SCIENCES ET AVENIR n°935 - Page 1 - 935 Finalement le meilleur des plans B, Les investissements sur les unités de compte, soumises aux fluctuations du marché, peuvent varier tant à la baisse qu’à la hausse et présentent un risque de perte en capital supporté intégralement par le souscripteur/adhérent. HSBC Assurances Vie (France) - Entreprise régie par le code des assurances - Société Anonyme au capital de 115 000 000 euros - Siren 338 075 062 RCS Nanterre - N° Ademe : FR232701_03ZAGT - Siège social : Immeuble Cœur Défense, 110 esplanade du Général de Gaulle, 92400 Courbevoie - Adresse postale : 38 avenue Kléber, 75116 Paris. CCF - S.A. au capital de 147 000 001 euros, agréée en qualité d’établissement de crédit et de prestataire de services d’investissement, immatriculée au RCS de Paris sous le numéro 315 769 257 - Siège social : 103 rue de Grenelle 75007 Paris. Intermédiaire en assurance immatriculé à l’Orias sous le numéro 07 030 182 (www.orias.fr). Crédit image : Getty Images. Photo retouchée. Agence : Hungry and Foolish. c’est peut-être un plan A. A comme assurance vie. Une assurance vie qui allie l’expertise patrimoniale de la banque CCF avec sa gamme large de supports d’investissement premium au sein des contrats multi-primés de HSBC Assurances, pour vous permettre de constituer votre patrimoine, et de concrétiser vos projets... ou les siens. Prenez rendez-vous avec la banque patrimoniale CCF sur ccf.fr 148 pages MAGAZINE-LIVRE Trimestriel Chez votre marchand de journaux LE MAGAZINE DE RÉFÉRENCE SCIENTIFIQUE 35 SCIENTIFIQUES PARTICIPENT À CE NUMÉRO N° 935 - Janvier 2025 - Sciences et Avenir - 5 ÉDITORIAL C ’étaient deux amis de Sciences et Avenir dont le visage est apparu sur nombre de couvertures puis les écrits dans nos pages, tant leur talent de vulgarisateur les éclairait. Deux scientifiques disparus auxquels des hommages admiratifs ont été rendus dernièrement par leurs pairs. Pas de discours empêtrés dans du conventionnel mais l’accent mis sur leur contribution académique majeure. Sur l’importance de leurs travaux, qui ont de quoi susciter de nouvelles recherches, aujourd’hui. Hubert Reeves et Yves Coppens, deux figures inspirantes. Lucy l’australopithèque. Avec le paléoanthropologue qui arpenta la planète dès son plus jeune âge, commençant par déterrer des os de vache près de Vannes — il aimait faire rire ses auditeurs avec cette anecdote —, le souvenir se porte immédiatement sur Lucy (lire notre numéro spécial « Moi, Lucy et la paléontologie »). Le cinquantenaire de la découverte de cette australopithèque de l’Afar — notre cousine d’il y a 3,2 millions d’années, disait Yves Coppens — a été célébré au Muséum national d’histoire naturelle en novembre dernier. Tout particulièrement par la voix de Raymonde Bonnefille, auteure de Sur les pas de Lucy (éd. Odile Jacob). Climat fluctuant. Que dit aujourd’hui celle qui fut la spécialiste des pollens (50 000 récoltés) lors de l’International Afar Research Expedition? Qu’il faudrait reprendre les études sur l’environnement d’Australopithecus Afarensis, espèce qui a survécu pendant 900000 ans, trois fois plus que nous, Homo Sapiens. Qu’est-ce qui a fait son « succès », alors même que le climat d’Afrique de l’Est connaissait moult fluctuations? Comment ces petits gabarits de quelques dizaines de kilos ont-ils résisté en arpentant les environnements changeants du pliocène? Question d’actualité pour nous qui sommes en prise avec le réchauffement de l’anthropocène… Astronautes d’Apollo. C’est à la même injonction de reprendre ses travaux que les scientifiques amis de Hubert Reeves ont invité, lors du colloque en son honneur, au CNRS en octobre dernier. Engageant notamment à préciser par de nouvelles mesures la quantité de deutérium cosmologique. Un élément fondamental auquel l’astrophysicien avait consacré un article en 1972 avec Johannes Geiss, après sa détection par un appareillage génial doté de feuilles de mica, placé sur la Lune par les astronautes d’Apollo! Matière noire. Pareille mesure est d’importance primordiale, permettant de mieux évaluer le rapport entre matière ordinaire — celle des atomes, planètes et galaxies que nous connaissons — et la matière de tout l’Univers. De quoi guider vers la « matière noire » qui échappe encore à toute détection. Dans le même temps, d’autres amis sont inspirés, eux, par l’humaniste que fut Hubert Reeves. L’académicien Bernard Chevassus-au-Louis a ainsi lancé une souscription — Sciences et Avenir le soutient — pour l’installation d’un buste en bronze dédié à celui qui fut président de « Humanité et biodiversité », dans le jardin face à son ancien domicile parisien. De quoi inspirer passantes et passants. J Inspirants Reeves et Coppens Dominique Leglu Directrice éditoriale BERNARD MARTINEZ Courriels à: courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Pourquoi classez-vous les canettes et conserves dans lesemballagespouvantpolluer nosalimentsavecduplastique, alorsqu’ilspeuventplutôtêtre unealternativeauxemballages plastiques,surtoutlacanette? Pascal Villain S. et A. : Des polluants peuvent encore migrer des boîtes de conserve ou des canettes vers les aliments. Par exemple, une étude préliminaire menée en 2023 par des chercheurs du Laberca (UMR Oniris-Inrae) visait à caractériser les substances migrant des revêtements internes de boîtes de conserve vers les légumes contenus. En effet, à la suite de l’interdiction en France depuis 2014 des revêtements en résine d’époxy à base de bisphénol A, la nature des revêtements s’est diversifiée et des surfaces internes en polyesters les ont remplacés. Or selon cette étude, des oligoesters, produits de réactions incontrôlées dans la synthèse des revêtements à base de polyesters, peuvent apparaître dans les denrées (ici les légumes égouttés), avec une concentration moyenne cumulée estimée à 330 μg/kg (de 43 à 1600 μg/kg). Production d’insuline Dans le dossier sur « la molécule miracle » (S. et A. n° 931), en expliquant le fonctionnement du GLP-1, vous écrivez, page 57, que le glucagon est une hormone qui active la libération d’insuline. Mais il mesemblequeleglucagonfait remonter la glycémie en activant la libération de glucose par le foie. Cela étant, votre revue est passionnante, avec desthèmesvariés.Jel’apprécie tellement que je me suis réabonné pour deux ans. Dominique Hibon S. et A. : Merci pour votre lecture attentive et votre remarque tout à fait justifiée, qui mérite une précision supplémentaire. Historiquement, on a longtemps pensé que le glucagon agissait sur la glycémie de façon contraire à l’insuline en activant la libération de glucose dans le sang à partir du glycogène dans le foie, alors que l’insuline favorise sa capture. Ce raisonnement binaire ne tient plus depuis plusieurs années, car on s’est aperçu que le glucagon était aussi très important pour faciliter la production d’insuline par les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas en présence de glucose. De plus, sa sécrétion par les îlots alpha du pancréas est surtout provoquée par certains acides aminés issus de la digestion, et il activerait ensuite leur absorption et leur utilisation par le foie. Il ressort de ces travaux qu’un rôle plus général est tenu par cette hormone lors de la digestion, en lien étroit avec les autres hormones libérées pour aider à l’assimilation des nutriments. Dans le texte est évoqué « le développement de nouvelles molécules stables » capables de mimer à la fois le GLP-1, le GIP, le glucagon, car elles pourraient, d’après ces récents travaux, être encore plus puissantes pour stimuler la production d’insuline et l’utilisation du glucose par l’organisme. C’est déjà le cas du rétatrutide, dont les premiers essais cliniques donnent des résultats intéressants et dont on risque de reparler bientôt. L'esprit d'ouverture © Radio France/Ch. Abramowitz La science, CQFD. Natacha Triou En partenariat avec > Disponible sur le site et l’appli Radio France. DU LUNDI AU JEUDI 16H - 17H FC_ScienceCQFD_EncartPress_168x75.indd 2 FC_ScienceCQFD_EncartPress_168x75.indd 2 10/10/2023 11:16 10/10/2023 11:16 égouttés), avec une concentration moyenne cumulée estimée à 330 Production d’insuline Dans le dossier sur cule miracle en expliquant le fonctionnement du GLP-1, vous écrivez, page 57, que le glucagon est une hormone qui active la libération d’insuline. Mais il G G « Alerte aux plastiques dans nos aliments » (Sciences et Avenir n° 932, octobre 2024) COURRIER 6 - Sciences et Avenir - Janvier 2025 - N° 935 N° 935 - Janvier 2025 - Sciences et Avenir - 7 Mathieu Nowak Rédacteur en chef BERNARD MARTINEZ ÉDITO L orsque nous avons entrepris de concevoir un numéro spécial sur l’intelligence artificielle (IA), notre titre de travail était « Ce qu’elle va changer ». Nos journalistes se sont alors plongés dans une vaste enquête, explorant la manière dont l’IA imprègne non seulement notre quotidien, mais aussi l’intégralité des disciplines scientifiques. Très vite, nous avons compris que cette formulation au futur était une erreur. Dans tous les domaines, la révolution de l’intelligence artificielle est déjà en marche, souvent depuis bien avant l’émergence de ChatGPT, que l’on considère parfois — à tort — comme le point de départ de cette transformation. « Ce qu’elle change », au présent, est bien plus juste. Aucun des articles de ce numéro n’aurait vu le jour si l’intelligence artificielle n’existait pas. Et pourtant, nous avons décidé — comme dans chaque numéro — de ne jamais lui confier l’écriture ni l’illustration. Si nous utilisons parfois des outils d’aide à la transcription ou à la retouche d’image, ils demeurent strictement au service du journaliste, en respectant notre engagement fondamental : préserver votre confiance en la qualité de Sciences et Avenir et l’intégrité d’un travail résolument humain. En 2019, Luc Julia, expert français mondialement reconnu en IA, publiait L’Intelligence artificielle n’existe pas (éd. First). Derrière ce titre provocateur, une vérité fondamentale : l’IA, contrairement à l’humain, ne comprend rien ; elle produit des résultats sans garantie de véracité. Pour autant, lorsqu’elle se conjugue à l’intelligence humaine, elle ouvre des horizons insoupçonnés. « IA » ne devrait plus désigner les algorithmes, mais la façon dont nous pouvons développer, avec eux, une « intelligence augmentée ». J Lorsque l’intelligence artificielle se conjugue à l’intelligence humaine, elle ouvre des horizons insoupçonnés Intelligence augmentée Les noms et adresses de nos abonnés seront communiqués aux organismes liés contractuellement avec Sciences et Avenir, sauf opposition. Dans ce cas, la communication sera limitée au service de l’abonnement. Ce numéro comporte une lettre de « bienvenue aux abonnés » et les messages « L’Histoire » jetés sur couverture sur une partie de la diffusion abonnés. Commission paritaire n° 0625 K 79712. ISSN 3040-0457. Distribué par MLP. Directrice éditoriale Dominique LEGLU - 01.55.35.56.02 Rédacteur en chef Sciences et Avenir Mathieu NOWAK 01.55.35.56.38 Rédacteur en chef La Recherche Philippe PAJOT - 01.70.98.19.29 Rédacteur en chef digital Olivier LASCAR - 01.55.35.56.15 Rédaction en chef hors-série Vincent REA - 01.55.35.56.35 avec Florence LEROY - 01. 55.35.56.36 Adjoint à la rédaction en chef Laurent PERICONE (édition) - 01.55.35.56.10 Rédacteur(trice)s en chef adjoint(e)s Hugo JALINIÈRE (Sciences et Avenir) - 01.55.35.56.52 Andreina DE BEI (photo) - 01.55.35.56.31 Lise LOUMÉ (digital) - 01.55.35.56.39 Directeur(trice)s artistiques Dominique PASQUET (couverture) - 01.55.35.56.59 - Jean-Louis GILABERT - 01.55.35.56.28 Thalia STANLEY (adjointe) - 01.55.35.56.21 Secrétaire générale de la rédaction Véronique MESSAGER - 01.55.35.56.18 Conseillère auprès de la rédaction en chef Rachel MULOT (cheffe de service enquêtes) - 01.55.35.56.07 Chef de service Fabrice NICOT (fondamental) - 01.55.35.56.46 Chef de service adjoint Hervé RATEL (actualités) - 01.55.35.56.45 Chef(fe)s de rubrique Franck DANINOS (fondamental) - 01.55.35.56.78, Sylvie RIOU-MILLIOT (médecine, santé) - 01.55.35.56.54 Rédaction Marine BENOIT (archéologie, histoire) - 01.55.35.56.23 Arnaud DEVILLARD (numérique, expositions) - 01.55.35.56.27 Sylvie ROUAT (grand reporteure, espace, océanologie) - 01.55.35.56.40 Assistante de direction Valérie PELLETIER - 01.55.35.56.01 Collaborateurs(trices) Sylvie BOISTARD, Loïc CHAUVEAU, Johan KIEKEN Chroniqueurs Sylvie BENZONI-GAVAGE, Christophe CASSOU, Jean-Gabriel GANASCIA, Céline GUIVARCH, Claire MATHIEU Ont participé à ce numéro P. BERLOQUIN, A. CARLIEZ, F. COSTES, J. DE COUCY, L. DUTHOIT, N. GUTIERREZ C., G. HOLUBOWICZ, P. KALDY, E. LECOMTE, C. MAUGER, K. NIKITINE, A. REZGUI, E. TISSANDIÉ, V. GLAVIEUX 1re secrétaire de rédaction Sandrine HAGÈGE - 01.55.35.56.17 Photo-iconographie Isabelle TIRANT - 01.55.35.56.32 Claire BALLADUR - 01.70.98.19.41 Pôle digital Valentin COLLIAT-DANGUS (community manager) - 01.55.35.56.70, Isabelle DO O’GOMES (cheffe de rubrique, veille) - 01.55.35.56.49, Camille GAUBERT (santé) - 01.55.35.56.24, Joël IGNASSE (espace, paléontologie) - 01.55.35.56.15, Coralie LEMKE (santé) - 01.55.35.56.56, Astrid SAINT AUGUSTE (rédactrice spécialisée) - 01.55.35.56.48, Anne-Sophie TASSART (cheffe de rubrique) - 01.55.35.56.41 Yann BOURDAIS chef de projet junior - Flora ISSINGUI cheffe de projet marketing digital Courrier des lecteurs Sara DE LACERDA - courrier-lecteurs@sciencesetavenir.fr Informatique Daniel DE LA REBERDIÈRE - 01.55.35.56.06 Responsable administrative et financière Jaye REIG - jreig@challenges.fr Comptabilité - compta@challenges.fr Responsable ressources humaines William AFTHONIADES - wafthoniades@challenges.fr Responsable paye Sandrine MARTIN - smartin@challenges.fr Fabrication Sarah RABBAH Publicité MediaObs 44, rue Notre-Dame-des-Victoires 75002 Paris Tél. : 01.44.88.97.70. Fax : 01.44.88.97.79. Directrice générale Corinne ROUGÉ - 01.44.88.93.70 - assistée de Marie-Noëlle MAGGI - 01.44.88.93.70 Directrice de publicité Caroline GILLES - 01.44.88.89.03 Exécution : Emilien RIGNOLS - 01.44.88.89.05 Administration des ventes Catherine FERNANDES - 01.44.88.89.20 Directeur commercial Valéry SOURIEAU Directeur des abonnements Luc BONARDI Responsable du marketing direct Lina QUACH - 01.55.35.56.63 Partenariats et événements – Alain SCEMAMA - 01.58.65.03.58 Les Éditions Croque Futur Président, directeur de la publication Claude PERDRIEL Directeur général Philippe MENAT Directeur éditorial Maurice SZAFRAN Secrétaire général Jean-Claude ROSSIGNOL Origine du papier : Allemagne - Taux de fibres recyclées : 0 % Eutrophisation : PTot = 0,018 kg/tonne de papier Ce magazine est imprimé chez Roto France (Lognes), certifié PEFC Pour joindre la rédaction : 41 bis, avenue Bosquet 75007 Paris Tél. : 01.55.35.56.01. E-mail : redaction@sciencesetavenir.fr Site Internet : sciencesetavenir.fr SERVICE ABONNEMENT et anciens numéros Tél. : 01.55.56.71.48 Sciences et Avenir 45, avenue du Général-Leclerc 60643 Chantilly cedex abonnements@sciencesetavenir.fr Tarif des abonnements : France, 1 an simple (11 numéros dont un double) : 35 € 1 an complet (11 numéros dont un double + 4 hors-séries) : 48 €. Étranger : nous consulter. 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HISTOIRE 80 Archéologie : une fabuleuse moisson de découvertes 84 Un logiciel comble les lacunes des archives fossiles 86 Histoire des sciences : Dartmouth, 1956 : la naissance de l’intelligence artificielle Désormais omniprésente dans notre quotidien avec le développement d’outils d’aide à la création de textes, d’images ou de sons, l’intelligence artificielle est aussi une alliée précieuse pour les scientifiques dans leurs domaines de recherche. DOSSIER SPÉCIAL iA P. 5 ÉDITORIAL par Dominique Leglu P. 6 COURRIER Vos questions, nos réponses P. 7 ÉDITO par Mathieu Nowak P. 10 ACTUALITÉS Fondamental Ces monstres galactiques défient les modèles / Une avancée vers les supersolides Nature Découverte du plus grand corail du monde / Les pignons de pin sont sensibles à la chaleur Santé Le génome des bébés à la loupe / Premier traitement contre la maladie d’Alzheimer Histoire Un nouveau sauropode en Charente / À Pompéi, la génétique réécrit l’histoire P. 90 TRANSVERSALES Sélection livres - Expositions - Chroniques Climat par Christophe Cassou et Céline Guivarch / Mathématiques par Claire Mathieu / Éthique par Jean-Gabriel Ganascia / L’œil d’Olivier Lascar Questions de lecteurs - Le ciel de janvier - Jeux p. 24 10 - Sciences et Avenir - Janvier 2025 - N° 935 ACTUALITÉS D ébusquéesparletélescope spatial JamesWebb, trois galaxies remontent au premier milliard d’années après le Big Bang, et préfigureraient les amas de galaxies, ces formidables concentrations de matière qui forment aujourd’hui la trame du cosmos. D’emblée, ces galaxies ont intrigué les astronomes car elles sont un peu « monstrueuses»,confieDavidElbaz, directeur scientifique du département d’astrophysique au CEA Paris-Saclay, et coauteur d’un article publié dans Nature. « Nous avons livré une vaste étude sur 36 galaxies lointaines, permettant d’avoir une vision Ces monstres galactiques défient les modèles Trois galaxies rougeoyantes, tapies au fond des âges, constitueraient l’un des « chaînons manquants » de l’évolution de l’Univers. complète du premier milliard d’années d’existence de notre univers. Et dans le lot, nous avons trouvé ces troislà, qui ne cadrent pas avec les modèles de croissance des galaxies dont on dispose. » Des étoiles fabriquées à tour de bras Non seulement elles sont énormes — la masse totale des étoiles de chaque galaxie varieentredeuxetquatrefois celle de notreVoie lactée —, maisenplusellescontinuent defabriquerdesétoilesàtour de bras : environ 1000 par an, 500 fois plus que notre galaxie. « Selon les théories actuelles,les galaxies convertissent en moyenne 10 % des baryons[protonsetneutrons] disponibles en étoiles. Ici, la conversion atteint 50 % », s’étonne le chercheur. Pourexpliquerunetellefrénésiecréatrice,lesscientifiques ont une piste… « L’Univers jeune est inhomogène : certaineszonescontiennentplus de matière que d’autres. Et donc, dans ces zones denses, on peut s’attendre à observer des “concentrations” de galaxies ultramassives.Nous faisons ainsi l’hypothèse que ces trois galaxies préfigurent ce qui deviendra un amas de galaxies. » Il reste à comprendre les mécanismes qui permettent une conversion aussi efficace des atomes en étoiles. G Deux à quatre fois plus massive que la Voie lactée, chaque galaxie du trio révélé par le James-Webb date du premier milliard d'années après le Big Bang. NASA/CSA/ESA, M. XIAO & P. A. OESCH (UNIVERSITY OF GENEVA), G. BRAMMER (NIELS BOHR INSTITUTE), DAWN JWST ARCHIVE « La solution se trouve probablementdanslesfilaments intergalactiques, des structures de gaz diffus reliant les galaxies. Ces filaments se formant dans une région dense,ilslesauraientnourries avec une efficacité exceptionnelle, accélérant la formation d’étoiles », avancent les auteurs de l'étude. Pour conforter leur hypothèse,leschercheurssouhaiteraient désormais observer ces « cordons ombilicaux » cosmiques. Mais ces structures froides rayonnent peu, et sont beaucoup moins denses que les galaxies… Les voir constitue l’un des défis majeurs de l’astronomie observationnelle. J F. N. N° 935 - Janvier 2025 - Sciences et Avenir - 11 ACTUALITÉS Sciences fondamentales WOH G64 a été saisie par le Very large telescope, au Chili, à 160 000 annéeslumière de la Terre. F L ’étude des tout premiers échantillons prélevés sur la face cachée de la Lune par la sonde chinoise Chang’e 6 montre que l’hémisphère sombre de notre satellite était volcaniquement actif il y a environ 2,8 milliards d’années. Récupérées en juin dernier au terme d’une mission inédite et unanimement saluée, les roches lunaires ont fait l’objet de deux analyses distinctes dans des études publiées respectivement par Nature et Science. L’âge de cette activité volcanique mesurée par datation radiométrique sur 143 fragments de basalte — une roche volcanique — s’est révélé plus jeune qu’attendu. Par ailleurs, les scientifiques, ont pu estimer que les volcans ont été actifs sur la face cachée pendant au moins 1,4 milliard d’années. Ces premières analyses confirment des différences géologiques notables entre les deux faces de la Lune. JH. J. Des volcans sur la face cachée de la Lune C’est l’un des enseignements qu’a permis l’analyse des échantillons prélevés par la sonde chinoise Chang’e 6. Un champ magnétique à l’origine du Système solaire ASTROPHYSIQUE Des scientifiques ont retrouvé la trace d’un champ magnétique âgé de plus de 4,6 milliards d’années qui a façonné les confins du Système solaire lors de sa formation. Des indices décelés dans les grains de l’astéroïde Ryugu, rapportés sur Terre par la mission japonaise Hayabusa2 en 2020. H. J. SOURCE : ELIAS MANSBACH, MIT, ÉTATS-UNIS. Un caillou lavé à l’eau martienne EXOGÉOLOGIE Une analyse isotopique de la météorite de Lafayette, un fragment de Mars pesant environ 800 grammes, révèle qu’elle aurait été au contact d’eau liquide il y a 742 millions d’années, alors que le climat de la planète Rouge était trop froid pour permettre la formation de lacs et de rivières. Les chercheurs supposent que cette eau provenait de la fonte temporaire du pergélisol martien, causée par une activité magmatique. F. N. SOURCE : MARISSA TREMBLAY, UNIVERSITÉ PURDUE, ÉTATS-UNIS. ASTRONOMIE C’est le premier gros plan d’une étoile située hors de la Voie lactée. Il a été réalisé au Very Large Telescope (Chili) par interférométrie. L’étoile WOH G64 se trouve à 160 000 années-lumière de nous, dans le Grand Nuage de Magellan. Elle est gigantesque — 1540 fois le rayon du Soleil — et mourante. Parvenue au stade de géante rouge, elle expulse du gaz et de la poussière. Elle explosera ensuite en supernova. F. N. SOURCE : KEIICHI OHNAKA, UNIVERSITÉ ANDRÉS-BELLO, CHILI. G Des fragments de basalte — une roche volcanique — ont été retrouvés dans les échantillons rapportés sur Terre en juin dernier par la mission chinoise. Premierportraitd’uneétoile dansuneautregalaxie Vue d’artiste des poussières et des gaz entourant un système planétaire en formation. EN DEUX MOTS GRAVITÉ La Chine a inauguré le laboratoire d’hypergravité le plus avancé au monde, une centrifugeuse géante capable de produire une gravité 1900 fois supérieure à celle de la Terre. NUCLÉAIRE Un robot télécommandé a prélevé un minuscule morceau de combustible fondu au cœur d’un des réacteurs endommagés de la centrale nucléaire de Fukushima. ASTROPHYSIQUE L’observatoire HESS a détecté des particules cosmiques d’une énergie record, témoins de phénomènes extrêmes dont l’origine reste à élucider. JIN LIWANG / XINHUA / AFP ESO/K. OHNAKA ET AL., L. CALÇADA NASA 12 - Sciences et Avenir - Janvier 2025 - N° 935 ACTUALITÉS Sciences fondamentales U nsupersolideestàlafois rigideetliquide,comme lechatdeSchrödingerest àlafoisvivantetmort»,résume Francesca Ferlaino, de l’universitéd’Innsbruck(Autriche). Avec son équipe, elle vient de faireunpasimportantverscet état quantique de la matière, restélongtempsthéorique,qui combine la rigidité cristalline d’un solide et l’écoulement sans viscosité, synonyme de superfluidité. L’agencement cristallinducôté« solide »avait déjàétéobservé.Enrevanche, les propriétés superfluides, plus difficiles à mettre en évidence, manquaient à l’appel. Les chercheurs ont réussi à en montrerune:desvortexquantiques, des tourbillons témoignant d’un écoulement sans friction. Ils ont pu les observer dans un gaz quantique formé de dysprosium refroidi près du 0 absolu (-273,15 °C), et mis en rotation grâce à un champmagnétique.Lesimplications de cette découverte vont de l’astrophysique — un telétatdelamatièrepourraitse trouver dans les étoiles à neutrons par exemple —, jusqu’à l’étude d’autres états quantiques remarquables, comme la supraconductivité. F. N. Une avancée vers les supersolides Des chercheurs apportent la preuve de l’existence d’un état extrême de la matière qui conjugue rigidité et fluidité. Des smartphones sur écoute LaNasacréedesnuages afindelesétudier ESPACE Le 10 novembre, le ciel d’aurores boréales du nord de la Norvège s’est soudain animé d’étranges nuages en forme de rubans tourbillonnants (photo). Il s’agissait en réalité de volutes de triméthylaluminium, un composé luminescent libéré par deux fusées-sondes pour l’expérience Vortex de la Nasa. Objectif : mieux comprendre les mouvements et les flux d’énergie traversant la haute atmosphère jusqu’à 500 kilomètres d’altitude — en particulier dans la région de la turbopause à environ 90 kilomètres — ainsi que l’influence de l’activité solaire. S. R. G Simulation de trois vortex dans un supersolide, démontrant sa superfluidité. ETH ZURICH 25 Le nombre de lancements Starshipprévus en 2025 ESPACE La Federal Aviation Administration, l’agence américaine chargée de la réglementation des vols et lancements spatiaux, a approuvé la demande de SpaceX d’augmenter de 5 à 25 le nombre de décollages annuels de son lanceur Starship. Soit un lancement tous les 15 jours, avec notamment l’objectif de préparer le retour sur la Lune prévu en 2027 avec le programme Artemis. H. J. Un robot flexible pour les secours ROBOTIQUE Ce tube gonflable en matériau souple appelé RoBoa s’étire jusqu’à 100 m de long et peut se contorsionner en tous sens pour se glisser dans des zones étroites, contaminées, encombrées, où ni l’humain ni des robots traditionnels ne peuvent aller. Par exemple, pour explorer les décombres de zones sinistrées. Piloté à distance, il peut être équipé à son extrémité d’une caméra, d’un micro ou autre capteur, et même acheminer de l’eau. A. D. SOURCE : EPFL, ZURICH, SUISSE. UNIVERSITÉ D’INNSBRUCK IVAR SANDLAND « TECHNOLOGIE Les microvibrations produites par le son passant dans un téléphone portable peuvent être captées par un radar d’ondes millimétriques… et décodées ! Lors de tests avec un radar placé entre 25 et 125 cm du smartphone, 44,74 % des mots et 62,52 % des caractères ont été reconnus correctement, grâce à un modèle d’intelligence artificielle filtrant les vibrations parasites de la respiration ou des battements cardiaques de la personne. A. D. SOURCE : SURYODAY BASAK, UNIVERSITÉ D’ÉTAT DE PENNSYLVANIE, ÉTATS-UNIS. G RoBoa, équipé d'une caméra, s'insinue dans des zones étroites où l'humain ne peut accéder. G Les volutes ont été générées avec un composé chimique largué par une fusée de la Nasa dans la haute atmosphère.
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