La revue 100 Numero 17 - Page 2 - La revue 100% Auteurs est destinée à offrir une visibilité aux auteurs peu ou non connus. Elle a été créée par l'Association 100% Auteurs. 2 Sommaire - Couverture : Michèle SEBAL - Billet du mois : Marie BARRILLON, page 3 - Nouvelle : Le nuage, Joaquim HOCK, page 6 - Chronique : Dernières nouvelles du front, par Clément CHATAIN, page 9 - Poésie : Dans la rue, Hélène ROLLINDE de BEAUMONT, page 12 - Chronique : Autant en emporte l’esprit, Yano Las, page 14 - Auteur à suivre : Laure MEZARIGUE, page 17 - Naissance de Trinôme Editions, page 21 - Nouvelle : Melly l’araignée, Fabienne VEREECKEN, page 23 - Chronique : Clara des tempêtes, Daniel PAGES, par Marie BARRILLON, page 25 - Poésie : Leur politique à quatre francs six sous, Her Vé, page 27 - Livre : Nuit blanche à Marrakech, Diane Laure, page 30 - Auteurs MMC, Page 34 - Concours littéraires, page 36 - Participation, page 37 - Livre du mois : D’Adrien à Zoé, Michel BONNET, page 38 - Partenaires : page 39 3 Billet du mois : Les ateliers d’écriture de l’Association 100% auteurs La passion des mots n’est pas la panacée de quelques-uns. Non, c’est une passion qui réunit beaucoup d’entre nous dans un désir de transmettre, de partager, de découvrir… Il en découle un plaisir inégalable. Moult ateliers voient le jour : ateliers cuisine, ateliers lecture, ateliers poterie, ateliers scrapbooking… et j’en passe ! C’est pourquoi l’Association 100% Auteurs a décidé de créer ses propres ateliers avec pour particularité la présence d’un auteur invité. Elle reste ainsi dans la continuité de son but premier à tout point de vue ainsi que dans l’esprit d’aide aux auteurs. Une manière supplémentaire de faire découvrir ces auteurs, mais cette fois de façon réelle. Ces ateliers recevront 10 participants par session afin de conserver une juste convivialité et garder suffisamment de temps pour écrire ainsi qu’échanger entre tous. Chacun veillera à respecter tolérance, bienveillance, écoute attentive des autres, respect de l’écriture d’autrui. 4 Bien entendu, nous souhaitons que ces moments demeurent agréables pour tous. Seront donc proscrits toute agressivité, jugement négatif ou péremptoire, tout comportement contraire à la charte établie ainsi que les retards qui provoqueraient des dérangements et de ce fait gêneraient le bon déroulement des ateliers et l’équilibre de chacun. Comme nous l’avons dit, chaque session accueillera bénévolement un auteur pour co-animer l’atelier. Ce dernier sera différent pour chaque atelier. L’auteur pourra, s’il le souhaite, apporter des exemplaires de son (ses) livre(s) qui seront exposés au regard des participants qui pourront les acquérir s’ils le désirent, dédicacés par l’auteur, en fin de séance. Les ateliers seront d’une durée de deux heures trente en moyenne, sauf exception. Les revenus générés par les ateliers, nous permettront par la suite de mettre en place des rencontres-dédicaces avec vos auteurs et de pallier aux coûts des locaux afférents aux activités : ateliers, rencontres-dédicaces, évènements littéraires… L’adhésion à l’Association 100% Auteurs est obligatoire pour participer aux ateliers et vaut pour l’année en cours. Son tarif unique est de 10 € et donne ainsi la possibilité de participer à tous les ateliers de l’année moyennant leur règlement. Des ateliers juniors seront également mis en place pour les adolescents ultérieurement et fonction de la demande. Lors de ces ateliers, seront présents des auteurs jeunesses ciblés et choisis. Ils seront principalement prévus les mercredis et/ou en période de vacances scolaires afin d’apporter à ces jeunes une activité intéressante et d’octroyer aux parents une certaines tranquillité d’esprit quant aux activités de leurs enfants. 5 Nous avons également établi des "Conditions générales de participation" ainsi qu’une "Charte" qui seront transmises aux participants avec le bulletin d’inscription. Nous recherchons donc activement des prêts ponctuels de locaux gracieusement ou à moindres coûts. Toute proposition en ce sens est bienvenue. Dans cette même idée, nous nous adressons également à la Mairie de Paris ainsi qu’aux Mairies des différents arrondissements, sans oublier les centres culturels parisiens. La revue 100% Auteurs, continuera d’être ce qu’elle est, tout en vous parlant de temps à autres des ateliers et de leur évolution. Nous y présenterons des textes élaborés lors des différentes sessions avec l’accord express de leurs auteurs. L’entraide et le partage reste donc notre maître mot ! L’association 100% Auteurs ne reçoit actuellement aucune subvention et ne fonctionne pour l’instant qu’avec les dons et inscriptions aux ateliers d’écriture. La possibilité vous est donnée de faire un don du montant de votre choix si tel est votre désir ici, sur paypal. Ou encore ultérieurement de vous rendre sur les pages du site de la revue qui sera en ligne très prochainement. Sur chaque page se trouve le logo Paypal. Toute l’équipe vous remercie de votre fidélité. Marie BARRILLON 6 Nouvelle LE NUAGE Ce jour-là, nombreux furent sans doute ceux qui eurent du mal à masquer leur déception. C’est souvent comme ça quand on se lève le matin et qu’on voit qu’il pleut. Surtout le premier jour du printemps. Mais moi, j’avais plus de raisons que les autres de ressentir une certaine amertume. Car s’il pleuvait sur la ville, sur les gens qui s’en allaient au bureau et sur les automobiles qui passaient en bas de mon appartement, il pleuvait aussi dans ma chambre. Non que je fus trop pauvre pour me payer un toit correct, avec de bonnes tuiles imperméables, mais tout simplement, durant mon sommeil, un assez vilain nuage, gris, épais, menaçant, s’était introduit chez moi, et refusait obstinément d’en sortir. Il n’était pas bien grand, peut-être un mètre d’envergure tout au plus et se tenait au-dessus de mes vêtements neufs que j’avais bien pliés sur le dossier d’une chaise avant de me mettre au lit. Ce nuage avait été la première chose que j’avais vue en ouvrant les yeux. J’en avais été fâché, mais pas vraiment surpris. C’est le genre de choses qui m’arrive. Qui n’arrive peut-être qu’à moi d’ailleurs. J’ai l’art de m’attirer des ennuis hors du commun. La première chose que j’ai faite, ce fut bien sûr d’ouvrir la fenêtre et d’essayer de le faire sortir. Ce fut en pure perte. J’avais beau souffler, le pousser avec un balai et toutes sortes d’ustensiles, il ne bougeait pas d’un pouce, et flottait contre le plafond. Très vite les voisins du dessous vinrent sonner à ma porte. Ils n’étaient pas contents, disaient que je pourrais faire plus attention quand je prenais mon bain, etc. Je leur dis que ce n’était pas de ma faute, que c’était un nuage, que je faisais tout mon possible pour régler ce problème au plus vite… Ils ne semblèrent pas convaincus et 7 quand ils repartirent je crus sentir dans leurs regards et leurs haussements d’épaules un certain mépris. J’ai dû installer des bâches, des seaux et des bassines. Ce n’était pas pratique, pas très élégant, mais qu’est-ce que je pouvais faire de plus ? Comme j’étais en retard pour aller au travail, je n’eus pas vraiment le temps de penser à ce que j’allais faire plus tard, et durant la journée je fus tellement absorbé par mon travail que je n’eus pas l’occasion de vraiment y réfléchir. Quand je suis rentré chez moi le soir, j’avais presque oublié la présence de ce nuage. Lorsque j’ai ouvert ma porte et que j’ai vu les seaux pleins et les bâches trempées, je me suis effondré dans un fauteuil et je me suis pris la tête à deux mains. J’étais affligé. Triste. Il ne faisait plus tomber de pluie, mais il était toujours là, toujours aussi sombre, toujours aussi inquiétant. Il avait un peu changé de place. Il ne se trouvait plus au-dessus de la chaise mais avait migré vers le couloir, près de mon porte-manteau. Durant la soirée il fit le tour de mon appartement. Je faisais comme si de rien n’était, comme s’il n’existait pas, mais il venait sans cesse se mettre devant moi comme pour me narguer. Alors que je préparais mon repas, je le vis tourner autour de mes casseroles, puis, un peu plus tard, il se mit à faire tomber la pluie dans ma soupe, pendant que je mangeais. Il n’est pas impossible qu’il l’ait fait exprès. Cela dura plusieurs jours. Il allait et venait dans les pièces de mon appartement. Faisant pleuvoir où bon lui semble. Quand j’étais là aussi bien que durant mon absence. D’abord, ce fut des pluies légères, de petites averses, des crachins. Mais un jour, j’ai dû faire face à un orage, et c’est là que j’ai vraiment commencé à me mettre en colère. Quand la foudre est tombée sur le lampadaire de ma tante (un machin assez moche avec des angelots dorés, 8 mais c’est sentimental) je me suis mis à lui parler. Je l’ai engueulé, j’ai beaucoup crié. Bizarrement, il a semblé comprendre. Depuis lors il est beaucoup plus sage. J’ai réussi à le dompter, à le dresser en quelque sorte. Cela m’a pris plusieurs mois, mais à présent il m’obéit au doigt et à l’œil. Mieux qu’un chien. Il ne me sert pas à grand-chose, mais j’y tiens. Cela fait l’admiration de mes amis. Je le fais pleuvoir où je veux et quand je veux. Parfois je l’envoie en mission chez des gens que je n'estime pas trop, des commerçants que je n’apprécie guère ou des voisins peu délicats. Il les ennuie un jour ou deux en les mouillant plus qu’il ne faut, puis il revient à la maison. Maintenant on s’entend bien mon nuage et moi. Joaquim HOCK 9 Chronique Dernières nouvelles du front : Choses vues dans un système éducatif à la dérive Daniel ARNAUD, Editions l’Harmattan « L’égalité des chances sacrifiée à la soixante-huitième chance dont le tyran ne manquait jamais de bénéficier, en somme. Lui- même, conforté dans l’illusion d’une vie facile, n’était en rien préparé à intégrer une société qui, en fait de cadeaux, ne lui en ferait aucun. » Un tyran étant l’élève « capable de plomber sa classe de fait » Ce livre, c’est le regard croisé d’un philosophe, d’un écrivain, d’un professeur et avant tout d’un homme et d’un citoyen. Le début dans l’enseignement André Moreau vient de réussir le concours pour enseigner le français et l’histoire dans un lycée professionnel. Il prépare, en parallèle, sa thèse de philosophie avec pour but d’enseigner cette matière. Première affectation : première rencontre avec ce monde à la dérive qu’il va nous décrire tout au long de ce livre. Il va très vite apprendre qu’il va enseigner aux « Tiers Etat »comme en témoignent les fiches de présentations et il se retrouve très rapidement confronté aux difficultés. Le lycée n’est pas classé en zone ZEP et pourtant les critères semblent bien réunis… Si certes les élèves apparaissent difficiles à gérer dès le départ, il va se heurter également au proviseur de cet établissement qui appartient à la noblesse en quelque sorte puisqu’il semble y faire régner une réelle monarchie. Ce personnage qui arrive à terrifier nombre d’enseignants apparaîtra comme sans cœur. 10 Les élèves ont certes des carences mais il en va de même selon l’auteur pour l’IUFM où il va observer la totale déconnexion avec la réalité et des conseils souvent inadaptés. André se retrouve rapidement esseulé car il ne trouve guère beaucoup de soutien de la part de ses collègues. Le nivellement par le bas ? André s’aperçoit des difficultés auxquelles il se heurte dans les lycées professionnels qui réunissent concrètement les élèves le plus en difficulté contrairement à la vision idyllique décrite par l’IUFM. Le narrateur cite de nombreux extraits de ses cours où nous sommes confrontés à des aberrations d’élèves en âge de voter comme le souligne à très juste titre le narrateur. « Tuco croyait que Jacques Chirac était de gauche « parce que les gens de gauche sont malhonnêtes », et était incapable de définir la « justice sociale » ou la « libre concurrence ». Il croyait aussi que la seconde guerre mondiale opposait les « français et les juifs ». Tuco avait vingt ans et était en âge de voter. Terrifiant… » L’école, cette hétérotopie… Michel Foucault évoquait ce concept d’hétérotopie qui signifie espace autre mais bien réel…Nous étions bien dans un espace autre dans ce lycée professionnel. Entre les murs de ce type d’établissement, le narrateur nous décrit l’horreur de l’intérieur mais surtout l’hypocrisie et la nécessité de ne pas faire de vagues à l’extérieur. L’auteur philosophe ne s’arrête pas à la description des maux de l’école, Il analyse avec brio la société dans laquelle nous vivions et la victoire de Nicolas Sarkozy. 11 Un livre décapant écrit avec talent qui peut réellement faire peur sur l’état de l’enseignement en France. Informations sur le livre : Titre : Dernières nouvelles du front : choses vues dans un système éducatif à la dérive Auteur : Daniel ARNAUD Editeur : L’Harmattan ISBN : 9782296073319 Prix :
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