TRANSPORT INFO n°695 - Page 1 - 695 NUMÉRO SPÉCIAL DESTABLEAUX POUR IDENTIFIER LESACTEURS •Les TMS chargeurs •Les TMS transporteurs •Les solutions FMS 2025 LE GUIDE INFORMATIQUE DES EXEMPLES CONCRETS: TÉMOIGNAGES DE DSI, TRANSPORTEURS… COMMENT INTÉGRER DES OUTILS DIGITAUX? LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DU TRANSPORT ROUTIER N° 695 Mensuel - juillet 2025 - 16 € © Adobestock DES INFOGRAPHIES POUR MIEUX COMPRENDRE: Camion autonome, usages de l’IoT, principes d’un YMS, cybersécurité… + Mise à jour BERTRAND EULOGE RÉDACTEUR EN CHEF © WAD Près de 58% des chefs d’entreprises considèrent l’intégration de l’IA comme «une question de survie à 3-5 ans». L’enquête de Bpifrance, publiée en juin dernier, est révélatrice du questionnement actuel des dirigeants français, et notamment des transporteurs, obligés de composer avec la grande révolution technologique du 21e siècle. Intégrée aux TMS, aux logiciels d’optimisation de tournées et aux outils télématiques de gestion de flotte, l’intelligence artificielle s’immisce sur toutes les lèvres des éditeurs et toutes les applications du TRM. Pour vous aider à mieux dompter cet animal numérique, Transport Info dédie ce numéro uniquement à l’informatique*. À travers quatre rubriques mentionnées ci-dessous, l’auteur de ce Guide 2025, Renaud Chasle, a mis l’accent sur des cas pratiques et de nombreux témoignages. Celui de Bruno Lefeuvre (lire page 58) est prégnant: le directeur immobilier de Schenker France nous explique comment gérer la recharge des camions électriques grâce à un logiciel de supervision, pour baisser ses couts en énergie. Cet exemple concret démontre que la transformation numérique de sa société ne doit pas être considérée comme une contrainte, mais bel et bien comme un impératif synonyme de rentabilité. À l’instar de la transition énergétique, le temps presse. TRANSPORT INFO JUILLET 2025 - N°695 CONNECTIVITÉ p.34 GESTION DE PARC p.56 LOGISTIQUE p.70 LOGICIELS p.6 La transformation numérique de sa société doit être considérée comme un impératif synonyme de rentabilité. « » Espace Clichy 9, allée Jean-Prouvé 92587 CLICHY CEDEX Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du numéro indiqué entre parenthèses Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire Sophie Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant Éditeur: Karim Khaldi (33 11) RÉDACTION Contact: prénom.nom@editions-lariviere.com Rédacteur en chef Bertrand Euloge (56 52) Secrétaire de rédaction Gilles Wullus Rédacteur graphiste Richard Gillouin (56 55) Ont collaboré à ce numéro: R. Chasle. PUBLICITÉ et ANNONCES Chef de publicité Eric Pellerin (56 65) Assistantedepublicitéet petitesannonces Manon Dimanche (56 51) Responsable administrative Catherine Caulle (34 35) Promotion des abonnements Kahina Houist 01 47 56 54 43 ABONNEMENTS ET VENTE PAR CORRESPONDANCE Tél.: 03 44 62 43 79 e-mail: abo.lariviere@ediis.fr TARIFS ABONNEMENTS France: 1 an 183 € TTC (TVA 2,1%) Étranger: nous contacter au (+33) 03 44 62 43 79 CORRESPONDANCE ABONNEMENT TRANSPORT INFO - SERVICE ABONNEMENT 43, avenue Général Leclerc 60643 Chantilly Cedex Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression: Imprimerie de Compiègne, Compiègne (60) «Papier issu de forêts gérées durablement» Origine du papier: Belgique Taux de fibres recyclées: 0% Certification: PEFC / EU ECO LABEL Eutrophisation: 0,01 kg/tonne LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DU TRANSPORT ROUTIER Espace Clichy Immeuble Agena 12, rue Mozart 92587 CLICHY CEDEX Tél.: 01 41 40 32 32 Fax: 01 41 40 32 50 Transport Info est une publication des ÉDITIONS LARIVIÈRE, SAS au capital de 3 200 000 euros Dépôt légal: 2e trimestre 2025 Commission paritaire: 1025 T 84699 ISSN: 1774-8917 Numéro de TVA intracommunautaire: FR 96 572 071 884 RCS Nanterre: B 572 071 884 CCP 115 915 A Paris 5 Édito LE GUIDE INFORMATIQUE 2025 *Tous vos rendez-vous traditionnels (portraits, entretiens, reportages…) sont déjà publiés sur notre site transportinfo.fr. LE GUIDE INFORMATIQUE 2025 Au cœur de la digitalisation du TRM, les logiciels accompagnent au quotidien les exploitants. Ils sont nécessaires pour gérer efficacement l’activité, comme en témoignent les experts interrogés tout au long de ce guide. À l’heure de l’intelligence artificielle, le TMS permet plus que jamais aux transporteurs comme aux chargeurs d’automatiser la planification, le suivi et la facturation du transport. Il est vital pour optimiser l’activité et sa rentabilité, répondre aux attentes de digitalisation des clients, et ainsi pérenniser les relations contractuelles avec les donneurs d’ordre. Connectées au TMS, les bourses de fret, solutions de suivi des tournées ou d’e-CMR contribuent également à enrichir l’écosystème informatique qui, selon les mots du DSI des transports Lahaye, «devient un levier de performance économique de l’entreprise». Logiciels • Actualités p. 8 • Témoignage: Nicolas Morand, DSI de Lahaye p. 10 • TMS chargeur: tout savoir sur la planification p. 14 • Tableau: les TMS chargeur du marché p. 18 • Témoignage: le TMS au cœur de GFS p. 20 • IA: nouveau compagnon du transporteur p. 22 • Témoignage: RDV Transport et l’e-CMR p. 26 • Témoignage: Thévenet intègre les outils B2P p. 28 • Tableau: tous les TMS du marché p. 30 N°695 - JUILLET 2025 TRANSPORT INFO 6 © AdobeStock LOGICIELS Strada lance Matrix Cargo, un nouveau TMS pour transporteurs et chargeurs L ’éditeur Strada commercialisera en septembre 2025 un nouveau TMS, intégré à sa plateforme StradaWorld de logiciels SaaS de gestion du transport, et interopérable avec les outils Strada Tracking (gestion de flotte) et Strada Time (gestion sociale). Baptisé Matrix Cargo, ce TMS a la particularité de s’adresser à la fois aux transporteurs et aux chargeurs. L’outil s’appuie sur l’intelligence artificielle et met l’accent sur la planification automatisée des transports et l’optimisation des itinéraires ou du chargement des camions. «Il peut être utilisé par un transporteur pour traiter les commandes et planifier automatiquement les tournées, en sélectionnant intelligemment les véhicules/ conducteurs adaptés à la mission. Matrix Cargo vise ainsi à libérer un temps précieux aux exploitants, qui n’ont plus qu’à valider les plans de transport définis par l’IA, et peuvent ainsi se concentrer sur des opérations spécifiques», explique Caroline Guillon, responsable marketing de Strada. Le logiciel permet aussi aux chargeurs de planifier les transports de leur flotte en propre, comme de sélectionner leurs prestataires sous-traitants et de leur adresser les missions.■ N°695 - JUILLET 2025 TRANSPORT INFO 8 Continental propose depuis février une version 4.1A de son DTCO, et Stoneridge a lancé début juin une version «définitive » du SE5000 Smart 2. Ces deux appareils sont compatibles avec la fonction OSNMA, qui pourra être activée dans les centres agréés lors des inspections périodiques des tachygraphes intelligents, après sa mise en application prévue dans les prochains mois. Ils sont d’ores et déjà fournis aux constructeurs pour leur intégration en première monte dans les camions neufs. Notons que les versions du tachygraphe déployées dans les camions depuis aout 2023 pourront également être mises à jour afin d’intégrer la fonction OSNMA, mais sans obligation pour les transporteurs.■ Comment Stoneridge et Continental se préparent à la nouvelle version OSNMA Chronotachygraphe TMS Axxès remplace son télébadge B’Moov par un nouveau modèle 4G appelé C’Moov, en prévision de l’arrêt de la 2G en 2026 et plus performant. Selon Axxès, il offre une meilleure couverture réseau et des capacités de téléchargement plus rapide des données, par exemple celles de positionnement GNSS ou les informations de péage, vers la plateforme de gestion Lucy. ■ Axxès lance le badge C’Moov Télépéage © Photos DR © GettyImages TRANSPORT INFO JUILLET 2025 - N°695 9 LE GUIDE INFORMATIQUE 2025 Dans la nouvelle version de son TMS présentée lors du salon SITL 2025, Dashdoc a développé une fonctionnalité de planification des transports basée sur l’intelligence artificielle (IA). Celle-ci permet de programmer la journée de travail d’un conducteur et de simuler l’impact d’éventuelles modifications sur une tournée, telle qu’un nouvel enlèvement de dernière minute. Selon Dashdoc, l’exploitant doit prendre en compte de nombreuses variables lors de l’affectation d’une mission: la position actuelle du conducteur, la distance à parcourir pour se rendre au nouveau point d’enlèvement/livraison, les temps de conduite, etc. Grâce à l’IA, Dashdoc TMS peut afficher à l’écran les différentes options possibles et comment la modification d’un paramètre (exemple: temps d’attente sur site) impacte le reste de la tournée.■ Dashdoc place l’IA au cœur de son logiciel Depuis février dernier, Trimble Mobility est passé sous le giron de Platform Science, entreprise américaine qui développe la plateforme Virtual Vehicle d’applications pour véhicules connectés. À l’image d’une place de marché digitale, celle-ci réunit un ensemble de solutions télématiques, d’applications conducteur ou de logiciels TMS. Platform Science développe également ses propres outils de gestion de flotte, de navigation PL, de vidéotélématique ou de géolocalisation des véhicules.■ Platform Science reprend l’activité télématique de Trimble Rachat La Suite Sinari». C’est désormais l’appellation donnée par l’éditeur à sa gamme de logiciels pour le transport et la logistique. Proposés sous forme de briques accessibles en mode SaaS et progressivement facturés à l’usage, les logiciels sont réunis par famille. Sinari TMS est ainsi composée du nouveau TMS Ready en mode SaaS et de TMS Advanced, lui-même décliné en version LTL, pour les entreprises de messagerie et distribution, et FTL, à destination du transport de lots. La brique Sinari Telematics comprend la solution d’informatique embarquée Eliot. Sinari Time Management (anciennement TimeDisc Web) est la brique de gestion sociale de l’éditeur. Sinari Optim concentre les solutions Axiodis et Antsroute, suite à la reprise d’Antsway en janvier dernier, pour devenir la nouvelle brique d’optimisation de tournées. Sinari FMS, dédié à la gestion de parc et d’atelier, se base sur le logiciel GPI Parc et intègre les savoir-faire issus d’ACS Parc, Open FMS et WIN FMS.■ Sinari unifie son offre logicielle Suite logicielle TMS © AdobeStock « LOGICIELS N°695 - JUILLET 2025 TRANSPORT INFO Quel est le rôle d’un DSI dans une entreprise de transport? © RC TÉMOIGNAGE l’Institut d’informatique appliquée de Laval, puis quelques années au sein de la direction informatique de Lactalis. Si le TRM ne faisait pas partie de son plan de carrière, il a tout de suite vu l’enjeu de digitalisation de la profession et le potentiel de développement du système d’information d’une entreprise telle que Lahaye. «J’ai été surpris par l’importance du parc informatique, qui comporte 500 postes de travail, 1500 terminaux mobiles, 650 camions avec informatique embarquée, des systèmes de lecture des codes barres, une centaine de serveurs hébergés dans le data center d’un prestataire, mais aussi de nombreux logiciels métier: TMS, WMS, ERP, SIRH, gestion de flotte, applications mobiles et gestion administrative. J’ai ainsi pris conscience du rôle majeur de l’informatique dans le transport et j’ai été séduit par le discours et la stratégie de notre dirigeant, Matthieu Lahaye, qui met l’accent sur l’innovation technologique à travers le développement en interne de solutions parfaitement adaptées aux besoins de l’entreprise.» UN DSI POUR GÉRER TOUT LE SI DE L’ENTREPRISE À la tête de la direction des systèmes d’information, composée d’une équipe de près de 20 personnes, Nicolas Morand chapeaute la gestion de l’informatique matérielle et logicielle de À partir d’une taille critique et d’un taux d’équipement informatique important, l’entreprise de transport nécessite un DSI pour faire du système d’information un levier de performance économique.» C’est la conviction de Nicolas Morand, qui a rejoint le groupe Lahaye en 2023 en tant que directeur des systèmes d’information (DSI), après une formation d’analyseur programmeur à Nicolas Morand, directeur des systèmes d’information de Lahaye Global Logistics, explique à Transport Info son métier, décrit son rôle stratégique dans l’entreprise et ses méthodes pour s’approprier l’informatique sans dépendre des solutions des éditeurs du marché. 10 « LE GUIDE INFORMATIQUE 2025 TRANSPORT INFO JUILLET 2025 - N°695 l’entreprise. Le périmètre est très large et inclut la sélection, le déploiement et l’entretien du matériel informatique, des bureaux aux véhicules en passant par les entrepôts, dans les différentes agences du groupe. Le DSI gère les appels d’offres, l’installation et la mise à jour des logiciels, le développement de solutions «maison», mais aussi la formation, l’accompagnement, le support informatique des utilisateurs à tous les niveaux de l’entreprise. «À chaque nouveau déploiement, il faut mettre en place une communication pour informer le personnel, gérer la conduite du changement, résoudre les éventuels problèmes techniques, répondre aux interrogations des collaborateurs. Nous proposons des webinaires, des tutoriels ou des échanges avec les salariés pour expliquer le choix d’un nouveau logiciel, ce qui change, répondre à leurs questions. Cela contribue à la bonne acceptation des évolutions informatiques dans l’entreprise et à la maitrise des outils pour l’ensemble du personnel, de l’exploitation aux conducteurs», décrit-il. Nicolas Morand gère par exemple la sélection de prestataires pour le remplacement en cours de la télématique des véhicules en raison de l’arrêt prochain de la 2G. Par appel d’offres, il identifie le «bon» prestataire en fonction du besoin de l’entreprise, de la performance de la solution, selon une LE DSI DOIT FAIRE DU SYSTÈME D’INFORMATION UN LEVIER DE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE. » « 11 multitude de critères informatiques, mais aussi du cout. Le DSI assure également une veille technologique pour identifier les nouveaux outils susceptibles d’améliorer la digitalisation de l’entreprise. «Je regarde tout ce qui se fait, y compris en dehors de l’écosystème d’éditeurs dédiés au transport, pour ne pas être enfermé dans un carcan et proposer à la direction des nouvelles technologies qu’un transporteur sans DSI ne penserait peut-être pas déployer, mais qui apportent pourtant un vrai plus à l’entreprise», commente-t-il. Enfin, Nicolas Morand oriente son équipe dans le développement de solutions internes pour permettre à Lahaye de disposer d’un système d’information sur mesure. L’ENJEU DE DÉVELOPPER EN INTERNE SES PROPRES OUTILS «Pour un transporteur, disposer d’une direction des systèmes d’information et d’une équipe de développeurs permet de mettre les outils digitaux en parfaite adéquation avec les besoins du métier, mais aussi de réaliser des économies», estime Nicolas Morand. Depuis son arrivée chez Lahaye, il a par exemple initié le développement d’applications propriétaires pour éviter à l’entreprise des couts de licence ou d’abonnements mensuels par utilisateur. «Imaginons 1000 conducteurs équipés d’une application à 10€ par mois. Si on peut développer nousmêmes cette application et non plus “l’acheter” à un prestataire tiers, les Compromis entre taille critique et attentes des chargeurs Tous les transporteurs n’investiront pas dans un DSI à plein temps. «Il faut une taille critique, un parc informatique suffisamment important pour justifier le poste. Ce n’est pas le cas, par exemple, pour une entreprise de dix camions et deuxpersonnesàl’exploitation.Celadépendaussidelastratégiedel’entreprise, qui peut préférer confier sa digitalisation à des prestataires spécialisés et opter pour des logiciels sur étagère. Dans ce cas, un administrateur sera suffisant. Et le transporteur peut faire appel à un DSI à temps partagé pour guider les choix logiciels ou aider à élaborer les roadmaps. À l’inverse, si la direction veut faire du digital un atout, mettre en place des solutions innovantes et donc développer ses propres outils, le DSI sera indispensable», analyse Nicolas Morand. Selon lui, il faut aussi prendre en compte les attentes de plus en plus fortes des chargeurs en matière de data, les évolutions règlementaires qui touchent au système d’information et l’augmentation continue du risque cyber. En clair, plus l’entreprise se digitalise, plus le rôle d’un DSI devient crucial. © Lahaye © S. Marchand LOGICIELS 12 économies à l’année peuvent vite devenir conséquentes», explique le DSI. Tous les logiciels ne pourront pas faire l’objet de développement en interne, «à l’image de notre SIRH, qui nécessite des adaptations régulières aux nouvelles règlementations sociales et qui serait trop chronophage à gérer». Mais de nombreux logiciels ou applications métiers peuvent en revanche être internalisés, avec certes des couts de développement, mais au final un budget global inférieur à celui d’une solution sous-traitée. «Un logiciel maison, dès lors qu’il correspond parfaitement au besoin du transporteur, permet d’améliorer la productivité du personnel plus efficacement qu’une solution packagée du marché. Dès le début d’un projet, nous impliquons les collaborateurs en leur demandant ce dont ils ont besoin. On réalise des maquettes, différentes versions qu’ils testent afin de les améliorer pour, au final, concevoir un outil qui est le leur. C’est un avantage de performance pour l’entreprise, qui impactera également sa meilleure rentabilité.» DÉVELOPPER EN INTERNE LES LOGICIELS OFFRE UN MEILLEUR RETOUR SUR INVESTISSEMENT. » « ter autonome dans le pilotage informatique», considère Nicolas Morand. Selon lui, le rôle du DSI est également de contrôler, voire réduire, le budget informatique de l’entreprise, en faisant jouer la concurrence sur les achats de matériels ou en identifiant précisément le retour sur investissement. «Le but est de trouver la meilleure solution au meilleur cout, quitte parfois à délaisser certaines parce qu’elles ne rentrent pas dans le budget ou que le ROI n’est pas jugé suffisant. Une alternative peut consister à dénicher de nouveaux fournisseurs qui répondront au besoin, mais à des tarifs inférieurs. Avec ces pratiques, j’ai réussi à étoffer l’équipe informatique en recrutant, tout en compensant le cout de LE DSI, GAGE DE L’INDÉPENDANCE INFORMATIQUE DE L’ENTREPRISE Disposer d’une direction des systèmes d’information offre au transporteur plus d’indépendance dans le choix de ses outils digitaux. «Par exemple, en matière de dématérialisation des factures, qui va devenir obligatoire en 2026, de nombreux éditeurs intègrent à leur TMS des plateformes dédiées. Je considère que le rôle du TMS est de gérer le transport, pas la dématérialisation des factures. Il vaut mieux choisir une solution “best of breed” [logiciel ultraspécialisé sur un besoin précis] et l’intégrer soi-même au SI de l’entreprise, afin de disposer du meilleur outil possible et de res© S. Marchand © Lahaye TRANSPORT INFO JUILLET 2025 - N°695 13 cette masse salariale par les économies réalisées sur les achats informatiques. Internaliser transforme l’informatique en un centre de profit.» Voilà pour le présent, mais comment l’avenir du DSI se dessinera-t-il avec l’émergence de l’IA? VERS UNE IA PROPRIÉTAIRE Alors que la technologie accompagnera les exploitants, elle va accentuer la nécessaire maitrise du système d’information et le choix d’outils pertinents. « Le principal enjeu de l’IA reste la qualité de la data. Chez Lahaye, l’équipe informatique travaille actuellement sur l’agrégation et le nettoyage des données. C’est une des clés de réussite au déploiement d’IA pertinentes par la suite, qui accompagnera efficacement les exploitants dans la gestion quotidienne », PRINCIPAUX RÔLES DE L’IA Les bons conseils du DSI • Privilégier les logiciels «maison» plutôt que les solutions packagées du marché • Faire jouer la concurrence sur les achats des matériels informatiques et des logiciels • Interroger régulièrement les exploitants et conducteurs sur les problèmes techniques • Instaurer un plan de communication avec le personnel sur les projets informatiques • Réaliser des webinaires et tutoriels de formation aux nouveaux outils digitaux • Pour les PME,recruter un DSI à temps partiel pour gérer les appels d’offres,certains déploiements ou la cybersécurité • Opérer une veille technologique pour dénicher les meilleurs outils,même à l’extérieur de l’écosystème duTRM affirme Nicolas Morand. L’IA pourra servir à l’optimisation des tournées et du remplissage des camions, à la prévision de la sinistralité, au traitement d’images pour contrôler l’état des camions. «Actuellement, nous travaillons sur un chatbot pour le support informatique, qui pourra répondre aux questions du personnel. Et nous avons intégré dans Teams un agent IA pour sensibiliser les utilisateurs à la cybersécurité. On peut par exemple lui demander comment choisir un mot de passe fort. Cette IA réalise également des campagnes de sensibilisation, une fois par mois, pour expliquer ce que sont le phishing, les deepfakes, les arnaques au président par exemple. » Là encore, à l’aide du DSI, il s’agit de disposer d’une IA adaptée aux différents besoins du groupe Lahaye.■ © AdobeStock LOGICIELS N°695 - JUILLET 2025 TRANSPORT INFO Tout savoir sur le logiciel de planification du transport © Photos DR TMS CHARGEUR O util de gestion des ordres de transport, du planning et de la facturation bien connu des transporteurs, le TMS est également utilisé par les chargeurs et prestataires logistiques. Cette version, naturellement appelée «TMS chargeur», ne concerne pas l’organisation opérationnelle du transport, mais permet plutôt aux donneurs d’ordres de planifier leurs besoins de transport, de sélectionner les bons transporteurs ou de lancer des appels d’offres, puis de suivre le déroulement des opérations. Pendant longtemps, les deux TMS, transporteur ou chargeur, ont proposé des fonctionnalités bien distinctes répondant aux besoins de ces deux métiers. Mais depuis quelques années, la frontière entre les deux outils tend à disparaitre, le TMS chargeur intégrant de plus en plus de fonctionnalités calquées sur le modèle du TMS transporteur. Outre la planification et l’achat de transport, l’édition d’étiquettes, le contrôle des couts et de préfacturation, le TMS chargeur bénéficie désormais de modules d’optimisation de tournées, notamment pour les flottes en propre des chargeurs, de tracking des livraisons ou de portails de connexion et de prise de rendez-vous avec les transporteurs. Le logiciel, déjà interfacé à l’ERP ou au WMS des donneurs d’ordre et prestataires logistiques, s’ouvre à des systèmes tiers en passant d’un mode «licence» à un mode cloud. De plus en plus d’API et de connecteurs web sont ainsi proposés par les éditeurs afin de brancher plus facilement les outils des chargeurs et ceux des transporteurs, et ainsi partager toujours plus de données. Utilisé par les responsables de la planification du transport chez les chargeurs, le TMS permet de sélectionner les prestataires, d’adresser les commandes, puis de suivre le déroulé des opérations. Situé entre le SI des donneurs d’ordre et celui des transporteurs, il sert de tour de contrôle du maillon transport de la chaine d’approvisionnement. 14
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