Pages de La Mouette Rieuse C D HD - Page 8 - Premières pages de La Mouette Rieuse de Clara Delange © Éditions Chèvre-feuille étoilée montpellier bureau@chevre-feuille.fr http://www.chevre-feuille.fr/ juin 2019 Isbn : 978-2-36795-137-9 La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page6 À Antonin, le soleil qui illumine ma vie de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page7 9 La Beauté Behja Traversac Il se reflète sur ce recueil un halo arc-en-ciel qui réfracte toutes les couleurs des vers de Clara Delange. Il s’inscrit totalement dans ce qu’attendent les amoureux de poésie du 20e printemps des poètes qui célèbre, en cette session La Beauté. et la beauté est bel et bien présente dans ce qu’écrit Clara. ses mots, les thèmes qu’elle aborde, s’emparent, tels des voleurs, de brassées de rouge, de vert, de bleu, de jaune, un alliage d’or, d’argent et de soleil. Pas de construction obscure, pas de messages abscons chez Clara, mais une langue claire et simple, pure et cette pureté, sa signifiance à fleur d’émotion, nous transporte, symboliquement et presque physiquement, dans un corps à corps avec l’effacement et la présence, la captivité et la liberté, la détresse et la célébration de la vie. ainsi, dans beaucoup de La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page9 10 poèmes, on décèle une subtile réfraction sur ellemême : comment séparer le soi de l’œuvre ? Clara jette sur la page les maux de la douleur et du chagrin, mais aussi les mots des joies de l’amour partagé et de l’amour donné aux autres, tous les autres. on est éclaboussé par l’éclat incandescent des sensations, des jeux de mots, de clins d’œil, de ce qui plane au-dessus et dans le réel. une sensibilité éperdue où l’on devine sous des vers épurés, la révolte, le cri des femmes et ce on ne sait quoi qui ressemble à de la ferveur. et puis Clara Delange est aussi la poète qui franchit les frontières comme dans le poème C’est pas comme si où elle rappelle à nos mémoires oublieuses une tragédie : Petit Aylan Tu avais quitté Kobané/Et naviguant vers l’île de Kos/Tes rêves s’étaient noyés… et Dans le savon d’alep : Alep, comme une feuille de papier,/Tu te laisses froisser, souiller, déchirer,/Il nous faudra plusieurs vies/Pour te laver, te réparer, te recoller… la concision de ces vers, leur force suggestive, leur tendresse, sont le sceau même de leur profondeur, de leur puissance évocatrice. Ils nous acheminent vers les voies où l’auteure veut nous mener pour que jamais nous ne restions sur la rive de l’oubli ou de l’indifférence. J’ai mal au soleil éclipsé/J’ai mal à la terre ravagée… dit-elle. Comment mieux dire l’horreur de la guerre ? La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page10 Dans son petit coin de silence, de solitude et d’écriture, Clara ne quitte pas l’âme du monde, la poésie l’y ramène sans cesse. ses poèmes laissent derrière eux une traînée de lumière. La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page11 La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page12 13 Trois mots… J’ai pris trois mots Je les ai dits J’ai pris trois claques Je me suis tue J’ai pris trois notes Je les ai jouées J’ai pris trois claques Je me suis tue J’ai pris trois plumes et j’ai écrit J’ai pris trois claques J’ai plus écrit J’ai pris trois coups J’les ai rendus J’ai pris trois ans J’ai plus bougé… le trois c’est pas mon chiffre J’ai pris un sac J’ai pris mes rêves J’me suis barrée !!! La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page13 14 Terre rouge Je n’ai pas vu que la terre était rouge Imprégnée de la douleur du monde Pas vu que les embruns des pleurs avaient noyé ses yeux Que les cris de douleur l’avaient rendue hagarde Que les guerres, les violences avaient fendu son cœur Que mes mots écrits sans crier gare ne pourraient panser ses blessures ni tarir ses rivières pourpres Je n’ai pas vu que la terre était rouge Pas vu qu’à force de tous ces maux elle était devenue plate ! et ne tournait plus rond… La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page14 15 Folle Folle folle folle naître pas le devenir Folle à lier tous les mots en pleins et en déliés en joyeuse poésie Folle jusqu’au bout des doigts Dire le tout et le n’importe moi Folle avoir tous les droits Courir nue au milieu de la vie sans dessus ni de sous Foltimbanque chanter Founambule jongler Pleurer de rire danser rire de pleurer enchantée rire aux éclats de grain être enfin Folle à lier les mots l’émo_______tion scions scions le bois du souvenir être là sans y être être loin être l’autre rester muette prostrée être folle à fracasser les vagues À tamiser l’écume naviguer divaguer sans alcool sans médoc Passer du coq à l’âme La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page15 16 Chanter à tête tuée Danser sur les pavés Déclarer déclamer être folle à lier tous les fils de soi rire à poumons ouverts Pleurer des mères déchaînées rire encore au coup par coup Gravir les marches sans gravité sans regarder dessous sans regarder dessus ni derrière ni devant Folle folle folle ni avant ni après regarder au-delà s’y pauser Jouer dans la cour des grands rire en corps à l’endroit À l’envers du décor Folle folle folle À délier les écheveaux du tant Presque peu Presque pas Presque trop être folle à j’aimais être folle à toujours et vivre à corps déployé La Mouette Rieuse.qxp_Mise en page 1 13/05/2019 20:11 Page16
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