La revue 100 Numero 10 - Page 12 - Revue 10 de novembre 2011 12 Chronique Les exilés de KREAS de Jean-Noël LEWANDOWSKI, Editions in octavo « N’aie pas peur, petit bonhomme…N’aie pas peur, ni maintenant, ni plus tard… Tu ne rêves pas. Le hasard n’est pour rien dans notre rencontre. Nous t’avons choisi depuis longtemps. Tu aimes contempler le ciel… Nous savons que tu le regardes parfois, la nuit, de la fenêtre de ta chambre en te posant des milliers de questions auxquelles personne, dans ton entourage, n’est en mesure de répondre, ce qui déçoit… » Extrait du livre Martin, un enfant différent ! Nous apprenons à découvrir le jeune Martin dès les premières pages. Enfant rêveur se posant de nombreuses questions sur son environnement et sur la religion notamment, il se retrouve balancé dans ses réflexions entre un père n’hésitant pas à remettre en cause des évidences et une mère beaucoup plus formatée. Trois ans plus tard, Martin, son grand frère et deux autres amis partis à la découverte d’un terril tombent sur une carcasse de radio semblant émettre des sons. Poussés par la curiosité, ils poursuivent leur expédition et vont, en réalité, rencontrer des habitants d’une autre planète… A la découverte de KREAS Arrivés devant un grand maître, les quatre garçons vont se laisser conduire chacun dans une pièce différente accompagnés d’une jeune femme. Ils passeront une sorte de test pour savoir si ces derniers peuvent être « recrutés ». Jean Noël LEWANDOWSKI nous entraîne alors dans quatre portraits riches de sens et admirablement menés. Les kréasiens identifieront quatre personnalités à travers les jeunes hommes ; « un homme heureux », 13 « l’indifférent », « le bavard » et enfin « un être à part » en la personne évidente de Martin qui lui seul sera « recruté ». « A force de tout trouver facile, les choses les plus simples risquent de devenir un rempart. Il en sera de même pour tous les actes de ta vie, les actes importants et les autres. Si tu y crois, tu verras que tout finit toujours par rentrer dans l’ordre. D’ailleurs, nous y veillerons. Nous mettons sur ta route les êtres d’amour qui te feront oublier les êtres de haine que tu auras imprudemment considérés comme des alliés. Nous te donnerons les choses délicieuses pour te faire oublier les choses amères. Il te faudra mériter tout cela, et çà ne sera pas facile. Les embûches les accidents, les mésalliances, les mauvaises fréquentations, les absences longues, les retours inattendus, te feront souffrir. Mais, à chaque fois, tu sortiras vainqueur de ces épreuves. » C’est lors de ce dernier entretien que nous en apprendrons davantage sur l’endroit d’où viennent ces étranges visiteurs. « Nous venons d’une planète qui porte le nom de KREAS. Elle est située dans la banlieue de ce que vos astronomes et astrophysiciens appellent Alpha, dans la constellation de Centaure, à une distance de 4,22 années-lumière de votre jeune étoile, le Soleil, que nous connaissons sous le nom de RHADIEU. » Nous n’apprendrons rien à ce stade sur les réelles motivations des kréasiens à appréhender des terriens surtout qu’ils semblent être au dessus d’eux dans de nombreux domaines mais c’était peut être sans compter sur l’indispensable… Qui accompagne qui ? Martin poursuit sa vie et ses interrogations avec les kréasiens qui veillent sur lui. Ainsi, dans certains moments, ils apparaitront dans sa vie afin de le guider au mieux. « Oui, Martin, un programme qui prend du retard à cause des erreurs que tu as commises et du temps fou que tu mets à les corriger. Nous sommes venus te donner un petit coup de pouce. » 14 Nous découvrirons également au fil des pages l’esprit cartésien des kréasiens mais nous apprendrons également que Martin n’est pas le seul recruté et un gigantesque mouvement se dévoile peu à peu. « Mais tu sais, Martin, le salut de ton espèce ne peut venir que de la science. Ton corps en sait pourtant quelque chose. Tant que vous aurez en charge chacun de votre côté des dieux à vénérer sans les voir, vous vous tiendrez éloignés les uns des autres et continuerez à vous nourrir de vos angoisses. Ceux qui dirigent vos religions connaissent vos faiblesses et vous manipulent. Ces croyances sont les chaînes qui entravent l’humanité. Nous allons être obligés d’intervenir pour vous en libérer. » Nous tomberons dans l’incertitude sur cette planète, et Jean Noël réussit parfaitement à faire trembler les mains du lecteur en quête de la suite de l’histoire et à semer des doutes à des moments clés de la vie de Martin. Cette planète souhaite-t-elle seulement apporter de bonnes choses à l’humanité ? Non passionné par ce style d’histoires, je me suis pourtant totalement laissé embarquer sur KREAS, et la visite de notre planète à travers le regard judicieux et lucide de Jean Noël LEWANDOWSKI ne peut que nous donner l’envie de lire très rapidement les prochains tomes. Clément CHATAIN Auteur : Jean-Noël LEWANDOWSKI Titre : Les exilés de KREAS Editeur : In Octavo Editions ISBN : 9782848781150 Prix : 20€ 15 Interview d’auteur Entretien avec Jean-Noël LEWANDOWSKI, auteur de les exilés de KREAS, éditions In Octavo. Auteur de plusieurs livres (vous pouvez retrouvez l’ensemble des informations sur l’auteur et les parutions en suivant ce lien http://jean-noel-lewandowski.fr/), Jean Noël a accepté de répondre à mes questions suite à la parution aux éditions In Octavo de son roman Les exilés de KREAS. 100% Auteurs : Comment es-tu venu à l’écriture et quelle est ta méthode de travail ? Jean-Noël LEWANDOWSKI : L’écriture a toujours été pour moi une sorte de refuge où je pouvais rêver tout à ma guise. Dans les années soixante, à l’âge de douze ans, j’ai commencé, comme beaucoup d’adolescents, à composer des poèmes. Quelques années plus tard, lorsque la vie m’a éloigné de ma famille, je suis resté en contact épistolaire avec elle ainsi qu’avec de nombreux amis, parfois lointains. Je n’ai réellement commencé à écrire avec des arrière-pensées d’édition qu’à la fin de l’année 1993, à la faveur, si je puis dire, d’une mise entre parenthèses de ma vie professionnelle. "La Passée" fut mon tout premier roman. Comme c’est souvent le cas, ce fut un récit autobiographique qui, au fil des pages s’est teinté de fantastique. Édité à compte d’auteur et à très peu d’exemplaires, je l’ai oublié dans un tiroir pour le reprendre plus tard avec l’expérience acquise. Il est devenu "Mana" en 2008 grâce à Pietra Liuzzo Éditions. Cette éditrice m’a accordé sa confiance puisqu’elle qu’elle a fait paraître successivement cinq de mes ouvrages, "Un été à 16 Meadows", "Jet lag – Les insoumises", "Un homme de Trôo", écrit à quatre mains avec l’auteure stéphanoise Danielle Akakpo, "Mana" et "Les trésors d’Aiguevives". Sont venus par la suite "Les destins traversés" et "L’épicière de Gherminfol" chez ULUA1 , puis, en autoédition, "Des voies particulières" et "Traces", un petit recueil de poèmes. Quant à ma méthode de travail, elle est relativement classique. Au début, j’ai une idée assez précise de ce que j’ai l’intention d’écrire. J’établis des fiches techniques complètes sur mes personnages, plante le décor et laisse ensuite les protagonistes y évoluer librement tout en ayant soin de garder un œil sur eux. À l’inverse du récit bref, souvent dramatique et présentant peu de personnages, le roman autorise cette liberté-là. L’auteur, libéré du carcan de la nouvelle dispose d’une distance suffisante pour ramener ses héros à leur destination première, même si, parfois, quelques personnages tentent de lui échapper… 100% Auteurs : J’ai en tête une image de toi : tu es en dédicace dans un salon avec un petit garçon ; une passion t’illumine sans aucun doute. Quelles relations entretiens-tu avec tes lecteurs ? Jean-Noël LEWANDOWSKI : Cette rencontre est toujours bien présente dans ma mémoire. Mais qui était le plus émerveillé des deux ? Ce gamin était un passionné de lecture. Comme par magie, le Salon du Livre et ses visiteurs se sont alors estompés. Je me souviens lui avoir conté une histoire extraordinaire, celle de David, un adolescent d’à peu près son âge, avec sa grand-mère disparue. Il s’agissait du roman "Mana", une histoire d’amour pleine de fantastique écrite, précisément, pour les préadolescents et les adolescents. 1 Un Livre, Une Aventure - http://www.unlivreuneaventure.com/accueil/index.html 17 J’aime beaucoup m’entretenir avec les lecteurs de tous âges et tenter de leur faire partager ma passion pour les mots. Cela me paraît indispensable. Certains d’entre eux, fidèles, reviennent d’année en année ou m’adressent des courriels. Récemment, au Salon du Livre de La Bassée, un lecteur est revenu me voir pour la quatrième fois. Après Arras 2009, La Bassée 2010 et Bondues 2010, il a pris mon dernier roman avant de me donner rendez-vous pour le prochain ouvrage à Bondues, en 2012. Des moments de partage qui deviennent des moments d’amitié. 100% Auteurs : En inventant une autre planète habitée dans les exilés de Kréas, ne fais-tu pas passer un certain message aux terriens ? Jean-Noël LEWANDOWSKI : Le message que je tente de faire passer dans "Les exilés de Kréas", premier tome de la trilogie ALTERA MUNDI, est d’abord un message de tolérance, mais aussi un message d’espoir. Les extraterrestres, Mes extraterrestres ne viennent pas conquérir un territoire. Ils viennent au contraire chercher de l’aide dans l’urgence et se servent pour cela d’enfants chez qui ils ont décelé des facultés peu ordinaires. Ils les suivront jusqu’à l’âge adulte, dans le dessein de les utiliser, sans contrainte, pour qu’ils les aident à se faire admettre sur notre Terre, devenue pour eux une sorte d’Arche de Noé galactique. Mon roman est aussi et surtout un plaidoyer en faveur de l’acceptation de la différence, quelle que soit la forme qu’elle revêt. 18 100% Auteurs : Je ne suis pas un fan de ce style d’histoire et pourtant ta plume m’a totalement embarqué au milieu des Kréasiens et de Martin Bagel. Mais cela ne semble pas fini puisque d’autres tomes nous attendent ! Peux-tu nous en parler ? Jean-Noël LEWANDOWSKI : Après "Les exilés de Kréas"2 , ce sont "Les bâtisseurs de Hradr-Amn" et "Les révoltés de Shaâdrir" qui compléteront la trilogie ALTERA MUNDI. Martin Bagel va grandir, épouser Claire, et ils partiront très loin… À leur retour, ils adopteront une fille qui, elle aussi, possède des facultés peu ordinaires similaires à celles qui ont fait que Martin fut jadis remarqué et recruté… Elle va prendre en mains la destinée d’un grand nombre de Terriens natifs, de Transformés et de Kréasiens qu’elle va conduire au travers du système solaire pour tenter le leur démontrer qu’il y a un autre avenir possible pour l’humanité. Le reste, est encore une autre histoire… 100% Auteurs : Tu t’es lancé dans l’autoédition d’une façon assez réussie comme j’ai eu la chance de la constater en voyant le résultat. Pourquoi l’autoédition, et quel regard portes-tu sur le milieu de l’édition française ? Jean-Noël LEWANDOWSKI : L’autoédition est un compromis entre le compte d’éditeur classique et le compte d’auteur. Dans le premier cas, l’éditeur se charge à ses frais de réaliser et diffuser l’ouvrage et rémunère l’auteur selon les ventes. Dans le second, l’éditeur s’en charge, plus ou moins correctement d’ailleurs, de ce travail, mais aux frais exclusifs de l’auteur. On est parfois perdu face à l’abondance des maisons d’éditions, certaines parfois peu scrupuleuses ou même peu honnêtes. 2 In Octavo Éditions - 286 pages - ISBN 978-2-84878-115-0 19 L’autoédition peut donc être un recours intéressant, mais elle nécessite de maîtriser toute la partie technique de l’élaboration du livre : mise en page, relecture, correction, conception de la couverture, dépôts légaux, ISBN, promotion et diffusion, choix de l’imprimeur par étude comparative des devis, choses que fait en principe un éditeur conventionnel. Ce travail parfois fastidieux, me passionne. Je m’y suis consacré avec la réédition de "Un été à Meadows"3 et tout récemment, j’ai récidivé, mais de façon tout à fait délibérée avec "Des voies particulières". Faire naître soi-même son livre est une expérience passionnante. Propos recueillis par Clément CHATAIN 3 L’édition initiale de ce roman qui a obtenu en mai 2011 un premier prix littéraire, était épuisée. L’éditrice ayant cessé ses activités, je l’ai donc fait rééditer en autoédition. 20 Poésie Une évidence Mon cœur a ses raisons d’aimer Que je ne peux pas contrer. A mon premier souffle expulsé, J’ai fait le pari de savoir aimer. Toute ma vie et chaque jour écoulé Aimer sans détour mais avec mes vérités Même à en mourir de douleur Tout en courant après le bonheur A ce premier jour d’air expulsé J’ai choisi, pour ma destinée Que chaque baiser envoyé Aurait son être aimé à choyer. Mieux vaut aimer trop que pas assez Mieux vaut aimer qu’être esseulé La vie ne serait qu’un gouffre béant Sans cette palpitation constante Qu’est l’amour sans adjuvant Et le bonheur sans faux-semblant Elle serait triste sans le plaisir évident De se lover dans un cœur aimant. Et n’aurait pas lieu d’être dans le temps Si l’amour n’était pas dedans. Ce n’est pas anodin si mon prénom tant choyé Est bien l’anagramme du verbe Aimer. Marie BARRILLON 21 Chronique LES FLEURS DU BIEN : MA VIE, MA SCIENCE, MA POESIE « Elle [la poésie] nous emmène dans un voyage d’expression libre à la découverte de plages lointaines, de rivages sauvages ou abandonnés, peuplés de nos rêves, nos secrets, nos ambitions, nos désirs. Un rendez-vous avec soi, une alliance avec le cœur, un pacte avec la langue, une musique de l’oreille, un plaisir de vivre ou vibrer au rythme de sa mémoire enfouie, des non-dits, des silences interdits. Une poétique, de l’absence ou l’inexistence. » (Extrait du livre) « PHILOSOPHE POETE DE LA SCIENCE » Comment mêler science et poésie ? Gaston Bachelard l’a pensé et théorisé et cela a inspiré nombre de nos contemporains philosophes et penseurs au sens large. Yano Las déplore de ne pas être devenue « philosophe poète de la science ». Cependant, elle s’essaie à manier les mots dans son laboratoire du langage. Des expériences plus ou moins réussies remplissent ce recueil de poésies qui se nomme Les Fleurs du Bien : Ma vie, ma science, ma poésie. On ne peut établir un parallèle grâce au titre avec Les Fleurs du Mal de Baudelaire, une œuvre majeure de la poésie moderne controversée du XXème Siècle. Yano Las c’est bien autre chose… Elle prend à cœur des thèmes variés comme la féminité, la religion, les regrets, et aborde également la question du temps relative à l’expérience, dans une recherche de vérité et de sensibilité. Ces valeurs universelles sont mêlées entre elles puisqu’indissociables dans le quotidien. Etre une femme moderne entend faire des choix pour obtenir certaines libertés : « La femme est un oiseau
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