La revue 100 Numero 30 - Page 2 - La revue 100% Auteurs est destinée à présenter au public des auteurs non ou peu connus. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Billet du mois : Lisa GIRAUD TAYLOR, page 3 - Nouvelle chroniqueuse : Maryline BASSAS, page 8 - Chronique : Eroïca par Maryline BASSAS, page 9 - Poésie : L’Astrologue de David CLAUDE, page 15 - Livre du mois : Tranches de vie de Julieta, page 17 - Chronique : Lisières par Fanny LEBEZ, page 23 - Poésie : L’homme qui venait de se marier de David CLAUDE, page 26 - Nous soutenons : La librairie presse de Caussade, page 27 - Information : Concours nouveau talent 2014, page 30 - Concours littéraires gratuits, page 32 - Appel aux auteurs : page 33 - Participations, page 37 - Livre du mois : Petite moule de Zibelyne, page 38 - Manifestation, page 44 - Partenaires, page 46 3 Billet du mois : Je suis dans le Luberon… je suis auteur, mais je me soigne (première partie) Ceux qui me connaissent bien vous le diront d’emblée, je ne suis absolument pas le genre de personne à me mettre en lumière. J’aime travailler dans l’ombre, fournir du travail bien fait en sousmarin, conduire des dossiers avec le nom d’un autre sur la couverture ou construire des romans qui restent dans le tiroir de mon bureau, etc. car quand il faut « se vendre », je ne sais pas faire. J’ai un côté un peu solitaire à tendance timide qui me paralyse souvent dans ma vie quotidienne (sauf avec lesdites personnes qui me connaissent bien). Par exemple, dans ma vie professionnelle, je suis celle qui est capable de monter une réunion, un séminaire et de ne récupérer aucun laurier, ni compliment, en disparaissant le jour J, histoire de ne pas m’exposer. Tout juste un « c’était bien mais il manquait un stylo à gauche en partant de la troisième rangée…». Je peux largement travailler sans rechigner, dans un domaine qui n’est pas à fortiori le mien, mais toujours avec l’optique de faire du mieux que je peux pour faire avancer les choses. 4 Dans l’autre vie (la vraie, diront certains que je soutiens), c’est du pareil au même… A une nuance près… je sais ce que je vaux. Je sais que j’ai du talent et que je pourrais mieux (nettement ?) faire. Ce qui bloque ? Cette sacro-sainte éducation chrétienne qui, dans mon cas, m’empêche souvent de me mettre en avant (en ce sens, j’ai souvent adhéré aux propos de feu Albert JACQUART sur l’impact de la religion sur la vie de tout un chacun) ! Mais, lorsqu’on a la chance de publier un roman (et mon petit dernier, qui est le premier publié, vous suivez ?) dans une maison d’édition qui vous fait confiance, on se doit d’assumer (et d’assurer) son statut d’auteur. Alors, cela passe, outre les contacts avec la presse (écrite ou radiophonique), par les salons du livre qui s’organisent ici ou là. Là, en l’occurrence, c’était à Roussillon dans le Luberon (département du Vaucluse pour les républicains), lors de la « Fête du Livre » du dimanche 8 septembre 2013. Logée chez des amis à quelques kilomètres du lieu de la manifestation, j’ai pu apprécier l’organisation de cette manifestation et je pourrais vous expliquer comme l’on se sent quand on participe à un salon, toute seule, sans son staff autour de soi. Première chance que la mienne, mes amis connaissaient tout le monde sur place. Avant même d’arriver sur le lieu, j’ai dû être présentée une dizaine de fois à tout le Conseil Municipal, les artisans, les libraires, etc. J’avais 5 l’impression d’être largement attendue… ce que j’étais en effet le jour J ! Deuxième chance, être affiliée à la table des « invités » (Jacques SALOME, Rufus, Jean LAMBERTIE, Marc DUMAS, et j’en passe) positionnée devant la librairie du coin (Croqu’ la Vie) dont je remercie les propriétaires pour leur gentillesse, leurs attentions et leur disponibilité. Troisième chance, être interrogée par les animateurs du jour et faire sensation avec un lapsus digne d’un film de Michel Audiard (je suis la grande spécialiste du genre) sous le regard complice d’un auteur croisé quelques mois plus tôt, qui me soutenait avec bienveillance. Quatrième chance, avoir autour de soi des artistes aussi différents et étonnants que mes acolytes du jour… une illustratrice pétillante, un peintre irisée (c’est une femme !), un auteur pour la jeunesse, un chercheur honoraire du CNRS, un écrivain du cru, etc. La journée a passé trop vite avec eux et notre complicité était sûrement le fait de nos parcours hétéroclites. Cinquième chance, découvrir les mots d’un auteur inconnu fier d’être natif du coin qui a touché plus que mon cœur (et que je vous présenterai dans la deuxième partie) : Jacques Barthélemy. Sixième chance, croiser un auteur rencontré chez des amis et se parler comme si la conversation ne s’était jamais arrêtée, comme si on reprenait là où nous en étions la veille ! Septième chance, partager un bon blanc en apéritif, un bon rosé pendant le dîner et finir par un cognac, en refaisant le monde, l’univers et les relations hommes/femmes. 6 Alors, oui, dans la vie, sur une journée (en l’occurrence sur quatre jours), il y a plein de jolies chances qui passent à portée et qu’il faut saisir avant de se plaindre de ne rien « avoir de nouveau qui arrive »…. En tant qu’auteur, j’ai apprécié ma soirée et ma journée à observer les gens ne pas oser s’approcher ou alors, après avoir lu votre bio, les voir s’avancer, vous sourire, et vous dire « Vous avez de la chance d’avoir tant de cordes à votre arc ». J’ai eu envie plusieurs fois de me lever et de les embrasser tellement leurs mots étaient dopants. Je retiens surtout cette jeune femme (Catherine-Rose, quel joli nom ! et très jolie fille !) qui s’est arrêtée devant moi, a repris son chemin, est revenue, pour stopper plus loin, puis se raviser et me parler pendant presque dix minutes pour finir par s’excuser en disant « j’aimerais beaucoup lire votre roman », l’acheter, revenir vers moi, me dire qu’elle est « très heureuse » et que cela lui fait « très très plaisir », et oublier sa dédicace (qu’elle a eue, car je l’ai hélée avant qu’elle ne tourne le coin de la rue). Délicate lectrice, merci à toi pour ce joli moment de discussion. Ce genre de rencontre est typiquement celle que j’aime en tant qu’auteur. Parler avec les potentiels lecteurs et comprendre qu’un sourire peut vous soutenir pendant toute une semaine (ce qu’a fait, sans le savoir, ma jolie lectrice !) 7 La suite ? Le mois prochain dans la Revue 100 % Auteurs N°31. Présentation du recueil de nouvelles « Mirages » de Jacques Barthélemy. Lisa GIRAUD TAYLOR 8 Nouvelle chroniqueuse : Maryline BASSAS Présentation : Nous avons le plaisir d’accueillir une chroniqueuse supplémentaire au sein de la revue. Voici en quelques mots sa présentation. Professeur de lettres classiques, Maryline Bassas est passionnée de littérature depuis toujours. Spécialiste de culture antique et de littérature classique, elle s'intéresse aussi à la littérature contemporaine, américaine, notamment. Elle oriente actuellement son cursus universitaire vers les études néo-helléniques et voudrait se spécialiser dans la recherche sur la littérature grecque des années 30. Elle poursuit actuellement des études en langue littérature et civilisation néo-hellénique à l'université Paul Valéry Montpellier III, tout en continuant d'enseigner dans le secondaire. Sa page Twitter : twitter.com/mbbs_ Elle vous présente sur la page suivante sa première chronique pour la revue 100% Auteurs. 9 Chronique EROÏCA, Kosmas Politis, Ginko éditeur « Bien sûr ce ne sont là que des histoires d'enfants. A d'autres époques, et même à celle-là, nous avons été les témoins d'événements bien plus importants, mais quand nous cherchons le sommeil, les êtres aimés dont la disparition fut pour nous comme la fin du jour, envahissent notre mémoire. Pour nous les choses n'ont pas repris leur place. Aujourd'hui encore des idées, tels des pressentiments, jaillissent du fond de notre cœur et le font battre. Et pourtant depuis longtemps l'ultime est consommé » GENERATION 1930 Kosmas Politis est un auteur grec né à Athènes en 1888. Il s'y éteint en 1947. Il appartient, avec d'autres auteurs, au mouvement littéraire appelé la « Génération de 1930 ». En 1922, les nationalistes turcs, avec à leur tête Mustapha Kémal, se révoltent contre le sultan et revendiquent les terres occupées depuis des centaines d'années par les populations hellénophones de Turquie. La Grèce se voit obligée de répliquer à l'agression kémalienne par un conflit armé qui aboutit à un désastre pour l'armée hellène. Beaucoup de prisonniers sont internés et maltraités dans les camps turcs et les deux pays procèdent à l'échange des populations. Ainsi, des milliers de grecs installés en Turquie retrouvent un pays 10 qu'ils n'ont jamais connu. Cette période est appelée en Grèce « La Grande Catastrophe ». Après cette dramatique période, une nouvelle génération d'auteurs émerge dans les années 30. Elle est en quête de liberté, de renouveau, d'ouverture. Ce n'est pas un hasard si le manifeste publié par un de ces auteurs, Georges Téotokas, s'intitule Esprit libre. Eroïca est publié en 1937. Il s'agit d'un roman qui se déroule en Grèce dans une petite ville fictive appelée Eléminthe, au pied du mont Akorphos. Les personnages se rendent aussi à Deucalia, au bord de la mer, pour y célébrer une fête. Le roman se déroule du Mardi Gras à la fête de Mi-Carême, c'est-à-dire d'une fête licencieuse et permissive au temps du jeûne et de la privation puis des plaisirs carnavalesques renouvelés. Parallèlement à ces fêtes symboliques, les personnages du roman, un groupe d'adolescents grecs et italiens, vont eux aussi osciller entre vie, amour et mort. Loïzos, le chef de bande, va perdre son meilleur ami Andréas. Avec Alékos, un autre garçon du groupe, ils font la rencontre de Monica, la fille d'un diplomate, et se déchirent autour d'elle. Loïzos disparaît et Alékos meurt. PARASKEVAS KODRATOS Le roman grec des années 30 ne cherche pas à renouveler le genre romanesque. Il perpétue la forme du roman réaliste que nous connaissons en France au XIXe siècle. Néanmoins, dans Eroïca, le statut du narrateur se complexifie par rapport à celui du narrateur omniscient du roman réaliste. Le lecteur pense d'abord que le narrateur est Alèkos, un des jeunes adolescents héros du roman. Il apprendra par la suite, au milieu de l'œuvre, qu'il s'agit de Pareskevas Kodratos, le cousin d'Alékos. L'ambiguïté est maintenue volontairement par l'auteur pour donner 11 une impression de désinvolture, mais aussi pour qu'un personnage spectateur (et non acteur) de l'histoire prenne en charge le récit. Pareskevas, comme Mémas, Stravos, Michalis, n'est que l'un des témoins de l'histoire d'amitié entre les deux héros, Alékos et Loïzos, qui ont tous deux quinze ans. Eroïca est donc un roman sur l'adolescence, l'apprentissage de la vie, la perte de l'innocence. Le personnage féminin du roman, Monica, la fille du consul d'Italie, chante à plusieurs reprises cette comptine en français dans le texte : « Nous n'irons plus au bois les lauriers sont coupés ». Kosmas politis cueille ses personnages à cet instant transitoire de la vie, où l'on n'est plus « ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. » Le roman a souvent été rapproché du Grand Meaulnes, on pourrait aussi le rattacher aux Faux-Monnayeurs d'André Gide publié en 1925. Kosmas Politis est le nom de plume de Taveloutis Paraskevas : l'auteur ne cesse en effet d'intervenir dans la narration, de commenter le passé dans le présent de l'écriture et de mettre à distance les événements narrés avec un concept que les grecs ont inventé : la nostalgie. « C'est ici que nous jouions. Nul n'est prophète, ni mendiant, en son pays. La terre a durci. C'est en vain que nous avons mendié un peu de passé dans les rues sans intérêt. » D'autre part, l'auteur établit tout au long de son œuvre de nombreuses prolepses, certains épisodes se répondent, avec un art de la préparation ténu mais subtil. Le roman commence par la cavalcade joyeuse des jeux d'enfants menés par leur chef Loïzos. Par la suite le héros s'enfuira sur une charrette pour suivre des comédiens. C'est sur une autre qu'Alékos tente de le rattraper. Le motif du cavalier casqué traverse toute
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