DELIT DE REVE - Page 4 - Pour Croire à un nouveau monde ou les citoyens seront respectés 4 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Le 2 février 2006, selon les organisateurs, plus de quatre millions de personnes, (environ trois millions d’après le Ministère de l’intérieur) étaient rassemblées aux portes de la capitale pour une ultime manifestation. Se référant aux premières sources, cinq millions de personnes devraient être présentes dans les vingt-quatre heures à venir pour un important défilé, pour ce gigantesque rassemblement prévu sur plusieurs jours. Depuis plus d’un an, ce genre de manifestation était régulier et recueillait chaque fois davantage de succès. Le nombre de participants ne cessait de croître. Curieusement, la violence qui émanait des manifestations antérieures avait cessé, les éternelles bandes de casseurs qui perturbaient nos mouvements avaient disparu. Ces rassemblements mensuels autour de Paris se déroulaient dans le calme le plus total comme si ces éléments incontrôlables avaient compris qu’ils faisaient partie intégrante de ce flot de détresse humaine. Peut-être pensaient-ils que leur récente adhésion à notre cause pouvait "démarginaliser" leurs actions, leurs comportements antérieurs. Cette manifestation avait été interdite par le gouvernement, mais fidèle à notre désobéissance, nous passions outre. La présence de l’armée nous frappa sans toutefois retenir notre attention. Généralement, seuls les gardes mobiles et les CRS composaient le service d’ordre. Or, ce jour-là, l’armée se mêlait aux services de police. Policiers, camions bâchés, et soldats constituaient une haie infranchissable sur un kilomètre avant notre destination. Pour nous, cette présence des forces armées s’expliquait par l’importance de la manifestation, et le manque d’effectifs de la police. En effet, beaucoup d’entre eux étaient dans notre camp comme manifestants au même titre que ces milliers de personnes et certainement pour les mêmes raisons. Les casseurs, la classe politique et les représentants syndicaux avaient disparu de la tête des cortèges, seuls restaient des gens mus par une volonté sans faille, d’une impressionnante sérénité, comme si ce énième rassemblement allait tout résoudre d’un seul coup. Je crois que nous le pensions tous. Moi le premier je peux l’avouer. Et c’est sûrement pour cette raison, entre autres, que nous ne nous sommes absolument pas méfiés de cette imposante présence militaire. La ville de Paris avait été régentée et transformée en " Cité des Gouvernants " comme nous l’avions surnommée. On y retrouvait tout ce que notre société avait généré de dirigeants, pas seulement des politiques. On y retrouvait tel ou tel banquier, tel patron de groupe national ou international, tel patron d’entreprise publique, tel haut fonctionnaire de la justice, tout 5 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. ce qui pouvait représenter ce fameux pouvoir étatique. Cette classe dirigeante semblait craindre ces mouvements de foules, alors que depuis plusieurs mois ils étaient totalement pacifiques. Nous organisions le départ de nos défilés à partir de la fin des autoroutes, proches du boulevard périphérique. Toutes les régions de France étant représentées, c’était une vague humaine qui se retrouvait sur cette ceinture routière encerclant ainsi la capitale. Nous faisions partie avec Pierre et Luc de ces nombreux organisateurs. Chaque fois, nous étions surpris, pour ne pas dire étonnés par cette cohésion lors de ces grandes marches, peut-être qu’une certaine habitude en était la cause mais cela n’avait plus rien de commun avec les désordres, la grande pagaille des premiers grands rassemblements. Maintenant, on aurait dit que chaque individu connaissait sa place et son rôle sans que quiconque ait besoin de les lui rappeler. Dans ce contexte, notre fonction d’organisateur prenait une toute autre signification que par le passé. Nous n’étions absolument pas des leaders au sens propre du terme, nous n’étions pas non plus des élus, simplement des volontaires avec un pouvoir médiatique plus important que certains. Nous sommes donc devenus des vecteurs d’information permettant comme aujourd’hui des rassemblements populaires. Une journée comme celle-ci n’était certainement pas due au hasard. Pour mieux comprendre le contexte, revenons au début du troisième millénaire. * 6 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. CHAPITRE II Pourquoi ? 7 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Toutes les villes subissaient régulièrement grève sur grève, manifestation sur manifestation souvent dans le pire des cahots et non sans violence. La principale raison de ces désordres découlait du chômage bien évidemment, une des principales causes, cette calamité publique entraînant et provoquant les autres. Le nombre de chômeurs était de six millions d’après les chiffres officieux en cette fin d’année, (seulement quatre millions et demi officiellement). A cet état de fait, s’ajoutait l’évidente précarité de la situation pour la population active, ainsi que la régression sociale devenue de plus en plus flagrante. Chaque travailleur, (ouvrier, cadre ou fonctionnaire), subissait d’importantes diminutions de salaire dues à la baisse du temps de travail. En effet, certains secteurs d’activité atteignaient des moyennes de 28 heures par semaine. Ceux qui avaient prôné et milité pour la baisse des heures travaillées étaient récompensés. Cette grande idée devait aider à endiguer le chômage. Malheureusement les chiffres nous rappelaient l’amère réalité. Charges sociales, impôts, taxes en tout genre y compris la T.V.A. étaient en augmentation constante pour remplir les caisses des organismes qui, paradoxe de notre société, restaient vides et avec des déficits permanents, nous traversions en ce début de l'an 2003 un cahot social indescriptible. L’année qui venait de s’écouler était sans aucun doute la plus noire des vingt-cinq dernières. Cent trente mille dépôts de bilan furent enregistrés dans la catégorie des PME et des Artisans, presque un million de chômeurs en plus pour cette seule année, la délinquance augmentait régulièrement et de façon préoccupante, essentiellement la petite délinquance, celle qui, comme le justifiaient nos brillants spécialistes, était née avec la crise. Personne n‘osait parler, ou très timidement, de la recrudescence des suicides qui touchaient les jeunes générations, pas d’explications, pas de solutions. On constatait ce phénomène au même titre que les accidents de la route, sans plus de considération. Jamais, je pense, un état quel qu’il soit aurait pu imaginer une telle situation et il semblait que rien ni personne ne puisse changer cet état de fait, ni stopper cette dégradation progressive. Tous les ministres, toutes les personnes composantes de l’état dirigeant, perpétuaient et maintenaient leurs discours idéalistes, pour ne pas dire surréalistes, 8 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Les prévisions de notre prochaine et éminente relance économique étaient les mêmes qu’il y a cinq ans, mais il ne fallait pas oublier le contexte de crise internationale, responsable selon eux de notre condition. Ces discours ne retenaient plus notre attention depuis bien longtemps, pourtant les rapports économiques chiffrés, faisaient étalage de résultats très probants pour notre économie dirigée. L’inflation était maintenue à son plus bas niveau, le commerce extérieur était en très forte hausse, le franc stable, très stable, nous pouvions donc être fiers de cette performance. Notre constat à nous, citoyens, était tout autre. Nous n’étions pas des politiciens, encore moins des financiers, nous subissions la réalité quotidienne à travers notre vécu dans la crise et avec la crise. Nous étions certains que ce système ne pourrait perdurer. Mais que faire ? Et comment ? Cela faisait encore partie du mystère collectif, pourtant lors des repas, lors des discussions que nous avions entre amis, nous reconstruisions dix fois le monde en une seule soirée. Nos conversations ne manquaient pas de réalisme face aux problèmes de la société en général. Séparation faite, chacun oubliait cette amertume si présente au fond de nous, pour ne penser qu’au lendemain, espérant seulement pouvoir nourrir notre famille, nous enfermant de plus en plus dans cette forme d’individualité égoïste où les problèmes de société n’ont guère de place. Fin 2002, nous avions assisté dans quelques communes à la démission des élus locaux, pas à titre individuel, mais collectif (soit l’ensemble du conseil municipal). Ces faits, isolés, sans grande portée médiatique prirent une toute autre ampleur en ce début d’année 2003. Très rapidement une majorité de villes, de villages ne fut plus administrée, seules quelques grandes villes dont le représentant avait une fonction gouvernementale échappaient pour l’instant à ces défections. Nombreux, à cette période, ont pensé que ces comportements étaient dus à la peur des manifestations de plus en plus fréquentes et à cette violence qu’elles engendraient. Je crois pour ma part, comme certains élus nous l’avaient expliqué, qu’ils préféraient interrompre leur mandat afin que leurs initiatives provoquent une réelle prise de conscience de la part des hauts dirigeants. Ils se sentaient totalement impuissants face à cette grave crise économique et sociale. L’effet fut tout autre que celui tant escompté, en très peu de temps, grèves, manifestations, cessèrent, faute de représentants légaux capables de recevoir leurs revendications. La plupart des élus à travers toute la France avaient rejoint le camp des simples citoyens. 9 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Le ressort moral était cassé, seule la lassitude de toute une population ressortait, ce sentiment d’être abandonné à notre propre sort dominait nos esprits. La violence, elle-même, ne trouvait plus de repère. Seuls quelques groupes de marginaux subsistaient mais ils étaient loin de toute revendication et ils n’étaient pas étrangers à l’augmentation des chiffres de la délinquance. Dans nos démocraties occidentales, l’expression du peuple fait partie intégrante de nos mœurs, ces années de lutte sociale n’ayant servi à rien, il fallait trouver une autre issue. À l’accoutumée, Pierre et Luc étaient chez moi. Nos discussions ne variaient pas beaucoup : - "Plus de manifestation depuis trois mois. Le gouvernement doit être satisfait. Dit Luc." - Tu verras, reprit Pierre, ça ne durera pas, dans certains endroits des groupes sont en train de se former." - Pour faire quoi ? Repartir dans les rues, manifester ? Personnellement, ça ne n’intéresse plus, leur dis-je. Tout le monde se plaint, nous les premiers, mais ce sont toujours les mêmes qui revendiquent, nous ne sommes pas assez nombreux à descendre dans la rue. - Détrompe-toi, poursuivit Pierre, d’après ce que j’ai entendu, ces groupes voudraient provoquer un grand rassemblement. D’ailleurs, si ça vous intéresse il y a une réunion jeudi soir sur la place des Quinconces à Bordeaux, et moi j’ai bien envie d’y aller. - Pourquoi pas ? Dit Luc. Ça ne coûte rien de s’y rendre et d’écouter. - D’accord je viens avec vous, leur dis-je. De toute façon on ne peut pas rester sans rien faire. » Nous avions toujours été des participants actifs à tous les mouvements sociaux déclenchés dans notre région. Nous n’en avions manqué aucun. L’amitié qui unissait nos trois couples, n’était pas feinte, et ceci depuis de nombreuses années. Ce genre de sentiments était rassurant face aux difficultés quotidiennes. Beaucoup de valeurs comme celles-ci renaissaient dans cette période existentiellement préoccupante. L’avenir précaire de nos enfants, de la jeunesse, avaient renforcé les valeurs familiales pour la plus grande satisfaction des parents restés très longtemps impuissants face à la dégradation des rapports au sein de leur famille. Leur responsabilité éducative ne pouvait pas en être la seule cause. 10 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. L’état d’esprit général de la population changeait lui aussi et une certaine sociabilité s’instaurait créant un début évident de cohésion sociale. Personne ne regrettait d’avoir assisté au meeting du jeudi soir. L’ordre du jour de cette réunion qui nous permettait la concertation était clair et explicite : il proposait tout bonnement de préparer un grand, un très grand rassemblement dans la capitale. Nos représentants, nos dirigeants n’étaient-ils pas tous dans cette ville ? Il fut demandé à toute personne de bonne volonté et désireuse de participer à cette organisation de se faire connaître. Il était primordial de propager ce message. Cette réunion n’avait guère mobilisé plus de mille personnes, c’était vraiment très peu, mais cette démobilisation sociale n’était-elle pas logique ? Malgré cela, notre détermination après cette soirée fut sans appel et Luc, Pierre et moi allions naturellement faire nos débuts d’organisateurs. Nous étions tous les trois issus du même village et notre première démarche fut d’élaborer une réunion. Cette première expérience fut sans fausse modestie un succès car toute la population se déplaça. La salle de la mairie prévue à cet effet se révéla trop petite. L’installation de hautparleurs extérieurs permit de satisfaire l’assemblée. Notre principale proposition sur la prévision de cette grande manifestation recueillit un avis favorable. Le contact était établi. Cette concertation populaire fut identique dans toutes les régions : pas de teneur politique, syndicale ou autre, pas de parti pris pour un secteur d’activité. Nous irions à Paris demander aux personnes en place, grâce à notre vote de confiance, quel avenir nous pouvions envisager. Nous exigions et souhaitions des réponses concrètes et précises pour une fois. Le contexte économique en ce temps n’évoluait toujours pas, la régression tant de fois citée continuait inexorablement. Seul le fonctionnement pratique du pays était maintenu. La perturbation qu’aurait pu provoquer la démission de nos gestionnaires communaux n’était pas du tout visible puisqu’il s’agissait d’un phénomène encore récent. L’entretien des communes avait été préservé par les fonctionnaires en poste. Administrativement, rien n’avait changé, cela avait d’ailleurs été voulu par les élus lors de l’interruption de leur mandat. La vie continuait ou plutôt on continuait la vie. L’existence de deux classes sociales qui régissaient maintenant notre principe de société était devenu flagrant : ceux qui étaient dans le besoin et manquaient de moyens constants et ceux qui étaient communément appelés « les riches ». 11 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Les premiers représentaient une majorité grandissante tandis que les seconds composaient une minorité aux pouvoirs et aux moyens croissants. Cet état de fait engendrait une différence de comportement tout aussi navrante. L’état, la justice, les banquiers, les grands patrons, cette nouvelle classe de dirigeants née de la crise qui avait créé cette « Cité des Gouvernants » perpétuaient un climat d’insensibilité totale face à la crise ambiante. Les chiffres, non vérifiés, stipulaient qu’environ sept cent mille personnes vivaient dans ce mini état, délimité facilement par cette ceinture que formait le boulevard périphérique. La ville de Paris n’était pas réellement fermée, le tourisme avait été préservé, un peu trop réglementé mais néanmoins existant. Loin de l’idée mène de décentralisation, nous étions en pleine recentralisation : la police et l’armée créèrent leurs propres quartiers à l’intérieur comme à l’extérieur de la capitale, encerclant et protégeant discrètement cette « nouvelle » ville. Le ministre de l’intérieur nous précisa qu’il ne fallait voir aucun calcul dans ce regroupement, mais tout simplement une évolution logique de notre société pour une meilleure harmonisation du travail du gouvernement, aidé dans cette charge par les principaux acteurs économiques de notre pays. Cette promiscuité des pouvoirs fut en soi une bonne idée, on eut la réelle impression qu’un tel rassemblement d’idéologies ne pouvait qu’aboutir au redressement si souvent promis. Les nombreuses chaînes régionales appartenant au secteur privé, facilitèrent énormément l’organisation de ce rassemblement. Leur statut de PME, avec les difficultés d’entreprise propre à cette période, nous permit d’avoir leur soutien. Les relations avec les autres régions se faisaient donc par réunions télévisées, l’interconnexion était une technique très fiable. La faible participation du meeting Bordelais appartenait au passé mais elle avait tout de même permis de déclencher cette mobilisation quasi générale des citoyens. Sans sollicitation particulière, nos réunions régulières, deux à trois par semaine, provoquèrent un élan de solidarité, pour être plus juste, de sociabilité à travers tout le territoire. L’uniformité de classe sociale que nous formions y contribua aussi à sa manière, la cohésion sociale, impensable il y a seulement cinq ans, prenait maintenant forme. Nous étions impuissants face à la courbe ascendante du chômage, mais notre nouvelle solidarité permettait à cette catégorie d’exclus de survivre et d’espérer. Le repeuplement des campagnes y fut pour beaucoup, ce prodige ne venait absolument pas d’un choix politique mais plutôt d’une nécessité élémentaire de survie. La désertion des villes incita des groupes de personnes à former des communautés qui squattèrent des villages à l’abandon. Il n’y avait aucune idée de secte derrière ce nouveau paysage social. 12 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Ces gens n’avaient qu’un seul but, acquérir cette autonomie alimentaire que seule la terre pouvait leur procurer. Les autorités ne perturbèrent pas cette réquisition immobilière. Au contraire, le gouvernement apporta sa contribution en offrant gratuitement le service de l’eau et de l’électricité et incita ce genre d’idées, par des aides de matériel de construction et de vivres. La date du vingt septembre fut décidée pour ce premier et innovant grand déplacement, la dernière réunion que l’on organisa trois jours avant le départ dans notre commune permit la mise au point de tous les préparatifs nécessaires. Toutes les mesures pratiques avaient été débattues et suffisamment expliquées lors des émissions régionales de ces derniers jours mais, ce soir, de nombreuses questions préoccupaient l’assistance. Comment éviterons-nous l’encombrement que poseront tous nos véhicules en arrivant à destination ? - Pour ceux qui n’ont jamais été à Paris, je vous précise que le départ de la manifestation se passera sur le boulevard extérieur. Nous allons donc improviser des parkings sur les accès, l’infrastructure routière à ces endroits le permettra aisément. Ces fins d’autoroute sont très larges, nous nous garerons de chaque côté sur plusieurs files, mais il est vrai qu’il faudra marcher quelque peu. - Les autres régions, notamment celles que nous traverserons en montant vers Paris, ont chacune un itinéraire et un accès différent pour éviter un engorgement possible, attendez-vous tout de même à quelques embouteillages, précisa un organisateur de notre commune. - Comment retrouverons-nous les autres groupes régionaux ? - Tout simplement sur le périf, puisqu’ils font comme nous. Toutes les autoroutes de tous les coins de France aboutissent à cette boucle. Grâce aux horaires fixés nous pénétrerons dans la ville par toutes les portes au même moment jusqu’à notre lieu de rendez-vous et de rassemblement qui sera la place du Champ de Mars. - Les forces de l’ordre ne risquentelles pas d’empêcher ce regroupement en plein centre ? - Ca fait partie des éventualités, on espère que notre message aura été assez clair. C’est une grande réunion pacifique avant tout, il n’y a rien de vindicatif dans notre déplacement nous n’allons pas nous faire entendre, mais écouter. Je ne sais pas si nos réponses rassurèrent tout le monde mais il était trop tard pour changer quoi que ce soit. 13 Copyright Claude Ballion 1995 – cballion3@gmail.com – copie SGDL. Après bien d’autres précisions, on se quitta en se souhaitant bonne chance et en se donnant rendez-vous le dix-neuf septembre à dix-huit heures, près du parc des expositions de Bordeaux. Point de ralliement de la région Aquitaine, pour tous ceux qui désiraient participer à cette mobilisation. Nous avions tout le week-end devant nous avant le grand jour. Dimanche étant le jour de l’ouverture de la chasse, Pierre et moi allions pouvoir nous distraire, Luc ne nous accompagnerait pas, parce que d’une part, il n’était pas chasseur et que d’autre part, il allait passer huit jours avec Christine à Marseille chez son fils. J’aimais ce rendez-vous annuel, ce n’était pas qu’une histoire de chasse mais une histoire d’amitié entre copains, animés par la même passion. L’équipe n’avait pas changé et je ne me rappelle pas depuis combien d’années nous étions ensemble, nous ne nous retrouvions pas seulement pour l’ouverture, mais pour toutes les autres chasses traditionnelles, que ce soit pour la saison de la palombe, pour des battues au sanglier ou au chevreuil, ou, celle que je préférais entre toutes, la chasse aux canards à l’affût qui se pratiquait plus tard dans l’hiver. C’était pour nous, une forme de loisir qui se perpétuait de génération en génération, les tentatives écologiques de l'union Européenne pour nous enlever ou réduire ce privilège naturel avaient été vaines. *
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