Pages de EE 65 une artiste - Page 4 - Pages de EE 65 une artiste 20 une artiste : delphine dussoubs étoiles d’encre 65-66 65 une artiste 16 sepec_Etoile d'encre gabarit 03/03/2016 02:05 Page 20 Entretien de Delphine Dussoubs avec Marie-Noël Arras Le thème de ce numéro d’étoiles d’encre est celui des frontières. Par définition une frontière c’est le lieu, la ligne, la limite qui sépare deux entités mais aussi qui permet de passer de l’une à l’autre. Quand on pense frontière on pense d’abord à celles qui permettent ou empêchent de passer d’un pays à un autre. C’est un sujet très actuel aujourd’hui puisque tant de personnes se déplacent parce qu’elles ne peuvent plus rester dans leur pays et tant de murs s’érigent pour les empêcher de se déplacer… En voyant le festival des carnets de voyage à Clermont-Ferrand, j’ai pensé à illustrer ce thème avec vous qui voyagez beaucoup et croquez sur un papier les pays et les habitants des pays traversés… comme d’autres les photographient. Pouvez-vous dire aux lectrices d’étoiles d’encre quand vous a pris ce désir de voyage déjà, puis celui de dessiner…? Je dirai que ça a été plutôt l’inverse qui s’est passé, le dessin est arrivé bien avant l’envie de voyage. Baignée dans la peinture et le dessin du côté de ma mère depuis toute petite, je me suis mise très tôt à dessiner. Que ce soit en maternelle avec des Crayola, en cours d’Art Plastique à l’école primaire et au collège, ou encore en classe d’Arts Appliqués au lycée, j’ai toujours beaucoup dessiné et expérimenté. 21frontières 65 une artiste 16 sepec_Etoile d'encre gabarit 03/03/2016 02:05 Page 21 Après le BAC, je me suis mise à faire des carnets de croquis : je dessinais dans le métro, dans le bus, dans les parcs… La vie quotidienne. C’est lors de mon voyage au Maroc en 2009 que j’ai réalisé mon premier carnet de voyage « Le pays aux saveurs de thé à la menthe ». Ce dernier a par la suite été primé au sein du concours de carnets de voyage organisé par Libération et l’Apaj et m’a permis d’exposer à la Biennale des carnets de voyage de Clermont Ferrand la même année. D’autre part, j’ai toujours beaucoup admiré le travail de Titouan Lamazou, ou encore le travail d’estampes et de sérigraphies rapportées d’Asie et du Ghana par Hervé Di Rosa. Ce sont des artistes qui m’ont beaucoup inspiré et donné le goût de peindre mes voyages à mon tour. L’envie de voyage est venue bien plus tard, mais je crois qu’elle a toujours fait partie de moi-même quelque part. Découvrir le monde et ses cultures, parcourir les pays, c’est déjà quelque chose que je faisais en lisant les magazines GEO de ma mère, ou encore en regardant des documentaires sur Arte. J’essayais d’apprendre les noms des pays par cœur en parcourant un globe terrestre. Les bijoux, les tissus, et les cultures lointaines m’attiraient étrangement. Lorsque j’ai commencé à travailler, c’est cette libération financière qui m’a poussé à me lancer : le voyage était désormais à ma portée. Depuis, je ne peux m’empêcher de faire 2 ou 3 voyages par an pour assouvir ma soif de découverte, dépasser les frontières et en ramener des carnets de voyage. Donc vous avez mis votre passion du dessin au service d’une autre passion, les voyages et tous les paysages puisque vous croquiez déjà votre environnement… Vous semblez avoir vécu dans une famille d’artistes et ouverte sur le monde, c’est une chance et une force pour affronter la vie. Vous 22 une artiste : delphine dussoubs étoiles d’encre 65-66 65 une artiste 16 sepec_Etoile d'encre gabarit 03/03/2016 02:05 Page 22 êtes française et vous vivez à Montréal, c’est déjà un voyage au quotidien, pourquoi ce choix ? Oui, il y a de ça. Lorsque l’on voyage, chacun ressent ce qu’il est en train de vivre différemment. Certains le vivent pleinement en étant très actifs, certains écrivent leur ressenti dans un carnet de bord, d’autres prennent des photos afin de se souvenir. De mon côté, le dessin m’est venu tout naturellement. C’est un peu ma vision des choses, le regard que j’ai porté sur ce que j’ai vu, mes rencontres, les plats que j’ai goûtés. Mais c’est en quelque sorte une trace, la trace qui permet de me souvenir de mon voyage lorsque je relis mes carnets. Et puis, lorsque l’on dessine, ça prend du temps : les gens passent, des personnes s’arrêtent regarder par-dessus mon épaule, d’autres engagent une conversation, la vie se poursuit… Chaque dessin me rappelle ces anecdotes, ces moments de vie particuliers. Je viens effectivement d’une famille assez ouverte, déjà car ma mère est née en Espagne et mon père en France. Je suis donc née avec deux origines différentes et c’est quelque part un petit 23frontières 65 une artiste 16 sepec_Etoile d'encre gabarit 03/03/2016 02:05 Page 23
Pages de EE 65 une artiste - Page 4
Pages de EE 65 une artiste - Page 5
viapresse