveau de production d’avantguerre.Encethiver,lesTrenteGlorieusesavaientencore les joues creuses. Et pourtant… On est abasourdi par le nombre des réformes de structure que met alors en place, en moins de dix-huit mois, un Gouvernement provisoire réinstallé, en août 1944, dans les bureaux de Matignon comme s’il n’en était jamais parti. Dès l’automne, on jette les basesd’unsystèmedeprotectionsocialegénéralisé: un an plus tard, en octobre 1945, la Sécu est née. L’aspiration à la justice sociale était alors bien partagée : « l’esprit de Philadelphie » soufflait aussi en Grande-Bretagne ou en Autriche. Mais ce qui frappe en France, c’est la force du consensus dont bénéficie alors le gouvernement du général de Gaulle et dont témoignent aussi les sondages. En ce même mois d’octobre 1945, les grands partis qui dominent l’Assemblée ne sont d’accord sur rien, sauf sur la nécessité de rebâtir un pays plus moderne, plus ambitieux et plus solidaire. Il fallait bien sûr que les planètes fussent alignées. Les collabos étaient en fuite – ou se faisaient discrets. L’esprit de la gauche s’était imposé dans le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), adopté à l’unanimité, en mars 1944, toutes tendances confondues, pour redonner à la nation humiliée les moyens de sa renaissance. Nationalisations, planification… Rien ne faisait problème à la droite dans une France qui, de Colbert à de Gaulle, a su quand il fallait impliquer l’État dans l’économie. Rien n’eût été possible, cependant, sans l’autorisation de Staline pour qui, à cette date, la priorité se situe à l’Est, dans la constitution d’un glacis de pays satellites, et qui laisse aux communistes, en France comme en Italie, les mains libres. Maurice Thorez, deretourd’URSS,enapportelabonnenouvelle.Auréolé du prestige de l’Armée rouge victorieuse à Stalingrad, le PCF, premier parti de l’Assemblée constituante à l’automne 1945, participe donc activement à la reconstruction. Le Grand Soir attendra. La révolution se fera par la loi. Le pape aussi laisse faire. Même s’il en refuse l’étiquette, le MRP fut bien alors l’instrument d’une des rares expériences de démocratie chrétienne en France. Les syndicats ne sont pas en reste. La grande réformation peut avoir lieu. On connaît la suite. En janvier 1946, pour peser sur le processus constitutionnel en cours, de Gaulle démissionne.Onadopteencoreauprintemps,largement et sans débat, des réformes de taille – nationalisation de l’électricité et du gaz (EDF-GDF) ou des assurances. Mais la politique partisane reprend ses droits. En mai, un premier projet de Constitution est rejeté, le second est adopté en octobre du bout des lèvres. En mai 1947 le socialiste Ramadier renvoie les ministres communistes. On entre dans la guerre froide. La parenthèse est refermée. Les réformes, elles, seront durables. C’est la leçon que nous donnent ces dix-huit mois de sortie de guerre, quand la vie quotidienne, pour beaucoup, était encore si rude, et les retours si douloureux. Nous avons voulu convoquer d’autres images, les photos de ces mères de famille endimanchées exhibant leur premier bulletin de vote, les pouponnières riches d’avenir, les affiches promettant de fermer pour toujours la porte à la misère, les figures discrètes de grands commis de l’État portant haut – jusqu’à New York – une certaine idée de la France. Maisaussi–etsurtoutpeut-être–delaRépublique.n L’Histoire @ Retrouvez toute l’actualité de L’Histoire sur www.lhistoire.fr On est abasourdi par le nombre des réformes de structure mises en place en moins de dix-huit mois / 3 L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 ÉDITO 4 / Forum VOUS NOUS ÉCRIVEZ L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 @ En vous inscrivant à l’adresse privilege-abonnes@histoire.presse.fr vous pourrez recevoir la newsletter et les informations de L’Histoire. Notre numéro L’Histoire Collection sur « Les Palestiniens » (n° 106) a suscité de nombreuses réactions. « J’ai beaucoup apprécié votre numéro, nous écrit Bruno Chevallier. Je regrette cependant que le contexte politique du pays depuis la création d’Israël (de 1948 jusqu’à nos jours) n’ait pas été plus évoqué car il éclaire différemment les tristes événements du 7 octobre 2023. Ce ne fut pas “une invraisemblable” attaque mais la réaction désespérée d’un peuple qui voyait les résolutions de l’ONU en 1948 totalement bafouées sans que personne, l’ONU en tête,les États-Unis,l’Union européenne, les pays arabes voisins, réagisse… » Olivier Lendower revient également sur les termes utilisés : « Employer le terme d’“assassinat” pour Ahmed Yassine est incorrect,s’agissant d’un acte commis par l’armée israélienne légitimement fondée à agir afin de préserver les citoyens israéliens d’attentats projetés par le Hamas. Dans son cas, écrire “tué par une frappe de l’armée israélienne” serait approprié car correspondant à la réalité. Contrairement à Ahmed Yassine, Ismaël Haniyeh n’est pas mort à la suite d’une frappe de l’armée israélienne. Il est confirmé qu’il a été tué à Téhéran par l’explosion d’une bombe, présumée avoir été déposée par des agents israéliens avec la complicité d’Iraniens ou par des Iraniens. Quant à Yahya Sinouar, il a perdu la vie lors d’un échange de tirs avec l’armée israélienne. » Concernant nos pages « A lire et à voir », la sélection a été difficile. « Pourquoi n’avezvous pas mentionné NoOtherLand(2023), extraordinaire documentaire – le plus fort qu’il m’a été donné de voir jusque-là dans ma vie – sur la colonisation en Cisjordanie ? » regrette Grégoire Gonin. Bruno Pelhate nous fait remarquer, à juste titre,une erreur dans la carte p. 22 sur la délimitation des zones de pêche : « Il faut parler de 3 milles et 6 milles nautiques et non de 3000 milles et 6000 milles nautiques, ce que confirme l’échelle de la carte. » Plusieurs lecteurs ont également déploré que ne soit pas davantage soulignée l’importance de la conférence de San Remo qui, en avril 1920, prépare la rédaction du traité de paix avec l’Empire ottoman, futur traité de Sèvres, et établit le partage des territoires arabes de l’Empire ottoman en mandats confiés à la France et à la Grande-Bretagne. « Votre publication omet l’élément-clé de cet événement historique : l’intégration de la “déclaration Balfour” dans le droit international,reconnaissant légalement le droit du peuple juif à l’autodétermination en Palestine. » La réponse de la rédaction Certes, la conférence de San Remo, puis le traité de Sèvres intègrent la « déclaration Balfour » en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, « étant bien entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives ». Mais ce traité n’a jamais été ratifié, il est donc resté sans valeur. Le premier acte international reprenant la « déclaration Balfour » est donc bien la charte du mandat sur la Palestine de 1922, comme le dit Henry Laurens dans son entretien, p. 47. Les Palestiniens : chaque mot compte La rédaction de L’Histoire est responsable des titres,intertitres, textes de présentation,encadrés, notes,illustrations et légendes.La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle,faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause,est illicite (article L.122-4 du Code de propriété intellectuelle). Toute copie doit avoir l’accord du Centre français de droit de copie (CFC,20,rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.Tél.: 01 44 07 47 70.Fax : 01 46 34 67 19). L’éditeur s’autorise à refuser toute insertion qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication.Les nom,prénom(s) et adresse de nos abonnés sont communiqués à notre service interne et aux organismes liés contractuellement avec L’Histoire,sauf opposition motivée.Dans ce cas,la communication sera limitée au service de l’abonnement.Les informations pourront faire l’objet d’un droit d’accès ou de rectification dans le cadre légal. Commission paritaire n° 0428 K 83242.ISSN 0182-2411. L’Histoire est publiée par les Éditions L’Histoire Président et directeur de la publication : Claude Perdriel Dépôt légal février 2025 © 2025 Éditions L’Histoire Sauf mention contraire de son auteur,toute lettre parvenue à la rédaction de L’Histoireest susceptible d’être publiée dans le magazine.Par souci de brièveté et de clarté,la rédaction se réserve le droit de ne publier que des extraits des lettres sélectionnées. Origine du papier :Autriche Eutrophisation (Ptot) : 0,018 kg/tonne Taux de fibres recyclées : 33 %. Imprimé par BLG,Toul (54),France Certifié PEFC Plutôt de Gaulle que Voltaire L’article de Florence Bourillon (L’Histoire n° 528) m’a tout de suite accroché. L’auteure évoque les noms de certains personnages effacés de l’espace public. Réciproquement, dans l’émotion du décès d’un « grand » personnage, ses admirateurs font pression pour que ses mérites soient reconnus par une dénomination de rue. Mais des arrière- pensées peuvent être présentes. Ainsi, après la mort du général de Gaulle le 9 novembre 1970, la municipalité de Pont-l’Abbé ( Finistère) décide, dès 1971, de lui attribuer la rue principale de la ville. Du même coup, on faisait disparaître la rue Voltaire et la rue Ernest-Renan, personnages dont les relations avec l’Église catholique avaient été tumultueuses. J. N. AL AIN BADARNEH/POOL/AFP Annonce Monique Vilamosa, fidèle abonnée, souhaiterait faire don de sa collection sur trente ans de la revue L’Histoire. Elle habite Orsay (91) et se dit prête à faire quelques kilomètres pour la déposer. Si vous êtes intéressé, veuillez la contacter à : monique.vilamosa@laposte.net FR FR FR FR AU CINÉMA LE 19 MARS “UNE AUDACE ÉBLOUISSANTE” “ÉDIFIANT” L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 6 / On va en parler MANUEL COHEN/AURIMAGES @ Renseignements : archives.senat.fr EXCLUSIF Le Sénat met en ligne ses archives Deux cent trente ans d’histoire parlementaire accessible en ligne ! Voilà une excellente nouvelle pour les étudiants, les chercheurs ou les curieux qui s’intéressent à la France contemporaine. En effet, ce sont près de 400000 documents que le Sénat, installé dans le palais du Luxembourg à Paris, a décidé de rendre consultables à distance. De façon attendue, ce fonds comprend les projets et propositions de lois, procès-verbaux, rapports, comptes rendus des commissions parlementaires et des débats en séance publique. Et ce, depuis 1795, date de l’instauration, sous le Directoire, du Conseil des Anciens, lointain ancêtre du Sénat. « On pourra ainsi suivre le parcours de la loi depuis son étude en commission jusqu’à son adoption, s’enthousiasme Jean-Marc Ticchi, directeur de la bibliothèque et des archives du Sénat. Cela peut donner à voir des aspects inconnus de la préparation de la loi. » On trouve, par exemple, les travaux de la commission chargée du projet de loi relatif à la séparation des Églises et de l’État de 1905 (cote : 124S 1279). Mais ces ressources sont aussi une formidable – et peut-être plus inattendue – mine d’informations pour étudier l’histoire locale. Les procès-verbaux des commissions ad hoc – entre 1876 et 1921 – permettent de mieux comprendre les discussions relatives à l’examen des projets de loi. Par exemple ceux à propos de la ligne de chemin de fer entre Mende et Le Puy en 1879 ou les réparations des dommages causés aux récoltes par le gibier en 1900. Il est aussi possible de consulter les biographies des membres de la seconde Chambre depuis 1814 et bientôt 1795 : état civil, portraits, professions, curriculum et comptes rendus d’activité parlementaire. Sans oublier les dossiers d’élection des sénateurs (1876-1924), comme celui de Victor Hugo, élu dans la Seine par 115 voix sur 209 en 1876. Lettres autographes, caricatures, photographies et archives privées complètent ce fonds, qui comptera 935000 documents en ligne en décembre 2026. n Préhistoire BON ANNIVERSAIRE, LUCY ! La célèbre australopithèque continue de fêter ses 50 ans en 2025 – si l’on peut dire, puisque les ossements retrouvés fin 1974 flirtent plutôt avec 3,18 millions d’années. Le Musée national d’Éthiopie a accepté de la laisser partir en Europe pour la première fois. Elle sera au Musée national de Prague à partir du 25 août. Préparez votre voyage ! Patrimoine MOSSOUL RENAÎT La reconstruction de monuments de Mossoul, en Irak, menée par l’Unesco, s’est achevée en février 2025 : la grande mosquée Al-Nouri, le minaret Al-Hadba, l’église syriaque-catholique Al-Tahira. La ville avait été détruite à 80 % pendant son occupation par Daech de 2014 à 2017. Concours L’ALGÉRIE En 2024-2025, le Concours national sur l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie a pour thème : « L’Algérie en mouvements : mobilités et migrations (1830-1962) ». Rens : www.a2cga.com ou concoursscolairehga @gmail.com Archives POUR TOUS Les régions disposent de riches services d’archives. Pour rendre ces fonds plus visibles, un guide est proposé aux chercheurs. www.archivistes.org /livret-sur-les-archives -regionales-et-frise -chronologique Conservation Le palais du Luxembourg possède des archives de la seconde Chambre depuis 1795. Fin 2026, 935000 documents seront numérisés. L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 / 7 L'esprit d'ouverture. En partenariat avec Écoutez ce qu’hier nous prépare. © Radio France/C. Abramowitz LE COURS DE L’HISTOIRE DU LUNDI AU VENDREDI 9H - 10H Xavier Mauduit FC_LM_LeCoursDeLHistoire_176x120v2.indd 1 FC_LM_LeCoursDeLHistoire_176x120v2.indd 1 05/05/2022 10:30 05/05/2022 10:30 GENÈVE La 10e édition du Festival Histoire et Cité, qui se tient à Genève, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Prangins et La Chaux-de-Fonds, explore le rôle central des animaux, sauvages, domestiqués, élevés pour le travail, la nourriture ou la compagnie, sans oublier les symboles religieux et figures artistiques. On y retrouvera notamment Michel Pastoureau, François Jarrige, Silvia Sebastiani, Éric Baratay, Pierre Serna ou Marie Favereau. FESTIVAL HISTOIRE ET CITÉ : PLACE À L’ANIMAL ENFANCES À L’ENS De l’enfant pauvre à l’enfant sauvage, de l’atelier à l’école, de la guerre aux rêves, le département d’histoire de l’École normale supérieure propose une semaine de l’histoire autour du thème « ENFANCES » Au programme : exposition, conférences, tables rondes et projection de film. Avec Antoine de Baecque, Anne-Emmanuelle Demartini, Julie Doyon, Hélène Dumas, Bernard Lahire, Hervé Mazurel, Valérie Theis… Du 5 au 7 mars au 45, rue d’Ulm, 75005 Paris. @ Renseignements : https://www.ens.psl.eu /agenda/semaine-de-l-histoire-2025-enfances /2025-03-05t080000 PARIS L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 8 / On va en parler VIZILLE, MUSÉE DE L A RÉVOLUTION FRANÇAISE – DR – PHOTO PERSONNELLE – PHOTO PERSONNELLE – CYRIL ENTZMANN/DIVERGENCE – PHOTO PERSONNELLE – DR – PHOTO PERSONNELLE – OLIVIER ROLLER/DIVERGENCE @ HOMMAGES Pierre Sorlin est mort le 19 janvier 2025, à 91 ans. Auteur d’une thèse sur Waldeck-Rousseau (Armand Colin, 1966) et d’ouvrages sur l’antisémitisme (La Croix et les Juifs, 1880-1899, Grasset, 1967), il était spécialiste de l’image (Sociologie du cinéma. Ouverture pour l’histoire de demain, Aubier Montaigne, 1977). L’historien britannique était connu pour ses thèses sur le développement d’une « société persécutrice » dans l’Occident médiéval à partir du xie -xiie siècle. Il a aussi été un pionnier de l’histoire globale, publiant La Première Révolution européenne, xe -xiiie siècle (Seuil, 2001). Robert I. Moore est mort le 5 février 2025, à 83 ans. Mort brutalement dans la nuit du 7 au 8 février 2025, il a étudié les structures de parenté dans l’aristocratie médiévale occidentale, la maison Plantagenêt et la légende arthurienne. Collaborateur régulier de L’Histoire, Martin Aurell a publié Excalibur, Durendal, Joyeuse. La force de l’épée (PUF, 2021) et Aliénor d’Aquitaine. Souveraine femme (Flammarion, 2024). Sophie Mouton A Vizille Elle devient directrice du musée de la Révolution française, succédant à Alain Chevalier. Prix Duroselle Amine Laggoune et Nathan Rousselot Ce prix de thèse d’histoire des relations internationales revient à Amine Laggoune pour « Retour au pays forcé ou rêvé ? Le rapatriement des Soviétiques depuis la France entre sortie de guerre et balbutiements de la guerre froide, 1944-1947 » et à Nathan Rousselot pour « Les diplomates français et britanniques face à la guerre civile espagnole, 1936-1939 : de la perception des violences aux interventions humanitaires ». Frédéric Régent Prix Guizot Décerné par l’Académie française pour Libres de couleur. Les affranchis et leurs descendants en terre d’esclavage, xive -xixe siècle (Tallandier, 2023). Xavier Mauduit Prix Richelieu L’association Défense de la langue française couronne le producteur de l’émission quotidienne « Le Cours de l’histoire » sur France Culture. Emmanuelle Reimbold Prix de la Sécurité sociale Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale a distingué sa thèse : « Épreuves de la reconnaissance. Stratégies, solidarité et concurrence des victimes de la Grande Guerre, 1914-1930 ». LES GENS LA VIE DE L’ÉDITION LES SYMBOLES DE NOTRE HISTOIRE Les éditions Dervy lancent une nouvelle collection de petits livres (64 à 80 pages) pour décrypter des symboles que nous ne remarquons plus : la couronne, la fleur de lys, Marianne ou le Graal. Dirigée par Pierre Mollier, elle s’enrichira bientôt du drapeau tricolore, de l’hermine, de Gargantua et de Mélusine. LES 80 ANS DE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE Perrin propose 50 ouvrages incontournables, dont 300 jours par Éric Branca, sur la période du 13 juillet 1944 au 9 mai 1945 ; les Mémoires du photographe d’Hitler de Heinrich Hoffmann, présentés par Claude Quétel, à paraître fin 2025, et des rééditions en avril : Les Cent Derniers Jours d’Hitler par Jean Lopez, Hitler et Churchill par Andrew Roberts. ITINÉRAIRE DE RECHERCHE Avec La Nature de l’historien. Par le haut, par le bas (CNRS Éditions), Guillaume Blanc raconte son parcours depuis les Cévennes jusqu’au monde universitaire en passant par le terrain dans les archives ou en Afrique. Sans oublier les espoirs, les déceptions, les rencontres et les satisfactions. Pierre Sorlin historien du cinéma Robert I. Moore pionnier d’histoire globale Martin Aurell passionnément médiéviste Retrouvez tous leurs articles et les hommages sur : www.lhistoire.fr 10 / Revue mensuelle créée en 1978, éditée par les Éditions L’Histoire 41 bis, avenue Bosquet, 75007 Paris Président et directeur de la publication : Claude Perdriel Directeur général : Philippe Menat Directeur éditorial : Maurice Szafran Directeur éditorial adjoint : Guillaume Malaurie Directeur délégué : Jean-Claude Rossignol Conception graphique : Dominique Pasquet Pour toute question concernant votre abonnement Tél. : 01 55 56 71 19 Courriel : abo.histoire@groupe-gli.com L’Histoire, service abonnements 45,avenueduGénéral-Leclerc,60643ChantillyCedex Belgique : Édigroup Belgique, tél. : 070 233 304 Suisse : Édigroup SA, tél. : 022 860 84 01 Tarif France : 1 an, 12 nos : 67 € 1 an, 12 nos + 4 nos Hors-série.Collections : 89 € Tarif autres pays : nous consulter Achat de revues et d’écrins L’Histoire, 45,avenueduGénéral-Leclerc, 60643ChantillyCedex Tél. : 01 55 56 71 19 RÉDACTION, DOCUMENTATION, RÉALISATION Tél. : 01 70 98 suivi des 4 chiffres Courriel rédaction : courrier@histoire.presse.fr Directrice de la rédaction : Valérie Hannin (19 49) Assistante de rédaction : Marie Alberto Jeanjacques (19 51) Conseillers de la direction : Michel Winock, Jean-Noël Jeanneney Rédactrice en chef : Héloïse Kolebka (19 50) Rédacteur(rice)s en chef adjoint(e)s : Géraldine Soudri (19 52), Olivier Thomas (19 54) Secrétaire général de rédaction: Raymond Lévêque (19 55) Chef de rubrique : Ariane Mathieu (19 53) Rédaction : Julia Bellot (19 60), Lucas Chabalier, Domitille de Gavriloff, François Mathou, Huguette Meunier, Nina Tapie (19 30) Rédaction-révision-correction : Hélène Valay Directrice artistique : Marie Toulouze (19 57) Service photo : Jérémy Suarez-Lalouni (19 58) COMITÉ SCIENTIFIQUE Pierre Assouline, Jacques Berlioz, Patrick Boucheron, Catherine Brice, Bruno Cabanes, Johann Chapoutot, JoëlCornette,Clément Fabre, Anaïs Fléchet, Jean-NoëlJeanneney,PhilippeJoutard, Emmanuel Laurentin, Julien Loiseau, Pap Ndiaye, Fabien Paquet, Olivier Postel-Vinay, Yann Potin, Yves Saint-Geours, MauriceSartre,ClaireSotinel, Pierre-FrançoisSouyri,Laurent Theis, Annette Wieviorka, Olivier Wieviorka, Michel Winock CORRESPONDANTS Dominique Alibert, Claude Aziza, Vincent Azoulay, Antoine de Baecque, Esther Benbassa, Françoise Briquel-Chatonnet, Guillaume Calafat, Jacques Chiffoleau, Alain Dieckhoff, Jean-Luc Domenach, Hervé Duchêne, Olivier Faron, Marie Favereau, Christopher Goscha, Christian Grataloup, Isabelle Heullant-Donat, Gilles Kepel, Matthieu Lahaye, Marc Lazar, Olivier Loubes, Gabriel Martinez-Gros, Marie-Anne Matard-Bonucci, Guillaume Mazeau, Nicolas Offenstadt, Pascal Ory, Michel Porret, Yann Rivière, Isabelle Surun, Boris Valentin, Sylvain Venayre, Catherine Virlouvet, Nicolas Werth Ont collaboré à ce numéro : Grégoire Delatouche, Steve Fopa-Simo, Lucile Juteau (partenariats),SophieLeGallo(secrétariatderédaction), Julia Valere Louwagie FABRICATION Responsable de fabrication : Sarah Rabbah (19 21) ACTIVITÉS NUMÉRIQUES Erwan Treyz (19 08) PARTENARIATS ET ÉVÉNEMENTS Alain Scemama (06 60 49 12 34) SERVICES ADMINISTRATIFS ET FINANCIERS Directrice administrative et financière : Jaye Reig MARKETING DIRECT ET ABONNEMENTS Directeur : Luc Bonardi Responsable du marketing direct : Magali Viette (19 12) VENTES ET PROMOTION Directeur : Valéry-Sébastien Sourieau (19 11) Ventes messageries : Mercuri Presse Conseil, Frédéric Vinot (01 42 36 80 52) Diffusion librairies Pollen/Dif’pop’ Tél. : 01 43 62 08 07, fax : 01 72 71 84 51 RÉGIE PUBLICITAIRE Mediaobs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires, 75002 Paris Tél. : 01 44 88 suivi des 4 chiffres Courriel : pnom@mediaobs.com Directeur général : Corinne Rougé (93 70) Directeur de publicité : Romain Provost (89 27) Directeur de clientèle : Antoine Kodio (97 79) Studio : Vincent Curet (89 26) Gestion : Catherine Fernandes (89 20) mediaobs.com 3 L’édito 4 Forum 6 On va en parler Événement 12 Caen, 1025 Naissance d’une capitale par Laurence Jean-Marie et Fabien Paquet •L’archéologie médiévale est née à Caen Actualité 24 L’IA fait de l’histoire par Clément Fabre 27 Olympe de Gouges, enfin ! par Olivier Thomas 28 Bilan des répressions politiques dans la Russie de Poutine par Nicolas Werth 30 Chiffons, os, métal… L’obsession nazie du recyclage par Bruno Cabanes Dossier France 1945, tout est possible ! 34 État-providence. 1945 : la « grande réformation » par Claire Andrieu • Le Gouvernement provisoire • Les hommes de l’État-providence • En avant pour le baby-boom • Enfin les femmes votent •Une parenthèse a des limites •Infographie : mai-juin 1944, consensus et modération •Chronologie ROUEN, BIBLIOTHÈQUE PATRIMONIALE VILLON, MS. 1233 (Y. 26) – AGIP/BRIDGEMAN IMAGES Ce numéro comporte un message Challenges ainsi qu’un encart First Voyages sur une partie de la diffusion abonnés. P. 12 P. 32 / 11 Sommaire L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 COUVERTURE : Enfants dans la cour de récréation de l’école primaire expérimentale de Suresnes, le 19 juin 1946 (Agip/Bridgeman Images). COUVERTURE CAEN 1000 ANS : Porte des Champs, château de Caen (L. Romano/De Agostini/AKG-Images) ; le duc de Normandie dans le Grand Armorial équestre de la Toison d’or, xve siècle (BNF, Arsenal RES-MS-4790 folio 52). FRANCE CULTURE Le jeudi 27 février à 9h05, retrouvez L’Histoire dans l’émission de Xavier Mauduit « Le Cours de l’histoire » L’Atelier des chercheurs 64 ISLAM, LA FABRIQUE DES HÉROS par Emmanuelle Tixier du Mesnil 70 LE CORPS ET LE DROIT : DANS LA MAIN DES ROMAINS par Sarah Rey 76 Décryptage d’image « METROPOLIS » DE GROSZ : AVANT-GARDE OU ART DÉGÉNÉRÉ ? entretien avec Johan Popelard 44 Sur les routes. Dans le chaos de la sortie de guerre par Marianne Amar • Infographie : 1,8 million de rapatriés vers la France 50 Le phénomène Sartre par Michel Winock • Sartre : « On est tous responsables » 54 Catholiques et communistes. Les « deux Églises » par Fabien Archambault • Cartes et infographie : en tête aux législatives de 1946 • Le coup de génie de Mauriac 60 En marche pour un nouvel ordre mondial par Yves Saint-Geours • « L’Esprit de Philadelphie » • Les Français qui ont compté • Pour en savoir plus Guide 78 LIVRES Le livre du mois par Jacques Berlioz La sélection de « L’Histoire » Les revues La bande dessinée par Tristan Martine Le classique de Christiane Klapisch-Zuber par Jean-Claude Schmitt 90 SORTIES Expositions par Vincent Duclert et Huguette Meunier Cinéma par Antoine de Baecque 98 CARTE BLANCHE de Pierre Assouline MAJOR ARCHIVE/AL AMY/PHOTO12 – MANTOUE, PAL AZZO D’ARCO ; AURIMAGES © MUSEO NACIONAL THYSSEN-BORNEMISZA, MADRID ; © ADAGP, PARIS 2025 P. 76 P. 64 P. 70 L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 12 / Événement Caen, 1025 Naissance d’une capitale Caen célèbre son millénaire. Mais à quoi correspond l’année 1025 ? Si cette date ne marque pas une véritable « fondation », elle indique l’essor, stimulé ensuite par Guillaume le Conquérant, d’une des capitales de la Normandie. Caen participe ainsi au grand développement urbain du xie -xiiie siècle en Europe. Par Laurence Jean-Marie et Fabien Paquet LES AUTEURS Maîtresse de conférences en histoire médiévale et directrice du Craham-Centre Michel-de-Boüard (université de Caen Normandie), Laurence Jean-Marie a notamment publié Caen aux xie et xiie siècles (La Mandragore, 2000). accueille l’archevêque, tandis que des évêques sont installés depuis plusieurs siècles à Évreux, Lisieux, Sées, Bayeux, Avranches et Coutances. En ce début de xie siècle, coincé entre deux cités épiscopales, Bayeux et Lisieux, un pôle urbain nouveau émerge dans notre documentation. C’est en effet vers 1025 que Caen est mentionné pour la première fois dans deux actes du duc de Normandie Richard II. Est-ce à dire que la ville naît alors ? La prudence doit être de mise. Ces actes, d’abord, ne sont en aucun cas ceux de la fondation d’une ville. Du côté des sources, ensuite : ces attestations surviennent dans une période pour laquelle nous possédons de plus en plus d’actes des ducs de Normandie, il n’est donc pas exclu que nous soyons face à un « effet de source ». Il est certain, cependant, que le développementdeCaenestplutôtrécent comparé aux cités de la Normandie médiévale. La ville, certes, n’est pas une cité gallo-romaine – même si les L ’histoire de la Normandie, telle qu’elle se forge entre le xe et le xve siècle, n’est pas partie de Caen. C’est plutôt vers Rouen qu’il faut d’abord porter le regard. Vieille cité romaine, siège de l’évêque depuis (au moins) le ive siècle et de l’archevêque depuis le viiie siècle, c’est cette ville qui voit s’installer le chef viking Rollon. Ce dernier prend le titre de « comte de Rouen » lorsqu’en 911 le roi Charles le Simple lui cède un territoire compris entre l’Epte et la mer en échange de sa conversion au christianisme et de son ralliement – faisant progressivement de lui et de ses successeurs des princes francs comme les autres. Au fil du xe siècle, le pouvoir des comtes s’étend vers l’ouest, englobant la vallée de l’Orne et la « plaine de Caen»,jusqu’àatteindreleMontSaintMichel. Les limites de la principauté demeurent relativement stables pour le reste du Moyen Age et son prince acquiert, autour de 1010, le titre de duc.Lesfrontièrespolitiquesduduché – qui prend le nom de « Normandie », de Normanni (« hommes du Nord ») – se confondent alors presque avec celles de la province ecclésiastique : une nouvelle fois, c’est Rouen qui DR – ANTOINE BONFILS POUR L’HISTOIRE – ROUEN, BIBLIOTHÈQUE PATRIMONIALE VILLON, MS. 1233 (Y. 26) – FELIPE RODRIGUEZ/AL AMY/HEMIS Maître de conférences en histoire médiévale (Craham, université de Caen Normandie), Fabien Paquet est directeur de l’Office universitaire d’études normandes (MRSH). L’HISTOIREN°529 - MARS 2025 / 13 Splendeur normande Ci-dessus, à droite : la Trinité ou Abbaye-aux-Dames, dont on voit ici la façade occidentale, est fondée par Mathilde de Flandre au moment où son époux Guillaume le Conquérant fonde Saint-Étienne (ou Abbaye-auxHommes). Mathilde y est inhumée en 1083. A gauche : le couple visitant un chantier (Chronique de Normandie, 1410).
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