La revue 100 Numero 18 - Page 14 - La revue 100% Auteurs de Juillet 2012. Cette revue est destinée à présenter des auteurs peu ou non connus du grand public. 14 Ma maison sous les eaux, sera loin de mon port. Et je miaule ce soir, ce qui dans la langue des chats, veut dire pleurer. Gérard BOUDES 15 Chronique De mort et d’eau fraîche de Layticia AUDIBERT Editions Kirographaires « Des flots de larmes font des soubresauts dans tout mon corps, ne sachant plus par où sortir. Les nœuds se défont à l’intérieur de moi, l’un après l’autre. Je les perçois. Des nœuds de marins, difficiles, ancestraux. J’ai mal à l’incertitude, au cœur qui s’emballe et se déballe au premier vent venu, à la première caresse. Mes colères sortent, avec leurs habits du soir. Je cherche les raisons et les torts. Il y a tant d’ancres qui m’empêchent de remonter à la surface. » Extrait du livre Nous ne sommes qu’un point de suspension de l’histoire ! La vie, cette succession de scènes où rares sont les moments où nous prenons conscience de son importance, même si pourtant nous sommes finalement : "qu’un point de suspension de l’histoire" de ce monde dans lequel nous évoluons. La vie cette "chose" qui parfois nous encombre, nous brutalise et qui malgré tout est notre seul vrai trésor, tout en ayant conscience que même si : "C’est peut-être pas original […] il n’y a pas d’erreur dans la vie. Il n’y a que des leçons". 16 Des leçons qui sont censées nous orienter afin de ne pas reproduire de mauvaises expériences sans omettre que "en reconnaissant l’autre on se reconnaît soi-même, dans la meilleure version de soi" donnant en cela à la vie une plus douce saveur à chaque jour qui passe. L’amour est une de ses saveurs et qu’il faut apprendre à l’assaisonner pour le rendre digeste, savoureux… parce que de l’autre "on n’aime rien si on n’aime pas tout". Tout comme "pour aimer, il faut accepter d’être vulnérable", parfois. L’amour est l’ami de la vie ou tout comme je le dis souvent son frère aîné, mais il peut aussi devenir son pire ennemi car "l’amour meurt toujours de mort lente", ce qui donne à l’existence ce goût amer, aigre, quelque soit le temps : "Rien n’a la même résonance quand il pleut", rien n’aura plus non plus la même résonance lorsque l’amour fuit ou que la vie se détourne de ses beautés. Adam en est là, tel un coup de massue invisible, une catastrophe qui s’abat sur sa vie, donnant à ses heures les instants d’interrogations les plus sombres, les remises en question inévitables, réalisant l’impensable de son passé : "Je repense à toutes ces petites choses que j’ai laissé me pourrir la vie, quand j’avais encore cette certitude prétentieuse d’avoir le temps". Avec des si… Il nous arrive parfois de nous dire à nous-mêmes ; mais qu’ai-je fait de ma vie ? En tant d’années… si peu de choses en définitive ! Adam réalise qu’il est "dans ce microcosme, cet échantillon de vie où les années passent, identiques aux autres, dans ses saisons d’hypocrisie." Et puis, les minutes passent, puis les heures, les jours pour finalement laisser cette question existentielle pour plus tard. 17 Sauf que s’il y a un moment où elle ne s’éclipse plus, prend toute la place en nous, certes mais aussi autour de nous, se fait plus collante qu’un bout de velcro, un morceau de sparadrap, c’est bien lorsqu’on apprend comme Adam que les jours sont désormais comptés parce qu’une tumeur a souhaité élire domicile dans son cerveau. Il tourne en rond dans ce qu’il lui reste à vivre : "Si j’avais eu le temps, j’aurais dès aujourd’hui mis toute mon énergie à découvrir ce que j’aime vraiment et ensuite j’aurais passé ma vie à le faire". Pour ces instants qu’il lui reste, il décide alors non pas de rattraper le temps passé après lequel il est inutile de courir sous peine de se perdre encore plus vite et plus sûrement mais sous peine aussi de perdre ce peu de temps restant devenu si précieux. Non, il se décide "à vivre au rythme de ses péchés capitaux. A réaliser ses rêves dans une course effrénée et sans tabou, sans regret, ni concession". Il va reconquérir sa femme, (ré)apprendre l’amour sous toutes ses formes : amoureux, filial, amical… En définitive pourquoi attendre un tel moment aussi tragique pour (re)faire cet "apprentissage" ? Parce que la vie, inconsciemment, nous nous l’imaginons tellement acquise à notre cause que nous en oublions que nous n’en sommes pas les maîtres et le simple fait que tout peut s’arrêter à n’importe quel instant : "Une vie à l’oreille coupée où tu deviens sourd. Où tu deviens aveugle. Où tu te ronges tellement les ongles que tu finis comme la Vénus de Milo. Où si tu souris t’as l’air de vivre à Disneyland. T’as l’air d’un con." Alors, on laisse courir le temps, on se laisse surmener, envahir par tout et tous, et la remise en question… eh bien, ça attendra ! Ça attendra… le moment critique, tragique ou fatidique suivant les circonstances de chacun. Ça attendra parce qu’on d’autres "priorités" ! 18 Il vaut mieux être serein pour cette lecture, bien que, sans en dire trop, la fin est totalement inattendue. C’est cependant tellement bien raconté qu’on se demanderait presque si c’est vécu ou imaginé. Marie BARRILLON Informations sur le livre : Titre : De mort et d’eau fraîche Auteur : Layticia AUDIBERT Editions : Editions Kirographaires ISBN : 9782917680971 Prix : 18,45€ 19 Auteur à suivre Entretien avec Christian CHAILLET pour la sortie de son ouvrage « Les feux perdus de GLANUM », éditions Edilivre 100% Auteurs : "Les feux perdus de GLANUM", Comment vous est venue l’idée de ce dernier roman ? Christian CHAILLET : Lors d’une visite sur le site de Glanum, tout près des Baux de Provence Je me suis assis sur un muret de l’agora et j’ai vu 2 petits gaulois courir dans les ruines de la cité. L’histoire m’est apparue alors dans son intégralité ou presque. 100% Auteurs : Relater une histoire qui se déroule en 125 avant Jésus- Christ lors de l’invasion de la Provence par les Romains ne doit pas être franchement évident. A-t-il été difficile d’en réaliser l’écriture ? Christian CHAILLET : Oui et non car ce fut une belle aventure. Comme je mets en scène des personnages réels, j’ai passé beaucoup de temps en recherches scientifiques et historiques. Les Gaulois n’ont pas écrit leur histoire, leurs mœurs, leurs habitudes de vie. Il a fallut fouiller dans les revues spécialisées pour retrouver les éléments composant leur vie sociale. Les éléments de l’administration romaine et les alliances entre les peuples d’envahisseurs sont un des autres éléments clés de la guerre en Gaule (Provence ici). 20 Le contexte commercial et l’état des sciences de l’époque sont également importants car l’un de mes héros est un druide centenaire, de grande culture qui a beaucoup voyagé et se pose beaucoup de question sur le devenir de la société gauloise. Le monde était vaste alors, de Chine à la Finlande, en passant par l’Afrique et l’Inde parcourue par Alexandre 200 ans plus tôt. Et pour permettre au lecteur de comprendre la mentalité des gens de l’époque j’ai ouvert le monde en intégrant un éléphant de combat venu d’Inde et une jeune femme d’une autre tribu en butte aux romains assoiffés de terres et d’argent. Cette guerre n’avait pour but que de voler des terres riches, faire payer des péages au profit des nobles romains, et d’ouvrir une route depuis l’Espagne et Rome pour plus de fluidité des marchandises. 100% Auteurs : Dans votre quotidien, comment s’organisent vos temps d’écriture ? Christian CHAILLET : Principalement le soir après le travail, les samedis avant le début du top 14 !!! Et pendant toutes mes vacances lors de pauses culturelles ! La famille lit et moi j’écris. 100% Auteurs : Dans cette même idée, lorsque vous écrivez, qu’est- ce que vous vous imposez et ne vous imposez pas ? Christian CHAILLET : je m’impose d’écrire beau. Je m’impose d’écrire clair. D’écrire vrai. Mes histoires sont des films dont je déroule les images devant l’imagination des lecteurs. C’est le compliment qui revient le plus souvent : « j’y étais, tu y étais, ce n’est pas possible autrement ! Comment décrire des scènes pareilles sans les avoir vécues dans une autre vie ? » Je m’impose un calendrier. Je ne m’impose pas plus de 10 heures de travail par jour, 21 travail alimentaire compris. Je n’écris pas les dimanches. Précision : je suis agnostique. 100% Auteurs : Certains auteurs, pour ne pas dire tous, ont quelques petites habitudes pour les uns, des rituels indispensables pour d’autres lorsqu’ils écrivent. Quels sont les vôtres ? Christian CHAILLET : J’écris sur ordinateur en écoutant de la musique - du reggae ou du jazz- ou des morceaux téléchargés par mes filles : Trio, Gladiators, Louise attaque, Adel, Billy the kick, etc… Je prends parfois un café coulé de ma Nespresso (en compagnie de la fille qui joue dans la pub avec Clooney) ! Je lis beaucoup et utilise énormément Internet pour trouver des références historiques. 100% Auteurs : Nous imaginons bien que vous n’en resterez pas là. Quels sont vos prochains projets littéraires ? Christian CHAILLET : dans le même temps d’écriture que « Le dernier cri du chat », « A mort la vie », « Méfie toi de la lune » et « Les feux perdus de Glanum », J’ai écrit 3 autres romans : 1) « Ad Nauseam » : retrace l’histoire d’une vengeance en 215 après JC ; celle d’un géomètre d’Eauze envers un ennemi invisible. 2) « 42 Km et des Bananes » ou l’histoire d’un SDF qui court le marathon de Paris. Le thème en étant la ressemblance avec le père oublié. Et la place du diable dans l’amitié ! 3) « Perrine et James Bond 007 » est une histoire d’enfants aventureux rencontrant deux espions : Perrine, (ma fille) et James Bond dont elle et moi sommes fanas. Plus tard J’écrirai un roman actuel et économique dont je ne peux dévoiler l’intrigue de base. 22 100% Auteurs : A chaque auteur son histoire, parfois particulière. Vous concernant, comment vous est venue cette passion pour l’écriture ? Est-elle indispensable à votre quotidien ? Christian CHAILLET : j’écris des histoires et des poèmes depuis l’enfance. Au primaire j’échangeais un cahier de liaison avec un ami : il était remplit de dessins, de mots, de rêves… Nous nous le passions lorsqu’il était prêt. A-t-il disparu comme l’ami ? Mystère. Les rédactions étaient ma tasse de thé. Pour moi un vaisseau était spatial, un cheval ailé. J’écris comme dans un rêve mais parfois des mois passent sans qu’ils me permettent de m’endormir car écrire n’est pas une thérapie pour aller bien mais un travail difficile : ce n’est pas une manie. Donc j’écris lorsque je vais bien, sans soucis, sans envie de fuir le temps et le monde. J’écris pour exister. 100% Auteurs : Christian CHAILLET, l’homme, quel est le trait le plus marquant de sa personnalité ? Christian CHAILLET : Le besoin de liberté. Se nourrir de beau. Mais la qualité qui a sauvé la vie à certains de mes proches est mon sang froid devant les pires catastrophes. Je dis souvent pour faire rire : je n’aime personne et personne ne m’aime. Le plus marquant ? C’est souvent vrai. On ne m’aime pas forcément au premier contact, il faut du temps. Je suis un être complexe et sauvage, extraverti et distant. Comme mes héros. 100% Auteurs : Le milieu de l’édition perd certaines de ses valeurs de nos jours. Quelles sont vos impressions sur ce qu’il est aujourd’hui ? 23 Christian CHAILLET : Les éditeurs et leurs partenaires sont des usines à fric. Je suppose que l’on ne prête qu’aux riches. Voir le mode de sélection (arbitraire) du Goncourt, et des autres prix. Regardez les rayons de la FNAC et des libraires : les gros éditeurs et les 100 millionnaires de la littérature de gare. Qui sont présents dans les salons ? Les millionnaires de la littérature de gare. Qui leur court après ? Les médias pour les enrichir encore plus. C’est édifiant. Je suis méconnu, ne vend pas de milliers d’ouvrages, donc je n’ai que ce que je mérite : non ? 100% Auteurs : Vous êtes également le fondateur et le président de l’association vingt mille mots sous les mers. Pour les lecteurs qui ne la connaissent pas et parmi lesquels se trouvent des auteurs, pouvez-vous nous expliquer son concept, son utilité, sa mission… ? Christian CHAILLET : Aujourd’hui l’association est en sommeil. VMMSLM avait pour but d’aider les auteurs à écrire et vendre leurs ouvrages, de leur permettre de participer à des salons, de corriger leurs textes ; une partie des bénéfices des opérations de financement étaient reversés à une association caritative reconnue d’utilité publique : Malinia. Je négociais aussi avec les maisons d’édition des prix d’achat compétitif qui permettent à l’auteur adhérent (10€ par an) de conserver ses droits lors d’achat de ses ouvrages (souvent perdus dans ce cas là)... Si des humains veulent me donner un coup de main pour relancer le site et être au bureau ils seront les bienvenus !!! Son site : https://www.facebook.com/#!/christian.chaillet Propos recueillis par Marie BARRILLON
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