69 edito et poeme - Page 2 - edito de la revue étoiles d'encre n° 69 : Penser la vie étoiles d’encre revue thématique trimestrielle à nos doubles ISSN : 1620-5022 Éditions Chèvre-feuille étoilée Le clos de la Fontaine Bat B 65, cour Libéral Bruant r ue Jacques Lemercier 3 4 0 8 0 M o n t p e l l i e r T é l : 0 4 6 7 7 3 7 5 4 5 contact@chevre-feuille.fr Comité de lecture : Behja Traversac, Maïssa Bey, Marie-Noël Arras Directrice de la rédaction : Behja Traversac Directrice artistique : Marie-Noël Arras Directrice administrative : Edith Hadri Conseil d’administration : Les directrices, Carole Lilin, MarieLydie Joffre et Michèle Wilisch. Collaboratrices : AldonaJanuszewski,DanièleMaffray, DominiqueGodfard,FawziaAssaad, Isabelle Marsala, Isabelle Blondie, Janine Teisson, Marie Bueno, Marie Malaspina,Mita Vostok, Nic Sirkis, Nicole Buresi, Peggy Inès Sultan, Rosa Cortes, Rose Marie-Naime, SamiraNegrouche,ValérieMeynadier. Abonnement en France : 58€ pour 2 ans/4 numéros ISBN : 978-2-36795-115-7 Diffusion : Chèvre-feuille étoilée Marraines : Alice Cherki, Arlette Welty-Domon, Cécile Oumhani, Claude Ber, Christiane Chaulet Achour, Esther Fouchier, Fanny Colonna, Ghania Hammadou, Hélène Cixous, Jocelyne Carmichael, Karima Berger, Laurence Farès, Leïla Sebbar, Malika Mokeddem, MarieFrançoise Chitour, Sophie Bessis, Wassyla Tamzali, Zineb Labidi. Représentée en Algérie par Maïssa Bey avec l’assoc. Paroles et Ecritures 10, impasse Poincaré 22000 Sidi-Bel-Abbès Tél : 00 213 48 54 65 11 parole_ecriture@yahoo.fr ISSN : 1112-3311 Communication : Alexe Zamorra Diffusion et correction : Jade Laur 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page2 “Penser la vie, voilà la tâche” Hegel Vivre n’est déjà pas un long fleuve tranquille, mais écrire sur le Penser la vie que nous avons adressé à notre petite communauté littéraire n’était pas totalement sans embûches. Si la vie n’est pas simple pour la majorité des humains alors la penser ! Penser la vie ! pourquoi cette injonction ? Penser la vie comme on penserait un projet, un poème, une revue ou la fabrication d’un objet banal ? Cette assignation à penser ce qui nous fait ce que nous sommes a-t-elle une quelconque validité hors des terres philosophiques ? Salutaire perplexité car nous ne sommes ni Descartes, ni Spinoza, ni Gauchet, ni Badiou… Pourtant, quoi que j’en dise, les auteures de ce numéro n’ont pas été en panne d’inspiration. Elles n’ont seulement pas frémi du désir et de la volupté de s’enquérir1 sur cette question avant d’écrire leurs textes. Du moins, à les lire, je le suppose. On nous dira : n’est-il pas mieux de prendre simplement la multiplicité de la vie à bras-le-corps avec passion ou avec sagesse ou avec raison sans trop se soucier de ce pourquoi on existe dans ce bas monde. Dans ce cas on considérerait qu’il n’est pas important de s’interroger sur le sens de l’existence, sur le sens de son début et de sa fin, nous démettant ainsi de nos peurs et de nos inquiétudes sur l’improbable espoir que le di é to 1. Le gai savoir. Friedrich Nietzsche, ed. E. Schmeitzner, 1882. 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page3 puissant, l’invincible instinct de vie, suffirait à faire oublier le mystère. Michèle Perret dans son superbe et bouleversant poème écrit : Elle ressemble à une allégorie et se tient à la porte de toutes les cathédrales gothiques de la vieille Europe – mais ils ne l’ont jamais laissée entrer. La vie ? Pourtant, sans être Descartes ou Spinoza, on aimerait bien pouvoir comprendre comment cet atome chimérique, qu’est l’humain, soit jeté sur cette planète-là pour naître et disparaître. À l’infini. Depuis des millions d’années. La race humaine marche, croit aller quelque part. Elle ne va que vers la mort (V. Meynadier). Même en sachant cela, comment ne pas être tiraillés par la profonde faim de certitude, l’intime besoin de dénouer l’énigme de notre présence au monde. Et cette énigme-là est une nostalgie insatiable. On la quitte et on y revient, sans cesse, indéfiniment, obsessionnellement. La question est et demeure : comment vivre quand on ne comprend pas ce qui nous fait être et ne plus être ? Comment accepter l’exil à venir, l’exil éternel, l’exil de la vie. C’est que nous ne sommes pas imperméables au temps et le temps impose sa volonté à la vie. Il n’a aucune prévenance. La vie et le temps se confondent dans des noces voraces, dévorantes et, dans cette fusion même, les noces sont pourtant précaires, fugitives. Le vainqueur sera toujours le temps. Elle s’assoit sur l’herbe mouillée et contemple la voie lactée dans l’océan du temps (D. Maffray). Ce qui n’empêche que notre désir de vivre est passionné, une colonne de désirs, ardents, insistants, nous habite. Même au bord de la mort, nous désirons désespérément vivre, c’est cela le point d’orgue, n’est-ce pas ? Qu’importe le hiatus de l’àvenir, qu’importe La chambre à personne de Rilke illustrant le étoiles d’encre 67-684 édito 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page4 lieu de la mort, seules comptent au fond, les demeures tangibles, matérielles et intellectuelles aussi nombreuses que les êtres qui ont habité, habitent et habiteront la terre. La force de la vie dit-on. Alors, l’expérience sensible de la vie n’est pas que cette interrogation par laquelle j’ai commencé, c’est aussi et surtout la certitude d’être au cœur du monde, le monde que nous nous créons, fait, depuis la naissance, de mémoires, d’Histoire, de luttes, d’amour, de création, d’espérances. Un monde où cohabitent nos vacillements et nos résistances, nos tremblements et nos véhémences, nos intuitions et nos doutes. L’expérience sensible de la vie c’est d’avoir un corps qui sent, qui souffre, qui a faim, soif, un corps qui vit. Ce qui n’empêche que Penser la vie nous renvoie évidemment à l’interrogation millénaire : notre esprit est-il partie de ce corps, avancent-ils et périssent-ils séparément ou dépendent-ils l’un de l’autre ? Comment savoir ? C’est justement ce lent soulèvement des voiles sur ce qui nous est caché qui fait la vie passionnante (M. Malaspina). Alors ne soulevons pas le voile, étreignons l’ivresse de vivre comme le miracle le plus inattendu, comme la volupté inhérente à l’acte de respirer, de voir, d’avoir un cœur qui bat, d’aimer pour l’autre et pas seulement pour soi. Behja Traversac 5 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page5 6 étoiles d’encre ©Danièle Maffray dite Froun, Penser la vie, dessin, 2016 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page6 Penser la vie… Elle nous la baye belle La belle revue ! Comme si Dans les pages de son lit Chacune d’entre nous À sa couleur à son tempo Ne faisait autre chose Que de la penser la vie ! En nos Étoiles d’encre À corps et à cris Les femmes pensent. Prenez un crayon et notez. Si si ! Notez ! Elles pensent… L’Être à Deux Mais Sous le signe du Multiple. Au fil des numéros Elles énoncent Secrets de femmes Et leurs Métamorphoses En Nos Maisons De pierres ou de papier Entre l’étrange Universel L’Étranger Bienvenu bien aimé Sans lui demander De Quelles Frontières viens-tu ? Et Ce Jour-là elles nous en font Célébration ! Algérie 50 ans Pour exemple À pleurs et à ris Les femmes ici Chèvres perchées Dans les figuiers 7 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page7 De Méditerranée Ou de tous les ailleurs S’ouvrent parole S’écrivent. Oh ! Avec Légèreté parfois Oh ! Elles parlent Transgressions Des ordres-désordres de nos sociétés Financiarisées Patriarcalisées. Sur l’air du “Ah ! Ça ira, ça ira…” Ou sur l’air des lampions Elles chantent “Nos Révoltes” Demain peut-être seront révolution Vous leur dites : ! ! ! ! Avec Humour toujours Elles vous répondent : Sommes-nous Folles ? De vouloir penser De vouloir changer la vie ? Offrir au genre humain Couleurs de tendresse Féminines valeurs De paix et de liberté : Un bonheur possible Nécessaire et vital. Tisseuses d’avenir Elles y pensent Pensez-y Elles y pensent Et de plus en plus Rose-Marie Naime et Danièle Maffray 8 étoiles d’encre 69 edito mur blanc.qxp_Mise en page 1 10/02/17 10:06 Page8
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